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Un nouveau traitement contre la crise cardiaque bientôt disponible pour les équipes d’urgentistes et de SAMU

Une nouvelle stratégie de traitement anticoagulant en urgence pour les patients ayant un infarctus aigu du myocarde a été mise en place par l’équipe de Philippe-Gabriel Steg (Unité Inserm 698 « Hémostase, bio-ingénierie, immuno pathologie et remodelage cardiovasculaires » Hôpital Bichat, AP-HP, Université Paris Diderot). Ces résultats de l’essai clinique EUROMAX sont publiés dans The New England Journal of Medicine.

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©P Delapierre/Inserm

L’infarctus du myocarde communément appelé crise cardiaque demeure la première cause de décès dans le monde et touche près de 100 000 personnes par an en France. Le traitement de référence est la réalisation d’une dilatation en urgence des artères pour permettre à nouveau au sang de circuler jusqu’au cœur (Cet acte médical est appelé angioplastie primaire). L’angioplastie nécessite un traitement anticoagulant injectable, pour lequel plusieurs options sont disponibles.

Une équipe internationale, menée par Philippe-Gabriel Steg (Unité Inserm 698 « Hémostase, bio-ingénierie, immuno-pathologie et remodelage cardiovasculaires » Hôpital Bichat, AP-HP, Université Paris Diderot) vient de rapporter dans The New England Journal of Medicine les résultats d’un grand essai clinique international, mené dans 9 pays européens, sur plus de 2200 patients, testant l’administration du traitement anticoagulant avant l’arrivée à l’hôpital, par les équipes d’urgentistes et de SAMU, et comparant deux stratégies. La première repose sur l’héparine (traitement classique), l’autre sur un anticoagulant plus spécifique : la bivalirudine. L’un des inconvénients majeur de ces traitements anticoagulants est le risque d’hémorragie associée. « En dilatant les artères, on fluidifie également le sang avec le risque que, si une hémorragie se déclare, on ne puisse pas la juguler. » explique Philippe-Gabriel Steg.

Après 30 jours de suivi, la bivalirudine a réduit le risque de décès ou de saignement grave de 8,5% à 5,1% et le risque de décès, infarctus du myocarde ou saignement majeur de 9,2 à 6,6%; en comparaison avec la stratégie utilisant l’héparine.


Ce bénéfice était principalement lié à une réduction des saignements graves au prix d’une augmentation du risque de thrombose de stent1 . « Les bénéfices sont robustes et concordants dans tous les sous-groupes testés, et notamment concordants quels que soient le type de traitement antiplaquettaire oral, ou la voie d’accès artériel utilisée pour l’angioplastie (accès artériel radial ou fémoral) » précise Philippe-Gabriel Steg.

Ces résultats ouvrent la voie à une utilisation de la bivalirudine comme anticoagulant dès la phase pré-hospitalière de l’infarctus du myocarde chez les patients transférés en urgence. Ils représentent un progrès thérapeutique dans l’infarctus du myocarde, utilisable immédiatement.

L’essai EUROMAX a été mené avec le soutien de The Medicines Company. Il est enregistré dans Clinical Trials.gov, sous la référence NCT01087723.

1 La thrombose de sent est la  formation précoce de caillots dans les prothèses métalliques (appelées stents) déployées dans l’artère au moment de l’angioplastie

Faire de l’exercice pour prévenir les conséquences des chutes chez les personnes âgées

Des programmes d’exercices physiques bien conçus peuvent limiter le risque de blessures consécutives aux chutes chez les personnes âgées. Selon un article publié ce jour par l’équipe de Patricia Dargent directrice de recherche Inserm (Unité Inserm 1018  » Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations »), non seulement la pratique d’un tel exercice peut réduire les chutes mais également leur gravité. Ces programmes permettraient d’éviter par exemple les fractures  (col du fémur) qui nécessitent des soins médicaux et entrainent une perte d’autonomie parfois importante chez les personnes âgées.
Ces résultats obtenus à partir d’une revue de la littérature sont publiés dans le British Medical journal.

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©fotolia

A partir d’un certain âge, certaines activités qui semblaient banales peuvent vite provoquer un accident (glisser sur un tapis, monter sur un escabeau pour remplacer une ampoule, etc.). De plus, tandis qu’une chute peut être sans réelle gravité chez une personne en bonne santé (qui s’en tire avec un gros bleu), elle peut se révéler grave et handicapante pour une personne âgée. Ces blessures sont très communes et représentent une cause majeure de douleur à long terme et une diminution de certaines capacités fonctionnelles. Elles augmentent aussi le risque de perte d’autonomie et la nécessité d’avoir recours à une maison de repos ce qui représente un fort coût économique.

Si l’effet de l’exercice sur la prévention des chutes avait déjà été démontré, leur impact sur la survenue de blessures graves n’avait pas été pris en compte. Il a été analysé par des chercheurs de l’Inserm qui ont passé en revue tous les programmes existants pour voir s’ils étaient associés à un risque significativement inférieur de fractures ou d’autres blessures graves.

Leur étude a inclus 17 essais menés dans le monde entier; soit un total de 2195 participants faisant de l’exercice et 2110 n’en faisant pas (groupes témoins). L’âge moyen des participants à ces programmes était de 76 ans et 77 % d’entre eux étaient des femmes.

Parmi les programmes recensés, deux d’entre eux consistaient à faire du Tai-chi tandis que les autres consistaient à faire des exercices simples d’entraînement de l’équilibre, le plus souvent associés à des exercices de renforcement musculaire.

Les résultats de la méta-analyse suggèrent que ce type de programme permet de réduire significativement le taux de chutes entraînant un traumatisme grave, une fracture et/ou nécessitants des soins médicaux.

Cette étude, la première de sa sorte, suggère que réduire le risque de tomber et améliorer les réflexes de protection lors d’une chute (comme mettre les mains devant soi ) en faisant régulièrement des exercices ciblés pourrait être un  moyen simple et faisable pour empêcher les fractures et d’autres blessures graves chez les personnes âgées. II s’agit pour les chercheurs d’une « preuve supplémentaire pour encourager des patients à participer aux programmes d’exercices de prévention des chutes ».

Pour aller plus loin

L’équipe de Patricia Dargent mène en ce moment en France un programme de recherche baptisé ‘Ossébo. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé de préservation de l’équilibre et de prévention des chutes et des fractures par l’exercice physique, réalisé chez des femmes âgées de plus de 75 ans vivant à leur domicile.  Les premiers résultats de ce programme devraient être publiés en 2014.

Une mutation d’un gène en cause dans une maladie infectieuse fongique, la dermatophytose profonde

Des chercheurs du laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses (Université Paris Descartes, Inserm), sous la direction du Dr Anne Puel et du Pr Jean-Laurent Casanova, en étroite collaboration avec des équipes françaises et étrangères*, viennent de démontrer l’implication du gène CARD9 dans la dermatophytose profonde. Il s’agit d’une maladie infectieuse fongique qui peut, dans certains cas, être mortelle. Ces résultats renforcent l’hypothèse que les maladies infectieuses peuvent être des maladies héréditaires monogéniques de la réponse immunitaire. Cette découverte majeure ouvre la voie à de nouvelles possibilités diagnostiques et à de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Ces travaux font l’objet d’une publication ce 16 octobre 2013 dans la revue The New England Journal of Medicine.

Les dermatophytes sont des champignons filamenteux ubiquitaires, faiblement virulents, habituellement responsables d’infections superficielles bénignes de la peau (herpès circiné), des ongles (onychomycoses) et du cuir chevelu (teigne). Chez certaines personnes, les dermatophytes peuvent envahir les couches profondes de la peau (le derme et l’hypoderme), disséminer vers les ganglions lymphatiques, et occasionnellement les os, l’intestin et/ou le cerveau, conduisant alors à une maladie pouvant engager le pronostic vital : la dermatophytose profonde.

Cette maladie a été décrite pour la première fois en 1959 et appelée « maladie dermatophytique » chez des individus par ailleurs sains (ne présentent pas d’infections sévères par d’autres microorganismes), essentiellement d’origine Nord-Africaine et issus de familles consanguines et/ou de familles avec plusieurs individus atteints. Ces observations suggèrent fortement qu’un défaut héréditaire monogénique est à l’origine d’une réponse immunitaire défectueuse contre les dermatophytes. De façon remarquable, ces patients sont très vulnérables aux dermatophytes alors qu’ils sont résistants aux autres microorganismes durant toute leur vie.

Les chercheurs se sont intéressés au gène CARD9 dont la protéine joue un rôle majeur dans la signalisation cellulaire déclenchée par l’activation de récepteurs de surface (les lectines de type C), qui reconnaissent certains composants de la paroi des champignons et induisent une réponse immunitaire adaptée. En étudiant 17 patients issus de 8 familles consanguines d’origine nord-africaine présentant une dermatophytose profonde, sans facteur de risque connu, les chercheurs ont pu démontrer l’implication du gène CARD9 dans le développement de cette pathologie. En effet deux mutations homozygotes (Q289X et R101C) de CARD9 ont été identifiées chez ces patients. Ces mutations, portées par les 2 allèles, induisent une perte de fonction de la protéine. La ségrégation familiale montre une transmission autosomique récessive avec une pénétrance clinique complète.

« Nos résultats montrent sans ambiguïté que CARD9 est la cause génétique de la dermatophytose profonde, explique Anne Puel. Notre découverte élargit le spectre des infections fongiques associées à un déficit en CARD9. Elle renforce également l’hypothèse que les maladies infectieuses peuvent être des maladies héréditaires monogéniques de la réponse immunitaire ».

Ces travaux ouvrent de nouvelles possibilités diagnostiques et probablement thérapeutiques de la pathologie. Ils permettent le diagnostic génétique précoce conduisant à un traitement prophylactique antifongique permettant de limiter l’évolution de la maladie, mais également la mise en place d’un conseil génétique aux familles de patients.

* en collaboration avec le Service de Maladies Infectieuses et Tropicales, dirigé par Pr Olivier Lortholary, le Centre d’Etude des Déficits Immunitaires dirigé par Pr Capucine Picard (Hôpital Necker Enfants malades, AP-HP, Paris), le Département d’Immunologie dirigé par Pr Bodo Grimbacher (Royal Free Hospital & University College London, UK), le service de dermatologie de l’Hôpital Saint-Louis (AP-HP, Paris), les services de dermatologie et de maladies infectieuses d’Alger, de Tlemcen (Algérie), de l’hôpital Erasme à Bruxelles, de l’hôpital Farhat Hached à Sousse (Tunisie), vient d’être publié dans la revue NJEM.

Maladie d’Alzheimer : 11 nouveaux facteurs de susceptibilité génétique découverts

La plus grande étude internationale jamais réalisée sur la maladie d’Alzheimer, dans le cadre du consortium international I-GAP (pour International genomics of Alzheimer project ), coordonnée par l’Unité mixte de recherche Inserm-Institut Pasteur de Lille-Université Lille Nord de France « Santé publique et épidémiologie moléculaire des maladies liées au vieillissement »-LabEx DISTALZ, dirigée par Philippe Amouyel, vient d’identifier onze nouvelles régions du génome impliquées dans la survenue de cette maladie neurodégénérative. Ce travail permet d’avoir une vue d’ensemble des mécanismes moléculaires à l’origine de la maladie, ouvrant une meilleure compréhension de la physiopathologie de ce fléau. Ces résultats, détaillés dans un article paru dans la revue Nature Genetics datée du 27 octobre 2013, ont été obtenus grâce à un effort de collaboration mondial unique des meilleurs chercheurs du domaine.

Depuis 2009, 10 gènes de la maladie d’Alzheimer ont été découverts permettant de mieux comprendre cette affection redoutable. Cependant une grande part de la susceptibilité individuelle à développer cette maladie reste encore inconnue. La caractérisation de cette susceptibilité individuelle portée par notre génome nécessite de pouvoir comparer l’ADN de malades à celui de personnes non malades pour trouver quelques centaines de variations de nos gènes au sein d’un ensemble de plus de 3,5 milliards. Une telle approche nécessite d’analyser les génomes de milliers d’individus, ce qui ne peut pas être réalisé à l’échelle d’une équipe ou même d’un pays isolé.

C’est pourquoi en février 2010, les responsables des quatre plus grands consortiums de recherche internationaux sur la génétique de la maladie d’Alzheimer ont décidé d’unir leurs forces pour accélérer la découverte de nouveaux gènes. En moins de 3 ans, au sein du programme IGAP, les chercheurs ont réussi à identifier plus de gènes qu’au cours des 20 dernières années. Ils ont construit leur étude en deux étapes. La première a consisté à réanalyser selon des critères communs l’ensemble de leurs données déjà disponibles soit au total plus de 17000 cas de maladie d’Alzheimer collectés en Europe et en Amérique du Nord comparés à quelque 37000 témoins non malades. Grâce aux avancées du séquençage du génome humain (projet 1000 Génomes), ils ont pu comparer la répartition de plus de 7 millions de mutations entre ces cas et ces témoins pour n’en retenir dans cette première étape que 11 632.
Dans une seconde étape, les chercheurs ont vérifié ces résultats dans des échantillons indépendants provenant de 11 pays différents et totalisant 8572 patients et 11312 témoins. Cela permis de confirmer la découverte de 11 nouveaux gènes en plus de ceux déjà connus et d’en repérer 13 autres en cours de validation.

Ces 11 nouveaux gènes confirmés permettent d’ouvrir de nouvelles pistes dans la compréhension de la survenue de maladie d’Alzheimer. Ainsi une des associations les plus significatives a été retrouvée dans la région HLA-DRB5/DRB1 du complexe majeur d’histocompatibilité. Cette découverte est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord, elle confirme l’implication du système immunitaire dans la maladie. De plus, cette même région est également retrouvée associée à deux autres affections neurodégénératives, la sclérose en plaque et la maladie de Parkinson. Un autre lien a pu être fait avec le locus SLC24A4 qui code une protéine impliquée dans le développement de l’iris et dans la variation de la couleur des cheveux et de la peau et qui est associée au risque d’hypertension artérielle.

Certains de ces nouveaux gènes viennent confirmer les hypothèses connues sur la maladie d’Alzheimer, notamment le rôle de la voie amyloïde (SORL1, CASS4) et de la protéine Tau (CASS4, FERMT2). Le rôle de la réponse immune et de l’inflammation (HLA-DRB5/DRB1, INPP5D, MEF2C) déjà impliquées par de précédents travaux issus de l’unité Inserm 744 (CR1 , TREM2 ) est renforcé, ainsi que celui de la migration cellulaire (PTK2B), du transport lipidique et de l’endocytose (SORL1). De nouvelles hypothèses sont également apparues liées à la fonction synaptique hippocampique (MEF2C, PTK2B), au cytosquelette et au transport axonal (CELF1, NME8, CASS4), ainsi qu’aux fonctions cellulaires myéloides et microgliales (INPP5D)

Cette découverte entraîne pour les chercheurs trois conséquences principales. Tout d’abord cette observation permet de mieux comprendre la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer, une étape essentielle pour la découverte de nouveaux traitements. Par ailleurs, cette analyse du génome a permis de mieux cerner le profil génétique des patients qui présentent un risque de développer une maladie d’Alzheimer. Enfin, ce travail démontre que face à la complexité d’une telle maladie, seul un regroupement des efforts de recherche au niveau mondial permettra de trouver plus rapidement des solutions à ce fléau du XXIe siècle.

Ces résultats qui témoignent des nombreuses avancées dans la compréhension de la maladie d’Alzheimer ont impliqué les équipes du labex Distalz, et ont pu être obtenus grâce au soutien de la Fondation Nationale de Coopération Scientifique sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées ainsi qu’aux capacités de génotypage et d’analyse du Centre National de Génotypage du CEA, du Centre d’Etude du Polymorphisme Humain et de l’Institut Pasteur de Lille.

La maladie d’Alzheimer

Avec l’augmentation de la longévité des populations humaines, le nombre de patients atteints de maladie d’Alzheimer tend à augmenter en France et partout dans le monde. Première cause de troubles de la mémoire et des fonctions intellectuelles chez la personne âgée, cette affection constitue donc un enjeu majeur de santé publique.

La maladie d’Alzheimer est l’une des principales causes de dépendance de la personne âgée. Elle résulte d’une dégradation des neurones dans différentes régions du cerveau. Elle se manifeste par une altération croissante de la mémoire, des fonctions cognitives ainsi que par des troubles du comportement conduisant à une perte progressive d’autonomie. En France, la maladie d’Alzheimer touche plus de 850 000 personnes et représente un coût social et économique majeur.

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par le développement dans le cerveau de deux types de lésions : les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Les plaques amyloïdes proviennent de l’accumulation extracellulaire d’un peptide, le peptide β amyloïde (Aβ), dans des zones particulières du cerveau. Les dégénérescences neurofibrillaires sont des lésions intraneuronales provenant de l’agrégation anormale, sous forme de filaments, d’une protéine appelée protéine Tau.

L’identification des gènes qui participent à la survenue de la maladie d’Alzheimer et à son évolution permettra d’aborder plus rapidement les mécanismes physiopathologiques à l’origine de cette affection, d’identifier des protéines et des voies métaboliques cibles de nouveaux traitements et d’offrir des moyens d’identifier les sujets les plus à risque lorsque des traitements préventifs efficaces seront disponibles

Le  Projet international de génomique de l’Alzheimer IGAP

En février 2011 les chercheurs des quatre consortiums les plus en pointe dans la recherche sur la génétique de la maladie d’Alzheimer se sont associés pour accélérer la découverte et la cartographie des gènes de la maladie d’Alzheimer. Leurs travaux de recherche sont menés au sein d’universités européennes et nord-américaines. Ils associent les connaissances, le personnel et les ressources de l’European Alzheimer’s Disease Initiative (EADI, initiative européenne pour la maladie d’Alzheimer) en France, dirigée par Philippe Amouyel, docteur en médecine et chercheur, Directeur de l’Unité mixte de recherche Inserm-Institut Pasteur de Lille-Université Lille 2 « Sante publique et épidémiologie moléculaire des maladies liées au vieillissement » et du LabEx DISTALZ . L’Alzheimer’s Disease Genetics Consortium (ADGC, consortium de génétique pour la maladie d’Alzheimer) aux Etats-Unis, dirigé par Gerard Schellenberg, chercheur, à la faculté de médecine de l’Université de Pennsylvanie. Le Genetic and Environmental Risk in Alzheimer’s Disease (GERAD, risque génétique et environnemental dans la maladie d’Alzheimer) au Royaume-Uni, dirigé par Julie Williams, chercheuse, à l’Université de Cardiff. Le Cohorts for Heart and Aging Research in Genomic Epidemiology (CHARGE, cohortes pour le coeur et le vieillissement en épidémiologie génomique), dirigé par Sudha Seshadri, docteur en médecine, à l’Université de Boston.

Obésité : un nouveau mécanisme d’augmentation de l’appétit découvert

Beaucoup de malades obèses continuent malgré leurs efforts à avoir une prise alimentaire trop importante (hyperphagie) au regard de leurs réserves et leurs besoins. Pourtant, l’hormone de la faim, appelée Ghréline, est retrouvée le plus souvent à un taux normal voire bas chez ces patients. L’équipe Inserm de l’Unité 1073 « Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » (Inserm/Université de Rouen) vient d’élucider ce mécanisme à l’origine de cette hyperphagie paradoxale. Certains anticorps ont une affinité plus forte avec la ghréline chez les patients obèses, entrainant une stimulation plus longue de l’appétit.

Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Communications, datée du 25 octobre 2013.

L’obésité touche plus de 15% des adultes en France, et ses mécanismes de constitution restent encore incomplètement élucidés. Normalement, une régulation fine du poids et de la prise alimentaire est coordonnée par une zone spécialisée du cerveau (l’hypothalamus). Elle  permet d’adapter la prise alimentaire en fonction des réserves et des besoins. Ainsi, après une période de surabondance alimentaire et de prise de poids, un sujet sain aura spontanément tendance à réduire son alimentation pendant quelque temps pour revenir à son poids antérieur.

Chez beaucoup de malades obèses, ce mécanisme est défectueux : ils continuent, malgré leurs efforts, à avoir une prise alimentaire trop importante (hyperphagie) contribuant à maintenir un poids élevé, ou même à l’augmenter encore. Leur cerveau devrait pourtant intégrer l’information de l’excédent et réduire la prise alimentaire pour favoriser une perte de poids. Cette observation est d’autant plus surprenante que, l’hormone de la faim appelée ghréline, produite par l’estomac et agissant sur l’hypothalamus, est retrouvée le plus souvent à un taux normal, voire bas, chez les patients obèses.

L’étude menée par Sergueï Fetissov et l’équipe de l’unité mixte de recherche 1073 « Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » (Inserm/Université de Rouen) dirigée par Pierre Déchelotte, en collaboration avec l’équipe du Pr Akio Inui à l’Université de Kagoshima (Japon), révèle le mécanisme moléculaire de cette hyperphagie paradoxale.

Les chercheurs ont mis en évidence dans le sang des patients obèses la présence d’anticorps particuliers, ou immunoglobulines qui reconnaissent la ghréline et modulent l’appétit.

En se liant à la ghréline, les immunoglobulines protègent l’hormone de la faim de sa  dégradation rapide dans la circulation. La ghréline peut alors agir plus longuement sur le cerveau et stimuler l’appétit.

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Coupe de l’estomac de rat qui montre des cellules productrices de ghréline (en rouge) et des cellules immunitaires (en vert). © Inserm / S. Fetissov

« Les immunoglobulines ont des propriétés différentes chez les patients obèses, explique Sergueï Fetissov, chercheur au sein de l’unité Inserm de Rouen et principal auteur de l’étude. Elles ont une « attirance » plus forte pour la ghréline que celle observée chez des sujets de poids normal ou chez des patients anorexiques. C’est cette différence en « affinité » qui permet aux immunoglobulines de transporter plus de ghréline vers le cerveau et renforcer son action stimulante sur la prise alimentaire », poursuit-il.

L’équipe de recherche a confirmé ce mécanisme par des expériences chez le rongeur.  Lorsque  de la ghréline était administrée associée à des immunoglobulines extraites du sang des patients obèses, ou à des immunoglobulines provenant de souris génétiquement obèses, elle stimulait plus fortement la prise alimentaire. A l’inverse, lorsque la ghréline était administrée seule, ou associée à des immunoglobulines de personnes ou de souris non obèses, les rongeurs régulaient davantage leur appétit en limitant leur prise alimentaire.

« Notre découverte ouvre une nouvelle piste pour concevoir des traitements agissant au cœur de ce mécanisme pour réduire l’hyperphagie observée dans le cas de l’obésité, souligne Pierre Déchelotte, directeur de l’Unité mixte Inserm/Université de Rouen.


Cette étude prolonge d’autres travaux de l’équipe de recherche, publiés en 2011[1], sur le rôle des immunoglobulines interférant avec différentes hormones agissant sur l’appétit, la satiété ou l’anxiété dans des situations d’anorexie, de boulimie ou de dépression, et sur l’implication probable de la flore intestinale (microbiote) dans ces interactions.

« Nos résultats pourraient également être utilisés pour l’étude du phénomène inverse, la perte d’appétit, observée par exemple dans le cas de situations d’anorexie  » conclut Pierre Déchelotte.


[1] Fetissov S.O., Déchelotte P. The new link between gut-brain axis and neuropsychiatric disorders. Curr Op Clin Nutr Metab. 14(5):477-82, 2011.

Comment cède-t-on à la tentation ?

Les systèmes cérébraux de la mémoire aident à résister aux tentations. C’est la conclusion d’une étude récente réalisée par des chercheurs de l’Inserm dirigés par Mathias Pessiglione (Unité Inserm 975 « Centre de recherche en neurosciences de la Pitié-Salpêtrière » à Paris). Comment certaines personnes peuvent-elles résister à l’attrait des plaisirs immédiats et poursuivre des objectifs à long terme, alors que d’autres cèdent facilement et compromettent leurs attentes fondamentales ? L’activité de l’hippocampe, une structure du cerveau profond, pourrait constituer une des clés de ce mystère. Ces résultats sont publiés dans la revue Plos Biology.

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Depuis des décennies, les économistes s’intéressent au dilemme du choix entre les récompenses plus modestes et plus immédiates et celles plus importantes mais plus lointaines. Il est essentiel de comprendre comment les êtres humains font ces choix – comme par exemple boire ce soir ou préserver sa santé pour plus tard – pour concevoir une police d’assurance ou des campagnes de lutte contre l’alcoolisme.

Cette question a été étudiée récemment au moyen d’IRM cérébrales, au cours desquelles des volontaires devaient choisir un gain financier, par exemple soit 10 € tout de suite, soit 11 € demain. Avec ce type de test, les scientifiques ont découvert que la région dorso-latérale du cortex préfrontal, une région qui joue un rôle dans la maîtrise du comportement, était essentielle pour faire des choix « patients » c’est à dire patienter pour obtenir un gain plus élevé mais différé.

Cependant, Mathias Pessiglione, chargé de recherche à l’Inserm et responsable de l’étude, précise que ces tests omettent une caractéristique essentielle des conflits intertemporels auxquels nous sommes confrontés au quotidien : « nous pouvons percevoir les récompenses immédiates par nos sens, alors que les récompenses futures ne sont représentées que dans notre imaginaire. »

Pour reproduire cette situation au laboratoire, les auteurs ont utilisé des récompenses plus naturelles telles que les aliments (par exemple, une bière tout de suite ou une bouteille de champagne dans une semaine). Les volontaires devaient choisir entre des récompenses immédiates présentées sous forme de photographies et des récompenses futures présentées sous forme de textes. Dans ce cas spécifique, la capacité à sélectionner les récompenses futures était corrélée au degré d’activité de l’hippocampe. Pour achever la démonstration, le même test de choix a été réalisé auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui entraîne des lésions de l’hippocampe. Contrairement aux patients atteints de dégénérescence préfrontale, qui affichaient une impulsivité excessive pour tous les types de choix, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer s’orientaient spécifiquement vers les récompenses immédiates car les récompenses futures leur demandaient un effort d’imagination.

« Ceci est dû au fait que l’hippocampe est nécessaire pour imaginer les situations futures avec une richesse de détails qui les rendent suffisamment attrayantes » indique le Dr Pessiglione. En effet, on sait depuis longtemps que cette structure est essentielle pour enregistrer les épisodes passés, mais les scientifiques ont récemment découvert qu’elle était également impliquée dans la simulation des situations futures. Par conséquent, les patients présentant des lésions de l’hippocampe souffrent non seulement de déficits de mémoire, mais également d’une difficulté à imaginer des objectifs qui pourraient s’opposer à l’attrait des récompenses immédiates et motiver leurs actions sur le long terme.

Mieux évaluer les capacités de l’organisme à combattre les tumeurs

Certaines personnes sont davantage capables de lutter contre le cancer pendant de nombreuses années comparées à d’autres. Cette capacité à combattre les tumeurs dépend de la réponse immunitaire qu’ont observée Jérôme Galon, directeur de recherche Inserm et son équipe « Immunologie et Cancérologie Intégratives » au Centre de recherche des Cordeliers (Inserm/UPMC/Université Paris Descartes) dans les cancers colorectaux. Les chercheurs montrent que la composition des cellules immunitaires dans et autour de la tumeur change avec le stade de progression du cancer et révèlent l’importance de la densité élevée de certaines cellules pour la survie des patients : les cellules T folliculaire-helper (Tfh) et les lymphocytes B. Mieux comprendre la dynamique de ces cellules permettra d’identifier de nouvelles stratégies pour mettre au point des traitements immunothérapeutiques ciblés.

Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Immunity datée du 17 octobre.

Le système immunitaire est capable de combattre certaines tumeurs avant qu’elles n’affectent la santé. Dès l’identification de la tumeur : des cellules immunitaires sont mobilisées pour tuer et se débarrasser des cellules tumorales. Cependant, il arrive que les cellules tumorales parviennent à survivre à la riposte des cellules immunitaires et s’installent. La tumeur devient maligne lorsqu’elle se développe de manière incontrôlée. Les chercheurs du Centre de recherche des Cordeliers (Inserm/UPMC/Université Paris Descartes) étudient la façon dont le système immunitaire combat les tumeurs dans le but de libérer au maximum le potentiel intrinsèque de l’organisme à lutter contre le cancer.

Deux facteurs indiquent le potentiel du corps à « se battre ou battre » une tumeur : l’intensité de la réponse immunitaire et les mécanismes adoptés par les tumeurs pour échapper à la reconnaissance immunitaire.

Les interactions complexes entre les tumeurs et leur microenvironnement étaient jusqu’alors mal connues. Dans cette étude, les chercheurs ont examiné la dynamique spatio-temporelle de 28 types de cellules immunitaires différentes qui infiltrent les tumeurs colorectales. En combinant l’étude des interactions cellulaires et la bioinformatique, ils ont constaté que la composition des cellules immunitaires infiltrant les tumeurs change avec le stade de progression de la tumeur.

L’équipe de recherche révèle l’importance de la densité élevée de certaines cellules immunitaires pour la survie des patients : les cellules T folliculaire-helper (Tfh) et les lymphocytes B.

Ces résultats obtenus pour les tumeurs humaines ont été également démontrés dans trois modèles de souris de cancer du côlon.

Les chercheurs ont également étudié plus spécifiquement chez les patients l’instabilité du gène de la chimiokine CXCL13, qui module l’infiltration des lymphocytes Tfh et B.  CXCL13 et la molécule IL21 s’avèrent être des facteurs supplémentaires qui favorisent la mort des cellules tumorales: de forts niveaux de ces molécules sont corrélés à la survie des patients.

Ces observations indiquent que les lymphocytes T, Tfh et B forment un réseau de cellules qui communiquent au sein des tumeurs. Les taux élevés lymphocytes Tfh et B empêchent la progression tumorale et la récidive dans le cas des tumeurs colorectales. Comme chez les patients, les lymphocytes T, Tfh et B contrôlent le développement tumoral dans des modèles murins de cancer du côlon.

« La réponse immunitaire évolue au cours de la progression du cancer. Le paysage immunitaire que nous décrivons dans le cas de tumeurs colorectales permet de comprendre cette évolution pour pouvoir intervenir au bon endroit au bon moment » explique Jérôme Galon, directeur de recherche à l’Inserm et dernier auteur de l’étude. « Le devenir clinique est très variable chez les patients avec un même stade de cancer. Comprendre pourquoi certaines personnes sont capables de se défendre contre le cancer pendant de nombreuses années est la clé de la lutte contre la maladie » conclut le principal auteur de l’étude.

Les chercheurs ont par ailleurs développé un test, appelé « Immunoscore » qui prédit la capacité du système immunitaire d’une personne à combattre les cellules tumorales. Utiliser l’Immunoscore dans le cadre de l’évaluation pronostique de routine peut fournir de nouvelles informations cruciales de pronostic et de faciliter la prise de décision clinique (y compris guider les décisions thérapeutiques). Pour promouvoir l’Immunoscore en routine hospitalière, un consortium international dirigé par Jérôme Galon a été lancé en association avec la Société Américaine pour l’Immunothérapie du Cancer (SITC) et un grand nombre d’institutions internationales provenant de 17 pays dans le monde.

Le profil des consommateurs de produits Bio en France

Le style de vie, les consommations alimentaires, les apports nutritionnels et l’état de santé des consommateurs de produits de l’agriculture biologique (Bio) n’ont fait l’objet que de peu d’études scientifiques au plan international, ainsi qu’en France, malgré l’intérêt et le nombre croissant des consommateurs de produits Bio. Dans ce protocole spécifique réalisé dans le cadre de l’étude NutriNet-Santé, l’attitude et la fréquence de consommation de 18 produits Bio, dont 16 aliments, ont été évalués dans un sous-échantillon de 54 311 nutrinautes adultes. Les résultats sont publiés dans la revue PlosOne

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Globalement, les produits Bio sont perçus comme étant meilleurs pour la santé (69,9 %) et pour l’environnement (83,7 %). 51% des répondants les considèrent comme « trop chers ».


Une analyse statistique par “cluster” (groupes) a permis d’identifier des « comportements types » vis à vis de la consommation Bio.

Les non-consommateurs (NC) =19 193. Ils se répartissent en 3 groupes différents en fonction de la raison de non-consommation de produits Bio : a) manque d’intérêt pour ces produits, b) attitude d’évitement (évitent de consommer ces produits) ou c) coût trop cher (ne consomment pas ces produits car considèrent que prix est trop élevé).

Les consommateurs de produits Bio : consommateurs occasionnels (OC = 27 512) ou réguliers (RC = 7 606).

Les consommateurs réguliers de produits Bio présentent des caractéristiques différentes, par rapport aux non consommateurs :

  • Ils ont un niveau plus élevé d’éducation et sont physiquement plus actifs, mais ont un niveau de revenus comparables aux non-consommateurs Bio (excepté pour le groupe des non consommateurs qui invoquent un coût trop cher pour ne pas consommer les produits Bio).
  • Leurs choix alimentaires tendent plus vers des produits végétaux et peu raffinés chez les hommes (H) et les femmes (F) : plus de fruits (H+20% et F+31%), de légumes (HF+ 27 %), de légumes secs (H+49% et F+85%), de fruits à coque (noix, amandes, noisettes : H+239% et F+381 %), d’huiles végétales (HF+37%), de céréales complètes (H+247% et F+153%), avec moins de boissons sucrées (H-34% et F-46%) ou alcoolisées (H-18% et F-8%), de charcuteries (HF-31%),  de lait (HF-43%) et de fastfoods (H-22% et F-25%).  Leur alimentation globale (mesurée à l’aide d’un score validé) est plus proche des recommandations du PNNS.
  • Leurs apports caloriques moyens journaliers sont identiques, mais leurs apports sont plus élevés pour les vitamines et minéraux (+10 à 20%), les acides gras oméga-3 (+20%) et les  fibres (+27 %).

Enfin, après ajustement (prise en compte des différences observées par ailleurs entre non consommateurs et consommateurs réguliers), ils ont une moindre probabilité d’être en surpoids (H-36% et F-42%) ou d’être obèse (H-62% et -48%).
Il est observé que les consommateurs occasionnels ont des données intermédiaires entre les non consommateurs et les consommateurs réguliers pour les paramètres étudiés.

En conclusion, les consommateurs réguliers de produits Bio ont des caractéristiques socio-démographiques particulières et globalement un profil plus en accord avec le concept d’alimentation durable, et plus bénéfique pour la santé. Les effets à long terme sur l’état nutritionnel et le risque ou la protection de maladies chroniques seront étudiés plus en détails durant le suivi de cette cohorte qui devrait durer encore au moins 5 ans.

L’exposition à la pollution atmosphérique augmente le risque de donner naissance à des bébés de petit poids

L’exposition de la femme enceinte aux polluants atmosphériques et au trafic routier augmente de manière significative le risque de retard de croissance fœtale, même à des niveaux bien inférieurs aux niveaux stipulés dans les directives actuelles de l’Union européenne (UE) sur la qualité de l’air. Ces conclusions publiées aujourd’hui dans The Lancet Respiratory Medicine sont les résultats d’une des plus vastes études de cohorte de ce type coordonnée en France par Remy Slama (Unité Inserm 823 « Institut Albert Bonniot, Grenoble) en lien avec plusieurs équipes de chercheurs dans toute l’Europe (projet Escape).

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©fotolia

En s’appuyant sur les données de la European Study of Cohorts for Air Pollution Effects (ESCAPE – Étude européenne de cohortes sur les effets de la pollution atmosphérique), les investigateurs ont réuni les données de 14 études de cohorte menées dans 12 pays européens et impliquant 74 000 femmes ayant accouché (hors grossesses multiples) entre 1994 et 2011.

Les concentrations de polluants atmosphériques (dioxyde d’azote et particules fines en suspension, ou PM2,5) ont été évaluées durant la grossesse à l’adresse du domicile de chaque femme. La densité du trafic sur la route la plus proche et le volume total de trafic sur toutes les routes principales dans un rayon de 100 m autour du lieu de résidence ont également été enregistrés.

Les chercheurs estiment que pour toute augmentation de 5 microgrammes par mètre cube (5µg/m³) de l’exposition aux particules fines pendant la grossesse, (particules que l’on trouve par exemple dans les gaz d’échappement et les émissions liées au chauffage et aux activités industrielles), le risque de donner naissance à un bébé de petit poids (inférieur à 2500 g pour un enfant né après 37 semaines de grossesse) à terme augmente de 18 %. Il est important de noter que ce risque accru persiste à des taux inférieurs à la limite annuelle actuelle fixée par les directives de l’UE sur la qualité de l’air, qui est de 25 µg/m³ pour les particules fines.

Plusieurs polluants atmosphériques, et plus particulièrement les particules fines (PM2,5 – avec un diamètre de 2,5 micromètres ou moins), ainsi que la densité du trafic, sont associés avec une augmentation du risque de petit poids de naissance à terme et avec une réduction de la circonférence crânienne moyenne à la naissance, après prise en compte des autres facteurs tels que le tabagisme maternel, l’âge, le poids et le niveau d’éducation de la mère.

« Un faible poids de naissance est associé à des problèmes de santé dans l’enfance, ainsi qu’à l’âge adulte. » explique Rémy Slama, directeur de recherche Inserm et principal auteur de cette étude.

Les taux d’exposition moyens aux PM2,5 pendant la grossesse dans la population étudiée allaient, selon la zone, de moins de 10 μg/m³ à près de 30 μg/m³. Les chercheurs ont estimé que si les niveaux de PM2,5 étaient réduits à 10 µg/m³ (la valeur cible annuelle de l’OMS), 22 % (intervalle de confiance, 8 à 33%) des cas de petits poids de naissance à terme pourraient être évités.

« Ces résultats suggèrent qu’une proportion importante des cas de petit poids de naissance à terme pourrait être évitée en Europe si la pollution de l’air urbain, et en particulier les particules fines, diminuait », conclut Remy Slama, directeur de recherche Inserm

Paludisme, toxoplasmose : vers de nouvelles voies de recherche ?

Une étude réalisée par des équipes de l’Institut Pasteur, de l’Institut Cochin (Inserm, CNRS, Université Paris Descartes) et du Wellcome Trust Centre for Molecular Parasitology de l’université de Glasgow pourrait redéfinir une partie des orientations actuelles de recherche d’un traitement contre les parasites responsables du paludisme et de la toxoplasmose. Ce travail, publié le 10 octobre sur le site de Nature Communications, concerne le rôle d’une protéine commune à ces deux parasites. Appelée AMA1, celle-ci est depuis des années au centre de nombreuses recherches en vue de la mise au point de traitements et de vaccins contre le paludisme. Cependant, les auteurs émettent ici des réserves sur le succès des stratégies thérapeutiques s’appuyant uniquement sur le blocage d’AMA1, en démontrant que les parasites du paludisme et de la toxoplasmose dépourvus de la protéine peuvent se développer normalement.

photo CP toxoplasmose

Stade mérozoïte de Plasmodium falciparum – Copyright Institut Pasteur


Avec 1 million de victimes par an, le paludisme est la maladie parasitaire la plus répandue au monde. La toxoplasmose, souvent asymptomatique, représente tout de même un danger pour le fœtus de femmes primo-infectées lors de la grossesse et chez les personnes immunodéprimées.

Les agents responsables de ces parasitoses sont les genres Plasmodium et Toxoplasma qui appartiennent au groupe des Apicomplexa. Ces parasites possèdent une protéine commune appelée AMA1, considérée dans de nombreuses études comme indispensable à leur entrée dans les cellules qu’ils infectent. En conséquence, depuis sa découverte, de nombreuses équipes de recherche ont fait d’AMA1 une cible privilégiée en vue de la mise au point de traitements anti-parasitaires. Cependant, une collaboration entre les équipes de Robert Ménard, à l’Institut Pasteur à Paris, d’Isabelle Tardieux, à l’Institut Cochin, et de Markus Meissner à l’Université de Glasgow, vient de démontrer que Plasmodium berghei et Toxoplasma gondii envahissent les cellules infectées et s’y multiplient en se passant totalement d’AMA1.

Cette découverte pourrait avoir un impact important en matière de recherche de traitement pour le paludisme et la toxoplasmose.

En 2011, les chercheurs avaient déjà observé que des parasites génétiquement modifiés et exprimant très peu de la protéine AMA1 restaient capables d’infecter des cellules de l’hôte. Dans cette étude, ils créent des parasites totalement dépourvus d’AMA1 grâce à une technique de « génétique inverse », jamais employée dans le domaine. Les scientifiques démontrent qu’en l’absence d’AMA1, les stades sanguin et hépatique de Plasmodium berghei, comme le stade réplicatif de Toxoplasma gondiii (responsable de la dissémination chez l’homme), conservent également la capacité d’envahir les cellules de l’hôte. En revanche, pour les deux parasites, l’attachement aux cellules de l’hôte, qui précède l’invasion cellulaire, est affecté. En conséquence, les scientifiques déduisent qu’AMA1 n’est pas indispensable au processus d’invasion cellulaire, mais est impliquée dans l’adhésion des parasites aux cellules de l’hôte.

A la suite de leurs observations, les chercheurs émettent des recommandations pour optimiser les recherches ciblant AMA1 en vue de la mise au point de traitements. Ils suggèrent notamment d’axer les stratégies thérapeutiques et vaccinales sur d’autres protéines en complément d’AMA1.

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