Menu

Sclérose en plaques : objectif régénération !

sep-myeline

Pourquoi la sclérose en plaques progresse-t-elle plus rapidement chez certains patients que chez d’autres ? Pourquoi certains patients atteints de SEP arrivent à régénérer leur myéline et d’autres non ? Des chercheurs de l’Inserm au sein de l’Unité  1127 « Institut du cerveau et de la moelle épinière » (Inserm/CNRS/UPMC) et des équipes de l’AP-HP ont mis en évidence le fait que les lymphocytes jouent un rôle majeur dans ce processus de remyélinisation et qu’ils pourraient agir à travers eux pour développer de nouvelles stratégies de régénération de la myéline.

Ce travail est publié dans Brain

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire du système nerveux central entrainant une destruction progressive de la gaine de myéline entourant les axones, indispensable à leur protection et à la transmission de l’influx nerveux. La capacité à réparer la myéline efficacement, est un facteur clef pour contrer la progression de la maladie. Comprendre pourquoi et comment certains patients parviennent à mieux gérer la maladie que d’autres est essentiel.

Dans la sclérose en plaques, les lymphocytes T attaquent la myéline comme s’il s’agissait d’un virus, ce qui est anormal, mais ce sont également eux qui organisent, plus ou moins bien, la réparation de celle-ci. Les lymphocytes activent les macrophages et la microglie, (d’autres cellules du système immunitaire), qui elles-mêmes vont attirer de nouvelles cellules souches sur le site de la lésion afin de réparer la myéline endommagée. Des études antérieures ont montré que chez certains patients, les lésions sont complétement réparées alors que chez d’autres patients, une fois la lésion apparue, elle ne se répare jamais.

Pour mieux comprendre le phénomène, les chercheurs de I’Inserm ont greffé des lymphocytes provenant de donneurs sains ou de patients atteints de sclérose en plaques au niveau de lésions démyélinisées de la moelle épinière de souris.

Grâce à cette technique, les chercheurs ont montré que le problème ne se trouvait pas au niveau de la première phase de recrutement des cellules capables de réparation, mais au niveau de la différenciation de ces cellules pour réparer la myéline. Dans le cas des patients à forte capacité de remyélinisation, les lymphocytes vont envoyer les signaux appropriés pour activer la microglie, qui passe alors dans un état d’activation et entraine la différenciation des cellules souches et la réparation de la myéline. Dans le cas de patients à faible capacité de remyélinisation, les lymphocytes T ne permettent pas l’activation de la microglie, affectant l’ensemble de la cascade de réparation.

En comparant les profils de sécrétion des lymphocytes issus de patients à forte ou faible capacité de remyélinisation, les chercheurs ont mis en évidence 3 molécules associées à une bonne remyélinisation et 3 molécules associées à une mauvaise.

Parmi elles se trouve la molécule CCL19, associée à une faible capacité de remyélinisation. Les chercheurs proposent l’hypothèse selon laquelle l’inhibition de cette molécule permettrait aux macrophages d’atteindre un état d’activation et pourrait donc agir sur le profil de remyélinisation des patients.

Les cellules microgliales et les macrophages sont des éléments essentiels dans la coordination de la réparation, ces résultats pourraient également apporter des éléments supplémentaires dans d’autres pathologies comme la sclérose latérale amyotrophique, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.

« L’étude des lymphocytes issus de patients présentant de fortes capacités de remyélinisation est une piste prometteuse pour développer de nouvelles stratégies de régénération de la myéline. De plus, l’étude systématique de leurs lymphocytes permettrait de proposer une aide au diagnostic et au traitement et de développer une médecine de précision adaptée à chaque patient » explique Violetta Zujovic, chercheuse à Inserm et principale auteur de ces travaux.

Épidémies : l’urgence d’agir

Déplacement au colloque international consacré aux vaccins con© Présidence de la République – L.Blevennec
Plus de 200 représentants de la vaccinologie mondiale réunis à Paris

L’Inserm et la Coalition for epidemic preparedness innovations (CEPI) organisent les 21 et 22 février 2017, une grande conférence baptisée « Vaccines against emerging Infections – a global insurance ». Elle vise notamment à souligner l’urgence d’agir et les possibilités de développement de vaccins dans le domaine des crises épidémiques mondiales. François Hollande, Président de la République française était présent aujourd’hui à cette conférence, aux côtés d’Yves Levy, Président directeur-général de l’Inserm, soulignant ainsi l’engagement majeur de la recherche française dans ce domaine.

La survenue des épidémies et pandémies récentes ont mis en lumière les insuffisances de la communauté scientifique et politique mondiale à lutter efficacement contre la propagation des maladies infectieuses. L’épidémie à virus Ebola en Afrique occidentale et celle de Zika dans les Amériques sont les cas les plus récents. Mais d’autres menaces planent telles des épidémies causées par les coronavirus  (SRAS, MERSCov), Chikungunya ou encore Lassa.

Dans chacune de ces situations, l’existence d’un vaccin pourrait ralentir, et même empêcher la survenue d’une épidémie. Dans le cas de l’épidémie d’Ebola ou Zika, un vaccin efficace aurait sauvé des milliers de vies et empêché des perturbations sociales et économiques profondes dans les pays affectés. C’est pourquoi, la Coalition for epidemic preparedness innovations (CEPI) a été lancée lors du Forum Économique Mondial de Davos en janvier 2016 par ses cinq partenaires fondateurs : la Fondation Bill et Mélinda Gates; la Banque mondiale; le Welcome Trust et les gouvernements indiens et norvégiens. Au niveau mondial, beaucoup d’organisations sont mobilisées pour contrer les épidémies. La CEPI a pour but de faciliter leur rapprochement afin d’aboutir à des projets de vaccins prometteurs.

Un an après ce lancement, la CEPI et l’Inserm convient plus de 200 représentants du domaine de la vaccinologie à échanger lors d’une grande conférence à Paris. Sont présents : les acteurs de la recherche biomédicale fondamentale et clinique du monde entier, de l’OMS, des organisations non gouvernementales, l’industrie privée, des entités philanthropiques etc.

Pour Yves Levy, Président directeur-général de l’Inserm :  » L’épidémie Ebola a prouvé que nous pouvons développer des vaccins rapidement dans des conditions extrêmement difficiles. Elle a prouvé aussi qu’une des clés du succès résidait dans la volonté de tous les acteurs à travailler main dans la main. Il faut désormais agir vite si nous voulons être prêts à lutter efficacement contre les prochaines épidémies Cette conférence, que nous avons réussi à organiser à Paris en un temps record, a pour ambition de créer des partenariats novateurs entre les différents acteurs de la recherche vaccinale mondiale. Elle réaffirme également l’engagement majeur et la position de leader de l’Inserm dans ce domaine ».

Soutien à la marche citoyenne pour les sciences

marcheforscience

Le 22 avril prochain, les citoyens du monde entier sont appelés à participer à une grande marche pour les sciences. Cette initiative a été lancée par des scientifiques américains pour faire face à « de nouvelles politiques (qui) menacent d’entraver davantage la capacité des chercheurs de mener à bien leurs recherches et de diffuser leurs résultats. »

En tant que dirigeants d’opérateurs publics de recherche, nous souscrivons à l’idée que la « science est un processus et non un produit, un outil de découverte qui nous permet d’approfondir et d’affiner sans cesse notre connaissance de l’univers ». Confrontés nous aussi à des budgets contraints, nous partageons la conviction que « les restrictions budgétaires et le gel des recrutements vont à l’encontre de l’intérêt des Nations ».

C’est pourquoi nous soutenons pleinement l’initiative de cette marche citoyenne pour les sciences.

Jean Chambaz, Président de la Coordination des Universités de Recherche Intensive Françaises (CURIF)

Alain Fuchs, Président du CNRS

Yves Lévy, PDG de l’INSERM

Philippe Mauguin, PDG de l’INRA

Antoine Petit, PDG d’INRIA

Daniel Verwaerde, administrateur général du CEA

Retrouvez l’appel

https://www.marchforscience.com

En France, les défilés se dérouleront à Paris, Lille, Lyon, Toulouse et Montpellier

Infection par le virus d’Epstein-Barr: un nouveau mode de transformation cancéreuse

image d’amplification de centrosomes induite par l’infection par le virus Epstein Barr Amplification de centrosomes induite par l’infection par le virus Epstein-Barr

95% de la population mondiale adulte est infectée par le virus d’Epstein-Barr. Si dans la plupart des cas, ce virus est inoffensif, il peut chez certaines personnes déclencher un cancer. Les chercheurs de l’unité Franco-Allemande 1074 « Microbiologie et maladies infectieuses » (Inserm, DKFZ) ont découvert qu’une protéine contenue dans les particules de ce virus induit un risque de cancer. La protéine virale identifiée perturbe le processus de division de la cellule avec laquelle elle est en contact. La mise au point d’un vaccin permettrait, selon les chercheurs, de limiter la fréquence des contacts avec le virus d’Epstein-Barr et donc le risque de distribution inégale des chromosomes entre cellules filles.

Ces résultats sont publiés dans Nature Communication

Le virus d’Epstein-Barr est un membre de la famille des virus herpes qui infecte les lymphocytes du système immunitaire et certaines cellules de la muqueuse de la bouche et du pharynx. L’infection par virus d’Epstein-Barr a généralement lieu pendant l’enfance et se manifeste par une banale infection des voies respiratoires ou par une mononucléose infectieuse. Le virus persiste cependant dans l’organisme jusqu’à la mort. Chez certains individus, sa présence est responsable de l’apparition de cancers du système lymphatique ainsi que des cancers de l’estomac ou du nasopharynx. Dans cette étude, Henri-Jacques Delecluse, directeur de l’Unité « Microbiologie et maladies infectieuses » (Inserm/DKFZ), en collaboration avec la biologiste cellulaire Ingrid Hoffmann et leurs équipes proposent une explication à ce phénomène.

Les chercheurs montrent qu’une protéine particulière du virus induit un risque de cancer. La protéine BNRF1 du virus, au contact d’une cellule, induit une modification du processus de division cellulaire.

En général, pour induire une tumeur, les virus ont besoin d’introduire leur génome dans les cellules qu’ils souhaitent infecter. Dans le cas du virus d’Epstein-Barr, il s’avère qu’un simple contact avec la particule virale elle-même suffit à induire des anomalies dans la division cellulaire.

En détails, sous l’influence de BNRF1, le nombre de centrosomes qui permettent une distribution organisée des chromosomes lors de la division cellulaire est anormalement élevé. La désorganisation du processus entraine une instabilité chromosomique, un état qui favorise le développement de cancers. Si l’on supprime par génie génétique la protéine BNRF1 du virus d’Epstein-Barr chez la souris, les chercheurs ont observé la disparition de l’instabilité chromosomique induite par le virus.

Par ailleurs, chez les individus sains, le virus est souvent silencieux mais il peut par moments se multiplier et produire de nouveaux virus qui infectent les cellules voisines. Ces cellules, en contact avec  la protéine virale BNRF1 sont soumises, à un risque accru de dégénérescence cancéreuse.

« Le virus d’Epstein-Barr pourrait donc causer plus de cas de cancers que l’on ne soupçonnait. Nous suggérons la mise au point d’un vaccin pour réduire la fréquence de contacts avec le virus d’Epstein-Barr et le risque de cancer associé » conclut Henri Jacques Delécluse.

Plusieurs prototypes de vaccins existent, certains d’entre eux sont basés sur les pseudo-particules virales du virus d’Epstein-Barr découvertes en 2005 par la même équipe. Ces particules ont une structure identique à celle des virus classiques mais ne sont pas infectieuses car elles ne contiennent pas l’ADN du virus. Grâce à cette découverte, les chercheurs envisagent désormais d’inactiver la protéine toxique BNRF1 contenue dans ces particules avant de mener les tests permettant de confirmer l’utilité de ce prototype vaccinal

fermer