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Création d’un institut pluridisciplinaire pour l’étude des migrations

Vue rue Waldeck Rochet sud (portion piétonne) de la place du FP vers le nord.

©mir no – Campus Condorcet BD

La crise migratoire actuelle en Europe révèle la nécessité de disposer de données scientifiques solides pour aider les pouvoirs publics à prendre des décisions importantes et ce, dans des contextes d’urgence et de situations politiques variés. En réponse à ces préoccupations, l’Inserm et le CNRS ont mobilisé cinq institutions d’enseignement et de recherche (Ined, IRD, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, EHESS et EPHE) dans le but de créer un institut interdisciplinaire pour l’étude des migrations. Il verra le jour en 2019 sur le Campus Condorcet, et regroupera 200 chercheurs. Cette structure sera financée par le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le cadre de l’appel à projets « Instituts Convergences ».

1,3 million de demandes d’asile ont été déposées en Europe en 2015. En  France, et ailleurs en Europe, cette crise migratoire historique et inédite fait surgir de nouvelles et nombreuses questions politiques et scientifiques.

Suite à un appel à projets « Instituts Convergences » du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’Inserm et le CNRS ont décidé de s’associer à cinq autres institutions françaises : l’Ined, l’IRD, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’EHESS et l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) pour créer un institut entièrement dédié à l’étude des migrations. L’objectif ? Resserrer les liens entre science et société, mener des recherches scientifiques de haut niveau et dispenser des formations d’excellence. L’Institut Convergences pour les migrations sera hébergé dès 2019 au sein du futur Campus Condorcet, dans le nord de Paris. Il sera doté de 13,6 millions d’euros, consommables sur 10 ans. François Héran, directeur de recherche à l’Ined, est responsable du projet.

Quelque 200 scientifiques, issus des institutions fondatrices, mais également des collaborateurs internationaux, seront regroupés dans cet institut dédié à des recherches multi-thématiques telles que les dynamiques économiques, démographiques et environnementales des migrations, le problème de la vulnérabilité et des inégalités ou encore les questions d’intégration, d’exclusion et de discrimination.

Côté enseignement, des formations interdisciplinaires au carrefour des sciences humaines, des sciences sociales mais aussi des sciences de la santé (statistique, démographie, santé publique, épidémiologie, économie, anthropologie, linguistique, droit, éthique, études de genre, science des données, archivistes) seront proposées. L’objectif est de fonder un programme de master et de doctorat dédié aux sciences des migrations en s’appuyant, dans un premier temps, sur des éléments préexistants, issus de Paris 1 Panthéon Sorbonne, de l’EHESS ou encore de l’EPHE. Un nouveau master totalement interdisciplinaire sera créé à l’issue de cette première phase. 

Enfin, l’Inserm et le CNRS ont pour volonté d’ouvrir l’Institut sur la société. Des services à la communauté comme l’aide aux devoirs ou l’enseignement des langues dispensé pour ou par les migrants verront le jour. Le projet prévoit également de mettre en place des campagnes de préventions et de soins en lien avec les responsables municipaux et les associations de migrants.

L’appel à projets « Instituts Convergences » du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vise à structurer quelques sites scientifiques pluridisciplinaires de grande ampleur et de forte visibilité pour mieux répondre à des enjeux majeurs, à la croisée des défis sociétaux et économiques et des questionnements de la communauté scientifique. Ils doivent rassembler, dans un partenariat organisé en un lieu donné, des compétences de recherche diversifiées avec une vision intégrative visant à produire des savoirs nouveaux par la mobilisation conjointe de différentes compétences disciplinaires et développer, en lien avec ces recherches interdisciplinaires, des formations d’excellence innovantes aux niveaux master et doctorat intégrés dans des ensembles de type « graduate schools », en formation initiale comme en formation continue.

Choc endotoxique : le rôle protecteur des cellules immunitaires neutrophiles

pasteur

Neutrophiles dont le noyau multilobé est coloré en bleu. En rouge, la myéloperoxidase (MPO), contenue dans des granules cytoplasmiques

©Institut Pasteur

Des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, en collaboration avec l’université de Stanford, viennent de démontrer le rôle protecteur des cellules immunitaires appelées polynucléaires neutrophiles dans le choc endotoxique, la composante du choc septique liée à l’action des toxines bactériennes. Cet effet reposerait sur la principale enzyme produite par ces cellules : la myéloperoxidase. Cette découverte est dans The Journal of Experimental Medecine.

Responsable de 50% des décès en réanimation, le choc septique est une défaillance circulatoire aiguë, due à une réponse inflammatoire incontrôlée, intervenant dans un contexte d’infection grave. Le choc septique implique, entre autres mécanimes, le choc endotoxique : celui-ci est plus particulièrement dû à l’action des toxines produites par les bactéries responsables de l’infection. Parmi ces toxines, les lipopolysaccharides (LPS) sont les principaux acteurs du choc endotoxique : ce sont eux qui déclenchent la cascade immunitaire excessive, prolongée et déséquilibrée à l’origine de la défaillance multi-viscérale.

Parmi l’arsenal immunitaire de l’organisme pour lutter contre les infections bactériennes, les polynucléaires neutrophiles, des globules blancs impliqués dans la réponse immunitaire innée, ont déjà été décrits comme ayant une activité antimicrobienne. Cependant, la communauté scientifique pensait qu’ils pouvaient également avoir un rôle délétère, lors de l’exposition de l’organisme à des toxines bactériennes comme les LPS. Ils étaient en effet supposés exacerber l’inflammation et les dommages tissulaires associés à une exposition aux LPS.

Des chercheurs de l’unité « Anticorps en thérapie et pathologie » (Institut Pasteur/Inserm), en collaboration avec l’université de Stanford, ont observé qu’au contraire, ces neutrophiles jouaient un rôle protecteur contre l’inflammation déclenchée par le LPS. Les chercheurs ont pour cela construit le premier modèle murin permettant une diminution très sélective du nombre de neutrophiles, et ce de manière inductible et réversible. Ils ont ainsi montré qu’une déplétion des neutrophiles rendait les souris plus susceptibles aux effets toxiques du LPS, diminuant leur survie et activant fortement leur production de cytokines, les molécules messagères de l’inflammation.

Plus en détail, les chercheurs montrent que cette capacité protectrice des neutrophiles est due à la myéloperoxidase (MPO), la principale enzyme produite par ces cellules. « Cette protéine, pourtant couramment utilisée comme marqueur d’inflammation, ne la démultiplie pas, souligne Laurent Reber, premier auteur de ce travail. Au contraire, elle joue un rôle protecteur ». « Les patients qui ont des niveaux de MPO bas ont d’ailleurs un plus mauvais pronostic en cas de choc septique », ajoute Caitlin Gillis, également co-premier auteur du papier.

« Nous avons en quelque sorte résolu un paradoxe, conclue Laurent Reber. Les neutrophiles associent bien, de manière cohérente, un caractère antimicrobien et une capacité à limiter la toxicité des bactéries. Le modèle animal que nous avons développé va désormais nous permettre d’explorer de manière plus large la fonction des neutrophiles dans des mécanismes d’immunité innée et adaptative. Nous allons aussi essayer de comprendre comment agit la MPO vis-à-vis du LPS et pourquoi elle n’a aucun effet sur d’autres toxines bactériennes ».

Ce travail a bénéficié de financements de l’Institut Pasteur, de l’Inserm, de l’université de Stanford, de l’ERC (projet MyeloSHOCK) et du NIH.

La composition du microbiote intestinal prédit l’efficacité et la tolérance de l’immunothérapie du cancer chez l’homme

microbiote

© Fotolia

Des équipes de l’AP-HP, de l’INRA, de Gustave Roussy et de l’Inserm montrent le rôle du microbiote dans la réponse aux immunothérapies du cancer. Elles révèlent que chez l’homme, la composition du microbiote intestinal aide à identifier les malades qui vont répondre favorablement ou non au traitement du mélanome, l’ipilimumab. Cette étude clinique, menée chez 26 patients, suggère qu’une modification de la composition du microbiote intestinal pourrait améliorer l’efficacité du traitement.

Ces résultats sont publiés dans la revue Annals of Oncology et constituent une nouvelle étape vers le traitement personnalisé des cancers.

Le microbiote intestinal est composé de plus de 100 000 milliards de bactéries et joue un rôle primordial dans le développement du système immunitaire. Il constitue un sujet de recherche en plein essor. Les équipes de recherche françaises se mobilisent pour connaître son rôle dans les maladies afin d’améliorer l’efficacité des traitements.

Dans cette étude réalisée chez l’homme, le Pr Franck Carbonnel, Chef du service de gastro-entérologie à l’hôpital Bicêtre, AP-HP, le Dr Patricia Lepage de l’INRA, le Pr Caroline Robert et le Pr Nathalie Chaput de Gustave Roussy ont étudié le microbiote intestinal de 26 patients atteints de mélanome avec des métastases et traités par l’anticorps monoclonal ipilimumab.

L’ipilimumab est une immunothérapie par anticorps anti-CTLA4 qui mobilise le système immunitaire du patient pour combattre la maladie. Le traitement est efficace chez une partie des malades, au prix d’effets indésirables sérieux, tels que des entérocolites qui ressemblent à la maladie de Crohn.

Les équipes ont montré que la composition du microbiote intestinal permet de reconnaître à l’avance les malades pour lesquels le traitement sera bénéfique ou non et ceux qui vont développer une entérocolite.

Les patients qui présentent une flore riche en bactéries Faecalibacterium et autres Firmicutes (notamment Faecalibacterium prausnitzii, Gemmiger formicilis et d’autres bactéries produisant du butyrate ; profil A) ont une meilleure réponse au traitement que les patients dont le microbiote est riche en bactéries du type Bacteroides (profil B). Par ailleurs, les patients présentant le profil A sont davantage sujets aux entérocolites que les patients du profil B.

Ces résultats confirment le rôle du microbiote dans la réponse aux immunothérapies du cancer. Ils ouvrent la voie à une meilleure identification des malades pouvant bénéficier de ces traitements. Enfin, ils constituent une étape majeure vers une manipulation de la composition de la flore intestinale afin d’améliorer l’efficacité de l’immunothérapie. Des recherches restent à mener pour limiter les effets secondaires induits par le traitement.

Exposition in utero aux perturbateurs endocriniens : les leçons du distilbène

Equipe Inserm-CNRS ATIP - Avenir de Céline Colnot, U781, Hôpital Necker - Enfants Malades, Paris

©Inserm/Latron, Patrice

Une équipe de recherche de l’Université Paris Descartes, de l’Inserm et du Centre Hospitalier Sainte‐Anne, sous la direction du Professeur Marie‐Odile Krebs, a mis en évidence que des patients souffrant de troubles psychotiques et exposés in utero au Distilbène présentaient des altérations épigénétiques spécifiques. Ces altérations correspondent à des régions génomiques comprenant notamment le gène ZFP57, lui‐même impliqué dans le neurodéveloppement. Grâce à ce nouveau travail, les chercheurs posent la question, plus générale, de l’influence de l’exposition in utero aux perturbateurs endocriniens (dont fait partie le distilbène) sur le neurodéveloppement et l’émergence de maladies psychiatriques. L’étude a été publiée le 13 avril 2017 dans PlosOne.

Le diethylstilbestrol (distilbène), oestrogène de synthèse et perturbateur endocrinien, a été prescrit pendant plusieurs dizaines d’années, dans le monde entier, durant la grossesse, en vue de limiter le risque de fausses‐couches. La consommation de cette substance peut être considérée comme le paradigme d’une exposition, limitée dans le temps, à fortes doses et durant une fenêtre particulièrement vulnérable, à un perturbateur endocrinien chez l’homme. Elle est associée à de nombreuses affections d’ordre médical, notamment des cancers gynécologiques et des malformations uro‐génitales chez les individus exposés in utero. Des effets sur plusieurs générations ont également été suggérés. 

Le mécanisme précis expliquant ces différents syndromes n’est pas complètement élucidé. Une altération de l’homéostasie épigénétique 1 a été proposée comme hypothèse. En effet, des études sur l’animal ont identifié des modifications épigénétiques (et notamment de la méthylation de l’ADN) après exposition au distilbène. Les investigateurs de l’étude ont recherché une corrélation entre l’exposition prénatale au distilbène, associée à une méthylation de l’ADN, et une possible majoration du risque d’apparition de troubles psychotiques.

En vue de constituer une cohorte, l’association d’usagers Hhorages (Halte aux HORmones Artificielles pour les GrossessES) a facilité le recrutement par l’équipe de 247 individus, nés de mères à qui l’on a prescrit du distilbène durant leurs grossesses. Les analyses ont porté sur 69 participants rencontrés en face‐à‐face, ce qui a permis de poser des diagnostics psychiatriques grâce à des questionnaires standardisés. Par la suite, une prise de sang a permis de conduire l’ensemble des analyses moléculaires. Les sujets exposés ont été comparés à leurs frères et soeurs non exposés. Cette comparaison intra familiale permet de prendre en compte le patrimoine génétique et environnemental en commun. Les chercheurs n’ont pas retrouvé de différence significative entre les individus exposés et non exposés au niveau de la méthylation de leur ADN.

En revanche, dans un échantillon d’individus exposés au distilbène et souffrant d’un trouble psychotique (en comparaison à des sujets exposés ne souffrant pas d’un tel trouble) les chercheurs ont identifié une région différentiellement méthylée comprenant le gène ZPF57. Ce résultat suggère que l’altération de l’expression de ce gène, connu par ailleurs pour jouer un rôle dans le neurodéveloppement, pourrait avoir un lien avec l’émergence des troubles psychiatriques chez les sujets exposés au distilbène. 

En conclusion, cette étude encourage un effort de recherche à propos de l’exposition in utero aux perturbateurs endocriniens et à de possibles effets sur le neurodéveloppement.

1 Les mécanismes épigénétiques sont un ensemble de mécanismes modulant l’expression des
gènes, sans toutefois altérer la séquence d’ADN sous‐jacente.

Classement 2016 de l’Office Européen des brevets : doublé gagnant pour l’Inserm

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©fotolia

L’Office européen des brevets (OEB) vient de publier son palmarès annuel : l’Inserm pour la première fois, y prend la tête du classement des déposants européens dans le secteur pharmaceutique devant les grands industriels et confirme en même temps, sa première place de déposant académique européen en recherche biomédicale.

Leader européen sur le secteur pharmaceutique, l’Inserm a déposé 104 demandes de brevets en 2016 dans ce domaine et gagne ainsi deux places par rapport à 2015, accédant ainsi à la première place. Dans le secteur des biotechnologies, l’établissement se place en seconde position avec 111 demandes (4ème place en 2015).

Au total, ce sont 292 demandes de brevets au nom de l’Inserm qui ont été déposées, ce qui permet à l’Institut de conserver sa place de premier organisme académique européen en recherche biomédicale.

Concernant le palmarès 2016 des déposants de brevets en France auprès de l’Institut National de Protection Intellectuel (INPI), l’Inserm intègre le top 50 des principaux déposants français.

« Il est essentiel que notre potentiel scientifique puisse être valorisé et reconnu internationalement. Cela est rendu possible grâce à l’investissement au quotidien des équipes d’Inserm Transfert, au profit de l’Inserm et de nos partenaires de mixité. Dans notre vision stratégique à long terme, nous souhaitons donner leur chance à un maximum d’innovations issues de nos laboratoires ». déclare Yves Levy, Président directeur général de l’Inserm.

Nous avons la chance d’avoir un portefeuille très diversifié, toutefois nous nous devons de maintenir une logique de qualité du brevet, car au-delà du nombre associé à cette belle performance, la solidité du brevet, qui implique expertise métier et confidentialité, permettra la meilleure valorisation de l’innovation et ce aux meilleurs standards internationaux », commente Pascale Augé, Présidente du Directoire d’Inserm Transfert.

En effet, l’Inserm détient un portefeuille de brevets de quelque 1 550 familles de brevets. Inserm Transfert, sa filiale de droit privé sous délégation de service public, se charge de leur valorisation et du transfert des connaissances issues des laboratoires de recherche de l’Inserm vers les industriels.

Ebola : un nouvel essai lancé en Afrique de l’Ouest pour évaluer trois stratégies de vaccination

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April 3, 2017: Study volunteer receives inoculation at Redemption Hospital in Monrovia on the opening day in Liberia of PREVAC, a Phase 2 Ebola vaccine trial in West Africa. Credit: NIAID

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France, les Instituts nationaux pour la santé (National Institutes of Health, NIH) aux États-Unis et la Faculté d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene & Tropical Medicine, LSHTM), en collaboration avec les autorités sanitaires de Guinée et du Libéria, lancent un nouvel essai clinique de grande taille portant sur des candidats vaccins contre Ebola, sous l’égide du consortium international PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination, Partenariat pour la recherche sur la vaccination contre Ebola). Cet essai vise à identifier les stratégies de vaccination les plus prometteuses pour protéger les personnes de la fièvre Ebola, afin de prévenir ou de maîtriser rapidement une future épidémie. Plus de 5 000 adultes et enfants vivant dans les pays d’Afrique de l’Ouest, proches de l’épicentre de l’épidémie de fièvre Ebola de 2014-2016, seront recrutés. Un centre supplémentaire est également prévu en Sierra Leone. L’essai PREVAC résulte d’un partenariat de recherche qui implique l’Inserm, les NIH, la LSHTM et le consortium de recherche clinique Ouest Africain (West african clinical research consortium)[1]. Les compagnies pharmaceutiques Janssen Vaccines & Prevention, B.V, une des entreprises Janssen Pharmaceutical de Johnson & Johnson, Bavarian Nordic et Merck Sharp & Dohme, Corp (MSD en dehors des Etats-Unis et du Canada) fournissent les vaccins testés dans l’essai PREVAC. L’essai comparera trois stratégies de vaccination contre Ebola à un placebo. Il sera réalisé en deux étapes, la première se déroulant en Guinée et au Libéria. En Guinée, l’Inserm est promoteur de l’essai, qui est le soutien des NIH et en collaboration avec les autorités guinéennes. Il implique un partenariat avec l’organisation non gouvernementale ALIMA (The Alliance for International Medical Action). Les NIH sont promoteurs de l’essai qui se déroule au Libéria, au titre de leur collaboration avec le Ministère de la Santé du Libéria et avec le Partenariat pour la recherche sur le virus Ebola au Liberia (Partnership for Research on Ebola Virus In Liberia, PREVAIL). Sous réserve de confirmation du financement, la LSHTM sera promoteur de l’essai en Sierra Leone, conduit par l’University of Sierra Leone’s College of Medicine and Allied Health Sciences.   Au cours de la première étape, l’essai évalue l’une des trois stratégies. Cette première stratégie consiste en une primovaccination suivie d’un rappel, combinant deux vaccins différents (l’un fabriqué par Janssen et l’autre par Bavarian Nordic). Elle sera comparée à un régime placebo. Le recrutement pour cette étape a démarré le 27 mars en Guinée et le 3 avril 2017 au Libéria. Lors de la seconde étape, qui devrait démarrer au second semestre 2017, l’essai évaluera les trois stratégies de vaccination, incluant ainsi deux autres stratégies impliquant le vaccin de Merck Sharp & Dohme, Corp. Le 29 mars 2016, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la fin de l’urgence de santé publique de portée internationale relative à la flambée Ebola[2]. À la fin de cette épidémie, même si d’importants progrès ont été réalisés, plusieurs questions relatives à la durabilité de la réaction immunitaire des candidats vaccins en développement restent sans réponse. L’essai PREVAC évaluera la rapidité, l’intensité et la durée des réactions immunitaires générées par les différentes stratégies de vaccination, ainsi que l’innocuité et la tolérance des différents vaccins, en particulier chez les enfants.

Pour Yves Levy, PDG de l’Inserm, Anthony S. Fauci, directeur du NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Diseases) des NIH et Peter Piot, directeur de la LSHTM, « nos établissements, l’Inserm, les NIH et la LSHTM, ont conçu et lancé ce partenariat de recherche international unique, avec nos collègues des pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par la fièvre Ebola pour répondre aux questions qui subsistent sur l’innocuité et l’immunogénicité des stratégies des candidats vaccins contre Ebola. Cela nous permettra de mieux lutter contre les épidémies futures de fièvre Ebola. »

  La première étape de l’étude PREVAC évaluera une stratégie primovaccination-rappel (stratégie « prime-boost ») avec les vaccins expérimentaux de Janssen et de Bavarian Nordic : – Administration d’une première dose d’Ad26.ZEBOV, suivie 8 semaines plus tard d’une dose de rappel de MVA-BN-Filo[3]. Cette stratégie de vaccination sera comparée à un régime identique en termes de posologie et de durée, mais constitué de deux placebos. La deuxième étape de l’étude PREVAC évaluera les trois stratégies : celle utilisée dans la première étape et deux autres régimes impliquant le vaccin expérimental de Merck Sharp & Dohme, Corp: – Administration d’une première dose de rVSV∆G-ZEBOV-GP[4], suivie 8 semaines plus tard d’une dose de rappel de rVSV – Administration d’une première dose de rVSV ∆G-ZEBOV-GP, suivie 8 semaines plus tard d’un placebo inerte Chacune de ces stratégies de vaccination sera comparée à un régime identique en termes de posologie et de durée, mais constitué de deux placebos.   PREVAC en bref Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin homologué pour prévenir la fièvre Ebola, même si certains vaccins sont parvenus aux derniers stades de développement. Pour mieux se préparer aux épidémies Ebola et pour contribuer à les contenir à l’avenir, il est essentiel de poursuivre les recherches sur la stratégie de vaccination afin de prévenir la fièvre Ebola. PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination, Partenariat pour la recherche sur la vaccination contre le virus Ebola) est un consortium de recherche qui regroupe les autorités sanitaires de trois pays d’Afrique de l’Ouest, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, et leurs partenaires internationaux, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France, l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses (National Institute of Allergy and Infectious Diseases, NIAD) des Instituts nationaux pour la santé (National Institutes of Health, NIH) (NIAID/NIH) aux États-Unis et la Faculté d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene & Tropical Medicine, LSHTM) au Royaume-Uni. L’ONG ALIMA (The Alliance for international medical Action) est partenaire de ce consortium. Les sociétés pharmaceutiques Janssen Vaccines & Prevention, une des entreprises de Janssen Pharmaceutical de Johnson & Johnson, Bavarian Nordic et Merck Sharp & Dohme, Corp (MSD hors des États-Unis et du Canada) fournissent les vaccins expérimentaux testés dans l’essai PREVAC. L’essai PREVAC est une étude clinique de phase 2 réalisée en Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’un essai randomisé qui vise à comparer trois stratégies expérimentales de vaccination contre Ebola à la prise de placebos, pour déterminer si ces stratégies sont sûres et capables de déclencher une réaction immunitaire durable capable de protéger contre la fièvre Ebola. Pendant la première étape, l’essai prévoit de recruter un maximum de 600 participants âgés de 12 ans et plus. Durant la seconde étape, 4 900 participants devraient être inclus : 3 500 adultes en bonne santé âgés de 18 ans ou plus et 1 400 enfants âgés de 1 à 17 ans. L’étude sera menée au départ dans deux centres en Guinée (Conakry/Landréah et Maférinyah) et dans un centre au Libéria (Monrovia), avec un centre supplémentaire en Sierra Leone en attente de confirmation.   Les principaux objectifs de l’essai PREVAC sur le vaccin contre Ebola sont les suivants :

  • Continuer à étudier l’innocuité de trois stratégies de vaccination contre Ebola et leur capacité à déclencher une réaction immunitaire durable protégeant contre le virus Ebola
  • Évaluer ces stratégies de vaccination dans la population générale et dans des groupes importants, tels que les enfants, pour lesquels on ne dispose que de données limitées
  • Obtenir des informations sur la durée de la réponse immunitaire induite par le vaccin.

En Guinée, deux centres de vaccination ont été mis en place, l’un à Conakry (dans une zone urbaine) et l’autre à Maferinyah (dans une zone rurale). Le Libéria disposera d’un centre de vaccination à Monrovia. Selon Yazdan Yazdanpanah, investigateur principal de l’essai PREVAC, « la difficulté réside dans l’identification d’au moins un vaccin sûr, efficace et durable afin de prévenir ou de maîtriser la prochaine épidémie de fièvre Ebola chez les adultes et chez les enfants. »

« Les équipes médicales d’ALIMA ont été en première ligne pour soigner les patients atteints de la fièvre Ebola en Guinée. Aujourd’hui, nous savons que ce virus peut réapparaître à tout moment. Par conséquent, nous souhaitons continuer à aider la population en poursuivant la recherche d’un vaccin capable de la protéger des futures épidémies » a indiqué Solenne Barbe, responsable du programme pour ALIMA.

Après la période de recrutement, les participants seront suivis fréquemment lors de visites régulières pendant au moins 12 mois. Des équipes de médecins, chercheurs et anthropologues collaboreront sur le terrain pour s’assurer que l’essai se déroule sans incident et pour répondre aux questions des participants à l’étude et des volontaires potentiels. Le personnel de l’étude surveillera l’état de santé des participants, consignera les éventuels évènements indésirables et recueillera des échantillons de sang lors des visites de suivi après les vaccinations. Un comité indépendant de surveillance des données et de l’innocuité (CISDI) surveillera étroitement les données d’innocuité et de réaction immunitaire pendant toute la durée de l’essai. Les enfants âgés de moins de 12 ans ne seront pas recrutés au départ. Le CISDI commencera par examiner les données des enfants âgés de 12 à 17 ans afin de déterminer si l’essai peut être étendu en toute sécurité aux enfants âgés de 5 à 11 ans. Après un autre examen des données d’innocuité, le CISDI examinera si la vaccination des enfants âgés d’un à 4 ans peut démarrer. Les participants à cet essai ne courent aucun risque d’infection par le virus Ebola avec les vaccins de l’étude. Les vaccins à l’étude ne contiennent pas de virus Ebola vivant. Ils contiennent un seul gène codant pour une seule protéine du virus Ebola. Cette protéine ne peut pas entraîner une infection. Le principe est le même que pour de nombreux autres vaccins existants. Le site ClinicalTrials.gov contient d’autres informations sur l’essai sous l’identifiant NCT02876328.   Comment fonctionne un vaccin préventif ? La vaccination préventive implique généralement l’administration d’une forme atténuée ou inactivée d’un agent infectieux (ou d’un ou plusieurs de ses composants) à une personne en bonne santé. L’objectif est de déclencher une réaction immunitaire qui implique le développement de cellules « mémoire » du système immunitaire capables de reconnaître immédiatement le pathogène s’il infecte la personne par la suite. [1] Etabli en 2015 par des scientifiques du Liberia, de Guinée, et de Sierra Leone, et désormais du Mali, le consortium conduit des recherches collaboratives pour prévenir et aider à la réponse aux futures flambées d’Ebola et d’autres maladies infectieuses, et donc à la préparation anticipée du dispositif de santé de cette sous-région de l’Afrique de l’Ouest. [2] http://www.who.int/mediacentre/news/statements/2016/ihr-emergency-committee-ebola/fr/ [3] Le vaccin Ad26.ZEBOV est développé par Janssen Vaccines & Prevention B.V., une des entreprises Janssen Pharmaceutical de Johnson & Johnson et le vaccin MVA-BN-Filo a été développé par Bavarian Nordic S/A. Ce régime expérimental de vaccin contre Ebola a été développé dans un programme de recherche collaborative avec les NIH. Les autres financeurs qui ont soutenu le développement de ce régime de vaccin comprennent l’Initiative pour des médicaments innovants (IMI) en Europe et l’autorité pour la recherche et le développement biomédicaux avancés (Biomedical Advanced Research and Development Authority, BARDA), un bureau du Département de la santé et des services humains (Department of Health and Human Services) aux États-Unis. [4] Le vaccin rVSV ∆G-ZEBOV-GP a été développé par l’Agence de santé publique du Canada. NewLink Genetics a obtenu une licence du vaccin, et le 24 novembre 2014, Merck Sharp & Dohme, Corp. et NewLink Genetics Corp. ont conclu un accord de licence international exclusif dans lequel Merck assume la responsabilité de la recherche, du développement, de la fabrication et de la distribution du vaccin expérimental. Les gouvernements canadien et américain, entre autres, ont contribué par un soutien financier.

« Funding provided in part by NCI contract HHSN261201500003I through the Frederick National Laboratory for Cancer Research. The content of this publication does not necessarily reflect the views or policies of the Department of Health and Human Services, nor does mention of trade names, commercial products, or organizations imply endorsement by the U.S. Government. »

Nouvelle étape dans le traitement de la myopathie myotubulaire

L’équipe Maladies neuromusculaires et thérapie génique du Dr Ana Buj Bello, chercheuse Inserm à Généthon et des équipes américaines, notamment de l’Université de Washington, ont franchi une nouvelle étape dans le traitement de la myopathie myotubulaire par thérapie génique. Les chercheurs ont démontré l’efficacité de l’administration du vecteur par voie intraveineuse et identifié la dose permettant de rétablir la force musculaire à long terme chez l’animal de grande taille. Ces travaux qui font la couverture de Molecular Therapy du 5 avril ont été réalisés grâce au soutien du Téléthon et du Myotubular Trust.

La myopathie myotubulaire est une maladie génétique liée à l’X qui touche 1 garçon nouveau-né sur 50 000. Elle est due à des mutations du gène MTM1 codant la myotubularine, une protéine impliquée dans le fonctionnement des cellules musculaires. Dans sa forme la plus grave, elle entraîne une hypotonie et faiblesse musculaire généralisée et la mort de l’enfant dans les premières années de vie. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement efficace pour cette maladie rare très sévère.

Dans cette étude, l’équipe française de Généthon, le laboratoire de l’AFM-Téléthon, a développé et produit un vecteur viral adéno-associé (AAV) capable de véhiculer le gène MTM1 dans les muscles. Le produit de thérapie génique a été administré par une simple injection intraveineuse – et non plus par perfusion locorégionale comme dans les travaux précédents (Science Translational Medecine – janvier 2014) à des chiens naturellement atteints de la maladie âgés de 10 semaines et montrant déjà des symptômes. Après 9 mois d’observation, les chercheurs ont constaté la restauration de la force dans l’ensemble des muscles des chiens, les rendant semblables à des chiens en bonne santé.

« Ces travaux nous ont permis de montrer l’efficacité de l’administration du vecteur par une simple injection intraveineuse, une technique transposable chez les patients, et d’identifier une dose pouvant corriger l’ensemble des muscles du corps. Une avancée significative pour la mise en place de l’essai chez les enfants » souligne le Dr Ana Buj Bello, directrice de recherche Inserm et responsable de l’équipe Maladies neuromusculaires et thérapie génique de Généthon.

Fort de ces résultats, des études précliniques toxicologiques réglementaires sont en cours dans la perspective d’un essai clinique de phase I/II chez les enfants atteints de cette myopathie.

Agir sur les comportements nutritionnels, une expertise collective de l’Inserm

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© Fotolia

Le rôle des facteurs nutritionnels (alimentation et activité physique) dans le développement du surpoids et de l’obésité et dans la survenue de nombreuses maladies chroniques telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète et l’arthrose est à ce jour scientifiquement bien établi. Ces maladies constituent la première cause de mortalité à l’échelle de la planète et le nombre de patients concernés ne cesse d’augmenter.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’en 2014 plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids, dont 600 millions d’obèses. En France environ un tiers des adultes sont en surpoids et 15% (7 millions) sont obèses. Au-delà des difficultés que rencontrent ces individus, le surpoids et l’obésité ont également un coût sociétal important. Dans le cas de la France, leur coût financier a été estimé à 4 milliards d’euros en 2008. Selon l’OMS, les projections effectuées prévoient qu’en 2030, 25 % des Français et 29 % des Françaises pourraient être obèses.

Pour faire face à cette hausse de l’obésité en France, l’État a mis en place dès 2001, une politique publique de santé nutritionnelle en lançant le Programme National Nutrition Santé (PNNS).En 2007, un décret de la loi de santé publique de 2004 impose que les publicités en faveur des produits alimentaires manufacturés et des boissons avec ajouts de sucres, sel, édulcorants de synthèse, doivent contenir une information à caractère sanitaire. Cette disposition s’applique quels que soient les médias (télévision, radio ou affichage publicitaire).

Ces messages sont à présent bien connus du public (5 fruits légumes par jour…). Cependant au fil du temps, des enquêtes montrent qu’ils attirent de moins en moins l’attention et que leur visibilité est inégale selon les supports. De plus, le mode de diffusion des messages engendre des problèmes de compréhension et ils sont parfois perçus comme une caution des produits présentés dans la publicité.

L’Inserm a été sollicité fin 2013 par Santé Publique France pour réaliser une expertise collective afin de de disposer d’un bilan des connaissances scientifiques et d’analyser l’impact de messages sanitaires diffusés par les médias de masse sur les cognitions, attitudes, intentions et comportements.

Cette expertise s’appuie sur une analyse critique de la littérature scientifique internationale faite par un groupe pluridisciplinaire de dix experts, chercheurs dans les domaines du marketing et des sciences de gestion, du droit, de la science politique, de l’économie, de la psychologie cognitive, de la psychologie sociale, des sciences de l’information et de la communication et des neurosciences.

Les textes de cette expertise sont regroupés en trois parties : une première partie donne des éléments de contexte au niveau législatif et sur l’impact du marketing sur les comportements alimentaires ; la deuxième partie fait le point sur différentes dimensions de l’évaluation des campagnes nutritionnelles basées sur les médias ; enfin, une troisième partie analyse les mécanismes psycho-cognitifs en jeu dans la réception et les traitements de messages sanitaires (« Mangez 5 fruits et légumes par jour », « Ne mangez pas trop gras, trop sucré, trop salé », etc.) par les individus.

Retrouvez l’intégralité du dossier de presse en téléchargement ci-contre.

Agir sur les comportements nutritionnels : Principales recommandations

Recommandations d’actions :

  • Mettre en place des lois restreignant les actions de marketing alimentaire auxquelles sont exposés les enfants. Le groupe d’experts recommande de réduire l’exposition des enfants au marketing pour des produits de mauvaise qualité nutritionnelle et d’en limiter les effets en interdisant par par exemple les publicités télévisées pour certains produits alimentaires durant les plages horaires visionnées par un nombre important d’enfants.
  • Reconsidérer  le dispositif des messages sanitaires sur les publicités en dissociant les messages et le contenu publicitaire. Plutôt qu’un bandeau, le groupe suggère par exemple de placer les messages sanitaires en plein écran en début et/ou en fin de publicité. Si le dispositif des messages sanitaires n’est pas modifié dans sa forme actuelle, le groupe d’experts propose alors d’étendre la mise en place du dispositif à d’autres supports de communication.
  • Concevoir des messages sanitaires qui pourront solliciter les différents niveaux d’attention :

    • Optimiser la voie des influences implicites (non-conscientes) et en faible attention, en améliorant la structure et en unifiant les messages pour permettre une bonne fluidité perceptive et conceptuelle.
    • Maximiser la voie des influences explicites (conscientes), le groupe d’experts recommande l’utilisation de messages nutritionnels simples, compréhensibles, spécifiques et faciles à mettre en application. Ces messages doivent également être personnalisés et émis par une source crédible (le gouvernement, les professionnels de santé ou la recherche académique).
  • Pré-tester de façon systématique toutes les stratégies de communication envisagées en contexte naturel et avant le lancement.

 

Recommandations de recherche :

  • Mieux connaître les populations cibles, ses motivations, ses attentes ;
  • Poursuivre les recherches sur les effets possibles des messages sanitaires inclus dans les publicités (dispositif actuel) comme les effets implicites ;
  • Mieux comprendre les mécanismes cognitifs et comportementaux en lien avec des messages nutritionnels ;
  • Mieux analyser les stratégies de « marketing intégré » des industries.

Les analyses génomiques à haut débit améliorent les pronostics du cancer !

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© Fotolia

 

Dans une étude publiée le 1er avril 2017 dans la prestigieuse revue Cancer Discovery, les équipes de recherche de Gustave Roussy, de l’Inserm et de l’Université Paris-Sud démontrent que l’analyse du portrait moléculaire de la tumeur cancéreuse permet d’identifier la thérapie adaptée et d’améliorer le pronostic des patients face au cancer. MOSCATO, la plus importante étude menée à ce jour en médecine de précision, le prouve pour la première fois.

L’American Association for Cancer Research (AACR) annonce également les résultats de ces travaux réalisés par des chercheurs français.

La médecine de précision réfléchit autrement la prise en charge des cancers. La tumeur n’est plus uniquement caractérisée par l’organe d’origine et par son stade d’évolution mais aussi par la nature des altérations moléculaires qu’on trouve dans son ADN ou son ARN. Une fois le portrait moléculaire dressé et les anomalies identifiées, les mutations dites actionnables orientent le choix du traitement vers la thérapie ciblée appropriée. Jusqu’à ce jour aucune étude clinique n’avait montré de bénéfice pour les patients.

Promu par Gustave Roussy et soutenu par le programme SIRIC de l’INCa, de l’Inserm et la DGOS, MOSCATO démontre pour la première fois l’efficacité de la médecine de précision pour les patients. « Les résultats de MOSCATO sont sans appel et tranchent en faveur des analyses génomiques pour optimiser les traitements du cancer  » commentent le Pr Jean-Charles Soria, Chef du Département de l’Innovation Thérapeutique et des Essais Précoces (DITEP) de Gustave Roussy/Inserm U981/Université Paris-Sud « identification de nouvelles cibles thérapeutique en cancérologie ». Il ajoute « Dans cette étude nous avons établi la carte génétique tumorale de 843 patients ce qui représente l’analyse de milliers de gènes. Chez environ la moitié des patients nous avons trouvé des mutations contre lesquelles il est possible d’agir. Au final, environ un quart des patients a pu recevoir une thérapie ciblée et chez 33 % de ces patients la thérapie ciblée a freiné la maladie ».

Pour mesurer le bénéfice clinique de la thérapie ciblée le patient était son propre témoin.

La survie sans progression de la maladie des patients sous traitement de référence pour leur pathologie étaient d’abord établie. Lorsque la maladie évoluait et lorsqu’une thérapie ciblée était administrée aux patients, la nouvelle survie sans progression de la pathologie était mesurée. Un bénéfice clinique était enregistré lorsque la survie sans progression de la maladie sous thérapie ciblée était au moins 1,3 fois plus longue que sous traitement de référence. Il faut noter, qu’avec le temps et l’enchainement des traitements, la survie sans progression de la maladie  raccourcit sauf si un traitement plus efficace que les précédents est administré.

Cette étude  MOSCATO (pour MOlecular Screening for Cancer Treatment Optimization) s’est déroulée à Gustave Roussy entre novembre 2011 et mars 2016. Les 1035 patients inclus présentaient différents types de cancer et leur maladie continuait de progresser malgré les traitements. Les analyses moléculaires ont été réalisées à partir de biopsies tumorales sur la plateforme hospitalière de génétique de Gustave Roussy labellisée par l’Inca. Les résultats des analyses étaient discutés en comité pluridisciplinaire composé d’oncologues cliniciens, de biologistes et de bio-informaticiens pour une prise de décision thérapeutique. Les patients avec des anomalies actionnables pouvant bénéficier de thérapies ciblées ayant déjà une AMM étaient exclus de l’étude. Les thérapies ciblées qui ont pu être proposées aux patients dans le cadre de MOSCATO étaient essentiellement évaluées en phase I (plus de 60 essais cliniques de phase I en cours à Gustave Roussy, majoritairement dans le DITEP).

« Maintenant que nous avons démontré un bénéfice clinique, nous cherchons à le quantifier en mois de vie gagnée dans le cadre d’une autre étude appelée SAFIR 02, promue par UNICANCER. Nous voulons également augmenter le nombre de patients qui pourraient bénéficier de la médecine de précision. C’est l’objectif de MOSCATO 02 où nous allons évaluer les portraits moléculaires établis à partir d’une prise de sang et de l’ADN circulant, mais aussi tenter de mieux comprendre les processus de résistance » conclut le Pr Soria.

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