Microscopie électronique d’une cellule infectée par le SARS-CoV-2 ©Philippe Roingeard, Anne Bull-Maurer, Sonia Georgeault, unité Inserm U1259 MAVIVH & Université de Tours, France.
Les jeunes entre 15 et 24 ans, les immigrés et les descendants d’immigrés hors Europe davantage touchés par le virus durant la deuxième vague
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) et l’Inserm publient une nouvelle étude, à partir des données issues du deuxième volet de l’enquête nationale Epidémiologie et Conditions de vie (EpiCov), réalisée entre le 26 octobre et le 14 décembre 2020. Cette étude analyse la proportion de personnes qui ont des anticorps contre le virus de la Covid-19 dans le sang (séroprévalence). Elle révèle notamment que l’épidémie s’est davantage diffusée chez les jeunes entre 15 et 24 ans et les immigrés et les descendants d’immigrés hors Europe durant l’été et l’automne 2020. L’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes sont les deux régions avec la séroprévalence la plus élevée.
La séroprévalence augmente fortement chez les jeunes adultes et en Auvergne-Rhône-Alpes
En novembre 2020, la proportion de personnes de 15 ans ou plus vivant en France métropolitaine (exceptée celles résidant en Ehpad et en prisons) ayant des anticorps contre le SARS-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19, est de 6,2%. Cette proportion appelée séroprévalence était de 4,5%, six mois plus tôt, en mai 2020. L’évolution de la séroprévalence entre mai et novembre 2020 traduit, d’une part, la propagation de l’épidémie après la première vague et, d’autre part, la séroréversion d’une partie des personnes contaminées en début d’épidémie, c’est-à-dire la disparition des anticorps avec le temps, pour certaines personnes qui ont été infectées par le virus. Pour autant, la séroréversion, ne s’accompagne pas nécessairement d’une perte d’immunité contre l’infection. À partir des personnes participant à l’enquête EpiCov ayant effectué deux prélèvements sanguins, en mai et en novembre 2020, on estime que 4 % des personnes de 15 ans ou plus ont développé des anticorps pendant cette période. Au total, 8,5% ont présenté des anticorps détectables en mai ou en novembre.
Une séroprévalence qui décroit avec l’âge, de 10 % chez les moins de 25 ans à 4 % chez les plus de 64 ans
La séroprévalence décroît avec l’âge puisque 10,1 % des personnes de 15 à 24 ans présentent des anticorps contre le SARS-CoV-2 en novembre 2020 contre 6,8% de celles qui ont entre 30 et 49 ans et 4,0 % de celles de plus de 64 ans.
Les zones densément peuplées ainsi que les métiers du soin sont toujours les plus exposés
Comme lors de la première vague épidémique, certaines caractéristiques restent associées à un plus grand risque d’avoir été infecté par le virus (sans avoir perdu ses anticorps). Ainsi, en ce qui concerne les conditions de logement, habiter dans une commune densément peuplée ou vivre dans un quartier prioritaire de la politique de la ville est associé à un risque plus élevé d’avoir des anticorps contre le virus.
Par ailleurs, les immigrés d’origine non européenne et les descendants d’immigrés non européens présentent des niveaux de séroprévalence significativement plus élevés que les autres personnes résidant en France, sans que cela puisse être expliqué entièrement par leurs conditions de vie et de travail étudiées dans l’enquête. L’enquête EpiCov montre par ailleurs que les comportements de prévention sont les mêmes dans ces populations.
Près de trois personnes contaminées sur quatre ont ressenti des symptômes
Près de trois personnes sur quatre testées positives dans le cadre de l’enquête EpiCov (selon le taux d’anticorps dans le sang) en novembre 2020 ont déclaré avoir ressenti, depuis le début de l’épidémie, au moins un symptôme possiblement associé à la maladie, contre moins de la moitié de ceux dont la sérologie est négative. Ces proportions sont de 36,4% et 2,7 % respectivement pour les seuls troubles du goût et de l’odorat.
Les personnes présentant des symptômes évocateurs de la maladie ont plus souvent que les autres eu recours au dépistage virologique (test PCR ou antigénique par prélèvement nasopharyngé) : 45 % d’entre elles avaient réalisés au moins un test de dépistage entre le début de l’épidémie et novembre 2020 contre 25 % pour les autres. Par ailleurs, qu’elles aient eu des symptômes ou non, les personnes ayant effectivement été en contact avec le virus ont eu plus tendance à faire un test de dépistage, ce qui peut en partie s’expliquer par le fait que les « cas contacts » ont été incités à s’isoler et à se faire dépister.