Pour sa 9ème édition, le Forum Adolescences organisé par la Fondation Pfizer et ses deux partenaires, le Ministère de l’Education nationale et l’Inserm, explore la riche thématique des passages de l’enfance à l’adolescence et de l’adolescence vers l’âge adulte. Quels rites de passage ou moments initiatiques les adolescents traversent-ils pour devenir adulte ? Ont-ils évolué ? Quelle vision la jeune génération a-t-elle de la vie d’adulte ?
Les résultats de l’étude Ipsos Santé / Fondation Pfizer¹ « Regards croisés des adolescents, des adultes et des séniors » révèlent que pour 51% des adolescents et 67% des adultes, la sexualité et plus généralement les changements du corps sont les principaux marqueurs de l’adolescence. L’âge adulte est, quant à lui, synonyme de responsabilités pour 70% des jeunes et 74% des aînés.
Après cinq mois de préparation dans 33 lycées de 12 académies – Amiens, Caen, Corse, Lille, Limoges, Lyon, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Strasbourg, Toulouse et Versailles – les lycéens débattront d’égal à égal avec les experts présents au Forum national le 10 avril 2013, à Paris. « J’attends avec hâte de voir à nouveau ces jeunes prendre la parole et défendre leur point de vue devant des experts de renom sans trembler et avec une certaine audace » s’enthousiasme Philippe Jeammet, psychanalyste et Président de la Fondation Pfizer.
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Devenir et être adolescent : passer du rêve à la réalité
L’adolescence, une période sans borne ? Adolescents et adultes s’accordent sur l’âge d’entrée dans l’adolescence autour de 13-14 ans. En revanche, l’âge de sortie fait débat : les jeunes le placent à 19,9 ans alors que leurs aînés le fixent à 21,3 ans. Pour seulement 32% des adolescents et 15% des adultes, la majorité civile est un marqueur de la fin de cette période de transition.
Quels sont les identifiants de l’adolescence ? La sexualité est le principal marqueur pour 1 adolescent sur 2 et pour 2 adultes sur 3. « L’adolescent découvre la puissance sexuelle de son corps. Il découvre que la sexualité n’est pas adulte, n’est pas pour lui une vaine promesse, ni une rêverie » explique Olivier Douville, psychanalyste et anthropologue.
« Les choix réalisés par les adolescents interrogés révèlent le flou et la complexité qu’est l’adolescence pour eux. On constate également que les marqueurs employés par les jeunes caractérisent essentiellement l’autonomie » analyse Laïla Idtaleb, Directrice Ipsos Santé. « A contrario, chez les adultes, les items qualifiant l’adolescence sont beaucoup plus clairs, avisés, marqueurs de difficultés et de problèmes avec la sexualité comme référent à chaque fois ». En effet, les aînés associent essentiellement la sexualité des plus jeunes aux notions de difficultés (35%), de problèmes (35%) et de risques (29%).
L’adolescence, l’ouverture aux premières expériences et l’accès à l’autonomie
Les jeunes ont conscience que l’adolescence est jalonnée de plusieurs premières fois. Parmi les plus fréquentes, ils citent :
le premier téléphone portable à 89%
le premier baiser à 72%
la première cigarette à 34%
la première relation sexuelle à 30%
la première cuite à 28%
le premier joint à 15%
Certaines de ces expériences vécues pour la plupart entre 14 et 15 ans[1] auraient des vertus initiatiques voire intégratrices pour certains adolescents. Respectivement 39% et 29% des jeunes indiquent effectivement que consommer de la drogue et boire de l’alcool¹ sont des passages conseillés aux adolescents par d’autres adolescents.
L’adolescence marque également l’éloignement des parents et la remise en question de leur autorité. Cette quête d’autonomie se fait plus ou moins en douceur. 20% des adolescents, 23% des adultes et 36% des seniors associent l’adolescence à la « rébellion ». « Etre adolescent et négocier l’entrée dans l’âge adulte est difficile pour tous les jeunes. Certains le vivent plus mal que d’autres et sont dans la confrontation voire la rupture complète. Ces adolescents en difficulté sont aussi le miroir de ce que nous sommes et des évolutions de la société en général. L’expression de la difficulté bouge d’une génération à l’autre mais la cause reste la même » explique Catherine Sultan, magistrat, Vice-Présidente du TGI de Créteil et Présidente du Tribunal pour enfant de Créteil.
Devenir et être adulte : une étape de la vie propre à chaque individu
Les responsabilités (70% des adolescents et 74% des adultes), l’indépendance financière (respectivement 66% et 58%) et l’autonomie (42% et 39%) sont les trois piliers de l’âge adulte évoqués par les jeunes comme leurs aînés. Ce besoin de liberté, d’autonomie et d’affranchissement de l’autorité parentale explique que 29% des adolescents attendent avec hâte leur passage à l’âge adulte. Cependant, devenir adulte est majoritairement perçu par les adolescents comme un passage obligé (54% des adolescents). Enfin, près d’1 jeune sur 5 angoisse à l’idée de devenir adulte, surtout ceux qui manifestent des signes de mal-être (42% d’entre eux).
«S’ils baignent dans une ambiance pessimiste – leurs proches adultes tenant un discours relativement négatif – les adolescents peuvent être influencés. Les jeunes arrivent généralement à prendre du recul mais parfois pas tant que cela, et ils finissent par sélectionner et renforcer cette vision défaitiste » analyse le Professeur Philippe Jeammet. « Cependant, c’est une génération plus ouverte sur le monde, davantage dans les échanges, ce qui lui permet d’avoir une vision plus nuancée et moins manichéenne. Les adolescents font preuve d’un pragmatisme et d’un réalisme surprenant.»
Des rites « institutionnalisés » qui disparaissent, des moments de passage plus individuels
Si 3 adolescents sur 4 estiment avoir des moments de passage à l’âge adulte peu différents ou comparables à ceux de leurs parents, 64% considèrent qu’ils sont très différents de ceux de leurs grands-parents. Ce hiatus générationnel s’observe en effet dans les résultats de l’étude Ipsos Santé / Fondation Pfizer¹. La jeune génération met en avant comme moments clés de l’âge adulte le départ du domicile familial (70%), le premier travail (64%) et la parentalité (61%). A ce triptyque logement/travail/parentalité répond celui des séniors, pour lesquels les principaux rites de passage à l’âge adulte sont le mariage / PACS (69%), le premier travail (69%) et le service militaire (69%). Les marqueurs du passage à l’âge adulte sont davantage individualisés chez les jeunes que chez les séniors, où ils sont plus institutionnels.
« L’entrée dans l’âge adulte n’est plus un rite mais un seuil. Le rite de passage est un dispositif culturel très sophistiqué et collectif ; le seuil est un infléchissement marqué par deux étapes : l’entrée dans la vie professionnelle stable et l’entrée dans la vie de famille autonome » explique le philosophe Pierre-Henri Tavoillot. « Chaque individu détermine ses seuils. Ce sera à chaque fois une expérience particulière, comme la naissance du premier enfant, le premier bulletin de paie, un séjour à l’étranger… C’est toujours une expérience individuelle.»
83% des adolescents plébiscitent l’accompagnement de leurs aînés pour devenir adulte (92% des adultes en ont conscience). « Les adolescents sont en attente d’autorité vis-à-vis des adultes qui sont un miroir de références, mais cette autorité ne doit pas leur être imposée » affirme le Professeur Philippe Jeammet. « Les jeunes ont besoin des adultes pour qu’ils les informent sur l’avenir, leur montrent des perspectives, les aident à découvrir leur potentialité. »
Focus sur le baromètre Bien-être Ipsos Santé / Fondation Pfizer¹
Des adultes plus conscients du bien-être des adolescents
Malgré un contexte socio-économique difficile, les adolescents se portent toujours bien :
La surprise vient cette année des adultes qui affichent un moindre pessimisme sur le moral des jeunes, notamment ceux qui sont en contact avec des adolescents. En effet,
« Cette meilleure perception du bien-être des jeunes par les aînés peut trouver plusieurs explications : les adultes ont certainement évolué et comprennent mieux les attentes des adolescents ; le traitement plus nuancé des ados par les médias peut également avoir influencé l’opinion des adultes. Enfin, la saisonnalité peut avoir joué un rôle : nous avons en effet effectué cette étude à une période plus proche de la rentrée scolaire, où les répondants sont généralement plus optimistes » explique Laïla Idtaleb, Directrice Ipsos Santé.
[1] Réflexion qualitative Ipsos santé / Fondation Pfizer réalisée auprès de 650 adolescents dans 33 lycées de 12 Académies volontaires – de décembre 2012 à février 2013.