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Communiqués et dossiers de presse

Benzodiazépine et Alzheimer : le risque augmente avec la durée de l’exposition

10 Sep 2014 | Par INSERM (Salle de presse) | Santé publique

Les chercheurs de l’Unité Inserm 657 « Pharmaco épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de sante sur les populations » rendent compte de nouveaux résultats concernant l’association entre les benzodiazépines et la démence. Dans une étude publiée dans le British Medical Journal (BMJ), ils confirment que l’utilisation de benzodiazépines pendant trois mois ou plus était associée à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer après 65 ans. L’étude cas-témoins révèle que la force de l’association augmente avec la durée de l’exposition. C’est pourquoi les chercheurs recommandent de contrôler la bonne utilisation de ces molécules en limitant les prises aux périodes pour lesquelles elles sont recommandées.

Les benzodiazépines sont prescrites par les médecins dans le cadre de symptômes anxieux et de troubles du sommeil pour une durée recommandée de quelques semaines. En 2012, une étude de l’Unité Inserm 657 « Pharmaco épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de sante sur les populations » avait montré, sur une cohorte française, que les sujets consommant des benzodiazépines présentaient environ 50% plus de risque de développer une démence comparés à ceux qui n’en ont jamais consommé. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont attachés à confirmer l’association dans une nouvelle cohorte en étudiant en particulier la potentielle relation dose-effet.

Les chercheurs ont étudié la base de données de la Régie d’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) pour analyser le développement de la maladie d’Alzheimer chez un échantillon de patients âgés de plus de 66 ans résidant au Québec (Canada) et ayant eu une prescription de benzodiazépines. 1 796 cas de maladie d’Alzheimer ont été identifiés sur une période d’au moins 6 ans. Pour réaliser l’étude cas-témoins, ils ont ensuite comparé chacun de ces cas avec 7 184 personnes en bonne santé dont l’âge, le sexe et la durée de suivi correspondaient.

Les résultats montrent que l’utilisation de benzodiazépines pendant trois mois ou plus était associée à un risque accru (jusqu’à 51 %) de développer ultérieurement la maladie d’Alzheimer. 

« La force de l’association augmente avec la durée de l’exposition et avec l’utilisation de benzodiazépines à longue durée d’action, par opposition aux benzodiazépines à courte durée d’action » explique Sophie Billioti de Gage, chercheur à l’Inserm.

En conclusion, les chercheurs rappellent que même si le lien de cause à effet n’est pas prouvé, l’association plus forte observée avec des expositions à long terme « renforce la suspicion d’un lien direct possible, même si l’usage des benzodiazépines peut également être un marqueur précoce d’un état associé à un risque accru de démence. »

Le recours aux benzodiazépines est fréquent et préférentiellement chronique au sein de la population âgée. Pourtant les benzodiazépines sont des molécules utiles pour la prise en charge des troubles anxieux et de l’insomnie transitoires. Les auteurs incitent donc à la sensibilisation et au respect des bonnes pratiques associées à leur utilisation telles que des prescriptions justifiées et de courte durée.

« Cela permettrait de veiller à limiter l’utilisation de ces molécules à quelques semaines, une durée pour laquelle les chercheurs n’ont pas observé d’effets délétères sur le risque de démence ultérieur » souligne Sophie Billioti de Gage.

Contacts
Contact Chercheur

Sophie Billioti de Gage
Chercheur Inserm

Unité Inserm 657 « Pharmaco épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de sante sur les populations » Inserm/ Université Bordeaux Segalen
Tel : + 33 5 57 57 95 12
rf.2xuaedrob-u@egageditoillib.eihpos

Contact Presse

rf.mresni@esserp

Sources

Benzodiazepine use and risk of Alzheimer’s disease: case-control study

Sophie Billioti de Gage PhD student1, Yola Moride professor2 3, Thierry Ducruet researcher2, Tobias

Kurth director of research 4 5, Hélène Verdoux professor 1 6, Marie Tournier associate professor 1 6,

Antoine Pariente associate professor 1, Bernard Bégaud professor 1

1 INSERM, U657-Pharmacoepidemiology, Université de Bordeaux, F-33000 Bordeaux, France;

2 Research Center, University of Montreal Hospital Center, Montreal, Canada;

3 Faculty of Pharmacy, University of Montreal, Montreal, Canada;

4 Inserm Research Center for Epidemiology and Biostatistics, U897-Team Neuroepidemiology, F-33000 Bordeaux, France;

5 University of Bordeaux, College of Health Sciences, F-33000 Bordeaux,

France;

6 Centre Hospitalier Charles Perrens, F-33000 Bordeaux, France

British Medical Journal (BMJ), 9 octobre 2014

doi=10.1136/bmj.g5205

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