Depuis une dizaine d’années, il est reconnu que certains traitements hormonaux de la ménopause (THM) estro-progestatifs sont associés à une augmentation du risque de cancer du sein. Des études ont néanmoins suggéré une atténuation rapide de ce sur-risque voire même sa disparition au bout de 2 à 5 ans si les patientes stoppaient leur traitement. Cependant, des questions demeurent sur cette atténuation, sur son lien avec la durée initiale du traitement et avec le type de molécules administrées. L’équipe Inserm “Nutrition, Hormones et Santé des Femmes“ du Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (U1018, CESP, Villejuif) a étudié ces questions à partir des données de la cohorte E3N.
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Dans une étude parue en avril dernier, les chercheurs ont réussi à mettre en évidence que les femmes mises sous THM ont encore, plusieurs années après l’arrêt de leur traitement, un risque d’avoir un cancer du sein supérieur aux femmes n’en ayant jamais pris.
Ce risque s’appliquerait uniquement pour les femmes ayant été traitées sur une longue durée, soit plus de 5 années, avec un THM combinant un estrogène et un progestatif autre que la progestérone micronisée ou que la dydrogestérone.
“Notre étude révèle que si le risque d’avoir un cancer du sein est deux fois plus important pour les femmes au moment de leur traitement, il reste encore 1,4 fois plus important dans les 5 ans suivant l’interruption du traitement ainsi que dans les 5 à 10 ans après. Au-delà de 10 années d’arrêt, le risque était toujours plus élevé pour les femmes traitées mais les résultats portaient sur un effectif et une significativité statistique trop faibles » explique Agnès Fournier.
L’équipe conclut ce travail en disant que « des études complémentaires sont nécessaires » pour préciser la durée de la persistance de ce sur-risque au cours du temps.
L’étude de cohorte E3N bénéficie, depuis son début en 1990, d’un soutien fidèle de la Ligue nationale contre le cancer et ses comités départementaux. Outre la Ligue, les trois autres partenaires fondateurs sont l’Inserm, Gustave Roussy et la MGEN. L’IReSP a contribué au financement du présent projet.
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