Menu
Brèves

Mesurer la matière grise pour prédire la sortie du coma

28 Mar 2017 | Par INSERM (Salle de presse) | Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie

VisAGeS : Vision, Action et Gestion de l'Information en Santé

©Inserm

Prédire la sortie du coma suite à un arrêt cardiaque reste à ce jour, une interrogation à laquelle les médecins n’ont pas de réponse exacte. L’évaluation de l’éventuel réveil est effectuée essentiellement à l’aide d’examens cliniques répétés et de l’enregistrement de l’activité électrique cérébrale des patients hospitalisés en réanimation. Des chercheurs de l’Inserm (Unité Inserm 1214 Toulouse NeuroImaging Center), menés par Stein Silva, ont récemment mis au point une méthode utilisant l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et pouvant prédire la sortie du coma. Les résultats sont parus ce mois-ci dans Critical Care Medicine.

Le coma est un état de conscience sévère durant lequel un patient ne réagit à aucune stimulation, même douloureuse. Les causes responsables de cet état sont nombreuses. La suppression transitoire de la perfusion (ischémie) ou des apports en oxygène (anoxie), nécessaires au fonctionnement cérébral, peuvent également entrainer une altération de la conscience : cette situation observée en cas d’arrêt cardiaque, est une des premières causes des comas en France et dans le monde. Dans ce cas, l’interruption du flux sanguin induit par le dysfonctionnement cardiaque est à l’origine d’une agression massive et globale de l’ensemble des tissus cérébraux : la substance grise, comprenant l’ensemble des corps des cellules nerveuses cérébrales, les neurones, et la substance blanche, formée à partir des fibres nerveuses issues de ces neurones. Dans le cadre de cette étude, l’équipe de chercheurs menée par Stein Silva, a exploré l’idée suivante : l’arrêt cardiaque a-t-il un impact sur la structure cérébrale ? Si oui, le potentiel de récupération neurologique à partir du coma est-il lié à l’importance et l’étendue de cet impact ?

Afin d’étudier cette hypothèse, les chercheurs ont mesuré puis comparé grâce à l’IRM, le volume de la substance grise chez des patients dans le coma suite à un arrêt cardiaque ainsi que chez des sujets sains. Cette mesure a été faite à la fois au niveau de la substance grise situé dans le cortex cérébral et  au niveau des structures situées plus en profondeur dans le cerveau, dites sous-corticales, quelques jours après l’arrêt cardiaque. Les résultats montrent qu’une quantification précise du volume de matière grise au niveau du cerveau permet de mettre en évidence une atrophie cérébrale globale et précoce chez ces patients. 

Mais surtout, ces données indiquent que l’importance de cette atrophie, mesurée quelques jours après la survenue de l’arrêt cardiaque, est bien associée au potentiel de récupération neurologique des patients, évaluée un an après le début du coma. Plus cette atrophie est importante, moins le patient a de chance d’évoluer favorablement.

Enfin, plus en détail, ce travail est en faveur de l’existence des régions cérébrales clés, dont l’intégrité anatomique semble associée aux capacités d’élaboration des processus conscients.

Au total, ces résultats apportent des éléments nouveaux à la compréhension des mécanismes biologiques nécessaires à création et au maintien de la conscience chez l’homme. Selon Stein Sliva : « ce travail ouvre des nouvelles pistes pour l’évaluation du pronostic de ces patients et permet d’envisager des thérapeutiques innovantes, centrées sur la protection et la modulation spécifique de certaines structures cérébrales impliquées dans l’émergence de la conscience après un arrêt cardiaque ».

Ces contenus pourraient aussi vous intéresser :

Contacts
Contact Chercheur

Stein SILVA (MD, PhD).

Réanimation URM, CHU Purpan, Toulouse, France.

Inserm 1214, Toulouse NeuroImaging Center, Toulouse, France.

rf.esuoluot-uhc@s.avlis

Contact Presse

rf.mresni@esserp

Sources

Brain Gray Matter MRI Morphometry for Neuroprognostication After Cardiac Arrest

Silva S1-3, Peran P3, Kerhuel L1-3, Malagurski B3, Chauveau N3, Bataille B4, Lotterie JA3, Celsis P3, Aubry F3, Citerio G5, Jean B6, Chabanne R7, Perlbarg V8, Velly L9, Galanaud D10, Vanhaudenhuyse A11,12, Fourcade O2, Laureys S11, Puybasset L9.

 

1 Department of Anaesthesiology and Critical Care, Critical Care Unit, University Teaching Hospital of Purpan, Place du Dr Baylac, Toulouse Cedex 9, France.

2 Critical Care and Anaesthesiology Department, University Teaching Hospital of Purpan, Place du Dr Baylac, Toulouse Cedex 9, France.

3 Toulouse NeuroImaging Center, Toulouse University, Inserm, UPS, France.

4 Department of Anaesthesiology and Critical Care, Critical Care Unit, Hopital Dieu Hospital, Narbonne, France.

5 Department of Anaesthesiology and Critical Care, School of medicine and Surgery, University Milano Bicocca and Hospital San Gerardo, Monza, Italy.

6 Department of Neuroradiology, University Hospital of Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, France.

7 Department of Anaesthesiology and Critical Care, University Hospital of Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, France.

8 Laboratoire d’Imagerie Biomédicale (UMR S 1146/UMR 7371), Université Pierre-et-Marie-Curie-Paris 06, Paris, France.

9 Critical Care and Anaesthesiology Department, Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, APHP, Paris, France.

10 Department of Neuroradiology, Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière, APHP, Paris, France.

11 Cyclotron Research Center and Department of Neurology, University Hospital and University of Liège, Liège, Belgium.

12 Algology and Palliative Care Department, University Hospital and University of Liège, Liège, Belgium.

 

Critical Care Medecine

fermer