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Un nouveau vaccin contre le virus Ebola approuvé par la Commission européenne

La Commission européenne a accordé début juillet des autorisations de mise sur le marché pour un vaccin contre Ebola. Crédits : Adobe Stock

Dans la lutte contre le virus Ebola, l’Inserm est à la pointe de l’effort mondial pour sauver des vies et pour prévenir de futures épidémies. L’institut a en effet participé à trois projets ayant abouti à l’émergence d’un vaccin contre Ebola.

S’il y a bien une leçon à retenir de la pandémie Covid-19, c’est que les virus ne respectent pas les frontières et que l’obtention d’un vaccin constitue l’une des clefs majeures pour protéger les populations.

La maladie provoquée par le virus Ebola est connue sous le nom de fièvre hémorragique Ebola. Le virus se propage dans la population humaine par contact direct d’homme à homme, via les fluides corporels de patients infectés présentant des symptômes.

Sa période d’incubation est de 2 à 21 jours avec une présentation clinique débutant généralement par des symptômes pseudo-grippaux, mais évoluant rapidement vers une défaillance de plusieurs organes et vers des anomalies de coagulation sanguine qui se manifestent par des hémorragies internes et externes (saignements). La maladie est mortelle dans 25 à 90 % des cas.

Autorisation d’un nouveau vaccin

Pour faire face à ce virus très létal, la Commission européenne a accordé début juillet des autorisations de mise sur le marché à la société Janssen, une société Johnson & Johnson, pour un vaccin contre Ebola. Ce nouveau vaccin, qui est constitué de deux composants, appelés Zabdeno et Mvabea, était en cours de développement avec le soutien de la Commission. Cette décision fait suite à une recommandation de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui a évalué les avantages et les risques du vaccin.

Le développement du vaccin est le résultat d’un travail rigoureux effectué au cours de plusieurs projets financés avec un peu plus de 130 millions d’euros dans le cadre de l’Initiative pour les médicaments innovants (IMI), qui est en partie soutenue par le programme de recherche et d’innovation de l’UE, Horizon 2020.

Les projets, intitulés EBOVAC 1, 2 et 3, ont évalué l’innocuité et la tolérabilité du schéma vaccinal contre le virus Ebola à travers des essais cliniques en Europe et en Afrique.

Les projets Ebovac

L’Inserm participe aux trois projets Ebovac et coordonne notamment du côté académique EBOVAC 2. EBOVAC 1 et 2 sont deux des trois projets du programme IMI Ebola + qui génèrent les données nécessaires pour évaluer l’innocuité et l’immunogénicité de différents vaccins candidats, ainsi que le niveau et la durée de protection qu’ils offrent réellement contre la maladie.

S’appuyant sur les travaux réalisés dans le cadre de ces deux projets, les chercheurs travaillant sur le projet EBOVAC3 ont ensuite mené des essais cliniques en Sierra Leone, en Guinée et en République démocratique du Congo. Les résultats encourageants de ces essais ont permis d’aboutir à l’autorisation de ce nouveau vaccin de Janssen.

Le projet EBOVAC3 assure également le suivi des personnes ayant participé à des essais cliniques antérieurs en Sierra Leone, afin d’évaluer l’innocuité et l’efficacité du vaccin à plus long terme. Enfin, le projet vise à caractériser la préparation aux épidémies de la Sierra Leone, de la Guinée et de la République démocratique du Congo.

Pour en savoir plus sur Ebovac : https://www.ebovac.org/

Comment évaluer l’impact du confinement sur la mobilité ?

Des différences de mobilité ont été observées d’une région à l’autre pendant le confinement.

Alors que le déconfinement a débuté lundi 11 mai 2020, des chercheurs de l’Inserm publient une nouvelle étude de modélisation afin d’évaluer l’impact du confinement sur la mobilité des populations en France métropolitaine. S’appuyant sur des données téléphoniques agrégées et anonymisées fournies par Orange, l’équipe menée par Vittoria Colizza à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (Inserm/Sorbonne Université) a estimé que le confinement a entraîné une réduction de 65 % du nombre de déplacements à l’échelle nationale. 

Les chercheurs ont observé une diminution de la mobilité globale dans les jours précédant le confinement, mais aussi une augmentation de quelques flux spécifiques entre régions, probablement dûe à un certain nombre de personnes se déplaçant pour rejoindre le lieu où elles souhaitaient être confinées.  Pendant la période du confinement, les chercheurs ont observé une diminution de 75 % de la mobilité  aux heures de pointes, probablement du fait de la fermeture des entreprises et des écoles. Une réduction du nombre de voyages à plus longue distance au cours des weekends est aussi identifiée (avec dans ce cas une réduction observée de 85 %), probablement dû à l’arrêt des voyages de loisir.

 

Par ailleurs, des différences sont à noter entre les régions. Ainsi, l’Île-de-France et le Grand Est, régions particulièrement touchées par l’épidémie, ainsi que l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte d’Azur ont enregistré une baisse des flux plus importantes que des régions comme la Bretagne ou la Normandie. D’après les chercheurs, plusieurs facteurs sont associés à ces différences entre régions françaises : une diminution de la mobilité plus importante est par exemple associée à un nombre plus élevé d’hospitalisations mais aussi à certaines caractéristiques sociodémographiques et professionnelles (certaines activités employant de nombreuses personnes dans une région donnée peuvent se prêter moins bien au télétravail induisant une mobilité plus importante par exemple). 

Ces résultats peuvent aider à prédire où et de quelle manière la mobilité va augmenter pendant le déconfinement, et ainsi mieux adapter les mesures de distanciation sociale. Ils constituent donc un outil pour supplémentaire pour accompagner la décision publique pendant cette période. 

Comment modéliser l’impact de la réouverture des écoles sur l’épidémie de Covid-19?

L’équipe de la directrice de recherche Inserm Vittoria Colizza à l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (Inserm/Sorbonne Université) publie un nouveau rapport pour modéliser l’impact potentiel de la réouverture des écoles en Ile-de-France sur la progression de l’épidémie. S’appuyant sur des données démographiques et de mobilité des populations, sur les connaissances actuelles sur le rôle des enfants dans l’épidémie, et sur la capacité d’accueil des services hospitaliers de réanimation de la région, les chercheurs ont ainsi tenté d’évaluer les conséquences d’une réouverture progressive, partielle ou totale de chaque type d’école (maternelle, école primaire, collège et lycée) et le risque de saturation des hôpitaux, en tenant compte des incertitudes sur le risque de transmission du virus selon l’âge.

 

 

Leurs travaux suggèrent qu’une ouverture des écoles maternelles et primaires à partir du 11 mai, qu’elle soit progressive ou non, ne conduirait pas à une saturation des services de réanimation. L’occupation de ces services n’atteindrait en effet au maximum que 65% de leur capacité (estimée ici à 1,500 lits suite à la première vague épidémique).

Afin de minimiser son impact, cette réouverture doit néanmoins s’accompagner de mesures de distanciation sociale ainsi que de tests conduits à grande échelle, avec un suivi et une mise en isolation des individus infectés et des cas contacts.

Selon le rapport, une réouverture des collèges et des lycées devrait intervenir plus tardivement afin d’éviter une saturation du système hospitalier en Ile-de-France. A noter que le modèle ne prend pas en compte les possibles effets du port de masques à l’école, les données sur la capacité de cette intervention à réduire la transmission du virus étant encore limitées.

Cryothérapie : très peu d’effets bénéfiques prouvés mais des effets secondaires réels

©Photo by Scott Rodgerson on Unsplash

En 2010, l’Inserm et la Direction générale de la santé (DGS) ont signé une convention de partenariat dont le cadre vise à évaluer l’intérêt pour la santé des médecines dites non conventionnelles pratiquées en France. Dans un nouveau rapport publié ce jour, les chercheurs de l’Inserm se sont penchés sur la cryothérapie, une technique exposant l’organisme pendant 2 à 3 minutes à un froid intense allant de -110 à -170°C.

A l’origine destinée aux sportifs de de haut niveau, afin de prévenir ou traiter les douleurs musculaires après l’exercice, cette pratique est désormais proposée dans le cadre de maladies inflammatoires ou neurologiques, voire en dehors de tout contexte pathologique.

Après analyse de la littérature scientifique publiée sur ce sujet et des témoignages d’experts ou de patients, le rapport de l’Inserm conclut que les résultats en faveur d’un effet positif de la cryothérapie sont modestes et mesurés et uniquement à très court terme.

D’autre part, la qualité méthodologique des études existantes est insuffisante, ce qui doit amener « à relativiser d’autant plus les effets positifs rapportés » estiment les chercheurs qui alertent également sur le fait «qu’en tout état de cause, la cryothérapie ne peut en aucune façon revendiquer de traiter efficacement des cancers ou d’autres pathologies somatiques sévères».

D’après les chercheurs, la cryothérapie corps entier pose par ailleurs d’authentiques problèmes de sécurité. Des effets secondaires bien réels ont été rapportés (brulures, maux de tête, urticaire chronique au froid…). Enfin, le rapport conclut qu’il est indispensable de mieux étudier et évaluer la cryothérapie du corps entier en rendant possible les conditions de ces évaluations.

Rééducation orthoptique et limitation de l’exposition aux écrans : un duo gagnant pour traiter les vertiges dus aux troubles de la convergence chez l’enfant

boy and girl standing in front of laptop

© stem.T4L on Unsplash

Afin de voir nettement les objets, nos yeux doivent être capables de « faire le point » en superposant parfaitement les images perçues par chacun des yeux : en louchant (convergeant), lorsque l’objet est proche, et en relâchant cette convergence, lorsque le regard passe d’un objet proche à un objet plus éloigné. Cette capacité de nos deux yeux à effectuer ensemble des mouvements symétriques et coordonnés (même vitesse et même amplitude) est appelée vergence binoculaire. Les troubles dits de la vergence ou troubles orthoptiques sont donc caractérisés par une mauvaise coordination des deux yeux. Ils peuvent générer chez les enfants des symptômes handicapants (vertiges, instabilité, difficultés à la lecture…) qui peuvent être responsables d’absentéisme scolaire et de troubles des apprentissages.

Une équipe de chercheurs dirigée par Sylvette R. Wiener-Vacher (PH, AP-HP) et Maria Pia Bucci (chercheuse CNRS) dans l’unité 1141 « NeuroDiderot : maladies neurodéveloppementales et neurovasculaires » (Inserm/Université de Paris), avait déjà montré que des troubles de vergence devaient être recherchés chez tous les enfants atteints de vertiges dont l’examen neurologique et vestibulaire[1] était normal. Les nouveaux travaux de cette équipe, publiés dans Frontiers in Integrative Neuroscience , montrent que les vertiges liés aux problèmes de vergence chez l’enfant pourraient être traités par l’association d’une rééducation orthoptique et d’une diminution de l’utilisation des écrans.

Pendant 3 ans, l’équipe de recherche a évalué l’efficacité de la rééducation orthoptique sur des enfants adressés au service ORL de l’hôpital Robert-Debré – AP-HP pour des vertiges. 49 enfants présentant une insuffisance de convergence comme seule cause de leurs symptômes ont participé à cette étude. 109 enfants en bonne santé ont servi de témoins. Chaque enfant a été suivi pendant 9 mois, et tous ont effectué une évaluation orthoptique (bilan des capacités de vergence) ainsi que des enregistrements des mouvements oculaires à différentes étapes de l’étude : avant et 3 mois après le début de la rééducation orthoptique, puis 6 mois après la fin de la rééducation. Les chercheurs ont aussi conseillé à tous les enfants de réduire leur utilisation d’écrans vidéo qui était intensive (~ 3,6 h par jour) et qui apparaissait comme un potentiel facteur aggravant. 

Chez tous les patients, les vertiges avaient disparu après la fin de la rééducation orthoptique et tous les paramètres des mouvements oculaires s’étaient nettement améliorés.  6 mois après la fin de la rééducation, ces paramètres étaient toujours positivement stables.

Ces résultats indiquent que le traitement orthoptique, associé aux instructions visant à réduire l’utilisation d’écrans, montre un effet significatif à long terme sur les symptômes de vertiges ainsi que sur les performances oculomotrices des enfants suivis.

« Ces nouveaux résultats pourraient avoir un effet positif sur la reconnaissance de l’efficacité de la rééducation orthoptique, qui est encore controversée », précisent les auteurs.

Les résultats de cette étude suggèrent de plus que l’utilisation intensive des écrans peut aggraver des problèmes orthoptiques latents. Les chercheurs précisent « Aujourd’hui, de nombreux enfants sont exposés aux écrans vidéo pendant de longues périodes. L’augmentation du nombre de patients présentant des symptômes dus aux problèmes de vergence que nous observons ces dernières années pourrait être expliquée par ce mode de vie. » Les auteurs recommandent ainsi l’inclusion d’un bilan orthoptique dans les tests cliniques pour les enfants qui souffrent de vertiges ainsi qu’une réduction de l’exposition aux écrans vidéo, particulièrement chez les enfants présentant des troubles de vergence.

 

[1] Le vestibule est une partie de l’oreille interne impliquée dans l’équilibre.

Une nouvelle thérapie potentielle pour le traitement des tumeurs

Coupe transversale d'un mélanome

Coupe transversale d’un mélanome avec les MTA CD163 (macrophages associés aux tumeurs) colorés en vert, les vaisseaux sanguins colorés en rouge et le noyau des cellules coloré en gris. © 2019 Etzerodt et al.

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par Toby Lawrence, chercheur Inserm au sein de l’unité 1104 Centre d’immunology de Marseille – Luminy (Inserm / CNRS / Aix-Marseille Université), vient de mettre au point une thérapie potentielle pour réduire la taille des tumeurs, là où les médicaments précédents ont échoué. Ces résultats sont publiés dans le Journal of Experimental Medicine.

Les tumeurs se développent à partir de cellules anormales dans le corps qui continuent de croître en formant des « grumeaux ». Ces derniers peuvent être bénins, mais ils peuvent aussi devenir malins et mener au cancer.

Les tumeurs malignes, infiltrées par des cellules immunitaires appelées macrophages aident habituellement les défenses immunitaires de l’organisme. Mais les macrophages associés aux tumeurs (MTA) sont manipulés par les cellules cancéreuses pour contribuer non seulement à la croissance et à la propagation des tumeurs dans l’organisme, mais aussi à la répression des défenses immunitaires naturelles contre ces tumeurs.

C’est pour contrer cette double action des MTA sur la croissance et le développement des cancers qu’une équipe internationale, regroupant des chercheurs de l’Inserm et du King’s College de Londres, a conçu une thérapie qui cible les MTA sans supprimer d’autres macrophages. Dans une étude publiée dans le Journal of Experimental Medicine, les chercheurs expliquent comment ils sont parvenus à cibler les « mauvais » MTA sans supprimer les défenses naturelles de l’organisme.

En effet, parmi les développements récents dans le domaine du traitement du cancer, il existe des médicaments appelés « inhibiteurs des points de contrôle immunitaires » (ICI). Ces derniers ont révolutionné le traitement du cancer, en particulier chez les patients atteints de mélanomes. Cependant, les patients qui répondent au traitement ICI ont des effets secondaires graves et plus de 70 % des patients ne répondent pas du tout.

Dans cette étude, les auteurs ont utilisé des modèles murins de mélanomes résistants au traitement ICI.

Ils sont parvenus à cibler spécifiquement chez ces souris les « mauvais » MTA, responsables du recrutement massif de cellules immunitaires, et sont parvenus à réduire significativement la taille des tumeurs.

Selon Toby Lawrence, chercheur Inserm qui a dirigé l’étude, cette découverte pourrait mener à l’élaboration d’un médicament qui permettrait de tuer spécifiquement les MTA.

« Nous avons été stupéfaits de voir à quel point le ciblage d’un sous-ensemble spécifique de MTA était efficace pour réduire la croissance tumorale dans ce modèle où le traitement ICI n’avait aucun impact, indique Toby Lawrence. Cette étude fournit non seulement une nouvelle stratégie pour cibler des sous-ensembles spécifiques de MTA en clinique, mais montre aussi pourquoi il est important de cibler ces sous-ensembles, et non les autres macrophages qui aident les réponses immunitaires anti-tumeurs, conclut-il ».

Les conséquences neurologiques du virus Zika enfin dévoilées

©Fotolia

L’infection virale Zika est toujours un problème de santé publique mondial. Son agent pathogène est le virus Zika transmis par les moustiques du genre Aedes. Depuis 2007, de nombreuses épidémies ont été recensées en Asie et en Afrique, et plus récemment en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Si le virus est bien connu par les chercheurs et médecins, la fréquence d’apparition des complications neurologiques, leurs tableaux cliniques et leurs pronostics restent encore très énigmatiques. Dans une étude publiée dans Neurology, des équipes de chercheurs français*ont réussi à lever le voile sur les effets à long terme de ce virus. 

 L’infection par le virus Zika est responsable de graves maladies neurologiques, appelés neuroZika. De nombreuses études ont tenté de répertorier les conséquences neurologiques dues à l’infection au virus. Mais la plupart de ces études étaient limitées car elles ne s’intéressaient qu’aux patients adultes hospitalisés et se focalisaient sur le syndrome de Guillain-Barré ou sur des manifestations neuroinflammatoires aigues. En outre, des preuves biologiques d’infection par le virus Zika ont été rapportées de manière incohérente, en l’absence de pronostic.

Afin de rendre compte du spectre complet et du pronostic de neuroZika et d’identifier les facteurs prédictifs de mauvais pronostic, des équipes de recherche de l’Institut Pasteur à Paris, de l’Inserm, de l’Institut Pasteur de Guadeloupe, du Centre hospitalier universitaire de Guadeloupe, du Centre hospitalier universitaire de Martinique, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP et du CNRS, a mené une vaste étude d’observation basée sur la population lors de l’épidémie de 2016 aux Antilles françaises.

Pour ce faire, des neurologues, neurobiologistes et infectiologues se sont associés pour étudier le cas des malades du Zika. Ces chercheurs ont étudié tous les malades du Zika qui se sont présentés à l’hôpital et avaient consultés des médecins pour des symptômes neurologiques. Parmi ceux-ci, 87 patients, dont 6 enfants, avait un neuroZika.

La majorité des cas de neuroZika (54 patients) avaient des atteintes du système nerveux périphérique (nerfs). Dix-neuf autres avaient une atteinte du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) et quatorze patients présentaient un tableau neurologique mixte, à la fois central et périphérique.

Un quart des patients avec neuroZika ont eu une ventilation assistée en Service de Réanimation. Tous ces cas montraient des traces d’acides nucléiques du virus Zika dans l’urine, le sang ou le liquide céphalo-rachidien. Un quart des cas avec neuroZika présentaient des séquelles entrainant une grave invalidité. Ces séquelles pouvaient être prédites par la détection des acides nucléiques du virus Zika dans l’urine, le sang ou le liquide céphalorachidien.

« Ces résultats révèlent que le spectre du neuroZika revêt une grande diversité de manifestations cliniques. Ils soulignent aussi l’importance de la détection des acides nucléiques du virus pour mieux prendre en charge les malades qui pourraient présenter des graves séquelles à long terme » souligne Françoise Lazarini, chercheuse au sein de l’Unité de perception et mémoire olfactive dans le département des Neurosciences de l’Institut Pasteur.

Les séquelles à long terme sont donc fréquentes chez NeuroZika et le statut du virus à l’admission du patient peut informer du pronostic. Ces éléments doivent être pris en compte pour adapter le diagnostic et la prise en charge des malades avec neuroZika

*CHU de la Martinique, Faculté de Médecine de l’Université des Antilles, CIC Antilles Guyane, Inserm, Institut Pasteur, CNRS, AP-HP, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université, ICM

2 minutes : c’est le temps nécessaire au cœur pour réagir à un changement de lumière

Moins de 5 min, c’est effectivement le temps que mettent nos différents organes vitaux (cœur et cerveau notamment) pour détecter puis adapter leur fonctionnement à un changement de lumière dans l’environnement. Tels sont les résultats d’une nouvelle étude publiée par Claude Gronfier neurobiologiste à l’Inserm et son équipe basée au Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Frontiers in Neurosciences et dans le Journal of Pineal Research.

En traitant l’information lumineuse par des voies dédiées, la rétine des mammifères peut s’engager non seulement dans la vision mais aussi dans des réponses dites non visuelles comme la synchronisation de l’horloge biologique circadienne, l’augmentation de la température corporelle, du rythme cardiaque, la modulation de l’activité cérébrale ou encore la régulation du taux de mélatonine. Ce sont ces réponses non visuelles qui permettent par exemple à l’humain d’être éveillé le jour et de dormir la nuit. Jusqu’à présent très peu d’études se sont intéressées à la dynamique de ces différentes réponses, c’est-à-dire en combien de temps et de quelle manière les principales fonctions non visuelles de l’organisme réagissent à des changements lumineux.

28 adultes ont donc été soumis à plusieurs situations dans lesquelles les chercheurs de l’Inserm faisaient varier l’intensité de la lumière, sa couleur (bleue, rouge) et sa taille (surface de la rétine activée). Pendant toute la durée de l’expérience, les paramètres suivants étaient mesurés : température corporelle, variation du diamètre de la pupille, activité cérébrale, rythme cardiaque. Les chercheurs ont montré que la réponse de ces différentes fonctions est plus rapide que prévue. « Nous constatons que le cerveau, le cœur et la thermorégulation sont activés dans les 1 à 5 minutes suivant l’exposition à la lumière et que la plupart de ces réponses sont optimales dès des niveaux de lumière relativement bas, c’est-à-dire correspondant à une lumière tamisée (90 lux mélanopiques[1]) » explique Claude Gronfier. Dès les premières minutes, on détecte une augmentation du rythme cardiaque, une constriction pupillaire, l’augmentation de la température corporelle centrale et la diminution de l’activité cérébrale lente (propice à la somnolence et l’endormissement).

Malgré leur caractère expérimental, ces conclusions ont des implications directes dans la vie réelle. Le fait que l’exposition à la lumière – même de faible intensité – provoque des réactions quasi instantanées, pourrait contribuer à améliorer les protocoles de photothérapie des troubles de l’humeur et du sommeil. « En les rendant plus court, ils deviennent de fait plus pratiques et confortables », explique Claude Gronfier.

Par ailleurs, les chercheurs montrent dans cette expérience que le fait d’ajouter de la lumière dans la périphérie du champ visuel permet de stimuler certaines fonctions sans impacter la vision. « Nous pourrions également imaginer des dispositifs ou des technologies visant à moduler l’exposition à la lumière périphérique pour améliorer les réponses telles que la vigilance, les performances cognitives ou l’humeur, sans nuire à la performance visuelle ».

Enfin, l’efficacité élevée des expositions lumineuses de faible intensité et de courte durée sur les réponses de l’organisme s’ajoute à l’ensemble des preuves de l’influence néfaste sur le sommeil et sur la physiologie circadienne d’une exposition lumineuse avant de se coucher.

2 lux : c’est le niveau de lumière nécessaire pour inhiber la sécrétion de mélatonine

Dans un second article publié dans la revue, les chercheurs montrent que les effets de la lumière s’observent à des niveaux beaucoup plus faibles qu’imaginé soit à partir de 1.5 lux mélanopiques, ce qui confirme que les écrans auxquels nous sommes exposés le soir ont bien la capacité d’impacter négativement nos fonctions visuelles (inhibition du sommeil, retard de horloge biologique). Ces effets sur la mélatonine ne passent pas par les photorécepteurs classiques (cônes et bâtonnets) mais par les cellules à mélanopsine rétiniennes.

[1]Le lux mélanopique est associé aux cellules à mélanopsine et sert à mesurer la quantité de lumière « utile » à la régulation du rythme circadien. Pour avoir un ordre de grandeur, à l’extérieur, la lumière naturelle produite équivaut à 10 000 à 100 000 lux selon la quantité d’ensoleillement.

ERC Starting grants 2018 : L’Inserm, 1ère institution hôte en France en sciences de la vie

Chaque année depuis 2007, l’Union européenne attribue des bourses aux  meilleurs scientifiques européens dans leur domaine. L’Inserm s’illustre cette année avec 4 jeunes chercheurs sélectionnés dans la catégorie sciences de la vie. Chacun d’entre eux recevra 1,5 million d’euros sur 5 ans pour monter une équipe et mener à bien son projet de recherche.

Dans cette catégorie, l’Inserm est la première institution hôte en France avec 4 lauréats ( ex aequo avec le CNRS) avec un taux de succès (24%) supérieur à la moyenne européenne ( qui est de 13 %). La France est deuxième pays ex aequo en nombre de lauréats avec le Royaume Uni ( 12 lauréat chacun) derrière l’Allemagne ( 28 lauréats). Pour rappel, la France était 4ème en 2017.

Les lauréats Inserm sont :
Benoit Chassaing actuellement en post-doctorat aux USA, U1166 « Unité de recherche sur les maladies cardiovasculaires, du métabolisme et de la nutrition » ; Paris
Cécile Charrier, Chargé de recherche Inserm , U1024 « Institut de biologie de l’école normale supérieure » ; Paris
Nicolas Gaudenzio,Chargé de recherche Inserm en janvier 2019, U1056 « Différenciation épithéliale et auto-immunité rhumatoïde »; Toulouse
Emiliano Ricci, Chargé de recherche Inserm U1111 « Centre international de recherche en infectiologie (ciri) » ; Lyon

Pour en savoir plus sur l’ensemble des résultats ERC Starting grants 2018

L’âge apparent des seniors : un outil diagnostique pour les généralistes ?

©Photo by Wiebrig Krakau on Unsplash 

Pour estimer l’état de santé des seniors, le personnel médical dispose de différents outils cliniques : échelles d’évaluation gériatrique, questionnaires de santé et score de fragilité. Cependant, si ces tests sont adaptés à un contexte médicalisé, ils sont plus difficiles à mettre en place pour les médecins généralistes, car ils réclament du temps et du matériel dont ne disposent pas toujours les praticiens. Pour évaluer l’état de santé général de leurs patients seniors, les généralistes se basent en premier lieu sur une connaissance approfondie du patient ainsi que sur un ensemble de signaux qu’ils détectent chez lui lors de la consultation (apparence physique, façon de se déplacer…).

La cohorte S.AGES[1], avait pour objectif de décrire entre 2009 et 2014 la prise en charge médicale et paramédicale de patients âgés de plus de 65 ans, à partir d’une base de données générée par des médecins généralistes. Des praticiens de toute la France ont été recrutés pour participer à cette étude impliquant un suivi sur 3 ans de certains de leurs patients non institutionnalisées et présentant un état de santé satisfaisant. En plus de la collecte de données sociales, démographiques et médicales, il a été demandé à chaque généraliste de classer leurs patients selon leur âge apparent en répondant à la question : «  A votre avis, est-ce que votre patient(e) paraît plus jeune ou plus vieux(ille) que son âge ou fait-il/elle son âge ? ».

C’est sur l’analyse statistique des réponses à cette question que se sont penchés des chercheurs de l’Inserm du Centre de recherche en Epidémiologie et santé des populations. Cette étude visant à analyser les caractéristiques associées à l’estimation de l’âge apparent par le généraliste et à déterminer si celles-ci permettaient de prédire un décès dans les 3 ans de suivi.

Les chercheurs ont ainsi observé que les problèmes cardiaques, la dépression, l’obésité, ainsi qu’une faible autonomie dans les actes de la vie quotidienne étaient associés principalement à des patients dont l’âge estimé était supérieur à leur âge réel, tandis qu’un haut niveau d’étude, une autonomie normale, l’absence de dépression,  l’absence de problèmes vasculaires et d’hypertension chronique et une faible médication étaient associés à des patients paraissant plus jeunes que leur âge réel. Seules deux variables impactaient cependant l’âge apparent dans les deux sens : la qualité de l’autonomie et la présence/absence de dépression.

Sur les patients décédés lors des 3 ans de suivi : 7,5% faisaient partie de ceux ayant l’air plus jeunes, 8,7% de ceux faisant leur âge et 13,8% de ceux ayant l’air plus vieux. Il ressort donc de cette étude que les patients paraissant plus âgés présentent un plus grand risque de mortalité : l’estimation de l’âge effectuée par les généralistes est donc significativement associée au risque de décès.

Ces résultats suggèrent que l’évaluation de l’âge d’un sénior par son médecin généraliste pourrait être un outil relativement fiable dans la pratique quotidienne des praticiens pour estimer de l’état de santé  globale du patient. Ceci n’implique pas de remplacer les scores de fragilité, mais bien d’amener le sens clinique du praticien comme appui au diagnostic.

[1] La cohorte S.AGES a été financée par les laboratoires Sanofi et a été approuvée par le Comité de Protection des Personnes Ile de France XI et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé
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