Avec 8 % des adolescents touchés selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la dépression représente un vrai problème de santé publique. L’adolescence est une période de transition pendant laquelle les jeunes sont souvent sujets à des épisodes de déprime ce qui complique souvent le diagnostic de cette pathologie.
D’après certaines études, les adolescents souffrant de dépression avérée semblent présenter des altérations de zones du cerveau impliquées dans la réponse à la récompense. Cela expliquerait que le manque d’intérêt et la morosité soient des symptômes plus fréquents que la tristesse.
Pour mieux comprendre ce phénomène, des chercheurs de l’Unité Inserm 1 000 «Neuroimagerie et psychiatrie » dirigée par Jean-Luc Martinot, en collaboration avec une équipe du King’s College (Londres), ont étudié par imagerie par résonance magnétique (IRM), dans le cadre de l’étude européenne IMAGEN, plus de 1 500 jeunes (à 14 ans et deux ans plus tard). Les participants étaient répartis en trois groupes : un groupe souffrant de dépression, un second ayant des symptômes de dépression isolés sans diagnostic réel et enfin un groupe de sujets sains.
Chaque participant devait réaliser une tâche permettant d’évaluer la réponse du cerveau à la récompense (gagner des points dans un jeu). Les résultats de l’IRM simultanée confirment l’hypothèse des scientifiques: les adolescents dépressifs ou présentant des symptômes de dépression ponctuels ont une activité réduite d’une zone du cerveau spécifique, le striatum ventral, impliquée dans le circuit de la récompense. La réponse de cette région est d’autant plus faible que la perte d’intérêt de la personne dépressive est importante.
«La faible activité de cette région détectée chez des adolescents sains à 14 ans est corrélée à l’apparition d’une dépression ou de symptômes de dépression à l’âge de 16 ans », explique Jean-Luc Martinot, directeur de recherche Inserm.
Cette étude montre donc que l’altération du fonctionnement du circuit de la récompense constitue un facteur de vulnérabilité de la dépression chez les adolescents. La détection de symptômes de perte d’intérêt chez l’adolescent et leur prise en compte précoces pourraient permettre de prévoir l’apparition de la maladie ou de récidives, et donc d’intervenir précocement et de manière ciblée en amont de celles-ci.
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