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L’exposition au plomb pendant la grossesse associée à une diminution du poids de naissance

Photo by Aditya Romansa on Unsplash

L’exposition au plomb au cours de la grossesse est associée à une diminution du poids à la naissance de l’enfant. C’est ce que confirme une étude menée auprès d’une cohorte européenne mères-enfants coordonnée par Rémy Slama, directeur de recherche Inserm à l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université de Grenoble). Elle s’inscrit dans le vaste projet HELIX (Early-Life Exposome) mené par l’Inserm et des partenaires européens, dont l’objectif est d’évaluer l’exposition précoce à 131 facteurs environnementaux sur la santé. Ce travail a été publié dans l’International Journal of Epidemiology.

Chaque jour, nous sommes exposés à de nombreux facteurs environnementaux : bruit, pollution atmosphérique, conditions météorologiques, pesticides, perturbateurs endocriniens, métaux lourds, etc. L’ensemble de ces éléments constitue ce que l’on appelle l’exposome. Ce concept désigne en effet toutes les expositions qui peuvent influencer la santé humaine tout au long de la vie, à l’exception des facteurs génétiques.

Des équipes de recherche décrivent et étudient l’impact de l’exposome sur différents paramètres de santé. Le directeur de recherche Inserm Rémy Slama et son équipe spécialisée en épidémiologie environnementale à l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm/CNRS/Université de Grenoble) travaille en particulier sur les liens entre exposome et poids de naissance dans le cadre du projet européen HELIX (voir encadré).

Dans leur récente publication, ils ont étudié les relations entre l’exposition à 131 facteurs environnementaux au cours de la grossesse, et le poids des enfants à la naissance dans une cohorte européenne composée de 1287 paires mères-enfants. L’exposition à ces différents facteurs a été mesurée de plusieurs manières. Dans le cas des particules fines, les chercheurs ont par exemple utilisé des mesures et des modélisations de la pollution atmosphérique tandis que des dosages biologiques de prélèvements sanguins ou urinaires ont été réalisés pour étudier des substances chimiques comme les PCB (polychlorobiphényles), les phtalates ou encore le bisphénol A.

En moyenne, les enfants issus de la cohorte sont nés à 39 semaines de gestation révolues ; 90 % d’entre eux avaient un poids de naissance compris entre 2 550 g et 4 240 g. L’analyse statistique des chercheurs a permis d’identifier trois facteurs associés à des poids de naissance s’écartant de la moyenne, parmi lesquels l’exposition au plomb. Après correction sur les facteurs comportementaux et physiologiques connus pour influencer la croissance fœtale (durée de gestation, sexe, tabagisme maternel…), les chercheurs ont montré que le poids des enfants à la naissance diminuait de 97g à chaque fois que la concentration sanguine de plomb chez la mère était multipliée par deux.

En France, le niveau moyen d’exposition au plomb des femmes est relativement élevé, notamment en raison d’une interdiction tardive du plomb dans l’essence dans l’hexagone (en 2000) par rapport à d’autres pays comme les États-Unis. Dans l’étude, même chez les femmes présentant une plombémie inférieure à 10 µg / litre, soit une valeur très inférieure au seuil de déclenchement d’une déclaration obligatoire aux autorités sanitaires pour la prévention du saturnisme infantile (50 μg/L)[1], l’association avec le poids de naissance se maintenait.

Par ailleurs, deux autres types d’exposition ayant un impact sur le poids de naissance ont été identifiées, même si le lien était statistiquement moins robuste. L’exposition aux particules fines atmosphériques (les PM2,5) au cours du troisième trimestre de grossesse a été associée à un plus petit poids de naissance, tandis que l’exposition des garçons aux éthyl- et propyl-parabènes (des conservateurs utilisés dans les cosmétiques, les médicaments et les aliments pour leurs propriétés antibactériennes et antifongiques), était associée à un poids de naissance plus élevé. 

En considérant des dizaines de facteurs environnementaux simultanément au cours d’une étude et en proposant une description fine de l’exposome des femmes enceintes européennes, ces travaux marquent une avancée dans l’étude de l’exposome. 

Qu’est-ce que le projet HELIX ? 

Le projet HELIX (Early-Life Exposome) est un projet européen, précurseur dans l’étude de l’exposome. Lancé en 2013, il est destiné à mesurer l’exposition de la population à de nombreux facteurs environnementaux au cours des premières années de vie et à évaluer leur impact sur la santé (neuro-développement, santé respiratoire ou encore corpulence de l’enfant).

De nombreux agents chimiques préoccupants d’après les connaissances toxicologiques et épidémiologiques actuelles sont inclus dans l’analyse, ainsi que des facteurs physiques comme les rayons UV. Dans ce projet, les chercheurs étudient l’exposome durant la vie intra-utérine via les expositions de la femme enceinte, et pendant l’enfance à partir de dosages et de mesures réalisés chez l’enfant de 6 à 10 ans.

Le consortium HELIX regroupe six cohortes européennes, correspondant à un total d’environ 1300 familles. La partie française du projet s’est appuyée sur un peu moins de 200 familles, recrutées et suivies dans le cadre de la cohorte Eden mise en place par l’Inserm et les CHU de Poitiers et Nancy. A la suite d’une première série de projets sur l’exposome soutenus en 2013, parmi lesquels le projet HELIX, l’Union Européenne a soutenu 9 nouveaux projets sur l’exposome en 2020, dont deux associant l’Inserm.

[1]En France, pour toute concentration sanguine en plomb supérieure ou égale 50 µg/l de sang à chez la femme enceinte ou l’enfant, le médecin doit faire une déclaration obligatoire auprès de l’ARS.

D’où vient l’intelligence sociale humaine ?

©AdobeStock

Chez l’Homme, la « théorie de l’esprit » est la capacité qui permet de comprendre les états mentaux des autres : ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils veulent, ce qu’ils aiment…. Elle joue un rôle majeur dans les interactions sociales humaines.

Mais quelle est l’origine évolutive de cette compétence ? Quel type de pression de sélection a finalement abouti à en munir l’espèce humaine ?

Pour apporter des éléments de réponse, Jean Daunizeau, chercheur à l’Inserm au sein de l’ICM,  Shelly Masi (Muséum National d’Histoire Naturelle, MNHN) et ses collaborateurs ont tout d’abord développé une mesure du niveau de sophistication de la théorie de l’esprit, basée sur l’analyse du comportement dans des jeux interactifs simples. Après avoir validé cette méthode chez l’Homme, ils l’ont utilisé pour comparer le niveau de sophistication de la théorie de l’esprit chez sept espèces de primates non humains, depuis les lémuriens jusqu’aux grands singes (gorilles, orang-outan et chimpanzés).

Leur étude fournie pour la première fois des données  sur les origines de l’intelligence sociale humaine. En particulier, les résultats de l’étude vont à l’encontre de l’hypothèse généralement admise, qui stipule que la théorie de l’esprit s’est développée en réponse aux problèmes posés par la complexité du groupe social dans lequel évolue l’animal.

Il semblerait plutôt que l’évolution de la théorie de l’esprit soit principalement déterminée par des facteurs neurobiologiques limitants comme la taille du cerveau.

Enfin, les chercheurs ont identifié une grande différence, un « gap » évolutif, entre les capacités de théorie de l’esprit des grands singes et celles des humains. Ces travaux sont publiés dans Plos Computational Biology

Endométriose et risque de fausse couche

L’Inserm rend compte d’une étude française menée sur 750 femmes qui révèle que cette pathologie gynécologique négligée augmente significativement le risque de fausses couches.

> Lire l’intégralité de cette actualité sur le site Inserm.fr

« Nous avons mis clairement en évidence l’existence d’un sur-risque de fausse couche précoce au premier trimestre de grossesse en cas d’endométriose »

, résume le Dr Pietro Santulli, premier auteur de l’étude, chercheur à l’Unité Inserm 1016 « Institut Cochin.

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© Fotolia

Découverte d’un nouveau mécanisme d’action d’une protéine toxique dans la maladie de Parkinson

Une équipe coordonnée par Antoine Triller, directeur de recherche Inserm, directeur de l’Institut de Biologie de l’Ecole Normale Supérieure, et Ronald Melki, directeur de recherche CNRS (Institut des Neurosciences de Paris-Saclay), vient d’identifier la cible d’une protéine l’alpha-synucléine, qui est pathogène dans la maladie de Parkinson. Cette cible est une pompe sodium/potassium ATP-dépendante. Elle peut potentiellement être utilisée pour la mise au point de traitements symptomatiques de la maladie de Parkinson. Le détail de ces travaux est publié dans The EMBO Journal daté du 31 août 2015.

Triller

L’alpha-synucléine forme des fibrilles (en gris) qui se collent (en rouge) sur la membrane des neurones (en vert). Sur la partie droite de la figure : les fibrilles (en rouge), en s’agrégeant, perturbent le fonctionnement de la pompe (en vert) qui maintient le gradient de sodium (Na+). Cela dépolarise le neurone et augmente l’entrée de calcium (Ca2+) qui est toxique pour le neurone.© Inserm/Antoine Triller

L’alpha-synucléine fait partie (avec les protéines tau et bêta amyloïde pour la maladie d’Alzheimer, ou la protéine prion pour la maladie de Kreutzfeld-Jacob,) des protéines pathogènes qui se propagent de cellules en cellules et qui sont associées aux changements physiopathologiques observés dans les maladies neurodégénératives.

Antoine Triller et ses collègues ont montré que cette protéine s’agrège sur la membrane des neurones, et interagit avec une protéine de surface du neurone, la sous unité α3 de la pompe sodium (Na+)/potassium (K+) ATPase. Cette pompe contrôle les flux d’ions sodium et potassium dans les neurones, et par voie de conséquence, l’activité électrique de ces neurones.

Chez l’homme, des mutations de cette pompe sont responsables de symptômes moteurs de la maladie de Parkinson à début précoce et de l’hémiplégie alternante de l’enfant (HAE). Les chercheurs viennent de démontrer que l’apha-synucléine, qui diffuse entre les cellules, interagit avec la pompe Na+/K+ ATPase dans la membrane. La pompe, lorsqu’elle est liée à l’alpha-synucléine est moins à même d’effectuer son activité de pompage. L’excitabilité neuronale est perturbée. Peu à peu, les signaux entre neurones ne sont pas transmis normalement et les symptômes de la maladie de Parkinson ou de l’HAE apparaissent.

Cette découverte a été rendue possible grâce à la combinaison de techniques de biologie moléculaire et de microscopie super-résolutive permettant le suivi des molécules individuelles. Cette dernière approche a été couronnée en 2014 par le prix Nobel de chimie attribué à Eric Betzig, Stephan W. Hell et William E. Moerner.

« Il s’agit d’un nouveau mécanisme permettant d’expliquer au niveau cellulaire les dysfonctionnements neuronaux dans la maladie de Parkinson, explique Antoine Triller, directeur de recherche Inserm. Ce travail met au jour des processus fondamentaux et initiaux de la maladie et permet d’explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour en contrôler l’extension et la symptomatologie», complète-t-il.

Comment grandissent nos cellules?

Certaines cellules de notre corps ont besoin d’augmenter régulièrement leur surface pour pouvoir exercer leurs fonctions. C’est le cas des neurones dont la surface de la membrane cellulaire augmente de 20% par jour au cours du développement. Lorsque les neurones sont matures, leur surface membranaire atteint 250000 µm² ce qui donne un total de 25000 m², soit 4 terrains de football pour tous les neurones du cerveau, salors qu’elle est initialement de ~1256 μm², soit une augmentation de 200 fois. 

Dans une étude publiée dans la revue Nature Cell Biology le 6 avril 2014, Thierry Galli, directeur de recherche Inserm et ses collaborateurs [1] révèlent un nouveau mécanisme qui participe à la croissance de la membrane des cellules.

Jusqu’à présent, on savait que des vésicules de sécrétion venaient ajouter de la membrane à la membrane cellulaire existante, la faisant ainsi croître. Cette sécrétion implique des protéines spécifiques appelées « SNARE », dont la découverte a valu à Thomas Südhof,  James E Rothman, et Randy Schekman le prix Nobel de Physiologie et Médecine en 2013.

L’équipe de recherche de l’Inserm s’est alors penchée sur les protéines SNARE chez la souris en étudiant les extrémités des neurones en croissance, les axones. Les chercheurs ont identifié une protéine particulière « Sec22 », initialement identifiée chez la levure par Randy Schekman.

« Il s’avère que la protéine « Sec22″ participe activement à la croissance cellulaire en formant des ponts au sein de la cellule dont on pense qu’ils permettent l’acheminement de la matière nécessaire à la croissance de sa membrane », explique Thierry Galli, directeur de recherche Inserm.

Ces ponts entre le réticulum endoplasmique et la membrane plasmique sans fusion des membranes favoriseraient le passage des lipides synthétisés dans le réticulum endoplasmique vers la surface cellulaire.

« Il est tout fait envisageable que ce nouveau mécanisme pour la croissance cellulaire prévale dans les cellules qui se divisent rapidement comme les cellules cancéreuses. » conclut-il.

Transports vésiculaire spécifiques dans les neurones

Transports vésiculaires spécifiques dans les neurones d’hippocampe de rat après 3 jours de culture. (En rouge, protéines SNARE)
© Inserm/Burgo, Andrea


[1] Equipe de Recherche Labellisée Inserm Unité 950 « Trafic membranaire normal et pathologique » (Inserm / CNRS / Université Paris Diderot) qu’il dirige, en collaboration avec l’équipe « Dynamique des membranes et trafic intracellulaire » (CNRS / Université Paris Diderot ; Cathy Jackson et Jean-Marc Verbavatz), l’équipe « Biologie cellulaire de la Synapse » (Inserm / CNRS / ENS; Antoine Triller) et Xavier Darzacq, Institut de Biologie de l’Ecole Normale Supérieure (IBENS), Imagerie de la machinerie transcriptionelle

Mise au point de cellules souches iPS… à partir de cheveux de patients schizophrènes

Grâce à un simple cheveu, des chercheurs de l’Inserm (dirigés par Daniel Aberdam, Unité Inserm 976 «Dermato-Oncologie, immunologie et cellules souches») en collaboration avec une équipe israélienne du Technion ont réussi à mettre au point un modèle original de cellules souches iPS[1] pour mieux comprendre la schizophrénie. Ce « retour en arrière » du cheveu à la cellule souche, a permis de conserver l’empreinte éventuelle des défauts cellulaires des patients schizophrènes et de remonter à leurs origines. Lorsque ces cellules iPS sont ensuite retransformées en neurones, un défaut très précoce de maturation et de connexion entre les neurones notamment dopaminergiques associé à une perturbation mitochondriale a été mis en évidence.

La schizophrénie est une pathologie mentale multifactorielle qui altère en autres la fonction et l’interconnexion des neurones dopaminergiques et glutaminergiques, ainsi que leur activité mitochondriale. Une des hypothèses dominantes suggère qu’un des facteurs déclenchant de la schizophrénie serait un trouble maternel (stress, infection) au cours du premier trimestre de la grossesse, lors de la formation du neuroectoderme, tissu embryonnaire à l’origine des cellules du cerveau et de la peau.

Pour vérifier ces deux hypothèses et mettre au point un modèle cellulaire capable de cribler de nouvelles molécules médicamenteuses, l’idée des chercheurs a été de transformer des cellules de cheveux de patients en cellules pluripotentes induites ou iPSC (c’est-à-dire des cellules immatures capables de redonner n’importe quelle sorte de cellules de l’organisme en culture), puis de les différencier en neurones.

L’hypothèse était que les cellules de cheveux ont une même origine neuroectodermale que les neurones et qu’ainsi d’éventuels défauts acquis au cours du développement du neuroectoderme seraient préservés.

Pour cela, des cellules de cheveux de trois patients atteints de schizophrénie et de deux patients sains ont été reprogrammées en souches pluripotentes induites.

« Le cheveu a été choisi pour sa facilité de prélèvement et parce que les kératinocytes folliculaires présentent une origine commune avec les neurones. » précise Daniel Aberdam

. Cette technique est bien moins traumatisante que la biopsie de peau sous anesthésie locale utilisée en routine pour la production d’iPSC « Une fois que nous étions en possession de ces cellules, nous pouvions les étudier et les retransformer en tout type cellulaire pour comprendre ce qui n’allait pas et où cela n’allait pas. » Compte tenu des données existantes, il était particulièrement intéressant de voir ce qui pouvait dysfonctionner au niveau des neurones et de leur activité mitochondriale.

Une fois ces cellules IPS obtenues, les chercheurs les ont donc poussées à devenir soit des neurones spécialisés dans la transmission des informations via la dopamine soit via le glutamate. D’après leurs observations, les neurones dopaminergiques ont montré une capacité sévèrement détériorée à terminer leur différenciation, tandis que les cellules glutaminergiques n’ont pas pu arriver à maturité.

De plus, les chercheurs montrent que la sensibilité des mitochondries à la dopamine est perturbée chez les patients, ce qui entraîne une fonction respiratoire altérée des neurones dopaminergiques et glutaminergiques.

Ces données montrent que le modèle cellulaire, même s’il ne mime pas la complexité cérébrale,  reproduit certains défauts observés sur des échantillons de patients et peut servir au criblage de molécules thérapeutiques dans la schizophrénie.

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[1]  Les cellules pluripotentes induites (IPS)  sont obtenue en transformant une cellule adulte spécialisée (ici cellule de cheveu) en cellule immature capable de redonner n’importe quelle sorte de cellules de l’organisme

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