De nombreuses études ont été publiées concernant la capacité des enfants à être infectés et leur contagiosité. Crédits : Adobe Stock
Les collèges et les lycées rouvrent leurs portes aujourd’hui, une semaine après les écoles primaires. Malgré un protocole sanitaire strict, les inquiétudes persistent concernant le risque de transmission du virus dans les établissements scolaires.
Depuis des mois, les scientifiques s’interrogent pour savoir si les écoles constituent des lieux de contamination importants, jouant un rôle décisif dans le maintien de la dynamique épidémique à un niveau élevé. Cette question va de pair avec celle du risque infectieux pour les enfants : les plus jeunes font en grande majorité des formes moins graves de la maladie, mais sont-ils vraiment moins susceptibles d’être infectés par le SARS-CoV-2 ? De nombreuses données ont été publiées sur le sujet. Afin d’y voir plus clair et de mieux appréhender l’état actuel des connaissances scientifiques, Canal Détox fait le point.
Les enfants moins à risque ?
Depuis le début de la pandémie, de nombreuses études ont été publiées concernant la capacité des enfants à être infectés et leur contagiosité. Les recherches ont surtout porté sur les dynamiques de contamination dans les foyers familiaux, montrant que les enfants de moins de 10 ans sont environ 30 à 50 % moins susceptibles d’être infectés que les adultes. Ce n’est pas le cas des adolescents, qui ont le même risque d’être contaminés que les adultes. On peut par ailleurs ajouter que des études menées dans des familles ont néanmoins montré que les parents sont 3 à 4 fois plus nombreux à présenter des tests sérologiques positifs que leurs enfants.
Ces données sont toutefois à relativiser avec le fait que les enfants scolarisés ont en moyenne plus de contacts que les adultes. Même s’ils ont moins de risque d’être contaminés à chaque rencontre avec le virus, ils sont aussi plus à risque d’y être exposés plus souvent que les adultes.
Un point fait néanmoins consensus parmi les scientifiques : même lorsqu’ils sont contaminés les enfants développent le plus souvent des formes légères ou asymptomatiques de la maladie. Les cas sévères de Covid-19 chez les moins de 18 ans demeurent rares et se retrouvent surtout chez ceux souffrant de comorbidités et de déficits immunitaires (notamment avec une réponse intérféron inadaptée).
Transmission virale à l’école
Quelle est la contagiosité des enfants ? Cette question fait encore débat, mais reste difficile à trancher dans la mesure où très peu de données sont aujourd’hui disponibles concernant la charge virale des enfants.
Si l’on s’intéresse à la transmission virale dans les écoles, la majorité des études qui ont été réalisées sur le sujet datent pour la plupart de la fin de l’année 2020, les établissements scolaires ayant été fermés lors de la première vague. Les résultats demeurent contradictoires d’une étude à l’autre, mais il semblerait plutôt se dessiner que l’ouverture des établissements scolaires contribue à la diffusion du virus. Il est certain que même avec des règles et un protocole sanitaire stricte, il s’agit d’un lieu de brassage où il est difficile de limiter entièrement tous les contacts sociaux.
L’étude française Comcor montre par ailleurs que les parents d’enfants scolarisés à l’école maternelle ou dans le secondaire ont également un sur-risque d’être infecté (d’environ 30 %). En revanche, aucun surrisque n’a été démontré pour les parents d’enfants à l’école primaire.
Certaines mesures permettent cependant de diminuer les risques. Une très récente étude dans le journal Science portant sur la transmission dans les écoles aux Etats-Unis montre aussi que les parents vivant avec des enfants scolarisés en présentiel présentent un risque plus élevé d’être infectés, mais que certaines mesures barrières comme le dépistage de symptômes éventuels au quotidien, le port du masque pour les enseignants et l’arrêt des activités extra-scolaires contribuent à diminuer ce risque. Le risque pour les professeurs était plus important que s’ils faisaient cours en distanciel, mais pas plus élevé que d’autres professions travaillant au contact du public.
Un rôle pour les autotests ?
Afin de limiter les risques de transmission du virus dans les écoles, le ministère de de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a élaboré un protocole sanitaire qui comprend notamment la fermeture de la classe dès le premier cas détecté.
Parmi les mesures mises en place depuis la rentrée du 26 avril, l’utilisation d’autotests et de tests salivaires à l’école (deux autotests par enseignant par semaine, un autotest hebdomadaire pour les lycéens à compter du 10 mai) afin de mieux repérer et d’isoler plus rapidement les cas positifs. La France n’est pas la seule à miser sur cette approche : les autotests sont également utilisés en milieu scolaire par plusieurs pays européens (au Royaume-Uni et en Allemagne notamment).
Une étude de modélisation publiée dans le dernier rapport du conseil scientifique montre que de tels dépistages réguliers ont une efficacité croissante dans la réduction de la taille de l’épidémie lorsque l’adhésion et la fréquence des tests augmentent. Sur le cas d’étude d’une école primaire de 250 élèves, l’analyse montre qu’avec une adhésion élevée au dépistage, des tests une fois par semaine suffiraient à réduire considérablement (autour de 50%) le nombre de cas, avec une efficacité estimée être 3 fois supérieure à celle du protocole de fermeture de classe au premier cas détecté. Le nombre de jours en présence perdus en moyenne par élève seraient aussi largement réduit.
Les derniers chiffres de Santé Publique France sur la transmission en milieu scolaire
Le dernier point épidémiologique, datant du 29 avril 2021, souligne que 226 265 personnes de moins de 18 ans ont été testées pour le SARS-CoV-2 lors de la semaine écoulée (vs 265 542 la semaine d’avant soit -15%). Un total de 29 683 nouveaux cas a été rapporté, en diminution (-9%) par rapport à la semaine précédente.
Les moins de 18 ans représentaient 15% de l’ensemble des nouveaux cas observés dans la population générale. Si l’on considère chaque classe d’âge dans le détail, les 0-2 ans représentent 4% des nouveaux cas parmi les moins de 18 ans, les 3-5 ans 7%, les 6-10 ans 29%, les 11-14 ans 30% et les 15-17 ans 29%.
Texte rédigé avec le soutien de Vittoria Colizza, épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inserm.