Alors que les vacances d’été ont démarré au début du mois, de nombreux magazines multiplient les articles pour vanter les bienfaits de certains compléments alimentaires ou de crèmes à appliquer sur la peau afin de la « préparer » au soleil, d’accélérer et accentuer son bronzage.
Une recherche sur moteurs de recherche Pubmed ou Google Scholar, qui permettent d’accéder à des milliers de publications scientifiques, interpelle cependant quant à l’utilisation de ces produits. On s’aperçoit en effet rapidement qu’il y a peu de données publiées par des équipes de recherche académiques pour évaluer l’efficacité et la sécurité de compléments alimentaires ou de produits topiques décrits comme « activateurs » et « accélérateurs » de bronzage.
De même, peu d’études scientifiques rigoureuses se sont intéressées à la prise de compléments alimentaires permettant de « préparer » sa peau au soleil avant la période estivale, alors même que de nombreux articles dédiés à ces produits pullulent dans les pages des magazines et sur internet.
Afin d’y voir plus clair entre les promesses véhiculées par certains médias, les travaux des scientifiques et les risques réels pour la peau d’une exposition au soleil après avoir utilisé des compléments alimentaires ou des produits « activateurs » ou « accélérateurs » de bronzage, Canal Détox s’est penché sur le sujet.
Le bronzage, comment ça marche ?
Le bronzage est un mécanisme de défense naturel mis en place par la peau pour se protéger des rayons UV du soleil, particulièrement nocifs pour notre santé. En effet, les UVA sont associés au vieillissement de la peau et à un risque accru de cancer de la peau, comme le mélanome (cancer de la peau), tandis que les UVB causent des brûlures et sont à l’origine des coups de soleil.
Deux types de cellules de l’épiderme sont impliqués dans le processus de bronzage :
- lorsque l’on s’expose au soleil, les cellules appelées kératinocytes se multiplient. Elles forment la couche superficielle de la peau et la rendent ainsi plus imperméable aux rayons UV ;
- en parallèle, les rayons UVA pénètrent dans les couches inférieures de l’épiderme, où ils déclenchent la production de mélanine par d’autres cellules appelées mélanocytes. La mélanine est le pigment qui colore notre peau et nos cheveux. Les pigments de mélanine se disséminent dans les kératinocytes et ce « bouclier pigmenté » protège les cellules des UV. C’est aussi cela qui rend notre peau plus hâlée après une exposition au soleil.
Notons que les crèmes de protection solaire ne stoppent pas ces processus et n’empêchent donc pas de bronzer. Mais elles agissent en absorbant et renvoyant une partie des rayons UV, ce qui permet de limiter leurs effets néfastes pour la peau.
Les produits dits « activateurs » ou « accélérateurs » de bronzage, qu’il s’agisse de crèmes, d’huiles ou de compléments alimentaires « pour préparer sa peau » sont généralement décrits comme des produits permettant de stimuler la production de mélanine, afin d’accentuer plus encore le processus de bronzage (voir encadré ci-dessus). Certains produits contiennent des additifs colorants similaires au bêta-carotène, qui vont donner une teinte orangée à la peau.
À l’heure actuelle, les données disponibles sur leur efficacité et leur sûreté sont très parcellaires : en l’état actuel des connaissances scientifiques, il est donc difficile de se prononcer en faveur de leur utilisation. D’autant que ces produits pourraient même parfois comporter des risques.
Dans plusieurs pays, la communication des autorités de santé sur le sujet est d’ailleurs plutôt éloquente. Par exemple en 2022, la FDA (Food and Drug Administration) américaine a publié une note alertant contre l’utilisation à des doses massives de la canthaxanthine présente dans certaines « pilules » utilisées pour le bronzage. Ce colorant autorisé à faible dose dans les aliments peut en effet être nocif à des niveaux élevés. Il peut être à l’origine de rétinopathies (maladies de la rétine) en se déposant sous forme de cristaux dans les yeux. Des problèmes de foie et des irritations de la peau ont également parfois été signalés.
Il y a également un risque de considérer que ces produits peuvent agir comme des crèmes de protection solaire et qu’ils permettraient donc de lutter contre les effets néfastes des rayons UV. Ces produits relèvent en fait plus du maquillage que d’une protection, en aucun cas ils ne peuvent se substituer à une crème solaire adaptée.
Il est d’autant plus important de se protéger du soleil que les risques d’une exposition chronique et prolongée au soleil sont en revanche réels et très bien documentés. Brûlures, accélération du vieillissement cutané et troubles oculaires font partie des problèmes qui sont régulièrement rapportés. Plus grave, le risque de développer un mélanome (cancer de la peau) est également avéré. Des nombreuses études ont ainsi montré que des coups de soleil répétés, notamment pendant l’enfance, sont associés à un risque plus élevé de cancer de la peau à l’âge adulte.
On peut ici en profiter pour rappeler quelques conseils pour profiter de l’été en toute sécurité : au-delà de l’utilisation d’une protection solaire adaptée, le port de vêtements légers couvrants, d’un chapeau et de lunettes de soleil anti-UV est recommandé, surtout pour les enfants. Il convient aussi de privilégier l’ombre et d’éviter de s’exposer aux heures les plus chaudes de la journée (entre midi et 16 h).
Texte réalisé avec le soutien de Virginie Prod’homme, chargée de recherche Inserm au Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M) (unité 1065 Inserm/Université Côte d’Azur)