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Des « remèdes miracles » contre le psoriasis, vraiment ?

Le psoriasis est une maladie inflammatoire et chronique de la peau, dont les impacts sont autant physiques que psychologiques. Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement officiel qui permettrait de guérir définitivement du psoriasis, ce qui alimente la circulation de pseudo-traitements et autres « remèdes miracles » sur Internet.

Le 27 Juil 2021 | Par INSERM (Salle de presse)

Dans 80 % des cas, le psoriasis se manifeste par des plaques rouges et squameuses bien limitées, au niveau de cuir chevelu, des coudes et des genoux ainsi que dans le bas du dos. kanachaifoto © Adobe Stock

 

Le psoriasis est une maladie inflammatoire et chronique de la peau, dont les impacts sont autant physiques que psychologiques. Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement officiel qui permettrait de guérir définitivement du psoriasis, ce qui alimente la circulation de pseudo-traitements et autres « remèdes miracles » sur Internet : huile russe, chaga sibérien ou infusion de camomille… Mais quels sont aujourd’hui les traitements dont l’efficacité pour atténuer les symptômes est réellement reconnue par la science ? Lesquels sont indiqués selon la sévérité de la maladie ? Canal Détox se penche sur le sujet pour couper court aux fausses informations qui circulent sur la toile.

La vitamine D : un traitement efficace uniquement pour le psoriasis léger

On entend souvent parler de la vitamine D comme d’une solution durable pour prendre en charge les symptômes du psoriasis. Cette affirmation est à nuancer.

Notons tout d’abord qu’il n’a pas été démontré qu’un déficit en vitamine D serait une cause de la maladie ou un facteur de son aggravation. Par exemple, une étude publiée en juin 2015 a comparé des personnes atteintes de psoriasis avec des personnes non atteintes. Les chercheurs ont observé que la majorité des individus dans les deux groupes présentaient une insuffisance en vitamine D, sans différence significative entre les patients souffrant de psoriasis et les autres. D’autres publications plus anciennes faisaient déjà ce constat[1].

Néanmoins, dans le cas d’un psoriasis léger (qui touche au maximum 5 % du corps), les traitements locaux anti-inflammatoires à base de vitamine D ont démontré leur efficacité pour réduire l’inflammation et les squames. Selon un article de synthèse publié par le National Institute of Health (NIH) aux États-Unis en 2017, plusieurs études ont en effet montré que la vitamine D jouait un rôle-clé dans la fonction inflammatoire en général[2]. Une méta-analyse récente sur l’efficacité des thérapies topiques à usage local à base de vitamine D a montré qu’elles étaient encore plus efficaces lorsqu’elles étaient combinées avec un stéroïde topique pour le psoriasis. En outre, une exposition aux ultraviolets peut même être prescrite sous contrôle dermatologique, lorsque les plaques s’étendent au-delà de 20 % de la surface corporelle et sur une durée limitée (300 séances au total). Ainsi à ce jour, bien que le mécanisme d’action de la vitamine D dans le contrôle de la maladie ne soit pas encore clair, elle constitue, sous cette forme locale, le traitement préférentiel dans le cas d’un psoriasis léger pour aider à réduire les symptômes de la maladie.

Dans 80 % des cas, le psoriasis se manifeste par des plaques rouges et squameuses bien limitées, au niveau de cuir chevelu, des coudes et des genoux ainsi que dans le bas du dos. Plus ces plaques recouvrent la surface du corps, plus le psoriasis est considéré comme sévère. Dans 8 à 10 % des cas, les patients souffrent de rhumatisme psoriasique, une forme du psoriasis qui touche les articulations. En l’absence de traitement adapté pour réduire les symptômes, le rhumatisme psoriasique peut entraîner une malformation des articulations et, à terme, des handicaps moteurs.

 

L’injection d’anticorps monoclonaux pour les formes plus sévères

Quand le psoriasis touche plus de 20 ou 30 % de la surface corporelle, il est plus efficace de prendre un traitement par voie orale, par exemple à base de méthotrexate (antimétabolique), d’acitrétine (antiacnéique) ou de ciclosporine (immunosuppresseur).

Si le psoriasis résiste à au moins deux de ces traitements, ou s’il évolue en arthrite psoriasique, le dernier recours est d’injecter des anticorps monoclonaux qui ciblent spécifiquement un médiateur de l’inflammation à l’origine de la maladie. C’est ce qu’on appelle la biothérapie. Pour deux tiers des patients, la biothérapie offre une réduction de 75 % des symptômes. Mais en raison de ses effets notamment sur la diminution des défenses immunitaires augmentant le risque d’infections, elle est réservée aux formes les plus invalidantes.

Quels anticorps monoclonaux sont les plus efficaces pour les formes sévères ?

Le secukinumab et l’ustekinumab sont les deux anticorps monoclonaux les plus fréquemment indiqués pour traiter le psoriasis. Dans une étude comparative menée sur 1231 patients publiée en décembre 2020, chacun des participants a reçu soit du secukinumab, soit de l’ustekinumab contre le psoriasis. Douze mois après le début du traitement, le score qui détermine le niveau de gravité du psoriasis était plus bas chez les patients traités au secukinumab que chez ceux traités à l’ustekunimab. Ces données suggèrent que le secukinumab aurait une plus grande efficacité contre le psoriasis sévère. Ces résultats, bien qu’ils aient été observés dans le cadre d’essais cliniques en conditions idéalisées (environnement sain, régularité dans la prise du traitement…), apportent des indications supplémentaires sur l’efficacité de ces traitements et peuvent servir de base aux décisions des dermatologues pour traiter chaque patient.

En revanche, la biothérapie affaiblit les défenses immunitaires de l’organisme. Les patients deviennent alors plus sensibles aux infections. Une étude publiée dans Jama Network en juillet 2021 a montré que les adultes atteints de psoriasis modéré à sévère ayant commencé un traitement à base d’infliximab ou d’adalunimab (deux anticorps monoclonaux) avaient plus de risque de développer des infections, notamment gastro-intestinales. Au contraire, un traitement à base d’ustekunimab a été associé à un moindre risque de développer ces infections.

Chez les enfants atteints de formes sévères, dont les options de traitements sont plus limitées en raison d’effets secondaires plus lourds, le secukinumab s’est également révélé efficace et sans effets secondaires sévères. Dans une étude publiée dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venerology en octobre 2020, 162 patients entre 6 et 18 ans atteints d’une forme sévère du psoriasis ont reçu soit du secukinumab en injection en haute dose ou faible dose, soit un placebo. Le secukinumab a démontré une efficacité supérieure au placebo, que ce soit à haute ou faible dose.

Concernant les patients les plus âgés, on a aussi longtemps pensé que traiter le psoriasis avec des anticorps monoclonaux pouvait s’avérer délicat en raison de la prise d’autres traitements concomitants ou de comorbidités. Néanmoins, dans un article de synthèse publié en août 2020, les chercheurs qui se sont appuyés sur une base de données regroupant 39 561 patients, ont conclu que l’âge n’était pas un facteur de risque dans le traitement du psoriasis. Il est assurément important de prendre en compte les comorbidités et les traitements concomitants de ces patients dans l’élaboration d’un traitement adapté, mais d’après les données qui existent à ce jour, ces facteurs ne font pas obstacle à l’efficacité du traitement.

Aucun « remède miracle » ne permet aujourd’hui de guérir définitivement du psoriasis, et certaines recommandations non reconnues par la science peuvent être au mieux inefficaces, au pire dangereuses. Toutefois, il existe des traitements médicaux qui réduisent les symptômes et améliorent la qualité de vie. Il est important de se référer aux recommandations d’un médecin traitant ou d’un dermatologue, qui sont les plus compétents pour sélectionner le traitement adapté à chaque cas.

[1] Vitamin D status in patients with chronic plaque psoriasis, P. Gisondi, G. Girolomi

[2] An Updated Mini Review of Vitamin D and Obesity: Adipogenesis and Inflammation State. Mehmood ZH., Papandreou D.Aging, low-grade systemic inflammation and vitamin D: a mini-review. Gonçalves de Carvalho CM., Ribeiro S.

 

Texte rédigé avec le soutien de Brigitte Dreno, chercheuse Inserm centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers, chef du service dermato-cancérologie du CHU de Nantes, directrice de l’Unité Thérapie Cellulaire et Génique. 
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