Dans les médias et sur les réseaux, on entend beaucoup parler d’une molécule « miracle » : la chloroquine. Certains réclament notamment qu’on l’utilise immédiatement pour traiter l’ensemble des personnes infectées sans attendre les résultats des essais cliniques. Mais qu’en est-il vraiment ?
Cet article reflète l’état des connaissances scientifiques en date de mars 2020. Les connaissances scientifiques évoluant rapidement, il est possible que de nouvelles données viennent modifier une partie des conclusions mises en avant dans cet article.
Il faut tout d’abord bien différencier la chloroquine de son homologue l’hydroxychloroquine. Si ces deux molécules ont le même mode d’action, elles n’ont pas le même profil d’utilisation. La première présente chez l’humain une dose thérapeutique très proche de la dose toxique, tandis que la seconde présente une dose thérapeutique beaucoup plus basse que la dose toxique. L’hydroxychloroquine présente donc moins de risque de toxicité. C’est elle qui est considérée par les chercheurs comme un des alliés potentiels pour lutter contre le Covid-19.
Ainsi, l’hydroxychloroquine a été incluse dans l’essai clinique européen Discovery destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19. Coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium REACTing, cet essai a commencé dimanche 22 mars 2020 et inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères du Covid-19.
À la demande de l’OMS et de l’État français, l’hydroxychloroquine a été rajoutée aux molécules candidates peu avant le début de l’essai clinique. La façon dont est conçue l’étude lui permet en effet d’accueillir toute nouvelle molécule d’intérêt majeur. De nouvelles données intéressantes ont motivé cette intégration à l’essai clinique, en particulier la sortie d’un article chinois dans la revue Clinical Infectious Disease le 9 mars.
L’hydroxychloroquine sera évaluée et comparée de la même façon que les autres molécules candidates. L’essai clinique étant en temps réel et adaptatif, les molécules ne présentant pas ou trop peu de résultats seront abandonnées rapidement au profit de nouvelles molécules candidates.
L’Inserm tient à rappeler que la prise de chloroquine ou d’hydroxychloroquine en automédication est dangereuse. Il est nécessaire d’attendre les résultats des essais cliniques afin de statuer sur l’efficacité et l’innocuité de toutes les molécules candidates.