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La vaccination dangereuse pour les femmes enceintes, vraiment ?

Faut-il se faire vacciner lorsqu’on attend un enfant ? A en croire les discussions sur les forums et les réseaux sociaux, de nombreuses futures mères se posent la question et s’inquiètent d’éventuelles répercussions sur le déroulement de leur grossesse et sur la santé de l’enfant. En France, depuis le mois d’avril 2021, les femmes enceintes peuvent […]

Le 17 Juin 2021 | Par INSERM (Salle de presse)

Vaccination anti Covid

Vaccination Anti Covid © Photo by Mufid Majnun on Unsplash

Cet article a été mis à jour le 24/08/2021 suite à la publication de nouvelles données. 

Faut-il se faire vacciner lorsqu’on attend un enfant ? A en croire les discussions sur les forums et les réseaux sociaux, de nombreuses futures mères se posent la question et s’inquiètent d’éventuelles répercussions sur le déroulement de leur grossesse et sur la santé de l’enfant.

En France, depuis le mois d’avril 2021, les femmes enceintes peuvent accéder aux vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna) à partir du 2ème trimestre de grossesse. Toutes n’ont cependant pas été convaincues par cette idée, arguant un manque de données sur le sujet. Il faut dire que, bien que sa position ait changé depuis, l’OMS déconseillait en janvier 2021 la vaccination aux femmes enceintes, exceptées pour celles qui étaient les plus à risque de développer des formes graves de Covid-19. Par ailleurs, comme pour tous les essais thérapeutiques, ces dernières étaient exclues des premiers essais par principe de précaution.

Alors comment les connaissances ont-elles évolué depuis ? Que sait-on aujourd’hui des bénéfices et des risques de la vaccination chez les femmes enceintes ? La vulnérabilité de ce public face à l’infection justifie-t-il de se faire vacciner ? Canal Détox se penche sur cette question importante.

 

Les femmes enceintes infectées par la Covid-19 risquent davantage de développer des complications

Une étude publiée dans le journal BJOG  en Novembre 2020 s’est appuyée sur les données de 675 femmes. Parmi les 71 participantes positives à la Covid-19 au moment de leur accouchement, 13% présentaient des complications post-partum courantes (fièvre, faible taux d’oxygène dans le sang…) nécessitant parfois une hospitalisation. Ce pourcentage était le même, que les femmes souffrent de formes symptomatiques ou asymptomatiques de l’infection. A titre de comparaison, cette proportion n’était que de 4,5% chez les participantes non infectées au moment de l’accouchement.

De plus, une récente étude internationale menée sur 2130 femmes enceintes souligne que le risque de décès pendant la grossesse et post-partum est 22 fois plus élevé chez les patientes ayant été infectées par le coronavirus, bien qu’il reste très bas dans l’absolu. Elle précise par ailleurs que ces risques augmentent lorsque la patiente présente des comorbidités (obésité, diabète, hypertension…). Cependant, dans cette étude, ces chiffres ne concernaient que les femmes ayant été diagnostiquées avec un test Covid positif au troisième trimestre. Ils ne sont donc pas représentatifs pour les femmes diagnostiquées plus tôt. Ce risque avait néanmoins déjà été souligné par une étude publiée en Août 2020 dans le BMJ et actualisée en mars 2021, qui montrait que les femmes enceintes ont plus de risque de développer des formes graves de la maladie et d’être admises en réanimation, en comparaison des femmes du même âge non enceintes.

Ces risques peuvent se répercuter sur la santé de l’enfant. D’après un article de synthèse publié en Février 2021, le risque d’une naissance prématurée pendant ou après l’infection se situe en moyenne entre 10 et 25% pour une femme enceinte positive à la Covid, et monte jusqu’à 60% si celle-ci contracte une forme sévère de la maladie. Il s’agit le plus souvent d’accouchements prématurés déclenchés artificiellement afin de pouvoir mieux soigner la mère.   Par ailleurs, en Novembre 2020 une étude internationale menée sur 2130 femmes enceintes a observé que les nourrissons des femmes positives à la Covid-19 avaient plus de risques de développer des complications nécessitant parfois une hospitalisation.

En revanche, les cas de transmission de la mère au fœtus pendant la grossesse à travers le placenta sont exceptionnels. Le plus souvent, il s’agit de contamination pendant l’accouchement ou juste après la naissance. En outre, aucune malformation liée au virus n’a été décrite.

 

Les femmes enceintes sont tout autant protégées par le vaccin que les autres femmes

Dans une étude publiée en Mars 2021 dans l’American Journal of Obstetric and Gynecology, les chercheurs ont évalué la réponse immunitaire des femmes enceintes à la suite de la vaccination, par rapport à celle de femmes vaccinées, mais non enceintes. Ils ont observé que les taux d’anticorps générés par le vaccin étaient similaires chez les deux types de patientes.

Les chercheurs ont ensuite comparé ces résultats avec ceux de patientes infectées par le SARS-CoV-2 mais non vaccinées : ils ont montré que le taux d’anticorps neutralisants le virus chez toutes les femmes (enceintes et non-enceintes) était plus élevé après la vaccination qu’après une infection « naturelle ». Il a également été observé que les anticorps issus de la vaccination passaient à travers le placenta, offrant potentiellement une protection au nouveau-né. Un phénomène que l’on retrouve aussi chez les femmes vaccinées contre la coqueluche ou la grippe au cours de la grossesse.

Ces résultats montrent que la vaccination permet à la future mère de développer une réponse immunitaire robuste contre la maladie, et que la grossesse n’est pas un obstacle à l’efficacité de cette protection.

Par ailleurs, une étude de cohorte publiée en juillet 2021 a comparé sur un an deux groupes de femmes enceintes (au 2ème et 3ème trimestre de grossesse) l’un vacciné, l’autre non. Les résultats confirment que la vaccination à ARN réduit significativement le risque d’infection, et aucun effet secondaire sévère n’a été observé. 

Des effets secondaires très modérés après l’injection

D’après les données préliminaires analysées par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains sur des femmes enceintes vaccinées avec un vaccin ARNm entre décembre 2020 et février 2021, les effets secondaires les plus communs après l’injection (maux de têtes, fatigue, douleurs musculaires…) sont similaires à ceux rencontrés par les femmes qui ne sont pas enceintes.

Dans cette étude, parmi les enfants nés de femmes vaccinées contre la Covid-19, 9% étaient prématurés et 2% présentaient une anomalie congénitale. Ces résultats sont similaires chez les femmes non vaccinées, et il n’a pas été établi de lien entre ces complications et le vaccin. Il faut néanmoins préciser que, dans les données du CDC, les femmes de l’échantillon ont toutes été vaccinées au troisième trimestre de grossesse.

Une autre étude publiée dans NEJM en Avril 2021 confirme ces résultats, Elle souligne également que les complications de la grossesse (prématurité, fausses couches…) ne sont pas plus fréquentes chez les femmes vaccinées.

Dans tous les cas, avant toute vaccination, les professionnels de santé doivent informer les futures mères des données connues à ce jour afin de leur permettre de faire un choix éclairé. A noter que les chercheurs et les médecins recommandent aussi aux futures mères de se faire vacciner avant la conception, de façon à réduire le risque de contamination à la Covid-19 pendant la grossesse. 

En conclusion, les données concernant les bénéfices et les risques de la vaccination pour les femmes enceintes et leur enfant à naître sont donc rassurantes à ce jour. L’OMS, ainsi que les sociétés savantes d’obstétrique et de gynécologie estiment que les bénéfices dépassent les risques potentiels. Elles recommandent aux femmes enceintes les plus susceptibles d’être exposées au virus, ainsi qu’à celles ayant des comorbidités, de se faire vacciner en priorité. De plus, il n’y aurait pas de contre-indications pour les femmes enceintes en bonne santé à se faire vacciner. En France, la DGS a d’ailleurs ouvert la vaccination à toutes les femmes enceintes, avec ou sans comorbidités. Enfin, aujourd’hui, aucun risque pour l’enfant n’a été détecté dans le cas d’une mère vaccinée souhaitant allaiter.

Pour consolider les données concernant femmes enceintes, l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) a fait appel à des volontaires, enceintes et vaccinées contre la Covid-19, afin de réaliser une étude de cohorte. Ainsi, toutes les femmes majeures et enceintes au moment de la vaccination, quel que soit le stade de leur grossesse, peuvent participer à l’étude.

Texte rédigé avec le soutien du Professeur Olivier Picone (U 1137 – IAME Infection antimicrobiens, modélisation, évolution – Université Paris Diderot)

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