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Le QI, une mesure fiable de l’intelligence vraiment ?

Le quotient intellectuel (ou QI) est un sujet qui anime bien des passions. Mais qu’entend-on par QI et intelligence ?

Le 10 Nov 2022 | Par INSERM (Salle de presse)

cerveau mesure

Les tests de QI n’évaluent qu’un nombre restreint de capacités. © Adobe Stock

Le quotient intellectuel (ou QI) est un sujet qui anime bien des passions. Tandis que le projet d’une carte mondiale des QI entraînait une vive polémique sur les réseaux sociaux en 2019, c’est aujourd’hui la baisse de QI à l’ère du digital qui embrase les discussions. Sans parler des nombreux tests gratuits qui ornent les bannières publicitaires… Mais qu’entend-on par QI et intelligence ? Les tests que l’on trouve sur internet sont-ils vraiment fiables ? Et à quoi servent réellement les scores de QI ?

La première « échelle métrique de l’intelligence » est inventée en France, par le psychologue Alfred Binet au début du XXe siècle à la demande du ministre de l’Instruction publique qui souhaite disposer d’un outil pour détecter les élèves en difficulté scolaire. En observant ses filles, Alfred Binet imagine que l’on peut évaluer l’intelligence à partir du raisonnement, de la compréhension et de la mémoire. Il cherche alors à identifier les aptitudes qui sont caractéristiques de chaque tranche d’âge. Face à une image, par exemple, un enfant de 3 ans va énumérer ce qu’il voit, un enfant de 7-8 ans va décrire l’image, tandis qu’un enfant de 10-12 ans va commencer à l’interpréter.

Ce premier test d’intelligence, qui deviendra le premier test de Quotient Intellectuelle ou de QI sous l’influence d’un chercheur de l’Université de Stanford, établit un rapport entre l’âge mental de la personne et son âge réel. On multiplie ensuite ce chiffre par 100 pour obtenir le QI. Si un enfant de 10 ans réussit les épreuves d’un enfant de 12 ans, alors il sera en avance et aura un QI de 120 (12/10*100).

Interpréter les tests de QI

Le QI évalue ainsi les performances d’un individu par rapport à des individus qui ont le même âge que lui. Le test Stanford-Binet va devenir un test de référence dans les années 1960-1970 avant que d’autres approches ne prennent le relais. Le WAIS (Weschler Adult Intelligence Scale), par exemple, est aujourd’hui un test de QI très utilisé pour les adultes tandis que le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) sert à évaluer les performances des enfants.

Les tests de QI restent encore aujourd’hui les seuls outils capables de mesurer « l’intelligence générale » de manière fiable et prédictive. Toutefois, ces tests n’évaluent qu’un nombre restreint de capacités : des capacités verbales, spatiales et mathématiques mais pas ou très peu les compétences artistiques ou créatives par exemple. Par ailleurs, les scores de QI – comme ceux obtenus sur les sites internet – sans interprétation par un psychologue agréé ne veulent pas dire grand-chose. Voire, rien du tout. Ces chiffres doivent être interprétés à la lumière de l’histoire et de la personnalité de l’individu. D’ailleurs, conscient de la singularité humaine, Alfred Binet souligne déjà à l’époque que son test « n’est pas une machine qui donne notre poids imprimé sur un ticket comme une bascule de gare ».

Du côté de la recherche, la notion même d’intelligence est très discutée car elle recouvre une réalité complexe et une multitude d’aptitudes. Les chercheurs en neurosciences qui souhaitent évaluer une compétence donnée chez un groupe d’individus ne font pas appel aux tests de QI pour leurs mesures, mais ils l’utilisent comme critère de sélection pour recruter les participants à leurs études, au même titre que le sexe ou l’âge.

Au cours du xxe siècle, les résultats aux tests de QI ont augmenté de façon lente et progressive dans les pays industrialisés, en raison notamment de l’alphabétisation et de l’élévation du niveau d’éducation. Cet accroissement a été baptisé l’effet Flynn. Toutefois, depuis les années 2000, les résultats se sont stabilisés et commenceraient même à régresser dans plusieurs pays. Une baisse qui fait aujourd’hui polémique, et soulève notamment la question de savoir s’il est pertinent de comparer le QI d’individus dont le contexte culturel est parfois radicalement différents.

 

Texte publié pour la première fois dans le livre Fake News Santé de l’Inserm, aux éditions du Cherche-Midi

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