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Le VIH transmis par les piqûres des moustiques, vraiment ?

Les moustiques ne peuvent pas transmettre le VIH. Crédits : Adobe Stock Il est impossible d’être infecté par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) par le biais d’une piqûre de moustique. Pourtant, la question est régulièrement débattue sur certaines plateformes en ligne et sur les réseaux sociaux. Si les connaissances sur la transmission de ce […]

Le 30 Nov 2020 | Par Inserm (Salle de presse)

Les moustiques ne peuvent pas transmettre le VIH. Crédits : Adobe Stock

Il est impossible d’être infecté par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) par le biais d’une piqûre de moustique. Pourtant, la question est régulièrement débattue sur certaines plateformes en ligne et sur les réseaux sociaux. Si les connaissances sur la transmission de ce virus à l’origine de la maladie du SIDA sont aujourd’hui bien établies par les scientifiques, elles ne sont pas toujours bien connues de tous. Canal Détox fait le point.

Le VIH ne peut pas être transmis à l’homme par les moustiques, à la différence des virus Zika ou des parasites du paludisme. Tout d’abord, il n’est pas si facile pour un virus de se diffuser par le biais des moustiques, qu’il s’agisse ou non du VIH.

On pourrait penser qu’il suffit à l’insecte d’ingérer un virus lors d’un repas sanguin sur une personne infectée pour qu’il puisse le transmettre à une personne saine lors du repas suivant. En fait, c’est un peu plus compliqué que cela.

En effet, après avoir été ingéré pendant un repas sanguin, un virus doit résister à l’environnement hostile présent dans l’intestin du moustique (acidité, enzymes de digestion, …). Il doit ensuite atteindre les cellules de la paroi de l’intestin et y trouver un point d’ancrage pour pouvoir entrer dans les cellules et s’y reproduire, ce qui là encore n’est pas sans difficulté. Ensuite, après augmentation de la charge virale (c’est à dire la quantité de virus), le virus doit être libéré dans le corps du moustique, infecter les glandes salivaires et s’y multiplier à nouveau. Et c’est seulement là que, stocké avec la salive anticoagulante au niveau des cavités des glandes salivaires (lumen), il pourrait être injecté à un nouvel hôte, lors d’un prochain repas sanguin du moustique. 

Des virus plus ou moins « exigeants »

Par ailleurs, tous les virus ne sont pas identiques : certains virus pénètrent et se reproduisent plus facilement que d’autres dans les cellules. C’est le cas des virus Zika ou Chikungunya. Le virus de l’hépatite C et le VIH sont à l’inverse beaucoup plus « exigeants » : ils n’infectent que quelques types de cellules bien spécifiques qui ne sont pas présentes chez toutes les espèces.

Chez l’humain, les cibles du VIH sont principalement les lymphocytes T auxiliaires, les monocytes, les macrophages et les cellules dendritiques. Ces cellules sont essentielles au bon fonctionnement du système immunitaire. Le virus est en effet capable de reconnaître et de s’arrimer à des « points d’ancrage » ou marqueurs exprimés à la surface de ces cellules, les récepteurs CD4. C’est pour lui le moyen de se répliquer et de se diffuser dans l’organisme.

Pour en savoir plus sur le VIH et la manière dont il se transmet, consultez le dossier d’informations de l’Inserm 

Les cellules du moustique en revanche ne présentent pas ces points d’ancrage à leur surface. Même si un moustique se nourrit du sang d’une personne infectée par le VIH, celui-ci ne pourrait dont pas pénétrer dans ses cellules. En outre, même si c’était le cas, il ne pourrait s’y multiplier, en l’absence de facteurs cellulaires essentiels à sa reproduction.

Le VIH ne peut donc en aucun cas infecter le moustique et être transmis à un individu de manière « active ».

 

Instabilité du virus

Et de manière passive alors ? La trompe du moustique peut-elle être un vecteur de transmission si l’insecte qui vient de se repaître du sang d’un individu séropositif pique tout de suite un autre individu? Là encore, pour deux raisons, c’est impossible.

En effet, la trompe du moustique, que l’on appelle le « proboscis », contient en réalité deux canaux distincts : un pour aspirer le sang et un autre, plus petit, pour injecter la salive. La circulation s’y faisant à sens unique, le seul moyen pour un moustique de pouvoir transmettre le virus serait qu’il soit infecté et que ce pathogène se retrouve dans sa salive après s’être multiplié. Comme on l’a vu plus tôt, le VIH ne pouvant se reproduire dans les cellules du moustique, cette possibilité peut être écartée. Par ailleurs, il s’agit d’un virus instable qui ne survit pas longtemps hors des cellules dans lesquelles il se reproduit ou dans les fluides corporels.

Enfin, on peut ajouter que même si un moustique avec un proboscis recouvert de sang contaminé piquait tout de suite un individu non séropositif, il serait incapable de lui transmettre le virus. La charge virale contenue dans les quelques lymphocytes contaminés qui seraient transmis à cet individu serait en effet trop faible. Dans une publication parue il y a déjà plus de 20 ans, il a été démontré qu’il faudrait dix millions de piqûres de moustiques infectés pour que la charge virale transmise passivement par le proboscis soit suffisante et conduise à infecter une personne.  

 

Texte rédigé avec le soutien de Stéphanie Blandin, chercheuse Inserm à l’IBMC (Institut de biologie moléculaire et cellulaire, à Strasbourg) qui étudie le système immunitaire des moustiques, et son collègue Matteo Negroni, chercheur CNRS à l’IBMC, spécialiste de l’évolution moléculaire du VIH.

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