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Les femmes enceintes plus à risque de complications liées au Covid-19, vraiment ?

Depuis le début de la pandémie, des craintes concernant le risque pour les femmes enceintes de développer des formes sévères du Covid-19 ont régulièrement été soulevées. Les scientifiques s’interrogent également sur le risque de transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse et de l’impact sur le développement du fœtus.  Toutefois, le peu de […]

Le 01 Sep 2020 | Par INSERM (Salle de presse)

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Depuis le début de la pandémie, des craintes concernant le risque pour les femmes enceintes de développer des formes sévères du Covid-19 ont régulièrement été soulevées. Les scientifiques s’interrogent également sur le risque de transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse et de l’impact sur le développement du fœtus. 

Toutefois, le peu de données disponibles rend leur tâche plus ardue. En effet, comme lors des épidémies de SARS-CoV et MERS-CoV, seul un petit nombre de femmes enceintes infectées par le virus a été documenté dans la littérature scientifique. En ce qui concerne ces deux autres coronavirus, la possibilité d’une transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse (transmission verticale) n’a d’ailleurs jamais été confirmée.

Dans le cas du Covid-19, des suspicions de transmission verticale au cours de la grossesse ont été rapportées assez précocement, notamment en Chine où le cas d’un nourrisson testé positif pour le SARS-CoV-2 environ 36 heures après sa naissance a par exemple été décrit dès février. Néanmoins, la transmission du virus après l’accouchement, suite à un contact rapproché entre la mère et l’enfant, ne pouvait être exclu. Comme le précise par ailleurs une étude publiée dans Lancet Infectious Diseases, ce mode de transmission n’a pas non plus pu être confirmé dans de nombreux autres cas similaires, car aucune trace du virus n’a été retrouvée au niveau du placenta, du cordon ombilical, dans le liquide amniotique ou dans le lait maternel chez les femmes et les nourrissons testés.

C’est une étude de cas publiée en juillet dans Nature Communications  qui a apporté un autre éclairage sur le sujet, en décrivant le premier cas de transmission du Covid-19 d’une femme enceinte à son enfant, via le placenta. Les chercheurs se sont intéressés au cas clinique d’une mère de 23 ans atteinte de Covid-19, et dont le bébé présentait également des signes de la maladie dès la naissance. Des prélèvements sanguins et de liquide amniotique au niveau du cordon ombilical ont été réalisés, ainsi que des prises de sang et des tests PCR sur le nourrisson pour rechercher la présence du virus. Cette étude a donc apporté de nouveaux arguments sur la possibilité d’une transmission au cours de la grossesse qu’il conviendrait de valider sur un échantillon plus large de patientes. A l’heure actuelle, la communauté scientifique reste donc prudente, estimant que si la transmission de la mère à l’enfant est possible pendant la grossesse, elle est très rare.  

Par ailleurs, les cas documentés de femmes enceintes infectées par le SARS-Cov-2 concernent principalement des patientes dans leur troisième trimestre de grossesse. Il serait donc intéressant d’identifier et d’étudier le cas de femmes infectées plus tôt pendant la grossesse, afin d’évaluer les conséquences pour la santé de la mère et du fœtus.

Plus de complications pendant la grossesse

Autre sujet d’inquiétude : les femmes enceintes malades du Covid-19 sont-elles à plus grand risque de complications ?

Là encore les données sont parcellaires. Si l’on se fonde sur l’expérience des épidémies de SARS-CoV au début des années 2000 et de MERS-CoV, les études, réalisées sur un petit échantillon de patientes, soulignent un risque plus élevé de complications pour le fœtus, notamment de fausses couches, de naissances prématurées et des retards de croissance intra-utérins. Les symptômes rapportés chez ces femmes étaient variables selon les études, mais certains travaux ont rapporté des syndromes respiratoires aigus, des problèmes rénaux, des pneumonies et des septicémies survenant plus fréquemment au sein de cette population que chez les femmes n’attendant pas d’enfant. Un recours à la ventilation mécanique trois fois plus important a également été rapporté par certains chercheurs chez les femmes enceintes pendant l’épidémie de SARS-CoV.

 Les premières données qui émergent de la pandémie de Covid-19 dressent un tableau moins sombre. Les complications semblent moins fréquentes et la présentation clinique est similaire chez les femmes enceintes que chez d’autres adultes ayant un même niveau de santé.

 Une étude publiée dans le journal BJOG s’appuyant sur les données de 675 femmes enceintes incite toutefois à la prudence et à la poursuite des études sur le sujet. Sur cet échantillon, 71 femmes avaient été infectées par le virus. La grande majorité était asymptomatique, mais après l’accouchement, 13% d’entre elles présentaient au moins l’une des complications post-partum que les médecins surveillent habituellement de près, à savoir une fièvre élevée, un faible taux d’oxygène dans le sang, ou encore un état nécessitant une nouvelle hospitalisation. Cette proportion n’était que de 4,5 % chez les femmes non infectées par le virus.

 Enfin, des questions se posent toujours sur l’impact d’une infection sur le développement fœtal, et notamment lors du premier trimestre de grossesse, lorsque les organes se forment.

Un suivi et une prise en charge plus poussés des femmes enceintes infectées par le virus, par une équipe pluridisciplinaire, peut donc s’avérer nécessaire afin d’éviter les complications et de surveiller l’état de santé du bébé suite à la naissance. De même, il convient de mettre en place rapidement d’autres priorités de recherche incluant la collecte systématique des données de santé de toutes les femmes enceintes testées positives, afin d’obtenir une idée plus précise des conséquences que le virus peut avoir sur cette population, notamment avant le troisième trimestre, mais aussi des investigations plus étendues sur le risque de transmission pendant la grossesse.  

 Texte rédigé avec le soutien de Daniel Vaiman, Directeur de Recherche Inserm à l’Institut Cochin (équipe « Des gamètes à la naissance »).

 

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