Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) s’attaque aux cellules du système immunitaire et les détruit ou les rend inefficaces. Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) est le dernier stade de l’infection à VIH. Il peut se déclarer au bout de 10 à 15 ans
La dangerosité d’un virus réside beaucoup dans sa faculté à développer des stratégies multiples pour échapper à la surveillance du système immunitaire.
Le VIH n’échappe pas à la règle. On sait que le VIH mute et s’adapte en fonction de chaque individu et de son complexe majeur d’histocompatibilité (CMH).
L’exemple du VIH représente bien la capacité d’un agent pathogène à évoluer et à devenir mutant en créant ce qu’on appelle un nouveau variant, pour échapper à l’immunité de son hôte.
La base moléculaire de ce processus n’était jusque-là pas encore bien établie. C’est ce que les chercheurs sont parvenus à élucider. Leur travail permet de mieux comprendre le mécanisme d’adaptation mutuelle entre le système immunitaire et le VIH.
Pour mieux appréhender le mode d’action du VIH, Victor Appay directeur de recherche à l’Inserm ont étudié les cellules de patients chez qui la réponse immunitaire s’est montrée efficace face au virus et à ses variants. Ces patients, tous issus de la cohorte ANRS Primo, sont suivis depuis le diagnostic de primo-infection par le VIH. L’étude détaillée a porté plus précisément sur la réponse provoquée par les lymphocytes T CD8+ de ces patients infectés par le VIH et chez qui ces cellules étaient exceptionnellement préservées et fonctionnelles.
Cette réponse immunitaire protectrice est possible grâce au recrutement de lymphocytes T CD8+ particuliers, appelés « cross réactifs ». Ils possèdent à leur surface un récepteur dont la structure leur confère la capacité particulière de reconnaître aussi bien le virus non muté que ses variants mutés. Cette découverte offre le premier éclairage aussi précis du contrôle du VIH par certains lymphocytes T CD8+.
Cette étude met en évidence la complexité des forces et mécanismes qui conduisent à l’évolution du virus et à l’adaptation du système immunitaire au cours de l’infection par le VIH.
Une meilleure compréhension des déterminants immunologiques à la base d’un contrôle de la réplication du VIH, est essentielle pour le développement de vaccins efficaces. En effet, le choix des immunogènes et adjuvants dans le développement de vaccins contre le VIH devrait être rationalisé afin d’induire des lymphocytes T CD8+ ayant une forte capacité de reconnaissance pour les formes sauvages et mutées du virus.
©JC.Chermann/Inserm
1en collaboration avec ses collègues de l’Université de Cardiff (Royaume-Uni), de l’Université Kumamoto (Japon) et de l’Université de Monash (Australie) et avec le soutien de l’ANRS