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Cancer du sein : la pollution atmosphérique associée à un risque accru

cancer pollution

Les chercheurs ont identifié un lien entre le dioxyde d’azote (NO2) et la survenue de cancer du sein dans des études réalisées chez des femmes en Amérique du Nord et en Europe. Crédits : Unsplash

Les polluants atmosphériques augmentent non seulement le risque de cancer du poumon, mais ils pourraient aussi être un facteur de risque du cancer du sein. C’est ce que révèle une synthèse de la littérature internationale menée par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, et de l’Université Grenoble Alpes. Parmi les trois principaux polluants étudiés, c’est pour le dioxyde d’azote que le niveau de preuve est le plus élevé. Selon les données disponibles, environ 1700 cas de cancers du sein seraient attribuables chaque année en France à l’exposition aux polluants atmosphériques. Ces résultats font l’objet d’une publication dans la revue Environmental Health Perspectives.

Certains polluants atmosphériques, et notamment les particules en suspension et la pollution atmosphériques dans son ensemble, sont reconnus comme cancérigènes par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) ; cette reconnaissance est liée à leurs effets démontrés sur le cancer du poumon. Or depuis quelques années, des travaux épidémiologiques suggèrent que les polluants atmosphériques pourraient aussi influencer la survenue de cancer du sein, qui constitue le cancer le plus fréquent en Europe.

Le cancer du sein est un des cancers dont les facteurs de risque sont les mieux connus, avec une contribution de facteurs liés à la vie reproductive (par exemple l’âge des premières règles), la consommation d’alcool et probablement l’exposition à des facteurs environnementaux et notamment ceux perturbant l’axe œstrogénique, ainsi que de polymorphismes génétiques tels que ceux liés aux gènes BRCA.

Dans cette étude, menée par l’équipe du directeur de recherche Inserm Rémy Slama à l’Institut pour l’avancée des biosciences (IAB, Inserm/CNRS/UniversitéGrenoble Alpes), les scientifiques se sont intéressés au rôle de certains polluants atmosphériques sur la survenue du cancer du sein.

L’objectif était de synthétiser les résultats concernant la relation dose-réponse entre pollution et survenue du cancer du sein, issus de toutes les publications disponibles (ce qu’on appelle une méta-analyse, qui fournit une moyenne des relations décrites par chaque étude en tenant compte de leur précision). Par ailleurs, pour les polluants pour lesquels l’association était la plus nette, les scientifiques souhaitaient aussi fournir une estimation du nombre de cas de cancers du sein qui pourraient y être attribuables en France, ainsi qu’une estimation des couts économiques associés.  

 

Effet plus net pour le dioxyde d’azote

 L’étude a permis d’identifier pour les trois polluants considérés, à savoir les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 10 microns (PM10), les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2), respectivement 27, 32 et 36 associations en lien avec la survenue de cancer du sein, toutes rapportées chez des femmes en Amérique du Nord et en Europe. C’est pour le dioxyde d’azote que la synthèse des études était le plus nettement en faveur d’un effet néfaste sur la survenue de cancer du sein.

Le dioxyde d’azote est principalement émis par des processus de combustion des combustibles fossiles, tels que ceux des moteurs thermiques des véhicules et du chauffage urbain.

L’effet estimé du dioxyde d’azote était plus élevé pour les cancers du sein hormono-dépendants (dont les tumeurs expriment des récepteurs de l’œstrogène et de la progestérone), bien que toutes les études n’aient pas pu considérer ce critère. Les chercheurs estiment qu’environ 1700 cas de cancer du sein, soit environ 3 % des cas survenant annuellement en France pourraient être attribués à cette exposition et aux autres polluants associés au dioxyde d’azote. Le coût économique associé, cumulant coûts tangibles (ceux liés aux traitements) et intangibles (ceux liés aux décès, à la perte de qualité de vie et la souffrance des patients) est de l’ordre de 600 millions à un milliard d’Euros par an.

Pour les deux autres polluants considérés (PM10 et PM2.5), le niveau de preuve était moins élevé, sans qu’il soit possible d’exclure un effet néfaste. « Réaliser une large méta-analyse comme celle-ci est une approche qui a l’avantage de synthétiser toute la littérature scientifique sur la question, et donc d’obtenir des résultats particulièrement robustes. En l’occurrence pour le dioxyde d’azote l’analyse a porté sur un ensemble de 36 études totalisant plus de 120 000 cas sur 3,9 millions de sujets », souligne Rémy Slama.

Les approches observationnelles utilisées dans ces travaux ne permettent néanmoins pas d’exclure la contribution d’autres polluants dont les concentrations atmosphériques sont étroitement corrélées à celles du dioxyde d’azote. Au sein du mélange complexe qu’est la pollution atmosphérique, certains composants sont connus pour leur activité cancérigène ou de perturbation œstrogénique, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ceux-ci pourraient donc être également pertinents du point de vue du développement du cancer du sein, étant donné l’implication de la voie œstrogénique dans certains cancers du sein.

Des biais méthodologiques à prendre en compte

 L’étude des liens entre pollution atmosphérique et cancer du sein pose de nombreux enjeux méthodologiques. Les principaux sont ceux de la qualité de la caractérisation des expositions, des biais de confusion et des biais de publication – le biais lié au fait qu’une étude qui met en évidence une association a plus de chance d’être publiée qu’une étude ne mettant en évidence d’association.

Cette méta-analyse les prend en compte en pratiquant des analyses restreintes aux études présentant la mesure la plus précise des expositions, à celles prenant en compte les principaux facteurs de risque de cancer du sein (dont certains sont des facteurs de confusion potentiels). Une analyse dite « trim-and-fill » est également pratiquée : en décrivant la distribution des estimations issues des études publiées, elle permet d’identifier si celles-ci surreprésentent les études en faveur d’un lien et corrige le biais de publication éventuel. L’effet observé dans les études réalisées en Europe ne semblait pas plus faible qu’en Amérique du Nord.

À l’Inserm, la lutte contre la pandémie de Covid-19 se poursuit

 

Cellules infectées par le SARS-CoV-2. ©Sébastien Eymieux et Philippe Roingeard, Inserm – Université de Tours

Apparu en décembre 2019 à Wuhan, au centre de la Chine, le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 s’est très rapidement propagé à l’ensemble de la planète, entraînant la pandémie la plus grave de notre histoire récente. Dès le début de cette crise sanitaire mondiale, l’Inserm s’est mobilisé en tant qu’acteur de premier plan de la recherche biomédicale en France et à l’étranger, grâce à l’implication de ses nombreux experts sur des sujets liés aussi bien à la recherche fondamentale qu’à la thérapeutique ou à la modélisation de l’épidémie.

Un an après le début de la pandémie, alors que la plupart des pays initient leur campagne de vaccination et que l’émergence de variants ayant une incidence sur la transmission du virus marquent une nouvelle étape dans la lutte contre la Covid-19, les efforts de recherche à l’Inserm permettent chaque jour de nouvelles avancées dans la compréhension de la maladie, des facteurs de risque, de la dynamique de l’épidémie mais aussi une amélioration de la prise en charge et de la prévention.

La majorité des travaux publiés ont reçu un financement du fond d’amorçage du consortium REACTing, désormais intégré au sein de l’ANRS maladies infectieuses émergentes, la nouvelle agence créée au 1er janvier 2021. Ils concernent aussi bien la recherche fondamentale que la recherche thérapeutique et vaccinale, ou encore l’épidémiologie. De grandes cohortes ont par ailleurs été mises en place pour collecter des données de qualité permettant de répondre à des interrogations scientifiques capitales.

Jamais la mission portée par l’Inserm, la science pour la santé, n’a été aussi cruciale. Alors que de nombreuses questions restent en suspens, l’institution et ses chercheurs continuent à travailler, en collaboration avec leurs partenaires nationaux et internationaux, pour faire avancer les connaissances et éclairer les décisions publiques et la société en s’appuyant sur une recherche d’excellence alliant rigueur, transparence et éthique.

 

1. Les cohortes Covid-19, outil indispensable pour consolider les connaissances scientifiques en temps de pandémie

Les cohortes sont des groupes constitués d’un ensemble de personnes suivies individuellement dans le temps. Leur mise en place a pour objectif d’identifier la survenue d’événements de santé d’intérêt pour la recherche clinique ainsi que des facteurs de risque ou de protection. Elles constituent donc un instrument de référence pour la recherche épidémiologique et la santé publique.

En pleine pandémie, la constitution de larges cohortes de patients ou d’individus potentiellement à risque d’être exposés au virus permet aux scientifiques d’avoir accès rapidement à des données cliniques, biologiques et environnementales nombreuses, robustes et variées. Les équipe de recherche peuvent ainsi s’appuyer sur ces cohortes pour répondre à des interrogations scientifiques diverses, concernant aussi bien l’immunité, les facteurs de risque, l’efficacité des traitements, l’évolution et les symptômes de la maladie Covid-19 que l’impact socioéconomique ou encore psychologique de l’épidémie et des mesures de confinement sur les populations.

En France, plusieurs cohortes pilotées par l’Inserm ont été mises en place dès le début de la pandémie de Covid-19. En voici l’avancement sur quelques exemples non exhaustifs.

 

French Covid

Lancée fin janvier 2020, French Covid est une étude de cohorte française promue par l’Inserm. Elle repose sur le suivi d’un large groupe de patients ayant développé une forme clinique de la maladie qui nécessitait une hospitalisation, soit dans un service de médecine soit en réanimation. Au 20 janvier 2021, 4 300 patients avaient été inclus dans cette cohorte, la plus large cohorte française à l’heure actuelle de patients hospitalisés pour une infection par le SARS-CoV-2.

L’objectif est d’accumuler des connaissances sur la maladie Covid-19 et notamment sur les formes les plus graves, afin d’améliorer la prise en charge dans les cas où l’hospitalisation s’impose. La coordination de la cohorte est aujourd’hui confiée au Pr Jade Ghosn, chercheur au sein de l’unité 1137 IAME (Inserm/Université de Paris) et médecin infectiologue à l’hôpital Bichat AP-HP à Paris, en collaboration avec le Pr Catherine Chirouze, également infectiologue, au CHU de Besançon.

En plus des données cliniques et virologiques, des données immunologiques, génétiques, sérologiques, transcriptomiques sont collectées pour chaque participant afin de mieux caractériser la maladie et de définir le devenir des patients à court et à long terme (suivi jusqu’à 6 mois après le diagnostic).

Une étude fondée sur les données des premiers patients inclus avant le 15 mars 2020 a déjà été publiée en octobre 2020 dans The Journal of Medical Virology pour rendre compte de la mortalité dans la cohorte et des facteurs qui y étaient associés. Elle sera prochainement complétée par un article dans le journal PNAS portant sur le lien entre la dynamique de la charge virale et l’évolution de la maladie au cours du temps (mortalité).

Plusieurs groupes de recherche partenaires s’appuient également sur les données issues de French Covid pour mener leurs travaux, portant par exemple sur les facteurs génétiques associés aux formes graves de la maladie. Ainsi en septembre, deux publications dans la revue Science ont décrit les premières causes génétiques et immunologiques expliquant 15 % des formes graves de Covid-19. Elles soulignaient notamment que ces patients présentaient un défaut d’activité des interférons de type I (des protéines impliquées dans la réponse immunitaire).

D’autres travaux sont également menés à partir de la cohorte pour analyser l’impact de certains traitements (corticoïdes et hypertenseurs notamment) sur l’évolution des patients ou la persistance de séquelles. Enfin, les données de sérologie des participants ont aussi été utilisées afin de tester et de mettre au point de nouveaux tests de dépistage. Ainsi, une étude parue en décembre 2020 s’appuyant à la fois sur French Covid et sur la cohorte CoV-Contact (voir ci-après) a montré que l’identification d’un marqueur spécifique du virus dans les échantillons sanguins offrait une alternative intéressante de dépistage du virus.

Enfin, alors que les 1 000 premiers patients inclus dans la cohorte French Covid viennent d’atteindre les six mois de suivi, les chercheurs souhaitent désormais se pencher plus précisément sur la problématique de la persistance de certains symptômes à long terme.

French Covid est intégrée au consortium ISARIC basé à Oxford qui regroupe les données de plus de 100 000 patients à travers le monde et dont le but est de prévenir et de mieux comprendre les maladies infectieuses émergentes. À ce titre, ces données sont analysées dans le cadre de travaux de recherche internationaux publiés par ISARIC. Elle fait aussi partie du projet européen Orchestra (voir ci-après) et a reçu le label « priorité nationale de recherche » du comité CAPNET.

 

CoV-Contact

La cohorte CoV-Contact est une cohorte portant sur 300 à 350 personnes. Elle vise à mieux connaître les facteurs individuels associés au développement de la maladie Covid-19, après une exposition à risque de transmission du virus SARS-CoV-2. Dans ce but, des prélèvements à visée virologique et génétique sont réalisés sur les participants.

En septembre 2020, une étude parue dans Médecine et maladies infectieuses s’appuyant sur la cohorte CoV-Contact a évalué l’évolution clinique, virologique et immunologique à la suite d’un contact à risque non protégé avéré et daté parmi les professionnels de santé.

Elle a montré que la proportion des professionnels de santé infectés à la suite d’un contact professionnel à risque est très élevée et qu’un quart de ces infections sont asymptomatiques.

 

EpiCoV

La cohorte EpiCoV s’appuie sur un échantillon représentatif de 135 000 personnes sélectionnées par l’Insee pour représenter toute la diversité de la population vivant en France.

Porté par l’Inserm et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Solidarités et de la Santé, en lien avec leurs partenaires (Insee, Santé publique France, CNRS, Ined, Université Paris-Saclay), le projet EpiCOV est une large étude épidémiologique, adossée à une grande enquête statistique, proposant de fournir une cartographie globale et scientifiquement fiable du statut immunitaire de la population et de sa dynamique, sur l’ensemble du territoire, via la collecte d’échantillons biologiques (auto-prélèvement d’une goutte de sang sur un papier buvard) couplée à des questionnaires.

L’objectif est de renseigner sur la diffusion du virus dans la population mais aussi sur les conséquences de l’épidémie sur le quotidien, les problématiques socioéconomiques et la santé des individus.

Les résultats de la première campagne d’interrogation, fondée sur 135 000 réponses aux questionnaires rempli en mai 2020 ainsi que sur 12 000 analyses sérologiques réalisées sur les prélèvements envoyés par les participants, témoignent de la situation en France au printemps.

En France métropolitaine, 4,5 % des personnes de 15 ans ou plus avaient été en contact avec le virus en mai 2020. Cette part est plus importante parmi les 30-49 ans, dans les communes les plus densément peuplées et pour les personnes habitant dans des logements surpeuplés.

Une nouvelle campagne de questionnaires a été lancée à l’automne, afin d’assurer un suivi de l’évolution de la situation sanitaire au fil des mois.

 

Sapris

Sapris est une large enquête pilotée par l’Inserm qui s’appuie sur les grandes cohortes épidémiologiques françaises Constances, E3-E4N, NutriNet-Santé et Elfe-Epipage2. Elle vise là aussi à mieux comprendre la diffusion du virus dans la population et les conséquences de la pandémie sur la vie des individus.

Via un questionnaire en ligne, l’enquête coordonnée par Nathalie Bajos, sociologue-démographe et directrice de recherche Inserm, vise à évaluer l’évolution du nombre de personnes atteintes, les modes de transmission de la maladie, sa sévérité, les caractéristiques cliniques et les facteurs de risque d’infection et de complication, les conséquences sociales, économiques et psychologiques du confinement, mais aussi le recours au système de santé et la prise en charge.

Les grandes cohortes nationales sur lesquelles s’appuient les investigateurs de Sapris constituaient déjà une mine d’informations sur la santé, le mode de vie et le contexte social des participants. En s’appuyant sur toutes ces données déjà disponibles et en proposant des questionnaires axés sur la Covid-19 et son impact, ces cohortes françaises permettent de mieux appréhender l’évolution de l’épidémie.

L’étude Sapris comprend également un volet sérologique (le projet Sapris-Sero), s’intéressant aux échantillons biologiques de 14 600 participants interrogés pendant le premier confinement, sous la responsabilité de Fabrice Carrat, spécialiste en épidémiologie des virus, en coresponsabilité avec les responsables des cohortes participant à Sapris.

Les premiers résultats parus à l’automne 2020 suggèrent une proportion de tests positifs nettement plus élevée chez les personnes ayant présenté des symptômes évocateurs de Covid-19, comme les scientifiques en avaient fait l’hypothèse. Toutefois, 20 % des participants testés positifs n’ont présenté aucun symptôme.

 

Lancement de projets européens de grande ampleur s’appuyant sur des cohortes

Orchestra

Ce projet de recherche européen, lancé en décembre 2020 pour une durée de trois ans sous la direction de la chercheuse Evelina Taccinelli à l’université de Vérone, a pour objectif de créer une grande cohorte pan-européenne, regroupant des cohortes déjà existantes dans 15 pays, dont la France. Vingt-six institutions de recherche sont impliquées dont l’Inserm.

Bénéficiant d’un financement de plus 20 millions d’euros dans le cadre du programme de recherche et d’innovation européen Horizon 2020, le projet Orchestra vise à mettre en œuvre un suivi à long terme de milliers de personnes de tout âge, ayant été infectées ou non par le SARS-CoV-2, pour répondre à plusieurs questions de recherche qui persistent et pour guider les politiques publiques mises en place en réponse à la pandémie en Europe.

En s’appuyant sur les données collectées dans les cohortes des pays participants, la communauté scientifique souhaite en effet accroître les connaissances pour mieux protéger les populations les plus vulnérables et réduire les risques pour les soignants, étudier l’impact à long terme de la Covid-19 sur la santé et le bien-être des individus, mieux comprendre comment les populations répondent à la vaccination et enfin analyser l’influence de facteurs socioéconomiques et environnementaux sur la diffusion de l’épidémie.

Côté français, French Covid, Cov-Contact et Epicov sont incluses dans cette grande cohorte internationale : les informations collectées auprès des participants viendront donc alimenter cette grande base de données et soutenir les efforts de recherche à l’international, ainsi que la décision publique au niveau européen.

Respond

Il s’agit de l’un de quatre projets sélectionnés par l’Union européenne pour étudier les effets de la pandémie à long terme sur la santé et sur le comportement des personnes. Quatorze partenaires européens, dont l’Inserm via l’implication de la chercheuse Maria Melchior et de ses équipes, collaboreront avec l’OMS pour investiguer les effets des confinements sur le bien-être et la santé mentale des individus au cours des trois prochaines années.

Les chercheurs s’appuieront pour cela sur les données de grandes cohortes internationales ainsi que sur des registres de santé accessibles en Suède, en Italie et en Espagne. L’objectif est également d’étudier les liens qui existent entre respect des mesures de confinement et certaines caractéristiques spécifiques aux individus (par exemple le lien entre détresse psychologique et respect des mesures de restriction).

Par ailleurs, les équipes s’intéresseront à l’efficacité de programmes mis en place par l’OMS pour réduire les problèmes d’anxiété et de dépression pendant la crise sanitaire, en se penchant tout particulièrement sur certains groupes plus « vulnérables » comme les soignants, les jeunes, les migrants, les personnes ayant perdu leur emploi et/ou en situation précaire.

 

2. Actualités de la rentrée : de nouveaux travaux pour accroître les connaissances scientifiques

 

Alors que la lutte contre la pandémie se poursuit dans les laboratoires de recherche et dans les hôpitaux, de nombreux projets ont connu ces derniers mois des avancées significatives. En ce début d’année, plusieurs équipes Inserm dévoilent de nouveaux résultats, concernant des aspects de recherche fondamentale mais aussi de prise en charge des patients ou encore l’impact de la pandémie sur la société.

Évaluer l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la santé et la vie sociale des jeunes adultes

Au début de la pandémie de Covid-19, l’attention publique a été portée sur les personnes âgées, considérées comme plus vulnérables car plus à risque de développer des formes graves de la maladie. D’abord absents dans le débat public, les jeunes adultes ont été rapidement stigmatisés en raison de préjugés quant à leur irresponsabilité face à la pandémie durant l’été.

Afin de documenter la manière dont la pandémie de Covid-19 affecte la santé et la vie sociale des jeunes adultes (18-29 ans), un consortium de recherche regroupant des chercheurs français et canadiens s’est alors constitué entre l’Inserm (Marie Jauffret-Roustide, sociologue, PI) et l’université de Colombie-Britannique à Vancouver (Rod Knight, chercheur en santé publique PI ; Pierre-julien Coulaud, coordinateur scientifique ; et Naseeb Bolduc, coordinatrice opérationnelle).

Menée grâce à un premier financement de l’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC), cette recherche intitulée Focus (pour France-Canada Observatory on Covid-19, Youth health and Social well-being) a été impulsée afin de documenter l’impact de la pandémie sur la santé mentale, les conduites addictives, la santé sexuelle et la vie sociale et économique des jeunes adultes.

L’enquête Focus s’articule autour de deux volets complémentaires impliquant la mise en place d’une enquête en ligne (volet quantitatif) et la réalisation d’entretiens semi-directifs auprès des jeunes (volet qualitatif). Le volet quantitatif de la recherche mené entre octobre et décembre 2020 a permis à près de 4 000 jeunes dans chaque pays de partager leurs expériences sur les six mois précédant l’enquête.

 

Cette enquête s’inscrit aussi dans une démarche de recherche participative par la mise en œuvre d’un conseil de jeunes adultes qui aide à mieux orienter et à adapter les travaux de recherche. Crédit : Adobe Stock

Les premières analyses montrent qu’une large majorité des jeunes adultes interrogés rapportent appliquer les gestes barrières (par exemple 86 % respectent le port du masque et 91 % se lavent régulièrement les mains) et viennent ainsi contredire les stéréotypes concernant leur irresponsabilité. Elles démontrent également que la pandémie affecte très fortement la santé des jeunes, et particulièrement leur santé mentale. Près de 3 jeunes sur 4 ont déclaré éprouver un sentiment de solitude, 66 % sont très anxieux et la moitié des jeunes interrogés (48 %) présentent des symptômes dépressifs modérés à sévères.

Ces données seront complétées par la réalisation d’entretiens sociologiques afin de mieux appréhender le vécu des jeunes et d’identifier les mesures urgentes à mettre en place pour améliorer leur bien-être et leur situation sociale et économique.

Cette enquête s’inscrit aussi dans une démarche de recherche participative par la mise en œuvre d’un conseil de jeunes adultes qui aide à mieux orienter et à adapter les travaux de recherche.

Une deuxième vague d’enquête est prévue au printemps 2021 et devrait permettre, grâce à des financements complémentaires, de construite une cohorte de jeunes adultes en France et au Canada afin d’étudier les effets à moyen et long terme de la pandémie de Covid-19 sur leurs trajectoires de vie et leur santé dans deux contextes sociopolitiques et économiques spécifiques. Elle est le reflet d’une collaboration internationale fructueuse entre l’Inserm et l’université de Colombie-Britannique.

 

 

Pour en savoir plus sur la recherche Focus :

https://theconversation.com/irresponsables-ego-stes-negligents-en-finir-avec-les-stereotypes-sur-les-jeunes-et-la-covid-19-150854

https://focus-covid19.med.ubc.ca/

https://cihr-irsc.gc.ca/f/52195.html

Contact chercheur

Marie Jauffret-Roustide

 Sociologue, chargée de recherche Inserm, Cermes3

rf.mresni@editsuor-terffuaj.eiram

 

Mieux comprendre le cycle infectieux du virus

L’équipe de Philippe Roingeard à Tours s’attelle depuis le début de la pandémie à mieux comprendre la biologie fondamentale du SARS-CoV-2. À l’origine de photos du virus en microscopie électronique, les chercheurs se sont intéressés, dans une nouvelle étude parue dans Cellular and Molecular Life Science, aux étapes précoces et tardives du cycle infectieux.

Il s’agit de la première étude à se pencher de manière aussi minutieuse et détaillée sur le comportement du virus dans les cellules au cours du temps, en s’appuyant sur des techniques de microscopie électronique.

 

Cellule infectée par le SARS-CoV-2. Crédit : Sébastien Eymieux, Philippe Roingeard, Inserm/Université de Tours

L’étude, réalisée en collaboration avec l’institut Pasteur de Lille et le CIRI à Lyon, ouvre des pistes pour mieux comprendre les interactions entre le virus et les cellules. S’il était déjà clair que le SARS-CoV-2 induit des remaniements membranaires qui lui servent à ancrer ses complexes de réplication[1] dans les membranes afin de se protéger de la réponse immunitaire cellulaire, les chercheurs montrent comment ces remaniements s’opèrent. L’équipe rend compte de ces modifications structurales de la cellule qui interviennent à un stade très précoce de l’infection par le virus pour mieux comprendre comment le cycle infectieux se met en place, et à plus long terme pour identifier des stratégies permettant de bloquer ce processus.

L’étude montre aussi, pour la première fois, que lors des étapes tardives du cycle infectieux, des virus s’accumulent dans des grandes vacuoles intracellulaires. Les conséquences de ce phénomène ne sont pas encore bien comprises, mais cette accumulation pourrait être associée à la pathogénicité de la maladie.

Les chercheurs souhaiteraient désormais étudier le cycle infectieux dans d’autres types cellulaires, par exemple des cellules du tractus respiratoire, plus pertinentes pour la physiologie de l’infection, afin de confirmer leurs observations.

[1] Complexes enzymatiques intervenant dans la réplication du virus

Contact chercheur

Philippe Roingeard

U1259 MAVIVH
Université de Tours

rf.sruot-vinu.dem@draegnior

 

Le SARS-CoV-2 à l’assaut des neurones 

L’infection par le virus SARS-CoV-2 est connue pour être caractérisée par des atteintes respiratoires importantes. Toutefois, des symptômes neurologiques ont également très rapidement et régulièrement été rapportés chez les patients. Ces symptômes vont des maux de tête aux pertes de mémoire et à la perte d’odorat en passant par des manifestations cliniques plus sévères comme des pertes de conscience et des AVC.

Dès le printemps 2020, Karen Richie, directrice de recherche émérite à l’Inserm, alertait sur les risques posés par le virus sur le cerveau et la moelle épinière dans une revue de littérature publiée dans Brain Communications. Elle et ses collègues y apportaient des pistes pour mieux appréhender le lien entre cerveau, difficultés psychiatriques et neurologiques, et épidémie de coronavirus.

Néanmoins, si des travaux expérimentaux ont souligné que des traces d’ARN du virus ont été retrouvées dans le cerveau de patients décédés de la Covid-19 et des protéines virales dans certaines cellules de leur bulbe olfactif, la capacité du virus à infecter les cellules du cerveau et les conséquences possibles n’avaient pas été démontrées jusqu’alors.

C’est l’objet d’une nouvelle étude publiée le 12 janvier 2021 dans le Journal of Experimental Medicine. En collaboration avec l’université de Yale aux États-Unis, des chercheurs de l’Inserm, de Sorbonne université et du CNRS à l’Institut du cerveau ainsi que de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP ont utilisé trois approches différentes pour étudier l’infection dans le cerveau : des cultures de cellules cérébrales en 3D, un modèle murin d’infection au SARS-CoV-2 et des tissus cérébraux de patients décédés de la Covid-19.

 

Photo en 3D par imagerie en feuillet de lumière de la présence du virus dans les neurones du bulbe olfactif. Crédit : Inserm/Nicolas Renier

Leurs résultats confirment le tropisme cérébral du SARS-CoV-2 et sa capacité à infecter les neurones. Ils suggèrent également que les symptômes neurologiques observés dans la Covid-19 pourraient être une conséquence de cette atteinte directe du système nerveux central.

Ces recherches doivent à présent se poursuivre pour identifier précisément la voie empruntée par le virus pour entrer dans le cerveau et confirmer le lien entre les changements cellulaires observés au niveau des neurones et les symptômes neurologiques rapportés.

Contact chercheur

Nicolas Renier

Chercheur Inserm à l’ICM

gro.etutitsni-mci@reiner.salocin

 

Un meilleur pronostic vital des patients en réanimation 

Parmi les facteurs associés à un risque plus élevé de décès chez les patients infectés par le SARS-CoV-2 figurent l’âge et un faible nombre de lymphocytes circulants. Une lymphopénie[1] importante causée par l’infection virale est en effet fréquemment observée chez les patients atteints de Covid-19 sévère et des modifications des lymphocytes T antiviraux ont été corrélées avec la sévérité de la Covid-19.

Dans une étude publiée début janvier dans la revue Critical Care, l’équipe des chercheurs Inserm Rémi Cheynier et Stefano Marullo à l’institut Cochin (Paris) en collaboration avec des cliniciens de la clinique Ambroise-Paré (Neuilly-sur-Seine) ont mené une étude chez des patients hospitalisés en réanimation pour forme grave de Covid-19 avec atteinte pulmonaire. Ils se sont intéressés au thymus, l’organe producteur des lymphocytes T (un type de globule blanc), dont le rôle dans ces formes sévères de Covid-19 n’avait pas encore bien été documenté.

 

Une réactivation de la fonction du thymus est observée chez une majorité des patients survivant d’une Covid-19 sévère. Crédits : Rémi Cheynier.

En utilisant des scans pulmonaires sur 88 patients (dont 50 patients Covid et 37 patients témoins), les scientifiques ont systématiquement cherché à caractériser le degré d’hypertrophie du thymus[2]. Ils ont identifié une hypertrophie de cet organe chez de nombreux patients. Celle-ci s’accompagnait d’une production accrue de lymphocytes T, permettant de compenser la lymphopénie engendrée par le virus. Grâce à sa capacité à se réactiver et à produire massivement de nouvelles cellules T lors d’infections systémiques comme l’infection par le SARS-CoV-2, le thymus participe donc à la réponse immune antivirale. Un thymus hypertrophié est associé à un meilleur pronostic chez les patients hospitalisés en unité de soins intensifs pour Covid-19.

Une analyse scanner systématique du thymus permettrait de mieux évaluer les risques de développement d’une forme sévère de la maladie chez les patients hospitalisés pour Covid-19.

[1] Nombre anormalement faible de lymphocytes dans le sang

[2] L’hypertrophie thymique correspond à un développement anormal du thymus qui le fait enfler.

Contact chercheur

 Rémi Cheynier

Chercheur Inserm à l’institut Cochin

 rf.mresni@reinyehc.imer

 

Les engelures, dommages collatéraux d’une immunité performante

Les engelures sont des atteintes cutanées douloureuses qui apparaissent en réaction au froid. Dues à des troubles de la microvascularisation cutanée, elles se manifestent par des doigts rouges ou violacés, avec parfois la présence de petites cloques pouvant prendre un aspect nécrotique. Une fréquence inédite de consultations pour engelures a été rapportée en Italie puis en France dès le début de la pandémie de Covid-19.

Afin d’évaluer leurs liens avec l’infection par le SARS-CoV-2, une équipe de chercheurs menée par Thierry Passeron (unité 1065 Inserm/Université de Nice Sophia Antipolis) a mis en place une étude auprès des personnes reçues par la cellule Covid du CHU de Nice entre le 9 et le 17 avril et qui présentaient ce type de lésions. Au cours de cette période, 40 patients souffrant d’engelures ont été accueillis. Aucun d’entre eux n’avait présenté une forme grave de Covid-19 et la plupart étaient jeunes (âge médian de 22 ans). S’ils avaient tous été cas contacts ou suspectés d’être infectés par le SARS-CoV-2 dans les 3 semaines précédant la consultation, le résultat de la recherche du virus au niveau nasopharyngé (PCR) était négatif pour l’ensemble de ces patients, et une sérologie positive n’a été retrouvée que chez un tiers d’entre eux.

En analysant ces chiffres, si la causalité entre les lésions cutanées et le SARS-CoV-2 n’est pas démontrée, elle est malgré tout fortement suspectée par les scientifiques, notamment parce que le nombre de patients présentant des engelures à cette époque de l’année dans cette région du sud de la France est particulièrement surprenant. 

Se fondant sur les données biologiques et cliniques des patients concernés – leur âge plutôt jeune, la rareté de leurs symptômes associés à la Covid-19 ou encore la négativité des tests PCR et sérologiques –, les chercheurs estiment que les engelures sont la conséquence d’une immunité innée particulièrement efficace. Si les formes graves de Covid-19 semblent liées à un défaut de l’immunité adaptative, qui rend impossible une production suffisante de cellules et d’anticorps spécifiques du SARS-CoV-2, les engelures seraient à l’inverse l’illustration d’une surréaction de l’immunité innée. Cette diversité de réponses reposerait sur des variants génétiques associés à l’activité des médiateurs de l’immunité. Plus d’informations sur cette étude sur le site Inserm.fr.

Contact chercheur

Thierry Passeron

 Unité 1065 – Centre méditerranéen de médecine moléculaire

rf.ecinu@noressap.yrreiht

 

Repositionnement thérapeutique d’un hypertenseur

Dans le cadre du consortium REACTing coordonné par l’Inserm, l’équipe Virpath, codirigée par les chercheurs Inserm Manuel Rosa-Calatrava et Bruno Lina au Centre international de recherche en infectiologie (Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard-Lyon 1/ENS Lyon), travaille au repositionnement de médicaments déjà disponibles sur le marché en vue de nouvelles indications thérapeutiques contre les infections virales. Pour tester l’efficacité thérapeutique de ces molécules contre le SARS-CoV-2, l’équipe a développé et caractérisé des modèles précliniques prédictifs d’infections virales.

Pour être au plus proche de la physiologie humaine, elle utilise des épithéliums respiratoires humains d’origine nasale, bronchique ou alvéolaire cultivés en interface air-liquide. Elle a déjà montré dans ces modèles l’intérêt du diltiazem, un antihypertenseur utilisé dans le traitement de l’angine de poitrine. Celui-ci a déjà été caractérisé et repositionné par les chercheurs de VirPath afin de stimuler fortement la réponse immunitaire innée des épithéliums respiratoires, notamment contre les virus influenza, les pneumovirus et le SARS-CoV-2.

Plus récemment, à partir de modèles animaux, les chercheurs en collaboration avec les équipes de l’IDMIT ont pu confirmer le mode d’action de ce traitement sur le SARS-CoV-2 : le diltiazem stimule l’expression des gènes des interférons de type 3, des protéines impliquées dans la réponse immunitaire et qui ne sont pas associées à de hauts niveaux d’inflammation. Fort de ces résultats encourageants, une nouvelle étude préclinique devrait démarrer en février avec l’objectif de confirmer l’intérêt du diltiazem et de caractériser les doses efficaces optimales dans l’optique de mettre en place un éventuel essai chez l’Homme.

Contact chercheur

Manuel Rosa-Calatrava

Chercheur Inserm au CIRI

rf.1noyl-vinu@avartalac-asor.leunam

Les résultats de l’essai Solidarity/Discovery publiés dans le New England Journal of Medicine

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Dès le début de la pandémie, l’Inserm via son consortium REACTing a mis en place Discovery, un essai clinique européen visant à évaluer l’efficacité de quatre traitements antiviraux repositionnés dans l’indication de Covid-19 nécessitant une hospitalisation (le remdesivir, l’hydroxychloroquine, le lopinavir et l’interferon beta-1a). En parallèle, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en place un grand consortium d’essais cliniques baptisé Solidarity, dont l’objectif était également de tester l’efficacité de ces quatre traitements. Discovery a donc rejoint Solidarity afin de contribuer à lui fournir des données solides et rigoureuses. Les premiers résultats de Solidarity sont désormais publiés dans le New England Journal of Medicine.

Lancé en mars 2020 sous l’égide de l’essais clinique mondial Solidarity de l’OMS, Discovery est un essai clinique d’efficacité et de tolérance. Il s’agit du seul essai académique européen de grande ampleur portant sur les traitements de la Covid-19.

Portant notamment sur des patients hospitalisés en France et dans d’autres pays européens pour Covid-19 sévère, cet essai est randomisé (les traitements sont attribués aléatoirement aux participants) et ouvert (soignants et patients sont informés du traitement attribué). Les données obtenues dans Discovery font partie des données analysées dans le cadre de Solidarity et présentées dans l’étude du New England Journal of Medicine.

L’analyse porte sur 11,330 patients adultes dans 405 hôpitaux répartis dans 30 pays et inclus les « essais filles » de Solidarity. Les patients étaient divisés en différents groupes pour recevoir soit :

  • La combinaison remdesivir + soins standards
  • La combinaison hydroxychloroquine + soins standards
  • La combinaison opinavir + soins standards
  • La combinaison interferon ou interferon et lopinavir + soins standards
  • Les soins standards administrés à tous les patients hospitalisés pour cause de Covid-19 sévère

Les résultats suggèrent qu’aucun de ces traitements n’a d’effet sur l’amélioration clinique des patients. Aucun d’entre eux ne diminue significativement la mortalité globale, le risque d’avoir recours à la ventilation mécanique ou encore la durée d’hospitalisation.

 Dans le cadre de Solidarity et Discovery, la décision a toutefois été prise de poursuivre les inclusions dans le groupe remdesivir. En effet, la métanalyse présentée dans l’étude suggère que, si la mortalité n’est pas réduite chez les personnes en réanimation sous ventilation mécanique ayant reçu du remdesivir, elle montre que le remdesivir pourrait diminuer légèrement la mortalité dans le sous-groupe des patients hospitalisés ne nécessitant pas de ventilation mécanique. De plus, alors que pour toutes les autres combinaisons thérapeutiques testées dans Solidarity, un consensus scientifique se dégage concernant leur absence d’efficacité contre la Covid-19, les données publiées dans d’autres études restent encore contradictoires concernant le remdesivir.

La décision des investigateurs de poursuivre les inclusions dans ce groupe vise donc à apporter de nouvelles données afin de trancher définitivement sur l’intérêt du remdesivir contre les formes sévères de Covid-19.

Discovery a bénéficié d’un financement de la part de la Commission Européenne et inclus actuellement des patients hospitalisés pour Covid-19 sévère dans cinq pays européens (d’autres pays européens vont bientôt suivre et sont en attente des autorisations réglementaires).

Expositions environnementales précoces et santé respiratoire de l’enfant : l’exposome dévoile ses premiers résultats

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Une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Grenoble Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone montre que l’exposition prénatale et postnatale à différents polluants chimiques est associée à une diminution de la fonction respiratoire des enfants. Ces résultats, basés sur le concept de l’exposome (désignant l’ensemble des facteurs environnementaux auxquels un individu est soumis depuis sa conception), ont été obtenus dans le cadre du projet européen HELIX et publiés dans la revue The Lancet Planetary Health.

Avec les changements de nos modes de vie et le développement de la chimie de synthèse, les expositions aux contaminants environnementaux sont devenues multiples et complexes. La grossesse et les premières années de vie sont reconnues pour être des périodes où la sensibilité aux facteurs environnementaux est très importante, avec des effets possibles sur la santé de l’enfant tout au long de la vie. Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Grenoble Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone ont mesuré un grand nombre de facteurs environnementaux auxquels sont exposés les enfants – y compris à travers l’exposition maternelle pendant la grossesse –,et qui sont définis comme « l’exposome de la vie précoce ».

Cette approche a pour objectif de mettre en lien ces expositions avec la santé d’enfants âgés de 6 à 12 ans, notamment la fonction respiratoire.

Les chercheurs ont recueilli des données sur les expositions prénatales et postnatales liées à l’environnement extérieur (pollution de l’air par les particules fines, bruit…), à des contaminants chimiques (perturbateurs endocriniens, métaux, polluants organiques persistants …) et au style de vie (alimentation…) chez plus de 1000 femmes enceintes et leurs enfants dans six pays européens. À travers 85 expositions prénatales et 125 expositions post-natales, une photographie de l’environnement précoce a pu être établie pour chaque enfant. Les femmes enceintes et les enfants étaient généralement exposés à des dizaines de substances chimiques à des niveaux variables. Ainsi, plus des deux tiers des biomarqueurs chimiques d’exposition avaient des niveaux détectables chez au moins 9 femmes ou 9 enfants sur 10.

Les analyses suggèrent que l’exposition prénatale aux composés perfluorés (utilisés pour leurs propriétés hydrophobes dans différents produits industriels et de consommation, comme par exemple certains ustensiles de cuisine antiadhésifs ou revêtements antitâches) et l’exposition postnatale à l’éthyl-parabène (parabène utilisé comme conservateur dans les cosmétiques) et à des métabolites des phtalates (le DEHP « Diethylhexyl phthalate », un perturbateur endocrinien reconnu, et le DINP « Diisononyl phthalate », utilisé comme plastifiant) pourraient être associées à une fonction respiratoire diminuée chez l’enfant.

Cette étude, qui est une des toutes premières mises en œuvre de l’approche exposome à grande échelle, suggère des associations entre l’exposition pré et postnatale à des substances chimiques et la détérioration de la fonction respiratoire des enfants. Valérie Siroux, chercheuse à l’Inserm et co-coordinatrice de l’étude précise : « Identifier les facteurs de risque d’une fonction respiratoire diminuée dans l’enfance est important car le développement pulmonaire de l’enfant est un facteur déterminant de sa santé globale, et pas seulement respiratoire, tout au long de la vie ».

Cette approche s’appuyant sur l’exposome doit être vue comme une première étape de sélection permettant d’identifier des expositions suspectes pour lesquelles des travaux plus spécifiques sont nécessaires.

Photographie de la santé périnatale en France et en Europe en 2015

©Michal Bar Haim on Unsplash

Le 26 novembre 2018 est publié le nouveau rapport Euro-Peristat, projet européen coordonné par l’Inserm, mis en place depuis 2000, et qui rassemble des statistiques de 31 pays sur la santé périnatale en 2015. La comparaison de la France par rapport à ses voisins conduit à un bilan contrasté, avec en particulier une situation maitrisée dans la pratique des césariennes, mais une situation moins favorable pour la mortalité des enfants et la consommation de tabac, là où de nombreux pays observent une amélioration.

Faisant suite aux deux précédents bilans de 2004 et 2010, le nouveau rapport européen Euro-Peristat présente une photographie des données sur la santé périnatale en 2015 pour 28 pays membres de l’Union Européenne, plus l’Islande, la Norvège et la Suisse. Euro-Peristat est coordonné par l’Inserm et financé dans le cadre d’une Joint Action européenne sur l’information en santé.

Au sein de ce rapport, les chercheurs de l’équipe Epopé du Centre de recherche épidémiologie et statistique publient des données sur les principaux indicateurs de santé des enfants (mortinatalité, mortalité néonatale, prématurité…) et de leur mère (mortalité), des pratiques médicales (césariennes ..), et des facteurs de risque autour de la naissance. Leurs résultats permettent de situer la France par rapport aux autres pays en matière de système d’information et d’indicateurs de santé et offrent une vision plus globale que les résultats annuels nationaux ou internationaux.

Une amélioration du système d’information en France

Une des forces de ce nouveau rapport est qu’il présente un grand nombre de données sur la santé de l’enfant, renseignées à partir des statistiques hospitalières (ou PSMI). Ceci permet d’avoir des indicateurs fondés sur la totalité des naissances annuelles, alors qu’auparavant ces indicateurs étaient documentés par un échantillon représentatif de l’ensemble des naissances, issu des Enquêtes nationales périnatales. Par ailleurs, la France fait partie des sept pays européens ayant un système renforcé pour comptabiliser les décès maternels et ainsi limiter la sous-estimation habituelle de cet indicateur de santé.

En France, un taux de césariennes maîtrisé

Avec 1 césarienne pour 5 naissances en 2015 (20,2 %), la France se situe au 7e rang sur 31 pays, ce qui la classe dans le groupe de pays ayant des taux bas. Depuis 2010, le taux global de césariennes en France est resté stable alors qu’il a augmenté de manière significative dans 17 pays sur 31.

La France est particulièrement bien classée pour les situations à haut risque de césarienne : 59 % en cas d’antécédent de césarienne (3e rang), 75 % en cas de présentation par le siège (4e rang), et 54 % en cas de grossesses multiples (5e rang).

Santé des nouveau-nés : une attention particulière à porter à la mortalité avant 1 an

La mortalité autour de la naissance est globalement basse en France comme dans les autres pays européens. Cependant la mortinatalité (enfants mort-nés) atteint un niveau plutôt élevé en France (3 décès pour 1000 naissances, après exclusion des interruptions médicales de grossesse, 21ème rang), , ainsi que la mortalité néonatale (décès dans le 1er mois) qui représente 2,4 pour 1000 naissances vivantes (23ème rang). La mortalité néonatale est stable depuis 2005 alors qu’une tendance à la baisse est constatée sur l’ensemble des pays européens.

Selon Béatrice Blondel, représentant la France dans le comité scientifique du projet Euro-Peristat, pour mieux comprendre le niveau de la mortalité « il semble nécessaire d’analyser la situation en France de manière approfondie, comme le fait actuellement le Royaume-Uni dans un programme spécial d’analyse des statistiques existantes et d’audits abordant successivement différentes catégories de décès. »

Les taux sont également stables depuis 2012 pour les naissances prématurées (36 semaines d’aménorrhée ou moins) tandis que les évolutions sont assez contrastées dans les autres pays. La France se situe ici au 14e rang avec 7,1% des naissances en 2015.

Facteurs de risque : la France confrontée aux mêmes challenges que la plupart de ses voisins

Le rapport met en avant une évolution peu favorable de certains facteurs de risque en France : vieillissement de la population des femmes qui accouchent (14e rang avec 20,6% de femmes ayant 35 ans et plus en 2015) – comme dans la plupart des pays entre 2010 et 2015 –  et un taux de naissances gémellaires important (17,1 pour 1000 naissances, 22ème rang). Enfin, la consommation de tabac pendant la grossesse reste stable (16,3% de femmes au 3e trimestre, 20ème rang sur les 22 pays disposant de statistiques sur ce sujet) alors que la tendance est à la baisse dans presque tous les autres pays. 

« Ce bilan présente une situation contrastée. Il semble que les efforts menés pour limiter les césariennes ont conduit à des résultats positifs. En revanche la situation concernant la mortalité des enfants à la naissance est préoccupante. Il est indispensable d’analyser les facteurs et les circonstances des décès pour identifier dans quels domaines et sur quelles populations devraient porter les efforts. » Conclut Jennifer Zeitlin, coordinatrice du projet Euro-Peristat.

Palmarès de l’innovation : l’Inserm se distingue une nouvelle fois par son dynamisme et ses résultats.


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La capacité d’innovation de l’Inserm se confirme à travers les classements respectifs de l’Office européen des brevets (OEB) et de l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) qui viennent de publier leurs palmarès annuels 2017. L’Inserm se classe à la première place des déposants de brevets dans le secteur pharmaceutique pour la deuxième année consécutive prenant à nouveau la tête du classement des déposants européens dans ce secteur, devant les industriels et les académiques. Par ailleurs, l’Institut se classe 30ème, gagnant cinq places dans le classement « brevets tous domaines » de l’INPI confirmant l’excellence et le dynamisme de ses équipes de recherches dans le domaine de l’innovation.

Pour la seconde année consécutive, l’Inserm conserve sa place de leader parmi les déposant européens de brevets dans le secteur pharmaceutique avec 107 brevets déposés, soit 3 brevets de plus que l’année dernière, devançant ainsi les grands industriels du secteur. Concernant le secteur biomédical, l’Inserm conserve sa place de premier déposant académique avec 266 brevets déposés Pour le secteur des biotechnologies, l’Inserm se situe en quatrième position européenne des déposants avec 92 dépôts. Enfin, l’Inserm maintient toujours sa présence dans le top 100 mondial des déposants de brevets, toutes structures et tous domaines confondus. Ce nombre important de brevets déposés démontre le grand dynamisme de la recherche de l’Inserm, et sa contribution forte et régulière à l’innovation. Ces brevets respectent tous les standards internationaux de qualité grâce à une coopération fructueuse entre les équipes de recherche de l’Inserm et les spécialistes de la valorisation d’Inserm Transfert.

S’agissant du palmarès des déposants de brevets en France dévoilé par l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), l’Inserm gagne cinq places et se classe au 30ème rang des principaux déposants de brevets tous domaines confondus.

« Notre objectif, en tant qu’Institut leader de la recherche biomédicale, est d’accroître le dialogue efficace et productif entre l’académique et l’industrie tant nous savons qu’aujourd’hui la coopération entre les deux mondes est plus cruciale que jamais : l’excellent résultat aux deux classements témoigne de la dynamique de réussite que nous avons construite, qui est pleinement à l’œuvre, et pour laquelle nous continuerons dans les mois à venir de porter l’effort » souligne le  Pr. Yves Lévy, PDG de l’Inserm.

Avec un portefeuille global et diversifié de 1673 de familles de brevets, l’Inserm dispose d’un capital d’innovations protégées très important dont la valorisation est confiée à Inserm Transfert, sa filiale de droit privé sous délégation de service public, qui se charge du transfert des connaissances issues des laboratoires de recherche de l’Inserm vers les patients, les industriels et le marché. Cet excellent résultat au classement de l’OEB témoigne du potentiel d’innovation des chercheurs de l’Inserm ainsi que de la capacité de l’Inserm et de sa filiale InsermTransfert à protéger les avancées de la recherche française d’excellence dans un contexte de compétition internationale accrue.  La qualité, la force et la solidité du portefeuille de brevets à l’international, restent des facteurs clé de succès du transfert pour permettre l’émergence des traitements de demain, la valorisation de la recherche académique de l’Inserm et la consolidation du tissu économique français de l’innovation.

Enfants grands prématurés : pour une meilleure prise en charge

Nés trop tôt, les grands prématurés sont particulièrement fragiles et nécessitent des soins adaptés. Le projet européen EPICE (Effective Perinatal Intensive Care in Europe) coordonné par l’Inserm, étudie comment les pratiques médicales fondées sur les preuves scientifiques sont intégrées dans la prise en charge de ces nouveau-nés[1]. L’étude, coordonnée par l’Inserm, met en évidence la sous-utilisation de quatre pratiques efficaces pour améliorer leur survie et leur santé à long terme, et estime son impact sur la mortalité et la morbidité. Ces résultats sont publiés dans The British Medical Journal.

Soins du nourrisson

(c) Inserm/Depardieu, Michel

Les enfants grands prématurés, nés avant 32 semaines d’âge gestationnel (8e mois de grossesse), représentent 1 à 2% de la totalité des naissances. Pour ces nouveau-nés, les risques de mortalité et de troubles neurologiques à long terme sont plus élevés que ceux des enfants nés à terme. Assurer des soins adaptés est essentiel afin de leur garantir une meilleure santé.

Le projet EPICE a construit une cohorte en population en 2011 comprenant tous les grands prématurés de 19 régions de 11 pays de l’Union européenne (Belgique, Danemark, Estonie, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suède, Royaume-Uni). Le but du projet est d’évaluer les « pratiques médicales fondées sur les preuves » apportées à ces enfants.

Prenant en compte les données de la recherche, l’expertise clinique, et les besoins du patient, la médecine fondée sur les preuves («evidence-based medicine») permet aux professionnels de santé de choisir des soins ayant fait preuve de leur efficacité clinique. Dans cette étude, Jennifer Zeitlin, directrice de recherche Inserm, a étudié en particulier quatre de ces pratiques médicales, afin de mesurer leur impact sur la mortalité néonatale :

– le transfert des femmes enceintes dans des centres spécialisés adaptés pour accueillir des grands prématurés,

– l’administration prénatale de corticostéroides (pour la maturation des poumons)

– la prévention de l’hypothermie

– l’administration de surfactant (substance essentielle à la fonction respiratoire qui tapisse les alvéoles pulmonaires) dans les 2 heures suivant la naissance, ou la ventilation nasale en pression positive, pour les enfants nés avant 28 semaines de grossesse

 

Alors que l’utilisation de chaque pratique prise individuellement est élevée (entre 75 et 89%), seulement 58% des grands prématurés ont reçu la totalité des quatre pratiques recommandées.

L’étude a simulé deux modèles pour mesurer l’impact de ce défaut de prise en charge. Si chaque enfant avait reçu l’ensemble des quatre pratiques recommandées, la mortalité aurait été réduite de 18%. Ces résultats démontrent l’importance d’une prise en charge médicale médicale fondée sur les preuves, pour une amélioration de la santé des grands prématurés.

 

EPICE www.epiceproject.eu 

Des soins intensifs périnatals efficaces en Europe : traduire les connaissances en médecine fondée sur les preuves

Le projet EPICE est consacré aux pratiques médicales apportées aux grands prématurés nés avant 32 semaines de gestation, dans onze pays européens. Le but du projet est d’évaluer les pratiques et d’en tirer des améliorations de soins, car ces enfants courent un plus grand risque de mortalité et de troubles neurologiques à long terme que les enfants nés à terme.

EPICE a démarré en 2011 et est soutenu par l’Union Européenne (PC7) pendant 5 ans. Il est coordonné par l’Inserm, comme 27 autres projets « santé » européens. Le projet implique 12 partenaires et 6 partenaires associés, basés dans 11 pays européens :

Les 12 partenaires :

Inserm (coordinateur), France : http://www.inserm.fr/

SPE, Belgique : https://www.wiv-isp.be/epidemio/morbidat/NL/Insti/SP.htm

Hvidore Hospital, Danemark : http://www.hvidovrehospital.dk

Universitas Tartuensis, Estonie : www.ut.ee

Philipps Universität Marburg, Allemagne : http://www.uni-marburg.de

Bambino Gesu Ospedale Pediatrico, Italie : http://www.ospedalebambinogesu.it

Laziosanita Agenzia Di Sanita Pubblica, Italie : http://www.asplazio.it

Radboud University Nijmegen Medical Centre, Pays Bas : www.umcn.nl

Poznan University of Medical Sciences, Pologne : http://www.mdprogram.com/

U.Porto, Portugal : http://higiene.med.up.pt/index.php

University of Leicester, Royaume-Uni : http://www2.le.ac.uk/departments/health-sciences/research/ships/timms

Karolinska Institutet, Suède : http://ki.se/

 

EPICE en France

Le projet EPICE en France fait partie de l’étude nationale EPIPAGE 2 (étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels) qui constitue une cohorte des enfants grands prématurés mise en place en 2011 dans les 22 régions de France métropolitaine et les DOM. L’étude permettra de suivre plus de 4 000 enfants prématurés jusqu’à l’âge de 11-12 ans. Trois régions françaises, l’Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais et la Bourgogne, participent à l’EPICE.

Ce projet est mené par l’unité Inserm 953 (« Recherche épidémiologique en santé périnatale et dans té des femmes et des enfants ») en collaboration avec l’équipe 2, de l’UMRS 1027, dirigée par le Dr Catherine Arnaud (Epidémiologie périnatale, handicap de l’enfant et santé des adolescents),  et les équipes cliniques et de recherche des régions participantes.

Pour plus d’information sur cette étude : https://epipage2.inserm.fr

(Investigateur principal : Pierre-Yves Ancel, Inserm U953)

[1] http://presse.inserm.fr/optimiser-les-soins-intensifs-aux-prematures-une-demarche-collaborative-europeenne/4699/

ENS@T-HT, lancement d’un projet Europe H2020 coordonné par l’Inserm visant à améliorer le diagnostic et le traitement de l’hypertension artérielle

Des scientifiques provenant de 6 pays, réunis au sein du projet ENS@T-HT mettent en commun leur expertise afin d’améliorer le diagnostic et la prise en charge thérapeutique de l’hypertension artérielle primaire et secondaire par une approche axée sur les « omiques ». Le projet ENS@T-HT, coordonné par Maria-Christina Zennaro, Directrice de recherche à l’Inserm (Centre de recherche Cardiovasculaire de Paris), a été officiellement lancé ce mois-ci à Paris et durera 5 ans.

L’hypertension touche jusqu’à 45 % de l’ensemble de la population et cause 9,4 millions de décès par an dans le monde. Même de légères augmentations de la tension artérielle sont associées à des risques accrus d’accident vasculaire cérébral et de maladie cardiaque. Cependant, malgré l’existence d’un large éventail de traitements disponibles, la tension artérielle n’est toujours pas contrôlée comme il se doit chez de nombreux patients.

S’ils étaient correctement diagnostiqués, environ 10 % des cas actuels d’hypertension pourraient être traités et soignés. Cela concerne notamment les troubles de la glande surrénale qui accroissent la production d’hormones ayant une incidence sur la pression sanguine. L’identification précise de ces troubles est essentielle à une bonne prise en charge de la maladie sous-jacente et pour prévenir les complications cardiovasculaires. Cependant, en raison de la complexité du diagnostic, il peut se passer des années avant que ces maladies ne fassent l’objet d’un traitement approprié, ce qui expose les patients à des risques cardiovasculaires et métaboliques accrus ainsi qu’à une baisse de leur qualité de vie.

Le projet ENS@T-HT est un projet de recherche sur 5 ans mené dans le cadre d’Europe H2020 dont l’objectif est de s’attaquer à ces problèmes. Il est financé à hauteur de 7,6 millions d’euros et regroupe 13 institutions universitaires de France, d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de l’Australie.

L’objectif principal est de développer un programme permettant d’améliorer le diagnostic de différentes formes d’hypertension d’origine surrénalienne, de mettre au point des traitements curatifs et de prévenir les complications.

 Pour ce faire, différentes techniques de pointe axées sur les « omiques » seront utilisées afin d’identifier dans le sang des patients des biomarqueurs qui permettent de définir une signature spécifique correspondant à leur pathologie. Les biomarqueurs utiles permettront également de stratifier les patients afin d’identifier ceux qui sont les plus susceptibles de bénéficier de traitements donnés et ainsi de maximiser l’efficacité et le rapport coût-efficacité des traitements.

Maria-Christina Zennaro, coordinatrice du projet ENS@T-HT (Unité 970 de l’Inserm, Centre de recherche Cardiovasculaire de Paris) affirme : « Ce projet repose sur une double ambition : premièrement, nous voulons définir des biomarqueurs obtenus à partir des « omiques » et valider leur précision dans le diagnostic de patients touchés par des formes d’hypertension d’origine surrénalienne. Deuxièmement, et c’est ce qu’il y a de plus important pour les patients, nous voulons utiliser ces biomarqueurs pour accélérer et optimiser le diagnostic et la prise en charge de ces pathologies. Ensuite, nous pouvons procéder à la stratification des patients susceptibles de bénéficier le plus d’un traitement ciblé spécifique ».

Davantage de détails sur le projet ENS@T-HT, un projet en plusieurs étapes reposant sur un accès à des cohortes exceptionnelles de patients en Europe

— Lors d’une phase initiale exploratoire, les partenaires définiront des signatures obtenues à partir des « omiques » correspondant à des patients souffrant de PA, PPGL et CS grâce à la modélisation bioinformatique de grands ensembles de données provenant de plateformes multiples.
— Les signatures seront validées en tant que biomarqueurs de stratification en établissant des valeurs et une variabilité de référence chez des sujets témoins en bonne santé.
— Elles seront ensuite utilisées dans une étude clinique prospective afin d’identifier des formes endocriniennes d’hypertension et de stratifier les patients souffrant d’hypertension artérielle. L’utilité et le rapport coût-efficacité de cette approche seront évalués en fonction des critères de référence actuels en matière de résultats et de coûts.
Le projet ENS@T-HT est basé sur l’exploitation de cohortes exceptionnelles de patients souffrant de PA, de PPGL et de CS recrutés par des centres de référence en matière de troubles de la surrénale organisés au sein du Réseau européen pour l’étude des tumeurs de la surrénale ENS@T (www.ensat.org). Le projet ENSAT-HT s’appuiera sur la collaboration prospective de six Centres d’excellence de la Société européenne de l’hypertension (European Society of Hypertension – ESH http://www.eshonline.org/), ce qui permettra de disposer de capacités exceptionnelles en matière de recrutement et d’étude d’une grande cohorte de patients souffrant d’hypertension.

Site web : http://www.ensat-ht.eu/

Les Européens et la recherche biomédicale Une enquête Ipsos pour l’Inserm

Une enquête Ipsos pour l’Inserm

L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est aujourd’hui le premier organisme de recherche biomédicale en Europe et joue un rôle de première importance dans la construction de l’espace européen de la recherche. A l’occasion de ses 50 ans, l’Inserm a souhaité faire un bilan des perceptions des Européens à l’égard de la recherche biomédicale.

Pour réaliser ce panorama européen, Ipsos a interrogé du 10 au 23 janvier 2014, par internet, plus de 4000 Européens (dont 1001 Français, 1004 Allemands, 1001 Italiens et 1005 Britanniques), la représentativité de chaque échantillon national étant assurée par l’utilisation de la méthode des quotas.

D’après les résultats, la santé reste le domaine d’actualité de la recherche qui intéresse le plus les Européens. Cette enquête confirme, dans un contexte pourtant marqué par la morosité et la défiance, une véritable confiance des Européens à l’égard de la recherche biomédicale et de ses acteurs. Même s’ils ont conscience de ne pas maîtriser tous ses tenants et aboutissants, ils la considèrent avant tout comme un motif d’espoir pour eux-mêmes et leurs enfants, mais aussi une source de fierté pour leur pays.

Parmi les innovations médicales qui ont marqué les esprits des Européens ces 50 dernières années, arrivent en tête la greffe d’organes, l’imagerie médicale et les thérapies géniques.

La santé, un thème suscitant un intérêt majeur chez les Européens

  • Les Européens se montrent particulièrement intéressés par l’actualité de la recherche en matière de santé, domaine de prédilection de l’Inserm. Près d’un Européen sur deux (45%) cite en effet la santé comme le domaine d’actualité de la recherche qui l’intéresse le plus, loin devant l’informatique et les nouvelles technologies (21%), l’environnement (14%), les sciences humaines (9%), les énergies (6%) ou le spatial (5%).
  • L’actualité de la recherche en matière de santé suscite particulièrement l’intérêt des Français (53%) et des Allemands (48%).
  • La recherche en santé est également un sujet qui intéresse davantage les femmes (58% contre 32% des hommes) et les personnes âgées de 35 ans et plus (51% contre 33% des moins de 35 ans).

La recherche biomédicale est avant tout synonyme d’espoir

  • Pour les Européens, la recherche évoque avant tout le mot « espoir » (34% le citent en premier, 67% parmi les trois premiers). Les Français sont les plus nombreux à considérer que la recherche biomédicale représente pour eux avant tout l’espoir.
  • 82 % des Européens considèrent que la recherche biomédicale permettra à leurs enfants de vivre mieux qu’aujourd’hui (dont 22% « beaucoup mieux »).

Une grande confiance accordée aux chercheurs

  • Les médecins et les chercheurs en sciences biomédicales demeurent des interlocuteurs de confiance aux yeux des Européens : lorsqu’un problème de santé publique survient, 45% des sondés citent les médecins parmi les trois acteurs les plus dignes de confiance pour leur dire la vérité et 36% les chercheurs. 70% des Européens font d’ailleurs confiance aux chercheurs pour qu’ils interpellent l’opinion s’ils estiment que leurs travaux scientifiques vont avoir des conséquences importantes sur des enjeux de société ; 66% des Européens ont confiance en la capacité des chercheurs à refuser que des innovations issues de leurs travaux aient des conséquences négatives sur la santé publique et 62% en leur capacité à rester indépendants et à ne pas accepter de faire l’objet de pressions concernant les résultats de leurs travaux.

Un niveau d’information et de connaissance limité qui pose néanmoins question

  • Les Européens sondés avouent majoritairement leur manque d’information en ce qui concerne la recherche biomédicale, qu’il s’agisse des avancées dans ce domaine (59% se considèrent mal informés), de leurs conséquences sur leur vie de tous les jours (59%) ou encore des débats de société suscités par certains travaux (61%).
  • Leur culture scientifique est d’ailleurs sommaire. En moyenne, sur une vingtaine de termes scientifiques testés, seuls 4,5 termes ont été « vraiment » compris des Européens. Seul l’un d’entre eux est « vraiment » compris par une majorité : le terme « expérimentation animale ». Enfin, les termes « nanoscience », « séquençage du génome », « vecteur viral », « perturbateurs endocriniens » ou « épigénétique » ne sont majoritairement pas compris des Européens.
  • Ce manque de vocabulaire scientifique a pour conséquence une incapacité pour les Européens à comprendre les questions que peuvent poser certains domaines de recherche de la recherche biomédicale. Ils s’en remettent entièrement aux experts, aux chercheurs pour « contrôler » les choses. Les résultats de l’enquête montrent qu’un sujet peut donc faire irruption dans le débat public et générer d’intenses discussions alors même que le sujet dont on parle fait l’objet d’une connaissance très mince de la part des Européens.

Le modèle des Etats-Unis et l’évolution du financement de la recherche européenne

  • En matière de recherche biomédicale, les Etats-Unis apparaissent comme un modèle pour les Européens : 84% d’entre eux les citent parmi les trois pays les plus avancés dans ce domaine. Certes, ce chiffre reflète avant tout l’attractivité des Etats-Unis auprès d’un grand public européen. Il fait aussi écho au pouvoir d’attraction des laboratoires américains auprès des étudiants et chercheurs européens, qui s’explique par des budgets importants et un rayonnement attesté par une suprématie en termes de nombre de publications et de récompenses. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France viennent ensuite (citées par respectivement 41%, 39% et 29% des répondants).
  • Pour que l’Europe et leur pays tiennent leur rang dans ce classement, les Européens semblent considérer qu’une évolution du mode de financement de la recherche est indispensable : 88% jugent qu’il est nécessaire que le secteur privé participe davantage  au financement de la recherche scientifique. 94 % des Européens sondés restent malgré tout très attachés à ce qu’une part importante de la recherche biomédicale soit financée par l’Etat.
  • Enfin, même si la recherche biomédicale américaine reste le modèle pour de nombreux Européens, 82% des Européens considèrent que c’est un domaine de recherche dans lequel leur pays peut être fier de ses résultats. C’est particulièrement le cas en France puisque 90% des répondants le pensent.

La greffe d’organes, l’imagerie médicale et  les thérapies géniques consacrées innovations médicales les plus importantes des 50 dernières années

  • Pour les Européens, l’innovation la plus importante des 50 dernières années est la greffe d’organes (70% la citent parmi les 5 plus importantes), juste devant l’imagerie médicale (65%) et les thérapies géniques (51%).
  • Viennent ensuite parmi les innovations les plus mentionnées : la récente mise au point et implantation du cœur artificiel, célébrée comme une prouesse « made in France » (47%), les possibilités offertes par le décryptage du génome (35%), la trithérapie (34%) et la reprogrammation des cellules souches (32%).
  • Le classement des innovations les plus citées varie peu selon le sexe et l’âge des répondants. On note néanmoins que les femmes (mais aussi les moins de 35 ans) ont un peu plus tendance à citer les innovations liées à la reproduction. Les femmes ont ainsi un peu plus tendance que les hommes à juger la contraception orale comme une découverte majeure (33% contre 21% des hommes), tout comme la fécondation in vitro (21% contre 15%) ou la péridurale (15% contre 11%). En revanche, le viagra est un peu plus cité par les hommes que par les femmes (7% contre 4%) mais apparaît néanmoins comme l’innovation la moins marquante parmi la liste de celles qui étaient proposées.

Faire consommer des légumes aux enfants, c’est possible!

Dans le cadre du projet européen HabEat (2010-2014), coordonné par l’Inra de Dijon et réunissant 10 partenaires scientifiques dont l’Inserm, les chercheurs ont fait un pas en avant supplémentaire dans la compréhension de la façon dont les comportements et les préférences alimentaires se forment durant les premières années de la vie. Un colloque fait le point sur les résultats obtenus ainsi que sur les recommandations à destination des professionnels de la petite enfance et des parents, les 31 mars et 1er avril 2014 à Dijon.

Food pyramid isolated on white

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Même si tout n’est pas joué à la fin de la petite enfance, les deux premières années revêtent une grande importance dans le développement des comportements alimentaires chez l’enfant, avec notamment une période charnière au moment de la diversification. Le projet collaboratif HabEat visait à mieux comprendre les déterminants de la formation des habitudes alimentaires à travers deux approches, épidémiologique d’une part et expérimentale d’autre part.

18 000 couples mères-enfants suivis de la naissance jusqu’à 4 ans au moins

Quatre grandes cohortes européennes ont permis de fournir de nouveaux éclairages sur les pratiques alimentaires précoces des mères. Les facteurs associés à la fréquence de consommation de fruits et légumes à diverses périodes de la mise en place du répertoire alimentaire ont été plus particulièrement étudiés.

18 études ayant impliqué au total près de 2000 enfants entre 6 mois et 6 ans
La partie expérimentale a comporté deux volets. Le premier, axé sur les mécanismes clés de l’apprentissage de l’appréciation d’un nouvel aliment, concernait les enfants du début de la diversification (autour de 6 mois) à l’âge de trois ans. Le second axe visait à étudier différentes stratégies afin de tester s’il est possible, au-delà de trois ans et jusqu’à six ans, d’augmenter la consommation de légumes.

Les principaux résultats

Un allaitement maternel plus long est associé à une fréquence de consommation de fruits et légumes plus élevée lors de l’enfance.

L’introduction d’une variété de légumes (sous forme de purée) au début de la période de diversification est associée à une meilleure acceptation de nouveaux légumes à court ou moyen terme.

Le fait de présenter plusieurs fois (exposition répétée) un légume nouveau est suffisant pour en augmenter sa consommation même chez les enfants décrits comme ‘difficiles’ par leurs mères.

Il est difficile d’augmenter la consommation d’un légume déjà familier pour des enfants entre 3 et 6 ans. Une stratégie qui pourrait augmenter la consommation de légumes serait de leur laisser le choix parmi deux légumes.

Dès l’âge de 3 ans, si on propose un encas avant le repas ou des aliments appréciés après le repas, on observe chez certains enfants une augmentation de la prise énergétique totale. Ces situations d’incitation pourraient favoriser le développement du surpoids chez ces enfants.

Des recommandations aux professionnels de la petite enfance et aux parents

Les résultats scientifiques obtenus ont été traduits en recommandations qui seront adressées notamment aux professionnels de la petite enfance, aux pédiatres, aux décideurs politiques chargés de définir la politique nutritionnelle, mais aussi aux industriels de l’agro-alimentaire. Ces recommandations seront discutées pendant le colloque lors de différentes tables rondes.

De plus, un guide à destination des parents a été préparé sur la base des résultats du projet et de précédentes données de la littérature.

HabEat était financé par la commission européenne dans le cadre du 7ème PCRDT via le contrat n°FP7-245012.

Les cohortes :

ALSPAC (UK), 14 000 dyades mère-enfant, femmes enceintes recrutées  entre 1991 et 1992, enfants suivis jusqu’à l’âge de 13 ans

EDEN (FR), 2 000 dyades mère-enfant, femmes enceintes recrutées entre 2003 et 2006, enfants  suivis jusqu’à 5 ans par les chercheurs de l’Inserm

Generation XXI (Portugal), environ 8647 dyades mère-enfant,  femmes enceintes recrutées entre 2005 et 2006, enfants  suivis jusqu’à 4 ans

Europrevall (Grèce), environ 1 000 dyades mère-enfant recrutées entre 2005 et 2007, enfants suivis jusqu’à 4 ans.

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