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Une avancée majeure sur la génétique et les facteurs de risque d’une forme d’infarctus qui touche majoritairement les femmes

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La SCAD est une forme d’infarctus touchant essentiellement les femmes. © Fotalia

La dissection spontanée de l’artère coronaire, plus connue sous l’acronyme SCAD, est une cause d’infarctus dont 9 victimes sur 10 sont des femmes dans la quarantaine, en apparente bonne santé. Encore mal comprise, elle est souvent sous-diagnostiquée, ce qui complique la prise en charge alors qu’elle pourrait représenter jusqu’à un tiers des cas d’infarctus chez les femmes de moins de 60 ans. Afin de comprendre les causes génétiques et les mécanismes biologiques à son origine, une nouvelle étude internationale dirigée par Nabila Bouatia-Naji, directrice de recherche à l’Inserm au Paris Centre de recherche cardiovasculaire – PARCC (Inserm/Université Paris Cité) a été mise en place. Les résultats obtenus montrent que les causes génétiques qui définissent le risque de la SCAD sont très nombreuses et réparties sur l’ensemble du génome des patients. L’étude identifie 16 régions génomiques associées à un risque plus élevé de SCAD, ouvrant la voie à une meilleure compréhension des mécanismes biologiques sous-jacents à cette maladie. L’étude est parue le 29 mai 2023 dans Nature Genetics.

Contrairement à la majorité des maladies cardiovasculaires comme l’infarctus de myocarde, qui affectent principalement les hommes âgés et/ou en surpoids, la dissection spontanée de l’artère coronaire (SCAD) est une forme d’infarctus qui touche les femmes dans 9 cas sur 10. Celles-ci sont souvent dans la quarantaine, même si la maladie peut également survenir plus tôt, dans l’année qui suit un accouchement, ou plus tard, pendant la transition vers la ménopause. De plus en plus reconnue comme une forme importante d’infarctus au sein de cette population, la SCAD demeure toutefois encore assez mal documentée du fait notamment d’un manque de données et d’une méconnaissance des facteurs de risque qui lui sont spécifiques, notamment génétiques.

Dans les 20 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés pour détailler les mécanismes du développement de pathologies coronaires comme l’athérosclérose et sur les formes très rares et syndromiques des maladies cardiovasculaires. De telles connaissances sont primordiales pour mieux appréhender ces pathologies et concevoir des stratégies de prévention et de traitements améliorés et personnalisés.

Néanmoins, la recherche a pris un retard important dans la compréhension des maladies comme la SCAD qui touchent des femmes à des étapes charnières de leur vie. Il est donc essentiel de s’intéresser maintenant à cette maladie cardiovasculaire si peu étudiée et au risque génétique qui lui est propre.

L’équipe de la généticienne Inserm Nabila Bouatia-Naji donc mené un travail de grande ampleur sur le sujet, en coordonnant une méta-analyse de 8 études d’association pangénomique (en anglais genome-wide association study, GWAS)[1].  En comparant les données génétiques de plus de 1900 patients et d’environ 9300 personnes non-malades, les scientifiques ont identifié 16 régions génomiques (ou loci) de prédisposition génétique à la SCAD.

 

Vers une meilleure compréhension des mécanismes biologiques

Ce travail a d’abord permis de montrer que les variations génétiques que l’on retrouve le plus souvent chez les patient(e)s ayant survécu à la SCAD jouent un rôle dans la composition du « ciment » qui entoure les cellules de l’artère coronaire.

Cependant, un des gènes identifiés est F3 et il code le facteur de coagulation tissulaire. En temps normal, le facteur tissulaire initie la coagulation au niveau des cellules afin de résorber d’éventuelles hématomes. Les résultats de l’étude suggèrent qu’un défaut d’expression de F3 est souvent retrouvé chez les patient(e)s ce qui constitue une cause potentielle d’une mauvaise réparation des artères, pouvant aboutir à leur déchirure. La mauvaise résorption de l’hématome serait donc une cause génétique de l’infarctus qui était inconnue jusqu’à présent.

L’un des autres objectifs de cette étude a été de positionner la SCAD par rapport à d’autres maladies cardiovasculaires afin de mieux connaître ses spécificités épidémiologiques. En utilisant les données qui déterminent les facteurs de risque cardiovasculaires génétiques et des méthodes de statistiques astucieuses, les scientifiques ont mis en évidence un lien robuste entre la pression artérielle élevée et le risque de la SCAD, tout en confirmant que le cholestérol élevé, le surpoids et le diabète de type 2 n’avaient aucun impact sur ce risque.

« Ce résultat pourrait donc s’avérer intéressant sur le plan clinique à plus long terme, pour encourager les médecins à surveiller de près l’évolution de la pression artérielle chez les patients et patientes qui présentent un risque génétique accru de SCAD », explique Nabila Bouatia-Naji, directrice de recherche à l’Inserm et dernière auteure de l’étude.

Finalement, ce travail met en évidence un lien génétique entre l’infarctus dû à la SCAD et l’infarctus dû à l’athérosclérose (aussi appelé infarctus athéromateux). En effet, les chercheurs ont montré qu’un grand nombre de régions génomique de prédisposition à la SCAD sont partagées avec celles de l’infarctus athéromateux.

Cependant, même s’il s’agissait des mêmes variantes génétiques, les allèles[2] qui sont plus fréquents chez les patients atteints de SCAD sont systématiquement décrites comme moins fréquents chez les sujets atteints de l’infarctus athéromateux.

« Ce résultat est très surprenant, car ils montrent que selon si l’on est face à une jeune femme sans facteurs de risques, ou un homme plus âgé et présentant des facteurs de risque, les causes génétiques et les mécanismes biologiques associés à leur infarctus peuvent être opposés.  Nos résultats alertent sur le besoin de mieux comprendre les spécificités des maladies cardiovasculaires chez les femmes jeunes afin d’améliorer leur suivi qui est actuellement identique à celui de l’infarctus athéromateux », conclut Nabila Bouatia-Naji.

Forte de ces résultats, l’équipe travaille désormais au développement de nouveaux modèles cellulaires et animaux qui rendent mieux compte des facteurs génétiques impliqués dans la maladie, afin notamment de mieux étudier leur impact sur l’état des artères. Avec toujours un objectif en tête à plus long terme : celui de faire sortir de l’ombre une maladie cardiovasculaire essentiellement féminine et trop souvent négligée, et d’améliorer la manière dont elle est comprise et prise en charge.

 

[1] Étude d’association génétique à grande échelle (Genome-Wide Association Studies), largement pratiquées depuis plusieurs années, qui consiste à analyser le génome entier de milliers de personnes saines et malades, afin d’identifier les régions génomiques dans lesquelles doivent se trouver des gènes influençant la vulnérabilité des personnes à l’affection en cause

[2] Un allèle est une version d’une variante génétique résultant d’un changement dans la séquence de l’ADN. Toute séquence d’ADN peut avoir plusieurs allèles, qui déterminent souvent l’apparition de caractères héréditaires différents.

Maladie de Parkinson : chez les femmes, l’activité physique serait déjà bénéfique plus de vingt ans avant le diagnostic

marche sportive retraitée© AdobeStock

Parmi les pistes de prévention de la maladie de Parkinson, l’activité physique est régulièrement évoquée, mais les études n’ont jusqu’à présent ni permis d’éliminer certains biais ni d’étudier son rôle spécifique chez les femmes. Des chercheurs et des chercheuses de l’Inserm, de l’université Paris-Saclay et de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) avec Gustave Roussy, ont étudié, au cours de 29 ans de suivi, l’impact de l’activité physique sur le développement de la maladie de Parkinson chez près de 100 000 femmes de la cohorte française E3N. Ils ont observé que plus les participantes étaient actives au cours de leur vie, moins elles avaient de risque de développer la maladie, avec un bénéfice de l’activité physique déjà présent plus de vingt ans avant le diagnostic. Ils montrent en outre que les femmes ayant développé la maladie présentaient, dans les dix années précédant le diagnostic, une baisse significative de leur activité physique probablement causée par des symptômes précurseurs gênants. Ces résultats, à paraître dans Neurology, invitent à considérer la mise en place de programmes préventifs fondés sur l’activité physique chez les personnes à risque de la maladie de Parkinson.

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative progressive, caractérisée par la destruction de certains neurones du cerveau et par l’accumulation de protéines qui leurs sont toxiques. Elle est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France et, à ce jour, il n’existe pas de traitement curatif ; il est donc fondamental d’identifier des pistes de prévention.

De précédentes études ont notamment montré que le risque de développer la maladie de Parkinson était réduit chez les personnes ayant une activité physique importante. Toutefois, le nombre limité de tels travaux impliquant des femmes n’a pas permis de confirmer cette association spécifiquement dans cette population. En outre, ces études présentaient en général un suivi relativement court des participants ne comprenant qu’une seule évaluation de l’activité physique, ce qui ne permettait pas de s’affranchir de certains biais et, en particulier, du biais dit « de causalité inverse ».

Ce biais se traduit de la façon suivante : des symptômes avant-coureurs de la maladie de Parkinson (constipation, troubles du sommeil, de l’odorat, troubles moteurs discrets…) peuvent être présents plusieurs années avant que la maladie ne soit diagnostiquée. La gêne qu’ils occasionnent pourrait conduire les personnes à modifier leurs comportements (comme, par exemple, leur niveau d’activité physique) en amont du diagnostic, ce qui est susceptible de fausser les analyses statistiques étudiant la relation entre ces comportements et le risque de développer la maladie.

Une équipe de recherche dirigée par Alexis Elbaz, chercheur Inserm au sein du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Inserm/Université Paris-Saclay/UVSQ), s’est intéressée à l’impact de l’activité physique sur la survenue de la maladie de Parkinson chez les femmes de la cohorte E3N, au cours de 29 ans de suivi. Cette cohorte française regroupe près de 100 000 femmes suivies depuis 1990. Avec près de 1 200 femmes atteintes de la maladie de Parkinson identifiées en 2018[1], elle constitue à ce jour la plus grande cohorte prospective féminine au monde pour cette maladie.

L’évolution de l’activité physique[2] de chaque participante tout au long des 29 années de suivi a été estimée à partir des informations recueillies dans six questionnaires individuels remplis à différentes étapes du suivi. Les données obtenues ont permis de comparer la pratique d’activité physique avant le diagnostic chez les participantes atteintes de la maladie à celles des participantes de même âge et non malades.

Afin de réduire le risque d’un biais de causalité inverse, résultant de l’influence possible des symptômes précurseurs de la maladie sur l’activité physique dans les années précédant le diagnostic, les scientifiques ont examiné l’impact de l’activité physique évaluée plus de 5, 10, 15 et 20 ans avant le diagnostic sur le risque de survenue de la maladie de Parkinson.

Les chercheurs et chercheuses ont ainsi observé que plus les participantes avaient une activité physique importante, moins elles risquaient de développer la maladie de Parkinson et ce, même lorsque l’activité physique était évaluée plus de 20 ans avant le diagnostic. Les femmes les plus actives présentaient ainsi un risque réduit d’environ 25 % de développer la maladie par rapport aux moins actives.

Les participantes atteintes par la maladie étaient globalement moins actives que les autres tout au long du suivi, y compris plus de 20 ans avant le diagnostic. Cet écart entre les femmes malades et non malades augmentait encore dans les 10 années précédant le diagnostic, ce qui suggère que les symptômes précurseurs survenus dans cet intervalle pourraient effectivement être responsables d’une baisse de l’activité physique chez les femmes qui développeront la maladie mais n’ont pas encore été diagnostiquées.

« Ces résultats sont en faveur d’un effet protecteur chez les femmes de l’activité physique contre le risque de développer la maladie de Parkinson, et ce, même sur du très long terme, précise Berta Portugal, doctorante et première autrice de ces travaux. Ils appuient l’intérêt de la mise en place de programmes d’activité physique pour prévenir la maladie de Parkinson chez des personnes à risque et invitent à réaliser d’autres études afin de comprendre quel type d’activité et quel niveau d’intensité sont les plus bénéfiques », ajoute-elle.

 

« Cette étude témoigne de l’importance des études avec un long suivi au sein de cohortes de grande taille permettant de mieux prendre en compte les symptômes précurseurs et les biais statistiques qu’ils entraînent dans l’évaluation du bénéfice de l’activité physique sur la survenue de la maladie de Parkinson », conclut Alexis Elbaz.

 

[1]Le taux de femmes atteintes de la maladie de Parkinson dans la cohorte est similaire au taux en population générale en Europe sur la même période de temps.

[2]La notion d’« activité physique » va au-delà de la seule pratique sportive. Dans cette étude, elle est quantifiée par la distance de marche quotidienne, le nombre de marches d’escalier montées, les déplacements à vélo, le temps passé dans les activités ménagères légères et intenses, le temps dédié à des activités récréatives légères (jardinage, sport d’intensité modérée) et intenses (sport intensif).

Manger des brocolis pour limiter les allergies cutanées

brocoli

Les scientifiques se sont spécifiquement intéressés à des composés alimentaires naturellement présents dans les légumes crucifères tels que le brocoli. © Unsplash

La sévérité des allergies cutanées peut varier en fonction de nombreux facteurs environnementaux, et notamment du régime alimentaire. Cependant, jusqu’à présent, la contribution de nutriments spécifiques n’avait pas été bien documentée. Dans une nouvelle étude, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et de l’Institut Curie du laboratoire Immunité et Cancer[1] ont montré que l’absence dans l’alimentation de composés que l’on retrouve dans certains légumes, en particulier les brocolis et les choux, pouvait aggraver les allergies cutanées dans des modèles animaux. Ces résultats, publiés dans la revue Elife, soulignent l’importance d’une alimentation équilibrée en parallèle des interventions thérapeutiques proposées aux patients.

Les allergies cutanées sont causées par une réponse immunitaire inadaptée à des composés présents dans l’environnement, et leur degré de sévérité varie en fonction de nombreux facteurs, dont l’alimentation. Cependant, l’impact des différents composés présents dans les aliments est encore mal compris, ce qui complique la mise en œuvre de stratégies fondées sur la nutrition pour atténuer les symptômes des patients.

Dans ce travail, les scientifiques se sont spécifiquement intéressés à des composés alimentaires qui agissent sur une molécule présente dans l’organisme, appelée « récepteur des hydrocarbures aromatiques » (AhR). Ces nutriments sont naturellement présents dans les légumes crucifères, tels que le brocoli.

De précédentes études avaient déjà montré que ces composés alimentaires sont associés à une aggravation de maladies inflammatoires de l’intestin et la neuro-inflammation, mais leur effet sur les réactions immunitaires allergiques n’avait jusqu’ici pas été documenté.

 

Aggravation des allergies

L’équipe de recherche a travaillé à partir d’un modèle d’allergie cutanée chez la souris. Certains animaux ont reçu une alimentation ne contenant aucun composé activant le récepteur AhR, afin d’évaluer l’impact que cela pouvait avoir sur la sévérité de leur allergie.

Les scientifiques ont ainsi montré que l’absence de ces nutriments est associée à une augmentation de l’état d’inflammation dans la peau et à une aggravation de l’allergie cutanée, ce qui n’est pas le cas pour des souris ayant reçu une alimentation qui contenait ces composés.

Les scientifiques ont voulu aller plus loin afin de comprendre les mécanismes biologiques qui permettent d’expliquer l’action de ces nutriments. Lorsque ces derniers sont absents, ils ont constaté qu’il y avait une surproduction d’une molécule appelée TGF-beta dans l’épiderme des souris. Cette surproduction de TGF-beta perturbe le fonctionnement normal d’une population de cellules immunitaires, les « cellules de Langerhans », qui sont exclusivement présentes dans la peau et fonctionnent comme un modulateur des réponses immunitaires cutanées.

Les scientifiques ont ensuite validé ces résultats en montrant que les composés activant le récepteur AhR contrôlent également la production de TGF-bêta dans des cellules de peau humaines.

« Nos résultats suggèrent qu’un régime alimentaire déséquilibré pourrait augmenter les réactions allergiques cutanées chez l’humain par le biais de mécanismes que nous avons décrit précisément. En schématisant, on pourrait dire que notre travail permet d’expliquer pourquoi manger des légumes comme des brocolis et des choux peut limiter la sévérité des allergies cutanées et pourquoi il est donc important de les inclure dans son régime alimentaire », souligne Élodie Segura, chercheuse Inserm, qui a dirigé cette étude à l’Institut Curie.

Les résultats de cette étude pourraient aussi s’appliquer à d’autres maladies de peau où des mécanismes inflammatoires sont impliqués, comme le psoriasis. Par ailleurs, ils ouvrent aussi des pistes de recherche intéressantes pour mieux étudier l’axe intestin-peau dans le développement des maladies allergiques.

En s’appuyant sur ces données, l’équipe de recherche souhaite désormais s’intéresser au rôle des composés alimentaires activant le récepteur AhR dans d’autres contextes pathologiques inflammatoires, par exemple dans un contexte tumoral.

 

[1] Menés au sein de l’unité Immunité et Cancer (Inserm, Institut Curie), ces travaux ont pu être réalisés notamment grâce à la plateforme de pathologie expérimentale et à la nouvelle plateforme de métabolomique et lipidomique de l’Institut Curie.

Conséquences sur la santé des essais nucléaires en Polynésie française

Polynésie françaiseEntre 1966 et 1974, la France a réalisé 41 essais nucléaires atmosphériques en Polynésie française. © Unsplash

Les conséquences sanitaires des essais nucléaires réalisés en Polynésie française dans les années 1970 font l’objet d’études épidémiologiques à l’Inserm depuis plusieurs années. De précédents travaux publiés par une équipe de recherche de l’Inserm et de l’Université Paris-Saclay avec Gustave-Roussy s’étaient intéressés à la relation entre la fréquence des cancers de la thyroïde en Polynésie française et les essais nucléaires atmosphériques menés par la France. Les résultats avaient conclu que le risque de cancer de la thyroïde semblait très probablement légèrement augmenté avec la dose d’irradiation reçue suite aux essais nucléaires. Dans une nouvelle publication, les scientifiques confirment ces résultats et ont réalisé une analyse de prédiction des risques qui montre que les essais nucléaires réalisés par la France pourraient être responsables de 2,3 % des cas de cancer de la thyroïde. La spécificité de cette étude, dont les résultats sont publiés dans JAMA Network Open, repose sur l’accès aux originaux des rapports internes des services de radioprotection relatifs aux 41 essais nucléaires atmosphériques menés par la France entre 1966 et 1974 en Polynésie française, qui ont été déclassifiés secret-défense par l’armée française en 2013.

Entre 1966 et 1974, la France a réalisé 41 essais nucléaires atmosphériques en Polynésie. Depuis plusieurs années, des équipes de recherche essayent d’évaluer les possibles conséquences des retombées radioactives de ces événements nucléaires sur la santé des populations. Ils s’intéressent plus particulièrement aux pathologies qui peuvent être radio-induites, telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, ou encore la cataracte.

Dans un rapport issu d’une expertise collective de l’Inserm délivré en 2021, les chercheurs et chercheuses mobilisés font état de deux études épidémiologiques publiées sur le sujet, dont une concernant le risque de développer un cancer de la thyroïde. Celui-ci constitue le risque sanitaire le plus important pour la population vivant à proximité des sites où ont eu  lieu les essais nucléaires, en raison de la quantité d’iode radioactif libérée lors des essais nucléaires et de son absorption active par la thyroïde.

En effet, lorsque l’iode radioactif se fixe à la place de l’iode naturel dans la thyroïde, il expose la glande aux rayonnements qu’il émet. Si ce radioélément se trouve en concentration importante dans la thyroïde, ces rayonnements risquent de provoquer des dommages dans l’ADN et d’induire le développement de tumeurs cancéreuses.

Dans une étude publiée en 2010 dans la revue British Journal of Cancer, les chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’Université Paris-Saclay au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) à Gustave-Roussy avaient comparé l’exposition aux rayonnements des 229 Polynésiens ayant eu un diagnostic de cancer de la thyroïde différencié entre 1981 et 2003 à celle de 373 individus « témoins » n’ayant pas développé de cancer de la thyroïde dans cette même population. Cette étude cas-témoins menée sur la population locale montrait alors une faible augmentation du risque de cancer de la thyroïde en lien avec l’augmentation de la dose reçue à la thyroïde avant l’âge de 15 ans.

Bien qu’insuffisants pour conclure de façon solide sur les liens entre les retombées des essais nucléaires atmosphériques et la survenue de pathologies radio-induites en Polynésie française, ces résultats ne permettaient pas non plus d’exclure l’existence de conséquences sanitaires.

Dans la lignée de ces travaux, la même équipe de recherche a réalisé une deuxième étude épidémiologique portant sur 395 cas de cancers de la thyroïde diagnostiqués entre 1984 et 2016 en Polynésie et 555 témoins de la population générale. Pour la première fois, ils ont eu accès aux documents originaux des rapports internes des services de radioprotection relatifs aux 41 essais nucléaires atmosphériques menés par la France entre 1966 et 1974 en Polynésie française, déclassifiés par l’armée française en 2013.

Grâce à ces documents déclassifiés, aux données météorologiques, et à un interrogatoire de chaque cas et témoin (traçabilité des déplacements des populations, habitudes alimentaires…), les chercheurs et chercheuses ont pu simuler le nuage radioactif de chaque essai nucléaire, et estimer la dose de radiation reçue par la thyroïde des participants de l’étude. Celle-ci était de 4,7 milligrays en moyenne pour les cas et de 4,6 milligrays pour les témoins.

Sur l’ensemble des cas de cancers (395 personnes), les scientifiques n’ont pas trouvé d’association significative entre la dose de radiation à la thyroïde et le risque de cancer thyroïdien. Cependant, la relation était significative si on ne gardait dans l’analyse que les cancers invasifs nécessitant un traitement, et que l’on excluait les microcarcinomes papillaires non invasifs de la thyroïde (pMCT), qui sont fréquents et ne sont généralement pas opérés.

À partir de ces données croisées (déplacement des populations, habitudes alimentaires et taux d’incidence des cancers de la thyroïde), les chercheurs et chercheuses ont aussi effectué une prédiction de risque et montré que, sur la base des modèles de risque actuels, les essais nucléaires réalisés par la France pourraient être responsables au total de 2,3 % des cas totaux de cancer de la thyroïde (intervalle de confiance entre 0,6 et 7,7 %[1]).

« Ces résultats s’inscrivent dans la continuité de ce que nous avions préalablement conclu et confirment que les essais nucléaires sont très probablement à l’origine d’une augmentation, faible, de l’incidence des cancers de la thyroïde en Polynésie française. Ils doivent toutefois être considérés avec prudence car l’estimation des doses de radiation reçues à la thyroïde il y a plus de 50 ans est nécessairement imprécise », explique Florent de Vathaire, chercheur Inserm à Gustave-Roussy, premier auteur de l’étude.

Les scientifiques poursuivent leur recherche avec l’objectif d’ajouter à leur analyse l’évaluation des susceptibilités génétiques des populations (les facteurs héréditaires et la combinaison génétique propre à chaque individu) qui pourraient avoir une incidence sur le développement des cancers thyroïdiens dans la zone.

 

[1] L’intervalle de confiance définit une valeur minimale et une valeur maximale entre lesquelles se situe, pour un risque d’erreur donné, la valeur exacte de l’ensemble de la population.

IA : Un nouvel algorithme français s’inspirant de GPT améliore la surveillance des traumatismes

hôpital urgences

Des scientifiques ont développé un algorithme pour mieux comprendre les traumatismes qui représentent un tiers des passages aux urgences. © Unsplash

En France, un tiers des passages aux urgences sont dus à des traumatismes. Afin de mieux comprendre leurs mécanismes et améliorer leur prise en charge, des chercheuses et chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux au centre de recherche Bordeaux Population Health, avec des équipes du CHU de Bordeaux, ont mis au point un algorithme capable de classer les visites aux urgences pour cause de traumatisme grâce à l’analyse des comptes rendus cliniques par le bais d’une intelligence artificielle (GPT). Les performances de ce  projet baptisé TARPON[1], qui atteignent 97% d’exactitude, ont fait l’objet d’une publication dans la revue Journal of Medical Internet Research Artificial Intelligence. Les résultats permettent d’imaginer la mise en place prochaine d’un observatoire national du traumatisme.

Les traumatismes représentent 9% de la mortalité en France et concernent des populations souvent jeunes. Plus du tiers des 21 millions de passages aux urgences annuels, le sont pour des traumatismes. Il s’agit donc d’un problème majeur de santé publique qui représente un poids sanitaire, sociétal et économique important, face auquel les scientifiques œuvrent pour apporter des solutions.

L’idée du projet TARPON mené par des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux avec le CHU de Bordeaux est partie du constat que pour chaque visite aux urgences, les soignants rédigent un compte-rendu. Ces derniers représentent une mine d’informations : exposé des symptômes, état des patients, ainsi que de nombreux détails sur les circonstances de survenue du traumatisme.

Or, ces données restent aujourd’hui inexploitées, et l’on dispose de peu de statistiques sur les victimes d’accidents de la vie courante, de violences ou encore de tentatives de suicide. Dans le domaine des accidents de la route, un observatoire existe mais il n’est complet que pour la mortalité et la plupart des accidents liés aux déplacements en vélo, à pied ou à trottinette n’y figurent pas. Une analyse des informations anonymisées issues des comptes rendus des urgences permettrait de constituer le socle d’un système de surveillance des traumatismes quasi exhaustif.

Ces comptes rendus sont des textes non structurés rédigés avec un mélange de termes courants mais aussi médicaux, techniques, et des abréviations. Afin d’en extraire les informations intéressantes, sans avoir à tous les lire, les équipes de recherche ont développé une technique de traitement automatique du langage basée sur des réseaux de neurones artificiels. Les chercheurs ont adapté le modèle d’intelligence artificielle GPT et l’ont entraîné avec un échantillon de plus de 500 000 comptes rendus provenant des urgences adultes du CHU de Bordeaux[2]. Ils ont ainsi abouti à un outil de traitement du langage clinique francophone, dans le respect des règles RGPD.

Avec le soutien du Health Data Hub, de Bpifrance, de la région Nouvelle Aquitaine, de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et de la Délégation à la Sécurité Routière, les chercheurs ont pu financer l’achat d’un puissant serveur, dédié à l’intelligence artificielle et installé au sein même de l’hôpital. Ce dernier a permis d’implémenter l’algorithme développé par les scientifiques, pour classer automatiquement les traumatismes selon leurs types, et cela avec une précision surprenante.

En effet, la méthode développée par les chercheurs permet de classer correctement 97% des comptes rendus (contre 86% avec les anciennes méthodes), comme le détaillent les chercheurs dans leur article scientifique. Grâce à cette première étape, l’étude des données pourra débuter sur la plateforme technologique du Health Data Hub d’ici l’été.

Ces résultats ouvrent la voie à la mise en place d’un système national de surveillance des traumatismes mais aussi à des analyses épidémiologiques portant par exemple sur l’impact des consommations de médicaments sur le risque d’accident. Des travaux qui devraient donc apporter un éclairage nouveau sur des enjeux de santé publique importants. Dans l’immédiat, le projet TARPON sera étendu à une quinzaine de services d’urgences répartis sur tout le territoire français.

 

[1] TARPON : Traitement Automatique des Résumés de Passages aux urgences pour un Observatoire National

[2] Cette recherche répond aux obligations du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

Covid long : la persistance du SARS-CoV-2 dans les muqueuses pourrait être en cause

SARS-CoV-2

Cette image de microscope électronique à transmission montre le SARS-CoV-2, isolé d’un patient aux États-Unis, émergeant de la surface de cellules cultivées en laboratoire. © National Institute of Allergy and Infectious Diseases-Rocky Mountain Laboratories, NIH. Domaine public

Plusieurs mois après une infection par le SARS-CoV-2, certains patients présentent encore des symptômes. Ce phénomène est communément appelé « Covid long ». Dans de nouveaux travaux, des équipes de recherche de l’Inserm et d’Université Paris Cité[1] en collaboration avec l’université de Minho à Braga (Portugal), ont montré qu’il pourrait s’expliquer biologiquement par des anomalies du système immunitaire associées à la présence persistante du virus dans les muqueuses de l’organisme. Ces résultats publiés dans la revue Nature Communication pourraient à plus long terme ouvrir la voie à un outil diagnostic pour le Covid long.

Selon différentes études, le Covid long concernerait entre 10 et 30 % des personnes infectées par le SARS-CoV-2, mais cet état reste encore difficile à diagnostiquer et à traiter. L’équipe du chercheur Inserm Jérôme Estaquier, en collaboration avec celle de Ricardo Silvestre à l’université de Minho au Portugal, mène des travaux pour expliquer ce phénomène d’un point de vue biologique.

À l’heure actuelle, peu de critères biologiques, en dehors de la persistance de symptômes au-delà de trois mois après l’infection aiguë, permettent de le diagnostiquer. Dès lors qu’un patient n’est pas totalement remis après cette période, il est classé dans la catégorie des Covid longs. Sans moyen de diagnostic plus fiable, il est difficile de proposer une prise en charge adaptée.

Pour mieux comprendre le Covid long et trouver des marqueurs diagnostics, les chercheurs ont étudié le système immunitaire de 164 personnes six mois après leur infection.  Ils ont analysé les échantillons sanguins de 127 personnes dont la moitié avait un Covid long (fatigue, essoufflements, toux, douleurs musculaires ou thoraciques, anxiété…) et de 37 personnes contrôles n’ayant pas été infectées.

Les auteurs se sont notamment intéressés à des cellules immunitaires particulières : les lymphocytes T (dont les cellules CD8) impliqués dans l’élimination du virus et les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2. De plus, ils disposaient d’échantillons sanguins prélevés lors de la phase aiguë de la maladie chez 72 de ces patients, ce qui leur a permis de comparer rétrospectivement le niveau d’inflammation au stade précoce chez les personnes ayant développé par la suite un Covid long ou non.

 

Plusieurs marqueurs immunitaires identifiés

Les chercheurs ont ainsi identifié un certain nombre de marqueurs sanguins présents six mois après l’infection chez 70 à 80 % des personnes présentant un Covid long alors que ces mêmes marqueurs sanguins étaient rares chez les sujets n’ayant pas développé de forme longue.

Les équipes ont notamment montré qu’un sous-type de cellule CD8 exprimant le granzyme A, une protéine inflammatoire, sont en excès, tandis qu’un autre sous-type de CD8 exprimant l’intégrine b7 sont en faible quantité. Cette dernière sous-population est pourtant essentielle pour contrôler les virus dans les muqueuses. En outre, les anticorps IgA spécifiques du virus sont également en surnombre alors qu’ils devraient être rapidement éliminés si le virus est absent. Ces observations suggèrent la persistance du virus dans l’organisme et notamment dans les muqueuses.

L’hypothèse des chercheurs est que le SARS-CoV-2 pourrait se calfeutrer au niveau de la muqueuse intestinale car celle-ci est plus « permissive » sur le plan immunitaire que le reste de l’organisme, dans la mesure où elle doit tolérer la flore bactérienne. D’autres virus comme le VIH utilisent cette stratégie d’échappement. Initialement présent au niveau des muqueuses pulmonaires, le SARS-Cov-2 pourrait donc descendre au niveau intestinal et y persister sans que le système immunitaire ne parvienne à l’éliminer tout à fait.

Dans la dernière étape de l’étude, en évaluant le niveau d’inflammation initial au cours de la phase aiguë, les scientifiques ont observé une association entre une réponse inflammatoire caractérisée notamment par des taux très élevés d’interféron IP-10 ou d’interleukine IL-6 et le risque de faire un Covid long par la suite.

« Cela confirme des observations cliniques selon lesquelles la sévérité initiale de la Covid est associée à un risque plus élevé de développer un Covid long », précisent les chercheurs. « Une des hypothèses est que des personnes qui présentent précocement une immunodéficience plus exacerbée développent des formes initiales plus graves de la Covid-19 et ne parviennent pas à éliminer efficacement le virus qui passe dans les muqueuses intestinales, où il s’installe durablement. Le système immunitaire finit en quelque sorte par le tolérer au prix d’une persistance des symptômes d’intensité et de nature variables », explique Jérôme Estaquier.

L’objectif est dorénavant de valider ces résultats dans de nouvelles cohortes afin de déterminer si certains de ces marqueurs pourraient servir d’outil diagnostic.

« Si un dosage d’IgA à distance de la phase aiguë et éventuellement de cellules CD8 b7 permettait de diagnostiquer un Covid long, les médecins pourraient poser un diagnostic objectif. Dans un second temps, nous pourrons réfléchir à des cibles thérapeutiques sur la base de ces travaux », conclut Jérôme Estaquier.

 

[1]Ces travaux en France ont été soutenus par la Fondation pour la Recherche Médicale, l’Agence nationale de la recherche (ANR) et l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes.

Hypertension artérielle : un mélange de polluants aériens pourrait causer des pics répétés d’élévation de la pression sanguine

Pollution de l'air La pollution de l’air est un des facteurs environnementaux reconnus comme jouant un rôle dans l’hypertension artérielle. © Adobe Stock

La pollution de l’air est un des facteurs environnementaux reconnus comme jouant un rôle dans l’hypertension artérielle. Elle est constituée d’un mélange de particules et de gaz dont les effets combinés sur la santé humaine sont encore mal connus. Une équipe de l’Inserm et de Sorbonne Université, aidée de collaborateurs internationaux, a cherché à étudier en continu l’impact dans la vie quotidienne d’un mélange de 5 polluants aériens sur la pression sanguine de 221 participants de l’étude MobiliSense[1] sur le territoire du Grand Paris. Dans deux modèles, l’un prenant en compte les variations des concentrations de polluants dans l’air ambiant, l’autre les variations des quantités inhalées de ces polluants, les chercheurs ont pu observer une association avec des élévations aiguës et répétées de la pression sanguine. Ces travaux parus dans Environmental Research ouvrent la voie à une meilleure compréhension du lien entre pollution de l’air et hypertension.

L’hypertension artérielle est une maladie chronique qui concerne 1 adulte sur 3. Liée à une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins, elle peut être à l’origine de complications cardiovasculaires, cérébrovasculaires, voire même neurodégénératives.

De précédentes études ont montré que certaines molécules participant à la pollution de l’air avaient un impact sur la pression sanguine et pouvaient, en conséquence, favoriser l’hypertension. Or, dans la vie de tous les jours, la pollution aérienne à laquelle les personnes sont exposées est en général constituée de mélanges de polluants aériens plutôt que d’un constituant isolé, et ces mélanges sont mal pris en compte dans les analyses déjà existantes.

Une équipe internationale menée par Basile Chaix, directeur de recherche Inserm au sein de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université) a cherché à caractériser les effets sur la pression sanguine de l’exposition dans la vie quotidienne à un mélange de 5 polluants aériens – carbone suie, dioxyde d’azote (NO2), monoxyde d’azote (NO), monoxyde de carbone (CO) et ozone (O3) –chez 221 participants de l’étude MobiliSense.

Afin d’étudier les effets de ce mélange complexe de composants, l’équipe de recherche a développé de nouvelles méthodes de suivi et utilisé du matériel de mesure innovant : chaque participant portait ainsi un appareil de mesure de la pression sanguine ambulatoire[2], deux capteurs portatifs mesurant en continu les concentrations des polluants dans l’air ambiant à proximité de la zone de respiration, un traceur GPS pour appréhender les déplacements, ainsi qu’un accéléromètre permettant de mesurer l’activité physique et d’estimer ainsi le débit respiratoire[3] (c’est-à-dire le volume d’air inspiré ou expiré par unité de temps). Les mesures ont été effectuées sur une journée de la vie quotidienne des participants.

Leur pression sanguine était relevée toutes les 30 minutes afin d’observer le plus finement possible le délai entre les variations de concentration des polluants dans l’air ambiant, la quantité de polluants inhalés estimée et leur impact potentiel sur la pression sanguine.

En savoir plus sur la pression sanguine et l’hypertension artérielle

La pression artérielle résulte de l’éjection du sang par le cœur dans les vaisseaux sanguins et consiste en la pression qu’elle exerce sur les parois vasculaires. Elle est caractérisée par deux valeurs extrêmes :

  • la valeur haute ou systole (pression sanguine systolique), mesurée lors de la contraction du cœur. Elle permet la propulsion du sang par l’aorte vers les artères périphériques ;
  • la valeur basse ou diastole (pression sanguine diastolique), mesurée lors de la relaxation du cœur. Elle permet aux ventricules cardiaques de recevoir le sang arrivant dans les oreillettes par les veines caves et les veines pulmonaires.

On parle d’hypertension artérielle lorsqu’au repos la pression systolique est supérieure à 140 mmHg et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.

Les chercheurs ont observé que, lorsque les concentrations de tous les polluants augmentaient au sein du mélange dans les 5 minutes précédant la mesure de la pression sanguine, une élévation de la pression systolique (voir encadré) était observée. Une association similaire était également retrouvée entre une augmentation de la quantité de polluants inhalés dans les 5 minutes précédant la mesure de la pression sanguine (liée à un accroissement des concentrations mesurées et/ou de l’activité physique et donc du débit respiratoire) et l’élévation de la pression systolique.

« Nous avons choisi de prendre en considération des fenêtres d’exposition courtes (5 min, 15 min, 30 min, 1 h) pour étudier le délai entre l’exposition à la pollution et la réponse de la pression artérielle, précise Basile Chaix. Ici, on observe que l’association est plus faible lorsque l’exposition est observée sur des fenêtres d’exposition supérieures à 5 minutes, ce qui témoigne de l’aspect immédiat de l’élévation de la pression sanguine en réponse à une augmentation des concentrations en polluants aériens dans le mélange étudié », ajoute le chercheur. Il poursuit : « Ces augmentations répétées de pression artérielle liées à l’exposition aux polluants de l’air en milieu urbain lors des déplacements pourraient contribuer, mois après mois et année après année, à une élévation chronique de la tension artérielle. »

Autre observation, lorsque l’on considère dans ces deux modèles la contribution individuelle de chaque polluant à l’effet du mélange sur la pression sanguine, l’ozone et le carbone suie se présentent comme les contributeurs les plus importants à son élévation

Peu d’études ayant utilisé ces méthodes de mesure et de modélisation pour étudier des mélanges plutôt que des polluants isolés, l’équipe de recherche précise qu’elle n’a pas, à l’heure actuelle, la possibilité de comparer ses résultats avec d’autres travaux et que ceux-ci doivent donc être interprétés avec prudence.

Cependant, si ces résultats sont vérifiés, ils pourraient être généralisables aux populations d’autres grandes villes européennes présentant des niveaux de pollution similaires à la métropole parisienne.

Quant aux implications de l’étude, Basile Chaix conclut : « Nos résultats plaident en faveur de la prise en compte de la pollution aérienne comme cause de l’hypertension et pour la mise en place de politiques publiques visant à diminuer l’exposition à cette pollution dans la vie de tous les jours et en particulier à réduire celle issue du trafic routier au cœur de nos villes. »

Pour la suite de ses travaux, l’équipe projette d’explorer les causes et mécanismes physiologiques derrières les associations observées dans cette étude.

 

[1]L’étude MobiliSense est conduite sur des habitants de la métropole du Grand Paris. Elle a pour objectif d’explorer les effets de l’exposition à la pollution aérienne et sonore sur la santé cardiovasculaire et respiratoire.

[2]Contrairement à la pression sanguine mesurée sur un patient au repos, la mesure de la pression sanguine ambulatoire se fait tout au long de la journée et des activités de la personne, via un appareil portatif

[3]Dans de précédents travaux, l’équipe avait montré que la quantité d’air pollué inhalée n’était pas directement proportionnelle aux concentrations de polluants dans la zone de respiration mais était aussi dépendante du débit respiratoire, qui varie avec l’intensité de l’activité physique. Le débit respiratoire a donc été estimé pour chaque participant à partir des mesures relevées par l’accéléromètre.

L’hydrocortisone administrée précocement améliore la survie des patients dans les pneumonies communautaires graves

L’hydrocortisone administrée précocement améliore la survie des patients dans les pneumonies communautaires graves admises en réanimation. © Adobestock

Dans son édition en ligne du 21 mars, le New England Journal of Medicine a publié les résultats de l’étude CAPE COD (Community-Acquired Pneumonie : Evaluation of COrticosteroiDs). Des résultats prometteurs, puisque l’étude, portée par des scientifiques du CHRU et de l’Université de Tours, avec l’Inserm, a démontré que l’hydrocortisone administrée précocement améliore la survie des patients dans les pneumonies communautaires graves admises en réanimation. Ce médicament, qui contient une hormone proche de la cortisone naturelle est déjà régulièrement utilisé comme traitement substitutif pour remplacer la cortisone.

Au vu de la prévalence élevée des pneumonies en population générale et de la bonne maîtrise de l’hydrocortisone, ces résultats sont très encourageants.

 

Le contexte de l’étude CAPE COD

On sait que des corticoïdes de synthèse facilitent l’évolution de pneumonies communautaires moins sévères (non hospitalisées en soins intensifs). Pour les formes sévères, une amélioration de la survie a déjà été évoquée, mais sans preuve définitive, le dernier essai publié, réalisé avec un corticoïdes de synthèse, n’ayant pas pu amener de preuve statistique d’un bénéfice. CAPE COD devait donc permettre de déterminer si l’hydrocortisone pouvait apporter un bénéfice dans la prise en charge des formes sévères.

 

La méthode

CAP COD consiste en un essai multicentrique (31 centres), en double aveugle, randomisé et contrôlé, sur des patients adultes admis en unité de soins intensifs (USI) tirés au sort pour recevoir soit de l’hydrocortisone, soit un placebo, en double aveugle (ni le patient, ni l’investigateur et les équipes médicale et soignante ne connaissaient le groupe tiré au sort).

L’originalité du projet réside dans le fait que le traitement ou le placebo étaient administrés à la même dose pour tous les 4 premiers jours, puis la durée totale du traitement et le rythme de diminution de dose étaient modulés en fonction de l’amélioration du patient. Le critère d’évaluation principal était la survie ou le décès à 28 jours.

1200 patients devaient être inclus, avec deux analyses intermédiaires planifiées après inclusion de 400 et 800 patients. Au vu des résultats significatifs, le comité de surveillance a recommandé l’arrêt de l’essai après inclusion de 800 patients.Outre une plus forte survie, la tolérance du traitement a été bonne : notamment, il n’y a pas eu plus d’infection acquise en réanimation chez les patients sous hydrocortisone (ce qui pouvait être redouté avec les traitements corticoïdes).

 

Le résultat principal

La mortalité 4 semaines après l’inclusion était de 6,2% chez les patients ayant reçu de l’hydrocortisone, et de 11,9% chez ceux ayant reçu le placebo, différence statistiquement significative (p=0,006). La mortalité à 90 jours restait plus basse dans le groupe traité à l’hydrocortisone.

La proportion de patients ayant été intubés et celle de ceux ayant reçu des médicaments vasoconstricteurs étaient également plus basses dans le groupe hydrocortisone.

Ainsi, cette étude montre bien une augmentation de survie chez les patients atteints de pneumonie communautaire grave admis en réanimation. C’est un résultat majeur car cet effet suspecté n’avait jamais été prouvé à ce jour. Or les pneumonies sont les infections les plus fréquentes, en population générale (mais toutes ne sont pas graves) et en réanimation.

De plus, l’hydrocortisone est un médicament ancien, au profil de sécurité parfaitement connu, peu coûteux, et disponible facilement.

Les mécanismes expliquant cette efficacité sont à ce stade assez mal connus. Il y a sans doute un effet de réduction de l’inflammation pulmonaire, une modulation de la réponse du système immunitaire, et sans doute d’autres mécanismes. Des échantillons biologiques prélevés à différents moments et conservés seront prochainement analysés dans les laboratoires du Centre d’Étude des Pathologies Respiratoires pour essayer demies de mieux comprendre ces mécanismes.

 

L’essai a été financé par le Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC), et promu par le CHRU de Tours.

Cette étude a été imaginée et conduite par le Pr Pierre-François Dequin, chef de service de médecine intensive – réanimation au CHRU de Tours, et membre de l’équipe 1 du Centre d’Etude des Pathologies Respiratoires / Inserm UMR 1100, avec l’aide des bio statisticiens au Centre d’Investigation Clinique (CIC) de Tours, du conseil scientifique du réseau de recherche CRICS-TriG- GERSep, et l’implication de beaucoup de personnes des centres investigateurs, de la délégation régionale à la recherche cli- nique de Tours, des CIC de Tours et Limoges, de la pharmacie et de l’unité de pharmacovigilance des essais du CHRU de Tours. Il a impliqué 31 services de réanimation français, dans des hôpitaux universitaires ou non universitaires, la plupart membres du réseau de recherche CRICS-TriGGERSep.

Étude sur les préjugés liés à l’obésité : quel regard ont les français ?

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© Photo i yunmai / Unsplash

Une étude publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine montre que les préjugés liés au poids sont répandus parmi les adultes français, en particulier l’idée réductrice selon laquelle l’obésité est due à un manque de volonté.

Ces travaux ont été réalisés par un consortium de chercheurs de l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN) de l’Université Sorbonne Paris Nord et Université Paris Cité, Inserm, INRAE, CNAM, Centre de Recherche en Épidemiologie et Statistiques (CRESS) et des services de Nutrition de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP).

 

Contexte de l’étude

Une proportion importante de personnes en situation d’obésité déclare avoir déjà été victime de stigmatisation en raison de leur poids, de la part principalement de la famille, des camarades de classe, d’un médecin, ou de collègues de travail. Les conséquences de cette stigmatisation sont nombreuses et incluent une moindre réussite académique, une altération des relations sociales, une majoration des troubles du comportement alimentaire et des symptômes anxieux et dépressifs, un évitement des activités physiques, une prise de poids accentuée ou encore un moindre recours aux soins.

Les préjugés liés au poids, et en particulier l’adhésion à l’idée selon laquelle les personnes en situation d’obésité « manquent de volonté », figurent parmi les principales causes de la stigmatisation des personnes en situation d’obésité. Des études réalisées à l’étranger ont montré que les préjugés liés au poids sont répandus dans la population, particulièrement chez les hommes. À ce jour cependant, aucune étude n’avait évalué les préjugés liés au poids dans une large population d’adultes français.

 

Objectif de l’étude et principaux résultats

L’objectif de cette étude consistait à évaluer les préjugés négatifs liés au poids parmi les participantes et participants de l’étude NutriNet-Santé (voir encadré).

Les préjugés explicites liés au poids (définis comme des préjugés conscients et intentionnels) ont été évalués en 2019 auprès de 33 948 adultes français participant à l’étude NutriNet-Santé. Parmi eux, 24 % étaient en surpoids et 11 % en situation d’obésité, soit un total de 35 % en situation de surpoids ou d’obésité. Les données ont été redressées sur le sexe, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’éducation et la zone résidentielle pour optimiser la représentativité de l’échantillon par rapport à la population française.

Les préjugés liés au poids ont été évalués à l’aide du questionnaire « Anti-Fat Attitude Questionnaire » (Crandall, 1994) évaluant trois dimensions : 1) l’antipathie envers les personnes en situation d’obésité (exemple de question : « Si j’étais un employeur, j’éviterais peut-être d’embaucher une personne en surpoids »), 2) la préoccupation excessive vis-à-vis du poids (exemple de question : « Une des pires choses qui pourrait m’arriver serait de prendre 10 kg », et 3) l’accord avec l’idée selon laquelle l’obésité est liée à un manque de volonté (exemple de question : « Certaines personnes sont en surpoids parce qu’elles n’ont pas de volonté »). Plusieurs résultats ressortent des analyses réalisées par les scientifiques :

1) Les scores d’antipathie vis-à-vis des personnes en situation d’obésité étaient faibles, avec 9 % des participants (12 % des hommes et 6 % des femmes) qui présentaient des préjugés négatifs sur ce point. Il n’est toutefois pas exclu que les préjugés réels soient plus répandus et qu’un potentiel biais de désirabilité sociale ait pu entraîner une sous-déclaration.

2) La préoccupation excessive vis-à-vis du poids était le préjugé le plus répandu, avec 55 % des participants (62 % des femmes et 47 % des hommes) présentant des scores élevés. Les scores étaient plus élevés chez les personnes en situation d’obésité et chez les étudiants, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Le questionnaire utilisé n’a pas permis de savoir s’il s’agissait d’une préoccupation vis-à-vis de son poids pour préserver sa santé ou d’une préoccupation excessive pour satisfaire des critères de beauté et de minceur tels que véhiculés par les médias et les réseaux sociaux. D’autres études seront nécessaires pour mieux comprendre l’origine de cette préoccupation.

3) En ce qui concerne le préjugé portant sur le « manque de volonté », 45 % des personnes interrogées (38 % des femmes, 54 % des hommes) présentaient des scores élevés témoignant d’une adhésion à l’idée que l’obésité est due à un manque de volonté. Les personnes en situation d’obésité présentaient des scores plus faibles mais non nuls, ce qui suggère une internalisation de ces préjugés par les personnes qui souffrent d’obésité. Un niveau d’étude plus faible était également associé à des scores plus élevés, suggérant un rôle de l’éducation pour limiter les préjugés liés au poids.

 

Interprétation des résultats et perspectives

Les résultats de cette étude montrent que les préjugés négatifs liés à l’obésité sont très répandus parmi les adultes en France, et correspondent davantage à une préoccupation excessive de prendre du poids et à la croyance que l’obésité est liée à un manque de volonté qu’à une antipathie vis-à-vis des personnes en situation d’obésité. Ils mettent l’accent sur la nécessité de mettre en place des mesures susceptibles de changer le regard de la société sur l’obésité et les personnes qui en souffrent.L’obésité est une pathologie dite multifactorielle impliquant des facteurs comportementaux (en premier lieu nos habitudes alimentaires et d’activité physique), environnementaux et sociétaux, et biologiques. Il est ainsi réducteur de croire que la façon dont nous nous alimentons et dont nous bougeons est simplement une affaire de choix personnel.

Si les choix au quotidien doivent être orientés dans un sens favorable à la santé et au maintien du poids, « c’est en agissant en amont sur les déterminants de ces choix, en particulier en modifiant notre environnement de vie pour le rendre plus favorable à la santé, que l’on peut espérer prévenir l’augmentation continue de l’obésité en France et dans le monde. En parallèle, il est fondamental de lutter contre les préjugés selon lesquels les personnes en situation d’obésité le seraient uniquement par manque de motivation personnelle. »

 

L’étude NutriNet-Santé est une étude de santé publique coordonnée par l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (Université Sorbonne Paris Nord/Inserm/INRAE/Cnam/Université Paris Cité), qui, grâce à l’engagement et à la fidélité de plus de 170 000 Nutrinautes, fait avancer la recherche sur les liens entre la nutrition (alimentation, activité physique, état nutritionnel) et la santé. Lancée en 2009, l’étude a déjà donné lieu à plus de 250 publications scientifiques internationales.

Un appel au recrutement de nouveaux Nutrinautes est toujours lancé afin de continuer à faire avancer la recherche sur les relations entre la nutrition et la santé.

En consacrant quelques minutes par mois à répondre, via Internet, sur la plateforme sécurisée etude-nutrinet-sante.fr aux différents questionnaires relatifs à l’alimentation, à l’activité physique et à la santé, les participants contribuent à faire progresser les connaissances sur les relations entre l’alimentation et la santé.

Hypertension artérielle: le bénéfice d’une thérapie par ultrasons montré

Prise de la tension artérielle chez un patientPrise de la tension artérielle chez un patient © Inserm/Depardieu, Michel

Des équipes du Centre d’Excellence en Hypertension Artérielle de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, d’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’hôpital Presbytérien de New-York, coordonnées par le Pr Michel Azizi, ont montré le bénéfice de la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons chez les patients atteints d’hypertension artérielle. Ces travaux ont fait l’objet de publications internationales le 28 février 2023 dans les revues JAMA et JAMA Cardiology.

En France, l’hypertension artérielle (HTA) touche environ 30% de la population et peut conduire à des complications cardiovasculaires ou rénales graves, parfois mortelles. Malgré la disponibilité de nombreux médicaments, l’HTA reste mal contrôlée chez près de la moitié des patients hypertendus.

La dénervation rénale par voie endovasculaire est une technique qui a été développée pour répondre à cette problématique, en l’absence de disponibilité de nouveaux médicaments depuis 2007. Son principe repose sur l’interruption de l’activité électrique des nerfs du système nerveux sympathique à destinée rénale en délivrant des ultrasons focalisés par l’intermédiaire d’un cathéter.

Après de premiers résultats positifs dans l’HTA modérée ou sévère et résistante aux traitements, les équipes de recherche ont poursuivi leurs travaux dans une nouvelle étude de phase III.

Cette étude internationale menée par le Pr Michel Azizi et le Pr Ajay Kirtane (Columbia University Medical Center/NewYork-Presbyterian Hospital), en collaboration avec une start-up américaine (ReCor Medical), compare la dénervation rénale par ultrasons à une intervention factice (« sham » en anglais) pour le traitement de 224 patients ayant une HTA non contrôlée (sans médicament ou malgré la prise de 1 à 2 médicaments antihypertenseurs).

Après interruption de tout traitement antihypertenseur pendant 3 mois sous surveillance médicale, la dénervation rénale a permis de réduire la pression artérielle de façon importante chez les patients.

La pression artérielle en journée a été réduite de 7,9 mmHg dans le groupe dénervation rénale alors qu’elle n’a été réduite que de 1,8 mmHg dans le groupe « sham » à 2 mois, soit une différence cliniquement pertinente de 6,3 mmHg.

Les effets étaient concordants sur la pression artérielle nocturne et sur la mesure de la tension en clinique et en automesure à domicile. Il n’y a eu aucune complication grave de la procédure. Un suivi à long terme est prévu.

Une méta-analyse regroupant les 3 essais cités ci-dessus a permis de compiler les données de plus de 500 patients. Elle a mis en évidence des résultats très cohérents d’un essai à un autre, montrant ainsi que la dénervation rénale par ultrasons diminue en toute sécurité la pression artérielle dans tous les stades de gravité de l’HTA.

Les résultats de cette étude ont été publiés dans le JAMA3 le 28 février 2023, tandis que ceux de la méta-analyse des trois essais ont été publiés simultanément dans le JAMA Cardiology4.

« L’ensemble de ces résultats conforte le rôle de cette thérapie pour la prise en charge des patients ayant une HTA, ce d’autant que le suivi à 36 mois des patients inclus dans les premiers essais a déjà montré la persistance de son effet bénéfique. Les indications retenues pour la dénervation rénale sont les formes d’HTA les plus sévères et/ou résistantes aux traitements antihypertenseurs. Nous allons désormais pouvoir proposer la dénervation rénale en tant que traitement additionnel pour les patients hypertendus sévères ou résistants,en accompagnement des médicaments antihypertenseurs et des règles hygiéno-diététiques » explique le Pr Michel Azizi.

 

[1] Endovascular ultrasound renal denervation to treat hypertension (RADIANCE-HTN SOLO): a multicentre, international, single-blind, randomised, sham-controlled trial https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)31082-1

[2] Ultrasound renal denervation for hypertension resistant to a triple medication pill (RADIANCE-HTN TRIO): a randomised, multicentre, single-blind, sham-controlled trial https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)00788-1

[3] Endovascular Ultrasound Renal Denervation to Treat Hypertension. The RADIANCE II Randomized Clinical Trial. https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2801849

[4] Patient-Level Pooled Analysis of Ultrasound Renal Denervation in the Sham-Controlled RADIANCE II, RADIANCE-HTN SOLO, and RADIANCE-HTN TRIO Trials. https://jamanetwork.com/journals/jamacardiology/fullarticle/2802098

[5] Renal denervation in the management of hypertension in adults. A clinical consensus statement of the ESC Council on Hypertension and the European Association of Percutaneous Cardiovascular Interventions (EAPCI)

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