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Biais cognitifs dans le soin : comment l’IA générative pourrait aider à améliorer la prise en charge

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Les biais cognitifs humains peuvent particulièrement impacter la prise de décision lorsque celle-ci doit être rapide, en particulier lorsqu’elle présente un enjeu vital, comme lors de la prise en charge médicale aux urgences par exemple. Une équipe de recherche de l’Inserm et de l’université de Bordeaux a mis à l’épreuve une méthode avancée d’intelligence artificielle générative[1], entraînée avec les données des dossiers patients correspondants à 480 000 entrées aux urgences du CHU de Bordeaux. Ses résultats, présentés lors de la conférence Machine Learning for Health à Vancouver et publiés en parallèle dans la revue Proceedings of Machine Learning Research, montrent que l’IA testée est susceptible de reproduire et de mesurer les biais des soignants relatifs au genre des patients lors du triage. Ils constituent un cas d’usage de la façon dont les nouveaux algorithmes d’IA générative peuvent être mis à profit pour identifier et comprendre les biais cognitifs humains.

Dans les situations d’urgence de soin nécessitant une prise de décision rapide, les biais cognitifs humains, en particulier ceux dits « de jugement », peuvent avoir un impact critique sur la décision médicale et sur le pronostic du patient. Ces « raccourcis cognitifs » interviennent en effet lorsque les personnes doivent former une opinion ou prendre une décision à partir d’une information incomplète ou peu nuancée. La prise de décision peut ainsi être affectée de manière inconsciente par ces biais (liés par exemple au sexe/genre, à l’âge, à l’ethnie…), et conduire à sous-estimer ou à surestimer la sévérité de l’état d’une personne.

Alors, comment mieux identifier ces biais et diminuer leur impact ? Une réponse pourrait se trouver dans l’intelligence artificielle et en particulier dans les IA génératives dites « grands modèles de langage » (LLMs), c’est-à-dire capables d’imiter les prises de décision humaine grâce à leur maîtrise du langage humain (à l’image de ChatGPT par exemple). Ces modèles sont en effet capables d’appréhender efficacement le « texte libre »[2] qui constitue une grande partie des données cliniques relevées par les soignants, en particulier aux urgences hospitalières.

Une équipe dirigée par Emmanuel Lagarde[3], directeur de recherche Inserm, au sein du centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm/Université de Bordeaux), s’est ainsi intéressée au potentiel de ces LLMs pour détecter et quantifier les biais de genre en situation de prise de décision rapide. Le choix du contexte d’évaluation de cette méthode s’est porté sur le cas spécifique du triage[4] des patients aux urgences médicales. La justesse de ce dernier est en effet critique : la sous-estimation d’une urgence qui reporterait la prise en charge peut entraîner la dégradation du pronostic d’un patient. A contrario, surestimer la gravité de l’état de la personne peut entraîner une surutilisation de ressources qui peut être particulièrement préjudiciable en cas d’affluence forte.

Les scientifiques ont utilisé une approche innovante, consistant à entraîner l’IA à trier les patients à partir des textes contenus dans leur dossier, reproduisant ainsi les éventuels biais cognitifs du personnel infirmier en charge de ce triage. Cet apprentissage du modèle a porté sur les dossiers de plus de 480 000 entrées au service des urgences du CHU de Bordeaux entre janvier 2013 et décembre 2021.

Une fois entraîné, le modèle était capable d’attribuer un score de triage (évaluant la sévérité de l’état du patient ou de la patiente) à partir de la lecture d’un dossier, comme le ferait le soignant. Le dossier était ensuite maquillé, de façon à modifier le genre de la personne dans les textes cliniques, et un nouveau score était attribué par le modèle. C’est la différence entre ces deux notations, produites à partir du dossier original d’une part et du dossier maquillé d’autre part, qui a ensuite permis l’estimation du biais cognitif.

Les résultats ont montré un biais significatif de l’IA au détriment des femmes : à dossiers cliniques identiques, la sévérité de leur état avait tendance à être sous-évaluée par rapport à celle des hommes (environ 5 % étaient classées « moins critiques » tandis que 1,81 % étaient classées comme « plus critiques »). A contrario, la sévérité de l’état des hommes avait tendance à être légèrement surévaluée (« plus critiques » pour 3,7 % contre 2,9 % « moins critiques »). Ce biais était d’autant plus marqué que le personnel infirmier était inexpérimenté.

« Ces travaux montrent comment les grands modèles de langage peuvent aider à détecter et à anticiper les biais cognitifs humains, ici dans l’exemple d’un objectif de prise en charge plus équitable et plus efficace aux urgences médicales », précise Emmanuel Lagarde. « La méthode utilisée montre que, dans ce contexte, les modèles LLMs sont capables d’identifier et de reproduire les biais qui guident la prise de décision humaine dans les données cliniques relevées par le personnel soignant », ajoute Ariel Guerra-Adames, doctorant et premier auteur de ces travaux[5].

Les prochains travaux de l’équipe vont se concentrer maintenant sur l’évaluation des biais liés à d’autres caractéristiques des patients (âge, groupe ethnique). À terme, le système devrait également être affiné avec l’introduction de variables non verbales (expressions faciales, ton de la voix) qui n’apparaissent pas nécessairement dans les données écrites et peuvent être pourtant critiques dans la prise de décision.

 

[1] L’intelligence artificielle générative est un système d’IA capable de créer du contenu, qu’il s’agisse de textes, d’images, de sons, de vidéos ou d’autres formes de données.

[2] En contexte médical, le texte libre désigne des informations consignées sous forme de texte non structuré, c’est-à-dire sans organisation rigide ou format prédéfini. Cela inclut les écrits rédigés directement par les professionnels de santé pour décrire des observations, diagnostics, traitements ou antécédents, souvent dans un langage naturel.

[3] En collaboration avec Cédric Gil-Jardiné du service des urgences du CHU de Bordeaux et Marta Avalos du centre Inria de l’université de Bordeaux

[4] Le triage aux urgences médicales consiste à classer les patients en fonction de la sévérité de leur état, afin d’optimiser l’ordre de prise en charge et ainsi de sauver un maximum de personnes. Il est réalisé par des personnels infirmiers dédiés qui, pour ce faire, collectent auprès de chaque malade différentes informations (raison de la visite, signes vitaux, historique médical…) et attribuent un score « d’urgence » selon une échelle validée.

[5] Ariel Guerra-Adames a reçu le prix de la meilleure communication dans le cadre de la présentation de ce travail pour la conférence Machine Learning for Health à Vancouver.

Les PFAS peuvent altérer la santé du placenta pendant la grossesse

Image décorative ventre de femme enceinte crédits AdobeStock © AdobeStock

Omniprésents dans notre quotidien, les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont associés à des conséquences néfastes sur la grossesse et le développement du fœtus, selon plusieurs publications récentes. Dans une nouvelle étude réalisée auprès de 367 femmes enceintes, des chercheuses et des chercheurs de l’Inserm, de l’Université Grenoble Alpes (UGA), du CEA et du centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHU), ont examiné l’impact de ces polluants sur le placenta. Publiés le 30 janvier 2025 dans la revue Environment International, leurs résultats suggèrent une association entre l’exposition à plusieurs PFAS et une altération de cet organe qui assure les échanges entre le sang de la mère et celui du fœtus[1].

La littérature scientifique regorge d’études qui associent les per- et polyfluoroalkylées, plus connus sous le nom de PFAS[2], à des effets indésirables pour la mère et l’enfant. Plusieurs travaux suggèrent que l’exposition à ces substances, devenues incontournables dans notre quotidien en raison de leurs propriétés antiadhésives et imperméables ainsi que de leur résistance aux fortes chaleurs, augmente le risque de donner naissance à des bébés de petit poids ou de souffrir de troubles hypertensifs pendant la grossesse.[3]

Une nouvelle étude coordonnée par l’Inserm et le CHU publiée le 30 janvier 2025 dans la revue Environment International ouvre la voie à une meilleure compréhension des mécanismes expliquant certains de ces effets. Ils pourraient provenir en partie d’une altération du placenta.

« Le placenta est un organe essentiel pendant la grossesse qui fait le lien entre la mère et le fœtus et permet, entre autres, les échanges de gaz et de nutriments », explique Claire Philippat, co-dernière autrice de l’étude et chercheuse à l’Inserm.  

Ces résultats ont été obtenus par un consortium de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, du CEA, de l’UGA et du CHU de Grenoble. Ils se fondent sur une cohorte de 367 mères (et de leurs enfants) recrutées entre 2014 et 2017 dans la région grenobloise[4].

L’équipe s’est intéressée aux conséquences de l’exposition à treize per- et polyfluoroalkylées sur la santé du placenta. Les chercheurs ont constaté que trois d’entre eux[5] semblent affecter l’intégrité des villosités placentaires, structures qui assurent les échanges entre le sang maternel et le réseau vasculaire fœtal.

Concrètement, ces altérations suggèrent une moins bonne perfusion de l’organe et une diminution des échanges entre la mère et le fœtus, ce qui peut entraîner une baisse des apports en oxygène et en nutriments.

« Selon de précédentes études, les dérégulations dans les échanges fœto-maternels seraient associés aux retards de croissance intra-utérins et au développement de la prééclampsie », explique Nadia Alfaidy, directrice de recherche à l’Inserm et co-dernière autrice de cette étude. La prééclampsie se caractérise par une hypertension artérielle et une présence importante de protéines dans les urines.

Le poids du placenta semble aussi réduit chez les femmes présentant les concentrations les plus élevées de sept PFAS[6] . Or, plusieurs études suggèrent qu’une diminution du poids de cet organe peut indiquer que ses fonctions sont compromises, affectant le développement du fœtus[7].

Alors que de précédents travaux de recherche ont déjà tenté de déterminer comment les PFAS affectent le poids[8] et la vascularisation du placenta[9], « notre étude est la première à disposer de marqueurs histologiques spécifiques, qui rendent compte de la structure du placenta. Ces marqueurs permettent d’apporter des éléments sur les mécanismes par lesquels les PFAS pourraient affecter la santé placentaire », commente Claire Philippat.

À l’avenir, l’équipe scientifique souhaite reproduire cette étude à plus grande échelle pour confirmer ces résultats : « Nous espérons qu’une étude nationale verra le jour sous peu afin de mieux comprendre les conséquences de l’exposition aux PFAS sur la santé de la mère et de l’enfant », conclut la chercheuse.

 

[1] https://www.inserm.fr/c-est-quoi/allo-la-mere-cest-quoi-le-placenta/

[2] https://presse.inserm.fr/cest-dans-lair/un-point-sur-les-pfas/

[3] https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0300483X20302043?via%3Dihub

[4] https://cohorte-sepages.fr

[5] Les PFHxA (acides perfluorohexanoïques), les PFHpA (acides perfluoroheptanoïques) et les PFTrDA (acides perfluorotridecanoiques)

[6] Les PFDA (acides perfluorodécanoïques), PFHpS (acides perfluoroheptanes sulfoniques), PFHxS (acides perfluorohexanes sulfoniques), PFNA (les acides perfluorononanoïques), PFOA (les acides perfluorooctanoïques), PFOS (perfluorooctane sulfonate), PFUnDA (acide perfluoro-n-undécanoïque)

[7] https://scholar.google.com/scholar_lookup?title=The%20placenta%20is%20the%20center%20of%20the%20chronic%20disease%20universe&publication_year=2015&author=K.L.%20Thornburg&author=N.%20Marshall

[8] https://academic.oup.com/aje/article-abstract/168/1/66/123645?redirectedFrom=fulltext&login=false

[9] https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0143400424000699

Immunothérapie : combiner les données pour mieux prédire l’efficacité

Cancer du poumon, modélisation en 3D crédits Fotalia© Fotolia

Comment améliorer la prédiction de la réponse à l’immunothérapie dans le cancer du poumon non à petites cellules ? Des chercheurs de l’Institut Curie, de l’Inserm et de Mines Paris-PSL ont relevé ce défi en combinant différents types de données d’examens (génomiques, radiomiques, anatomopathologiques, cliniques) au sein d’algorithmes d’intelligence artificielle inédits. Une première, qui vient d’être publiée dans la revue Nature Communications.

Dans la grande majorité des cancers du poumon (plus précisément dans les cancers du poumon non à petites cellules[1]), l’immunothérapie est prescrite en première ligne pour 85 % des patients. Or, certains y répondent et d’autres non. Réussir à prédire l’efficacité de ce traitement représente donc un enjeu crucial afin de gagner du temps sur l’évolution de la maladie, éviter des effets secondaires inutiles et réduire les coûts. Des scientifiques de l’Institut Curie, de l’Inserm et de Mines Paris-PSL, se sont lancés dans un projet pionnier, financé par la Fondation Arc[2] et PR[AI]RIE[3], à la recherche de nouveaux biomarqueurs prédictifs.

Pionnier d’abord en termes d’organisation : 16 chercheurs de l’Institut Curie, de l’Inserm et de Mines Paris-PSL, aidés de nombreux collègues et issus de divers domaines (imagerie, intelligence artificielle, pathologie, radiomique, biologie de la tumeur…) ont collaboré de manière transdisciplinaire autour de mêmes jeux de données.

Pionnier ensuite en termes de résultats : cette équipe est parvenue à identifier la meilleure combinaison de données pour prédire la réponse à l’immunothérapie dans le cancer du poumon non à petites cellules.

La preuve de l’intérêt de la multimodalité

« En collaboration avec l’équipe du Pr Nicolas Girard, chef du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie, nous avons recueilli, pour 317 patients, des données transcriptomiques, c’est-à-dire d’expression du génome ; des données de radiomique, donc d’imagerie ; des données d’anatomopathologie de la tumeur ; et enfin des données cliniques », détaille le Dr Emmanuel Barillot, directeur de l’unité Oncologie computationnelle (U1331, Institut Curie, Inserm). « Nous avons ainsi découvert que les algorithmes qui combinent les données de trois ou quatre de ces modalités prédisent toujours mieux la réponse au traitement que ceux n’en utilisant qu’une ou deux. Cette preuve de l’intérêt de la multimodalité n’avait pas encore été rapportées pour le cancer du poumon non à petites cellules ».

Mieux encore, les scientifiques ont repéré les modalités les plus prédictives et les ont reliées à des mécanismes biologiques.

« Nous avons par exemple observé que le transcriptome fournit des informations de bonne qualité, notamment parce qu’il permet de quantifier les cellules dendritiques – dont l’action dans la réponse à l’immunothérapie est déjà connue », poursuit le chercheur.

 

L’espoir d’une application prochaine en clinique

Des découvertes qui auront un impact à court mais aussi à long terme.

« Nos prochaines recherches vont s’attacher à intégrer encore plus de données dans nos algorithmes pour vérifier la fiabilité des prédictions et l’améliorer encore », annonce Nicolas Captier, premier auteur de l’étude et doctorant dans l’équipe Biologie des systèmes du cancer de l’Institut Curie. « Et à terme, l’espoir est de pouvoir utiliser de tels algorithmes pour l’élaboration de la stratégie thérapeutique. »

La pratique exigera pour sa mise en place une étroite collaboration avec les médecins : un processus qui devrait être facilité par la capacité des chercheurs de l’Institut Curie à travailler de manière translationnelle avec les équipes de l’Ensemble hospitalier.

[1] Ces cancers représentent plus de 80 % des cancers du poumon et regroupent les adénocarcinomes (60 % des cas), les carcinomes épidermoïdes (30 % des cas) et les carcinomes à grandes cellules (plus rares).

[2] Fondation pour la recherche sur le cancer

[3] L’un des quatre instituts français d’intelligence artificielle qui rassemble l’Université PSL, comprenant l’Institut Curie, ainsi que l’Université Paris Cité, le CNRS, l’Inria, l’Institut Pasteur, et des acteurs industriels majeurs comme Google et Meta.

Premiers résultats de la grande enquête nationale « Contexte des sexualités en France 2023 »

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Les transformations de la société française au cours des dernières décennies, tant sur le plan social et juridique, qu’économique et technologique, ont eu une incidence sur les représentations et les pratiques dans le domaine de la sexualité et de la santé sexuelle. Afin de mieux comprendre ces évolutions, l’ANRS Maladie infectieuses émergentes a initié et financé la recherche « Contexte des sexualités en France » 2023 (CSF-2023) menée par des chercheuses de l’Inserm et de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avec une équipe pluridisciplinaire. Il s’agit de la 4ème recherche portant sur ce sujet en France, la dernière datant de 2006.

Trois thématiques structurent cette recherche :

  • Etudier la diversification des représentations, des pratiques et des trajectoires sexuelles dans un contexte social profondément marqué par l’évolution des rapports entre les femmes et les hommes, par les changements dans les modes de vie, par le développement des espaces numériques, par les enjeux liés au consentement sexuel et l’évolution du cadre normatif dans ce domaine.
  • Analyser l’effet des conditions de vie sur les trajectoires sexuelles, en observant comment les situations familiales, économiques, professionnelles, administratives et résidentielles contribuent au développement de nouvelles pratiques, à façonner les capacités de négocier une sexualité choisie et des rapports sans risques, à accéder aux ressources en santé sexuelle et reproductive.
  • Analyser les relations positives et/ou négatives entre différentes dimensions de la sexualité et l’état de santé (santé mentale, maladies chroniques ou limitations fonctionnelles) à différents âges de la vie. La recherche interroge aussi les nouvelles modalités d’accès au système de santé, en matière d’éducation à la sexualité, de choix et d’accès aux outils de prévention et de recours aux traitements via les plateformes numériques.

Enfin, la recherche CSF-2023 est conçue pour fournir des indicateurs clés permettant d’évaluer la stratégie nationale de santé sexuelle à l’horizon 2030.

Télécharger le dossier de l’enquête Contexte des sexualités en France 2023

La recherche a été financée par l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes. Elle bénéficie également des contributions de l’Inserm et l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, avec le concours de Santé publique France (SpFrance), de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) et de la Direction Générale de la Santé (DGS).

Grandes causes de décès en France en 2022

Parmi la population qui réside en France, 673 190 personnes sont décédées en 2022 sur le territoire. Les cancers, première cause de décès, comptent pour un quart des décès (25,5%). © Adobe Stock

La Direction de la recherche, des études et de l’évaluation des statistiques (DREES), le Centre d’épidémiologie des causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDc-Inserm) et Santé Publique France analysent les causes médicales de décès des personnes résidentes et décédées en France en 2022. Deux études complémentaires, qui présentent ces résultats, sont publiées conjointement dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Santé publique France) et dans un Études et Résultats (DREES). Elles s’appuient sur la statistique nationale des causes de décès produite par le CépiDc de l’Inserm à partir du recueil exhaustif et de l’analyse des volets médicaux des certificats de décès.

Parmi la population qui réside en France, 673 190 personnes sont décédées en 2022 sur le territoire, un effectif plus élevé qu’en 2020 et 2021, deux années pourtant fortement impactées par l’épidémie de Covid-19. Les personnes décédées en 2022 étaient en moyenne plus âgées qu’en 2021. Le taux de mortalité standardisé, qui tient compte du vieillissement de la population, est stable par rapport à 2021 tous âges confondus (886,6 décès pour 100 000 habitants) et plus élevé que celui auquel conduirait la prolongation des tendances à la baisse 2015-2019. Ce taux augmente fortement chez les personnes de 85 ans et plus.

Première cause de décès, les tumeurs, 2ème les maladies cardio-neurovasculaires

En 2022, les tumeurs, c’est-à-dire les cancers, première cause de décès, comptent pour un quart des décès (25,5%). Les décès dus aux tumeurs concernent des personnes en moyenne plus jeunes que ceux toutes causes confondues. La mortalité par tumeur poursuit sa tendance à la baisse mais se stabilise chez les femmes.

Les maladies cardio-neurovasculaires (comme, par exemple, l’infarctus du myocarde, l‘AVC et l’insuffisance cardiaque), deuxième cause de décès, comptent pour 20,8% des décès. Ces décès concernent des personnes généralement âgées. Il s’agit de la cause la plus fréquente chez les 85 ans et plus. Entre 2021 et 2022, la mortalité due aux maladies cardio-neurovasculaires qui tient compte du vieillissement de la population augmente légèrement chez les femmes, alors qu’elle reste stable chez les hommes. Comme en 2021, cette mortalité est plus élevée tous sexes et tous âges que ce que suggérait la prolongation des tendances d’avant la crise sanitaire.

Selon une première estimation encore provisoire des taux et du nombre de décès par cause, la mortalité selon chacune de ces deux causes baisserait légèrement en 2023.

Moins de décès dus au Covid-19, hausse des décès dus aux maladies respiratoires hors Covid-19 qui deviennent la 3ème cause de décès

En 2022, les décès dus à des maladies de l’appareil respiratoire (hors Covid-19) ont fortement progressé et représentent 6,7% des décès, soit la 3ème cause de décès ; la mortalité se rapproche de son niveau d’avant crise sanitaire. Ces décès concernent des personnes âgées : la moitié d’entre elles ont 86 ans ou plus. La hausse en 2022 pourrait s’expliquer en partie par les deux épidémies de grippe saisonnières 2021-22 et 2022-23 et à la circulation active d’autres virus respiratoires (notamment virus respiratoire syncytial). A l’inverse, le nombre de décès dus au Covid-19, lui, diminue de près d’un tiers par rapport à 2021 et devient la 5ème cause de décès.

Ce recul pourrait s’expliquer en grande partie par l’atteinte d’une immunité collective élevée au niveau national comme international (couverture vaccinale large, moindre virulence des variants). Ce recul se poursuivrait en 2023.

La mortalité due aux accidents augmente, notamment chez les plus âgés

En 2022, le nombre de décès dus à des causes externes[1] est de 44 800, soit 6,7 % des décès. Les causes externes sont la deuxième cause de mortalité chez les personnes de moins de 65 ans, après les tumeurs.

Pour la première année depuis 2020, la mortalité due aux causes externes, en particulier les accidents, est aussi significativement plus élevée que ce suggérait la prolongation des tendances d’avant-crise sanitaire.

En 2022, la mortalité due aux accidents augmente dans toutes les classes d’âge, notamment chez les plus de 85 ans. Cette hausse est portée par une augmentation des chutes et des accidents domestiques. Les décès dus à des accidents de transport augmentent aussi en 2022 sans cependant retrouver le niveau d’avant la crise sanitaire.

Des ruptures de tendances pour certaines causes qui se confirment en 2022

La hausse de la mortalité pour la majorité des autres grandes causes se poursuit en 2022, en rupture avec la tendance à la baisse qui était observée avant la crise sanitaire du Covid-19. C’est notamment le cas des maladies endocriniennes et des maladies de l’appareil digestif.

Des décès plus fréquemment à domicile et en Ephad

Enfin, la part des décès en établissement public de santé continue de diminuer, alors que celles en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et à domicile progressent en 2022.

Deux études complémentaires, pour mieux documenter les causes de décès en 2022 et leurs évolutions

L’article du BEH analyse les grandes causes de décès en 2022 et leurs évolutions en comparaison à la période 2015-2019 et à 2020 et 2021. La publication Études et Résultats détaille, quant à elle, la mortalité due aux accidents et aux suicides. Elle examine aussi les évolutions des lieux institutionnels de décès selon la cause. Enfin, elle présente une première estimation des causes de décès en 2023.

Consulter les publications et les données associées:

– Cadillac M, Fouillet A, Rivera C, Coudin E. « Les causes de décès en France en 2022 : recul du Covid-19 et hausse des maladies respiratoires », Études et Résultats, n°1312 https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/241008_ER_les-causes-de-deces-2022

– Fouillet A, Cadillac M, Rivera C, Coudin É. Grandes causes de mortalité en France en 2022 et tendances récentes. Bull Épidémiol Hebd. 2024;2024;(18):388-404. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/18/2024_18_1.html

Grandes causes de décès en 2022 et tendances récentes page dédiée sur le site du CépiDc : https://www.cepidc.inserm.fr/donnees-et-publications/grandes-causes-de-deces-en-2022-et-tendances-recentes

[1] Les causes « externes » comprennent tous les accidents (dont les accidents du transport, les chutes accidentelles, les accidents domestiques, les intoxications accidentelles, les noyades…), ainsi que notamment les suicides, les homicides,… 

Accidents de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans : 550 000 consultations en médecine générale et en pédiatrie par an en France hexagonale

enfants jouant à la balle _ étude AVICOUQuel que soit l’âge, les chutes étaient la cause principale des accidents selon l’étude AVICOU © photo Robert Collins sur Unsplash

Les accidents de la vie courante regroupent les accidents domestiques, de sports et de loisirs, ceux qui surviennent à l’école et lors de tout autre moment de la vie privée. Ils sont la première cause de décès chez les enfants de 1 à 4 ans, et la deuxième cause de décès chez les 5 à 14 ans. La plupart de ces accidents étant évitables, il est essentiel de disposer de données détaillées et actualisées sur leurs caractéristiques afin de mieux cibler les actions de prévention. A cette fin, la Direction générale de la santé a diligenté une étude – l’étude AVICOU – auprès des équipes Inserm et Sorbonne Université du réseau Sentinelles.

Cette étude, menée de mai 2022 à juin 2023 auprès d’un échantillon de 162 médecins généralistes et de 31 pédiatres libéraux répartis sur l’ensemble du territoire hexagonal, estime à plus de 550 000 le nombre annuel de consultations en médecine de ville liées à un accident de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans (médecins généralistes : environ 476 000 ; pédiatres : environ 77 000). Les trois-quarts des cas ne consultaient pas les services d’urgences.

Elle souligne que les circonstances de survenue des accidents suivent les grandes étapes de la vie des enfants. Ainsi, les accidents survenaient le plus souvent à domicile chez les moins de 10 ans, lors d’activités sportives ou de loisirs à l’extérieur chez les 10 ans et plus.

Quel que soit l’âge, les chutes étaient la cause principale des accidents : le mobilier était le plus souvent impliqué chez les moins de 5 ans ; chez les plus de 5 ans, les chutes étaient souvent spontanées (lors de jeux en trébuchant). Environ 80% des consultations pour accidents de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans nécessitaient une prescription (médicaments, soins, inaptitude au sport, absence scolaire).

Cette étude confirme que la prévention des accidents de la vie courante, dont sont victimes les enfants, représente un enjeu de santé publique. Cet enjeu est notamment pris en compte dans la feuille de route 2024-2030 sur la pédiatrie et la santé de l’enfant.

Elle prévoit en particulier de renforcer la prévention des accidents de la vie courante des enfants âgés de 1 à 4 ans. Dans ce cadre, des actions de sensibilisation et de communication seront déployées auprès du grand public, avec des messages de prévention spécifiques selon les âges.

En savoir plus sur la surveillance épidémiologique des accidents de la vie courante :

Enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC) : enquête de Santé publique France sur le nombre et les caractéristiques des accidents de la vie courante donnant lieu à un recours aux soins d’urgence en milieu hospitalier.

Analyse des données du Centre d’épidémiologie des causes de décès (CépiDC) : données statistiques de mortalité issues de la base nationale des causes médicales de décès à partir des certificats de décès.

Étude des données d’expositions accidentelles à des toxiques chez les enfants : analyse de l’Anses à partir de données de plusieurs sources de recours aux soins entre 2014 et 2020.

Outils de prévention des accidents domestiques à destination du grand public :

Site 1000-premiers-jours.fr avec une rubrique sur les conseils pour éviter les accidents domestiques des enfants.

Jeu sérieux (serious game) « Zéro Accident : Un Jeu d’Enfant ! » : expérience immersive destinée à renforcer les compétences du grand public sur la prévention des accidents des enfants de moins de 5 ans. Le jeu est disponible en ligne et via l’application « 1000 premiers jours ».

Pour en savoir plus : le site de Santé publique France sur les accidents de la vie courante.

En savoir plus

Le réseau Sentinelles, composé de 1300 médecins généralistes et d’une centaine de pédiatres, est un réseau de surveillance et de recherche en soins primaires en France hexagonale (Iplesp – Inserm/Sorbonne Université) qui travaille en étroite collaboration avec Santé publique France.

Une avancée dans l’évaluation des biomarqueurs en transplantation rénale

Coupe de rein humain grossie 400 fois par un microscope à immunofluorescence polychromatique.Coupe de rein humain grossie 400 fois par un microscope à immunofluorescence polychromatique. © Inserm/Oriol, Rafael

Les équipes de recherche de l’Institut de Transplantation et Régénération d’Organes de l’université Paris Cité (PITOR), des services de néphrologie-transplantations des hôpitaux Saint-Louis et Necker-Enfants Malades AP-HP, et de l’Inserm, coordonnées par le Professeur Alexandre Loupy, ont étudié l’utilisation de biomarqueurs non invasifs dans le suivi du rejet en transplantation rénale. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication parue le 26 août 2024 dans la revue Kidney International.

Malgré des progrès thérapeutiques considérables, le rejet demeure une cause majeure de perte des greffons rénaux, soulignant l’urgence d’améliorer les méthodes de surveillance et de détection précoce. Depuis deux décennies, de nombreux biomarqueurs innovants ont démontré des performances prometteuses pour révolutionner le suivi post-transplantation et réduire le nombre de biopsies inutiles. Cependant, ces biomarqueurs nécessitaient une évaluation rigoureuse dans le cadre d’études internationales spécifiquement conçues pour déterminer leur utilité clinique. Il s’agit précisément de l’objectif de l’étude EU-TRAIN (EUropean TRAnsplantation and Innovation).

Cette étude a été financée à hauteur de 6,6 millions d’euros sur six ans par la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, promue par l’AP-HP et soutenue par l’Inserm et l’université Paris Cité. Elle est composée de 14 partenaires dans cinq pays (France, Espagne, Suisse, Allemagne et Royaume-Uni) dont neuf centres européens de référence en transplantation (hôpitaux Saint-Louis, Necker et Kremlin-Bicêtre AP-HP, CHU de Nantes, Barcelone-Vall d’Hebròn, Barcelone-Bellvitge, Berlin-Charité Mitte, Berlin-Charité Virchow, et Genève,) et la Société Européenne de Transplantation (ESOT).

L’étude EU-TRAIN se distingue par son approche méthodologique innovante, conçue pour répondre aux défis spécifiques de l’évaluation des biomarqueurs en vie réelle.

« Pour la première fois, nous avons mené une étude à grande échelle, prospective et multicentrique, spécifiquement conçue pour évaluer l’utilité clinique de multiples biomarqueurs non invasifs en les confrontant aux paramètres utilisés dans le soin courant et sans sélection des patients pour favoriser les biomarqueurs. De plus, aucune des multiples plateformes analytiques de l’étude ne connaissaient le statut des patients au moment des mesures des biomarqueurs sanguins. » Pr Carmen Lefaucheur (PU-PH UPCité – AP-HP), cheffe du service de néphrologie de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) et le Pr Alexandre Loupy (PU-PH UPCité – AP-HP), néphrologue à l’hôpital Necker-Enfants Malades AP-HP et directeur de l’Institut PITOR, co-derniers auteurs de l’article.

23 biomarqueurs sanguins ont été étudiés simultanément (19 ARN messagers sanguins et 4 anticorps ciblant des antigènes endothéliaux non-HLA) pour détecter le rejet dans une cohorte non sélectionnée de 412 patients ayant eu une transplantation rénale entre novembre 2018 et juin 2020. Au total, 812 biopsies de greffons rénaux avec mesure concomitante des biomarqueurs sanguins ont été réalisées chez ces patients.

Parmi eux, aucun ne présentait de valeur additionnelle par rapport aux paramètres du soin courant (fonction rénale, protéinurie et autres paramètres clinico-biologiques) pour détecter le rejet.

« Ces résultats soulignent l’importance d’une évaluation rigoureuse des biomarqueurs avant leur adoption clinique. Notre étude démontre que des biomarqueurs non invasifs prometteurs peuvent ne pas apporter de valeur ajoutée significative par rapport aux méthodes de suivi standard des patients. » Dr Valentin Goutaudier, néphrologue et chercheur à l’Institut PITOR, premier auteur de l’étude.

Ces résultats indiquent que ces biomarqueurs ne peuvent pas être généralisés à toutes les situations ni à tout moment après la transplantation et soulignent la nécessité de les évaluer dans des contextes d’utilisation spécifiques.

L’étude EU-TRAIN établit un nouveau paradigme pour la recherche en transplantation et sa méthodologie ouvre la voie à une nouvelle ère dans l’évaluation des biomarqueurs. Son design pourrait être appliqué à d’autres domaines de la médecine de transplantation, voire à d’autres spécialités médicales, ouvrant ainsi la voie au développement de nouveaux outils diagnostiques et pronostiques.

 » Notre approche offre un cadre robuste pour identifier les bons biomarqueurs de rejet. Une meilleure évaluation des biomarqueurs candidats permettra d’améliorer la sécurité des patients et de limiter les coûts de la recherche pour des candidats avec peu ou pas d’utilité clinique. «  Pr Carmen Lefaucheur.

Les résultats de l’étude EU-TRAIN ont des implications directes et significatives pour la pratique clinique en transplantation rénale. Ils fournissent des informations précieuses pour guider les décisions cliniques et orienter les futures recherches. Cette étude représente ainsi une étape importante vers une médecine de précision, en établissant des standards rigoureux pour l’évaluation et l’adoption de nouveaux biomarqueurs. Elle souligne également l’importance de la collaboration internationale et du financement de la recherche par des institutions comme la Commission européenne pour faire progresser la médecine de transplantation.

« Nos résultats confirment l’importance de certains biomarqueurs déjà utilisés, tout en nous incitant à la prudence dans l’adoption de nouveaux biomarqueurs sans preuves solides de leur utilité clinique, » conclut la Pr Carmen Lefaucheur.

La consommation d’aliments moins bien classés au Nutri-Score est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires

photo d'un cœur avec logo NutriScore L’alimentation serait responsable d’environ 30% des décès dus aux maladies cardiovasculaires. © Mathilde Touvier

Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité en Europe occidentale, représentant 1/3 des décès en 2019. L’alimentation serait responsable d’environ 30 % des décès dus aux maladies cardiovasculaires. Les politiques nutritionnelles de prévention constituent donc un enjeu de santé publique majeur pour ces pathologies. Dans un article à paraitre le 11 septembre 2024 dans le Lancet Regional Health-Europe, des chercheurs de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (CRESS-EREN), équipe mixte de l’Inserm, d’INRAE, du Cnam, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de l’université Paris Cité, en collaboration avec des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (OMS-CIRC), rapportent un risque accru de maladies cardiovasculaires associé à la consommation d’aliments moins bien classés sur l’échelle du Nutri-Score (nouvelle version 2024), au sein de la cohorte européenne EPIC. Au total, 345 533 participants de la cohorte, répartis dans 7 pays d’Europe et suivis pendant 12 ans  ont été inclus dans les analyses.

Le Nutri-Score est désormais bien connu et largement plébiscité[1] par les Français. Officiellement adopté en France en 2017 (et dans 6 autres pays européens depuis), ce logo vise à fournir une information rapide sur la qualité nutritionnelle des aliments et boissons pour aider les consommateurs à les comparer entre eux et les inciter à choisir ceux présentant la meilleure qualité nutritionnelle. En parallèle, il permet d’encourager les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits.

Le Nutri-Score comporte 5 catégories : de A-vert foncé (qualité nutritionnelle plus élevée) à E-orange foncé (qualité nutritionnelle moindre). Une catégorie est attribuée à un aliment ou une boisson en fonction d’un algorithme calculé à partir de sa composition pour 100 g en énergie, sucres, acides gras saturés et sel (à limiter) et en protéines, fruits, légumes et légumineuses (à favoriser).

De nombreuses études publiées dans des journaux scientifiques internationaux (plus de 140 publications) ont démontré la validité du Nutri-Score pour caractériser la qualité nutritionnelle des aliments ou encore son efficacité pour aider les consommateurs à choisir des produits de meilleure qualité nutritionnelle. En particulier, des liens entre la consommation d’aliments moins bien classés sur l’échelle du Nutri-Score (qualité nutritionnelle moindre) et un risque accru de maladies cardiovasculaires ont jusqu’ici été observés dans des études françaises (cohortes SU.VI.MAX et NutriNet-Santé). Des études conduites en France, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie ont également observé des associations similaires avec un risque accru pour diverses pathologies chroniques ainsi qu’une mortalité accrue.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs se sont intéressés à la nouvelle version de l’algorithme qui sous-tend le Nutri-Score (actualisé en 2024, voir encadré), en lien avec le risque de maladies cardiovasculaires, dans une large population répartie dans 7 pays d’Europe, dans l’objectif de fournir de nouveaux éléments scientifiques pour la validation du Nutri-Score à une échelle européenne. Elle fait suite à deux études publiées en 2018 et en 2020 dans la même population et portant sur le risque de cancer et sur la mortalité.

Au total, 345 533 participants de la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) ont été inclus dans les analyses. Au cours du suivi (12 ans, entre 1992 et 2010), 16 214 participants ont développé une maladie cardiovasculaire (dont 6 565 infarctus du myocarde et 6 245 accidents vasculaires cérébraux ou AVC). Les résultats montrent que les participants consommant en moyenne plus d’aliments moins bien notés sur l’échelle du Nutri-Score, reflétant une moins bonne qualité nutritionnelle, présentaient un risque accru de maladies cardiovasculaires et en particulier d’infarctus du myocarde et d’AVC. Ces associations étaient significatives après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie.

« Ces résultats, combinés à l’ensemble des données disponibles concernant le Nutri-Score et l’algorithme qui le sous-tend, confirment la pertinence du Nutri-Score en tant qu’outil de santé publique pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires dans une optique de prévention des maladies chroniques », souligne Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche Inserm.

« Enfin, ces résultats fournissent des éléments clés pour soutenir l’adoption du Nutri-Score comme logo nutritionnel obligatoire en Europe », explique Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm.

Une nouvelle version du Nutri-Score en 2024

Des modifications de calcul du Nutri-Score[2] ont récemment été proposées par le comité scientifique international en charge de son suivi pour améliorer sa cohérence avec les recommandations nutritionnelles. Cette nouvelle version du Nutri-Score doit entrer en vigueur en 2024 avec un déploiement progressif dans les mois suivants. Toutefois, l’application du Nutri-Score sur les emballages reste optionnelle du fait de la réglementation européenne sur l’étiquetage et repose donc sur la volonté des industriels de l’agroalimentaire.

Si, à ce jour, de nombreuses entreprises et marques (plus de 1400 en France) se sont engagées à mettre en place le Nutri-Score sur leurs produits, une harmonisation au niveau européen est nécessaire pour que soit instauré de manière obligatoire un seul logo efficace et utile pour les citoyens. Cette harmonisation est prévue dans le cadre de la stratégie Farm to Fork de la Commission européenne.

[1] https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/nutrition/nutri-score/etudes-et-rapports-scientifiques/

[2] https://theconversation.com/en-2024-le-nutri-score-evolue-pourquoi-et-que-faut-il-en-retenir-221697

Pour aller plus loin sur le sujet : regarder l’émission de l’Inserm « Nutri-Score, on vous dit tout »

L’Inserm publie une expertise collective sur le polyhandicap

handicap© Julie Borgese

L’Inserm publie une nouvelle expertise collective sur le polyhandicap, commandée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Pour ce travail qui aura duré 3 ans, un groupe de 12 expertes et experts a passé en revue plus de 3400 documents de la littérature scientifique internationale disponible en date du second semestre 2023. Les conclusions et les recommandations émanant de cette expertise apportent des éléments nouveaux et utiles pour améliorer la prise en soins et aider à répondre aux interrogations sur la considération, les interactions et l’intégration des personnes polyhandicapées.

Le polyhandicap désigne les conséquences définitives d’une lésion (génétique ou accidentelle) survenue lors du développement du cerveau et entraînant une déficience motrice sévère et une déficience mentale évaluée comme sévère à profonde, associées à une restriction extrême de la communication, de l’autonomie et de la mobilité. S’y associent en outre des comorbidités, des atteintes sensorielles et des troubles du comportement.

On estime aujourd’hui en France une prévalence du polyhandicap autour de 0,3-0,5 personnes touchées pour 1 000.

Une prise en charge clinique complexe

Le polyhandicap induit des situations d’une grande hétérogénéité d’une personne à l’autre avec de nombreux troubles imbriqués. Chacun d’entre eux doit être pris en compte lors de la mise en place des soins.

Ainsi, l’épilepsie, très fréquente, se présente comme un véritable surhandicap. Les troubles respiratoires constituent quant à eux la première cause de mortalité et la première cause d’hospitalisation en urgence chez les personnes polyhandicapées.

D’autres troubles sont fréquemment rencontrés notamment :

  • des difficultés à s’alimenter et des troubles de la digestion et nutritionnels ;
  • du fait de la mobilité très restreinte, une fragilité osseuse chez l’enfant et de l’ostéoporose chez l’adulte, un tonus musculaire trop faible, des défauts de posture et des déformations orthopédiques (scoliose, luxation des hanches…) ;
  • des troubles du sommeil fréquents chez l’enfant (avec un retentissement important sur la qualité de vie de l’entourage) ;
  • des perturbations de la puberté (retard ou précocité).

La douleur, souvent multifactorielle, est fréquente, parfois de façon chronique dès le plus jeune âge et son expression passe rarement par les modes de communication habituels (comme la plainte verbale), ce qui la rend difficile à évaluer et entraîne un risque de la sous-estimer. En général dépendante d’un tiers (soignant ou aidant), cette évaluation pose donc des questions éthiques et méthodologiques.

Le groupe d’experts recommande :

  • troubles moteurs : réadaptation via des interventions adaptées visant à favoriser les mouvements volontaires de la personne et l’apprentissage moteur ; au quotidien, la prévention des conséquences d’une activité motrice altérée par la réduction des activités passives (regarder la télévision par exemple) au profit d’activités en mouvement;
  • déficience intellectuelle: favoriser les environnements générateurs d’interactions pour les personnes polyhandicapées et leur intégration dans des espaces de socialisation ordinaires, avec des conditions d’accueil adaptées et des personnes formées. Un environnement adapté et apaisant permet notamment d’améliorer les fréquents troubles du comportement (auto-agressivité, comportements répétitifs…) en grande partie liés à l’environnement de vie ;
  • douleur : rechercher systématiquement sa présence, évaluer son intensité, sa fréquence et sa durée à l’aide d’outils spécifiques validés et en rechercher la ou les cause(s) par un examen détaillé ;
  • plus globalement : généraliser les méthodes validées d’évaluation de la qualité de vie, combinant de façon complémentaire différentes approches objectives (évaluations par les soignants, parents et entourage) et une auto-évaluation.

Une cohorte française de personnes polyhandicapées (Eval-PLH) qui inclut des enfants et des adultes est en cours. Les données à venir permettront, entre autres, d’évaluer le taux de mortalité et les causes de décès des personnes polyhandicapées.

Accompagner et intégrer socialement la personne polyhandicapée.

En parallèle des soins médicaux, le polyhandicap implique un accompagnement global et individualisé, tout au long de la vie, afin de proposer à la personne un projet de vie adapté à l’ensemble de ses besoins et de sa trajectoire personnelle d’évolution. L’évaluation des compétences, des difficultés (médicales, psychologiques, relationnelles) et des modes de communication de la personne polyhandicapée nécessite d’être régulière.

Cet accompagnement est crucial au niveau des dimensions éducative et sociale, en particulier pour le sujet central de la communication, mais aussi pour les apprentissages, la scolarisation, l’inclusion et la participation sociale. La personne polyhandicapée a la possibilité d’apprendre tout au long de sa vie avec des aménagements adéquats. Certaines compétences, si elles sont stimulées dans la petite enfance, permettent notamment d’améliorer la socialisation et la communication à long terme. En outre, les personnes polyhandicapées peuvent participer aux diverses activités de la vie quotidienne et sociale grâce à certaines aides, méthodes et outils rendant leur environnement plus adapté.

Le groupe d’experts recommande :

  • l’utilisation de l’Échelle de sévérité du polyhandicap, validée en langue française pour évaluer les compétences et les difficultés à l’échelle individuelle ;
  • de permettre l’accès des enfants polyhandicapés à une scolarisation ajustée à leurs besoins et leur permettant de développer leurs capacités au plus haut de leur potentiel ;
  • de réfléchir aux types d’apprentissages bénéfiques aux enfants polyhandicapés pour construire un parcours de scolarisation « sur mesure » au sein d’unités d’enseignement impliquant les équipes des établissements spécialisés et celles des écoles ordinaires ;
  • la mise en place d’une combinaison de plusieurs modes de communication (voix, toucher, regard, gestes…) et de moyens dits de Communication alternative et améliorée (CAA) adaptés individuellement aux capacités motrices et cognitives de la personne et permettant à la fois la communication et la compréhension réciproque – il peut s’agir en l’occurrence d’une succession de gestes (par exemple inspirés de la langue des signes) ou d’objets ayant un sens précis, mais aussi de moyens technologiques.

L’entourage de la personne polyhandicapée au cœur des questions de prise en soins

Du fait de sa dépendance et de son extrême vulnérabilité physique et psychique, la personne polyhandicapée a besoin d’un haut niveau d’attention et de soin. La famille, l’entourage et les professionnels sont ainsi très impactés sur le plan concret (soins, organisation du quotidien) et émotionnel et tiennent une place prépondérante dans l’accompagnement. L’évaluation des besoins, leur mise en place coordonnée et leur adaptation à l’avancée en âge nécessitent une multidisciplinarité des approches et une coordination complexe entre les aidants.

Si le système de soins mis en œuvre en France (filière de prise en soin des personnes polyhandicapées, labélisation de centres de référence et compétence polyhandicaps de causes rares) est susceptible de répondre à l’ensemble des besoins des personnes polyhandicapées tout au long de leur vie, la coordination et la continuité du parcours de soins n’est pas toujours optimale.

Ainsi, la transition vers l’âge adulte, processus continu qui débute entre 13 et 15 ans, reste difficile avec des implications médicales, sociales et juridiques pour la personne et sa famille. La sévérité du polyhandicap s’accroît avec l’âge et a pour conséquence une majoration de la dépendance de la personne. La fin de vie de la personne polyhandicapée soulève également de multiples enjeux éthiques et de moyens.

L’intimité et l’affectivité sont essentielles pour une personne en situation de dépendance physique complète et ne possédant pas une perception unifiée de son corps. L’affection et l’attention ont ainsi une place déterminante dans le soin et l’apprentissage.

Lorsqu’elle s’applique à une personne dont la vie psychique et le développement psycho-affectif évoluent de façon atypique, la question de la sexualité se heurte quant à elle à des problématiques communicationnelles et des questions éthiques.

Enfin, dans un contexte où la personne est entièrement dépendante des interprétations de ses partenaires de communication, la vulnérabilité majeure, à la fois physique, psychique et communicationnelle, qui caractérise le polyhandicap renforce les risques de maltraitance – volontaires ou involontaires – qui peuvent se cumuler.

Le groupe d’experts recommande :

  • d’effectuer un repérage et un diagnostic précoces du polyhandicap chez l’enfant, en impliquant les familles dès le début et en offrant un soutien adéquat ;
  • que des interventions précoces soient proposées, tout en favorisant l’accueil dans des environnements inclusifs de la petite enfance en partenariat avec les services spécialisés ;
  • pour prévenir la maltraitance institutionnelle, la mise en place de groupes d’analyse de la pratique, d’une formation continue solide, de l’instauration d’une culture de la bientraitance et d’une cellule de veille dans les établissements et services. Les experts alertent cependant sur le fait que ces mesures ne peuvent pas se substituer à des moyens humains suffisants avec des équipements adaptés ;
  • pour prévenir la maltraitance parentale, de prendre en compte la souffrance psychique des parents et de favoriser le travail en binôme et les échanges de groupes et pluridisciplinaires. Les associations et les groupes de discussion sur les réseaux sociaux sont un moyen de limiter les effets de la mise à l’écart sociale, en particulier pour les parents contraints de renoncer à leur activité professionnelle ;
  • de prendre garde aux formes de maltraitance involontaire ou passive (laisser-faire, négligence, manque de connaissances…) qui peuvent être liées à des soins inadaptés, à des habitudes relationnelles susceptibles de renforcer la vulnérabilité communicationnelle, voire à une sous-estimation des capacités cognitives de la personne pouvant conduire à une négation de sa vie psychique ;
  • de reconnaître et prendre en compte les manifestations de sexualité de la personne, de s’interroger sur ce que peuvent être les modalités de cette sexualité ;
  • de ne pas négliger ce qui relève de la vie affective en la distinguant bien des questions de sexualité.

Pour aller plus loin : la synthèse de l’expertise collective Polyhandicap sera disponible en ligne le 11 juin sur la page dédiée sur le site de l’Inserm. L’expertise sera mise en ligne dans sa version intégrale le 12 juin.

Les expertises collectives de l’Inserm

Développées par l’Inserm depuis 1993, les expertises collectives constituent une démarche d’évaluation et de synthèse des connaissances scientifiques existantes sur des thèmes de santé publique.

Ces expertises répondent aux demandes d’institutions souhaitant disposer des données récentes issues de la recherche. L’objectif est le partage de connaissances et l’apport d’un éclairage scientifique indépendant sur des questions précises de santé, dans une perspective d’aide à la décision publique dans le champ de la santé des populations.

Le cadrage scientifique, le support bibliographique, la coordination et la valorisation des expertises collectives sont assurés par le pôle Expertises collectives de l’Inserm.

Pour les consulter : inserm.fr/expertise-collective

La majorité de l’ozone troposphérique contribuant à la mortalité prématurée dans les pays européens est importée

Pollution ville© Unsplash

L’exposition aux niveaux actuels d’ozone troposphérique (O3) en Europe est l’une des principales causes de mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique. Une étude menée par l’Inserm, le Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), et le Barcelona Supercomputing Center – Centro Nacional de Supercomputación (BSC-CNS), a quantifié pour la première fois l’impact de l’exposition à l’O3 sur la mortalité européenne, et plus précisément l’impact de l’O3 dit « importé », c’est-à-dire dont la production émane d’autres pays. L’étude estime le nombre total de décès liés à l’ozone en Europe au cours de la période 2015-2017 à 114 447, dont 88,3 % seraient liés à l’exposition à l’ozone importé. Ces résultats, publiés dans Nature Medicine, soulignent la nécessité d’actions coordonnées à l’échelle locale, continentale et mondiale de la part de tous les pays pour réduire les concentrations d’O3 et leur impact sur la santé.

L’ozone troposphérique est un polluant atmosphérique nocif formé dans la troposphère par l’interaction du rayonnement solaire avec plusieurs gaz précurseurs, principalement des oxydes d’azote (NOx) et des composés organiques volatils (COV) provenant de sources naturelles et anthropiques. Des niveaux élevés d’O3 sont associés à une série d’effets néfastes sur la santé respiratoire, notamment l’aggravation de l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive, la diminution de la fonction pulmonaire et les infections, conduisant dans les cas les plus graves à l’hospitalisation et au décès.

Les scientifiques de l’Inserm, d’ISGlobal et du BSC-CNS ont pour la première fois mesuré l’impact d’une exposition à l’O3 « importé » d’autres pays sur la mortalité européenne. Ces mesures ont été rendues possibles grâce à l’analyse des données 2015-2017 provenant de 35 pays européens[1].

Pour suivre les concentrations d’O3, l’étude a utilisé le système de qualité de l’air CALIOPE développé au BSC-CNS, qui couvre l’Europe. Ce système suit à la fois l’O3 et ses précurseurs (c’est-à-dire les NOx et les COV) qui sont formés ou émis dans chaque région. Par ailleurs, pour obtenir des données en dehors de la zone d’étude, les scientifiques ont utilisé une approche de modélisation qui leur a permis de suivre la dispersion et le transport des polluants atmosphériques sur de longues distances. La méthode a également pris en compte les émissions provenant de la terre et de la mer.  L’analyse s’est appuyée sur les données de la saison chaude (de mai à septembre) au cours de laquelle les valeurs d’exposition à l’O3 sont les plus élevées. Les données relatives aux décès enregistrés sur la période proviennent d’Eurostat.

Cette étude a permis d’aboutir à quelques résultats clés :

  • Les scientifiques ont mené un travail statistique qui leur a permis d’estimer à 114 447 le nombre de décès attribuables à l’O3 entre 2015 et 2017, sur l’ensemble de la zone des 35 pays européens considérés.
  • Selon cette étude, 88,3 % de ces décès seraient liés à une exposition à l’O3 en provenance d’autres pays ; 11,7 % des décès seraient relatifs à une exposition d’origine nationale.
  • Plus précisément, 20,9 % de tous les décès observés sont liés à de l’ozone ayant son origine dans les autres pays européens analysés, 60,2 % à de l’ozone provenant en dehors de l’Europe et les 7,2% restant à de l’ozone issu du transport maritime.

L’étude a également montré qu’au sein de l’Europe, l’O3 attribué à la mortalité émanait majoritairement des pays européens les plus industrialisés. Par exemple, l’O3 en provenance de France a eu un impact significatif sur ses pays frontaliers tels que le Luxembourg (32,3 % des décès attribuables à l’O3), la Suisse (29,3 %), la Belgique (24,4 %) ou encore l’Espagne (16,8 %). L’O3 en provenance d’Allemagne a également eu un impact significatif sur les pays voisins tels que le Luxembourg (24,2 % des décès), la République tchèque (23,3 %) ou les Pays-Bas (21,5 %).

« Notre étude souligne la nécessité d’une quantification systématique des contributions nationales, européennes et extracommunautaires des niveaux de pollution de l’air et de leurs effets sanitaires associés. L’objectif est de mettre en place des mesures de réglementation et d’atténuation pour lutter contre l’effet des polluants atmosphériques tels que l’O3 qui sont facilement transportés au-delà des frontières », explique Hicham Achebak, chercheur à l’Inserm (France) et à l’ISGlobal (Espagne).

Enfin, ce travail rappelle l’importance de lutter contre le réchauffement climatique :

« Le réchauffement climatique renforcera les conditions de formation de l’O3 troposphérique à l’avenir, car les mécanismes photochimiques de formation de l’O3 sont favorisés pendant les vagues de chaleur et les périodes de fort rayonnement solaire. Lutter contre le réchauffement climatique est nécessaire pour améliorer durablement la qualité de l’air. Il sera aussi important de faire d’autres recherches pour identifier aux mieux les sources de pollution qui contribuent le plus à la mortalité, que ce soit l’O3 ou d’autres polluants dont les effets sont tout aussi délétères sur la santé », conclut Hicham Achebak.

[1]L’analyse de 35 pays européens correspond à la couverture d’une population totale d’environ 530 millions de personnes.

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