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4 février 2022 : Journée mondiale contre le cancer

28 Jan 2022 | Par INSERM (Salle de presse) | Journée mondiale

Photographie montrant l’expression du récepteur alpha de l’œstradiol dans une tumeur de la granulosa, un acteur impliqué dans la progression de cette maladie. © Dr I. Treilleux, Centre Léon Bérard de Lyon.

 

La Journée mondiale de lutte contre le cancer, le 4 février, est consacrée à la prévention, la détection, la lutte contre la stigmatisation et le traitement du cancer. A l’approche de cette date, l’Inserm fait le point sur les récentes études publiées concernant le traitement et les causes de la maladie. De nombreux travaux s’intéressent notamment aux mécanismes d’apparition des tumeurs mais aussi à leur progression et aux causes des échappements thérapeutiques. Il s’agit de mieux comprendre le cancer pour permettre la découverte de nouveaux traitements qui soient adaptés à chacun et aux différentes pathologies. 

Cancer ovarien de la granulosa : un cancer hormono-sensible ?

Dans une étude parue dans la revue The Journal of Pathology, des chercheuses de l’équipe Inserm U1133 d’Université de Paris (CNRS UMR8051) en collaboration avec des équipes de l’Institut Gustave Roussy et du Centre Léon Bérard, se sont intéressées à la progression d’un cancer gynécologique rare de l’ovaire, appelé « tumeur de la granulosa ».

Parmi les traitements actuels, la chimiothérapie utilisée sur les formes avancées ou récidivantes donne des résultats peu satisfaisants. Cette maladie est pourtant loin d’être anodine, puisque près de 20 % des patientes décèdent. Cela résulte non pas de l’évolution rapide de la maladie, mais de la grande fréquence des rechutes survenant jusqu’à 10 ans plus tard, même après un diagnostic à un stade précoce.

Chez près de 70 % des patientes atteintes de ce cancer, on retrouve un taux anormalement élevé d’œstradiol, hormone responsable du développement et du maintien des caractères sexuels féminins. Ces données ont conduit l’équipe à analyser l’action de l’œstradiol dans cette pathologie, afin de vérifier l’œstrogénodépendance supposée de cette forme de cancer et de comprendre les mécanismes d’action de cette hormone.

Ces recherches suggèrent que l’œstradiol stimule la survie des cellules cancéreuses et indiquent que cette hormone pourrait participer à la croissance des tumeurs et des métastases. Elles indiquent également que si l’œstradiol est susceptible de réguler la survie des cellules cancéreuses, cette hormone pourrait avoir un effet variable selon les patientes sur la croissance de la tumeur et des métastases, dépendant du type de récepteur de l’oestradiol mobilisé (ERα ou Erβ) et du pourcentage de cellules qui l’expriment.

L’équipe poursuit ses recherches sur les mécanismes impliqués dans cette forme de cancer gynécologique, et notamment sur l’intérêt thérapeutique d’autres types d’hormonothérapies, ce qui est un enjeu majeur pour améliorer la prise en charge des patientes.

Chimiothérapie : élucider les mécanismes moléculaires responsables des échappements

Le 5-fluorouracil (5-FU) est une des molécules les plus utilisées dans le traitement des cancers par chimiothérapie. Son efficacité, particulièrement quand elle est associée à d’autres médicaments, est démontrée depuis de nombreuses années. Toutefois, le traitement de bon nombre de patients avec ces chimiothérapies est rendu difficile car certains cancers comme les cancers colorectaux, le cancer du pancréas ou encore les cancers de la tête et du cou échappent à ces traitements.

Dans une nouvelle étude publiée dans Nature Communications, des chercheurs de l’Inserm et du CNRS au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon en collaboration avec des chercheurs de l’ENS de Lyon, de l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier et du Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier ont souhaité mieux comprendre les mécanismes moléculaires responsables de cet échappement afin de les contrecarrer.

C’est ainsi qu’ils ont fait une découverte inattendue sur le 5-FU. En effet, les résultats de cette étude montrent que le 5-FU s’intègre dans les ribosomes[1], qui sont les nano-machines des cellules qui fabriquent les protéines. Plus particulièrement cette étude montre que ces ribosomes modifiés par le 5-FU, baptisés F-ribosomes, ont une activité de production des protéines altérée. De façon complètement inattendue, ces F-Ribosomes permettraient de produire davantage de certaines protéines qui favorisent la survie des cellules. Ceci donnerait une chance à certaines cellules cancéreuses de survivre à la chimiothérapie à base de 5-FU révélant ainsi un nouveau mécanisme d’échappement aux traitements anti-cancer.

La mise en évidence pour la première fois de ce mécanisme de résistance au traitement par chimiothérapie est importante car elle ouvre des perspectives d’améliorations de ce type de traitements comme par exemple la combinaison de médicaments jusqu’à présent totalement inexplorées.

Photographie en microscopie électronique de « nucléoles » qui sont le lieu de fabrication des ribosomes et où le 5-FU s’incorpore dans les ribosomes.  Après traitement au 5-FU (à droite) les nucléoles sont modifiés et apparaissent plus foncés avec cette technique d’analyse, en comparaison des nucléoles avant traitement (gauche). © Frédéric Catez (CRCL) et Elisabeth Errazuriz (CIQLE – SFR Santé Lyon-Est)

L’utilisation du téléphone mobile n’est pas associée à un risque accru de tumeur cérébrale chez les jeunes 

Dans Environnement International, un groupe de chercheuses et chercheurs ont publié le 30 décembre 2021 les derniers résultats de MOBI-Kids, une étude cas-témoin internationale à laquelle ont participé des équipes de recherche issues de 15 pays, dont des scientifiques de l’Inserm au Centre de Recherche en Épidémiologie et StatistiqueS (UMR1153), équipe EPICEA[2].

Son objectif était d’analyser la relation entre le risque de tumeur cérébrale chez l’enfant et l’adolescent et l’exposition aux champs électromagnétiques générés notamment par les nouvelles technologies de communication dont les téléphones mobiles. Les travaux se sont basés sur des données obtenues entre 2010 et 2015 auprès de deux populations de jeunes âgés de 10 à 24 ans:

  • Près de 900 « cas » : patients atteints de tumeurs cérébrales
  • Plus de 1 900 « témoins » : patients opérés pour appendicite, appariés aux cas sur l’âge, le sexe et le département de résidence. 

Les participants ont rempli un questionnaire avec des informations détaillées sur l’historique d’utilisation de leur téléphone mobile[3].

Les parents ont également complété un questionnaire sur les expositions qui auraient pu survenir avant la naissance et au cours de la première année de vie.

L’exposition aux champs électromagnétiques aux radiofréquences (RF) et extrêmement basses fréquences (ELF) des téléphones a été calculée à l’aide d’algorithmes développés par l’équipe MOBI-Kids.

Selon les résultats de ces travaux, il n’existe aucune preuve d’une association causale entre tumeurs cérébrales et utilisation de téléphones mobiles et sans fil et, en particulier, l’exposition aux radiofréquences (RF) et extrêmement basses fréquences (ELF) émises par ces téléphones.

 

[1] Structure cellulaire impliquée dans la synthèse des protéines (traduction des ARN).

[2] Epidémiologie des cancers de l’enfant et de l’adolescent

[3] Pour évaluer l’adéquation des données collectées, diverses sous-études méthodologiques ont été menées, y compris deux études de validation : l’une grâce à une application quantifiant l’utilisation réelle des participants, l’autre après l’obtention de données collectées par des opérateurs de téléphonie mobile.

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