Ganglion modifié à distance par les facteurs sécrétés par le mélanome, avec une extension du réseau lymphatique (Rouge) et une invasion des lymphocytes B (Violet) dans la zone des lymphocytes T (Vert). Étape précédent la formation des métastases. © Virginie Prod’homme/Inserm
La France connaît des périodes de fortes chaleur ces dernières années, avec des canicules de plus en plus fréquentes entre juin et septembre. L’exposition aux rayons ultraviolets du soleil est la principale cause de cancer de la peau. A chaque exposition, l’action des rayons altère les cellules de la peau. Les cellules disposent de mécanismes d’adaptation qui leur permettent de réparer les dommages qu’elles subissent, mais ils ne sont pas inépuisables : en cas d’expositions brutales et répétées, la peau ne parvient plus à se défendre contre les dégâts causés et des cellules cancéreuses peuvent se développer.
Dans cet article, l’Inserm revient sur les avancées récentes de la recherche sur le cancer de la peau et plus particulièrement sur les récents travaux concernant le mélanome. Considéré comme le plus grave des cancers de la peau, le mélanome représente environ 4 % des cancers de la peau mais il est responsable de 80 % des décès liés à un cancer dermatologique notamment à cause de sa propension à évoluer rapidement vers des stades métastatiques. En 2018, on estime que le mélanome a touché 15 500 personnes en France et causé 1 980 décès.
Le mélanome est un cancer de la peau très agressif avec un fort potentiel métastatique. Cette agressivité est en partie due à la plasticité des cellules cancéreuses au cours de la progression métastatique.
Le ganglion lymphatique est souvent le premier tissu envahi par les cellules métastatiques et la première étape vers une dissémination systémique des métastases. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Cancer Research, des chercheurs de l’unité 1065 Inserm (Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire/Université Côte d’Azur) se sont intéressés plus spécifiquement aux interactions entre les cellules de mélanome et leurs effets sur le ganglion. Selon leurs résultats, les propriétés biomécaniques des ganglions sont modifiées par les facteurs sécrétés par certaines cellules de mélanome : elles induisent la dilatation des ganglions lymphatiques et favorisent l’invasion des cellules tumorales.
Ces travaux suggèrent que cibler certains des mécanismes de reprogrammation précoces du ganglion lymphatique par le mélanome, ou d’autres cancers lymphophiles, pourrait limiter la dissémination métastatique et le risque de rechute des patients.
L’obésité est associée à un risque accru de développer certains cancers et accroît l’agressivité des tumeurs. Une équipe Inserm (unité 1037 Inserm/CNRS/UTPS) au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse a étudié les mécanismes moléculaires qui sous-tendent ce phénomène dans le cas du mélanome.
Dans une récente publication dans la revue Journal of Investigative Dermatology, elle montre que les adipocytes issus de sujets obèses orchestrent la progression tumorale en réduisant de façon importante l’expression d’un suppresseur de tumeur − la protéine p16 − dans les cellules de mélanome.
La mise en évidence de ce mécanisme conforte l’existence d’une association causale entre l’obésité et un risque accru de développer des mélanomes agressifs.
D’autres contenus à consulter sur le sujet :
Cancer de la peau : une molécule impliquée dans le développement des métastases, 2010
Découverte d’un gène de prédisposition commun au mélanome et au cancer du rein, 2011
Comment les cellules des mélanomes neutralisent l’action des lymphocytes T cytotoxiques, 2016
MITF : une voie de passage du grain de beauté au mélanome, 2017
Mélanome : une nouvelle cible thérapeutique pour les formes résistantes, 2018