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Octobre rose : Des facteurs de risque environnementaux impliqués dans le cancer du sein

15 Oct 2021 | Par INSERM (Salle de presse) | Journée mondiale

© Adobe Stock

 

Chaque année au mois d’octobre se tient la campagne annuelle « Octobre rose » consacrée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. Avec plus de  54 000 nouvelles personnes touchées chaque année en France, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez les femmes. De nombreuses recherches se sont intéressées aux facteurs de risque de survenue de la maladie. Il s’agit d’une maladie multifactorielle, les antécédents personnels et familiaux, l’âge ou encore la consommation de tabac et d’alcool pouvant par exemple être mis en cause dans son déclenchement. Depuis plusieurs années, des chercheurs s’intéressent aussi au rôle de la pollution environnementale et des pesticides. Deux publications récentes à l’Inserm se sont penchées sur ces thèmes.

La pollution atmosphérique associée à un risque plus élevé de cancer du sein

Dans une synthèse de la littérature publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, un groupe de chercheurs de l’Inserm, du CNRS, et de l’Université Grenoble Alpes s’est intéressé au rôle de certains polluants atmosphériques sur la survenue du cancer du sein. L’objectif des chercheurs était de synthétiser les résultats de différentes études scientifiques concernant la relation dose-réponse entre pollution et survenue du cancer du sein.

Leur travaux ont permis d’identifier pour les trois polluants considérés, à savoir les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 10 microns (PM10), les particules en suspension avec un diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2), respectivement 27, 32 et 36 associations en lien avec la survenue de cancer du sein, toutes rapportées chez des femmes en Amérique du Nord et en Europe.

C’est pour le dioxyde d’azote que la synthèse des études était le plus nettement en faveur d’un effet néfaste sur la survenue de cancer du sein[1]. Pour les deux autres polluants considérés (PM10 et PM2.5), le niveau de preuve était moins élevé, sans qu’il soit possible d’exclure un effet néfaste. 

Les chercheurs estiment qu’environ 1700 cas de cancer du sein, soit environ 3 % des cas survenant annuellement en France, pourraient être attribués à cette exposition et aux autres polluants associés au dioxyde d’azote.

Certains cocktails de pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées

Dans une étude publiée dans la revue International Journal of Epidemiology, des chercheurs de l’Inserm, d’INRAE, du Cnam et d’Université Sorbonne Paris Nord, se sont intéressés au rôle de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancer du sein en post-ménopause.

Dans le cadre de cette étude qui a été menée sur quatre ans, 13 149 femmes ménopausées ont répondu à un questionnaire permettant d’évaluer la consommation d’aliments biologiques et conventionnels. 169 cas de cancers ont été signalés. 

Grâce à une base de données de contamination des aliments selon leur mode de production, les chercheurs ont mesuré l’exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe, incluant ceux utilisés en agriculture biologique.

Les résultats de l’étude indiquent que parmi les femmes ménopausées, celles ayant été faiblement exposées à plusieurs pesticides de synthèse ont un risque moindre de développer un cancer du sein.  En revanche, ce  risque augmente parmi le groupe de femmes exposées de façon élevé à quatre substances actives de pesticides, à savoir le chlorpyrifos, l’imazalil, le malathion et le thiabendazole[2]. Les chercheurs ont par ailleurs noté dans ce dernier groupe une augmentation du risque chez les femmes en surpoids (IMC entre 25 et 30) ou obèses (IMC>30).

 

[1] Le dioxyde d’azote est principalement émis par des processus de combustion des combustibles fossiles, tels que ceux des moteurs thermiques des véhicules et du chauffage urbain.

[2] Le chlorpyriphos est utilisé sur les cultures d’agrumes, de blé, de fruits à noyau ou d’épinards par exemple. L’imazalil est également utilisé pour la culture d’agrumes, de pommes de terre et les semences. Le malathion, utilisé pour lutter contre les insectes suceurs (pucerons, cochenilles) est interdit en France depuis 2008 mais autorisé dans certains pays européens. Le thiabendazole est utilisé sur le maïs, les pommes de terre et certains semis.

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