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Champagne et santé : que dit la science ?

coupes de champagne

À l’approche des fêtes de fin d’année et du défi sans alcool du mois de janvier (« Dry January »), le lien entre santé et consommation de boissons alcoolisées fait l’objet de nombreux articles dans les médias. Et comme chaque année, les effets du champagne – boisson des fêtes par excellence – suscite de l’intérêt.

En général, les études portant sur les associations entre consommation de champagne et santé s’intéressent au rôle des acides phénoliques (dont des flavonoïdes). Ces composés organiques, présents dans les vins et le champagne mais aussi dans des aliments comme le cacao et l’huile d’olive, favoriseraient la santé cardiovasculaire d’après plusieurs études épidémiologiques. Les mécanismes biologiques ne sont pas encore entièrement élucidés, mais ces composés auraient un rôle dans le maintien de l’intégrité des tissus vasculaires (artères, vaisseaux, capillaires) ainsi que des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes.

Des limites méthodologiques importantes ont cependant été rapportées dans plusieurs travaux de recherche sur le sujet, restreignant la portée de leurs résultats. C’est le cas d’une étude parue en 2013 menée à l’université de Reading qui fait régulièrement parler d’elle à l’approche de Noël. En effet, elle suggérerait que le champagne pourrait être bénéfique pour la mémoire et même avoir dans certains cas des effets protecteurs contre des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer.

Or, la prudence s’impose face à de tels résultats : c’est pourquoi nous avions dédié un Canal Détox au sujet pour revenir sur les aspects les plus problématiques de cette étude mais aussi sur les connaissances scientifiques existantes à propos de l’impact du champagne sur le cerveau.

Retrouvez le texte Canal Détox complet sur notre salle de presse

Semaine dédiée au bon usage des antibiotiques : l’Inserm mène des travaux sur l’antibiorésistance

cachets blancs_ antiobiorésistance

© AdobeStock

L’antibiorésistance est responsable de plus de 5500 décès chaque année dans notre pays. Pour lutter contre ce grave problème de santé publique, la France a donc mis en place un programme de recherche ambitieux en créant notamment un programme prioritaire de recherche (2020-2029) piloté par l’Inserm.

Dans les laboratoires, des chercheurs et chercheuses de l’Institut travaillent activement afin de mieux comprendre les mécanismes de l’antibiorésistance et identifier de nouvelles pistes thérapeutiques permettant d’éviter l’usage des antibiotiques.

Le 22 novembre 2022, pendant la semaine dédiée au bon usage des antibiotiques et à l’antibiorésistance, l’Agence Nationale de la recherche (ANR) et l’Inserm organiseront un colloque pour revenir sur les résultats de plusieurs projets soutenus par l’ANR dans ce domaine au cours des dix dernières années. Par ailleurs, les quelques travaux décrits ci-dessous donnent aussi un aperçu de la recherche menée à l’Inserm, depuis la paillasse des laboratoires jusqu’aux lits des patients.

Comment les antibiotiques atteignent leurs cibles bactériennes 

Au sein de l’Unité Membranes et cibles thérapeutiques (MCT – AMU/Inserm/Service de Santé des armées) les chercheurs considèrent qu’afin de lutter efficacement contre l’antibiorésistance, il est indispensable de comprendre comment la molécule atteint une concentration adéquate permettant d’inhiber sa cible dans la bactérie. Dans un récent travail, ils ont contribué à expliquer la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques par imperméabilité. Leurs résultats pourraient contribuer à la synthèse rationnelle de nouvelles molécules capables de pénétrer efficacement et rapidement vers la cible intra-bactérienne. Les résultats sont publiés dans Communications Biology.

Pour en savoir plus, contactez le dernier auteur de l’étude :

Jean-Marie Pages

Directeur de recherche Inserm émérite au laboratoire Membranes et cibles thérapeutiques

rf.uma-vinu@SEGAP.eiraM-naeJ

L’initiative « Science à la pelle »

Pour faire avancer plus rapidement la recherche dans le domaine de l’antibiorésistance, des chercheurs de l’Inserm et d’Université Paris Cité ont lancé un grand programme de recherche participative pour trouver de futurs médicaments grâce aux bactéries qui vivent dans les sols.

Les chercheurs ont, tout au long de l’été 2022, invité les citoyens et citoyennes à rejoindre le programme de recherche participative « Science à la pelle ». Durant leurs randonnées estivales, les participants ont prélevé une cuillère à soupe de terre, envoyé l’échantillon aux chercheurs et renseigné sur l’application disponible sur le site web du projet, les coordonnées et une photo du lieu de prélèvement. L’objectif du projet est de trouver, grâce aux bactéries qui vivent dans les sols, des médicaments efficaces contre les maladies infectieuses développant des résistances aux médicaments.

Quelles avancées pour la phagothérapie ?

Les bactériophages, ces virus « tueurs » de bactéries, pourraient constituer une solution afin de lutter contre les pathogènes résistants aux antibiotiques. Cependant, leur développement clinique se heurte à plusieurs obstacles.

Pour lever les freins, des scientifiques de l’Inserm ont collaboré avec d’autres laboratoires de recherche pour développer un modèle permettant de mieux prédire l’efficacité de la phagothérapie. Il pourrait être utilisé pour mettre au point des essais cliniques plus robustes. Les résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.

Cet été, en vacances, les citoyens peuvent faire avancer la science.

Projet « Science à la pelle » © Marguerite Benony

Pour faire avancer plus rapidement la recherche, les scientifiques en appellent de plus en plus à la coopération des citoyens. Ainsi, le projet de recherche participative de l’Inserm, baptisé « Science à la pelle », consiste pour les citoyens à prélever des échantillons dans le sol pour aider à la découverte de nouveaux médicaments.

En effet, de nombreux médicaments utilisés aujourd’hui sont issus de molécules produites naturellement par les bactéries contenues dans les sols. C’est le cas de la grande majorité des antibiotiques, mais également un certain nombre d’anticancéreux et d’immunosuppresseurs.

Les participants à cette campagne de recherche sont invités à prélever une cuillère à soupe de terre lors de leurs promenades estivales et à envoyer l’échantillon aux chercheurs, en renseignant sur l’application disponible sur le site web du projet, les coordonnées et une photo du lieu de prélèvement. Les chercheurs analyseront ensuite les prélèvements reçus et présenteront aux participants les résultats de leurs recherches, à la fin de l’opération.

 

Consulter notre communiqué de presse sur la salle de presse de l’Inserm.

Changement d’heure : peut-on s’attendre à un dérèglement de notre horloge biologique ?

©Adobe stock

Dans la nuit du dimanche 27 mars, nos téléphones et autres appareils connectés feront un bond d’une heure dans le temps. L’heure affichée sur les écrans passera automatiquement de 2 à 3 heures du matin pour accompagner le passage à l’heure d’été. Si pour la plupart des gens, ce changement d’heure n’aura que pas ou peu de conséquences visibles, plusieurs travaux de recherche soulignent toutefois qu’il peut être associé à des effets sur notre horloge biologique et à des conséquences non négligeables sur notre santé.

La littérature scientifique montre que le changement d’heure a bel et bien des effets physiologiques et sanitaires : il impacte notre horloge biologique interne (appelé système circadien) et peut induire des effets néfastes sur notre santé (troubles du sommeil, de la vigilance, accidents du travail et de la route, des dépressions, des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux)

Sur le cycle circadien, lire le dossier sur la Chronobiologie : Les 24 heures chrono de l’organisme

L’adaptation de l’organisme à ce décalage horaire que nous lui imposons variera d’un individu à l’autre et peut durer de quelques jours pour les chronotypes matinaux (Personnes ayant tendance à être plus efficaces le matin), à plusieurs mois pour les chronotypes tardifs (Personnes ayant tendance à être plus efficaces le soir). Dans le contexte de ce changement d’heure, les petits enfants et les personnes âgées ont plus de risque de ressentir des effets négatifs, mais c’est aussi le cas des adolescents, des travailleurs de nuit, et de tous ceux souffrant d’un trouble du sommeil et qui auront plus de difficultés pour s’adapter au nouvel horaire.

Par ailleurs, selon l’avis des spécialistes, comme le neurobiologiste et chercheur Inserm Claude Gronfier, Président de la Société Française de Chronobiologie, le passage à l’heure d’été serait plus compliqué à gérer pour l’organisme que le passage à l’heure d’hiver, compte tenu d’un côté de la perte d’une heure de sommeil, et de l’autre du fait que l’horloge biologique devra être avancée d’une heure.

En moyenne, nos organismes ont tendance à accumuler un retard de 10 minutes sur leur cycle de 24 heures. Avec le changement d’heure, on leur demanderait d’avancer leur rythme d’une heure, ce qui accentuerait les efforts faits par notre corps pour tenter de rattraper son retard. Ce changement serait particulièrement mal vécu par les chronotypes les plus tardifs, ceux enregistrant une moyenne de 30 minutes de retard sur leur cycle de 24 heures. Les effets du passage à l’heure d’été sur notre rythme circadien seraient accentués par le manque général de sommeil de la population française, estimé entre 30 et 90 minutes par jour selon les études (60 minutes selon le baromètre 2022 de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance).

Heure d’été VS heure d’hiver ?

La suppression du changement d’heure saisonnier ayant été votée en 2019, les Etats membres de l’UE doivent désormais choisir quelle heure définitive adoptée. La grande majorité de la communauté scientifique, recommande que le choix se porte sur le maintien de l’heure d’hiver.

Si on en venait à maintenir l’heure d’été toute l’année, le réveil en hiver et le coucher en été seraient en effet plus difficiles.

Au jour le plus court de l’année (le 21 décembre), le soleil se lèverait à Paris à 9 h 41 (au lieu de 8 h 41 à l’heure standard (ou « heure d’hiver »), et ce lever du soleil très tardif en cette saison hivernale aurait un impact néfaste sur la santé des Français, le réglage de notre horloge biologique se faisant aussi par l’exposition à la lumière.

A l’heure du réveil, notre corps a besoin d’une dose importante de lumière pour débuter une nouvelle journée et synchroniser l’horloge biologique. Il serait ainsi privé de cette lumière en hiver avec lever du jour plus tardif.

En revanche, si l’heure d’hiver était maintenue, le coucher du soleil aurait lieu en moyenne 4 h plus tard en été qu’en hiver, au lieu de 3 h avec le changement d’heure actuel, et induirait un coucher plus précoce et un sommeil plus long qui seraient bénéfiques à notre santé.

Les travaux sur l’importance de l’exposition à la lumière sur le cycle circadien sont menés au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. L’équipe de recherche a notamment observé que certaines expositions à la lumière à des moments très précis ont des effets bénéfiques sur la physiologie du sommeil1 et les fonctions non-visuelles de l’organisme telles que la sécrétion de la mélatonine (hormone contrôlée par l’horloge circadienne et impliquée dans la régulation du sommeil), le reflexe pupillaire, l’activité cérébrale, la température et le système cardiovasculaire, même à des exposition très courtes1,2 et des niveaux très faibles de lumière3.

  1. Rahman SA, Wright KP, Kronauer RE, Czeisler CA, Lockley SW, Gronfier C. Characterizing the temporal Dynamics of Melatonin and Cortisol Changes in Response to Nocturnal Light Exposure. Sci Rep 9, 19720 (2019) doi:10.1038/s41598-019-54806-7.
  2. Prayag A, Avouac P, Dumortier D, Gronfier C. Dynamics of non-visual responses in humans: as fast as lightning? Frontiers in Neuroscience, 2019, https://doi.org/10.3389/fnins.2019.00126
  3. Prayag A, Najjar R., Gronfier C. Melatonin suppression is exquisitely sensitive to light and primarily driven by melanopsin in humans. J Pineal Res 2019 Jan 29:e12562. doi: 10.1111/jpi.12562.

Révélation des Prix Inserm 2020

La cérémonie des Prix Inserm 2020 aura lieu le mardi 8 décembre 2020, à partir de 11h. Elle sera diffusée en direct sur inserm.fr. Huit lauréates et lauréats dont les réalisations contribuent à l’excellence scientifique de l’Institut seront distingués.

Prix Nobel de médecine 2020

Les trois lauréats du prix Nobel de médecine 2020. © d’après Niklas Elmehed, Nobel Media.

 
Les lauréats du prix Nobel 2020 ont été annoncés ce lundi 5 octobre 2020. Il s’agit du Britannique Michael Houghton et des Américains Harvey Alter et Charles Rice, récompensés pour leur contribution dans la découverte du virus de l’hépatite C.
 
L’hépatite C est une maladie du foie causée par un agent infectieux de la famille des flavivirus, le virus de l’hépatite C (VHC). Elle constitue l’une des formes les plus graves d’hépatite virale, capable d’engendrer une atteinte chronique du foie à risque de complications graves.
 
La France a adopté une politique de santé publique particulièrement proactive concernant le dépistage et la prise en charge de la maladie, ce qui explique la diminution récente et constante  du nombre de cas enregistrés. Ailleurs dans le monde, l’enjeu reste important : 70 millions de personnes seraient chroniquement infectées – soit 1% de la population du globe – et plus de 350 000 personnes décèderaient chaque année des suites de cette maladie.
 

 

L’Inserm vous souhaite de joyeuses fêtes!

L'Inserm vous présente ses meilleurs voeux pour l'année 2020

Découvrez une nouvelle année de recherches en images​

Reprise de la campagne de vaccination contre la grippe

Photo by Hyttalo Souza on Unsplash

 

D’après la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), plus d’un million de personnes en France s’étaient déjà faites vaccinées contre la grippe au 1er novembre 2019, deux semaines après le lancement de la campagne annuelle. Avec le réseau Sentinelles et le projet Grippenet, l’Inserm participe activement à la surveillance des apparitions de symptômes grippaux sur le territoire français.

Entamée le 15 octobre, la campagne de vaccination contre la grippe 2019 continue de s’étendre, les pharmaciens dénombrant déjà plus d’un million de doses administrées au 1er novembre sur les 4 millions de doses délivrées. Dans notre dossier d’information sur la grippe, nous rappelons que c’est 2 à 8 millions de personnes qui sont touchées chaque année par le virus de la grippe, également appelé Influenzavirus.

Fatigue, fièvre, toux, « nez qui coule » : si les symptômes sont en apparence similaires à ceux d’un rhume ou d’une rhinopharyngite, la grippe est plus éprouvante que les autres pathologies fréquentes de l’hiver. Mutant chaque année, l’Influenzavirus peut même s’avérer mortel, notamment pour les enfants, les personnes âgées et les personnes fragiles, faisant en moyenne 5000 morts chaque année.

 

Sous haute surveillance à l’échelle mondiale, l’épidémie annuelle de grippe l’est aussi en France, sous la coordination de Santé publique France. C’est dans cet objectif que, depuis 1984, l’Inserm participe à la tenue du réseau Sentinelles, en partenariat avec la faculté de médecine de la Sorbonne. Plus de 1400 médecins généralistes et pédiatres libéraux, tous volontaires et répartis sur le territoire métropolitain, fournissent les données de leurs consultations afin d’établir un bilan statistique et géographique des tendances épidémiologiques. Les indicateurs ainsi fournis permettent d’évaluer l’incidence de nombreuses pathologies de manière hebdomadaire. On sait ainsi que les symptômes grippaux sont encore légers en cette fin de mois de novembre, même si certaines tendances se démarquent dans les Cévennes, dans l’Artois et dans le bocage mayennais.

Par ailleurs, les chercheurs et les professionnels de Santé peuvent aussi se reposer sur les données de surveillance fournis par le projet Grippenet. Mis en place en 2012 par le réseau Sentinelles, c’est un projet de surveillance épidémiologique permettant à tout le monde de participer en ligne, anonymement, en renseignant les symptômes dont ils pourraient souffrir d’une semaine sur l’autre. Cela permet aux chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université de suivre l’évolution d’individus pouvant monter des symptômes grippaux sans pour autant avoir été consulter un médecin généraliste.

Bruno Lina, chercheur Inserm au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI) de Lyon déclarait pour notre dossier que « [les] outils de lutte actuels ne suffisent pas à éliminer le problème de santé lié à la grippe. Nous avons un vrai besoin de connaissances dans tous les domaines ». Le réseau Sentinelles, avec l’appui du projet Grippenet, sont des outils importants pour les chercheurs désireux d’enrichir les connaissances épidémiologiques sur l’Influenzavirus et, entre autres, d’améliorer les mesures de prévention et l’efficacité des vaccins contre la grippe.

sentiweb.fr

Passage à l’heure d’hiver 2019

 

Photo by Sujith Devanagari on Unsplash

 

Le passage à l’heure d’hiver aura lieu dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre 2019. A 3h00 du matin, les aiguilles devront afficher 2h00. Derrière ce changement d’apparence anodine, le corps passe aussi à l’heure d’hiver. Fatigue, manque de concentration, sensation de déprime: la baisse de luminosité et les changements d’heure ne sont pas sans conséquences sur le fonctionnement biologique de l’être humain.

La chronobiologie recouvre l’étude des rythmes circadiens, rythmes naturels auxquels s’enchaînent des évènements biologiques quotidiens et réguliers générés non pas par les phénomènes extérieurs mais par une horloge biologique interne localisée dans l’hypothalamus : l’horloge circadienne. En 24h environ, plusieurs rythmes circadiens se superposent, qu’il s’agisse du niveau d’éveil, des niveaux hormonaux, de la température du corps, du niveau de vigilance, etc. Si les phénomènes extérieurs (jour, nuit, température, …) ne sont pas à l’origine du déclenchement de ces rythmes circadiens, ils lui permettent cependant de se synchroniser, en particulier le niveau de lumière naturelle. Un dérèglement de ces rythmes est associé à un nombre conséquent de pathologies.

Messieurs Jian-Sheng Lin et Claude Gronfier , chercheurs Inserm de l’équipe « Waking » au centre de recherche en neurosciences de Lyon, nous ont éclairé sur le sujet. M.Lin  rappelle qu’en général le passage à l’heure d’hiver est moins compliqué que le passage à l’heure d’été où l’on « perd » une heure de sommeil. A noter d’ailleurs que les effets du passage à l’heure d’été seraient accentués par le manque général de sommeil de la population française, estimé entre 30 et 90 minutes par jour selon les études.

En ce qui concerne le temps de réadaptation du corps aux rythmes que nous nous imposons, M.Lin précise que celui-ci varie d’un individu à l’autre. Si, dans le cas des souris, la réadaptation de l’horloge biologique prend en moyenne trois semaines, celle des êtres humains peut aller de quelques jours, comme pour un décalage horaire lié aux voyages, à plusieurs semaines. Les plus jeunes ont d’ailleurs tendance à mieux se synchroniser que les personnes âgées.

Enfin, pour favoriser cette réadaptation des rythmes circadiens, M.Lin conseille de réorganiser nos journées en fonction des cycles jours-nuit, afin de bien exposer notre corps à la lumière et faciliter sa synchronisation. Par ailleurs, les repas sont un autre élément essentiel. Que la faim soit présente ou qu’elle nous manque, il faut à manger à heures fixes pour aider notre horloge interne à se rééquilibrer.

En mars 2019, le Parlement européen a statué en faveur d’un arrêt du changement d’heure saisonnier pour 2021, laissant aux pays membres le choix dans l’adoption d’une heure définitive. Alors qu’un plébiscite des Français par consultation citoyenne a donné l’avantage au maintien de l’heure d’été, des chercheurs et experts en chronobiologie se sont organisés afin de lancer une action à l’échelle européenne et lutter contre les conséquences sanitaires probablement sous-estimées de ce changement d’heure. M. Claude Gronfier, chercheur à l’Inserm et spécialiste de la question de rythmes biologiques et vice-président de la Société francophone de Chronobiologie, travaille notamment à sensibiliser le grand public, mais aussi les institutions française et européenne, à l’importance des l’exposition lumineuse dans la régulation de l’horloge interne. Un maintien permanent de l’heure d’été aurait selon lui des conséquences notables chez les jeunes adultes « couche-tard » et plus encore chez les écoliers et les adolescents, qui ont besoin de davantage de sommeil que les adultes.

Pour en savoir plus sur la chronobiologie et les rythmes circadiens.

Pour contacter Claude Gronfier : rf.mresni@reifnorg.edualc

Pour contacter Jian Sheng Lin : rf.1noyl-vinu@nil 4 78 77 70 41

Prix Nobel de médecine 2019

Les trois lauréats qui se partagent le prix Nobel de médecine 2019.  Niklas Elmedhed. © Nobel Media.

 
Les lauréats du prix Nobel 2019 ont été annoncés ce lundi 7 octobre 2019. Il s’agit de William G. Kaelin Jr, Sir Peter J. Ratcliffe and Gregg L. Semenza, récompensés pour leurs découvertes sur les mécanismes d’adaptations des cellules en fonction de la disponibilité de l’oxygène. 
 
Elise Belaidi, Maître de conférence à l’Université Grenoble Alpes et chercheuse au laboratoire « Hypoxie et physiopathologies cardiovasculaires et respiratoires » (Inserm U1042) a commenté cette nouvelle : 
 
« Les lauréats du prix Nobel de médecine ont mis en évidence l’intérêt de l’étude du système « Hypoxia inducible factor-1 » ou HIF-1, qui permet d’expliquer comment un organisme peut s’adapter à un environnement dans lequel le taux d’oxygène est  bas (on parle d’hypoxie), et dans certains cas, comment cet organisme peut se « mal-adapter », c’est à dire s’épuiser . HIF-1 est un facteur de transcription qui  se fixe sur l’ADN en condition d’hypoxie (son stimulateur le plus connu) pour que les cellules expriment des protéines leur permettant de répondre à cet environnement pauvre en oxygène.
 
Le prix Nobel récompense ainsi des chercheurs qui se sont attachés à comprendre le fonctionnement de ce système et son intérêt dans la réponse à l’hypoxie, ce qui est intéressant car les cellules sont soumises à un manque d’oxygène bien plus souvent qu’on ne pourrait le penser. C’est le cas, par exemple, lorsque l’organisme est exposé à l’altitude, dans le cadre de maladies respiratoires chroniques telles que le syndrome d’apnées du sommeil, voire également dans l’environnement des cellules cancéreuses.
 
Notre laboratoire travaille sur le syndrome d’apnée du sommeil qui touche un milliard de personnes dans le monde et représente un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires et métaboliques. En effet, par exemple, depuis une dizaine d’années, nous tentons de mieux comprendre comment l’activation soutenue de HIF-1 par l’hypoxie intermittente chronique (la conséquence majeure du SAS), est délétère en termes de récupérations structurelle et fonctionnelle post-infarctus. Par ailleurs, nous participons également à des travaux dans lesquels nous mettons en exergue le rôle bénéfique d’une activation aiguë de HIF-1 dans le cadre de l’infarctus du myocarde seul. Ainsi, compte-tenu des effets bénéfiques et délétères de l’activation de HIF-1,  tout l’enjeu est de savoir comment, sur le plan thérapeutique, nous pouvons moduler l’activité de HIF-1 en fonction du patient. 

 

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