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Un point sur les PFAS

PFASLes PFAS sont présents depuis les années 70 dans de nombreux objets du quotidien, comme des ustensiles de cuisine ou des produits cosmétiques. © unsplash

Les PFAS (pour substances per et polyfluoroalkylées), aussi désignés sous le nom de « polluants éternels », font la une de l’actualité. Ces composés chimiques sont présents dans tous les milieux, tout autour de nous et sont connus pour se décomposer très lentement. Une proposition de loi visant à réduire l’exposition à ces substances est débattue à partir de jeudi 4 avril 2024 à l’Assemblée nationale.

Les PFAS sont des molécules contenant une chaîne – plus ou moins longue – d’atomes de carbone et de fluor. Il existe des milliers de PFAS différents.

Si les PFAS sont présents tout autour de nous, c’est parce qu’ils sont utilisés très largement dans l’industrie en raison de leurs propriétés avantageuses antiadhésives, imperméables et hautement stables chimiquement et thermiquement. Ces substances sont ainsi présentes depuis les années 70 dans de nombreux objets du quotidien, comme des ustensiles de cuisine ou des produits cosmétiques.

La manière dont ces PFAS sont produits et recyclés implique qu’ils sont rejetés et se retrouvent dans les sols, dans l’air et même dans l’eau. La contamination humaine se fait principalement par le biais de l’alimentation ou via l’air que nous respirons.

 

Quels risques pour la santé ?

Au-delà des risques environnementaux, des travaux commencent à alerter sur l’impact des PFAS pour notre santé.

Les PFAS se lient aux protéines, et dans l’organisme ils s’accumulent principalement dans certains tissus comme le sang, le tissu rénal ou hépatique. Les demi-vies de nombreux PFAS sont de plusieurs années chez l’être humain.

Du fait de l’exposition des populations à ces molécules et de leur persistance, qu’en est-il des pathologies associées ? Des études suggèrent que l’exposition aux PFAS pourrait être associée à un risque accru de cancer du rein, des perturbations de la réponse immunitaire et une hausse du taux de cholestérol. D’autres effets comme l’infertilité, des retards de croissance ou encore le diabète, sont évoqués mais doivent être confirmés en menant d’autres études.

Comme il existe des milliers de PFAS et autant de mélanges, dont les mécanismes d’action peuvent varier, il est très difficile de les étudier et de se prononcer avec certitude sur les effets d’un PFAS donné. Chaque personne pourrait avoir un risque différent de développer telle ou telle maladie, selon le mélange et la dose auxquels elle est exposée.

D’autres incertitudes demeurent concernant les doses auxquelles nous sommes exposées. Y a-t-il un seuil jusqu’auquel nous ne risquons rien ? Encore une fois, nous manquons de données. Il semble néanmoins que certaines personnes travaillant notamment dans l’agroalimentaire, dans l’industrie textile ou dans l’électronique, peuvent être amenées à manipuler ces substances, et donc à être plus exposées. Habiter à proximité de sites industriels augmenterait aussi l’exposition. Les femmes enceintes ou les jeunes enfants constituent du fait de processus de détoxication immatures, des populations vulnérables. Il est donc essentiel de continuer à mener de nouvelles études pour pouvoir mieux comprendre les PFAS et leurs mécanismes d’actions afin de mieux guider la décision publique et de limiter au maximum, l’exposition des populations à ces polluants éternels.

Les effets du changement d’heure sur notre horloge biologique

horloge © Adobe stock

Dans la nuit de samedi 30 à dimanche 31 mars nous passerons de 2 à 3 heures du matin en un claquement de doigts. Ce sera le moment d’accueillir le passage à l’heure d’été. Est-ce aussi anodin qu’il n’y parait ? Quels sont les effets du changement d’heure sur notre santé ?

La littérature scientifique montre que le changement d’heure a bel et bien des effets physiologiques et sanitaires : il impacte notre horloge biologique interne, appelée système circadien, et peut induire des effets néfastes sur notre santé (troubles du sommeil, de la vigilance, accidents du travail et de la route, des dépressions, des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux).

Sur le cycle circadien, lire le dossier sur la chronobiologie : Les 24 heures chrono de l’organisme

L’adaptation de l’organisme à ce décalage horaire que nous lui imposons varie d’un individu à l’autre et peut durer de quelques jours à plusieurs mois. Dans le contexte de ce changement d’heure, les petits enfants et les personnes âgées ont plus de risques de ressentir des effets négatifs, mais c’est aussi le cas des adolescents, des travailleurs de nuit, et de tous ceux souffrant d’un trouble du sommeil, qui auront plus de difficultés pour s’adapter au nouvel horaire.

Selon l’avis des spécialistes, comme le neurobiologiste et chercheur Inserm Claude Gronfier, président de la société française de chronobiologie, le passage à l’heure d’été serait plus compliqué à gérer pour l’organisme que le passage à l’heure d’hiver, compte tenu, d’un côté, de la perte d’une heure de sommeil, et de l’autre, du fait que l’horloge biologique devra être avancée d’une heure.

En moyenne, nos organismes ont tendance à accumuler un retard de 10 minutes sur leur cycle de 24 heures. Avec le changement d’heure, on leur demanderait d’avancer leur rythme d’une heure, ce qui accentuerait les efforts faits par notre corps pour tenter de rattraper son retard. Ce changement serait particulièrement mal vécu par les chronotypes les plus tardifs, c’est à dire les personnes qui enregistrent une moyenne de 30 minutes de retard sur leur cycle de 24 heures. Les effets du passage à l’heure d’été sur notre rythme circadien seraient accentués par le manque général de sommeil de la population française, estimé entre 30 et 90 minutes par jour selon les études (60 minutes selon le baromètre 2022 de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance).

Heure d’été vs heure d’hiver ?

La suppression du changement d’heure saisonnier ayant été votée en 2019, les états membres de l’UE doivent désormais choisir quelle heure définitive adopter.

La grande majorité de la communauté scientifique, recommande que le choix se porte sur le maintien de l’heure d’hiver.

Si on en venait à maintenir l’heure d’été toute l’année, le réveil en hiver et le coucher en été seraient en effet plus difficiles. Le jour le plus court de l’année, le 21 décembre, le soleil se lèverait à Paris à 9 h 41, au lieu de 8 h 41 à l’heure standard (ou « heure d’hiver »), et un lever du soleil très tardif en cette saison hivernale aurait un impact néfaste sur la santé des Français, le réglage de notre horloge biologique se faisant aussi par l’exposition à la lumière. A l’heure du réveil, notre corps a besoin d’une dose importante de lumière pour débuter une nouvelle journée et synchroniser l’horloge biologique. Il serait ainsi privé de cette lumière en hiver avec un lever du jour plus tardif.

En revanche, si l’heure d’hiver était maintenue, le coucher du soleil aurait lieu en moyenne 4 h plus tard en été qu’en hiver, au lieu de 3 h avec le changement d’heure actuel, et induirait un coucher plus précoce et un sommeil plus long qui seraient bénéfiques à notre santé.

Des travaux sur l’importance de l’exposition à la lumière sur le cycle circadien sont menés au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. L’équipe de recherche a notamment observé que certaines expositions à la lumière, à des moments très précis, ont des effets bénéfiques sur la physiologie du sommeil1 et les fonctions non-visuelles de l’organisme telles que la sécrétion de la mélatonine (hormone contrôlée par l’horloge circadienne et impliquée dans la régulation du sommeil), le réflexe pupillaire, l’activité cérébrale, la température et le système cardiovasculaire, même à des expositions très courtes1,2 et des niveaux très faibles de lumière3.

 

  1. Rahman SA, Wright KP, Kronauer RE, Czeisler CA, Lockley SW, Gronfier C. Characterizing the temporal Dynamics of Melatonin and Cortisol Changes in Response to Nocturnal Light Exposure. Sci Rep 9, 19720 (2019) doi:10.1038/s41598-019-54806-7.
  2. Prayag A, Avouac P, Dumortier D, Gronfier C. Dynamics of non-visual responses in humans: as fast as lightning? Frontiers in Neuroscience, 2019, https://doi.org/10.3389/fnins.2019.00126
  3. Prayag A, Najjar R., Gronfier C. Melatonin suppression is exquisitely sensitive to light and primarily driven by melanopsin in humans. J Pineal Res 2019 Jan 29:e12562. doi: 10.1111/jpi.12562.

 

Cures détox, champagne et chocolats… à l’approche de Noël, l’Inserm revient sur certaines idées reçues

deux coupes de champagne© AdobeStock

Les fêtes de fin d’année sont bien souvent l’occasion pour certains magazines et comptes sur les réseaux sociaux de diffuser des conseils « santé » … parfois mal avisés. Entre injonctions contradictoires (« il faut faire des cures détox » ou « venez déguster les meilleurs chocolats de Noël ») et anecdotes fantaisistes (« buvez du champagne pour une meilleure santé cérébrale »), les idées fausses en santé persistent. L’Inserm vous propose de redécouvrir quelques articles de la série Canal Détox, afin de démystifier certaines fausses infos !

 

Une cure détox pour être au top après les fêtes, vraiment ?

Entre Noël, le jour de l’an et les repas à répétition, les fêtes de fin d’année sont une période intense pour notre organisme. Celui-ci carbure à plein régime et produit, nous dit-on, une multitude de « toxines ». Selon certains articles publiés sur internet, il existerait mille et une astuces pour débarrasser notre organisme de toutes ces « toxines » ou déchets que l’on aurait accumulé. Mais peut-on vraiment compter sur des aliments miracles pour nous décrasser ? Les tisanes de millepertuis fonctionnent-elles pour éliminer les « toxines » de notre organisme ? Et jeûner quelques jours après un excès permet-il réellement de remettre les compteurs à zéro ? Faites le point sur ces questions dans notre Canal Détox dédié au sujet.

https://presse.inserm.fr/canal-detox/une-cure-de-detox-pour-etre-au-top-apres-les-fetes-vraiment/

 

Boire du champagne, c’est bon pour le cerveau ?

De nombreux articles se penchent sur les effets à long terme sur l’organisme d’une consommation élevée de boissons alcoolisées. Certains sujets sont aussi consacrés à la consommation de boissons festives, comme le champagne, sur la santé cardiovasculaire et neurologique. Une étude datant de 2013 est d’ailleurs souvent largement relayée au moment de Noël pour suggérer que le champagne aurait des effets bénéfiques sur le cerveau… mais cette publication comprend de nombreuses limites méthodologiques qui permettent de remettre en question les résultats. Découvrez lesquelles, dans notre Canal Détox sur le sujet.

https://presse.inserm.fr/canal-detox/des-effets-benefiques-du-champagne-sur-le-cerveau-vraiment/

 

Tout savoir sur les éventuels bienfaits du chocolat

Les Français, qui sont parmi les 6 plus gros consommateurs de chocolat au monde, avec 3 millions de tablettes avalées chaque jour… entre autres. Au moment des fêtes, cette douceur se retrouve aussi bien dans les calendriers de l’Avent que sur la table du réveillon.

Si on se fie à tout ce qu’on lit, le chocolat est bourré de vertus : anti-stress, antivieillissement, anti-déprime et même anti-cheveux blancs ! Mais qu’en est-il réellement ? Le chocolat est-il une arme efficace pour lutter contre le stress ? Le chocolat noir est-il meilleur que le chocolat au lait ? Et fait-il vraiment grossir ? Canal Détox coupe court aux fausses infos dans une vidéo à consulter ici :

https://presse.inserm.fr/canal-detox/le-chocolat-cest-bon-pour-la-sante-vraiment/

Téléthon 2023, les avancées de l’Inserm sur les maladies rares

Co-marquages de peau de souris exprimant une mutation du gène PIK3CACo-marquages de peau de souris exprimant une mutation du gène PIK3CA. © Marina Firpion/Guillaume Canaud – unité 1151 Inserm

Le Téléthon 2023 se déroulera les 8 et 9 décembre prochains. Cette campagne désormais bien connue des Français permet de remettre sur le devant de la scène les maladies rares avec comme objectif de faire bénéficier des soins de qualité aux malades, de disposer d’un accompagnement adapté, d’obtenir des solutions concrètes pour faire face à ces maladies et ce, en soutenant activement la recherche.

Une maladie est considérée « rare » dès lors qu’elle ne concerne pas plus d’une personne sur 2000. Ces maladies, pour la plupart d’origine génétique, sont souvent invalidantes et ont pendant longtemps été mal connues.

A l’Inserm, plusieurs équipes travaillent quotidiennement pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans ces maladies et améliorer le diagnostic et le traitement des personnes touchées. Retour sur trois avancées de la recherche qui ont marqué cette année 2023.

 

Myopathie myotubulaire : l’efficacité rapportée d’un essai de thérapie génique

Une étude publiée le 15 novembre 2023 dans The Lancet Neurology rapporte l’efficacité d’un essai de thérapie génétique sur les fonctions respiratoire et motrice d’enfants atteints de myopathie myotubulaire, une maladie extrêmement sévère (cf. encadré ci-dessous).

Dans le cadre d’un essai clinique, et après l’administration par voie intraveineuse du traitement de thérapie génique, 16 enfants sur les 24 traités étaient capables de respirer sans assistance, 20 étaient capables de tenir assis, 12 de tenir debout et 8 de marcher sans soutien.

Cette thérapie génique a été conçue à l’initiative de l’équipe d’Ana Buj-Bello, directrice de recherche à l’Inserm et responsable de l’équipe « Maladies neuromusculaires et thérapie génique » à Généthon.

La myopathie myotubulaire est une maladie génétique rare qui touche un garçon sur 50 000, et se caractérise par une faiblesse musculaire extrême et une insuffisance respiratoire sévère. 50% des enfants qui en sont atteints décèdent avant l’âge de 18 mois, 75% avant l’âge de 10 ans.

 

Myohyperplasie hémifaciale : des scientifiques français identifient pour la première fois les causes de cette maladie

Des chercheurs et chercheuses ont identifié la cause génétique de la myohyperplasie hémifaciale, une maladie rare impliquant exclusivement les muscles du visage. En effet, une mutation gain-de-fonction du gène PIK3CA a été retrouvée dans les muscles du visage de patients atteints par cette maladie.

Cette découverte a permis à l’équipe de recherche d’obtenir l’autorisation de tester auprès de 5 patients le traitement par l’alpelisib, un inhibiteur approuvé de PIK3CA.

Ce médicament a permis de prévenir et réduire l’hypertrophie musculaire chez tous les patients, associée à une symétrisation progressive du visage.

Ces résultats publiés dans la revue JEM permettent d’avoir enfin une explication génétique pour les patients présentant une myohyperplasie hémifaciale, de comprendre les mécanismes de la maladie et d’entrevoir une perspective thérapeutique enfin efficace.

 

Granulomatose septique chronique : des bio-marqueurs pour prédire l’efficacité de la thérapie génique

Une équipe de recherche Inserm à l’Institut Imagine a mis en évidence 51 biomarqueurs qui permettraient de prédire le succès d’une thérapie génique chez des patients atteints de granulomatose septique chronique, une maladie rare et grave du système immunitaire. Cette méthode a pour objectif de proposer des traitements anti-inflammatoires, en amont de la thérapie génique, afin d’augmenter le taux de succès.

Les résultats de cette étude, menée dans le cadre d’un essai clinique ont été publiés le 26 janvier 2023 dans Cell Report Medicine.

La granulomatose septique chronique est une maladie génétique causée par une mutation du gène CYBB localisé sur le chromosome X, et touchant principalement les garçons. Celle-ci engendre un dysfonctionnement d’une sous unité protéique qui empêche les « neutrophiles » – une classe de globules blancs constituant la première ligne de défense contre les infections bactériennes – de produire les molécules nécessaires à la destruction des agents infectieux. Par conséquence les patients atteints de cette maladie souffrent d’infections bactériennes et fongiques récurrentes qui peuvent compromettre leur pronostic vital à court terme.

Autres contenus :

Registres Maladies rares et collections de données sur les maladies rares en France – Mars 2022 

C’est quoi les maladies rares ?

Santé et lumière du soleil

Lunettes de soleil avec soleil dans ciel bleuHerbert Goetsch © Unsplash photos

La période estivale est l’occasion pour l’Inserm de revenir sur les bienfaits mais aussi les dangers liés à la lumière du soleil, et sur les recherches qui s’intéressent à ce sujet.

La lumière influence nos fonctions cognitives et physiologiques

Pour fonctionner correctement, notre « horloge biologique » circadienne se base sur des signaux qu’elle reçoit de l’environnement et qu’elle interprète comme des indicateurs temporels lui permettant de se synchroniser à la journée de 24h. La lumière, en particulier la lumière naturelle du soleil mais aussi la lumière artificielle, constitue ainsi un stimulant puissant de l’horloge circadienne mais aussi de nos fonctions non-visuelles impliquées entre autres dans l’éveil, le sommeil, et la cognition. Elle permet ainsi d’optimiser très précisément la physiologie durant le jour et durant la nuit.

Les travaux sur l’importance de l’horloge circadienne et de l’exposition à la lumière sont menés par des chercheurs et chercheuses Inserm au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. L’équipe de recherche a notamment observé que l’horloge circadienne et la manière dont elle est impactée par la lumière ont des effets très puissants sur un grand nombre de processus physiologiques, telles que la sécrétion de la mélatonine, le réflexe pupillaire, l’activité cérébrale, la température corporelle, le système cardiovasculaire, et plus récemment la perception douloureuse au cours des 24 heures.

Lire notre communiqué de presse : « Comment la lumière influence-t-elle le fonctionnement du cerveau ? »

Lire le dossier Inserm : Les bonnes attitudes contre la carence en vitamine D

Une exposition prolongée aux rayons UV favorise le développement du mélanome

L’exposition aux rayons ultraviolets du soleil est la principale cause de cancer de la peau, connu aussi sous le nom de mélanome, un cancer de la peau très agressif avec un fort potentiel métastatique. Cette agressivité est en partie due à la plasticité des cellules cancéreuses au cours de la progression métastatique.

Plusieurs études récentes ont été publiées pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans cette maladie et identifier les facteurs de risque.

  • Des travaux publiés dans la revue Cancer Research se sont intéressés plus spécifiquement aux interactions entre les cellules de mélanome et le ganglion lymphatique, dont la fonction est de produire les cellules immunitaires. Les résultats de l’étude suggèrent que cibler certains des mécanismes de reprogrammation précoces du ganglion lymphatique par le mélanome, pourrait limiter la dissémination métastatique et le risque de rechute des patients.

 

  • Des chercheurs ont découvert une mutation génétique qui faciliterait la formation de métastases. Cette mutation entraine l’absence d’un facteur de croissance, ce qui impliquerait que les cellules auraient plus de facilité à se disséminer dans l’organisme. L’analyse approfondie de ce mécanisme pourrait permettre d’identifier des cibles thérapeutiques afin de prévenir le phénomène. Les travaux ont été publiés dans Nature genetics.

 

  • Dans une étude publiée dans la revue Journal of Investigative Dermatology, des scientifiques ont montré dans des modèles de souris obèses que les adipocytes (cellules graisseuses) orchestrent la progression tumorale en réduisant de façon importante l’expression d’un suppresseur de tumeur − la protéine p16 − dans les cellules de mélanome.

Lire l’actualité : Comment l’obésité augmente le risque de mélanome agressif ?  

Le Dry January : une pause pour faire le point sur sa consommation d’alcool

Alcool

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. © Adobe Stock

Au lendemain des fêtes de fin d’année, l’heure est aux bonnes résolutions. Certains se lanceront d’ailleurs dans le « Dry January » ou le défi sans alcool du mois de janvier (« Janvier Sobre ») pour récupérer des excès des derniers jours. L’objectif : faire une pause dans sa consommation et réfléchir à son rapport à l’alcool. D’autant que la consommation d’alcool est un facteur de risque majeur pour la santé : elle est impliquée directement ou indirectement dans la survenue d’une soixantaine de maladies.

En 2021, l’Inserm a publié une expertise collective pour dresser un état des lieux des dommages liés à l’alcool et formuler les pistes de recherche et d’actions visant à les réduire. Les scientifiques se sont notamment intéressés aux bénéfices des périodes « sans alcool » et plus précisément à la campagne de sensibilisation annuelle Dry January qui est originaire du Royaume-Uni

Le choix du mois de janvier semble idéal : les potentiels excès pendant les fêtes et l’envie de « détox » suite à cela, associés aux bonnes résolutions de début d’année, sont autant d’arguments qui motivent les participants à relever le défi.

Selon les experts de l’Inserm, en plus d’être associé à des changements dans la consommation observables jusqu’à 6 mois après le défi, un arrêt de consommation d’alcool pendant un mois permettrait aussi l’amélioration de paramètres physiologiques, cognitifs, de bien-être et de qualité de vie. L’expertise collective de l’Inserm s’est ainsi positionnée en faveur du lancement de campagnes d’arrêt de la consommation, à l’image de l’opération « Dry January », dont les bénéfices (et le faible coût) ont été démontrés.

L’expertise collective de l’Inserm :

Ce document présente la synthèse et les recommandations issues des travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective pour répondre à la demande de la Mildeca et du ministère en charge de la Santé concernant la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool, les stratégies de prévention et d’accompagnement.

Ce travail s’appuie essentiellement sur les données issues de la littérature scientifique disponible lors du premier semestre 2020. Près de 3 600 documents ont été rassemblés à partir de l’inter- rogation de différentes bases de données (PubMed, Web of sciences, Scopus, socINDEX, Cairn, Pascal, Francis, Econbizz, JSTOR, OpenEdition Journals, Isidore, Persée).

Consulter le communiqué de presse

Consulter la synthèse de l’expertise collective

Champagne et santé : que dit la science ?

coupes de champagne

À l’approche des fêtes de fin d’année et du défi sans alcool du mois de janvier (« Dry January »), le lien entre santé et consommation de boissons alcoolisées fait l’objet de nombreux articles dans les médias. Et comme chaque année, les effets du champagne – boisson des fêtes par excellence – suscite de l’intérêt.

En général, les études portant sur les associations entre consommation de champagne et santé s’intéressent au rôle des acides phénoliques (dont des flavonoïdes). Ces composés organiques, présents dans les vins et le champagne mais aussi dans des aliments comme le cacao et l’huile d’olive, favoriseraient la santé cardiovasculaire d’après plusieurs études épidémiologiques. Les mécanismes biologiques ne sont pas encore entièrement élucidés, mais ces composés auraient un rôle dans le maintien de l’intégrité des tissus vasculaires (artères, vaisseaux, capillaires) ainsi que des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes.

Des limites méthodologiques importantes ont cependant été rapportées dans plusieurs travaux de recherche sur le sujet, restreignant la portée de leurs résultats. C’est le cas d’une étude parue en 2013 menée à l’université de Reading qui fait régulièrement parler d’elle à l’approche de Noël. En effet, elle suggérerait que le champagne pourrait être bénéfique pour la mémoire et même avoir dans certains cas des effets protecteurs contre des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer.

Or, la prudence s’impose face à de tels résultats : c’est pourquoi nous avions dédié un Canal Détox au sujet pour revenir sur les aspects les plus problématiques de cette étude mais aussi sur les connaissances scientifiques existantes à propos de l’impact du champagne sur le cerveau.

Retrouvez le texte Canal Détox complet sur notre salle de presse

Semaine dédiée au bon usage des antibiotiques : l’Inserm mène des travaux sur l’antibiorésistance

cachets blancs_ antiobiorésistance

© AdobeStock

L’antibiorésistance est responsable de plus de 5500 décès chaque année dans notre pays. Pour lutter contre ce grave problème de santé publique, la France a donc mis en place un programme de recherche ambitieux en créant notamment un programme prioritaire de recherche (2020-2029) piloté par l’Inserm.

Dans les laboratoires, des chercheurs et chercheuses de l’Institut travaillent activement afin de mieux comprendre les mécanismes de l’antibiorésistance et identifier de nouvelles pistes thérapeutiques permettant d’éviter l’usage des antibiotiques.

Le 22 novembre 2022, pendant la semaine dédiée au bon usage des antibiotiques et à l’antibiorésistance, l’Agence Nationale de la recherche (ANR) et l’Inserm organiseront un colloque pour revenir sur les résultats de plusieurs projets soutenus par l’ANR dans ce domaine au cours des dix dernières années. Par ailleurs, les quelques travaux décrits ci-dessous donnent aussi un aperçu de la recherche menée à l’Inserm, depuis la paillasse des laboratoires jusqu’aux lits des patients.

Comment les antibiotiques atteignent leurs cibles bactériennes 

Au sein de l’Unité Membranes et cibles thérapeutiques (MCT – AMU/Inserm/Service de Santé des armées) les chercheurs considèrent qu’afin de lutter efficacement contre l’antibiorésistance, il est indispensable de comprendre comment la molécule atteint une concentration adéquate permettant d’inhiber sa cible dans la bactérie. Dans un récent travail, ils ont contribué à expliquer la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques par imperméabilité. Leurs résultats pourraient contribuer à la synthèse rationnelle de nouvelles molécules capables de pénétrer efficacement et rapidement vers la cible intra-bactérienne. Les résultats sont publiés dans Communications Biology.

Pour en savoir plus, contactez le dernier auteur de l’étude :

Jean-Marie Pages

Directeur de recherche Inserm émérite au laboratoire Membranes et cibles thérapeutiques

rf.uma-vinu@SEGAP.eiraM-naeJ

L’initiative « Science à la pelle »

Pour faire avancer plus rapidement la recherche dans le domaine de l’antibiorésistance, des chercheurs de l’Inserm et d’Université Paris Cité ont lancé un grand programme de recherche participative pour trouver de futurs médicaments grâce aux bactéries qui vivent dans les sols.

Les chercheurs ont, tout au long de l’été 2022, invité les citoyens et citoyennes à rejoindre le programme de recherche participative « Science à la pelle ». Durant leurs randonnées estivales, les participants ont prélevé une cuillère à soupe de terre, envoyé l’échantillon aux chercheurs et renseigné sur l’application disponible sur le site web du projet, les coordonnées et une photo du lieu de prélèvement. L’objectif du projet est de trouver, grâce aux bactéries qui vivent dans les sols, des médicaments efficaces contre les maladies infectieuses développant des résistances aux médicaments.

Quelles avancées pour la phagothérapie ?

Les bactériophages, ces virus « tueurs » de bactéries, pourraient constituer une solution afin de lutter contre les pathogènes résistants aux antibiotiques. Cependant, leur développement clinique se heurte à plusieurs obstacles.

Pour lever les freins, des scientifiques de l’Inserm ont collaboré avec d’autres laboratoires de recherche pour développer un modèle permettant de mieux prédire l’efficacité de la phagothérapie. Il pourrait être utilisé pour mettre au point des essais cliniques plus robustes. Les résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.

Cet été, en vacances, les citoyens peuvent faire avancer la science.

Projet « Science à la pelle » © Marguerite Benony

Pour faire avancer plus rapidement la recherche, les scientifiques en appellent de plus en plus à la coopération des citoyens. Ainsi, le projet de recherche participative de l’Inserm, baptisé « Science à la pelle », consiste pour les citoyens à prélever des échantillons dans le sol pour aider à la découverte de nouveaux médicaments.

En effet, de nombreux médicaments utilisés aujourd’hui sont issus de molécules produites naturellement par les bactéries contenues dans les sols. C’est le cas de la grande majorité des antibiotiques, mais également un certain nombre d’anticancéreux et d’immunosuppresseurs.

Les participants à cette campagne de recherche sont invités à prélever une cuillère à soupe de terre lors de leurs promenades estivales et à envoyer l’échantillon aux chercheurs, en renseignant sur l’application disponible sur le site web du projet, les coordonnées et une photo du lieu de prélèvement. Les chercheurs analyseront ensuite les prélèvements reçus et présenteront aux participants les résultats de leurs recherches, à la fin de l’opération.

 

Consulter notre communiqué de presse sur la salle de presse de l’Inserm.

Programme 13-Novembre : point d’étape 5 ans après le démarrage du projet

Les phases 1 et 2 de l’étude 1000 ont donné lieu à 934 et 839 tournages, soit 2763 heures d’enregistrement.© Adobe stock

 

Les attentats du 13 novembre 2015 ont profondément marqué les victimes, leurs proches, ainsi que l’ensemble de la société française. Depuis 2016, des chercheurs et chercheuses sont mobilisés autour du projet « 13-Novembre », vaste entreprise de recherche transdisciplinaire portée par le CNRS et l’Inserm, codirigé par l’historien Denis Peschanski et le neuropsychologue Francis Eustache. L’objectif : étudier la construction et l’évolution de la mémoire après les attentats, et en particulier l’articulation entre mémoire individuelle et mémoire collective. Alors que le procès des attentats – qui devrait durer 8 à 9 mois – est en cours, l’Inserm fait le point sur les avancées de deux volets de ce programme de recherche, l’étude 1000 et l’étude REMEMBER. Cinq ans après le démarrage du projet, où en est-on ?

Le procès en cours : l’écriture de différentes facettes des mémoires

Aujourd’hui, le procès est en cours et les débats publics facilitent la rencontre entre les mémoires individuelles des différentes parties qui s’expriment et la mémoire collective, façonnée par les médias qui retransmettent ces prises de paroles et différentes analyses.

Selon les chercheurs, s’approcher de la vérité des faits lors de ce procès est une question cruciale car cela minimise les mécanismes de double peine qui peuvent survenir quand les victimes ou les parents endeuillés constatent que la société semble hiérarchiser les lieux de souffrance.

« La double peine pourrait être illustrée par le fait que la victime d’un attentat dans un lieu public (première peine) ne se sent pas reconnue par la communauté (l’État français) car le lieu où s’est déroulé l’attentat qui la concerne (par exemple la terrasse d’ un restaurant) est progressivement mis à l’arrière-plan, avant d’être potentiellement oublié (deuxième peine), contrairement à la salle de spectacle du Bataclan qui occupe une place importante dans les médias et dans la mémoire collective. » explique Francis Eustache, Directeur d’Unité Inserm Neuropsychologie et imagerie de la mémoire, coresponsable du Programme 13-Novembre.

L’avenir indiquera si le procès contribue à la construction d’un grand récit partagé, présenté à la société française par les médias qui s’appuient sur les témoignages individuels des rescapés et intervenants.

« Avant même les analyses fines qui seront réalisées par les chercheurs, nous assistons à l’évolution et à l’écriture de différentes facettes des mémoires, celles d’individus singuliers, au contact de mémoires collectives elles-aussi en cours d’élaboration. Le principal enjeu du programme 13-Novembre sera de rendre compte, de la façon la plus objective possible, de cette écriture au long cours et de ce moment fécond que constitue ce procès hors-normes[1] », explique Francis Eustache.

L’étude 1000 : les deux premières phases réalisées et la troisième en cours

Dans le cadre de l’étude 1000, des médiateurs, des enquêteurs et des chercheurs ont recueilli et vont recueillir puis analyser les témoignages d’un groupe de mille personnes volontaires, au cours de quatre phases d’entretiens filmés réparties sur 10 ans, en 2016, 2018, 2021 et 2026.

Les phases 1 et 2, désormais terminées, ont donné lieu à 934 et 839 tournages, soit 2763 heures d’enregistrement.

Lors de la phase 3, engagée au printemps 2021 et actuellement en cours, l’étude 1000 a intégré 300 nouveaux volontaires afin d’affiner encore l’observation des fluctuations de la mémoire dans les témoignages : comment se présente la mémoire de ceux déjà interrogés à deux reprises dans le cadre du protocole, comment se formule la mémoire de ceux confrontés pour la première fois au protocole, comment ces mémoires se répondent-elles et quelles disparités…?

Cette étude vise l’élaboration d’une cartographie de témoignages la plus complète et variée possible, permettant aux chercheurs de reconstituer un récit de référence des attentats du 13-Novembre. Ainsi, la répartition des volontaires se fait selon quatre cercles, sur la base de leur proximité des lieux des attentats, soit du plus proche au plus lointain. Les volontaires du cercle 1 sont donc les personnes ayant été directement exposées aux attentats.

Parmi les premiers résultats de l’étude, les chercheurs ont pu mettre en évidence des singularités selon les témoignages, notamment ceux relatés par des membres des équipes d’intervention (police et soignants). A travers les témoignages recueillis, ils ont également pu observer que les lieux des attentats avaient pris une place importante pour les habitants des quartiers qui ont été ciblés, alors même que certains ne se trouvaient pas sur place le soir des événements.

Ces récits individuels seront ensuite analysés en détail et mis en perspective avec les traces de la mémoire collective telle qu’elle se construit au cours du temps, notamment au sein des espaces médiatiques (journaux télévisés et radiodiffusés, articles de presse, réseaux sociaux, images commémoratives…).

L’étude REMEMBER : la résurgence des souvenirs intrusifs liée à un dysfonctionnement de certains réseaux cérébraux

L’étude REMEMBER, dirigée par le chercheur Inserm Pierre Gagnepain, évalue les conséquences d’un événement traumatique sur l’évolution des fonctions mentales, psychologiques et cérébrales via l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour, à terme, améliorer les prises en charge. Dans ce programme, les participants se répartissent entre 80 sujets non exposés, et 120 sujets exposés aux attentats, issus de l’étude 1000. Ces derniers forment deux sous-groupes de même taille, les exposés présentant un trouble de stress post-traumatique, et ceux qui n’en présentent pas.

Les premiers résultats de l’étude qui ont fait l’objet d’une publication dans la revue Science ont montré que la résurgence intempestive des images et pensées intrusives chez les patients atteints de stress post-traumatique, longtemps attribuée à une défaillance de la mémoire, serait également liée à un dysfonctionnement des réseaux cérébraux qui la contrôlent. Ces résultats permettent d’identifier de nouvelles pistes de traitement, visant à renforcer ces mécanismes inhibiteurs défaillants.

 

[1] Référence : Eustache F., Peschanski D. Le programme 13-Novembre : le cheminement d’une recherche transdisciplinaire. Médecine/sciences 2021 ; 37 : 963-5

Texte rédigé avec le soutien de Francis Eustache, Directeur d’Unité Inserm Neuropsychologie et imagerie de la mémoire, coresponsable du Programme du 13-Novembre.

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