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Mois de prévention et d’information sur l’endométriose

endométriose

© 2019 Flore Avram/Inserm

On estime à 1,5 million le nombre de Françaises qui seraient atteintes d’endométriose. Ce chiffre est sans doute sous-estimé car bien que fréquente, cette maladie gynécologique demeure encore mal repérée. En effet, les connaissances sur l’endométriose par les professionnels de santé restent insuffisantes et les retards de diagnostic importants. A l’Inserm, des équipes de recherche travaillent depuis plusieurs années pour mieux appréhender la maladie et améliorer la vie des patientes touchées par des douleurs souvent invalidantes, causes de fatigue, de dépression, ou d’anxiété. 

En ce mois de mars 2023, avec la semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose (6 au 12 mars 2023) et  la marche mondiale pour l’endométriose qui aura lieu le 25 mars, l’Inserm revient sur cette maladie et sur le nouveau souffle donné à la recherche avec l’annonce d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose en 2022, dans laquelle l’Institut s’est vu confier un rôle clé.

 

Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie caractérisée par la présence anormale, en dehors de la cavité utérine, de fragments de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus. Ces fragments vont s’implanter et proliférer sur de nombreux organes sous l’effet de stimulations hormonales.  Les principaux symptômes sont des douleurs (douleurs pelviennes notamment, surtout pendant les règles) et, dans certains cas, une infertilité.

Lire le dossier complet sur l’endométriose : https://www.inserm.fr/dossier/endometriose/

 

L’Inserm, un acteur clé de la recherche sur la santé des femmes

Il y a un an, le président de la République a annoncé le lancement de la  Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose.

Dans ce contexte, l’Inserm s’est vu confier par ses ministères de tutelle l’élaboration d’un PEPR exploratoire sur la santé des femmes et la santé des couples. Ce programme couvrira non seulement la recherche sur l’endométriose – de la compréhension de ses mécanismes cellulaires à la prise en charge des patientes – mais aussi les domaines de la fertilité, de l’assistance médicale à la procréation et sur les effets de l’exposition in utero aux antiépileptiques (valproate de sodium et autres). Il comprendra en outre la création d’une base de données constituée à partir des six cohortes nationales déjà existantes, pour en savoir plus sur la fréquence, les facteurs de risque et les conséquences de l’endométriose à tous les niveaux de la vie des personnes atteintes et de leur entourage.

Lire le dossier de presse : Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose

 

Soucieux de diffuser une information scientifique fiable, factuelle et de qualité, l’Inserm est également mobilisé contre la diffusion de fausses informations qui pourraient circuler sur ce sujet. A ce titre, l’annonce récente d’un test de diagnostic salivaire de l’endométriose a fait l’objet d’un décryptage de notre cellule riposte :

Pour aller plus loin : Lire notre Canal Détox : « Un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose, vraiment ? »

28 février : journée internationale des maladies rares

maladies rares

Une maladie est considérée « rare » dès lors qu’elle ne concerne pas plus d’une personne sur 2000. Si bon nombre des maladies rares sont déjà bien décrites dans la littérature scientifique, des zones d’ombre subsistent. A l’Inserm, plusieurs équipes travaillent quotidiennement pour mieux comprendre les mécanismes impliqués et améliorer le diagnostic et le traitement des personnes touchées par ces maladies aux réalités diverses.

A l’approche de la journée internationale des maladies rares, l’Inserm revient sur trois études qui attestent du dynamisme de la recherche sur ce sujet.

Granulomatose septique chronique : des biomarqueurs pour prédire l’efficacité de la thérapie génique

La granulomatose septique chronique est une maladie génétique rare et grave du système immunitaire.  Elle est causée par une mutation du gène CYBB localisé sur le chromosome X, et touche principalement les garçons. Les patients atteints de cette maladie souffrent d’infections bactériennes et fongiques récurrentes qui peuvent compromettre leur pronostic vital à court terme.

Dans une étude publiée en 2023, des chercheurs et chercheuses ont mis en évidence 51 biomarqueurs qui permettraient de prédire le succès d’une thérapie génique chez des patients atteints.

Mucoviscidose : une nouvelle perspective thérapeutique grâce à des recherches sur un champignon comestible

Une molécule issue d’un champignon comestible pourrait ouvrir des perspectives thérapeutiques pour des patients atteints de mucoviscidose, la maladie génétique rare la plus fréquente.

Une équipe de recherche dirigée par Fabrice Lejeune, chercheur Inserm, a testé les effets de la 2,6-diaminopurine (DAP), l’un des principes actifs contenus dans le champignon Lepista flaccida, dans différents modèles expérimentaux de la maladie.

Les scientifiques ont montré que cette molécule pourrait avoir un intérêt thérapeutique pour les patients atteints de mucoviscidose liée à une mutation particulière, dite mutation non-sens.

Syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse : premier et unique traitement autorisé par les autorités américaines

Les syndromes d’hypercroissance dysharmonieuse sont un groupe de maladies génétiques rares qui se caractérisent par le développement d’excroissances déformant certaines parties du corps et responsables de douleurs intenses, de fatigue, de saignements et de divers dysfonctionnements. Les malades souffrent ainsi de handicaps sévères et leur pronostic vital peut être parfois engagé.

Une étude clinique majeure menée par des équipes de l’Inserm, l’AP-HP et l’Université Paris Cité a démontré l’efficacité d’un médicament habituellement utilisé dans le cancer du sein. Il fonctionne en bloquant le gène défaillant responsable de ces syndromes. Les patients traités ont vu leurs lésions régresser et leurs symptômes s’améliorer. Ces résultats importants ont abouti en 2022 à une autorisation de mise sur le marché de ce médicament comme premier et unique traitement de ces maladies, par l’agence américaine du médicament (FDA).

13 février : Journée Internationale de l’épilepsie

© Fotolia

Près de 50 millions de personnes dans le monde sont atteintes d’épilepsie, ce qui en fait l’un des troubles neurologiques les plus fréquents, en troisième position derrière la migraine et les démences. L’épilepsie est associée à des crises avec convulsions, rigidité musculaire… Mais chaque syndrome épileptique peut se manifester par une grande variété de symptômes et être accompagné de troubles l’humeur, de la cognition, du sommeil… Il n’y a pas une mais des épilepsies.

A l’Inserm, des équipes de recherche sont très actives sur le sujet pour faire avancer les connaissances scientifiques sur l’épilepsie et mieux documenter les mécanismes à l’origine de cette maladie complexe. L’objectif ? améliorer les options de traitement des personnes qui en sont atteintes.

Retour sur deux études publiées récemment, qui attestent du dynamisme de la recherche sur ce sujet.

Ralentir la progression des épilepsies liées aux malformations cérébrales

Dans une étude publiée dans la revue Neurobiology of disease, des chercheurs de l’Inserm au sein de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Inmed), se sont intéressés aux anomalies de développement du cortex cérébral, qui conduisent à des épilepsies souvent sévères de l’enfant et de l’adolescent.

Les chercheurs sont parvenus à étudier l’émergence et la progression des crises associées à ce type d’épilepsie dans un modèle animal, grâce à un suivi sur plusieurs mois de l’activité cérébrale par électrocorticographie[1]. Ils ont ensuite pu approfondir leurs découvertes grâce à une approche génétique permettant de supprimer l’activité de certains neurones : leurs résultats ont suggéré que des interventions correctrices ciblées menées précocement pourraient modifier favorablement la progression des épilepsies liées aux malformations cérébrales.

Réduire les crises grâce une stratégie de reprogrammation cellulaire

De nombreuses pathologies du système nerveux central, comme l’épilepsie dite « mésio- temporale »[2], sont associées à une mort de neurones sans que le cerveau ne soit capable de les régénérer. Les cellules gliales présentes dans l’environnement direct des neurones endommagés réagissent en se multipliant, sans que cette réponse gliale ne résolve le problème.

Une équipe de chercheurs associant l’Inserm est parvenue à transformer ces cellules gliales du cerveau en nouveaux neurones dans un modèle de souris atteint d’épilepsie mésio-temporale. Les chercheurs ont pu montrer une réduction de moitié des crises épileptiques dans ces modèles animaux.

Ces résultats publiés dans la revue Cell Stem Cell, suggèrent ainsi le potentiel thérapeutique de cette stratégie de reprogrammation cellulaire pour combattre une pathologie comme l’épilepsie mésio-temporale. Une piste intéressante pour cette maladie alors que 30% des patients qui en sont atteints sont réfractaires aux traitements pharmacologiques actuellement disponibles.

Lire le communiqué de presse : https://presse.inserm.fr/regenerer-les-neurones-perdus-un-pari-reussi-pour-la-recherche/43866/

[1] Enregistrement de l’activité neuronale par l’intermédiaire d’électrodes directement placées sur le cortex cérébral.

[2] Forme la plus fréquente d’épilepsie focale de l’adulte.

Journée mondiale contre le cancer : zoom sur la recherche

Image en superrésolution d’un groupe de cellules T tueuses (vertes et rouges) entourant une cellule cancéreuse (bleue, au centre). © Alex Ritter, Jennifer Lippincott Schwartz and Gillian Griffiths, National Institutes of Health

 

La journée mondiale contre le cancer, qui se tient chaque année le 4 février, est l’occasion de mobiliser médecins, chercheurs et patients pour sensibiliser le public aux principaux enjeux de la lutte contre la maladie. Avec ses partenaires, l’Inserm œuvre pour faire avancer la recherche afin d’améliorer le dépistage et la prise en charge des malades, mais aussi d’identifier de nouvelles pistes thérapeutiques. Zoom sur trois études récemment publiées.

 

  1. Lutter contre les effets délétères d’une chimiothérapie

Le cisplatine est une chimiothérapie indiquée pour lutter contre les tumeurs dans de nombreux cancers. Elle s’accompagne toutefois d’effets secondaires importants : toxicité au niveau des reins, douleurs neuropathiques importantes… Dans une étude parue en novembre 2022 dans  The Journal of Clinical Investigation, une équipe de recherche Inserm à  Lille a identifié un médicament prometteur pour lutter contre ces effets délétères pour les patients.

Déjà autorisée contre la maladie de Parkinson, cette molécule appelée istradefylline pourrait non seulement réduire les effets secondaires de la chimiothérapie mais aussi améliorer ses propriétés anti-tumorales. Ces résultats devront maintenant être consolidés dans le cadre d’un essai clinique.

 

  1. Immunothérapie : identification d’un nouveau biomarqueur

En moins de dix ans, l’immunothérapie a considérablement progressé au point de constituer aujourd’hui une indication thérapeutique dans plus d’une vingtaine de cancers. Cependant, il existe encore des freins. Ces thérapies ne fonctionnent pas encore pour tous les patients. Pour améliorer cette situation, des scientifiques travaillent donc activement à mieux comprendre les mécanismes d’action de l’immunothérapie et les obstacles potentiels.

Une équipe de recherche  Inserm au PARCC (UMR-S 970 Université Paris Cité, Inserm, Hôpital Européen Georges Pompidou – AP-HP) a récemment mis en évidence non seulement l’existence d’un mécanisme qui permet à certaines cellules tumorales dérivées du cancer du rein de survivre à l’action du système immunitaire mais également l’existence d’un biomarqueur soluble dans le sang, CD27, caractéristique de certaines formes de cancer.

Les chercheurs ont notamment montré que la présence de CD27 soluble à des taux élevés dans le sang était associée à une mauvaise réponse des patients à l’immunothérapie. Ces résultats, publiés dans la revue Clinical Cancer Research , ont donné lieu au dépôt de deux brevets.

  1. L’épigénétique éclaire les biais de genre dans la prédisposition à certains cancers

Une nouvelle étude de l’Inserm s’est intéressée au rôle épigénétique d’un ARN non-codant dans le développement de tumeurs agressives, notamment dans le cancer du sein. Publié dans la revue Cell ce travail expliquerait en partie certains des biais de genre dans la prédisposition à certaines pathologies.

Pour rappel, l’épigénétique est une discipline qui étudie les mécanismes intervenant dans la régulation des gènes, essentielle à l’action des cellules et au maintien de leur identité.

 « Cancers : comprendre pour mieux traiter » : le magazine de l’Inserm n°55 est en ligne

Thérapies ciblées, anticorps de nouvelle génération, thérapies cellulaires, vaccins anticancer… Tout cet arsenal thérapeutique qui a déjà révolutionné la lutte contre les cancers, ou va prochainement le faire, a pour point de départ une seule et même origine : une meilleure connaissance des mécanismes moléculaires à l’œuvre au sein des cellules cancéreuses et une compréhension plus fine de leurs interactions avec leur proche environnement. Le dernier magazine de l’Inserm dédié à la lutte contre le cancer, qui retrace ces avancées, est à découvrir ici.

Le Dry January : une pause pour faire le point sur sa consommation d’alcool

Alcool

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. © Adobe Stock

Au lendemain des fêtes de fin d’année, l’heure est aux bonnes résolutions. Certains se lanceront d’ailleurs dans le « Dry January » ou le défi sans alcool du mois de janvier (« Janvier Sobre ») pour récupérer des excès des derniers jours. L’objectif : faire une pause dans sa consommation et réfléchir à son rapport à l’alcool. D’autant que la consommation d’alcool est un facteur de risque majeur pour la santé : elle est impliquée directement ou indirectement dans la survenue d’une soixantaine de maladies.

En 2021, l’Inserm a publié une expertise collective pour dresser un état des lieux des dommages liés à l’alcool et formuler les pistes de recherche et d’actions visant à les réduire. Les scientifiques se sont notamment intéressés aux bénéfices des périodes « sans alcool » et plus précisément à la campagne de sensibilisation annuelle Dry January qui est originaire du Royaume-Uni

Le choix du mois de janvier semble idéal : les potentiels excès pendant les fêtes et l’envie de « détox » suite à cela, associés aux bonnes résolutions de début d’année, sont autant d’arguments qui motivent les participants à relever le défi.

Selon les experts de l’Inserm, en plus d’être associé à des changements dans la consommation observables jusqu’à 6 mois après le défi, un arrêt de consommation d’alcool pendant un mois permettrait aussi l’amélioration de paramètres physiologiques, cognitifs, de bien-être et de qualité de vie. L’expertise collective de l’Inserm s’est ainsi positionnée en faveur du lancement de campagnes d’arrêt de la consommation, à l’image de l’opération « Dry January », dont les bénéfices (et le faible coût) ont été démontrés.

L’expertise collective de l’Inserm :

Ce document présente la synthèse et les recommandations issues des travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective pour répondre à la demande de la Mildeca et du ministère en charge de la Santé concernant la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool, les stratégies de prévention et d’accompagnement.

Ce travail s’appuie essentiellement sur les données issues de la littérature scientifique disponible lors du premier semestre 2020. Près de 3 600 documents ont été rassemblés à partir de l’inter- rogation de différentes bases de données (PubMed, Web of sciences, Scopus, socINDEX, Cairn, Pascal, Francis, Econbizz, JSTOR, OpenEdition Journals, Isidore, Persée).

Consulter le communiqué de presse

Consulter la synthèse de l’expertise collective

1er décembre 2022 : Journée mondiale de lutte contre le sida

Macrophages infectés par le VIH

Macrophages infectés par le VIH : Les protéines virales sont en vert, les microtubules en rouge et les noyaux en bleu. Taille des noyaux : 5µm © Inserm/Institut Curie, R. Gaudin/P. Bernaroch

Jeudi 1er décembre 2022 aura lieu la Journée mondiale de lutte contre le sida.

Organisée dans de nombreux pays par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1988, cette journée vise à informer et à sensibiliser le grand public quant aux moyens préventifs, au traitement et à la prise en charge du virus d’immunodéficience humaine (VIH) / sida.

On estime à 38,4 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH à la fin de 2021. Très impliqués dans la recherche dans ce domaine, les scientifiques de l’Inserm se sont tout au long de l’année mobilisés afin de trouver de nouvelles stratégies de prévention, de diagnostic et de traitement. Retour sur deux récentes études publiées en 2022, qui témoignent de cette implication.

La prise du traitement du VIH intermittente aussi efficace qu’une prise quotidienne chez les patients traités

Pour améliorer la tolérance des traitements antirétroviraux chez les personnes vivant avec le VIH, des chercheurs et chercheuses de l’ANRS-MIE et de l’Inserm ont étudié la prise d’un traitement quatre jours par semaine au lieu d’une prise quotidienne, en régime d’entretien.

Cette approche innovante a montré que la prise du traitement de façon intermittente était aussi efficace qu’une prise quotidienne chez les patients traités et ce après quasiment un an de suivi chez 636 patients. L’article princeps de cette étude a été publié le 2 février 2022 dans The Lancet HIV.

 

Prévention du VIH : la prise de la prophylaxie pré-exposition à la demande est aussi efficace qu’en prise continue

Une autre étude portée par l’ANRS-MIE, en collaboration avec l’Inserm, est quant à elle venue confirmer qu’une prise de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à la demande était une alternative aussi efficace et sûre que la PrEP prise quotidiennement en ce qui concerne la prévention du VIH.

Parmi les 3 056 volontaires de l’étude, tous à haut risque d’infection, l’incidence du VIH sous PrEP était faible (1,1 cas pour 1 000 personnes années de suivi) et ne différait pas entre le groupe utilisant la PrEP au quotidien et celui la prenant à la demande.

Peu de données existaient jusqu’alors sur cette modalité de prise de la PrEP : cette étude, qui a duré trois ans, a apporté de nouvelles preuves en faveur de son ajout dans l’offre de prévention du VIH et a conduit l’OMS à l’approuver pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Les résultats sont parus le 27 juin 2022 dans The Lancet HIV.

 

Octobre rose : Mieux comprendre le développement du cancer du sein chez les patientes

Photo d'imagerie en microscopie électronique montrant la transformation des cellules mammaires tumorales dans le cancer du sein

Transformation des cellules mammaires tumorales dans le cancer du sein. Crédits : Xavier Coumoul / Inserm/Université de Paris

 

Comme chaque année, le mois d’octobre est consacré à sensibiliser au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche. Avec plus de 54 000 nouvelles personnes touchées chaque année en France, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez les femmes. Mieux comprendre le développement de la maladie chez les patientes est un enjeu de taille pour la recherche à l’Inserm, pour en améliorer le diagnostic et optimiser le parcours de soin. Deux publications récentes se sont penchées sur ce sujet.

Un algorithme pour prédire la fatigue sévère dès le diagnostic de cancer du sein

Plus du tiers des femmes traitées pour un cancer du sein déclarent subir une fatigue sévère plusieurs années après le diagnostic. En explorant les données issues de la cohorte CANTO une vaste cohorte de femmes atteintes d’un cancer du sein localisé (stade 1 à 3), des médecins-chercheurs de Gustave Roussy et de l’Inserm ont développé un algorithme prédictif de fatigue sévère qui calcule le score de risque lors du diagnostic de ce cancer.

Il s’agit d’un outil de prévention personnalisée essentiel pour orienter précocement vers des stratégies de prise en charge ciblées.

Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Journal of Clinical Oncology (JCO).

Mieux comprendre la dissémination des cellules cancéreuses

Dans une publication dans la revue Cell, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, du CNRS et de l’Institut Curie, sont parvenus à identifier un des mécanismes à l’œuvre dans la dissémination des cellules cancéreuses des tumeurs mammaires.

Quand les cellules se multiplient et migrent, elles peuvent être comprimées et leur noyau se briser. Ce phénomène entraine des détériorations de leur ADN ce qui facilite la dissémination des cellules cancéreuses. En effet, la compression permet à l’ADN d’entrer en contact avec une enzyme destructrice pour lui, appelée TREX1. La fonction de cette enzyme est normalement de protéger la cellule en détruisant l’ADN des virus qui tenteraient de l’infecter, mais dans ces conditions inhabituelles elle s’attaque à l’ADN de la cellule.

Les scientifiques souhaitent maintenant identifier et tester des molécules qui pourraient bloquer l’activité de cette enzyme.

Journée mondiale de lutte contre la maladie d’Alzheimer

Alzheimer

Dans la maladie d’Alzheimer, deux phénomènes pathologiques cérébraux ont déjà bien été documentés : l’accumulation de peptides béta-amyloïdes et la modification de Tau, une protéine, qui se retrouve sous la forme d’agrégats dans les neurones. © NIH/domaine public

La maladie d’Alzheimer est la forme la plus commune de démence, touchant en France à l’heure actuelle près d’un million de personnes. Elle provoque amnésie mais également aphasie (perte de la faculté de s’exprimer), agnosie (troubles de la reconnaissance des visages, des objets, etc.) et apraxie (difficulté à effectuer certains gestes). De nombreux travaux de recherche sont menés afin de mieux comprendre cette pathologie, d’améliorer la prévention et de retarder son apparition. L’Inserm revient sur deux études récentes ayant fait l’objet de publications scientifiques.

Mieux comprendre la maladie en identifiant les facteurs risques génétiques

En avril 2022, dans la revue Nature Genetics,  une équipe dirigée par le directeur de recherche Inserm Jean-Charles Lambert, a identifié 75 régions du génome associées à la maladie d’Alzheimer. Parmi elles, 42 étaient nouvelles, elles n’avaient encore jamais été impliquées dans la maladie. Une découverte qui a renforcé nos connaissances des mécanismes biologiques impliqués dans la pathologie et permet d’envisager de nouvelles pistes de traitement et de diagnostic.

Lire le communiqué de presse : Maladie d’Alzheimer : 75 facteurs de risques génétiques identifiés pour mieux comprendre la pathologie, avril 2022

Prédire la rapidité de l’évolution de la maladie d’Alzheimer pour une meilleure prise en charge du patient

En mars 2022, dans la revue Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, des chercheurs et chercheuses de l’équipe Inserm NIP (Neuroimagerie phamacologique, service hospitalier Frédéric Joliot à Orsay) rapportaient que l’évolution de la maladie d’Alzheimer pouvait être anticipée grâce à une technique d’imagerie spécifique : la Tomographie par Emission de Positons (TEP).

Cette technique permet de détecter in vivo l’accumulation des protéines anormales (tau et amyloïde) ainsi que leur répartition dans le cerveau.

Anticiper l’évolution potentielle des troubles cognitifs permettrait d’améliorer la prise en charge et l’accompagnement des patients en optimisant, par exemple, la conception des essais thérapeutiques en fonction de l’évolution attendue des troubles chez chaque patient.

Cancer de la peau : quelles avancées de la recherche ?

Ganglion modifié à distance par les facteurs sécrétés par le mélanome, avec une extension du réseau lymphatique (Rouge) et une invasion des lymphocytes B (Violet) dans la zone des lymphocytes T (Vert). Étape précédent la formation des métastases. © Virginie Prod’homme/Inserm

La France connaît des périodes de fortes chaleur ces dernières années, avec des canicules de plus en plus fréquentes entre juin et septembre. L’exposition aux rayons ultraviolets du soleil est la principale cause de cancer de la peau. A chaque exposition, l’action des rayons altère les cellules de la peau. Les cellules disposent de mécanismes d’adaptation qui leur permettent de réparer les dommages qu’elles subissent, mais ils ne sont pas inépuisables : en cas d’expositions brutales et répétées, la peau ne parvient plus à se défendre contre les dégâts causés et des cellules cancéreuses peuvent se développer.

Dans cet article, l’Inserm revient sur les avancées récentes de la recherche sur le cancer de la peau et plus particulièrement sur les récents travaux concernant le mélanome. Considéré comme le plus grave des cancers de la peau, le mélanome représente environ 4 % des cancers de la peau mais il est responsable de 80 % des décès liés à un cancer dermatologique notamment à cause de sa propension à évoluer rapidement vers des stades métastatiques.  En 2018, on estime que le mélanome a touché 15 500 personnes en France et causé 1 980 décès.

Mieux comprendre les mécanismes impliqués

Le mélanome est un cancer de la peau très agressif avec un fort potentiel métastatique. Cette agressivité est en partie due à la plasticité des cellules cancéreuses au cours de la progression métastatique.

Le ganglion lymphatique est souvent le premier tissu envahi par les cellules métastatiques et la première étape vers une dissémination systémique des métastases. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Cancer Research, des chercheurs de l’unité 1065 Inserm (Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire/Université Côte d’Azur) se sont intéressés plus spécifiquement aux interactions entre les cellules de mélanome et leurs effets sur le ganglion. Selon leurs résultats, les propriétés biomécaniques des ganglions sont modifiées par les facteurs sécrétés par certaines cellules de mélanome : elles induisent la dilatation des ganglions lymphatiques et favorisent l’invasion des cellules tumorales.

Ces travaux suggèrent que cibler certains des mécanismes de reprogrammation précoces du ganglion lymphatique par le mélanome, ou d’autres cancers lymphophiles, pourrait limiter la dissémination métastatique et le risque de rechute des patients.

Identifier des facteurs de risque

L’obésité est associée à un risque accru de développer certains cancers et accroît l’agressivité des tumeurs. Une équipe Inserm (unité 1037 Inserm/CNRS/UTPS) au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse a étudié les mécanismes moléculaires qui sous-tendent ce phénomène dans le cas du mélanome.

Dans une récente publication dans la revue Journal of Investigative Dermatology, elle montre que les adipocytes issus de sujets obèses orchestrent la progression tumorale en réduisant de façon importante l’expression d’un suppresseur de tumeur − la protéine p16 − dans les cellules de mélanome.

La mise en évidence de ce mécanisme conforte l’existence d’une association causale entre l’obésité et un risque accru de développer des mélanomes agressifs. 

Pour en savoir plus, lire l’actualité : Comment l’obésité augmente le risque de mélanome agressif ?  

12 mai, journée mondiale de la fibromyalgie

© Inserm/Frédérique Koulikoff

La fibromyalgie, ou syndrome fibromyalgique, est une forme de douleur chronique diffuse associée à d’autres symptômes invalidants tels que de la fatigue, des troubles du sommeil et de l’humeur, ou des troubles cognitifs. Entre 1,4 et 2,2 % des Français seraient concernés par cette maladie, mais l’absence de marqueur biologique spécifique rend le diagnostic difficile à poser.

A l’approche de la journée mondiale de la fibromyalgie le 12 mai, l’Inserm revient sur les principales conclusions délivrées à l’occasion de son expertise collective publiée en 2020[1]. Au total, ce sont près de 1 600 documents scientifiques publiés au cours des dix dernières années qui ont été analysés.

Une réalité clinique complexe

La fibromyalgie est une maladie très hétérogène dans son expression clinique avec une grande variabilité dans sa sévérité.

Si elle est avant tout associée à des douleurs chroniques diffuses fluctuantes, une grande majorité des patients souffre aussi de fatigue persistante, de difficultés de concentration et d’attention, et d’un déconditionnement physique (processus psychophysiologique conduisant à l’inactivité physique et au repli sur soi). Jusqu’à 85 % des personnes concernées présentent aussi des symptômes anxiodépressifs et 95 % d’entre eux se plaignent de troubles du sommeil.

Reposant sur des critères cliniques en constante évolution, le diagnostic de la fibromyalgie reste difficile à poser, d’autant qu’aucun biomarqueur n’a pour le moment été identifié. Les résultats des études d’imagerie cérébrale qui ont été réalisées jusqu’à présent sont très variables et ne permettent pas d’aider au diagnostic.

Les recommandations de l’expertise collective

Face à ces divers constats issus de la littérature scientifique, et pour faire face à la réalité clinique complexe de la fibromyalgie, plusieurs recommandations ont été présentées dans l’expertise de l’Inserm :

  • La nécessité de favoriser un accompagnement qui s’adapte et qui évolue en fonction des symptômes.
  • Une remise en mouvement précoce via une activité physique adaptée. (Un tel programme d’activité physique devra être supervisé régulièrement par un professionnel de santé)
  • Prévenir le mésusage médicamenteux, notamment en évitant la prescription d’opioïdes contre les douleurs diffuses (surtout chez les enfants et les adolescents).
  • Promouvoir une recherche de qualité : développer et poursuivre des recherches de qualité sur la douleur chronique généralisée, dont la fibromyalgie.

Pour consulter la synthèse de l’expertise collective, rendez-vous sur : https://www.inserm.fr/expertise-collective/fibromyalgie

Pour lire le communiqué de presse sur l’expertise collective : https://presse.inserm.fr/fibromyalgie-bilan-des-connaissances-et-recommandations-une-expertise-collective-inserm/41020/

Pour en savoir plus sur la fibromyalgie : Lire le dossier sur la fibromyalgie

[1] L’Inserm a été sollicité par la Direction générale de la santé pour réaliser une expertise collective afin de disposer d’un bilan des connaissances scientifiques de la fibromyalgie chez l’adulte, mais aussi d’explorer l’existence éventuelle d’un syndrome similaire chez les enfants et les adolescents. Cette expertise a également pour objectif d’émettre des recommandations d’actions et d’établir des priorités de recherche pour mieux comprendre la fibromyalgie et améliorer l’accompagnement des patients.

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