Associé au vieillissement de la population et au développement du syndrome métabolique, l’athérosclérose est une cause majeure de décès dans le monde. Des chercheurs de l’Unité Inserm 970 « Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris » (Inserm/ Université Paris Descartes), ont réussi à mettre en évidence les mécanismes qui sous-tendent la formation des plaques d’athérosclérose. Ils ont notamment découvert le rôle protecteur de l’autophagie, un processus de nettoyage et de recyclage des composants cellulaires, dans les cellules qui tapissent la paroi interne des artères. Ces résultats, parus dans PNAS le 25 septembre 2017, permettent de mieux comprendre les étapes initiales du développement de ces plaques et ouvrent la voie d’un traitement préventif.
L’athérosclérose est une maladie du système cardio-vasculaire qui se caractérise par le dépôt d’une plaque essentiellement composée de lipides (on parle d’athérome) sur la paroi interne des artères. Si certaines de ces plaques sont stables, d’autres s’érodent ou se fissurent et les conséquences sont alors dramatiques pour le patient: infarctus du myocarde ou encore accident vasculaire cérébral (AVC).
Coupe schématique d’une artère saine et d’une artère athéroscléreuse. ©Inserm/Koulikoff, Frédérique
Les facteurs de risque cardiovasculaire sont multiples : diabète, obésité, tabagisme, hypertension artérielle, etc. Bien que ces facteurs soient généraux, les plaques d’athérosclérose se développent principalement dans des zones précises de système circulatoire que sont les bifurcations et incurvations artérielles. Ces endroits sont caractérisés par les faibles forces de frottement qu’y exerce le sang circulant. A l’inverse, les zones artérielles exposées à des frottements plus importants sont protégées de l’athérosclérose. Les mécanismes impliqués dans ce rôle protecteur du frottement sanguin sur le développement de l’athérosclérose restent encore mal compris.
Une récente étude menée par Chantal Boulanger et Pierre-Emmanuel Rautou, de l’Unité Inserm 970 « Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris », vient de combler cette lacune dans la compréhension de l’athérosclérose. Les travaux montrent le rôle clé de l’autophagie endothéliale, c’est-à-dire la capacité qu’ont les cellules qui tapissent la face interne des artères à dégrader et recycler leurs propres composants.
Les chercheurs ont ensuite empêché le processus d’autophagie à la surface de la paroi artérielle et ils ont alors observé une recrudescence des plaques dans ces zones artérielles habituellement protégées du développement de l’athérosclérose. L’autophagie endothéliale représente ainsi le lien jusqu’alors manquant entre les forces exercées par le sang circulant et l’athérosclérose.
« Ces résultats prouvent qu’inhiber l’autophagie n’est pas favorable en cas d’athérosclérose. Au contraire, stimuler spécifiquement l’autophagie, permettrait de prévenir la formation des plaques d’athérome et donc de réduire les risques d’infarctus ou d’AVC, véritable défi majeur pour la santé publique. », conclut Chantal Boulanger.