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Jérôme Estaquier
U 1124 « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs » (Inserm/Université de Paris)
E-mail : wrebzr.rfgndhvre@cnevfqrfpnegrf.se
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Coronavirus SARS-CoV-2 responsables de la maladie COVID-19 accrochés aux cellules épithéliales respiratoires humaines. © M.Rosa-Calatraval/O.Terrier/A.Pizzorno/E.Errazuriz-cerda
Près de 60 % des patients hospitalisés pour Covid-19 présentent une lymphopénie, c’est-à-dire une diminution du nombre de lymphocytes[1] circulant dans le sang par rapport aux valeurs normales. Les mécanismes expliquant cet état sont longtemps demeurés mal compris. Dans une nouvelle étude, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm et d’Université de Paris[2] en collaboration avec des équipes nîmoises (CHU de Nîmes), canadiennes (Université Laval) et portugaises (University of Minho and Hospital of Braga)[3] ont mis en évidence un phénomène de mort cellulaire programmée dénommé « apoptose »[4] qui expliquerait la perte des lymphocytes chez ces patients. Ils ont également montré in vitro que ce processus est réversible grâce à l’utilisation d’inhibiteurs de caspase, des molécules qui bloquent l’action des enzymes responsables de l’apoptose. Ces résultats, publiés le 22 janvier 2022 dans la revue Cell Death & Differentiation, permettent d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques pour les patients atteints de formes sévères de Covid-19.
La Covid-19 est une maladie caractérisée par une très grande hétérogénéité clinique. Alors que la plupart des personnes infectées sont asymptomatiques ou présentent des symptômes légers, d’autres développent des formes sévères de la maladie.
Détection de lymphocytes apoptotiques ayant une condensation nucléaire et une fragmentation visualisable par microscopie électronique et pas immunofluorescence. © Jérôme Estaquier
L’équipe du chercheur Inserm Jérôme Estaquier, au sein de l’unité de recherche 1124 (Inserm/université de Paris) et de l’Université Laval à Québec, s’est penchée sur ce phénomène. Les scientifiques ont longtemps travaillé sur le SIDA, pathologie pour laquelle un faible nombre de lymphocyte CD4 dans le sang constitue justement un marqueur de mauvais pronostic. Ils ont donc ici pu mettre en application leurs connaissances de ces processus dans le domaine de la Covid-19.
Dans leurs travaux, les chercheurs ont étudié des échantillons sanguins de patients hospitalisés d’avril à juin 2020 pour Covid-19 (certains d’entre eux en soins intensifs) et les ont comparés à des donneurs sains. Ils ont ainsi mis en évidence que le fait de présenter une lymphopénie était corrélé à la présence de plusieurs biomarqueurs de sévérité.
Pour tenter de bloquer ce processus, les chercheurs se sont ensuite appuyés sur de précédents travaux menés dans le domaine du VIH sur des modèles animaux, dans lesquels ils avaient montré que l’administration de ces molécules appelées inhibiteurs de caspase parvient à stopper l’apoptose, à rétablir les lymphocytes CD4, et à prévenir l’apparition du SIDA. Ils montrent ici qu’avec ces molécules, le processus d’apoptose des lymphocytes T est également réversible dans le cas de la Covid-19.
Ces résultats[5] ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques pour traiter de manière précoce les patients hospitalisés présentant une lymphopénie. « L’idée est désormais de mettre en place des essais cliniques de phase 1 pour tester la sécurité des inhibiteurs de caspase chez l’Homme. Les lymphocytes T sont la clé de voûte du système immunitaire. Ainsi, ces molécules pourraient avoir une utilité à terme pour les patients présentant une lymphopénie lors de leur entrée à l’hôpital », souligne Jérôme Estaquier.
[1] Les lymphocytes sont des globules blancs ayant un rôle clé dans le système immunitaire. Ils défendent l’organisme face aux agressions.
[2] Au sein de l’unité 1124 « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs »
[3] L’étude a aussi été menée en collaboration avec le CHU de Nîmes et le CNRS (IGH).
[4] L’apoptose est une mort cellulaire programmée. Il s’agit d’un processus par lequel des cellules déclenchent leur autodestruction en réponse à un signal de stress ou un ligand de mort.
[5] Cette étude a été financée par la Fondation Recherche Médicale et AbbVie France and Canada.
Jérôme Estaquier
U 1124 « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs » (Inserm/Université de Paris)
E-mail : wrebzr.rfgndhvre@cnevfqrfpnegrf.se
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T cell apoptosis characterizes severe Covid-19 disease
Cell death & Differentiation, janvier 2022
DOI : https://www.nature.com/articles/s41418-022-00936-x
Sonia André1, Morgane Picard, Renaud Cezar2, Florence Roux-Dalvai3,4, Aurélie Alleaume-Butaux1,5, Calaiselvy Soundaramourty1, André Santa Cruz6,7,8, Ana Mendes-Frias6,7, Clarisse Gotti3,4, Mickaël Leclercq3,4, Alexandre Nicolas1, Alexandra Tauzin1, Alexandre Carvalho6,7,8, Carlos Capela6,7,8, Jorge Pedrosa6,7, António Gil Castro6,7, Lucy Kundura9, Paul Loubet10, Albert Sotto10, Laurent Muller11, Jean-Yves Lefrant11, Claire Roger11, Pierre-Géraud Claret12, Sandra Duvnjak13, Tu-Anh Tran14, Gina Racine15, Ouafa Zghidi-Abouzid15, Pierre Nioche1,5, Ricardo Silvestre6,7, Arnaud Droit3,4, Fabrizio Mammano1, Pierre Corbeau2,9,* , Jérôme Estaquier1,15,*