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GrippeNet.fr : bilan au pic de l’épidémie

Photo : ©Fotolia

Le 27 février, les données de la surveillance de la grippe confirmaient le franchissement du pic épidémique de la grippe saisonnière. Le site Internet www.grippenet.fr permet pour la deuxième année consécutive de collecter des données sur les syndromes grippaux directement auprès de la population française. Actuellement, plus de 5 800 volontaires se sont déjà inscrits et participent à ce nouveau système de surveillance et de recherche, lancé par l’Inserm, l’Université Pierre et Marie Curie et l’Institut de veille sanitaire. GrippeNet.fr est actuellement, en France, le seul système permettant d’étudier les syndromes grippaux chez ces personnes malades qui ne consultent pas de structure médicale.

Depuis le début de l’épidémie, le pourcentage de participants de GrippeNet.fr déclarant des symptômes compatibles avec un syndrome grippal a augmenté, passant de 1,2% des participants par semaine fin décembre à 2,5% début février. La semaine dernière, les principaux signes déclarés étaient le nez qui coule ou bouché (13,1% des participants), de la toux (10,3%), des éternuements (8,5%) et des maux de gorge (7,6%). Les régions dans lesquelles les participants étaient les plus nombreux à déclarer des symptômes de syndrome grippal étaient Poitou-Charentes (6% des participants), Nord-Pas-de-Calais (5,9%) et Bretagne (3,5%).

Depuis le début de l’épidémie, 62% des participants de GrippeNet.fr atteints d’un syndrome grippal ne sont pas allés consulter de structure médicale. Depuis le démarrage de la deuxième saison, plus de 2 000 nouvelles personnes se sont inscrites pour participer à cette étude, et près de 4 000 personnes déclarent actuellement chaque semaine les symptômes qu’elles ont eus ou non depuis leur dernière connexion. La moyenne d’âge des participants de la deuxième saison de GrippeNet.fr est actuellement de 45 ans, et 62% des participants sont des femmes. Les départements dans lesquels la participation est la plus importante sont la Haute-Corse, la Corse du Sud et Paris.

Quand l’hypertension artérielle avance masquée

Une pression artérielle normale chez le médecin mais élevée à domicile ? Ce phénomène dont l’origine reste inconnue, est appelé hypertension artérielle masquée. Christophe Tzourio, directeur de l’unité Inserm 708 « Neuroépidémiologie » (Université de Bordeaux Ségalen) a étudié la présence de l’hypertension artérielle masquée dans une population de 1500 personnes âgées. Non seulement très fréquente et par définition indétectable par le médecin, elle comporte chez ces personnes un fort risque d’évolution à court terme vers une hypertension artérielle permanente. Ces résultats, parus dans Journal of Hypertension, soulignent l’importance de l’automesure de la pression artérielle chez les personnes âgées pour anticiper tout risque d’accident vasculaire.

automesure de la tension artérielle

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L’hypertension artérielle, dont la fréquence augmente avec l’âge, constitue un des principaux facteurs de risque d’accident vasculaire (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde,…). Depuis que des appareils électroniques d’automesure ont rendu possible la mesure de la pression artérielle à domicile, un nouveau type d’hypertension artérielle, dite hypertension artérielle masquée, a été découvert. Celle-ci se caractérise par le fait que la pression artérielle d’une personne est normale chez le médecin mais élevée à son domicile. Phénomène d’origine inconnue, l’hypertension artérielle masquée serait aussi voire plus dangereuse que l’hypertension artérielle classique concernant le risque d’accident vasculaire.

A partir de ces postulats, l’unité Inserm 708 « Neuroépidémiologie » (Université de Bordeaux Segalen, Bordeaux) a entrepris, avec l’aide de spécialistes de l’hypertension artérielle, l’étude de l’automesure de la pression artérielle chez les personnes âgées de la cohorte des 3C à Dijon. Cette étude avait en particulier pour but d’évaluer la fréquence de l’hypertension artérielle masquée au sein d’une population de 1481 personnes âgées entre 73 et 97 ans (moyenne d’âge 78,7 ans). Après une mesure de la pression artérielle au sein d’un centre d’examen, les participants ont, dans les 15 jours suivants, procédé chez eux à la prise de leur pression artérielle au moyen d’un appareil électronique. Le protocole comprenait 18 mesures pendant 3 jours. Les mêmes mesures ont été répétées un an plus tard afin d’évaluer le risque d’évolution vers une hypertension artérielle permanente (pression artérielle élevée au centre d’examen et à domicile).

L’étude a révélé que l’hypertension artérielle masquée était très fréquente : 40 % des participants qui avaient une pression normale au centre d’examen avaient une hypertension à domicile.

Les chercheurs ont ensuite analysé  l’évolution de l’hypertension masquée sans tenir compte de l’existence ou non d’un traitement  puis dans le groupe de personne ne prenant pas de traitement antihypertenseur. Dans le premier groupe, le risque chez ces personnes de développer à un an une hypertension artérielle permanente était multiplié par 7. Chez celles initialement non traitées par des antihypertenseurs, le risque d’hypertension artérielle permanente était multiplié par 17.

« Ces résultats soulignent l’importance de l’automesure de la pression artérielle à domicile chez les personnes âgées afin de diagnostiquer une hypertension artérielle masquée, par nature non détectable par le médecin, et mettre en place des mesures pour baisser la pression artérielle et ainsi réduire le risque vasculaire. L’automesure permet également de renforcer le dialogue entre malade et médecin et de mieux adapter le traitement. » conclut le Professeur Christophe Tzourio, directeur de l’unité Inserm 708.

Cette étude a été financée par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé).

André Syrota, Président-Directeur Général de l’Inserm reconduit dans ses fonctions

André Syrota, vient d’être reconduit par le gouvernement en tant que Président Directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur proposition de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso.

Après avoir été nommé directeur général de l’Inserm en octobre 2007, le Pr André Syrota était déjà depuis 2009 l’actuel Président-directeur général de l’Inserm. Il assure également la présidence de l’Alliance nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé (Aviesan).

portrait officiel André Syrota © A Marouani/Inserm

Né en 1946, ancien interne des Hôpitaux de Paris, docteur en médecine spécialiste en médecine nucléaire, André Syrota est professeur des Universités, Praticien hospitalier à l’Université Paris Sud. Il a été Chef du Service Hospitalier Frédéric Joliot du CEA à Orsay et enseignant en biophysique et médecine nucléaire à la Faculté de médecine de Paris Sud. Directeur des Sciences du Vivant au CEA à partir de 1993, le Pr André Syrota a été nommé Directeur général de l’Inserm en octobre 2007. Il en est, depuis mars 2009, le Président-directeur général.

André Syrota est professeur de médecine et chercheur spécialiste du développement de méthodes d’imagerie fonctionnelle non invasives chez l’homme, reposant sur la tomographie par émission de positons et la résonance magnétique nucléaire.

Dès son arrivée en 2007, la priorité d’André Syrota fut d’instaurer un partenariat avec tous les organismes de recherche et d’assurer une coordination scientifique au niveau national, question sensible en particulier lors des crises de la vache folle et du chikungunya par exemple. Dans cet esprit, Le Pr André Syrota impulse la création, en 2009, de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) par les principaux organismes français[1] pour assurer une coordination stratégique et programmatique nationale de la recherche en sciences de la vie et de la santé. Depuis, Aviesan a pour objectifs de renforcer le potentiel de la recherche, de la rendre plus visible au plan national (notamment vis-à-vis des industries de santé) et international, et plus réactive face à l’émergence de questions scientifiques fondamentales ou de problèmes de santé publique majeurs.

Au niveau européen, Le Pr André Syrota est également, depuis octobre 2011, le vice-président de Science Europe, association regroupant 50 agences de financement et organismes de recherche issus de 23 pays européens, qui œuvre pour la promotion de l’Espace européen de la Recherche. L’Inserm est à ce titre, l’un des organismes français qui a décroché le plus de bourses ERC pour ses jeunes chercheurs comme pour ses chercheurs plus confirmés.

Au plan international, l’Inserm a su développer un réseau de laboratoires associés sur tous les continents.

L’Inserm est ainsi devenu en quelques années le premier organisme de recherche biomédicale européen. Ce rayonnement s’illustre par une progression notable du nombre de publications recensées dans les revues de niveau international. Ces dernières ont augmenté de 42 % pour la recherche fondamentale et de 52 % dans certaines disciplines.


[1] CEA, CNRS, Conférence des présidents d’université, Conférence des directeurs généraux de CHRU, Inra, Inria, Inserm, Institut Pasteur, IRD

Le traitement par le HDL cholestérol au secours de la thrombolyse

Découverte d’un traitement qui réduit chez le rat jusqu’à 90% les complications hémorragiques du seul traitement disponible des accidents vasculaires cérébraux (AVC)

Des travaux de recherche menés dans le service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat (AP-HP/ Université Paris Diderot) et l’unité Inserm associée 698 (Pr Amarenco, Dr Olivier Meilhac) ont mis en évidence les bienfaits du bon cholestérol dans la réduction des complications hémorragiques du seul traitement disponible des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les résultats de cette expérimentation, conduite sur le rat, viennent d’être publiés dans Stroke .

3ème cause de mortalité en France et dans le monde et 1ère cause de handicap acquis de l’adulte, l’AVC touche chaque année 10 millions de personnes, dont 150 000 en France.

A ce jour, le traitement de référence reconnu par l’ANSM en cas d’AVC par occlusion d’une artère cérébrale consiste en l’injection intraveineuse (au pli du coude) d’un médicament appelé Actilyse® (altéplase) qui a pour objectif de dissoudre le caillot. Celui-ci permet de guérir le patient dans 40% des cas, seulement si l’injection est débutée moins de 4 heures 30 après les premiers symptômes d’AVC. Mais la complication redoutée de l’injection intraveineuse de ce médicament est la survenue d’une hémorragie cérébrale avec aggravation neurologique pouvant aller jusqu’au décès dans 6% des cas, ou sans aggravation neurologique visible dans 20% des cas.

Les chercheurs ont découvert un nouveau traitement qui pourrait diminuer jusqu’à 90% ce risque de complication hémorragique de l’altéplase.

Ce traitement est constitué de lipoprotéines de haute densité (HDL ou « bon cholestérol »), isolées à partir de plasma humain. Les HDL sont des particules chargées d’évacuer le mauvais cholestérol depuis l’intérieur des artères jusque vers le foie où il est éliminé. Elles ont d’autres actions favorables : elles sont anti-inflammatoires, anti-oxydantes, anti-protéases, évitent l’infiltration des globules blancs dans la zone d’infarctus…

En émettant l’hypothèse que, par leur effet protecteur sur la barrière sang-cerveau , les HDL pourraient protéger contre les complications hémorragiques de l’altéplase, l’équipe a administré chez des rats l’altéplase 3 heures après avoir bouché une artère du cerveau par un filament ou par un caillot. Une hémorragie a été obtenue chez 62% des rats après retrait du filament et chez 46% des rats dont l’artère a été bouchée par un caillot. Dans les deux cas, lorsque l’altéplase a été injectée conjointement avec des HDL, on observait 90% de moins de complication hémorragique. Les deux modèles (occlusion par un filament ou par un caillot) ont été utilisés pour vérifier l’effet du traitement. Le fait de trouver le même type de résultat renforce la véracité de l’effet des HDL.

« Cette découverte, si elle est confirmée chez l’homme par un essai clinique que nous comptons mener, pourrait révolutionner la prise en charge de l’attaque cérébrale et offrir de nouvelles perspectives pour améliorer la guérison des patients victimes d’AVC. On pourrait même imaginer dans l’avenir la production par génie génétique de particules qui ressembleraient aux HDL » indique le Pr Amarenco, chef du service de neurologie et Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat (AP-HP/ Université Paris Diderot) et co-directeur avec le Pr Steg de l’équipe de recherche « Recherche clinique en athérothrombose » au sein de l’Unité mixte Inserm-Université Paris Diderot 698.

Ces études sont financées en partie par l’Unité Inserm 698 et l’Association SOS-Attaque Cérébrale

accident vasculaire cérébral © S Dehaenne/Inserm

Dès 6 mois de grossesse, le cerveau humain est organisé pour traiter la parole

Une découverte de l’unité de recherche Inserm U1105 « Groupe de Recherche sur l’Analyse Multimodale de la Fonction Cérébrale » de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV) et de l’unité de recherche Inserm U992 « Neuroimagerie cognitive », NeuroSpin/CEA

Le cerveau immature d’un nouveau-né prématuré est capable, dès 3 mois avant le terme, de distinguer les syllabes et les voix masculines et féminines. Ces résultats, obtenus notamment par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Picardie Jules Verne et du centre d’imagerie NeuroSpin du CEA, sont publiés dans la revue PNAS datée du 25 février 2013. Ils soulignent une organisation sophistiquée très précoce des régions cérébrales impliquées dans le traitement linguistique et la communication sociale chez l’Homme.

A la naissance, les nouveau-nés sont capables de distinguer des syllabes proches, de reconnaître la voix de leur mère, et de différentier différentes langues humaines. Ces capacités chez le petit humain sont-elles dues à la présence de mécanismes innés propres à l’espèce humaine pour traiter la parole, ou à un apprentissage rapide des caractéristiques de la voix maternelle pendant les dernières semaines de grossesse ?

Pour le savoir, Fabrice Wallois, directeur de l’unité mixte de recherche UPJV/Inserm « Groupe de Recherche sur l’Analyse Multimodale de la Fonction Cérébrale » (GRAMFC), et Ghislaine Dehaene-Lambertz, (Inserm, NeuroSpin/Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Université Paris-Sud) en collaboration avec des praticiens hospitaliers du CHU Amiens Picardie, ont testé les capacités de discrimination auditive de 12 nouveau-nés prématurés de 28 à 32 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire nés 2 à 3 mois avant le terme.

A ce stade de développement, le cerveau est immature puisque les neurones sont encore en train de migrer vers leur localisation définitive. Néanmoins, les premières connexions entre le cerveau et le monde extérieur se mettent en place, notamment celles permettant au fœtus d’entendre les sons, ce qui permet d’enregistrer les premières réponses cérébrales aux stimulations externes.

Les auteurs de cette étude ont stimulé auditivement les nouveau-nés prématurés, en les exposant à deux sons de syllabes proches (« ga » et « ba ») prononcées soit par un homme soit par une femme. Ils ont enregistré leur réponse cérébrale grâce à l’imagerie optique fonctionnelle (spectroscopie proche infra-rouge). Les chercheurs ont ainsi pu montrer que malgré leur cerveau immature, les prématurés sont réceptifs aux changements de voix (homme ou femme) et aux changements de phonèmes (« ba » ou « ga ») (figure 1).

De plus, les ensembles ou réseaux de neurones impliqués chez le prématuré sont très proches de ceux décrits chez l’adulte dans le même type de tâche. Ils sont asymétriques et impliquent notamment les régions frontales. Comme chez l’adulte, la région frontale droite répond à la nouveauté, quel que soit le changement, alors que la région frontale gauche, ou région de Broca, ne répond qu’au changement de phonème.

Figure 1 : Projection des activations sur le cerveau d’un prématuré de 30 semaines d’aménorrhée. Le changement de phonème entraine une augmentation de l’activité cérébrale dans les régions temporales et frontales, notamment à gauche. La réponse au changement de voix est plus limitée, et ne concerne que la région frontale inférieure droite.

©Wallois


Ces résultats démontrent que très précocement, dès l’établissement des premières connexions cérébrales (trois mois avant le terme) et avant tout éventuel apprentissage, le cerveau humain est équipé pour traiter les caractéristiques particulières de la parole humaine grâce à une organisation sophistiquée de certaines aires linguistiques cérébrales (régions péri-sylviennes droite et gauche). L’organisation des aires cérébrales étant gouvernée par l’expression des gènes au cours du développement du fœtus, les auteurs suggèrent que l’apparition du langage est en grande partie influencée par la génétique et donc par des mécanismes innés.

Cette étude a reçu le soutien du Conseil régional de Picardie et du FEDER (Fonds européen de Développement Régional).

COMBACTE : Un nouveau pas dans la lutte contre les résistances aux antibiotiques

La résistance antimicrobienne représente un problème majeur et grandissant de santé publique du fait d’une raréfaction des antibiotiques disponibles contre les bactéries résistantes. Le projet COMBACTE, qui vient d’obtenir un financement de l’Innovative Medicines Initiative (IMI) à hauteur de 195 millions d’euros, a pour but d’œuvrer au développement de nouveaux antibiotiques et à la mise en place d’une plateforme d’essais cliniques performante, associant recherche privée et publique.

La mise au point d’essais cliniques innovants sur les antibiotiques

Le projet COMBACTE (Combatting Bacterial Resistance in Europe), issu du 6ème appel d’offres de l’IMI, est l’un des projets du programme « New Drugs For Bad Bugs » (ND4BB). Il est né de l’association initiale de partenaires industriels avec deux consortiums académiques : Eu-ACT et INCRAID, portés respectivement par Marc Bonten de l’Université d’Utrecht et par Bruno François du CHU de Limoges, tous deux assurant la coordination globale du projet aux côtés des représentants de l’EFPIA, Scott White (GlaxoSmithKline) et Seamus O’Brien (Astra Zeneca).

Ce projet, qui se déroulera sur 7 ans et qui réunira une vingtaine de partenaires à travers l’Europe, a pour objectif de générer des essais innovants pour faciliter l’enregistrement des nouveaux agents antibactériens au travers notamment de la constitution d’un réseau d’investigateurs expérimentés.

Il permettra également de concevoir et valider des tests pour étayer le diagnostic des patients, d’identifier les traitements les plus appropriés et de surveiller la réponse thérapeutique.

Une grande partie du projet sera consacrée à la réalisation d’essais cliniques de médicaments anti-infectieux en cours de développement par les sociétés pharmaceutiques impliquées dans le programme. Le premier antibiotique à se soumettre aux essais cliniques dans COMBACTE est développé par le laboratoire GlaxoSmithKline.

A ces fins, le budget total du projet COMBACTE s’élève à près de 195 millions d’euros, un niveau de financement jusque-là inégalé en recherche clinique privée/publique.

Les partenaires français du projet européen COMBACTE

Parmi les différents partenaires, plusieurs acteurs français sont impliqués dans le projet COMBACTE.

Le Dr Bruno François, sous l’égide du CHU de Limoges, aura la responsabilité de la coordination des essais cliniques en collaboration avec les tous les centres investigateurs européens et les équipes de Recherche du Groupe GSK et de GSK France (Direction Médicale GSK France). Le Dr François participera également à la gestion globale du projet.

L’Inserm et sa délégation régionale Midi-Pyrénées/Limousin sous la direction d’Armelle Barelli, assureront la gestion du budget de l’ensemble des essais cliniques du projet.

ECRIN (European Clinical Research Infrastructures Network – Réseau européen d’infrastructures en recherche clinique), coordonné par l’Inserm et dirigé par le Pr Jacques Demotes, est une infrastructure qui a pour mission de faciliter la mise en place d’essais internationaux en Europe. ECRIN sera chargé du management des essais cliniques du projet au travers de ses partenaires européens, assurant une coordination entre les différents réseaux nationaux.

Le Dr Laurent Abel (Inserm U980 « Génétique humaine des maladies infectieuses »), autre participant français au sein du consortium, participera à l’identification chez l’homme de marqueurs génétiques influençant la susceptibilité/résistance aux infections bactériennes et la réponse à leur traitement, aux côtés de deux autres partenaires.

Deux réseaux français participeront par ailleurs aux essais cliniques du projet COMBACTE : le Réseau National de Recherche Clinique en Infectiologie (RENARCI) coordonné par le Pr Bruno Hoen (CHU de Besançon), avec le soutien de l’Institut Thématique Multi-Organismes « Microbiologie et Maladies Infectieuses » (IMMI) dirigé par le Pr Jean-François Delfraissy, et le réseau CRICS (Clinical Research in Intensive Care and Sepsis – Recherche clinique en soins intensifs et dans le Sepsis) sous la responsabilité du Dr Bruno François et du Pr Pierre-François Dequin au CHU de Tours. Le Groupe pour la Recherche et l’Enseignement en Pneumo-Infectiologie (Groupe de Travail émanant de la Société de Pneumologie de Langue Française) coordonné par le Pr Anne Bergeron à l’AP-HP Saint-Louis avec la collaboration du Dr Muriel Fartoukh à l’APHP Tenon sera associé au réseau CRICS.

COMBACTE, un projet unique d’excellence à visibilité internationale

COMBACTE est le premier partenariat privé/public européen mis en place dans le domaine du développement médicamenteux.

Le développement de nouveaux antibiotiques représente un défi qui justifie l’association de plusieurs acteurs. En réunissant des professionnels issus d’univers variés (organismes de recherche, universités, hôpitaux et industries pharmaceutiques) spécialisés à la fois en microbiologie, en épidémiologie, en développement médicamenteux et dans les essais cliniques, COMBACTE a pour vocation d’améliorer et d’accélérer le développement d’antibiotiques.

Unique dans son domaine, ambitieux, avec des bénéfices attendus pour les patients, la santé publique et la recherche en Europe, COMBACTE est en passe de devenir la référence en matière de développement de médicaments antimicrobiens en Europe.

La lutte contre les résistances antimicrobiennes – le programme « New Drugs For Bad Bugs »

La résistance des bactéries aux antibiotiques représente une menace mondiale importante et grandissante en santé humaine et animale. Selon l’Organisation mondiale de la santé, « la résistance aux antibiotiques est en train de devenir une urgence de santé publique en des proportions encore inconnues ». En Europe, la résistance aux antibiotiques est responsable de plus de 25 000 décès chaque année et les coûts des traitements sont estimés à 1,5 milliard d’euros par an. Tous les jours de nouvelles formes de résistance apparaissent, laissant les médecins de plus en plus dépourvus de solutions pour lutter contre les infections. Malgré le besoin reconnu de développer de nouvelles armes antibiotiques, seules deux nouvelles classes de médicaments ont été mises sur le marché ces 30 dernières années.

Aussi, en 2011, dans son plan d’action contre les menaces croissantes de la résistance antimicrobienne, la Commission européenne a appelé à une « recherche collaborative sans précédent et à un effort de développement de nouveaux antibiotiques » avec, entre autres, le lancement du 6ème appel d’offres de l’IMI en mai 2012 dans le cadre du programme « New Drugs For Bad Bugs » (littéralement : de nouveaux médicaments pour les vilains microbes).

IMI : un programme unique de partenariat public-privé

IMI (Innovative Medicines Initiative) est un programme unique de partenariat public-privé paneuropéen entre la Commission européenne et l’EFPIA (European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations), chaque partie apportant une enveloppe d’1 milliard d’euros destinée à financer différents projets au travers d’appels d’offres.

Le but d’IMI est de proposer une approche coordonnée pour favoriser le développement de traitements plus sûrs et efficaces pour les patients en encourageant les collaborations entre divers intervenants comme les partenaires académiques et industriels, les autorités publiques ou les associations de patients et en augmentant la compétitivité européenne.

Ce projet est financé par l’IMI (www.imi.europa.eu) sous l’Accord de Subvention n°115523, constitué d’une part de la contribution financière du Septième Programme de l’Union Européenne (FP7/2007-2013) et d’autre part de celle des entreprises de l’EFPIA.

L’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier renouvellent leur partenariat

L’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier renouvellent leur partenariat en matière de recherche, de valorisation et de transfert de connaissances en sciences du vivant. 

Se fondant sur les actions et les résultats de la convention précédente, les deux partenaires fixent les modalités de leur collaboration pour les trois  prochaines années.

Le Professeur André Syrota, Président-directeur général de l’Inserm, Bertrand Monthubert, Président de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier ont signé le 18 janvier dernier une convention de mixité qui inscrit dans la dynamique leur partenariat pour la conduite des recherches communes. Elle prévoit les modalités de gestion des unités de recherche d’une part et celles de la valorisation des travaux de recherche qui en sont issus d’autre part.  

Dans le contexte des principes définis dans l’accord-cadre du 16 novembre 1998, l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et l’Inserm conviennent d’assurer le développement scientifique des unités de recherche communes Inserm/ Université Toulouse III – Paul Sabatier. Pour ces unités existantes ou futures, l’Inserm et l’Université Paul Sabatier s’engagent ainsi à développer les moyens nécessaires afin de :

  • assurer une production scientifique de haut niveau et une continuité entre la recherche biologique et biomédicale cognitive et la recherche médicale, clinique et en santé publique ;
  • veiller à la complémentarité des activités de formation et de recherche et contribuer à la qualité de la formation des étudiants à la recherche et par la recherche ;
  • favoriser la mutualisation des moyens, le développement de plateaux techniques et à la collaboration pour la recherche en sciences de la vie et de la santé ;
  • et enfin développer ensemble des activités de transfert et de valorisation.

Cette convention concerne 7 unités mixtes de recherche et 2 unités mixtes de service, dans lesquelles travaillent plus de 900 personnels (dont 650 chercheurs et enseignants-chercheurs).

De nombreux projets scientifiques au rayonnement international sont portés par ce partenariat entre l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, comme par exemple les implantations du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT) ou de Stromalab (en partenariat avec l’EFS et le CNRS) au sein de l’Oncopole. L’Europe vient également reconnaître nos équipes mixtes avec un projet porté par Nathalie Vergnolle (CPTP) labellisé par l’ERC.

Plusieurs prix scientifiques de haut niveau récompensent régulièrement les recherches menées dans ces laboratoires : Philippe Le Bouteiller du CPTP, lauréat de l’Académie nationale de médecine ou Alicia Mallet, doctorante à l’UDEAR et lauréate d’un prix de la Fondation pour la recherche médicale.

En matière de valorisation, cet accord reconduit les termes de la démarche partenariale engagée par les deux institutions pour protéger et valoriser les résultats obtenus dans les Unités Mixtes de Recherche Inserm-UPS.

Pour chacune des unités mixtes de recherche afin d’optimiser l’accompagnement des chercheurs dans leur démarche de valorisation, l’Inserm et l’UPS ont ainsi décidé de désigner un maître d’œuvre unique et de le doter d’un mandat d’action étendu ; respectivement Inserm Transfert pour les unités dont la valorisation est attribuée à l’Inserm, et Toulouse Tech Transfer pour les unités dont la valorisation est attribuée à l’Université.

Le maître d’œuvre unique assure la protection des résultats de recherche et leur valorisation, jusqu’à la signature de contrats de recherche collaborative ou de cession de licence. Les revenus d’exploitation sont répartis à parts égales entre les deux institutions. En outre, Inserm Transfert et Toulouse Tech Transfer travailleront en étroite collaboration sur les dossiers nécessitant un financement en maturation ; l’enveloppe dédiée à l’accompagnement de projets émanant des UMR en phase précoce de transfert étant également reconduite.

Les unités mixtes Inserm / UPS en Midi-Pyrénées

Imagerie cérébrale et handicap neurologique (Inserm – UPS)

  • Epidémiologie et analyses en santé publique (Inserm – UPS)
  • Stromalab (CNRS – UPS – Inserm – Établissement français du sang)
  • Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (Inserm – UPS, ERL CNRS)
  • Centre de physiopathologie de Toulouse Purpan (Inserm – UPS – CNRS – USC INRA)
  • Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (Inserm – UPS)
  • Unité de différenciation épidermique et autoimmunité rhumatoïde (CNRS – UPS – Inserm)
  • Centre Régional d’Exploration Fonctionnelle et de Ressources Expérimentales CREFRE – Anexplo (Inserm – UPS)
  • French Clinical Research Infrastructure Network – F-CRIN (Inserm – UPS – CHU Toulouse)
A propos de l’Inserm

L’Inserm est le seul organisme public français entièrement dédié à la recherche biologique, médicale et en santé des populations. L’Inserm mène une recherche par essence multithématique. Elle permet l’étude de toutes les maladies, des plus fréquentes aux plus rares. L’Inserm se positionne sur l’ensemble du parcours allant du laboratoire de recherche au lit du patient. Depuis janvier 2008, l’Inserm s’est vu confier une mission de coordination de la recherche biomédicale française, et pour assurer celle-ci, il s’est engagé dans une réforme fonctionnelle, concrétisée par la création de huit instituts thématiques. En savoir plus >> http://www.inserm.fr

A propos de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier

Dans un souci constant de mieux insérer ses étudiants, l’Université Paul Sabatier a développé depuis plus de trois décennies ses relations partenariales avec le secteur socio-économique. L’UPS a été une des premières universités en France reconnue pour la qualité de sa valorisation par l’attribution d’un programme multi-formations. La création en 2010 de la division du partenariat et de la valorisation, au sein de la Direction du Soutien aux laboratoires devrait encore renforcer la professionnalisation de cette activité au service de tous les acteurs de l’université. En savoir plus >> www.univ-tlse3.fr

 

 

 

Obésité et sensibilité à l’insuline : la piste de la lipolyse

Photo : ©Fotolia

La résistance du foie et du muscle squelettique à l’action de l’insuline est un phénomène précoce dans le développement du diabète de type 2. L’équipe Inserm du « laboratoire de recherche sur les obésités » dirigé par Dominique Langin au sein de l' »Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires » (Inserm / Université Toulouse III – Paul Sabatier), montre grâce à des résultats publiés cette semaine, l’association entre la lipolyse (mobilisation des graisses en réponse à un besoin d’énergie de l’organisme) et la sensibilité à l’insuline chez l’Homme. Les chercheurs montrent aussi chez la souris que la diminution de la lipolyse, par modification génétique ou traitement pharmacologique, améliore l’action de l’insuline sur le métabolisme du glucose dans le foie et le muscle. L’inhibition de la lipolyse pourrait être utilisée dans le traitement de la résistance à l’insuline chez les personnes obèses.

Les résultats sont accessibles sur le site de la revue Plos Biology le 19 février 2013.

L’insuline est une hormone qui contrôle le taux de glucose dans le sang en contrôlant sa production par le foie et son utilisation par le muscle. Lorsque l’organisme a besoin d’énergie, en cas de jeûne ou d’exercice physique par exemple, les triglycérides stockés dans le tissu adipeux sont mobilisés sous la forme d’acides gras grâce à la lipolyse adipocytaire. Dans ce cas, les acides gras ont une action favorable puisqu’ils fournissent de l’énergie.

Mais ces acides gras peuvent également avoir une action délétère. Quand ils sont présents en trop grande quantité, comme dans le cas de l’obésité, ils se déposent au niveau des organes périphériques et perturbent l’action de l’insuline. D’autres lipides et des protéines produites par le tissu adipeux en excès sont également impliqués dans le développement de la résistance à l’insuline. (Figure 1 ci-dessous)

Figure 1 : Excès de masse grasse et résistance à l’insuline

© Inserm /  Dominique Langin

Au sein de l’Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires (I2MC, Toulouse), l’équipe du Professeur Langin (Inserm, Université Toulouse III – Paul Sabatier, Hôpitaux de Toulouse), en collaboration avec d’autres équipes de l’I2MC et des équipes suédoises (Karolinska Institutet à Stockholm et Université de Lund), cherchent des moyens de traiter la résistance à l’insuline, une stratégie thérapeutique qui permettrait d’éviter l’apparition du diabète chez les personnes obèses.

Dans cette étude, ils ont mis en évidence chez la souris que la diminution de la lipolyse adipocytaire par modification génétique ou traitement pharmacologique améliore la sensibilité à l’insuline. L’exploration des mécanismes en jeu a montré que la diminution de la lipolyse provoque une réduction des flux d’acides gras dans l’organisme et s’accompagne d’une amélioration de l’action de l’insuline sur le métabolisme du glucose dans le foie et le muscle.

« Nous avons retrouvé les effets de la diminution de la lipolyse chez l’Homme en analysant les données de  cohortes de personnes obèses pour lesquelles nous avons rapporté qu’une diminution de la lipolyse était associée à l’amélioration de la sensibilité à l’insuline. Ces résultats sont d’autant plus intéressants pour la mise en œuvre d’une stratégie thérapeutique que l’inhibition de la lipolyse n’entraine pas de modification du poids corporel » explique Dominique Langin.

De façon inattendue, cette étude montre également, lors de la diminution de la lipolyse chez la souris, l’activation d’une voie métabolique particulière, la lipogenèse de novo qui permet la synthèse d’acides gras directement à partir du glucose (Figure 2 ci-dessous). Au printemps 2012, une équipe de l’université Harvard de Boston aux Etats-Unis avait proposé que l’activation de la lipogenèse de novo dans les cellules adipeuses diminue la résistance à l’action de l’insuline. Un essai clinique réalisé par l’équipe du Pr Langin au Centre d’Investigation Clinique Inserm-CHU de Toulouse montre également qu’un traitement chronique avec une molécule antilipolytique induit une augmentation de l’expression des gènes de la lipogenèse de novo dans l’adipocyte.

Figure 2 : L’inhibition de la mobilisation des graisses (lipolyse) par la cellule adipeuse diminue la résistance à l’insuline en augmentant la lipogenèse de novo.

© Inserm / Dominique Langin

Les chercheurs s’attachent désormais à identifier les médiateurs produits par la cellule adipeuse qui participent à l’amélioration de l’action de l’insuline et, d’autre part, à démontrer l’intérêt de cette stratégie thérapeutique chez des patients obèses prédiabétiques.

Infection VIH par voie sexuelle : élucidation de mécanismes-clé chez l’homme

Après avoir suggéré en 2011 que l’urètre est une nouvelle porte d’entrée du VIH, une équipe de l’Institut Cochin (CNRS/Inserm/Université Paris Descartes, avec le soutien de l’Anrs), le confirme aujourd’hui et identifie les cellules et les mécanismes qui sont mis en jeu : ce sont les macrophages, cellules du système immunitaire, présents dans l’ épithélium de l’urètre, qui permettent l’entrée du VIH. Ces travaux, publiés en ligne sur le site de la revue Mucosal Immunology, pourraient permettre de tester de nouvelles stratégies de prévention du VIH/sida.

Les mécanismes d’infection par voie rectale ou vaginale chez la femme sont assez bien décrits. En revanche, à ce jour, la manière dont les hommes sont infectés par le pénis reste mal comprise. Des études cliniques réalisées dans les années 2000 ont conclu  que la circoncision permettait de réduire de 60% le risque d’infection chez les hommes lors de rapports hétérosexuels.

Suite à ces travaux, l’équipe de l’Institut Cochin avait montré que la muqueuse située sur la face interne du prépuce constituait l’une des principales portes d’entrée du VIH. Mais, vu que la protection par la circoncision n’est pas totale, restait à déterminer quel (s) autre(s) site (s) muqueux au niveau du pénis pouvait (-aient) être incriminé (s) dans l’infection par le virus.

Pour localiser de nouvelles portes d’entrée, les chercheurs ont utilisé des tissus de pénis d’hommes sains adultes prélevés au cours d’opérations transgenres. Le VIH  peut, à priori, pénétrer par trois régions du pénis : le gland, l’extrémité de l’urètre appelée fossa navicularis et la partie de l’urètre située à l’intérieur du pénis.  En mettant en contact les muqueuses recouvrant ces trois zones avec le VIH, les chercheurs ont ainsi observé que le gland et la fossa navicularis résistaient à l’infection. En revanche, le virus pénètre efficacement le pénis  au niveau de l’urètre. C’est aussi par cette zone que pénètrent de nombreux autres pathogènes transmis par voie sexuelle, tels que les gonocoques ou la chlamidya (ces données ont été en partie présentées à la Conférence internationale sur les rétrovirus – CROI – en 2011[1]).


Photo : ©Fotolia

Aujourd’hui, les chercheurs s’intéressent aux mécanismes moléculaires et cellulaires d’infection. Ils démontrent que dans l’urètre, ce sont les macrophages, cellules du système immunitaire chargées de phagocyter des agents pathogènes, qui sont les premiers à être envahis par le VIH. Ceci n’avait jamais été observé auparavant dans ce type de muqueuse.


©Z.Zhou, Y.Ganor ans M.Bomsel, 2012, Institut Cochin

Dans le même temps, les cellules de l’épithélium s’arrêtent de secréter les signaux retenant les macrophages à leur niveau. En conséquence, les macrophages infectés quittent l’épithélium et permettent au VIH de se propager. Les chercheurs ont aussi observé que, dans la  muqueuse de l’urètre, les lymphocytes TCD4+, la cible principale du virus, ne sont pas infectés parce qu’ils sont immatures. Ils pourront l’être plus tard, après migration du VIH dans les ganglions. Les chercheurs veulent à présent déterminer si les macrophages de l’urètre constituent des réservoirs permettant au virus de ne pas être éliminé totalement par les trithérapies. Ces travaux sont importants du point de vue fondamental, et permettent de comprendre en partie comment l’urètre peut constituer une porte d’entrée au VIH chez les hommes, qu’ils soient circoncis ou pas. Ils pourraient permettre aussi l’élaboration de nouvelles stratégies de prévention.


[1] Voir le dossier de presse de l’Anrs

HOMAGE – Combattre l’insuffisance cardiaque, un enjeu à dimension européenne

Le projet de recherche HOMAGE (Heart OMics in AGEing), coordonné par l’Inserm, vient d’obtenir un financement de la Commission Européenne pour une durée de 6 ans. L’objectif étant d’identifier et de valider les biomarqueurs spécifiques de l’insuffisance cardiaque en vue de prévenir le développement de la maladie chez des patients âgés présentant un risque cardiovasculaire élevé. Dix-sept équipes de recherche venant de 10 pays vont joindre leurs efforts dans le but de proposer de nouvelles voies thérapeutiques ciblées pour traiter les patients à risque. Le projet repose sur une approche innovante dite « omique » qui vise à étudier simultanément un grand nombre de gènes, protéines ou métabolites.

Les 17 partenaires seront réunis à Nancy le 22 février pour le lancement du projet HOMAGE.

Faiez Zannad, chercheur de l’unité Inserm U1116, Centre d’Investigation Clinique P. Drouin Inserm  9501 à Nancy, coordinateur du projet HOMAGE se réjouit de l’obtention des 12 millions d’euros qui seront consacrés à combattre l’insuffisance cardiaque, maladie grave affectant les capacités du myocarde et qui touche plus de 6.5 millions de personnes en Europe. En effet, l’incidence de l’insuffisance cardiaque prend une part de plus en plus importante dans les pays industrialisés du fait du vieillissement de la population et de l’explosion des facteurs de risque cardiovasculaires tels que le diabète, l’obésité et l’hypertension artérielle.

L’insuffisance cardiaque est une des causes majeures de mortalité et de morbidité dans le monde et reste la cause d’hospitalisation la plus fréquente chez les patients âgés de plus de 65 ans.

On estime le coût socio-économique de sa prise en charge à près de 1,5 milliards d’euros par an en France[1].

Photo : ©Serimedis/Inserm

Malgré des progrès importants dans le traitement, le développement de dispositifs médicaux et la prise en charge des patients, le diagnostic de l’insuffisance cardiaque est souvent difficile notamment chez les patients atteints de pathologies multiples. Des stratégies de dépistage fondées sur la mesure de la pression artérielle, de la glycémie ou du cholestérol sanguin ont une certaine utilité pour dépister les patients à risque mais elles sont limitées car peu sensibles et spécifiques. Au cours de cette dernière décennie, plusieurs biomarqueurs diagnostiques de l’insuffisance cardiaque tels que les peptides natriurétiques ont été identifiés mais leur potentiel prédictif reste faible.

L’objectif à terme du projet HOMAGE est de proposer des marqueurs plus spécifiques et plus sensibles qui pourraient permettre un dépistage plus précoce de la maladie chez les patients à risque.

Pour y parvenir, les chercheurs ont opté pour une approche « omique ». Celle-ci repose sur la validation de candidats biomarqueurs prometteurs et fiables, identifiés par de multiples approches croisées sur de très grandes quantités de données (génomiques, protéomiques, transcriptomiques et métabolomiques). Elles permettront par la suite de connaître de nouveaux mécanismes physiopathologiques, voies de régulations et nouvelles cibles thérapeutiques dans la prévention et/ou le diagnostic de l’insuffisance cardiaque chez les personnes âgées.

Pour cette étude le consortium HOMAGE aura accès à plusieurs cohortes rassemblant plus de 30 000 patients. Les chercheurs européens identifieront dans un premier temps les candidats biomarqueurs sanguins. Ils étudieront également leur valeur prédictive pour les co-morbidités caractéristiques de l’insuffisance cardiaque et du vieillissement (insuffisance rénale, troubles cognitifs…). Dans un deuxième temps, ils étudieront au cours d’un essai thérapeutique l’individualisation d’un traitement préventif de l’insuffisance cardiaque.

Cet essai permettra ainsi d’identifier les malades ayant la plus grande probabilité de répondre au traitement avec le meilleur rapport bénéfice/risque et de définir de nouvelles cibles thérapeutiques.

Les 17 partenaires du projet HOMAGE : www.homage-hf.eu (en ligne le 21 février)

Inserm, France : http://www.inserm.fr/
Inserm U942/ Biomarqueurs et maladies cardiaques, France
Inserm UMR 1048/ Equipe 7, France
Inserm U744/ Recherche des Déterminants Moléculaires des Maladies Cardiovasculaires, France
Inserm Transfert, France : http://www.inserm-transfert.fr/
European Drug Development Hub, France : http://www.fondationtransplantation.org
ACS Biomarker, Pays-Bas : http://acsbiomarker.com/
Randox Testing Service, Royaume-Uni : http://www.randoxtestingservices.com/
Medical University of Graz, Autriche : http://www.meduni-graz.at/en/
University of Manchester, Royaume-Uni : www.manchester.ac.uk
Fundación para la Investigación Médica Aplicada, Espagne : www.cima.es
University College Dublin, Irlande : www.ucd.ie
University of Hull, Royaume-Uni : www.hull.ac.uk
Maastricht University, Pays-Bas : http://www.maastrichtuniversity.nl/
Istituto di Ricerche Farmacologiche ‘Mario Negri’, Italie : http://www.marionegri.it/mn/en/
Hannover Medical School, Allemagne : http://www.mh-hannover.de
University of Leuven, Belgique : www.kuleuven.be/english/
London School of Hygiene, Royaume-Uni : http://www.lshtm.ac.uk/
Emory University, Etats Unis : http://www.emory.edu
University of Glasgow, Royaume-Uni : http://www.gla.ac.uk/

Institutions collaboratrices:

The Trustees of Boston University, National Heart, Lung, and Blood Institute’s Framingham Heart Study, Etats Unis
Imperial College, Royaume-Uni
Steno Diabetes Center (Novo Nordisk), Danemark


[1] Fédération Française de Cardiologie

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