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Faire consommer des légumes aux enfants, c’est possible!

Dans le cadre du projet européen HabEat (2010-2014), coordonné par l’Inra de Dijon et réunissant 10 partenaires scientifiques dont l’Inserm, les chercheurs ont fait un pas en avant supplémentaire dans la compréhension de la façon dont les comportements et les préférences alimentaires se forment durant les premières années de la vie. Un colloque fait le point sur les résultats obtenus ainsi que sur les recommandations à destination des professionnels de la petite enfance et des parents, les 31 mars et 1er avril 2014 à Dijon.

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© Fotolia

Même si tout n’est pas joué à la fin de la petite enfance, les deux premières années revêtent une grande importance dans le développement des comportements alimentaires chez l’enfant, avec notamment une période charnière au moment de la diversification. Le projet collaboratif HabEat visait à mieux comprendre les déterminants de la formation des habitudes alimentaires à travers deux approches, épidémiologique d’une part et expérimentale d’autre part.

18 000 couples mères-enfants suivis de la naissance jusqu’à 4 ans au moins

Quatre grandes cohortes européennes ont permis de fournir de nouveaux éclairages sur les pratiques alimentaires précoces des mères. Les facteurs associés à la fréquence de consommation de fruits et légumes à diverses périodes de la mise en place du répertoire alimentaire ont été plus particulièrement étudiés.

18 études ayant impliqué au total près de 2000 enfants entre 6 mois et 6 ans
La partie expérimentale a comporté deux volets. Le premier, axé sur les mécanismes clés de l’apprentissage de l’appréciation d’un nouvel aliment, concernait les enfants du début de la diversification (autour de 6 mois) à l’âge de trois ans. Le second axe visait à étudier différentes stratégies afin de tester s’il est possible, au-delà de trois ans et jusqu’à six ans, d’augmenter la consommation de légumes.

Les principaux résultats

Un allaitement maternel plus long est associé à une fréquence de consommation de fruits et légumes plus élevée lors de l’enfance.

L’introduction d’une variété de légumes (sous forme de purée) au début de la période de diversification est associée à une meilleure acceptation de nouveaux légumes à court ou moyen terme.

Le fait de présenter plusieurs fois (exposition répétée) un légume nouveau est suffisant pour en augmenter sa consommation même chez les enfants décrits comme ‘difficiles’ par leurs mères.

Il est difficile d’augmenter la consommation d’un légume déjà familier pour des enfants entre 3 et 6 ans. Une stratégie qui pourrait augmenter la consommation de légumes serait de leur laisser le choix parmi deux légumes.

Dès l’âge de 3 ans, si on propose un encas avant le repas ou des aliments appréciés après le repas, on observe chez certains enfants une augmentation de la prise énergétique totale. Ces situations d’incitation pourraient favoriser le développement du surpoids chez ces enfants.

Des recommandations aux professionnels de la petite enfance et aux parents

Les résultats scientifiques obtenus ont été traduits en recommandations qui seront adressées notamment aux professionnels de la petite enfance, aux pédiatres, aux décideurs politiques chargés de définir la politique nutritionnelle, mais aussi aux industriels de l’agro-alimentaire. Ces recommandations seront discutées pendant le colloque lors de différentes tables rondes.

De plus, un guide à destination des parents a été préparé sur la base des résultats du projet et de précédentes données de la littérature.

HabEat était financé par la commission européenne dans le cadre du 7ème PCRDT via le contrat n°FP7-245012.

Les cohortes :

ALSPAC (UK), 14 000 dyades mère-enfant, femmes enceintes recrutées  entre 1991 et 1992, enfants suivis jusqu’à l’âge de 13 ans

EDEN (FR), 2 000 dyades mère-enfant, femmes enceintes recrutées entre 2003 et 2006, enfants  suivis jusqu’à 5 ans par les chercheurs de l’Inserm

Generation XXI (Portugal), environ 8647 dyades mère-enfant,  femmes enceintes recrutées entre 2005 et 2006, enfants  suivis jusqu’à 4 ans

Europrevall (Grèce), environ 1 000 dyades mère-enfant recrutées entre 2005 et 2007, enfants suivis jusqu’à 4 ans.

Lait maternel et alimentation jusqu’à 2 ans: un moyen de prévenir le risque d’obésité de l’enfant

De nombreuses études se sont intéressées à l’influence de l’allaitement maternel sur la santé de l’enfant. A partir de l’analyse des données de la cohorte ELANCE, Marie Françoise Rolland-Cachera, ancienne chercheuse à l’Inserm et ses collaborateurs de l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN)[1] ont montré que l’allaitement a un effet protecteur sur le risque d’obésité à 20 ans. Les chercheurs soulignent également que les apports nutritionnels à l’âge de deux ans sont déterminants pour assurer cet effet bénéfique. Les résultats de l’étude sont publiés dans The Journal of Pediatrics le 27 mars 2014.

Des études récentes se sont intéressées à l’influence de l’allaitement sur le risque pour l’enfant de développer une obésité : les résultats montraient des tendances bénéfiques, mais pas toujours concluantes. Elles ajustaient leurs résultats en prenant en compte différents facteurs tels que les catégories sociales, le poids des parents, l’âge de la diversification… mais jusqu’à présent aucune étude n’effectuait l’ajustement sur les apports nutritionnels après l’allaitement. Or, il a été montré que la nutrition des deux premières années de vie avait des conséquences à long terme sur la santé pouvant persister jusqu’à l’âge adulte.

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Les chercheurs ont donc étudié les relations entre l’allaitement et le risque de surpoids à l’âge adulte en tenant compte de l’alimentation à 10 mois et 2 ans des enfants inclus dans la cohorte ELANCE.

La Cohorte ELANCE a débuté auprès d’enfants en bonne santé, nés entre 1984 et 1985, recrutés dans les Centres de Bilans de Santé de l’Enfant. Les informations sur l’allaitement ont été recueillies et les apports nutritionnels ont été évalués aux âges de 10 mois et  2 ans, puis tous les deux ans jusqu’à l’âge de 20 ans. A 20 ans, plusieurs mesures ont été relevées dont la taille, le poids, et la composition corporelle (mesures de la masse maigre et de la masse grasse évaluées par impédancemétrie).

Les résultats montrent que l’effet bénéfique de l’allaitement apparait nettement lorsque l’on prend en compte les apports nutritionnels jusqu’à 2 ans et est significativement associé à une diminution de la graisse corporelle à 20 ans. Par ailleurs, dans le modèle statistique, les apports élevés en lipides à 2 ans sont associés à une diminution de la masse grasse à 20 ans.

« Notre étude a donc montré pour la 1ère fois que si l’on prend en compte l’alimentation après la période d’allaitement, le rôle protecteur du lait maternel sur le risque de surpoids apparait clairement, » explique Marie Françoise Rolland-Cachera, ancienne chercheuse à l’Inserm.

L’alimentation des jeunes enfants est souvent caractérisée par des apports élevés en protéines et faibles en lipides, or le lait maternel est riche en graisse et contient une faible proportion de protéines. D’après les recommandations officielles, les lipides ne doivent pas être restreints chez les jeunes enfants afin de répondre à leurs besoins élevés en énergie pour la croissance et pour le développement rapide de leur système nerveux. En particulier, les laitages allégés qui comportent peu de lipides et une proportion élevée de protéines ne sont pas indiqués avant l’âge de 2-3 ans. Une restriction des lipides peut programmer le métabolisme de l’enfant pour faire face au déficit, mais cette adaptation  le rendra plus susceptible de développer un surpoids lorsque les apports lipidiques augmenteront plus tard.

« L’effet bénéfique du lait maternel peut être masqué par une alimentation restreinte en lipides après l’allaitement, tandis qu’une alimentation conforme aux recommandations officielles (pas de restriction des lipides avant l’âge de 2-3 ans) laisse apparaitre son effet bénéfique » souligne Sandrine Péneau, coauteur de ces travaux.  

Les chercheurs s’accordent sur le bénéfice de l’allaitement maternel réduisant le risque d’obésité future et soulignent l’importance d’une alimentation conforme aux recommandations officielles destinées aux jeunes enfants. Un mauvais équilibre des nutriments après l’allaitement peut compromettre le bénéfice apporté par le lait maternel et expliquer les controverses sur son rôle protecteur vis-à-vis du risque d’obésité.


[1] Unité mixte de recherche 1153 « Epidémiologie et Biostatistique »

La Ribavirine, un traitement efficace et sûr contre l’hépatite E

L’hépatite E est responsable d’une inflammation aiguë ou chronique du foie. Il s’agit d’une maladie émergente parfois mortelle et sans traitement connu. Vincent Mallet, Stanislas Pol et leur équipe de l’Institut Cochin (Université Paris Descartes, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, CNRS, Inserm) et des équipes hospitalières françaises* prouvent l’efficacité d’un traitement chez des patients souffrant d’une infection chronique par le virus de l’hépatite E. La Ribavirine, utilisée en monothérapie pendant 3 mois permet de guérir la majorité des patients.

Ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 20 mars 2014 dans la revue The New England Journal of Medicine.

Le virus de l’hépatite E est la première cause d’hépatite virale dans le monde et on estime que le tiers de la population mondiale est à risque d’infection par ce virus. Si la majorité des cas survient dans les pays en voie de développement, on assiste à une augmentation du nombre de cas rapportés en France et dans les autres pays industrialisés où le virus se transmet à l’homme par la consommation d’aliments contaminés insuffisamment cuits et par le sang. Jusqu’à présent, aucune thérapie n’est établie pour traiter les patients atteints d’hépatite E.

Le virus de l’hépatite E, comme les autres virus des hépatites, provoque une inflammation du foie. Dans sa forme aiguë, l’infection peut être mortelle chez les personnes âgées, les femmes enceintes et chez les personnes malades du foie. Chez les personnes immunodéprimées (patients greffés, patients sous chimiothérapie ou personnes vivant avec le VIH), l’infection par le virus de l’hépatite E peut évoluer vers une hépatite chronique et entraîner une cirrhose.

Vers un traitement contre l’hépatite E

La Ribavirine est un médicament prescrit pour traiter certaines infections virales respiratoires chez l’enfant et certaines fièvres hémorragiques. Cette molécule est également utilisée dans le traitement de l’hépatite C. Vincent Mallet, professeur à l’Université Paris Descartes et praticien hospitalier au sein centre hospitalier universitaire Cochin (AP-HP) et Nassim Kamar professeur à l’Université Paul Sabatier et praticien hospitalier au sein du centre hospitalier universitaire Rangueil avaient précédemment prouvé son efficacité chez des patients immunodéprimés souffrant d’une infection chronique par le virus de l’hépatite E**

Dans cette nouvelle étude, les données de 59 patients greffés atteints d’hépatite E et traités par Ribavirine ont été recueillies dans 13 centres de transplantation français par Nassim Kamar (du CHU Rangueil de Toulouse) et Vincent Mallet.

Les chercheurs confirment que « la Ribavirine prescrite en monothérapie pendant 3 mois est un traitement efficace de l’infection chronique par le virus de l’hépatite E ».

Pour la majorité des patients (46 patients sur 59), le virus restait indétectable 6 mois après l’arrêt du traitement. Une durée plus longue de traitement semble préférable chez les patients fortement immunodéprimés ou ceux chez lesquels le virus est détectable dans le sang après un mois de traitement. Le seul effet secondaire identifié et prévisible de la Ribavirine était l’anémie qui a été gérée sans difficulté chez la plupart des patients.

« Ce travail est le fruit d’une véritable collaboration entre de nombreux centres français. Il s’agit d’une grande avancée dans le domaine déclare Vincent Mallet. Nous espérons que nos résultats ouvriront une porte vers d’autres études prospectives dessinées pour évaluer l’efficacité de la ribavirine dans le cas  de formes graves d’infection par le virus de l’hépatite E, notamment dans les pays du Sud, où il est un véritable fléau  ».

* CHU Rangueil et CHU Purpan  Toulouse –  Hôpital Cochin, AP-HP), Pitié Salpêtrière (AP-HP) – Hôpital Saint Eloi de Montpellier – Hôpital Foch de Suresnes – CHU Lyon et CHU de la Croix Rousse de Lyon – Hôpital Paul Brousse (Villejuif, AP-HP) – Hôpital Lapeyronie de Montpellier – Hôpital Bretonneau et CHU Trousseau de Tours – CHU Bordeaux – Hôpital Claude Huriez et CHU de Lille – CHU Le Bocage de Dijon – CHU de Nantes

** Mallet V, Nicand E, Sultanik P, Chakvetadze C, Tesse S, Thervet E, Mouthon L, Sogni P, Pol S. Brief communication: case reports of ribavirin treatment for chronic hepatitis E. Ann Intern Med. 2010 Jul 20;153(2):85-9 et Kamar N, Rostaing L, Abravanel F, Garrouste C, Lhomme S, Esposito L, Basse G, Cointault O, Ribes D, Nogier MB, Alric L, Peron JM, Izopet J. Ribavirin Therapy Inhibits Viral Replication on Patients With Chronic Hepatitis E Virus Infection. Gastroenterology. 2010 Nov;139(5):1612-8).

Définir les paramètres d’un système immunitaire sain : vers une médecine personnalisée

Les efforts visant à réintroduire la dimension « individuelle » dans les décisions médicales sont l’enjeu et le fil conducteur du projet Labex Milieu Intérieur porté par l’Institut Pasteur. Afin de réussir cette orientation vers une médecine personnalisée, une compréhension approfondie des déterminants responsables de l’hétérogénéité de la réponse d’un individu aux stimuli est nécessaire. La première publication du projet Milieu Intérieur coordonné par le Pr Matthew Albert, directeur de recherche Inserm, directeur du département d’Immunologie de l’Institut Pasteur et le Dr Lluis Quintana-Murci, directeur de recherche CNRS et chef d’unité à l’Institut Pasteur, vient de paraître dans le journal Immunity. Elle valide un modèle in vitro développé en partenariat avec la société Myriad-RBM. Cet outil permet d’identifier les caractéristiques (phénotypes) immunitaires de donneurs en réaction à une trentaine de stimulants du système immunitaire : bactéries, virus, champignons, vaccins, traitements …

Le projet Milieu intérieur est l’un des lauréats de la première vague d’appel d’offres “Laboratoire d’Excellence”. L’Institut Pasteur, porteur du projet, a réuni autour de lui des partenaires académiques dont l’Inserm, le CNRS, l’Institut Curie, l’Université Paris Diderot – Paris 7, l’Université Paris 13 et des hôpitaux parisiens.

 Lymphocytes en amas

Lymphocytes en amas © Inserm/Dantchev, Dimitri

Le projet Milieu Intérieur a pour objectif de comprendre et de définir la variabilité de la réponse du système immunitaire dans la population générale, et de déterminer les facteurs génétiques et environnementaux contribuant à l’hétérogénéité des phénotypes immunitaires.

La prédisposition aux infections, la sévérité des maladies et la réponse aux médicaments ainsi qu’aux vaccins sont très variables d’un individu à l’autre. Les pratiques médicales et les politiques de santé publique reposent en général sur un modèle unique de prise en charge des maladies et de développement des médicaments. En raison de la complexité des réponses immunitaires chez chaque individu et dans la population, il n’a jusqu’à présent pas été possible de définir les paramètres – génétiques ou environnementaux – qui définissent un système immunitaire sain et sa variabilité naturelle.

L’étude publiée aujourd’hui présente les résultats obtenus sur 25 des 1 000 individus sains constituant la cohorte Milieu Intérieur. Les données permettent d’avoir un premier aperçu de la variabilité de la réponse immunitaire chez les individus sains et démontrent comment chaque stimulation induit une réponse immunitaire unique.

Dans cette étude, 27 stimulants du système immunitaire ont été incorporés dans une technologie développée avec la société Myriad afin de déterminer comment le système immunitaire de sujets sains réagit à des bactéries, des champignons, des virus, des agents thérapeutiques et des vaccins. Grâce à cette technologie, les interactions cellulaires physiologiques sont préservées afin de mieux décrire la complexité des réponses immunitaires innées et adaptatives.

Les réponses immunitaires ont été mesurées et l’analyse des données révèle un modèle unique de réponses du système immunitaire pour chaque stimulant. Les chercheurs ont par exemple rapporté que deux des 25 premiers sujets évalués étaient incapables de produire de l’interleukine 1 alpha, (IL1α), une protéine produite par les cellules du système immunitaire – sous stimulation bactérienne. Ce type d’information peut aider à expliquer la sensibilité d’un individu à une maladie spécifique ou à prédire la réponse à des  traitements immunomodulateurs.

Individualiser les approches et les interventions thérapeutiques, développer des médicaments et des tests de diagnostic adaptés au profil génétique et immunitaire de chaque patient implique de mieux comprendre et de définir les interactions entre gènes, système immunitaire et environnement. Cet objectif constitue l’essence même du projet porté par l’Institut Pasteur.

Stopper le cercle vicieux de la progression tumorale chez les enfants atteints d’un cancer osseux

Le cancer osseux primitif se développe suite à la dérégulation des cellules qui fabriquent continuellement nos os. Dans un contexte cancéreux, ces cellules peuvent dégénérer et former de l’os de façon anarchique sans aucune organisation définie. Des chercheurs de l’Unité l’Inserm 957  » Physiopathologie de la Résorption Osseuse et Thérapie des Tumeurs Osseuses Primitives » à Nantes viennent de mettre au point un traitement innovant stoppant le cercle vicieux qui permet au cancer osseux de se développer.

Publiée aujourd’hui dans la revue Nature Communications, leur étude montre une inhibition de la progression tumorale et une diminution de la dégradation osseuse, associées à un allongement de la survie chez l’animal.

Touchant principalement les enfants et les adolescents avec un pic d’incidence vers 15 ans, les cancers primitifs de l’os affichent des taux de survie à 5 ans de 50 à 70 % dans les meilleurs cas pour les formes localisées, mais de 20 à 30% en cas de métastases, de rechute ou de résistance au traitement. Un pronostic qui n’a pas évolué au cours des 30 dernières années. Bien qu’ayant des causes diverses et encore mal connues, ces cancers, qu’ils s’agissent de l’ostéosarcome, du sarcome d’Ewing ou du chondrosarcome, semblent impliquer des dysfonctionnements cellulaires similaires. Cependant, depuis une quinzaine d’années aucune avancée majeure dans la prise en charge thérapeutique de ces cancers n’a vu le jour.

L’os est un tissu vivant !

En condition physiologique, le tissu osseux est en continuel remaniement comportant des phases de destruction osseuse et des phases de formation osseuse. L’os est majoritairement formé par de deux types de cellules : les ostéoclastes et les ostéoblastes qui interagissent constamment pour maintenir un équilibre entre destruction et formation osseuse. Les ostéoblastes sont les cellules responsables de la formation de l’os. Les ostéoclastes sont quant à elles chargées de la résorption osseuse. Toute dérégulation de la balance formation/destruction osseuse est à l’origine de la pathologie cancéreuse.

Grâce aux recherches précédemment menées par l’équipe de chercheurs de l’Inserm, il est clairement établi qu’un déséquilibre entre l’action des ostéoblastes et des ostéoclastes est impliqué dans le développement des tumeurs osseuses primitives. En effet, dès lors qu’une cellule tumorale se développe sur un site osseux, on observe une résorption importante des os causant leur fragilisation (lésions, fractures…).

Bloquer le cercle vicieux : un défi réussi

Les tumeurs osseuses primitives « se servent » du micro environnement osseux pour pouvoir proliférer. Les cellules tumorales perturbent l’équilibre naturel du système en libérant des protéines appelées « facteurs de croissance ». Ces molécules ont la capacité d’activer les ostéoclastes/ostéoblastes entrainant non seulement d’importantes dégradations de l’os mais également la libération d’autres facteurs de croissance normalement emprisonnés dans l’os. Libérés, ils vont alors à leur tour, stimuler la croissance de la tumeur. Plus la quantité de facteurs de croissance présente dans le micro-environnement de la tumeur est importante, plus la tumeur prolifère. C’est ce qu’on appelle le « cercle vicieux ».

Aucun traitement à ce jour n’inhibe ces trois composantes du cercle vicieux à savoir la tumeur, les ostéoblastes et les ostéoclastes.

L’idée des chercheurs a été de s’intéresser au fait qu’une cellule peut devenir tumorale en cas de dérégulation de l’expression de certains gènes dits « facilitateurs de tumeurs ». Un certain nombre de protéines participent à cette régulation d’expression, notamment les protéines de la famille BRD. Les chercheurs montrent pour la première fois qu’un traitement innovant ciblant ces protéines BRD régulatrices de la transcription, inhibe les trois composantes du cercle vicieux à savoir les cellules tumorales et la différenciation des ostéoclastes et des ostéoblastes.

En inhibant chimiquement la protéine BRD4 (appartenant à la famille BRD), les chercheurs ont réussi à diminuer la prolifération de tumeurs osseuses primitives tout en maintenant l’architecture osseuse.

Des expériences complémentaires ont été réalisées sur des biopsies de patients dans le but d’illustrer et de confirmer ces résultats obtenus chez l’animal.

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Reconstruction en 3D d’un tibia de souris atteinte d’une tumeur osseuse primitive (à gauche) et après traitement (à droite) ©Inserm/F Lamoureux

« Notre étude montre clairement une inhibition de la progression tumorale et de la dégradation osseuse, associées à un allongement de la survie chez l’animal » précise François Lamoureux, à l’Inserm. Alors qu’à 32 jours toutes les souris contrôles étaient décédées, celles qui ont pu bénéficier du traitement étaient encore en vie après 40 jours. «Ces travaux nous permettent d’envisager sérieusement le développement d’un nouveau traitement pour les patients atteints de tumeurs osseuses primitives touchant à la fois la tumeur et les dégradations osseuses associées. » De plus, l’architecture osseuse étant conservée, nous pourrions imaginer élargir des indications incluant  les métastases osseuses dans le cas des cancers de la prostate ou du sein, mais également les pathologies osseuses non tumorales (ostéoporose) ».

Schéma

Les nouveau-nés font déjà le lien entre l’espace, le temps et les quantités

Les nourrissons possèdent déjà à leur naissance une représentation de l’espace, du temps et des quantités. C’est ce qu’ont réussi à démontrer Dr Maria Dolores de Hevia, Dr Véronique Izard, Aurélie Coubart, Professeur Elizabeth Spelke et Professeur Arlette Streri du Laboratoire de psychologie de la perception (Université Paris Descartes/CNRS/ Inserm) dans une étude publiée dans la revue PNAS.

L’origine des concepts d’espace, de temps et de quantité est un sujet étudié par différentes disciplines comme la philosophie, la psychologie expérimentale, la psychologie du développement et les sciences cognitives. L’espace, le temps et les quantités sont reliés à la fois dans le monde et dans l’esprit humain, mais comment ces connections viennent-elles à l’esprit ? Apprend-on à relier ces concepts grâce à nos expériences sensorielles en observant leurs corrélations dans le monde qui nous entoure ou bien notre esprit  permet-il d’emblée de les appréhender naturellement dès notre naissance ?

4 month old baby

© Fotolia

Afin de répondre à cette question, un protocole expérimental a été mis en place, au sein de la maternité de l’hôpital Bichat, permettant d’enregistrer l’attention visuelle de 96 nouveau-nés âgés de 2 jours en moyenne (entre 7h et 96h). L’expérience les plaçait dans une situation sollicitant deux de leurs modalités sensorielles : la vision et l’audition. Dans une première phase, pendant une minute, les nouveau-nés entendaient une séquence de sons évoquant une quantité numérique (6 ou 18 syllabes) et/ou une durée (1.4 ou 4.2 secondes), pendant qu’ils voyaient sur un écran une ligne légèrement en mouvement. Dans une seconde phase, les expérimentateurs présentaient de nouveaux événements visuels et auditifs, modifiés par rapport à la première phase. Cependant, ces événements changeaient soit de manière congruente (1), tous dans la même direction (ex : ligne plus longue, et une quantité de sons plus élevé), soit de manière non congruente, dans des directions opposées (ex : ligne plus grande, quantité de sons réduit).

Les résultats ont montré que les nouveau-nés réagissent quand ces grandeurs changent de manière congruente. Ils sont donc capables de relier une quantité numérique et/ou une durée, à une longueur dans l’espace.

Ce protocole expérimental a permis de montrer que, seulement quelques heures après leur naissance, les êtres humains sont déjà sensibles à la structure commune du temps, de l’espace et de la quantité, confortant ainsi certaines théories philosophiques comme celles de Kant.

Reste à savoir si d’autres dimensions quantitatives (luminosité, sonorité, etc..) sont concernées et à déterminer les bases cérébrales de ces prédispositions.

(1)   Qui est en rapport avec quelque chose.

L’Inserm célèbre ses 50 ans


« Au seuil de cet ouvrage, je souhaite, un instant encore, me retourner vers tous ceux qui nous ont précédés et ont tracé notre route, convaincu que je suis qu’il n’est pas plus bel hommage à rendre au passé qu’un regard résolument tourné vers l’avenir que l’Inserm a contribué et contribuera toujours à façonner au service de la science et de la santé »


(Extrait de la Préface du livre Au coeur du vivant)


portrait officiel André Syrota

Pr André Syrota, Président-Directeur général de l’Inserm

©Inserm/Marouani Alain



L’INSERM DEPUIS 1964

Des ressources
Chercheurs, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs ont tous contribué à faire de l’Inserm un organisme unanimement reconnu dans le champ de la recherche biomédicale.

Des valeurs
Pour être à la pointe de la recherche en santé, l’Inserm a su relever des défis scientifiques de taille et n’a eu de cesse depuis sa création de réaffirmer ses priorités et ses ambitions.

50 ans d’excellence scientifique – L’Institut a participé à des avancées médicales décisives (traitements des cancers, thérapie génique, nouvelles technologies d’imagerie, découverte du VIH). Deux de ses chercheurs ont, ces trente dernières années, reçu le Prix Nobel de médecine. L’Inserm est devenu incontestablement un producteur et un diffuseur de travaux scientifiques de référence et un expert des enjeux de santé.

50 ans de dialogue avec la société Soucieux de rendre accessible la science auprès d’un large public, l’Institut n’a cessé de diversifier ses actions de sensibilisation. L’objectif est de familiariser des non-spécialistes avec l’univers de la recherche et de ses enjeux actuels. Animé par cette même démarche d’ouverture, l’Inserm œuvre depuis une dizaine d’années pour un rapprochement entre associations de malades et chercheurs.

50 ans de renommée internationale – L’Institut a acquis, au fil des années, une assise nationale et une réputation internationale. C’est en effet le premier organisme européen de recherche biomédicale. L’Inserm entretient une longue tradition de coopérations nationales, européennes et internationales se concrétisant notamment par un nombre croissant de co-publications.


LES TEMPS FORTS DES 50 ANS DE L’INSERM

A l’occasion de ses 50 ans, l’Inserm souhaite véhiculer ses messages-clefs à travers une centaine de manifestations qui se dérouleront dans toute la France et qui mobiliseront tout au long de l’année l’ensemble de ses personnels, partenaires et tutelles.

Parmi les temps forts de l’année :

    • L’ouvrage Au coeur du vivant
    • Science Tour
    • Virus Attack
    • Destination Labo
    • Rencontres « Les chercheurs accueillent les malades »
    • Concours Famelab
    • Colloque des 50 ans (Le programme de la journée)


Pour en savoir plus, télécharger le dossier de presse disponible sur la salle de presse.

Pour toute demande d’informations complémentaires, d’interviews, de coordonnées, d’illustrations,… contacter le service de presse de l’Inserm : rf.mresni@esserp

De l’ADN non codant au secours des maladies des globules rouges

Des régions non codantes du génome semblent diminuer la sévérité de deux maladies des globules rouges : la bêta thalassémie et la drépanocytose. Une équipe de chercheurs dirigée par Eric Soler (Unité Inserm 967 «  Stabilité génétique, cellules souches et radiations « , hébergée au CEA de Fontenay-aux-Roses[1]) en collaboration avec une équipe anglaise et une équipe néerlandaise[2] est parvenue à élucider les mécanismes expliquant comment des séquences d’ADN non codant, autrefois appelé « ADN poubelle », et situées sur des régions très éloignées des gènes, exercent leur action pour améliorer les symptômes des bêta thalassémies et des drépanocytoses.

Ces travaux seront publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation et seront accessibles en ligne à partir du 10 mars 2014.

Les bêta thalassémies et la drépanocytose font partie des troubles héréditaires les plus fréquents touchant les globules rouges. La drépanocytose, qui affecte 300 000 nouveau-nés chaque année, est sur le point de devenir la maladie génétique la plus fréquente en Europe. Leurs troubles sont causés par des mutations du gène de la β globine, conduisant à des altérations de l’hémoglobine adulte, responsable du transport d’oxygène dans le sang. Malgré l’implication d’un gène unique, ces deux maladies peuvent être plus ou moins sévères. De nombreux facteurs peuvent en modifier la gravité, en particulier la capacité de certains patients à produire de l’hémoglobine fœtale normalement maintenue ‘silencieuse’ chez l’adulte. Chez certains individus elle ‘échappe’ à cette répression naturelle sans aucune conséquence sur leur santé. Mais, spécifiquement chez les patients thalassémiques et drépanocytaire elle produit un effet bénéfique en compensant les défauts d’hémoglobine adulte.

Etude de la drépanocytose. © C Feo/Inserm

Les régions non codantes du génome, autrefois appelées « ADN poubelle », ont un rôle aujourd’hui reconnu dans la régulation des gènes. Leurs mutations ou variations peuvent ainsi être impliquées dans la survenue ou la sévérité de nombreuses pathologies (diabètes, maladies cardiovasculaires, cancers). Etonnamment, ces variants génétiques présents en grand nombre dans les régions non codantes du génome sont fréquemment localisés à des distances considérables des gènes.

Une équipe de chercheurs dirigée par  Swee Lay Thein avait identifié il y a plus de 10 ans, des variants génétiques liés à la production d’hémoglobine fœtale chez l’adulte. Leurs mécanismes d’action étaient restés néanmoins inexpliqués jusqu’à aujourd’hui. En effet, ces variants ne sont pas localisés sur les chromosomes qui contiennent les gènes produisant l’hémoglobine, mais se trouvent dans un ‘désert génétique’ non codant du chromosome 6q23, à des dizaines de milliers de paires de bases des gènes les plus proches.

A partir de prélèvements effectués chez des patients thalassémiques, les chercheurs ont combiné l’utilisation de techniques d’analyse de repliement des chromosomes, à des analyses d’ADN à haut débit pour élucider les mécanismes moléculaires expliquant comment les variants non codants exercent leur action et améliorent les symptômes des thalassémies et drépanocytoses.

Les chercheurs ont montré que ces variants, dans un contexte normal, interagissent physiquement avec le gène MYB, distant de plus de 80 000 paires de bases, grâce au repliement des chromosomes.  » Il faut imaginer notre ADN comme une pelote de laine. Si on déroule cette pelote ces deux régions sont très éloignées l’une de l’autre, mais au sein de la pelote, elles peuvent être très proches. » explique Eric Soler.

Or, chez les patients atteints de bêta-thalassémie ou de drépanocytoses et porteurs de ces variants, on constate une diminution des repliements des chromosomes. Les variants accèdent plus difficilement au gène MYB et l’activent moins efficacement. Cette baisse d’expression du gène MYB chez les patients thalassémiques et porteurs de ces variants, conduit à une réactivation des globines fœtales saines (normalement silencieuses chez l’adulte) permettant de reconstituer une hémoglobine fonctionnelle. « La diminution de l’expression du gène MYB permet ainsi de compenser le défaut de globines adultes et d’améliorer significativement les symptômes des bêta thalassémies et de la drépanocytose », expliquent les auteurs.

Ainsi, « le gène MYB représente une nouvelle cible thérapeutique majeure pour le traitement des bêta thalassémies et de la drépanocytose, pour lesquelles une réactivation de l’hémoglobine fœtale constitue une stratégie thérapeutique de choix », suggèrent Eric Soler et Swee Lay Thein.

Eric Soler est lauréat du programme ATIP-Avenir qui permet à de jeunes chercheurs de mettre en place et d’animer une équipe, de promouvoir la mobilité et d’attirer dans les laboratoires de jeunes chefs d’équipes de haut niveau.

Depuis leurs créations, ces deux programmes (Atip au CNRS et Avenir à l’Inserm) ont permis à plus de 406 chercheurs de constituer leur propre équipe de recherche dans les domaines des sciences de la vie et de la santé. En 2009, dans le cadre d’un partenariat, l’Inserm et le CNRS ont réuni leurs 2 programmes en un seul : Atip-Avenir


[1] CEA/DSV/iRCM – Institut de radiobiologie cellulaire et moléculaire, Fontenay-aux-Roses

[2] Les équipes de Swee Lay Thein, directeur clinique du ‘Red Cell Centre’ du King’s College Hospital de Londres, et de Frank Grosveld, professeur en spécialité Biologie Cellulaire à L’Erasmus Medical Center de Rotterdam

Comment la lumière influence t-elle le fonctionnement du cerveau ?

Pensiez-vous que notre cerveau pouvait exécuter d’autant mieux une tâche cognitive, que nous avons été exposés à la lumière quelques heures auparavant ? Des chercheurs de l’Unité Inserm 846 « Cellules Souches et Cerveau « et du Centre de Recherche du Cyclotron de l’Université de Liège (Belgique) viennent de montrer que cet « effet retard » était dû au fait que nous possédons une sorte de mémoire de la lumière (ou mémoire photique). Les résultats de ce travail sont publiés dans la revue PNAS.

Il est établi depuis longtemps que la lumière exerce des effets importants sur le cerveau et notre bien-être. La lumière n’est pas uniquement indispensable à la vision, mais joue aussi un rôle essentiel dans un ensemble de fonctions dites « non-visuelles » comme la synchronisation de notre horloge biologique avec l’alternance jour-nuit. La lumière constitue également un stimulant puissant pour l’éveil et la cognition et elle est couramment employée pour améliorer la performance, et pour lutter contre la somnolence ou le « blues hivernal ».

Les mécanismes qui sous-tendent ces effets positifs de la lumière ne sont que très peu connus.

Durant les 10 dernières années, des scientifiques ont découvert un nouveau type de cellule sensible à la lumière dans l’œil (photorécepteur) appelé mélanopsine. Ce nouveau photorécepteur est essentiel pour transmettre l’information lumineuse vers de nombreux centres du cerveau dits « non-visuels ». Les recherches en laboratoire ont montré que sans ce photorécepteur, les fonctions non-visuelles sont perturbées, l’horloge biologique est déréglée et fonctionne en « roue libre » par rapport à l’alternance jour-nuit, et l’effet stimulant de la lumière est compromis.

La mélanopsine diffère des cônes et des bâtonnets puisqu’elle exprime des propriétés ressemblant aux photorécepteurs des invertébrés et elle est particulièrement sensible à la lumière bleue.  Toutefois, chez l’être humain, le rôle de la mélanopsine dans la régulation de l’éveil et de la cognition humaine n’est pas établi.

Des chercheurs du Centre de Recherche du Cyclotron de l’Université de Liège (Belgique) et du Département de Chronobiologie de l’Institut Cellules Souches et Cerveau de l’Inserm viennent cependant d’apporter les preuves de son implication dans l’impact de la lumière sur le cerveau.

En exploitant les propriétés photoréceptrices uniques de la mélanopsine couplée à Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf), ils ont pu montrer que l’impact de la lumière sur les régions cérébrales nécessaires à la réalisation d’une tâche cognitive dépendait de la couleur spécifique de la lumière reçue plus d’une heure auparavant. 

Une exposition préalable à la lumière orange avant une lumière test augmente l’impact de cette lumière test, alors qu’une exposition préalable à une lumière bleue produit l’effet inverse.

image IRM

16 jeunes participants ont réalisé une tâche cognitive pendant qu’ils étaient exposés à une lumière test. Les régions cérébrales en orange répondaient plus à la lumière test si les participants avaient été exposés à une lumière orange 70 minutes plus tôt. 1. Thalamus; 2. Cortex prefrontal dorsolateral; 3. Cortex préfrontal ventrolatéral. Ces régions sont importantes pour la régulation de l’éveil et des processus cognitifs complexes. © Inserm/ Howard Cooper

Ce « effet retard » d’une exposition à la lumière sur la réponse lumineuse suivante est typique de la mélanopsine et de certains photopigments rencontrés chez les invertébrés et les plantes, et est connu sous le nom de « mémoire photique ».

 » Nous aurions donc une machinerie dans l’œil identique à celle des invertébrés qui participe à la régulation de notre cognition. De façon générale, la lumière de notre environnement évolue au cours de la journée et ces changements modifient notre état. Cette recherche met en avant l’importance de la lumière pour les fonctions cognitives cérébrales et constitue une preuve en faveur d’un rôle cognitif de la mélanopsine. » explique Howard Cooper.

Pour les chercheurs, cette découverte plaide également pour l’utilisation et la conception de systèmes lumineux qui optimisent les performances cognitives.

L’Europe unit ses forces pour lutter contre les maladies parasitaires négligées

Le consortium international A-PARADDISE (Anti-Parasitic Drug Discovery in Epigenetics), coordonné par l’Inserm, vient d’obtenir un financement de 6 millions d’euros de la Commission européenne pour tester à grande échelle des traitements innovants contre quatre maladies parasitaires négligées : la bilharziose, la leishmaniose, la maladie de Chagas et le paludisme. Les chercheurs ont pour objectif commun de développer des nouveaux traitements contre les parasites responsables de ces maladies. Le projet rassemble 10 partenaires européens, ainsi que 5 brésiliens (présents dans la région où les maladies sont endémiques) et 2 australiens. L’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (Unité mixte Inserm / CNRS / Université de Strasbourg) accueillera l’ensemble des partenaires le 17 et 18 mars pour le lancement du projet. 

La bilharziose, la leishmaniose, la maladie de Chagas et le paludisme sont considérés comme des maladies négligées car l’effort et l’investissement consentis pour développer de nouvelles méthodes de traitement et de contrôle ont été sans commune mesure avec l’impact désastreux qu’elles ont sur les populations concernées. Elles touchent les populations des pays en voie de développement, principalement en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et dans l’Est de l’Asie, dans les zones tropicales et subtropicales. Environ un milliard de personnes y sont régulièrement exposées et près d’un million de personnes meurent des conséquences de ces maladies chaque année.

Actuellement, il n’existe pas encore de vaccin disponible pour se protéger de ces parasites. De plus, les traitements existants sont limités, soit par leurs effets secondaires, soit par le développement actuel ou potentiel de la résistance. Par conséquent, le consortium A-PARADDISE, coordonné par l’Inserm et piloté par Raymond Pierce, directeur de recherche au sein du Centre d’Infection et d’Immunité de Lille, se concentre sur la recherche de nouveaux médicaments contre ces parasitoses.

Le projet A-PARADDISE s’appuie sur la méthodologie approuvée dans un précédent projet d’envergure similaire (SEtTReND) pour développer des médicaments contre la bilharziose. Les chercheurs se sont intéressés à des enzymes de modification des histones (HME) – histones, qui sont responsables de la structure des chromosomes du parasite. En effet, il a été démontré que des inhibiteurs de différentes HME induisent une mort cellulaire, ce qui les rend donc toxiques pour ce parasite. Ce travail a fourni la preuve de concept de l’action de ces enzymes (HME) sur le parasite et a permis la constitution d’une banque de composés candidats qui peuvent maintenant rapidement être testés contre d’autres parasites humains.

Grâce au nouveau projet A-PARADDISE, les chercheurs vont pouvoir exploiter le principe de base et l’étendre en créant une plate-forme unique de tests de médicaments antiparasitaires ciblant les HME, afin de les intégrer dans un développement clinique.

 La méthode expérimentale consiste à tester physiquement et virtuellement l’efficacité et la toxicité des composants in vitro et in vivo.

L’objectif final du projet A-PARADDISE est de fournir un certain nombre de traitements candidats pour lutter contre ces quatre parasites et de rendre possible de prochains essais cliniques.

Pour accomplir ce travail, les participants au projet ont été sélectionnés pour leur expertise de haut niveau, chacun dans leur domaine : le criblage à haut débit, le criblage informatique, la production de protéines recombinantes, le séquençage à haut débit, les tests phénotypiques, la toxicologie et la pharmacologie.

A-PARADDISE: Anti-Parasitic Drug Discovery in Epigenetics

Le projet A-PARADDISE a débuté le 1er février 2014 et est soutenu par l’Union européenne (FP7, convention de subvention no. 602080) pendant 3 ans. Il est coordonné par l’Inserm et implique 17 partenaires, basés dans 5 pays européens, au Brésil et en Australie :

Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), France
Centre Européen de Recherche en Biologie et Médecine (CERBM*), France
Martin Luther Universität Halle- Wittenberg (MLU), Allemagne
Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ), Brésil
Universidade de Sao Paulo (USP), Brésil
Albert Ludwigs Universität Freiburg  (ALU-FR), Allemagne
Fundação Oswaldo Cruz, Centro de Pesquisas René Rachou (Fiocruz), Brésil
Fundação Oswaldo Cruz, Instituto Carlos Chagas (Fiocruz), Brésil
Inserm Transfert SA (IT), France
KANCERA AB (KAN), Suède
Adlego Biomedical AB (Adlego), Suède
Griffith University (GU), Australie
University of Queensland (UQ), Australie
Università degli Studi di Roma La Sapienza  (UNIROMA1), Italie
University of East Anglia (UEA), Grande Bretagne
Fundação Arthur Bernardes – Universidade Federal de Viçosa (UFV), Brésil
Institut Pasteur Paris (IPP), France

* Le CERBM est l’entité européenne de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC, Inserm/CNRS/Université de Strasbourg)

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