Menu

Les congrès des Apprentis Chercheurs, spécialité « addictions », dans 5 villes de France

Pendant toute l’année scolaire, 33 collégiens et lycéens ont été accueillis chaque mois dans 9 laboratoires de neurosciences spécialisés dans l’étude des addictions. Objectif : modifier le regard des jeunes « Apprentis Chercheurs » sur la face cachée des drogues (alcool, tabac, cannabis, etc…) et des addictions et faciliter le contact entre les jeunes et le monde de la recherche. A partir du 27 mai prochain, les Apprentis Chercheurs présenteront leurs recherches lors de 5 congrès organisés à Marseille (27 mai), Amiens (3 juin), Bordeaux (4 juin), Paris (5 juin), Poitiers (10 juin).

Le programme MAAD (Mécanismes des addictions à l’alcool et aux drogues), lancé par l’Inserm avec le soutien de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les conduites addictives, ex-MILDT), est fondé sur une approche de type « éducation scientifique » destinée à renforcer les connaissances des jeunes sur les produits au travers de l’initiation à la démarche scientifique.

Neuf laboratoires de recherches spécialisés dans la physiopathologie des addictions ont accueilli un mercredi par mois deux binômes constitués d’un collégien de 3ème et d’un lycéen de 1ère,[1]. Encadrés par un chercheur senior, les adolescents ont mené un programme de recherche, réalisé les expériences et interprété les données. Les  congrès organisés dans les différents centres de recherche concernés vont permettre à ces jeunes Apprentis Chercheurs de partager leurs résultats. L’audience sera composée de leurs camarades de classe, de leurs parents, de leurs enseignants etc. Ces congrès ouverts à tous sont gratuits.

La consommation par les jeunes de produits psycho-actifs (alcool, tabac, cannabis etc…) est une préoccupation constante des autorités de santé car il est désormais acquis que la consommation précoce, sur un cerveau en développement, est un facteur favorisant le risque de développer une dépendance à l’âge adulte. Ce dispositif de sensibilisation à la toxicité des drogues se veut innovant dans le paysage des actions de prévention plus classiques (spots radio, vidéo clips  télé, journaux, mini-conférences au sein d’établissements scolaires).

L’Inserm vous invite à suivre ces congrès.

A Paris, le congrès se tiendra le jeudi 5 Juin 2013 à 18h30
Ministère de l’Agriculture, Salle Gambetta,
78 rue de Varennes, Paris 5ème
Inscription obligatoire

Danièle Jourdain-Menninger présidente de la MILDECA ouvrira la manifestation
Les présentations des Apprentis Chercheurs seront suivies d’une conférence-débat animée  par Renaud Bouthier, Directeur de l’Association Avenir-Santé, sur le thème: « Les stratégies marketing des alcooliers ».

A Marseille le mardi 27 Mai, 18h
A Amiens le mardi 3 Juin à 18h
A Bordeaux le mercredi 5 Juin, 18h
A Poitiers le mardi 10 Juin à 18h15


[1] Les 9 laboratoires participants sont : Amiens : Inserm ERI 24, Pr Mickaël Naassila ; Bordeaux : Inserm U862 Neurosciences Magendie, Pr. Véronique Deroche ; CNRS UMR 5287, Dr. Martine Cador ; Marseille : UMR 7289 CNRS Laboratoire de Neurobiologie de la Cognition, Dr Christelle Baunez ; Paris : Inserm UMR 894, Dr. Laurence Lanfumey-Mongrédien ; Inserm UMRS 952-CNRS UMR 7224, Pr. Jean-Pol Tassin ; Inserm U 894, Pr. Philip Gorwood ; CNRS UMR 7102, Dr. Philippe Faure ; Poitiers : Laboratoire de Neurosciences Expérimentales et Clinique Inserm U1084, Pr. Mohamed Jaber

Inégalités sociales de santé en lien avec l’alimentation et l’activité physique

Une expertise collective de l’Inserm

En France, comme dans d’autres pays, il existe de fortes inégalités sociales en santé comme le montrent les différences de morbidité et de mortalité selon la position d’un individu sur l’échelle socioéconomique. Par exemple, à 35 ans, les cadres supérieurs ont une espérance de vie supérieure de 6 ans par rapport aux ouvriers. Les habitudes de vie, comme la consommation d’alcool et de tabac, l’alimentation et l’activité physique sont reconnues comme des déterminants majeurs de la santé. Il existe un gradient social des comportements de santé qui se manifeste dès l’enfance et se prolonge jusqu’à la vieillesse.

L’un des nouveaux axes de la 3ème période du Programme national nutrition-santé (PNNS) (2011-2015) vise à réduire les inégalités sociales de santé en lien avec la nutrition (alimentation et activité physique). Dans ce cadre, la Direction générale de la santé (DGS) a sollicité l’Inserm pour établir un bilan des connaissances scientifiques sur les déterminants de la différenciation sociale dans le champ de la nutrition et sur les différentes stratégies d’interventions qui pourraient être utilisées pour réduire ces inégalités.

Pour répondre à cette demande, l’Inserm a réuni un groupe pluridisciplinaire d’experts en épidémiologie, santé publique, sciences humaines et sociales, économie de la santé, recherche clinique et géographie.

L’analyse par les experts des données issues de la littérature scientifique internationale récente a permis d’évaluer les disparités nutritionnelles selon la position socioéconomique des individus. Les facteurs sociaux, culturels, économiques et environnementaux qui participent à la construction des inégalités sociales de nutrition ont été analysés. Les experts ont également étudié l’impact des interventions et des politiques de prévention en fonction de la position socioéconomique et identifié les stratégies les plus à même de réduire les inégalités sociales dans le domaine de l’alimentation et de l’activité physique.

En conclusion, les experts proposent de concevoir et promouvoir des programmes qui apportent des bénéfices à la fois à l’ensemble de la population mais aussi des actions qui s’adressent aux différents groupes sociaux en fonction des risques et besoins auxquels ils sont confrontés.

Lire la synthèse de l’Expertise Collective et le rapport complet

La crise de la pilule en France : vers un nouveau modèle contraceptif ?

Les pilules de 3e et 4e génération ont fait l’objet d’une controverse importante fin 2012 – début 2013 à propos du risque de thrombose veineuse associé à leur utilisation. Quelles en ont été les conséquences sur la contraception en France ? Analysant l’enquête Fecond menée quelques mois après par l’Inserm et l’Ined, Nathalie Bajos, Mylène Rouzaud-Cornabas, Henri Panjo, Aline Bohet et Caroline Moreau ont examiné les évolutions récentes en matière de pratiques contraceptives et la contribution du débat médiatique à ces changements.

moyens contraceptifs

© Fotolia



Le débat médiatique de fin 2012 – début 2013 sur les pilules n’a pas entraîné de désaffection vis-à-vis de la contraception : parmi les femmes concernées – ni stériles, ni enceintes, ayant des rapports hétérosexuels et ne voulant pas d’enfant – seules 3 % n’utilisaient aucun moyen contraceptif en 2013, soit la même proportion qu’en 2010.

Près d’une femme sur cinq déclare toutefois avoir changé de méthode depuis le débat médiatique.

Le recours à la contraception orale a fortement baissé, passant de 50 % en 2010 à 41 % en 2013, une baisse qui concerne uniquement les pilules de 3ème et 4ème générations. Certaines femmes, notamment les plus jeunes, se sont reportées sur les pilules de seconde génération. Tandis que d’autres ont opté pour le stérilet (pour les plus diplômées), le préservatif ou des méthodes dites naturelles – abstinence périodique, retrait – (pour les plus précaires).

Les événements médiatiques et politiques semblent donc avoir contribué à une diversification des pratiques contraceptives mais aussi à une recomposition des inégalités socio-économiques autour de l’accès à la contraception.

Des retraités gardent des troubles cognitifs longtemps après une forte exposition professionnelle aux solvants

L’exposition aux solvants durant la vie professionnelle peut avoir un impact négatif sur les performances cognitives. Mais ces effets s’atténuent-ils lorsque l’exposition a cessé ? Des chercheurs français, notamment de l’Unité Inserm 1061 « Neuropsychiatrie : recherche épidémiologique et clinique », et leurs collègues américains de Harvard, viennent de montrer que les retraités gardaient les traces de leur travail au contact des solvants en cas d’exposition forte. Les résultats sont publiés dans Neurology.

solvants

©Inserm M Depardieu

Les solvants sont fréquemment utilisés dans le milieu professionnel. Ils servent à nettoyer les métaux, diluer les peintures, décaper les vernis, purifier les parfums lors de leur fabrication… Mais une exposition répétée (ou chronique) à ces liquides peut provoquer des cancers et être néfaste pour la fertilité. Elle peut aussi être à l’origine de troubles de la motricité, de dépression et de troubles cognitifs (intellectuels). « Peu d’études ont jusqu’à présent évalué si cet impact sur les troubles cognitifs se prolongeait après la retraite, c’est-à-dire après l’arrêt de l’exposition professionnelle à ces solvants, et très peu d’études ont bien documenté les expositions», indique le Dr Claudine Berr, directeur de recherche dans l’unité Inserm 1061 « Neuropsychiatrie: recherche épidémiologique et clinique » à Montpellier. La chercheuse et ses collègues français et américains se sont donc penchés sur la question à travers la cohorte Gazel (20.000 salariés d’EDF-GDF suivis depuis 25 ans et dont les étapes de la vie professionnelle sont bien répertoriées). Leur étude publiée dans Neurology a porté sur 2.143 hommes âgés de plus de 55 ans, retraités en moyenne depuis 10 ans. Au total, 33% des participants avaient été exposés durant leur vie professionnelle à des solvants chlorés, 26% au benzène et 25% à des solvants pétroliers. Ces retraités ont fait l’objet d’une batterie de 8 tests cognitifs. Ils devaient par exemple citer en une minute le maximum de noms d’animaux ou de mots commençant par la lettre P.

Les chercheurs ont montré qu’une exposition élevée aux solvants était associée à de moins bonnes performances cognitives. Ainsi, rien que pour les doses élevées de solvants chlorés, les retraités avaient un risque supérieur de 20% à 50% de moins bonnes performances cognitives.

Cela montre que « ces salariés gardent les traces de leur exposition au travail, même s’ils sont à la retraite et même si cette exposition n’est plus présente depuis longtemps», conclut le Dr Berr. « Les médecins traitants doivent faire plus attention à ces patients, par exemple en prenant en charge les autres facteurs de risque de déclin cognitif sur lesquels on peut agir : les facteurs de risque vasculaire. Ils doivent aussi les encourager à avoir plus de loisirs stimulant leurs fonctions cognitives ».

Les résultats de cette étude seront à confirmer dans la cohorte Constances qui doit suivre 200.000 personnes de 18 à 70 ans dans la population générale. « Dans cette cohorte, 20 à 25% des personnes déclarent être exposées professionnellement à des solvants », indique Claudine Berr.

Une nouvelle forme d’hérédité décrite chez la paramécie

Longtemps considérée comme une théorie obsolète, la transmission des caractères acquis revient sur le devant de la scène grâce à l’essor des recherches en épigénétique1. Dans cette dynamique, une équipe de l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (CNRS/ENS/Inserm)2 vient de décrire comment, chez la paramécie, les types sexuels se transmettent de génération en génération par un mécanisme inattendu. Ils ne sont pas déterminés par la séquence du génome, mais par de petites séquences d’ARN, transmises par le cytoplasme maternel. Celles-ci inactivent spécifiquement certains gènes au cours du développement. Ainsi, une paramécie peut acquérir un type sexuel nouveau et le transmettre à sa descendance sans qu’aucune modification génétique ne soit impliquée. Ces travaux, publiés dans Nature le 7 mai 2014, pointent un nouveau mécanisme sur lequel peut jouer la sélection naturelle et qui permet donc l’évolution des espèces.

adn

©Fotolia

Les paramécies, organismes unicellulaires eucaryotes, sont hermaphrodites : lors de leur reproduction sexuelle, appelée conjugaison, les partenaires s’échangent réciproquement du matériel génétique. Les paramécies présentent néanmoins deux ‘types sexuels’, appelés E et O. La conjugaison ne peut avoir lieu qu’entre types sexuels différents. Dès les années 1940, des chercheurs comme Tracy Sonneborn avaient remarqué que le type sexuel ne se transmettait pas à la descendance en suivant les lois de Mendel : un nouveau type de transmission des caractères, ne dépendant pas des chromosomes, devait être à l’œuvre. Cependant, ils n’avaient pas réussi à l’élucider.

Aujourd’hui, l’équipe d’Éric Meyer à l’institut de biologie de l’ENS et ses collaborateurs2 viennent de décrire le mécanisme de cette hérédité alternative. Pour cela, ils ont d’abord montré que la différence entre les types sexuels E et O tient à une protéine transmembranaire appelée mtA. Bien que le gène qui la code soit présent chez les deux types sexuels, il ne s’exprime que chez les individus E. Les chercheurs ont ensuite montré le mécanisme par lequel, chez le type O, ce gène est inactivé.

Les paramécies possèdent deux noyaux : un micronoyau germinal qui est transmis lors de la reproduction sexuelle et un macronoyau somatique, issu de ce dernier, où s’expriment les gènes de la cellule. Le mécanisme de transmission des types sexuels se base sur de petits ARN, appelés scnARN, qui sont produits durant la méiose. La fonction originelle de ces ARN est d’éliminer du macronoyau toute une série de séquences génétiques, appelées éléments transposables, qui, à la manière des introns3, se sont introduits à l’intérieur des gènes au cours de l’évolution. Dans un premier temps, les scnARN scannent le macronoyau maternel afin d’identifier les séquences qui avaient été éliminées à la génération précédente, puis effectuent les mêmes réarrangements dans le nouveau macronoyau. Or, de façon inattendue, ce mécanisme de « nettoyage » du génome permet aussi à la cellule de mettre sous silence des gènes fonctionnels. Chez l’espèce Paramecium tetraurelia, chez les individus de type O, les scnARN éliminent le promoteur du gène mtA, ce qui annule son expression. Ainsi, c’est par le biais des scnARN hérités avec le cytoplasme maternel, et non d’une séquence génétique particulière, que le type sexuel de la paramécie est défini.

Ce processus de mise sous silence peut a priori toucher n’importe quel gène. Les paramécies peuvent donc, en théorie, transmettre à leur descendance sexuelle une infinie variété de versions du génome macronucléaire à partir du même génome germinal. Comme pour l’hérédité génétique, ce mécanisme peut conduire à des erreurs qui, de temps en temps, peuvent apporter à la descendance un avantage sélectif. Autrement dit, le génome du macronoyau somatique de la paramécie pourrait évoluer en continu et permettre, dans certains cas, une adaptation à court terme aux changements de conditions environnementales. Ceci, sans que des mutations génétiques soient impliquées. Cette forme d’hérédité de type lamarckien4 offrirait ainsi un levier d’action encore insoupçonné à la sélection naturelle.

(1) L’épigénétique fait partie de la génétique au sens large, c’est-à-dire l’étude des mécanismes de l’hérédité. Elle désigne plus particulièrement l’étude de la transmission héréditaire de caractères variables qui ne dépendent pas de séquences d’ADN variables.

(2) En collaboration avec le Centre de génétique moléculaire (CNRS), le laboratoire Biométrie et biologie évolutive (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1), l’Institut Jacques Monod (CNRS/Université Paris Diderot) et le CEA (Institut de génomique). Des équipes polonaises, russes et américaines ont également collaboré à ces travaux.

(3) Portions de la séquence des gènes, souvent non-codantes, qui doivent être retirées pour que la séquence soit fonctionnelle.

(4) En référence à Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) dont la théorie sur l’évolution du vivant abordait la transmission des caractères acquis.

fermer