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Environnement de travail de faible luminosité : remettre à l’heure son horloge biologique, c’est possible !

Des chercheurs de l’Inserm dirigés par Claude Gronfier (Unité Inserm 846 « Institut cellule souche et cerveau ») ont mené pour la première fois une étude, dans des conditions réelles, sur l’horloge biologique des membres de la station scientifique polaire internationale Concordia. Les chercheurs ont montré qu’une lumière artificielle particulière est capable d’assurer la bonne synchronisation de leurs rythmes biologiques malgré l’absence de lumière solaire. Un résultat qui prend tout son sens quand on sait que le dérèglement de cette horloge biologique entraîne des troubles du sommeil, de la vigilance, des problèmes cardiovasculaires et même la dépression.

Ces résultats publiés dans Plos-One, pourraient être transformés rapidement en applications pratiques dans des environnements de travail de luminosité faible à modérée (stations scientifiques polaires, centrales thermiques et nucléaires, centres spatiaux, bureaux aveugles, etc.). Ils pourraient favoriser l’élaboration de stratégies lumineuses destinées à maintenir la santé, la productivité, et la sécurité des personnels.


Horloge biologique, travail et luminosité

Fotolia


On appelle « horloge biologique » (ou « rythme circadien »), le système qui permet à notre organisme de réguler un certain nombre de fonctions vitales sur une période d’environ 24 heures. Située au cœur du cerveau, elle est composée de 20 000 neurones dont l’activité pulsatile contrôle le cycle éveil/sommeil, température corporelle, le rythme cardiaque, la délivrance d’hormones etc. Le cycle imposé par l’horloge interne dure spontanément entre 23h30 et 24h30, selon les individus. Pour fonctionner correctement, elle se base donc sur des signaux qu’elle reçoit de l’extérieur et qu’elle interprète comme autant d’indicateurs pour se resynchroniser en permanence sur 24 heures.
C’est ainsi que l’ingestion de nourriture, l’exercice physique et la température extérieure par exemple sont qualifiés de  » donneurs de temps ». Mais le plus important des « donneurs de temps » est la lumière. Une exposition inappropriée à la lumière et toute votre horloge biologique se détraque avec des conséquences sur les fonctions cognitives, le sommeil, la vigilance, la mémoire, les fonctions cardiovasculaires etc.

Pour la première fois, des scientifiques ont pu étudier dans des conditions réelles l’influence de divers types de lumières artificielles sur la manière dont l’horloge biologique se comporte dans des situations où la lumière naturelle est insuffisante. Pendant 9 semaines d’hiver polaire (pas de lumière du soleil pendant la journée), les personnels de la station polaire internationale Concordia ont été exposés alternativement à une lumière blanche standard ou à une lumière blanche enrichie en longueurs d’ondes bleue (lumière fluorescente particulière, mais perçue comme étant blanche par le système visuel). En pratique les chercheurs ont demandé aux personnels de ne pas changer leurs habitudes quotidiennes notamment leurs heures de coucher et de lever.

Une fois par semaine, des prélèvements salivaires ont été effectués pour mesurer les taux de mélatonine (hormone centrale) secrétée par chacun des individus.


Dans le détail, une augmentation du temps de sommeil, une meilleure réactivité et une plus grande motivation ont été observées pendant les semaines « bleues ».
Par ailleurs alors que le rythme circadien avait tendance à se décaler les semaines « blanches », aucune perturbation de rythme n’a été observée pendant les semaines « bleues ». De plus, les effets ne disparaissent pas dans le temps.

D’une manière générale, l’étude montre qu’un spectre lumineux optimisé, enrichi en longueurs d’ondes courtes (bleu), peut permettre la bonne synchronisation du système circadien et l’activation de fonctions non-visuelles, dans des situations extrêmes où la lumière solaire n’est pas disponible pendant de longues durées.

L’efficacité d’un tel éclairage repose sur l’activation des cellules ganglionnaires à mélanopsine découvertes en 2002 dans la rétine. Ces cellules photoréceptrices sont effectivement essentielles à la transmission de l’information lumineuse vers de nombreux centres du cerveau dits « non-visuels ».

« Si les bienfaits de « la lumière bleue » sur l’horloge biologique ont déjà été montrés par le passé, toutes les études ont été réalisées dans des situations difficilement reproductibles dans des conditions réelles. » Explique Claude Gronfier principal auteur de ce travail.


Ces résultats pourraient déboucher sur des applications pratiques rapidement. Dans des environnements de travail dans lesquels l’intensité lumineuse est insuffisante (stations scientifiques polaires, centrales thermiques et nucléaires, centre spatiaux, bureaux aveugles, etc.), cela pourraient permettre le design de stratégies lumineuses destinées à maintenir la santé, la productivité, et la sécurité des personnels.

« Au-delà d’un contexte professionnel, nous envisageons plus largement cette stratégie comme une approche pratique du traitement des troubles des rythmes circadiens du sommeil et des fonctions non visuelles dans des conditions où l’éclairage n’est pas optimal. » (Claude Gronfier)

Ce qu’il faut retenir de ce travail :

  • La lumière blanche enrichie en bleu est plus efficace qu’une lumière blanche standard qu’on trouve dans les bureaux ou les habitations pour synchroniser l’horloge biologique et activer les fonctions non-visuelles essentielles au bon fonctionnement de l’organisme. Il n’est donc pas nécessaire d’utiliser des lumières bleues, ou bien des LED (diodes électroluminescentes), pour obtenir des effets positifs.

  • L’efficacité de cette lumière ne nécessite pas des niveaux élevés d’illuminance comme c’est le cas dans les approches actuelles du traitement des troubles des rythmes circadiens du sommeil ou de la dépression saisonnière (on conseille 5000 à 10000 lux dans ces approches.)

  • L’efficacité de cette lumière ne nécessite pas des sessions d’exposition à la lumière (on conseille 30 min-2h dans les approches photiques citées précédemment). Dans cette étude, la lumière provient de l’éclairage des pièces à vivre.

  • Les effets de cette approche lumineuse ne disparaissent pas dans le temps. Cette étude montre que les effets sont les mêmes, de la 1ere à la 9 semaine d’observation.


Gronfier 1 (2)

Gronfier 1


Composition de la lumière blanche standard et lumière enrichie en bleue

A gauche, le spectre de la lumière blanche est composé à part quasi égale de rouge et de vert (environ 40 %) puis de bleu (12%) et d’ondes infrarouges (4%). A droite, les proportions ont été modifiées (42 % de bleu contre 14 % de rouge). Malgré tout, à l’œil nu, un humain percevra une lumière blanche dans les deux cas.

Syndrome des antiphospholipides : découverte d’une voie prometteuse d’amélioration de la prise en charge des patients

Les équipes du service de Néphrologie–Transplantation Adultes de l’Hôpital Necker- Enfants Malades (AP-HP, service du Pr Christophe Legendre, Université Paris Descartes) et du Dr Fabiola Terzi, directrice de recherche Inserm au sein de l’équipe « Mécanismes et stratégies thérapeutiques des maladies rénales chroniques » viennent de découvrir, en partie, les mécanismes moléculaires qui sous-tendent le développement des lésions vasculaires au cours du syndrome des antiphospholipides. En combinant recherche fondamentale et suivi d’une cohorte unique de patients transplantés du rein ayant un syndrome des antiphospholipides, les chercheurs ont mis en évidence un effet bénéfique du sirolimus, couramment utilisé comme immunosuppresseur en transplantation d’organe, pour prévenir la récidive des lésions vasculaires sur le rein transplanté. Cette étude a été publiée dans la revue New England Journal of Medicine le jeudi 24 juillet

Une maladie rare encore mal décrite.

Le syndrome des antiphospholipides est une maladie auto-immune rare dont la prévalence est estimée entre 2 à 5 % de la population générale. Elle se caractérise par la présence de caillots qui se forment à répétition dans les artères ou dans les veines, et s’accompagne chez les femmes enceintes d’épisodes d’avortements spontanés répétés. Pour porter le diagnostic, il faut, en plus des signes cliniques, identifier dans le sang la présence d’anticorps antiphospholipides.

A côté des signes cliniques, il existe une forme encore mal décrite de cette pathologie caractérisée par un épaississement plus ou moins rapide de l’intima[1], la paroi des vaisseaux artériels, et aboutissant à une anomalie des vaisseaux irriguant les organes situés en aval des organes situés en aval (anomalie des vaisseaux dite vasculopathie). Ces lésions sont particulièrement bien décrites dans les reins où elles conduisent progressivement à l’insuffisance rénale terminale. Les mécanismes physiopathologiques de cet épaississement n’étaient pas connus jusqu’à présent et les traitements anticoagulants inefficaces contre ce phénomène.

« Les néphrologues connaissent bien ce syndrome et assistent souvent impuissants à la progression rapide de la maladie et l’évolution vers l’insuffisance rénale terminale nécessitant le recours à la  dialyse. Nous avions montré au cours d’un premier travail que, malheureusement, ces lésions vasculaires liées au syndrome des antiphospholipides réapparaissaient rapidement sur le greffon rénal lorsque ces patients étaient transplantés et réduisaient très significativement la survie des greffons. Cette observation a été à la base de notre réflexion.» explique le Docteur Guillaume Canaud (Hôpital Necker-Enfants-Malades, AP-HP, Unité Inserm 1151, Université Paris Descartes)

A l’origine de cette avancée : le rôle de la voie AKT/mTORC

Les travaux menés par les équipes du service de Néphrologie –Transplantation Adultes de l’Hôpital Necker- Enfants Malades (AP-HP, service du Pr Christophe Legendre) et l’unité de recherche Inserm 1151 montrent que le développement des lésions vasculaires au cours du syndrome des antiphospholipides est en grande partie lié à l’activation de la voie AKT/mTORC dans les cellules endothéliales par les anticorps antiphospholipides.

« Quand cette voie est activée, et ce quel que soit le type cellulaire, elle induit la prolifération et la croissance de la cellule » explique le Dr Canaud. « Nous avons tout d’abord observé chez l’homme que cette voie était très activée dans les vaisseaux des patients ayant une atteinte rénale liée au syndrome des antiphospholipides et dans les vaisseaux du greffon rénal après transplantation chez les patients atteints de ce syndrome. Elle est également activée dans d’autres territoires vasculaires pour une forme extrêmement grave de ce syndrome ».

Les chercheurs ont confirmé in vitro que les anticorps antiphospholipides étaient capables d’activer la voie AKT/mTORC de cellules endothéliales en cultures. Ils ont pu également tester in vitro l’impact de différents inhibiteurs de la voie AKT/mTORC, dont le sirolimus, sur des cellules endothéliales exposées aux anticorps antiphospholipides.

Forts de ces résultats obtenus au laboratoire, les chercheurs ont observé l’impact du traitement par sirolimus, chez un groupe de patients greffés ayant un syndrome des antiphospholipides.

Parmi 37 patients ayant un syndrome des antiphospholipides, greffés à l’hôpital Necker de 2001 à 2009, 10 ont reçu comme immunosuppresseur du sirolimus. Ces derniers, comparés aux 27 patients n’ayant pas reçu de sirolimus, mais une autre classe d’immunosuppresseur, étaient épargnés par la récidive de lésions vasculaires et voyait la survie de leur greffon très significativement améliorée.

Pour le Dr Canaud, « Cette étude décrit pour la première fois les mécanismes qui mènent à l’épaississement de la paroi des vaisseaux chez ces patients.

L’inhibition de la voie AKT/mTORC, grâce au sirolimus, permet de prévenir la réapparition de lésions vasculaires après la greffe et ainsi d’améliorer la survie rénale (12 ans post-transplantation).

Ce constat ouvre une piste thérapeutique prometteuse chez les patients transplantés ayant un syndrome des antiphospholipides, voire chez les patients porteurs de ce syndrome mais non transplantés ».


[1] L’intima est la tunique interne des vaisseaux artériels, correspondant aux cellules endothéliales et au tissu conjonctif sous-jacent.

Des nouveaux mécanismes de résistance aux thérapies ciblées du mélanome : implication de la traduction des ARN en protéines

Des chercheurs français ont découvert de nouveaux mécanismes de résistance aux thérapies ciblées utilisées depuis moins de trois ans dans le traitement du mélanome. Cette découverte permet non seulement de mieux comprendre pourquoi ces traitements deviennent inefficaces mais aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de prise en charge de ces tumeurs agressives. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature et bénéficient d’une publication en ligne avancée.


Le traitement du mélanome métastatique demeure un problème majeur en oncologie. La moitié des patients souffrant de cette affection présentent une mutation d’une protéine appelée BRAF. Des médicaments ciblant cette protéine mutée, le vémurafenib (Zelboraf®) et le dabrafenib (Tafinlar), permettent de retarder significativement l’évolution de ce type de cancer de la peau. Malheureusement, au cours du temps ces anti-BRAF perdent leur efficacité.

Des chercheurs du laboratoire Biomarqueurs prédictifs et nouvelles stratégies moléculaires en thérapeutique anticancéreuse (Inserm/Gustave Roussy/Université Paris-Sud) ont montré que les mécanismes utilisés par les tumeurs pour résister à ces traitements impliquent un complexe protéique appelé eIF4F qui régule la synthèse des protéines à partir des ARN.

A partir de biopsies de tumeurs prélevées sur des patients, les chercheurs ont aussi démontré que la formation de ce complexe était diminuée dans les tumeurs qui répondaient aux anti-BRAF et augmentée dans les métastases résistantes.

Ils ont également montré que des composés développés par une équipe de pharmacochimie du CNRS et de l’Université de Strasbourg qui inhibent le complexe eIF4F permettent d’améliorer l’efficacité du vémurafenib dans des modèles cellulaires et murins.

Mélanome

Inserm/Dantchev, Dimitri

Ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour prédire l’efficacité des traitements du mélanome utilisant les médicaments ciblant la protéine BRAF.

De plus, ils pourraient déboucher à long terme sur de nouveaux traitements plus efficaces pour traiter non seulement ce type redoutable de cancer, mais aussi certains cancers de la thyroïde, du colon, du poumon et du cerveau.

Ces travaux ont été dirigés par Stéphan Vagner (Inserm U981/Gustave Roussy/Université Paris-Sud, Villejuif; Adresse actuelle : CNRS UMR3348/Institut Curie, Orsay) et Caroline Robert (Inserm U981/Gustave Roussy, service de dermatologie/Université Paris-Sud, Villejuif) en collaboration avec Laurent Désaubry (Laboratoire d’Innovation Thérapeutique, CNRS UMR 7200/Université de Strasbourg, Illkirch).

VIH : la circoncision masculine bénéficie aussi aux femmes

Efficace dans la réduction du nombre de nouvelles infections chez les hommes, la circoncision apparaît également jouer un rôle dans la réduction de l’incidence du VIH chez les femmes. Ces résultats sont issus de l’étude ANRS 12126 coordonnée par le Pr Bertran Auvert (Inserm U1018, Université de Versailles-Saint Quentin, Hôpital Ambroise Paré) et conduite dans le bidonville d’Orange Farm en Afrique du Sud. Ils feront l’objet d’une présentation orale par Kévin Jean (Inserm U1018) lors de la 20e Conférence internationale sur le Sida de l’IAS qui se déroule à Melbourne du 20 au 25 juillet 2014.



Depuis 2007, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) recommandent de considérer la circoncision comme une stratégie complémentaire de prévention de l’infection à VIH chez l’homme. Ces recommandations sont basées sur l’étude ANRS 12165, menée dès 2002 à Orange Farm en Afrique du sud par le Pr Bertran Auvert (Inserm U1018, Université de Versailles-Saint Quentin, Hôpital Ambroise Paré) et dont les résultats ont été confortés par deux autres essais menés au Kenya et en Ouganda. Cette stratégie prévaut dans les régions où le taux d’infection à VIH par transmission hétérosexuelle est élevé et le taux de circoncision faible, à savoir principalement l’Afrique Australe et de l’Est.

Dans le cadre d’une étude menée ultérieurement (ANRS 12126), l’équipe du Pr Bertran Auvert a montré que la circoncision semble bien acceptée par la population masculine lorsqu’elle est proposée en situation réelle. En effet, à Orange Farm, de nombreux hommes se portent volontaires pour être circoncis (le taux d’hommes circoncis est passé de 12% à 53%) et le nombre de nouvelles contaminations chez les hommes circoncis diminuent (deux fois moins de nouvelles infections que chez les hommes non circoncis). Mais qu’en est-il chez les femmes ?

Kévin Jean  et Bertran Auvert avec leurs collègues du NICD/NHLS de Johannesburg présentent, pour la première fois, à l’occasion de la 20e Conférence internationale sur le Sida de l’IAS, les premières données sur l’effet indirect de la circoncision masculine auprès des femmes.

La circoncision permettrait, chez les femmes n’ayant des rapports sexuels qu’avec des hommes circoncis, de diminuer la prévalence (proportion de personnes infectées) et l’incidence de l’infection à VIH (taux de nouvelles infections) et ne favoriserait pas les comportements à risques (augmentation du nombre de partenaires sexuels, non-utilisation du préservatif).


Les données proviennent de la combinaison de trois études transversales menées en 2007, 2010 et 2012 auprès de 2452 femmes âgées de 15 à 29 ans. Prélèvements sanguins, données sur les comportements sexuels, statut de circoncision des partenaires sexuels masculins ont été collectés. Il s’agit dans un premier temps de comparer le taux de prévalence du VIH chez les femmes n’ayant que des partenaires sexuels circoncis avec le taux de prévalence du VIH chez les femmes ayant des partenaires sexuels non circoncis. Plus de 30% des femmes étudiées affirment n’avoir eu des relations sexuelles qu’avec des hommes circoncis. Le taux de prévalence du VIH chez ces femmes est de 17.8% alors qu’il est presque deux fois plus élevé chez celles ayant des relations sexuelles avec des hommes non circoncis (30.4%).

A l’aide d’un modèle mathématique, on estime, dans un second temps, le taux d’incidence du VIH chez ces deux groupes de femmes pour la même période. On constate que le taux de nouvelles infections chez les femmes n’ayant que des partenaires sexuels circoncis est 20% inférieur au taux de nouvelles infections chez les autres femmes.


Ces résultats viennent conforter la place importante des programmes de circoncision volontaire au sein des plans nationaux de lutte contre le VIH. 

 
L’étude ne s’arrête pas là et va se poursuivre avec une nouvelle enquête réalisée auprès de 3000 hommes adultes séronégatifs et circoncis.  Seize mois après leur intégration dans la cohorte ANRS 12285, on examinera leurs comportements sexuels (utilisation du préservatif, comportements à risques…) et on mesurera le nombre de séroconversions. Cette nouvelle étude permettra de mesurer l’effet, en situation réelle, d’un programme de circoncision à large échelle sur l’incidence du VIH chez les hommes et par extension de prévoir les effets des programmes de généralisation de la circoncision qui ont lieu actuellement en Afrique Australe et dans quelques pays de l’Afrique de l’Est.

Usagers de drogues : Une nouvelle stratégie pour réduire les risques infectieux

Proposer des sessions d’éducation délivrées par des pairs aux consommateurs de drogues par voie intraveineuse permet de réduire significativement les pratiques à risque de transmission du VIH et du virus de l’hépatite C (VHC).
Ce type d’intervention communautaire, facilement transposable, a été évalué dans le cadre de l’étude ANRS AERLI (Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection), réalisée conjointement par l’association AIDES, Médecins du Monde et l’Inserm U912 (Marseille). Les résultats sont présentés en communication orale lors de la 20e conférence internationale sur le sida organisée par l’International Aids Society à Melbourne (Australie) du 20 au 25 juillet 2014.


La réduction des risques infectieux du VIH et du virus de l’hépatite C chez les consommateurs de drogues par voie intraveineuse est une priorité de santé publique. L’étude ANRS AERLI (Accompagnement et Education aux Risques Liés à l’Injection) a évalué une intervention innovante : proposer aux usagers de drogues des sessions individuelles d’accompagnement et d’éducation à l’injection sur les pratiques à risque liées à l’injection. Délivrées par des pairs formés et selon un protocole standardisé, les sessions ont reposé sur une intervention pédagogique individualisée en fonction des pratiques de chaque consommateur et des questions qu’il se pose.

Au total, 288 sessions ont été réalisées auprès de 113 consommateurs. Ceux-ci ont été recrutés dans 8 centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD). Un groupe témoin de 127 usagers, comparable en termes d’histoire d’injection de drogues, d’âge et de sexe, a été constitué dans 9 autres centres. Tous les participants ont été interrogés au moment de leur inclusion, puis 6 et 12 mois plus tard, sur leurs pratiques d’injection à risque pour la transmission du VHC et sur les complications au site d’injection.

L’analyse des données recueillies met en évidence un bénéfice significatif des sessions d’éducation. Ainsi, il est constaté dans le groupe « Intervention » :

une diminution de 43% des pratiques à risque de transmission du VHC (44% des consommateurs déclarant au moins une pratique à risque avant l’intervention contre 25% 6 mois après) ;

une diminution de 41% des complications au site d’injection (66% des consommateurs déclarant des complications avant l’intervention contre 39% 12 mois après).

« En comparaison avec le groupe témoin, nous observons un effet majeur de l’éducation par les pairs sur les pratiques à risque de transmission infectieuse, commente Patrizia Carrieri (Inserm U912). C’est d’autant plus intéressant qu’une grande partie de ces injecteurs de drogues reste en marge du système de soins. »

Ce type d’intervention présente deux autres intérêts : son coût est peu élevé et il est facile à mettre en place dans les structures d’accueil et de soins des consommateurs de drogues par voie intraveineuse.

« Cet essai démontre aussi la pertinence des démarches de santé communautaire, y compris dans le domaine de la recherche, car le modèle d’intervention testé ici est directement issu des pratiques d’accompagnement par les pairs propres aux associations comme AIDES et Médecins du Monde » déclarent Jean-Marie Le Gall, AIDES et Marie Debrus, Médecins du Monde.

« Compte tenu des bénéfices observés, indique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites), il est désormais envisageable d’implanter à plus grande échelle l’intervention communautaire et ainsi de renforcer la réduction des risques parmi les usagers de drogues. 

 Ce type d’intervention pourrait également être très utile dans les pays où la population des usagers de drogues est importante et très concernée par le risque de contamination par le VIH et l’hépatite C. »




Dépistages répétés du VIH à domicile en Afrique du Sud : une stratégie bien acceptée à large échelle

Les premiers résultats de la phase pilote de l’essai ANRS 12249 TasP montrent qu’une proposition répétée de dépistage du VIH à domicile suivie d’une proposition de mise sous traitement précoce en cas de séropositivité est bien acceptée par une population rurale d’Afrique du Sud. Ces résultats sont présentés en communication orale à la 20e conférence internationale sur le sida organisée par l’International Aids Society à Melbourne (Australie) du 20 au 25 juillet 2014. 


La  mise sous trithérapie antirétrovirale dès le diagnostic de séropositivité permet-elle de diminuer la transmission du VIH dans la population et par conséquent l’acquisition de nouvelles infections (l’incidence) ? C’est une question cruciale pour lutter efficacement contre le VIH.

Lancé en mars 2012, l’essai ANRS 12249 TasP (Treatment as Prevention) est l’un des quatre essais randomisés internationaux visant à évaluer l’efficacité de la stratégie TasP au sein d’une large population. Il est conduit en Afrique du Sud dans la province du KwaZulu-Natal, une des régions présentant l’une des plus fortes prévalences du VIH au monde et la plus élevée de toute l’Afrique du Sud (16,9% en 2012 d’après la toute dernière enquête nationale en population générale).

Dans cet essai, 22 zones géographiques (« clusters ») d’environ 1,000 habitants chacune ont été définies. Les clusters sont répartis de façon aléatoire en deux groupes (un groupe intervention et un groupe contrôle composé chacun de 11 clusters). L’intervention testée consiste tout d’abord à proposer systématiquement aux habitants, de façon répétée (tous les six mois) et à leur domicile, un dépistage rapide du VIH. Au sein du groupe intervention, les personnes identifiées comme séropositives se voient proposer une mise sous antirétroviraux immédiate, quel que soit leur niveau de lymphocytes CD4. Dans le groupe de comparaison, la mise sous traitement est conseillée selon les indications actuellement recommandées par le Département sud-africain de la santé. Des cliniques mobiles ont été implantées dans chaque cluster pour faciliter l’accès aux soins.

Les résultats présentés à la conférence de Melbourne portent sur la phase pilote de l’essai qui a été réalisé dans 10 clusters et a concerné plus de 12,000 personnes âgées de plus de 16 ans, suivies entre un an et 18 mois. Le statut sérologique a pu être établi sur près de 9,000 personnes, soit parce qu’elles déclaraient qu’elles étaient séropositives, soit parce qu’elles acceptaient le test de dépistage rapide.

Les premiers résultats sont les suivants :

Le dépistage à domicile est bien accepté puisque le statut VIH a pu être identifié pour 82% des personnes contactées. Parmi les personnes testées séronégatives au premier contact à domicile, 85% ont accepté un second test VIH lors de la seconde visite à domicile.

– La prévalence de l’infection par le VIH est aussi bien plus importante que celle estimée initialement: 31%.

– Environ 25% des 2,570 personnes identifiées séropositives l’ont appris grâce à l’étude.

– En ce qui concerne les personnes identifiées séropositives et qui n’étaient pas prises en charge dans une filière de soins lors du passage à domicile, seules 48% se sont présentées en clinique dans les six mois (63% dans l’année).

– Dans le groupe intervention, 80% des personnes ayant un taux de CD4>350 cellules/mm3 recevaient un traitement.

« Ces premiers résultats sont très importants, indique le Pr François Dabis (Institut de Santé Publique, Epidémiologie et Développement, Inserm U897, Bordeaux), un des co-investigateurs de l’essai, car ils valident la première étape de la démarche TasP qui vise à tester et traiter l’ensemble d’une population adulte afin d’enrayer la transmission.

 
Le dépistage rapide à domicile est très bien accepté et nous n’avons observé aucun frein majeur susceptible de remettre en question l’intervention. Nous constatons simplement que les personnes nouvellement diagnostiquées séropositives ont besoin de temps pour entrer dans une démarche de soins, notamment quand elles se sentent en bonne santé. Cependant, une fois dans le système de soins, la prise d’antiretroviraux est bénéfique. Nous améliorons notre stratégie afin d’encourager l’entrée et le maintien dans les structures de soins de tous les participants de l’essai. 
»

« La validation de la première phase de cet essai est une étape essentielle, explique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites). Nous pouvons donc continuer l’essai.» L’essai est entré dans sa seconde phase en juin 2014. Les premiers résultats en termes d’efficacité de la TasP sur la réduction attendue de l’incidence du VIH en population devraient être connus fin 2016.

L’essai ANRS 12249 TasP est coordonné par le Pr François Dabis (Institut de Santé Publique, Epidémiologie et Développement, Inserm U897, Bordeaux), le Pr Marie-Louise Newell (Université de Southampton, Royaume Uni) et le Pr Deenan Pillay (Directeur de l’Africa Centre for Health and Population Studies, Mtubatuba, Afrique du Sud et University College London, Royaume-Uni). L’essai est mené en partenariat avec le Ministère de la Santé du KwaZulu Natal, Afrique du sud, la GTZ (société allemande pour la coopération internationale) et le Wellcome Trust anglais. L’International Initiative for Impact Evaluation (3ie) apporte un soutien financier au projet pour sa seconde phase.

 



Des « flashs » de radiothérapie pour réduire les effets secondaires

Traiter fort et vite semble être un bon moyen de limiter les effets secondaires de la radiothérapie. Telle est la découverte des chercheurs de l’Institut Curie, de l’Inserm et du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois publiée dans Science Translational Medicine le 16 juillet.
La radiothérapie reste l’un des traitements locaux de référence dans la prise en charge des patients atteints de cancer : de plus en plus précise, elle consiste à irradier les cellules cancéreuses pour les détruire tout en préservant du mieux possible les tissus sains et les organes avoisinants. En augmentant jusqu’à 1 000 fois l’intensité de l’irradiation sur un temps très court, les chercheurs montrent que l’efficacité demeure la même, mais que les tissus sains sont mieux protégés. 



« Eradiquer la tumeur, tout en limitant les effets secondaires, est depuis toujours l’objectif des radiothérapeutes »
, souligne en préambule Vincent Favaudon, chercheur à l’Institut Curie. La radiothérapie reste à ce jour l’une des approches les plus efficaces dans le traitement des cancers. Elle est proposée à plus de la moitié des patients, en association avec la chirurgie et/ou la chimiothérapie. Depuis plus de 20 ans, les développements de l’imagerie, de l’informatique, de la dosimétrie et des accélérateurs ont permis de « sculpter » de plus en plus précisément le volume d’irradiation en fonction de la localisation et de la forme de la tumeur. Malgré tout, les effets secondaires dus à l’irradiation des tissus sains demeurent un problème crucial.

A chaque mode d’administration, son effet

En collaboration avec Marie-Catherine Vozenin (Inserm et Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, Lausanne, Suisse), le radiobiologiste Vincent Favaudon, directeur de recherche émérite Inserm, étudie les effets de la radiothérapie sur les tissus sains et tumoraux en fonction de son mode d’administration. « Les laboratoires de l’Institut Curie sur le site d’Orsay disposent d’un accélérateur linéaire d’électrons expérimental qui permet de délivrer des doses de rayonnement élevées en un temps très court, comme un flash », explique-t-il. « Pour donner une idée de l’échelle, cet accélérateur délivre un débit de dose de rayonnement 1 000 à 10 000 fois plus intense qu’en radiothérapie conventionnelle ».

Les chercheurs se sont demandé si cela modifiait les effets sur les tissus. « Dans nos modèles tumoraux, une dose de 15 Gy administrée de manière conventionnelle pour traiter une tumeur du poumon entraîne à coup sûr la survenue d’une fibrose pulmonaire entre 8 semaines et 6 mois après l’irradiation, alors qu’avec une irradiation « flash », aucune fibrose n’apparaît en-dessous de 20 Gy », explique le radiobiologiste. Cet effet protecteur est également observé sur l’apoptose (mort programmée des cellules produite suite à des dommages non réparés de l’ADN), les capillaires sanguins et sur les lésions cutanées. 

« En revanche, l’efficacité anti-tumorale reste la même sur tous les modèles tumoraux que nous avons testés », constate Marie-Catherine Vozenin, chercheuse Inserm, cheffe du laboratoire de radiobiologie au sein du Service de radio-oncologie du CHUV. L’irradiation « flash » protège donc les tissus sains de la survenue d’effets secondaires de manière très sélective.

« Les appareils actuellement utilisés dans la plupart des services de radiothérapie et qui fonctionnent avec des rayons X, ne sont pas assez performants pour générer les débits de dose nécessaires à des irradiations “flash”. Il faudrait une évolution technologique majeure pour y parvenir », poursuit Vincent Favaudon. « Cependant, le système par “Pencil Beam Scanning” qui est actuellement en cours d’installation au Centre de Protonthérapie de l’Institut Curie sera capable de telles performances et l’équipe médicale, assistée par les chercheurs, envisage de procéder très rapidement à un essai préclinique ».

Le Pencil Beam bientôt au Centre de Protonthérapie de l’Institut Curie

Depuis le printemps 2013, le Centre de Protonthérapie de l’Institut Curie (Orsay) prépare la mise en service de la technologie dite «Pencil Beam Scanning (PBS) » qui permettra de balayer le faisceau de protons au niveau de la tumeur.

Institut de Recherche en Cancerologie de Montpellier (IRCM)

Plateforme de radiothérapie clinique du (CRLC) centre régional de lutte contre le cancer. Val d’Aurelle-Paul Lamarque, Montpellier. Inserm/ P Latron



Installée dans la salle de traitement disposant du bras isocentrique – avec lequel il est possible d’orienter le faisceau autour du patient selon toutes les incidences- cette technologie de pointe va permettre d’étendre encore plus les indications de la protonthérapie.

« Nous pourrons ainsi traiter de nouvelles localisations, en particulier des tumeurs extra-crâniennes de volumes complexes, en assurant une très bonne conformation au volume de la tumeur tout en améliorant la protection des tissus et organes sains avoisinants », se réjouit le Dr Remi Dendale, responsable médical du centre.

 « C’est ce que l’on appelle la protonthérapie à modulation d’intensité ou IMPT qui permettra, de simplifier la préparation des traitements, en s’affranchissant de la fabrication des compensateurs (qui permet d’ajuster la distribution de dose en profondeur) et d’une partie des collimateurs (qui permet de moduler dans le plan latéral la forme du dépôt d’énergie) », précise la physicienne Nathalie Fournier-Bidoz.

Images de coupes de tissus

Effet sur du tissu pulmonaire sain d’une irradiation de 17 Gy administrée en 0.28 s, soit un débit de dose 60 Gy/s (image du centre) et en 548 s, soit un débit de doser de 0.031 Gy/s (image de droite). Le tissu irradié avec un très haut débit de dose a le même aspect que le tissu non irradié, alors que celui irradié à faible débit de dose est totalement altéré.

Tissu pulmonaire

Vers une meilleure prise en charge du trauma crânien

Dans des conditions normales et à défaut de pouvoir le stocker, le cerveau ne supporte pas d’être privé d’oxygène plus de quelques minutes sans risque de provoquer de graves séquelles. Après un accident (traumatisme crânien ou accident vasculaire cérébral (AVC)), c’est donc l’oxygénation cérébrale que les équipes d’urgence et les médecins tentent de restaurer le plus rapidement possible. Plus les médecins seront rapides et précis, plus les chances de récupérer seront grandes. Une équipe multidisciplinaire au sein de l’Institut des Neurosciences de Grenoble (GIN, Inserm / Université Grenoble Alpes / CHU de Grenoble) associant physiciens, biologistes et médecins (neurologues et anesthésistes-réanimateurs) a mis au point une nouvelle approche pour mesurer l’oxygénation cérébrale grâce à l’IRM. En plus d’être non invasive, cette technique identifie précisément les zones du cerveau les moins oxygénées. Elle pourrait à terme guider les interventions thérapeutiques pour les rendre plus précises, moins risquées et plus efficaces.
Ces résultats sont publiés dans la revue
Journal of Cerebral Blood Flow and Metabolism.

Alors que le cerveau représente en poids simplement 2 % du corps, il utilise 20 % de l’oxygène total consommé par l’organisme. Il ne sait par ailleurs pas faire de « réserves » et le moindre manque d’oxygène, peut conduire à des séquelles graves (par exemple, perte du langage ou de la motricité) voire au décès s’il n’est pas restauré très rapidement. Idéalement, dans une situation de traumatisme, il faudrait donc être capable de savoir immédiatement quelles sont les zones du cerveau les plus touchées par le manque d’oxygène et si possible sans avoir à intervenir physiquement sur des organismes déjà affaiblis.

Après un accident, le suivi de l’oxygénation du cerveau est primordial. Aujourd’hui des méthodes internationales standardisées, notamment la pose d’une sonde dans le cerveau, permettent d’estimer localement l’oxygénation du cerveau. Cette intervention nécessite un acte neurochirurgical lourd et ne conduit qu’à une mesure très locale de l’oxygénation cérébrale.. Le seul moyen de cartographier la teneur en oxygène du cerveau (développée dans les années 80) est la mesure de l’oxygène radioactif en imagerie fonctionnelle. Mais là aussi cette méthode a ses limites car elle est coûteuse et nécessite la disponibilité d’appareils TEP (Tomographie par émission de positons) peu nombreux sur le territoire. Enfin, si la consommation totale d’oxygène par le cerveau reste constante, elle varie cependant d’une région cérébrale à l’autre.

La nouvelle approche d’IRM, développée par les chercheurs de l’Inserm, caractérise la saturation tissulaire en oxygène du cerveau, c’est-à-dire la quantité d’oxygène présente dans la microvascularisation tissulaire (notée StO2).

Grâce à cette technique, les chercheurs ont pu observer une réduction importante du niveau d’oxygénation cérébrale dans un modèle animal d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique et, à un moindre degré, après un traumatisme crânien. En permettant de cartographier l’oxygénation cérébrale, une hétérogénéité régionale de StO2 a été mise en évidence dans l’AVC, le traumatisme crânien et un modèle de tumeur cérébrale.

Cette approche innovante présente plusieurs avantages, dont celui d’être utilisable immédiatement chez l’homme. L’examen IRM ne nécessite pas d’injection d’un traceur radioactif, contrairement à l’imagerie par émission de positon (ou imagerie TEP), technique de référence. L’IRM permet également d’obtenir des cartes de StO2 avec une meilleure résolution spatiale. Par ailleurs, un examen IRM est moins coûteux qu’un examen TEP, et les imageurs IRM sont plus répandus en France que les imageurs TEP.

Les résultats obtenus dans cette étude préclinique correspondent parfaitement à ceux obtenus avec deux approches de références et pour différents niveaux d’oxygénation : d’une part, une mesure des gaz du sang et d’autre part, une cartographie des zones privées d’oxygène obtenues par histologie.

CP_E_Barbier_StO2

D’un point de vue clinique, plusieurs applications sont envisageables, illustrées dans ce travail par 3 situations :

  • Chez les patients souffrant d’un traumatisme crânien, cette cartographie peut contribuer à déterminer les zones cérébrales les moins bien oxygénées. Le suivi et la stratégie thérapeutique pourront ainsi être adaptés au mieux.
  • Chez les patients atteints d’un AVC, cette technique devrait permettre de mieux identifier la zone de tissu cérébral ischémique susceptible de récupérer après traitement.
  • Enfin, certaines tumeurs cérébrales malignes présentent des zones mal oxygénées, connues pour être celles qui résistent aux traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. On soupçonne fortement que ces zones mal oxygénées abritent des cellules souches tumorales à l’origine de la récidive tumorale. Mieux les cartographier permettrait d’adapter et personnaliser les traitements.


Si aujourd’hui la fiabilité de ce dispositif a été démontrée, il reste à voir dans quelles mesures il pourra guider le travail des médecins neurologues et ou anesthésistes réanimateurs. 

 » Dans quelques années, nous pourrions imaginer que la cartographie précise de l’oxygénation du cerveau nous permette de délivrer les médicaments au bon endroit ou bien de mieux paramétrer l’intervention chirurgicale pour faire baisser l’hypertension intracrânienne «  explique Emmanuel Barbier directeur de recherche Inserm

Ces travaux ont été réalisés sur la plateforme IRMaGe, une plateforme de l’infrastructure nationale en imagerie du vivant « France Life Imaging ». Ils ont notamment bénéficié du soutien de l’Agence Nationale pour la Recherche (projet IMOXY).

Après un accident, quels sont les risques de syndrome de stress post-traumatique?

Plusieurs mois après un accident, de nombreux patients souffrent encore de symptômes (maux de tête, douleurs) qui peuvent constituer un véritable handicap. L’équipe d’Emmanuel Lagarde, directeur de recherche Inserm au centre de recherche « épidémiologie et biostatistique » (Inserm/université de Bordeaux) a étudié le devenir de 1300 personnes admises aux urgences entre 2007 et 2009 pour un traumatisme. Les chercheurs montrent qu’il est possible de détecter les personnes qui développeront un syndrome de stress post-traumatique, survenant généralement lorsque la vie de l’individu a été mise danger. Cela permettra d’adapter leur prise en charge. Leurs travaux révèlent également que le syndrome post-commotionnel, défini à tort comme la conséquence des traumatismes crâniens, ne serait qu’une partie de ce syndrome de stress post-traumatique.

Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue JAMA Psychiatry.

Chaque année, un Français sur dix se rend aux urgences avec un traumatisme à la suite d’un accident. L’immense majorité des victimes n’ont que des blessures légères et quittent l’hôpital rapidement. Cependant, une partie d’entre elles souffre bien après que les blessures directes sont guéries : maux de tête, peurs incontrôlables ou encore douleurs diverses, troubles de la vision, de l’équilibre ou irritabilité. Lorsque des symptômes surviennent conjointement dans un même contexte, ils constituent ce que l’on appelle un syndrome.

À la suite d’un traumatisme, deux syndromes sont décrits : le syndrome post-commotionnel (SPC), qui survient après un traumatisme crânien léger, et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), rencontré chez les personnes exposées à une situation stressante au cours de laquelle leur vie, ou celle d’une autre personne, est mise en danger. Le syndrome de stress post-traumatique a d’abord été décrit chez les militaires qui, après une exposition aux combats ou à une explosion, se plaignent de cauchemars, ou de pensées obsédantes, dont ils ne parviennent pas à se défaire. Les deux syndromes sont décrits depuis plusieurs années dans les éditions successives du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » (DSM) de l’association américaine de psychiatrie, qui fait aujourd’hui référence dans le domaine du diagnostic en santé mentale.

Dans cette étude, 1 300 personnes admises aux urgences du centre hospitalier de Bordeaux entre 2007 et 2009 ont été contactées 3 mois après leur accident. Plus de 500 souffraient d’un traumatisme crânien léger lors de leur admission à l’hôpital, les autres de blessures diverses, toutes avec une gravité légère ou modérée. Les chercheurs ont mesuré la survenue de 36 symptômes qui entrent dans les définitions du SPC ou du SSPT.

« Le syndrome post-commotionnel (SPC) ne mérite pas son nom puisque, d’une part, les symptômes qui le composent ne sont pas spécifiques au traumatisme crânien et que, d’autre part, ils ne surviennent pas de manière concomitante. Il semble que le SPC ne soit en réalité qu’une partie du syndrome de stress post-traumatique. »

explique Emmanuel Lagarde, directeur de recherche à l’Inserm.

Le syndrome de stress post-traumatique en population générale

Les résultats obtenus permettent également de mieux comprendre le syndrome de stress post-traumatique, encore mal décrits dans le domaine non militaire. En population générale, ce syndrome survient chez 2 % des personnes blessées, mais ce chiffre passe à 9 % lorsque le traumatisme est crânien. Par ailleurs, il est plus fréquent chez les femmes et chez les personnes ayant eu un accident de la route ou subi une agression. L’apparition du SSPT est aussi influencée par l’état de santé physique et mental de la victime avant l’accident. Toutes ces informations peuvent permettre au médecin de déterminer si une prise en charge précoce doit être mise en œuvre.

Cette étude bouleverse la classification des plaintes post-traumatiques car elle remet également en question l’existence même du syndrome post-commotionnel. Celui-ci ne serait qu’une partie du syndrome de stress post-traumatique. Mais ces résultats ne remettent pas en question la réalité de la souffrance d’un nombre important de personnes touchées par ces syndromes, pour lesquelles les symptômes persistent et ont un impact conséquent sur leur qualité de vie.

« C’est pourquoi il importe de mieux décrire ces syndromes et leur origine d’autant que leur identification a aussi des conséquences importantes en matière d’assurance, de compensation, mais aussi de politiques de prise en charge et de réinsertion des patients »,

souligne Emmanuel Lagarde, le principal auteur de ces travaux.

100 000 femmes porteuses d’implants mammaires suivies pendant 10 ans

En 2013 en France, on estimait à 346 000 le nombre de femmes porteuses d’implants mammaires. On évalue à environ 30 000 celles qui ont porté une prothèse fabriquée par la société PIP (dont une partie a été retirée depuis). Au-delà du caractère défectueux de ces prothèses mammaires, seule une vaste étude épidémiologique permettrait de documenter leurs effets indésirables potentiels. A la demande de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), un groupe de chercheurs de l’Inserm dirigé par Florent de Vathaire au sein de l’Unité Inserm 1018 « Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations » basé à Gustave Roussy lance une étude baptisée LUCIE. Cette enquête qui se déroulera sur 10 ans a pour objectif de suivre près de 100 000 femmes portant ou ayant porté des implants mammaires de toutes marques. Les résultats permettront ainsi de conclure quant à la potentielle survenue d’effets indésirables à moyen et long terme chez les femmes porteuses de prothèses PIP.

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En 2013, l’ANSM a estimé à 346 000 le nombre de femmes porteuses d’implants mammaires en silicone en France (que ce soit pour des raisons esthétiques ou médicales) dont 30 000 de marque PIP. Au cours des explantations réalisées de 2001 à 2013, une prothèse PIP explantée sur quatre a été considérée comme défectueuse.

Des incertitudes subsistent quant aux effets à long terme de ces prothèses.


Pour étudier les risques potentiels que présentent ces prothèses pour la santé des femmes porteuses, l’Inserm, soutenu par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM), lance la cohorte épidémiologique nationale LUCIE réalisée auprès des femmes porteuses ou ayant porté des implants mammaires et opérées en France. L’équipe Inserm dirigée par Florent de Vathaire au sein de l’Unité 1018 « Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations » pilotera cette étude.

La mise en place de cette cohorte vise à évaluer et décrire l’incidence des effets indésirables liés au port d’implants mammaires en gel de silicone du fabricant PIP. Les données recueillies vont permettre de connaitre l’état de santé des femmes ayant porté des implants mammaires en gel de silicone et d’étudier s’il existe un lien éventuel entre les événements de santé déclarés (cancer du sein ou autres événements indésirables comme des réactions allergiques cutanées ou des ruptures de prothèses) et le port des prothèses mammaires PIP.

L’objectif est d’inclure environ 100 000 femmes ayant subi une opération d’implant mammaire, dont 30000 portant ou ayant porté un implant PIP (les autres prothèses provenant d’autres fabricants).


Pour atteindre cet objectif le recrutement dans cette cohorte se fera de deux façons :

1) grâce au transfert de fichiers aux chercheurs de l’Inserm, en provenance des hôpitaux et cliniques ayant implanté ou explanté un implant mammaire, quel qu’en soit le fabricant, depuis 2001.
2) par l’enregistrement volontaire des femmes, après signature en ligne d’un consentement, sur un site « actif », sur lequel elles seront amenées à remplir un questionnaire en ligne.

Les personnes ayant donné leur accord de participation seront contactées par mail, tous les deux à cinq ans pour répondre à un nouveau questionnaire en ligne (principaux évènements de santé survenus depuis le dernier contact, habitudes de vie…). Le suivi des femmes est prévu pour un minimum de dix ans.

Ensemble, l’Inserm et l’ANSM se mobilisent pour améliorer la connaissance scientifique sur les problématiques associées aux prothèses mammaires et permettre ainsi de veiller à la sécurité d’emploi de ces produits.

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Pour faciliter le recrutement et la fidélisation des participantes, les chercheurs de l’Inserm ont mis en place un dispositif de promotion de l’étude :
alarecherchedelucie.fr

– Un site internet pour informer le public du déroulement de l’étude et diffuser ses résultats. Pour les participantes, ce site renverra au questionnaire médical en ligne


– La mise en place d’une campagne sur les médias sociaux (Twitter,Facebook,LinkedIn)
Compte twitter @EtudeLucie
Page Facebook
Sur LinkedIn

Toute personne porteuse ou ayant porté des prothèses mammaires peut participer à cette étude même si elle n’a pas eu de problèmes de santé. Ceci est important pour que l’étude soit représentative des personnes porteuses de prothèses mammaires en gel de silicone  et permette de répondre aux questions posées sur les prothèses mammaires.Les femmes souhaitant des informations complémentaires, peuvent écrire à ten.eicul-etrohoc@tcatnoc  ou contacter le numéro suivant à partir du 15 juillet :

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