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Le sommeil réduit les capacités de prédiction du cerveau

Pourquoi ne prenons-nous pas conscience des bruits extérieurs pendant notre sommeil ? Une étude, réalisée à Neurospin (CEA/Inserm), en collaboration avec le centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu à Paris (AP-HP), l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), Collège de France et les Universités Paris-Sud et Paris-Descartes, montre que même si les sons pénètrent toujours dans le cortex auditif, le sommeil perturbe la capacité du cerveau à les anticiper. Les chercheurs ont démontré que le cerveau n’est plus capable d’élaborer des prédictions dans le sommeil, car les signaux prédictifs en provenance des aires corticales supérieures semblent abolis. Ces résultats sont publiés dans la revue américaine PNAS du 2 Mars 2015.

A l’écoute d’une mélodie, le cerveau à l’état de veille utilise les régularités de la séquence de sons pour prédire les sons à venir. Cette capacité de prédiction s’appuie sur un fonctionnement hiérarchique d’un ensemble d’aires cérébrales. Si un son rompt la régularité de la séquence, le cerveau génère alors une série de signaux d’erreurs de prédiction responsables entre autres des réactions à la nouveauté ou des réactions de surprise. Des études antérieures en électro-encéphalographie ont permis de décrire au moins deux signaux d’erreur successifs : la Mismatch Négativité (MMN) et la P300. La MMN a déjà été observée chez des sujets à l’état non conscient (y compris en état de coma), alors que la P300 serait spécifique du traitement conscient, car elle reflète l’intégration de l’information à travers un vaste réseau cérébral au-delà des régions auditives.

Au cours du sommeil, les sons de l’environnement ne sont pas consciemment perçus. Cependant, on ne sait pas à quel niveau s’interrompt l’intégration de ces sons par le cerveau, et si il est toujours capable d’en extraire les régularités et de les anticiper. Cet aspect particulier du fonctionnement du cerveau a été testé par une équipe de Neurospin (Inserm/CEA), en collaboration avec le centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu à Paris (AP-HP), l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), Collège de France et les Universités Paris-Sud et Paris-Descartes. Les chercheurs ont étudié, par électro et magnétoencéphalographie (E/MEG), les signaux d’erreurs de prédiction (la MMN et la P300) chez des sujets éveillés et endormis.

Les chercheurs ont invité des volontaires à s’endormir à l’intérieur de la machine de magnéto-encéphalographie de NeuroSpin, en présence de sons répétitifs. Les résultats ont confirmé que la P300 est un marqueur spécifique du traitement conscient des sons, puisqu’elle disparaissait dès l’endormissement, dès lors que les sujets n’étaient plus réactifs aux sons. Par contre, la MMN a été observée dans tous les stades de sommeil (sommeil lent et sommeil paradoxal). Cependant, ce signal n’est que partiellement maintenu puisque certaines aires cérébrales, qui normalement s’activent à l’état éveillé, ne répondent plus au stimulus sonore. En effet, le pic d’activité qui résulte d’une erreur de prédiction chez un individu éveillé disparaît pendant le sommeil. Seuls persistent des phénomènes passifs d’adaptation sensorielle, localisés aux aires auditives primaires.

Les chercheurs ont donc démontré que, par un défaut de communication entre les aires cérébrales, le cerveau n’est plus capable d’élaborer des prédictions dans le sommeil

Il reste cependant capable de représenter les sons au sein des aires auditives et de s’y habituer s’ils sont fréquents, ce qui explique pourquoi une alarme nous réveille, mais pas le bruit régulier de l’horloge.


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© S. Dehaene. Reconstruction des sources cérébrales des signaux d’erreurs à partir des enregistrements en magnétoencéphalographie. Les signaux témoignant d’une erreur de prédiction, la partie intermédiaire de la MMN et la P300, disparaissent dans le sommeil. Seuls les mécanismes passifs d’adaptation sensorielle (les parties précoces et tardives de la MMN), confinés aux aires auditives, persistent. (Les différents temps sont exprimés en millisecondes, ils mesurent le délai de réponse au son.

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La revue médecine/sciences (m/s) fête ses 30 ans

A l’occasion des 30 ans de la revue médecine/sciences, un colloque, intitulé « 30 ans déjà », est organisé le jeudi 12 mars à l’Institut Pasteur par l’Inserm et l’éditeur EDK/EDP/sciences sur le thème « Comment lit-on, pourquoi écrit-on, comment traitons-nous et traiterons-nous les avancées biomédicales pensées en Français dans médecine/sciences ? »

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La revue médecine/sciences (m/s) est le vecteur mensuel, en français, de l’excellence de la recherche dans les sciences biologiques, médicales et en santé. Revue de synthèse et de formation, elle offre à ses lecteurs une grande diversité de textes sur les avancées de la recherche biologique et médicale nationale et internationale.

La revue médecine/sciences (m/s) aujourd’hui

L’Inserm, propriétaire du titre, poursuit la mission qui a été confiée à médecine/sciences dès son origine et clairement résumée dans son titre : un flux continu entre « sciences » en tant que production de connaissances et « médecine », elle-même source de connaissances ; m/s est la revue de transmission des savoirs et de formation universitaire, unique en son genre et sans doute sans équivalent en Europe. Dans sa dimension politique et internationale francophone, elle se situe au cœur de la science et de la médecine d’aujourd’hui, avec une perception sociale de plus en plus marquée.

La revue, format papier et format électronique est réalisée depuis l’origine en France[1].
médecine/sciences est en accès libre un an après parution. Au cours de la première année de parution l’accès aux articles est réservé aux abonnés, majoritairement des scientifiques via leurs organismes de recherche (Inserm, CNRS, EFS..) ou leurs universités (Laval, Sherbrooke, Liège..).
Une base des archives de m/s, réalisée par l’Inserm, sur le site iPubli, offre l’accès libre aux archives de la revue, à l’exception de l’année en cours, dont les numéros sont accessibles sur le site de l’éditeur.

Une croissance constante de la fréquentation du site et du nombre de téléchargement d’articles est observée au cours des trois dernières années. En 2014, la fréquentation du site était la suivante : sur un mois, 11 700 utilisateurs uniques (45% de consultations de France, ensuite Etats-Unis et Chine) ; 120 000 téléchargements d’articles en PDF par an. L’analyse des origines de connexion suggère une fréquentation moitié française et moitié reste du monde.

 Brève histoire d’une éclatante réussite

A tout début des années 1980, les programmes d’actions lancés par le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec ont conduit à la création de médecine/sciences (m/s), revue internationale de recherche biomédicale de synthèse en langue française.
C’est le professeur Jean Hamburger, initiateur et fervent adepte du projet, entouré d’une équipe de jeunes chercheurs et chercheurs-cliniciens (Xavier Bertagna, Laurent Degos, Serge Erlinger, Jean-Pierre Grünfeld, Axel Kahn, Claude Matuchansky) qui en précisera le contenu.
Quatre rubriques : un éditorial, des articles de synthèse constituant le corps de la revue, des nouvelles scientifiques, des notes de recherche originales.
Les institutions de recherche et d’enseignement supérieur vont ainsi se mobiliser pour la « Promotion du français, langue scientifique, et diffusion de la culture scientifique et technique », un des sept programmes mobilisateurs de la loi d’orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France.
Un protocole d’entente international entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec est signé en mai 1984.
m/s est lancée, en France, en mars 1985 par Hubert Curien, ministre de la Recherche et de la Technologie et, au Québec, par Bernard Landry, ministre des Relations internationales.
Le protocole sera régulièrement renouvelé jusqu’en février 2006. A cette date, le titre de m/s devient propriété de l’Inserm.

Le contenu

  • Une partie Magazine, reflet de l’actualité scientifique (une douzaine d’articles) ;
  • Des Synthèses (6 à 8 par numéro), articles de fond dressant l’état des lieux sur une question scientifique, rédigés par des auteurs spécialistes du domaine ;
  • Un Forum accueillant des textes variés d’histoire des sciences, de réflexion sur des questions de société, de sciences sociales et de santé publique, des faits et chiffres, ou des réactions à des articles publiés, tous rédigés avec une grande liberté d’expression ;
  • Des analyses critiques et de comptes rendus d’ouvrages.

En outre, m/s publie au moins un Numéro spécial par an, et une ou des Séries thématiques constituées d’articles se déclinant sur plusieurs numéros, états de l’art complet sur un sujet médical en pleine expansion.

Le public de médecine/sciences 

Chercheurs, hospitalo-universitaires, médecins, enseignants et, surtout, étudiants, doctorants et post-doctorants.

Les membres fondateurs franco-québécois de médecine/sciences

Pour la France : ministère des Affaires étrangères ; ministère de la Recherche et de la Technologie ; ministère de l’Education nationale (DBMIST) ; Inserm ; CNRS ; Haut comité de la langue française, puis Délégation à la langue française.

Pour le Québec : ministère des Relations internationales ; Conseil de la langue française ; Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ) ; ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie.

[1] Dans le cadre d’un contrat de délégation de service public (DSP) engagé par l’Inserm avec un éditeur privé, successivement Flammarion Médecine, John Libbey, Masson, EDK depuis 2002 et EDK//EDP Sciences depuis 2012.

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