Menu

Dassault Systèmes et l’Inserm annoncent la signature d’un accord pour analyser la complexité des maladies et accélérer la recherche clinique

Avec la plateforme 3DEXPERIENCE et une collaboration stratégique, l’innovation scientifique de nouvelle génération va contribuer au développement de programmes de recherche dans les domaines du vieillissement, de la lutte contre le cancer, de la génomique et de la flore intestinale

plateforme 3Dexperience

Plateforme 3DEXPERIENCE (c) Dassault Systèmes

Dassault Systèmes, « The 3DEXPERIENCE Company », leader mondial des logiciels de création 3D, de maquettes numériques en 3D et de solutions de gestion du cycle de vie des produits (PLM — Product Lifecycle Management) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), seul organisme public de recherche français entièrement dédié à la santé humaine et le plus important en Europe, annoncent la signature d’un accord portant sur l’accélération des programmes de recherche clinique grâce au déploiement d’une plateforme collaborative virtuelle. Cet accord s’appuie sur l’expertise des deux partenaires pour offrir de nouvelles perspectives permettant de relever les défis scientifiques et médicaux du 21e siècle.

L’Inserm va s’appuyer sur la plateforme 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes pour mener ses programmes stratégiques de recherche biomédicale dans les domaines du vieillissement, de la lutte contre le cancer, de la génomique et de l’étude de la flore intestinale. Avec cette plateforme, l’Inserm va bénéficier d’un environnement virtuel intégré pour la recherche collaborative ouverte et la gestion unifiée des laboratoires, ainsi que de capacités de modélisation et de simulation biologiques et chimiques, grâce aux applications de BIOVIA, marque de Dassault Systèmes dédiée à l’excellence scientifique.

En retour, Dassault Systèmes va exploiter les données non structurées (Big Data) générées par les programmes de recherche de l’Inserm pour calibrer et valider des modèles scientifiques dans le but de les appliquer à des technologies futures dans le domaine de la recherche clinique. Ces modèles vont permettre à Dassault Systèmes de développer des solutions de nouvelle génération en vue d’accélérer le processus décisionnel et de démontrer l’efficacité et la sécurité des essais cliniques de façon plus précoce, grâce à des essais virtuels.

« Nous travaillons sur des technologies qui nous aident à observer et mieux comprendre les mécanismes de l’organisme vivant avant d’appliquer ces connaissances à des solutions thérapeutiques destinées à de nouvelles maladies mutantes qui touchent une population mondiale en constante augmentation », déclare le professeur Yves Lévy, Président-directeur général de l’Inserm.

« Nous menons des programmes scientifiques compétitifs à long terme dans le domaine de la santé humaine et de la médecine, et la plateforme 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes nous aidera à gérer la collaboration, les projets, les données, les ressources, la traçabilité et d’autres processus ».

« Par nature, Dassault Systèmes est une entreprise scientifique. Et par nature, l’Inserm explore les plus petits éléments de la vie telle que nous la connaissons, la science fondamentale. La recherche clinique est le catalyseur de découvertes qui ont révolutionné notre époque. L’’introduction d’outils tels que la modélisation et la simulation dans la science translationnelle, en association avec le traitement du Big Data, ouvre de nouveaux horizons pour la recherche », déclare Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes. « Cette fusion entre la recherche clinique de pointe et le monde virtuel constitue un tremplin vers l’avenir de la médecine de précision, et nous rapproche de l’harmonisation des produits, de la nature et de la vie. »

Pour plus d’informations sur Dassault Systèmes dans le secteur des sciences de la vie : http://www.3ds.com/fr/industries/sciences-de-la-vie/

Une étude démontre la possibilité de modifier le comportement du regard par stimulation magnétique transcrânienne

Une étude financée par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris[1], a été menée sous la direction de Monica Zilbovicius[2]  au sein de l’Unité Inserm 1000 sur une région particulière du cerveau, le sillon temporal supérieur (STS), influençant la perception et le comportement du regard. Ces travaux ont montré qu’une stimulation magnétique transcrânienne (non-invasive et indolore) du STS peut inhiber de manière sélective et transitoire le regard du sujet vers les yeux de son interlocuteur. Publiés dans la revue Cerebral Cortex, ils ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les patients autistes présentant justement des anomalies anatomiques et fonctionnelles au niveau du sillon temporal supérieur.

eye tracking

(c) Monica Zilbovicius / Inserm


Il est communément admis que le regard joue un rôle essentiel dans les interactions sociales. Très tôt, l’être humain regarde autrui dans les yeux, car c’est par les informations issues des yeux qu’il devine ses intentions et ses sentiments.
Au niveau cérébral, de nombreuses études soulignent l’importance d’une région particulière du cerveau, le sillon temporal supérieur (STS), dans la perception et le comportement du regard. Toutefois, à ce jour, aucune donnée expérimentale ne démontre une modification possible du regard par une modulation artificielle d’un réseau neuronal.

Des travaux menés au sein de l’Unité Inserm 1000, financés par l’AP-HP, ont permis de confirmer qu’une intervention ponctuelle au niveau du STS pouvait avoir un impact sur le comportement du regard. Les chercheurs ont utilisé la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) : cette méthode consiste à appliquer une impulsion magnétique sur le cerveau à travers le crâne de façon non-invasive et indolore, afin d’étudier les changements du regard induits par l’inhibition du STS par la TMS à l’aide de l’oculométrie (« eye-tracking »). Ils ont montré à 15 sujets témoins des films mettant en scène des acteurs et ont enregistré la façon dont ils regardaient ces films avant et après l’inhibition du STS. Les chercheurs ont ainsi constaté un éloignement significatif du regard des sujets témoins vis-à-vis des yeux des acteurs par rapport à la mesure de base (cf. images ci-dessus). Une inhibition du sillon temporal supérieur perturbe donc de manière sélective et transitoire le mouvement du regard du sujet vers les yeux d’un autre sujet.

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les patients autistes. De nombreuses études en imagerie cérébrale ont en effet signalé la présence d’anomalies anatomiques et fonctionnelles au niveau du STS chez ce type de patients ne manifestant pas une préférence marquée pour les yeux d’autrui.

Pour le Pr Monica Zilbovicius, « sachant que la TMS peut être appliquée de façon à inhiber ou à exciter une certaine zone du cerveau, l’excitation du STS par TMS pourrait induire une augmentation du regard vers les yeux. C’est une piste que nous explorerons au cours de la prochaine étape de notre recherche ».

[1] Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC)

[2] Unité Inserm 1000, Service de radiologie pédiatrique, Hôpital Necker – Enfants malades, AP-HP

Cycle de conférences citoyennes «Santé en questions»: les prochaines rencontres

Afin de favoriser le dialogue entre science et société, l’Inserm et Universcience proposent depuis 2012, « Santé en questions », un cycle annuel de conférences citoyennes. L’objectif est d’informer sur les avancées de la recherche en sciences de la vie et de la santé, mais aussi de permettre au public de témoigner et d’échanger avec les intervenants. Ces conférences animées par une journaliste, se tiennent en duplex depuis la Cité des sciences et de l’industrie à Paris et un site partenaire en région. Les conférences filmées sont accessibles sur Internet, et font l’objet d’un livret envoyé aux politiques et diffusé avec le dernier numéro annuel du magazine La Recherche.

 

Sur Twitter : suivez le LT via le #ConfSanT et posez vos questions à @InsermLive @indesciences @ConfCitePalais

Sur Facebook, retrouvez tous les détails sur les comptes Conf Palais de la découverte et Cité des sciences

Programme

« Allergies : le printemps est de retour ! »
Jeudi 14 avril 2016 de 19h00 à 20h30
Un duplex entre la Cité des sciences et de l’industrie à Paris
Et la Médiathèque du Bachut à Lyon

Les allergies respiratoires concernent plus de 20% de la population française en 2015 et arrivent à la quatrième position des maladies mondiales. Depuis dix ans, l’exposition aux allergènes s’intensifie, notamment sous l’effet du changement climatique. Comment agissent les substances allergènes ? Comment s’en prémunir ? Quelles pratiques mettre en place à la maison ?

 

Intervenants

Sur le site de Paris :
Jocelyne JUST, chef de service d’allergologie pédiatrique à l’Hôpital Trousseau, AP-HP, dont les travaux de recherche portent notamment sur les événements de la vie précoce et le développement des maladies allergiques et respiratoires. Son équipe s’intéresse également à l’impact de la pollution atmosphérique sur les maladies allergiques et respiratoires.

Jean-François NICOLAS, dermatologue, responsable de l’équipe Inserm « Immunologie de l’allergie cutanée et vaccination » au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon. Ses recherches ont démontré que les maladies inflammatoires cutanées sont la conséquence de la défaillance de la tolérance immunitaire envers les allergènes.

Sophie RIGARD, chargée de mission au cabinet de Bernard Jomier, Adjoint à la Maire de Paris chargé de la santé, du handicap et aux relations avec l’AP-HP.

Sur le site de Lyon :
Guillaume FABUREL, professeur d’études urbaines à l’Université Lyon 2 / UMR Triangle, LabEx « Intelligences des mondes urbains », dont les travaux portent sur la ville durable, les dispositifs participatifs, les injustices environnementales et sur les nouvelles solidarités urbaines.

 

Les trois prochaines conférences
« Sport : quelles limites pour le corps ? » – Jeudi 22 septembre 2016 de 19h00 à 20h30
Un duplex entre la Cité des sciences et de l’industrie à Paris et le Musée des Confluences de Lyon
Le sport, c’est bon pour la santé. Mais les sportifs de haut-niveau jouent souvent avec les limites de leur corps. Comment la recherche peut les aider ? Définition des règles de progression, études de la motricité et de l’équilibre, compréhension des processus cérébraux de la performance sportive, rien n’est négligé, pour eux et pour nous tous.

« Vaccins : pourquoi font-ils peur ? » – Jeudi 13 octobre 2016 de 19h00 à 20h30
Un duplex entre la Cité des sciences et de l’industrie à Paris et le Pavillon des Sciences de Montbéliard
De plus en plus de Français sont réfractaires aux vaccins, sans doute par manque d’informations et méconnaissance des effets secondaires. Qu’en est-il réellement ? Quel est le mode d’action de ces médicaments pas comme les autres ? Quel est l’enjeu collectif de la vaccination ? Quel avenir pour le vaccin ?

« Prédire les maladies du cerveau : quelles précautions ?» – Jeudi 3 novembre de 19h à 20h30
Un duplex entre la Cité des sciences et de l’industrie à Paris et la Bibliothèque de l’Alcazar à Marseille
Le but de la médecine prédictive est de traiter les maladies avant qu’elles n’apparaissent. AVC, anorexie, maladies neurodégénératives font ainsi l’objet de recherches pour un diagnostic génétique. Mais comment vivre avec la connaissance de ce risque potentiel de maladie ? Quel risque de discrimination courons-nous en fonction de notre patrimoine génétique ?

L’accès à la conférence est libre et gratuit, nous vous conseillons cependant de vous inscrire à l’adresse : rf.ecneicsrevinu@secnerefnoc

Les conférences du cycle « Santé en questions » sont organisées en partenariat avec:

Bibliothèque de l’Alcazar, Bibliothèques Municipales de Marseille, Casden, Cerveau & Psycho, Indésciences, La Recherche, Mairie de Paris, Médiathèque du Bachut, Musée des Confluences, Pavillon des Sciences de Montbéliard, Pour la science, Pourquoi docteur, Sciences et Avenir, Ville de Lyon

Découverte d’un gène associé à la radiosensibilité et à des complications post-radiothérapie

Des chercheurs de l’institut de Radiobiologie Cellulaire et Moléculaire du CEA, en collaboration avec l’Inserm, l’Université Paris-Sud, et des partenaires internationaux, ont montré le lien entre l’expression du gène TRAIL – impliqué dans la mort cellulaire – et la radiosensibilité de certains lymphocytes T humains. Cette recherche a aussi montré une association entre trois formes génétiques de TRAIL et la radiosensibilité de ces lymphocytes T. Enfin, deux de ces formes génétiques de TRAIL ont été liées à de graves complications cutanées chez des femmes atteintes de cancer du sein et traitées par radiothérapie. Ces résultats, publiés sur le site Oncotarget 16 mars 2016, indiquent comment la détermination de la radiosensibilité de lymphocytes et l’étude des polymorphismes de gènes associées à cette radiosensibilité pourra permettre une personnalisation de la radiothérapie.

 

Les lymphocytes T4EM[1]ont des lymphocytes constituant une partie de la « mémoire » du système immunitaire d’un individu. En utilisant un test simple[2]de radiosensibilité de ces cellules chez 373 personnes, des chercheurs de l’institut de Radiobiologie Cellulaire et Moléculaire ont montré qu’en absence d’irradiation, le gène TRAIL[3], qui régule la mort cellulaire, était fortement exprimé dans les lymphocytes T4EM radiosensibles, et peu exprimé dans les lymphocytes T4EM radiorésistants.
Par des études fonctionnelles, ces chercheurs ont montré que le récepteur de la protéine TRAIL était activé après irradiation, et que l’interaction entre TRAIL et son récepteur provoquait la mort des lymphocytes T4EM. Ces résultats expliquent la corrélation entre le niveau d’expression de TRAIL dans les lymphocytes T4EM et leur radiosensibilité.

PhotoCP web © P.Stroppa / CEA

Photo d’une manipulation en cytométrie en flux. Cette technique a permis, de classer les lymphocytes T4EM.

© P.Stroppa / CEA

schéma (c) CEA

L’étude du lien génétique entre TRAIL et la radiosensibilité des lymphocytes T4EM a permis d’identifier trois polymorphismes nucléotidiques (Single Nucleotide Polymorhisms, ou SNP) de ce gène liés à la radiosensibilité de ces lymphocytes ce qui indique que cette radiosensibilité est génétiquement déterminée. Enfin, l’étude d’une cohorte de 113 patientes atteintes de cancer du sein et présentant des complications après un traitement par radiothérapie, a montré une association entre deux des SNP du gène TRAIL et la survenue de la radiodermite aigüe ou subaigüe après radiothérapie.
Cette étude pionnière montre comment la génétique, associée à des tests fonctionnels de radiosensibilité cellulaire, peut ouvrir une voie à la personnalisation de la dose délivrée lors du traitement d’un cancer par radiothérapie.

[1] Lymphocyte T4 effector-memory

[2]  Ce test consiste en la quantification, par une analyse par cytométrie en flux, de la mort des lymphocytes T4EM en fonction de la dose d’irradiation à laquelle ils ont été soumis.

[3] TNF-Related Apoptosis Inducing Ligand

Classement Reuters : Le CEA, le CNRS et l’Inserm dans le Top 10 mondial des organismes de recherche en termes d’innovation.

Le classement établi par Thomson- Reuters, porte sur « les 25 institutions publiques qui contribuent le plus à faire progresser la science et la technologie dans le monde » écrit Reuters.

Le CEA est leader de ce palmarès, le CNRS 5e et l’Inserm 10e organisme mondial.

 

Ce palmarès se fonde sur une l’intégration de données relevant de la propriété intellectuelle, du nombre de brevets et de publications indexés dans la base de données des plates-formes de Thomson Reuters au cours des 8 dernières années.

Les 25 premières organisations publiques listées sont classées en fonction de 10 critères dont le nombre total de publications recensées, le pourcentage de publications incluant un co-auteur au moins affilié à une entité privée, le volume de brevets enregistrés auprès du WIPO, le taux de « succès » des brevets (leur taux d’application), le pourcentage de dépôt de brevets couvrant à la fois les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, ou le taux de citation de brevet (Patent citation Index).

A noter : la Fraunhofer (Allemagne) se classe 2e, l’agence des sciences et technologies du Japon 3e, et le Health & Human Services (HHS), la filiale des NIH et CDC américains en charge des aspects de propriété industrielle, se classe 4e de ce classement

Un classement similaire des universités a été publié l’année dernière par Reuters.

Selon Daniel Verwaerde, administrateur général du CEA, « ce résultat récompense les efforts du CEA pour valoriser le résultat de ses recherches et la reconnaissance internationale dont il bénéficie aujourd’hui. L’impact de nos brevets auprès du monde industriel et commercial est clairement démontré, ainsi que le professionnalisme des équipes en charge de la gestion de cette propriété intellectuelle. »

«  Ce classement inédit, international et professionnel, montre à quel point l’innovation et le transfert sont au cœur de la recherche française avec des performances qui démentent les idées toutes faites qui circulent en France », se félicite Alain Fuchs, président du CNRS.

Pour Yves Lévy, P-DG de l’Inserm, « Ce classement illustre parfaitement la dynamique en marche en matière d’innovation au niveau des organismes nationaux et la place de l’Inserm, qui, avec sa filiale Inserm-Transfert, fait la preuve à nouveau de sa position de leader mondial dans le secteur de l’innovation en santé ».

En savoir plus : cliquez ici

Vers une meilleure compréhension des effets secondaires de la radiothérapie

Deux études, l’une théorique, l’autre biologique et clinique, menées par Nicolas Foray, radiobiologiste au sein de l’Unité mixte de recherche 1052  « Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon » (Inserm/CNRS/Centre Léon-Bérard/Université Lyon I), viennent d’être publiées dans les revues International Journal of Radiation Biology et International Journal of Radiation Oncology. Ces deux études permettent de mieux comprendre les effets secondaires indésirables de la radiothérapie. Elles proposent une nouvelle théorie de la réponse cellulaire aux radiations ionisantes. Cette théorie est basée sur la mise en évidence du passage d’une protéine appelée ATM du cytoplasme au noyau des cellules irradiées. Une fois dans le noyau, la protéine ATM déclenche la réparation des cassures de l’ADN : plus le retard de ce transit est grand, plus la radiosensibilité des cellules est élevée et plus les effets secondaires indésirables de la radiothérapie sont marqués.

PhotoCP web radiothérapie (c) Inserm, Institut Curie - Guénet, François

(c) Inserm/Institut Curie/ Guénet, François

Ces deux études ont été possibles grâce à la collection COPERNIC (initiée depuis 2003) de plus d’une centaine de lignées cellulaires issues de patients radiosensibles.

  • L’étude théorique résout une énigme de la radiobiologie vieille de 50 ans en donnant une interprétation biologique à une formule empirique. Cette formule relie la survie des cellules à la dose de radiation.
  • L’étude biologique et clinique valide l’étude théorique. Elle rassemble 67 co-auteurs, dont 50 radiothérapeutes français, représentant une trentaine de centres anti-cancer ou de centres hospitaliers. Elle permet de développer aujourd’hui des tests prédictifs de radiosensibilité des réactions secondaires  indésirables de la radiothérapie.

 

Quelle est l’innovation apportée par ces deux études ?

La protéine ATM a été découverte en 1995. Cette protéine est connue car ses mutations causent le syndrome associé à la plus forte radiosensibilité humaine, l’ataxie télangiectasie. Jusqu’à présent, la protéine ATM a toujours été considérée comme une protéine du noyau cellulaire et aucune étude n’avait sondé sa présence dans le cytoplasme. Le groupe de radiobiologie de l’Unité Inserm 1052 a analysé plus d’une centaine de lignées cellulaires issues de patients souffrant de réactions tissulaires indésirables après radiothérapie (dermites, rectites, etc …).  Ces analyses ont montré que la protéine ATM est plutôt située dans le cytoplasme des cellules et transite dans le noyau après irradiation.

 

Comment s’est déroulée l’étude théorique? Quelle est sa portée ?

Larry Bodgi et Nicolas Foray ont modélisé mathématiquement toutes les étapes qui mènent la protéine ATM du cytoplasme au noyau. Dans un premier temps, l’oxydation produite par l’irradiation entraîne un changement de forme de la protéine ATM. Ce changement facilite son passage dans le noyau. Une ATM active alors la reconnaissance des cassures double-brin de l’ADN (CDB), ce qui déclenche leur réparation. Résultat de cette modélisation, la formule mathématique finale reliant la survie cellulaire à la dose de radiation s’est avérée identique à celle du modèle empirique (dit linéaire-quadratique), proposé dans les années 70. Grâce à cette étude théorique, on peut désormais mieux comprendre pourquoi une cellule est radiosensible et quelles peuvent être les conséquences d’un défaut de reconnaissance ou de réparation des CDB après irradiation au niveau cellulaire. Il restait à le valider au niveau du patient à travers une étude biologique et clinique pour prédire les effets secondaires indésirables de la radiothérapie.

Comment s’est déroulée l’étude biologique et clinique? Quelle est sa portée ?

Sur les 380 000 cas de cancers par an, la moitié des patients est traitée par radiothérapie. De 5 à 20% de ces patients peuvent subir des réactions tissulaires indésirables qui vont de la simple rougeur aux brûlures radioinduites voire, dans des cas exceptionnels à la mort.  A partir de la collection COPERNIC, les cellules de chaque patient ont été amplifiées en laboratoire puis irradiées dans des conditions exactes d’une session de radiothérapie (une dose de 2 Gy[1]). Les chercheurs du groupe de radiobiologie de l’unité Inserm 1052 ont analysé la vitesse de réparation des CDB en utilisant 3 biomarqueurs d’immunofluorescence, (une technique permettant la visualisation de certaines protéines sur le site-même des cassures de l’ADN) appliqués dans de nombreuses conditions d’irradiation. En parallèle, les 50 radiothérapeutes co-auteurs de l’étude, ont fourni les données cliniques spécifiques de chaque patient avec notamment le grade[2] de sévérité des réactions tissulaires (grade 0, pas de réaction ; grade 5, décès du patient), reflétant sa radiosensibilité tissulaire. Une corrélation significative a été obtenue entre la vitesse du transit de la protéine ATM et le grade de sévérité des réactions tissulaires radioinduites. Une telle corrélation reste valable quel que soit le type de cancer traité ou le caractère précoce ou tardif de la réaction tissulaire indésirable après radiothérapie. A partir de cette corrélation, une classification de la radiosensibilité humaine en 3 groupes :

  • Groupe I : Transit rapide d’ATM : radiorésistance
  • Groupe II : Transit d’ATM retardé : radiosensibilité modérée.
  • Groupe III : Défaut massif de la reconnaissance ou de réparation des CDB : hyper radiosensibilité

Cette classification permet aujourd’hui d’anticiper les stratégies de soins des traitements radio-thérapeutiques car cette approche est aussi valable pour les tumeurs. Compte tenu de l’impact et des applications de ces travaux, des brevets ont été déposés en collaboration avec la start-up Neolys Diagnostics créée en 2014 avec le soutien d’Inserm transfert et de la SATT de Lyon. Neolys Diagnostics a pour but d’industrialiser les tests de radiosensibilité issus de ces 2 études afin de donner aux radiothérapeutes un nouvel outil pour mieux personnaliser le traitement radiothérapique anti-cancéreux.

 

Soutiens financiers

Ces deux études s’inscrivent dans le cadre des Investissements d’Avenir (projet INDIRA, Radioprotection et Sûreté Nucléaire) dirigé par le Commissariat Général à l’Investissement. Les autres soutiens financiers sont : l’Association pour la recherche sur l’Ataxie Telangiectasie (APRAT), les appels d’offres AVIESAN-Plan Cancer (programmes Physicancer et Santé et Environnement), le Comité de radioprotection d’EDF, le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), le cancéropôle Rhône-Alpes Auvergne CLARA (programmes Oncostarter et Preuve du Concept) Toutes les expériences ont été effectués dans le Centre anti-cancer Léon-Bérard de Lyon.

[1] L’unité  de dose de radiation est le Gray (Gy).

[2] Des échelles internationales consensuelles permettent aujourd’hui de classer des réactions tissulaires quelle que soit la localisation et les organes concernés (Ex : échelles  CTCAE et RTOG)

1er cas de myélite aiguë chez une patiente infectée par le virus Zika

Un premier cas de myélite aiguë suite à l’infection par le virus Zika a été rapporté pour la première fois par une équipe de chercheurs de l’Unité Inserm 1127 « Institut du cerveau et de la moelle épinière » (Inserm/CNRS/Sorbonne Université) et de neurologues du CHU de Pointe-à-Pitre et de l’université des Antilles. Une jeune patiente a présenté en phase aiguë d’une infection par le virus Zika, un déficit moteur des 4 membres, associé à des douleurs très intenses et à une rétention aiguë d’urine. La présence de virus a été confirmée dans le liquide céphalorachidien, le sang et les urines.
Ce cas fait l’objet d’un Case report publié dans The Lancet le 3 mars 2016.

PhotoCP Zika

(c) Fotolia

En janvier 2016, une jeune fille de 15 ans a été admise au CHU de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, avec une hémiplégie gauche. Le second jour de son hospitalisation, la jeune fille a présenté de la rétention urinaire. L’hémiplégie du côté gauche et la douleur ont empiré et les médecins ont noté la perte de sensations dans les jambes.

Les chercheurs ont détecté des hautes concentrations de virus Zika dans le sérum, l’urine et le liquide céphalorachidien le deuxième jour de son admission (9 jours après le début de symptôme). Les tests pour le zona, la varicelle, le virus herpès, la légionellose et la pneumonie à mycoplasme étaient négatifs.

La patiente a été traitée par de la methylprednisolone (1g) qui est un médicament anti-inflammatoire dès le premier jour puis quotidiennement pendant 5 jours. Le septième jour d’admission, sa condition neurologique s’est améliorée. A ce jour, la patiente est toujours hospitalisée mais ses jours ne sont pas en danger. Elle présente des signes de faiblesse modérée dans les deux jambes mais remarche sans aide.

Pour les chercheurs, « ce cas renforce l’hypothèse du caractère neurotropique du virus Zika. Il met en évidence l’existence de complications neurologiques en phase aiguë de l’infection, les syndromes de Guillain Barré étant des complications post-infectieuses. Il s’agit par ailleurs d’un unique cas. Des études futures seront nécessaires. »

Déficiences intellectuelles, une expertise collective de l’Inserm

La déficience intellectuelle (DI) fait référence, selon l’Organisation mondiale de la santé et d’autres autorités reconnues, à un déficit de l’intelligence (capacité sensiblement réduite de comprendre une information nouvelle ou complexe et d’apprendre et d’appliquer de nouvelles compétences) ainsi qu’à des limitations du fonctionnement adaptatif[1], ces limitations apparaissant au cours de la période développementale. La déficience intellectuelle est fréquente puisqu’environ 1 à 2 % de la population seraient concernés. L’explosion récente des connaissances, tant sur les causes des DI que sur les processus cognitifs et adaptatifs sous-jacents, permet de mieux appréhender le fonctionnement des personnes avec une déficience intellectuelle et d’envisager des stratégies adaptées d’apprentissages, d’accompagnements et de soutiens.

PhotoCP web déficiences intellectuelles

(c) Fotolia

Dans ce contexte, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a confié à l’Inserm la réalisation d’une expertise collective afin de disposer des connaissances scientifiques récentes issues des recherches internationales et pluridisciplinaires sur la déficience intellectuelle. La démarche d’expertise collective a permis de dresser un bilan des données scientifiques dans les domaines suivants : définition et épidémiologie ; évaluation des compétences et des déficiences de la personne ; accompagnement et soutien durant les principales étapes de la vie.

Un groupe multidisciplinaire de 12 experts, chercheurs et cliniciens, a été constitué en tenant compte de la complémentarité des disciplines scientifiques représentées. L’Inserm a constitué un fonds documentaire de 2 500 références qui ont été soumises à l’analyse critique du groupe d’experts.

Parmi les différents constats de l’expertise, l’évaluation des compétences et des limitations de la personne avec une DI ainsi que des besoins de soutien reste souvent incomplète. Aussi, parmi les recommandations issues de ce travail, les auteurs préconisent de mener une réflexion approfondie quant à l’opportunité de développer des centres de ressources en déficience intellectuelle. Ces structures rassembleraient les compétences nécessaires, sous la forme d’équipes pluridisciplinaires (médecins généralistes, pédiatres, gériatres, spécialistes de la douleur, neurologues, psychiatres, psychologues, infirmiers, éducateurs spécialisés, orthophonistes, assistants sociaux…) pour assurer une évaluation multidimensionnelle des capacités et des limitations d’activité de la personne, d’évaluer ses besoins de soutien afin d’organiser l’accompagnement requis et d’apporter une aide concrète et coordonnée qui pourrait s’inscrire tout au long du parcours de vie de la personne avec une déficience intellectuelle et de sa famille.

Retrouvez l’intégralité du dossier de presse en téléchargement ci-contre.

Déficiences intellectuelles : Principales recommandations

Recommandations d’actions :

  • Inscrire toute action dans le cadre des définitions internationales de la déficience intellectuelle, que ce soit dans les politiques publiques, les pratiques professionnelles et la recherche.
  • Mieux repérer précocement un trouble neurodéveloppemental en favorisant le repérage précoce chez les enfants « tout-venant »et en renforçant le dépistage systématique d’un trouble neurodéveloppemental lors des examens obligatoires.
  • Développer une évaluation multidimensionnelle et individualisée pour un meilleur diagnostic et un accompagnement adapté en améliorant l’évaluation des capacités intellectuelles, en complétant celle-ci par une évaluation des comportements adaptatifs, en évaluant les compétences socio-émotionnelles et les capacités cognitives et langagières. Enfin, en permettant l’accès au diagnostic étiologique génétique.
  • Développer les compétences de la personne présentant une DI tout au long de sa vie en favorisant le développement de la communication et du langage, l’acquisition de la numératie et de la littéracie, et le développement de l’autodétermination.
  • Accompagner le parcours de vie de la personne de la petite enfance à l’âge adulte en faisant la promotion du droit à l’intervention et à l’éducation précoces ainsi qu’à l’accès aux services communs de la petite enfance accessibles à tous. À l’âge adulte, en accompagnant l’accès à l’emploi et à la vie sociale et en favorisant les transitions dans les parcours de vie.
  • Améliorer l’accès aux soins et le diagnostic des pathologies somatiques grâce au dépistage et au suivi régulier des pathologies souvent associées à la DI, en développant le suivi médical de proximité et en améliorant les conditions d’accueil et de soins dans les hôpitaux et cliniques.
  • Créer des « Centres ressources déficience intellectuelle ».Ces structures rassembleraient des équipes pluridisciplinaires pour apporter une aide concrète et coordonnée qui pourrait s’inscrire tout au long du parcours de vie de la personne avec une déficience intellectuelle et de sa famille.
  • Apporter aux familles un soutien gradué, adapté et évolutif en valorisant leurs propres compétences en accompagnant l’annonce du diagnostic, en apportant un soutien adapté et en envisageant la distanciation psychologique entre la personne avec DI devenue adulte et sa famille.
  • Développer et encourager la formation sur la déficience intellectuelle pour tous les professionnels dans une perspective inclusive.

 

Recommandations de recherche :

  • Valider et développer des outils de diagnostic et d’évaluation de la personne
  • Mieux connaître les déficiences intellectuelles et les trajectoires des personnes
  • Mieux comprendre le développement des compétences de la personne avec DI
  • Mieux appréhender les différents aspects d’un accompagnement adapté
fermer