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Suivi à 2 ans : les enfants nés prématurément survivent mieux et sont en meilleure santé qu’il y a 20 ans

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C’est une bonne nouvelle. En 20 ans, on constate une nette amélioration de la survie des enfants nés prématurément et une diminution de moitié des séquelles cérébrales à l’âge de 2 ans. C’est ce que révèlent les derniers résultats de l’enquête EPIPAGE-2 réalisée par les chercheurs de l’équipe Inserm EPOPé – « Equipe de Recherche en Épidémiologie Obstétricale, Périnatale et Pédiatrique » du Centre de Recherche Epidémiologie et Statistique Sorbonne Paris Cité (CRESS, Unité 1153) à l’Hôtel-Dieu AP-HP et du CHU de Lille. Ces résultats obtenus grâce au suivi de 5000 enfants prématurés sont  publiés dans la revue The British Medical Journal.

 

EPIPAGE-2 est une enquête française incluant au départ plus de 5500 enfants, nés prématurément entre 22 (5 mois) et 34 semaines (7 mois et demi) de grossesse, d’avril à décembre 2011. L’objectif général des chercheurs était de mieux comprendre les facteurs associés à la prématurité des enfants, plus précisément à leur devenir neuro-moteur, sensoriel et à leur développement global à 2 ans. Les résultats d’ EPIPAGE-2 ont été comparés à ceux recueillis en 1997 dans une enquête similaire menée dans 9 régions françaises.

Les données ont été recueillies auprès des médecins qui suivaient ces enfants et des familles.

  • A 2 ans, 52% des enfants nés entre 22 et 26 semaines de grossesse, 93% de ceux nés entre 27 et 31 semaines et 99% de ceux nés entre 32 et 34 semaines ont survécu.
  • Les taux de paralysie cérébrale (handicap moteur souvent associé à la prématurité) étaient de 7%, 4% et 1% dans ces mêmes tranches de termes de naissance.
  • Moins de 1% des enfants de la cohorte avait un déficit sensoriel sévère (cécité ou surdité).
  • Le développement, apprécié par les questionnaires parentaux, était celui attendu pour leur âge chez 50% des enfants nés à 24-26 semaines, 59% des enfants nés à 27-31 semaines et 64% de ceux nés à 32-34 semaines.
  • Entre 1997 et 2011, le taux de paralysie cérébrale a été réduit de moitié chez les enfants grands prématurés. Ainsi, la survie sans séquelles motrices ou sensorielles sévères a augmenté dans toutes les tranches de termes de naissance, en particulier pour les plus immatures. Avant 7 mois de grossesse, elle était de 74.5% en 1997 et elle est de 80.5% en 2011.

«De telles enquêtes sont nécessaires pour mieux appréhender l’impact des changements de pratiques médicales sur le devenir des enfants et pour faire évoluer l’organisation des soins à partir de données recueillies à l’échelle de la population. » explique Pierre Yves Ancel, responsable de l’équipe Inserm EPOPé et du Centre d’investigation clinique mère-enfant de l’hôpital Cochin AP-HP.»

« Les questionnaires parentaux, par exemple, ont permis une évaluation du développement des enfants par leur propre famille, et le repérage précoce de ceux ayant besoin d’investigations complémentaires. Pour nous, l’enjeu consiste donc à identifier les enfants le plus à risque de retard de développement ultérieur. Ces questionnaires représentent une piste prometteuse pour offrir un suivi structuré des enfants tout en focalisant les ressources sur ceux qui en ont réellement besoin. » ajoute Véronique Pierrat, à la tête de cette étude.

En revanche, la survie générale et surtout sans déficience ne s’est que peu améliorée chez les enfants nés avant 5 mois de grossesse (25 semaines d’aménorrhée). Après prise en compte des modifications affectant les caractéristiques de référence des enfants dans le temps, il est apparu que les taux de survie et de survie sans handicaps neuromoteurs et sensoriels sévères ou modérés à 2 ans avaient augmenté entre 1997 et 2011 pour les enfants nés entre 22 et 31 semaines d’aménorrhée révolues. Toutefois, aucun changement n’a été observé pour les enfants nés à 24 semaines d’aménorrhée révolues ou avant. Elles sont sensiblement moins bonnes que dans d’autres pays ayant une prise en charge en salle de naissance plus active qu’en France.

Depuis la publication des premiers résultats d’EPIPAGE-2, un groupe de travail s’est constitué en France pour réfléchir à la prise en charge de ces enfants nés extrêmement prématurés. Comme 7 autres pays en Europe, la France recommande de ne pas intervenir médicalement pour les enfants nés avant 24 semaines tout en leur offrant des soins médicaux dits de « confort ».

Ces travaux s’inscrivent dans le cadre du Département hospitalo-universitaire (DHU)  »Risques et grossesse ».

 

La prématurité

Nés entre 22 et 26 semaines d’aménorrhée révolues, les enfants sont considérés comme très grands prématurés.

Nés entre 27 et 31 semaines, les enfants sont considérés comme grands prématurés

Nés entre 31 et 34 semaines d’aménorrhée révolues) les enfants sont considérés comme modérément prématurés

Des virus de l’intestin prédictifs du risque de maladie du greffon contre l’hôte

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Les équipes des services de virologie, d’hématologie-greffe de moelle osseuse et de biostatistiques de l’hôpital Saint-Louis, AP-HP, de l’Université Paris Diderot, de l’Inserm, en collaboration avec des scientifiques de l’Université de Californie à San Francisco (USA) ont découvert qu’un groupe de virus présents dans l’intestin peut déclencher l’apparition de la maladie du greffon contre l’hôte. L’analyse du « virome » intestinal, la population de virus retrouvés au niveau du tube digestif, chez 44 patients recevant une greffe de moelle osseuse a révélé son rôle dans la survenue de cette maladie.

Ces résultats sont parus dans une lettre publiée dans Nature Medicine.

La maladie du greffon contre l’hôte (GvH) touche jusqu’à 60% des patients après une greffe de cellules souches (greffe de moelle osseuse) avec un fort risque de mortalité. Bien que des études antérieures aient identifié des biomarqueurs associés à la sévérité de la maladie, aucun d’entre eux n’est encore utilisé en pratique pour prédire la survenue de la maladie du greffon.

Les chercheurs ont mené une étude longitudinale en analysant le virome intestinal de  44 patients avant la greffe de moelle osseuse puis jusqu’à six semaines suivant la greffe. En utilisant des techniques de métagénomique à haut débit, ils ont séquencé les ADN et ARN présents dans les échantillons de selles afin d’analyser et de comparer la dynamique au cours du temps des populations bactériennes et virales.

Les résultats montrent que la GvH est associée à des modifications significatives des populations de bactéries, de bactériophages (c’est-à-dire les virus qui infectent les bactéries) et de virus présents dans les selles.

Chez les patients présentant une GvH digestive, les virus à ADN persistants (Anelloviridae, Herpesviridae, et Polyomaviridae) sont absents du tube digestif les 2-3 premières semaines post-greffe et augmentent ensuite de manière significative. Ces virus sont en revanche présents de manière stable dès la greffe chez les patients sans GvH.

Les chercheurs ont révélé en particulier la présence d’un groupe de virus ARN, les picobirnavirus (PBV), chez plus d’un tiers des patients après transplantation de cellules souches. Contrairement aux autres virus, la présence des PBV est prédictive du développement de la GvH  et fortement corrélée aux biomarqueurs de gravité de la maladie du greffon contre l’hôte digestive.

Les outils de métagénomique ont permis l’identification des PBV jusqu’alors peu étudiés, leur extrême variabilité rendant difficile la mise au point d’un test permettant de les détecter. Ces virus ont été décrits dans des cas de gastroentérites intestinales, notamment chez des patients atteints de SIDA sans que leur rôle pathogène ne soit établi. L’utilité potentielle des PBV comme marqueur prédictif de la GvH relance l’intérêt de développer des outils adaptés à la pratique clinique.

Ces résultats améliorent l’état des connaissances sur cette maladie complexe, notamment sur le rôle des infections virales dans les maladies inflammatoires digestives, et laissent entrevoir de nouvelles perspectives thérapeutiques.

Dans les testicules, des macrophages gardiens de la fertilité

Coupe de testicule de nouveau-né de souris où l’on visualise les nombreux tubes séminifères en rouge avec autour les macrophages marqués en vert. La coupe est d’une épaisseur de 20µm. Image de microscopie confocale.

©Noushine Mossadegh-Keller et Sébastien Mailfert/CIML

Deux types de macrophages testiculaires viennent d’être caractérisés par des chercheurs du CNRS au Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CNRS/Inserm/Aix-Marseille Université). Une méthode de traçage cellulaire inédite leur a permis d’établir l’origine, le développement et les caractéristiques de ces cellules immunitaires. Cette découverte fondamentale, publiée le 7 août 2017 dans Journal of Experimental Medicine, est prometteuse pour comprendre certains cas d’infertilité chez les hommes et envisager de nouveaux traitements.

 

Dès le début de la vie de l’individu, le système immunitaire apprend à différencier les cellules appartenant à l’organisme – le soi – d’autres cellules potentiellement pathogènes. Cependant, les spermatozoïdes n’apparaissant qu’à la puberté, ils sont susceptibles d’être identifiés comme étrangers à l’organisme par certains acteurs du système immunitaire. Des cellules particulières de l’immunité, les macrophages testiculaires, sont alors mobilisées pour défendre les spermatozoïdes. En émettant des molécules spécifiques, ces gardiens de la fertilité empêchent d’autres acteurs du système immunitaire de pénétrer dans les testicules.

 

S’ils sont capables de s’infiltrer sur les sites infectieux pour phagocyter et détruire les agents pathogènes, les macrophages peuvent aussi moduler l’activité du système immunitaire pour protéger le bon fonctionnement et la régénération des organes. Ces cellules de l’immunité peuvent être d’origine embryonnaire ou se développer dans la moelle osseuse chez l’adulte. Grâce à des travaux réalisés chez la souris, l’équipe de Michael Sieweke au Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CNRS/Inserm/Aix Marseille Université) a pu déterminer le profil des deux types de macrophages testiculaires.

 

Le testicule est divisé en deux compartiments. Le premier type de macrophage testiculaire décrit par les chercheurs se trouve dans le compartiment interstitiel, qui comprend aussi les cellules productrices de testostérone. L’origine de ces macrophages est embryonnaire : ils sont donc présents dès le début de la vie de l’individu. Les macrophages péritubulaires sont eux situés dans le compartiment tubulaire, autour des tubes séminifères qui abritent les précurseurs des spermatozoïdes. Ces deux populations de macrophages présentent des marqueurs cellulaires différents.

 

En utilisant une nouvelle méthode de traçage cellulaire, les chercheurs ont pu suivre les macrophages péritubulaires provenant de la moelle osseuse jusque dans les testicules. Les résultats ont montré que ce type de macrophages n’apparaissait que deux semaines après la naissance des souriceaux, soit l’équivalent de la puberté chez l’homme. De façon surprenante, une fois établies dans les testicules, les deux populations de macrophages y restent toute leur vie. Les chercheurs s’attelleront prochainement à l’étude des liens entre macrophages, spermatozoïdes, et production de testostérone, ce qui pourrait permettre d’envisager de nouveaux traitements à certains cas d’infertilité masculine.

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