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Cirrhose : un indicateur prédictif de mortalité précise le pronostic

© Pierre-Emmanuel Rautou, AP-HP Inserm

Un essai promu par l’AP-HP et mené par des équipes de l’hôpital Beaujon, AP-HP, de l’Inserm et de l’Université Paris Diderot a été mis en place afin d’établir un indicateur reflétant la sévérité de la maladie du foie chez les patients  atteints de cirrhose. Coordonnée par le Pr Pierre-Emmanuel Rautou et le Dr Audrey Payancé du service d’hépatologie de l’hôpital Beaujon, AP-HP, cette étude établit que la mesure du taux de microvésicules en provenance du foie et circulant dans le sang améliore fortement la prédiction de la mortalité à 6 mois des malades atteints de cirrhose. Cet indicateur permettrait de mieux choisir les traitements à proposer chez les malades atteints de cirrhose. Ces résultats, publiés dans la revue Hepatology, ouvrent également une réflexion sur l’intérêt de stratégies visant à baisser les taux de ces microvésicules dans le sang des malades souffrant de cirrhose.

 La cirrhose constitue le stade avancé des maladies du foie. On estime que cette maladie touche 200 000 à 500 000 individus en France et est responsable de 170 000 décès par an en Europe.

En 2012, un travail collaboratif  entre une équipe Inserm  de l’unité 970 (Unité mixte de recherche 970 – Paris – Centre de recherche Cardiovasculaire) et le service d’hépatologie de l’hôpital Beaujon, AP-HP, avait montré que les microvésicules[1] circulant dans le sang des malades atteints de cirrhose contribuaient aux complications vasculaires associées à cette maladie (Rautou, Gastroenterology 2012). Une corrélation entre le taux de microvésicules d’origine hépatocytaire chez les malades atteints de cirrhose et la sévérité de la maladie hépatique avait été établie.

A partir de cette observation, une étude prospective financée par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR) a été conduite auprès de 242 malades atteints de cirrhose : 139 pris en charge à l’hôpital Beaujon, Clichy, AP-HP et 103 à Barcelone, Espagne.

L’essai mis en place visait à déterminer si le taux de microvésicules dans le sang  permettait de prédire l’évolution des malades.  

L’équipe a mesuré et analysé le taux de microvésicules (annexine V, plaquettes, leucocytes, endothéliales et hépatocellulaires) dans le plasma de ces malades.

Les résultats, démontrent que la mesure des taux de microvésicules d’origine hépatocytaire améliore fortement la prédiction de la mortalité à 6 mois des malades atteints de cirrhose. Ces biomarqueurs pourraient constituer un outil fiable pour affiner le pronostic des malades atteints de cirrhose afin de mieux prédire leur évolution et de précisément sélectionner les traitements les plus adaptés à chaque individu.

Les résultats suggèrent aussi que des stratégies visant à baisser les taux de microvésicules dans le sang des malades souffrant de cirrhose sévère pourraient être bénéfiques pour les patients.

Suite à ce travail, l’équipe a obtenu un financement du ministère de la santé (Programmes Hospitaliers de Recherche Clinique, PHRC « PROMICE ») d’un montant de 400 000 euros pour poursuivre ses recherches et permettre d’avancer dans la mise en pratique de ce nouveau test.

[1] Les microvésicules sont des vésicules extracellulaires. Elles sont détectables dans le plasma des individus sains comme dans celui des malades.

Découverte d’une thérapie d’avenir pour les hémoglobinopathies

©Inserm/Féo, Claude

Grâce à la technique d’édition génomique CRISPR-Cas9, des chercheurs de l’Inserm, de l’hôpital Necker-Enfants malades-AP-HP, et de l’Université Paris Descartes au sein de l’Institut Imagine ont réussi à réactiver un gène qui pourrait améliorer l’aspect des globules rouges des malades atteints d’hémoglobinopathies telles que la drépanocytose et la bêta-thalassémie. Les équipes d’Annarita Miccio, chercheuse Inserm, du Pr. Marina Cavazzana AP-HP et Isabelle André-Schmutz, chercheuse Inserm font état de cette nouvelle piste de recherche et de traitement des β-hémoglobinopathies dans la revue Blood.

Des millions de personnes sont touchées par les formes sévères de ces maladies dans le monde. Elles se caractérisent par une altération de l’expression du gène codant pour la globine-β : l’un des composants essentiels de l’hémoglobine. Ces altérations peuvent mener à un défaut d’expression de la globine-β, comme dans le cas des β-thalassémies, ou par une agrégation de l’hémoglobine en fibrilles conduisant à la déformation des globules rouges, dans le cas de la drépanocytose.

Le laboratoire d’Annarita Miccio, chercheuse Inserm, s’est tout particulièrement intéressé aux mécanismes de réactivation de l’hémoglobine fœtale. Cette hémoglobine a la particularité de comporter, en lieu et place de la globine-β, une autre globine, appelée globine-γ, qui n’est exprimée qu’au cours du développement fœtal.

La plupart des patients souffrant de β-hémoglobinopathies disposent d’une forme non altérée du gène codant pour cette protéine. Sa réactivation chez les patients thalassémiques et drépanocytaires permettrait de remplacer la globine-β mutée par la globine-γ. Ce changement conduirait à une amélioration sensible de l’état des globules rouges observée pour ces maladies et donc des symptômes associés (douleurs liées aux crises vaso-occlusives dans la drépanocytose ou correction de l’anémie dans les deux maladies).

Les résultats montrent que certaines séquences génétiques responsables du blocage de l’expression de la globine-γ peuvent être modifiées, notamment une séquence d’ADN qui freine la production de globine γ après la phase de développement fœtal. Sa suppression, à l’aide des « ciseaux génétiques » CRISPR/Cas9, réactive la synthèse de globine-γ à des taux suffisants pour être envisagés à l’avenir en protocole thérapeutique. Cette étude améliore également l’état des connaissances sur le mécanisme de régulation de l’expression des globines γ à β au cours de notre développement.

Elle contribue également au développement de protocoles thérapeutiques curatifs pour ces maladies dont la majorité des traitements actuels demeurent symptomatiques et très lourds pour les patients.

En chiffres :

La bêta-thalassémie et la drépanocytose affecteraient à elles seules près de 100 millions de personnes porteuses saines ou malades dans le monde. 60 000 nouveaux cas de β-thalassémie et 300 000 de drépanocytose sont diagnostiqués chaque année à l’échelle mondiale.

Outre la forte mortalité observée, les formes moins sévères affectent considérablement la qualité de vie de ces patients et leur prise en charge représente un coût très important pour les systèmes de santé.

Dans les pays en développement, où ces maladies ont l’incidence la plus élevée, les β-hémoglobinopathies représentent un enjeu de santé publique majeur.

Bêta-thalassémie :

– 90 millions de personnes concernées dans le monde, environ 288 000 malades

– 60 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année.

Drépanocytose :

– 43 millions de personnes dans le monde porteuses de l’allèle S moyennement affectées.

– 4,4 millions de patients homozygotes dans le monde, donc très malades.

– 300 000 nouveau-nés diagnostiqués drépanocytaires dans le monde chaque année.

– 114 000 morts dans le monde en 2015. 

Nouveau succès de thérapie génique dans la bêta-thalassémie

©AdobeStock

Dans un article du New England Journal of Medicine paru le 19 avril, les résultats intermédiaires d’un essai clinique (HGB-205) conduit par la Pr. Marina Cavazzana et ses équipes à l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP en collaboration avec l’Institut Imagine (AP-HP/Inserm/Université Paris Descartes) ainsi que ceux d’un essai multicentrique international (HGB-204) mené aux Etats-Unis, en Thaïlande et en Australie, montrent que la thérapie génique est efficace pour améliorer l’état de santé ou guérir les patients atteints de bêta-thalassémie. Ces deux essais cliniques ont utilisé le même vecteur thérapeutique « LentiGlobin », développé à l’université d’Harvard à Boston et au CEA de Fontenay-aux-Roses par le Pr. Philippe Leboulch, en collaboration avec la société américaine bluebird bio dont il est fondateur.

La Pr Marina Cavazzana, cheffe du département de biothérapie de l’Hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, co-directrice de laboratoire du laboratoire Inserm de lymphohématopoïèse humaine à l’Institut Imagine, et son équipe ont traité des malades qui produisent désormais une hémoglobine thérapeutique en quantité suffisante pour arrêter le recours aux transfusions sanguines mensuelles.

Huit ans après la première thérapie génique dans cette maladie, réalisée par les Pr Cavazzana et Leboulch (Cavazzana et al. 2010), le vecteur lentiviral « LentiGlobin » de cette thérapie a été généré sous la direction du Pr. Leboulch des universités Paris-Sud et d’Harvard et ses collaborateurs, comme le Dr. Emmanuel Payen, au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) où le Pr Leboulch est Haut-Conseiller pour l’innovation médicale de la Direction de la Recherche Fondamentale du CEA et Directeur Scientifique Honoraire de l’Institut de recherches François Jacob. Ces essais sont promus par la société américaine bluebird bio, qui a été fondée par le Pr Leboulch à Boston. Cumulant 15 à 42 mois de suivi, les patients des deux essais ne présentent aucun effet adverse et ont repris leurs activités professionnelles ou scolaires.

Une jeune femme témoigne :

« J’ai bientôt 24 ans j’ai bénéficié d’une autogreffe il y a 4 ans. Grâce à ça aujourd’hui, je n’ai plus de transfusion mais surtout plus de Desféral, qui était mon traitement en forme de piqûre sous cutanée que je devais faire tous les jours afin de descendre ma ferritine. C’était assez compliqué, surtout mentalement car j’étais jeune et je ne me sentais pas comme les autres… Aujourd’hui je me sens mieux psychologiquement. Je ne prends qu’un traitement par voie orale qui est un antibiotique, car on m’avait enlevé la rate [endommagée par des dépôts de fer liés aux transfusions, ndlr] et un traitement hormonal. Je suis suivie à l’Hôpital L’Archet […] ainsi qu’à l’hôpital Necker par le Dr Cavazzana ainsi que le Dr Semeraro. Je vais à Paris tous les 6 mois à peu près, pour faire un bilan sur ma santé (un contrôle) mais tout va très bien. Je suis ravie, j’ai eu la chance d’avoir bénéficié de cette autogreffe et je la souhaite à toute personne malade. »

La bêta-thalassémie est l’une des maladies génétiques monogéniques les plus fréquentes. Elle est causée par plus de 200 mutations du gène de la bêta-globine (HBB) et touche près de 288 000 personnes dans le monde avec 60 000 nouveaux cas par an. Transmise selon un mode autosomique récessif, elle perturbe la production de la chaine bêta de l’hémoglobine, entraînant une anémie plus ou moins sévère. Dans sa forme majeure, la bêta-thalassémie nécessite des transfusions mensuelles, et un traitement contre l’effet délétère des dépôts de fer causés par ces transfusions. Celles-ci n’ont qu’un effet palliatif.

Le traitement curatif proposé à ces patients est en général une greffe allogénique de cellules de moelle osseuse, quand ils ne présentent pas un état clinique trop fragile et qu’ils ont un donneur compatible dans leur fratrie, ce qui n’est possible que dans environ 25% des cas. De plus, les taux de succès sont inégaux et les patients demeurent vulnérables aux infections dans les mois qui suivent la greffe et à la « maladie du greffon contre l’hôte »

Dans les essais HGB-204 et HGB-205 de phase 1-2, commencés en 2013, les chercheurs ont prélevé des cellules souches sanguines des patients. Ils les ont modifiées à l’aide du vecteur LentiGlobin BB305 pour leur apporter un gène sain substitutif, avant de les greffer aux patients préalablement conditionnés par un traitement myéloabatif.

Ces cellules souches thérapeutiques ont ainsi produit des globules rouges à l’hémoglobine saine en quantité satisfaisante. Selon les génotypes des patients, la thérapie génique les a libérés de toute transfusion (12 sur 13 patients avec un génotype non-bêta0/bêta0), ou a réduit leur volume de 73 % et diminué la fréquence des transfusions (3 des 9 patients avec un génotype bêta0/bêta0 ou deux copies de la mutation IVS1-110).

« Après la preuve de principe thérapeutique que nous avions obtenue chez un patient thalassémique et un patient drépanocytaire, ces essais multicentriques internationaux confirment la consistance et la magnitude de l’efficacité thérapeutique de notre vecteur chez de nombreux patients. Des essais cliniques de phase 3 sont maintenant en cours sur plusieurs continents avant d’effectuer la demande de mise sur le marché de ce médicament biologique» a déclaré le Pr. Leboulch.

«  La thérapie génique a de nouveau montré sa puissance thérapeutique, à condition que les expertises provenant  de différentes domaines soient réunies. A ce titre, je remercie l’ensemble des équipes soignantes de l’Hôpital Necker et  de l’AP-HP pour nous avoir fait bénéficier de cette expertise incontournable, clé du succès de ce traitement. Notre effort doit maintenant porter sur l’extension de cette approche à un grand nombre de patients » a souligné la Pr Cavazzana.

La vie de ces patients a déjà radicalement changé. Dans le cadre des essais HGB-204 et HGB-205, ils continueront à être suivis pendant 13 ans.

L’article « Gene Therapy in Patients with Transfusion-Dependent β-Thalassemia » est paru le 19 avril dans le New England Journal of Medicine

Préserver les reins pour éviter la dialyse

Crédits: Fotolia

Comment préserver la fonction des reins chez les personnes avec une maladie rénale chronique ? Peut-on éviter ou retarder la dialyse ? C’est pour répondre à ces questions et à bien d’autres que l’Inserm et l’Université Paris-Sud ont mis en place la cohorte CKD-REIN[1] pilotée par Bénédicte Stengel qui livre aujourd’hui de premiers résultats. D’après l’étude de plus de 3000 patients, plusieurs priorités permettraient d’améliorer la prise en charge de la maladie rénale notamment en contrôlant mieux la pression artérielle, en augmentant les conseils diététiques ou encore en sensibilisant mieux patients et professionnels de santé sur le risque de surdosage des médicaments.

Ces résultats sont publiés dans la revue Nephrology Dialysis Transplantation

Nos reins ont de multiples fonctions : la première est d’éliminer les déchets toxiques produits par l’organisme. La seconde est de maintenir la quantité d’eau et de minéraux (sodium, potassium) nécessaire à l’organisme. La troisième est la production d’hormones, d’enzymes et de vitamines, indispensables au contrôle de la pression artérielle, et à la fabrication des globules rouges et de la vitamine D. Quand les reins fonctionnent mal, la perturbation de ces fonctions peut entrainer une hypertension artérielle, une anémie, des problèmes cardiaques, et une fragilité des os ; et les médicaments s’accumulent dans l’organisme, avec un risque de surdosage.  Ce sont ces complications qui font la gravité de la maladie.

Aujourd’hui en France, 1 personne sur 1000 (85 000 personnes) est dialysée ou greffée car ses reins ne fonctionnent plus. Ces traitements sont lourds et contraignants pour les malades et très coûteux pour  le système de santé.  Pour la première fois en France, une étude de cohorte, CKD-REIN (Chronic Kidney Disease – Réseau Epidémiologie et Information en Néphrologie), est menée à l ‘échelon national pour répondre à ces questions clés sur la maladie rénale chronique. Plus de 3000 patients ont été inclus et seront suivis pendant 5 ans pour identifier les déterminants de la progression de la maladie rénale chronique, et les pratiques cliniques les plus efficaces pour préserver la fonction des reins et éviter ou retarder la dialyse. Son but est d’établir les bases scientifiques pour une prise en charge optimale des patients, renforçant la prévention et réduisant les coûts de la défaillance rénale pour le système de santé.

Quels sont les premiers enseignements de l’étude CKD_REIN ?

Cette étude s’intéresse aux patients avec une maladie rénale qui sont suivis par un néphrologue. En réalité, la majorité de ces patients ne voit le spécialiste qu’une fois par an, et c’est le médecin généraliste qui est en première ligne pour assurer le suivi. Ces patients au stade modéré ou avancé de la maladie ont déjà de nombreuses complications et prennent un grand nombre de médicaments, 8 par jour en moyenne. L’étude pointe plusieurs priorités d’actions qui permettraient d’améliorer leur prise en charge: mieux contrôler la pression artérielle, augmenter les conseils diététiques par des professionnels, sensibiliser les médecins et les patients sur le risque de poussée aiguë d’insuffisance rénale et les moyens de les éviter, et sur le risque de surdosage des médicaments.

Pour en savoir plus : https://ckdrein.inserm.fr/

[1] Pour Chronic Kidney Disease – Réseau Épidémiologie et Information en Néphrologie. Coordonnée par l’université Paris-Sud et l’Inserm, en collaboration avec 12 partenaires académiques, l’étude est financée par le Programme Cohortes-Investissements d’Avenir, le Programme Hospitalier de Recherche Clinique National et un partenariat public-privé impliquant 7 industriels.

Palmarès de l’innovation : l’Inserm se distingue une nouvelle fois par son dynamisme et ses résultats.


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La capacité d’innovation de l’Inserm se confirme à travers les classements respectifs de l’Office européen des brevets (OEB) et de l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) qui viennent de publier leurs palmarès annuels 2017. L’Inserm se classe à la première place des déposants de brevets dans le secteur pharmaceutique pour la deuxième année consécutive prenant à nouveau la tête du classement des déposants européens dans ce secteur, devant les industriels et les académiques. Par ailleurs, l’Institut se classe 30ème, gagnant cinq places dans le classement « brevets tous domaines » de l’INPI confirmant l’excellence et le dynamisme de ses équipes de recherches dans le domaine de l’innovation.

Pour la seconde année consécutive, l’Inserm conserve sa place de leader parmi les déposant européens de brevets dans le secteur pharmaceutique avec 107 brevets déposés, soit 3 brevets de plus que l’année dernière, devançant ainsi les grands industriels du secteur. Concernant le secteur biomédical, l’Inserm conserve sa place de premier déposant académique avec 266 brevets déposés Pour le secteur des biotechnologies, l’Inserm se situe en quatrième position européenne des déposants avec 92 dépôts. Enfin, l’Inserm maintient toujours sa présence dans le top 100 mondial des déposants de brevets, toutes structures et tous domaines confondus. Ce nombre important de brevets déposés démontre le grand dynamisme de la recherche de l’Inserm, et sa contribution forte et régulière à l’innovation. Ces brevets respectent tous les standards internationaux de qualité grâce à une coopération fructueuse entre les équipes de recherche de l’Inserm et les spécialistes de la valorisation d’Inserm Transfert.

S’agissant du palmarès des déposants de brevets en France dévoilé par l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI), l’Inserm gagne cinq places et se classe au 30ème rang des principaux déposants de brevets tous domaines confondus.

« Notre objectif, en tant qu’Institut leader de la recherche biomédicale, est d’accroître le dialogue efficace et productif entre l’académique et l’industrie tant nous savons qu’aujourd’hui la coopération entre les deux mondes est plus cruciale que jamais : l’excellent résultat aux deux classements témoigne de la dynamique de réussite que nous avons construite, qui est pleinement à l’œuvre, et pour laquelle nous continuerons dans les mois à venir de porter l’effort » souligne le  Pr. Yves Lévy, PDG de l’Inserm.

Avec un portefeuille global et diversifié de 1673 de familles de brevets, l’Inserm dispose d’un capital d’innovations protégées très important dont la valorisation est confiée à Inserm Transfert, sa filiale de droit privé sous délégation de service public, qui se charge du transfert des connaissances issues des laboratoires de recherche de l’Inserm vers les patients, les industriels et le marché. Cet excellent résultat au classement de l’OEB témoigne du potentiel d’innovation des chercheurs de l’Inserm ainsi que de la capacité de l’Inserm et de sa filiale InsermTransfert à protéger les avancées de la recherche française d’excellence dans un contexte de compétition internationale accrue.  La qualité, la force et la solidité du portefeuille de brevets à l’international, restent des facteurs clé de succès du transfert pour permettre l’émergence des traitements de demain, la valorisation de la recherche académique de l’Inserm et la consolidation du tissu économique français de l’innovation.

Hépatite C : un nouveau test de diagnostic au chevet du patient

Darragh Duffy et Alba Libre, unité d’Immunobiologie des cellules dendritiques, Institut Pasteur / Inserm, utilisant le test Genedrive de diagnostic du HCV. ©Institut Pasteur

Pour l’éradication du virus de l’hépatite C (HCV), un des enjeux émis par l’OMS est le diagnostic des cas chroniques qui sont la plupart du temps asymptomatiques. Les progrès doivent donc porter sur le diagnostic précoce et « décentralisé », c’est-à-dire accessible aux populations des pays aux ressources limitées. Des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, en collaboration avec la société Genedrive, ont développé un test de dépistage HCV, transportable au chevet du patient, rapide et fiable. Ce nouveau test de détection permet donc une prise en charge immédiate du patient suite au diagnostic, et une mise en place sans tarder d’un traitement contre la maladie. Ces résultats ont été publiés dans la revue Gut, le 04 avril 2018.

L’hépatite C est une inflammation du foie causée par le virus HCV. Le virus peut conduire à un état de portage chronique, pouvant entrainer de nombreuses années plus tard des complications graves : cirrhose et cancer du foie. L’infection chronique au virus de l’hépatite C concerne environ 1% de la population mondiale (71 millions de personnes) et est responsable de 400 000 décès par an dus à l’évolution sévère de la maladie.  

Actuellement, les récents antiviraux d’action directe permettent de traiter les hépatites C chroniques à 95% s’ils sont pris à temps. Par conséquent, l’OMS a publié en 2016 un plan pour éliminer cette menace pour la santé publique d’ici 2030. Le défi majeur pour répondre à cet ambitieux objectif, reste cependant le dépistage des patients asymptomatiques, notamment dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, où l’accès aux tests classiques reste limité.

Le diagnostic actuel se fait, dans un premier temps, par la mesure des anticorps spécifiques au VHC. Mais ce test ne permet pas d’indiquer si le patient a été infecté par le passé (et qu’il y a eu une rémission spontanée) ou, s’il est encore infecté de façon chronique. Dans un deuxième temps, une recherche d’ARN du virus dans le sang doit être réalisée par PCR1 pour confirmer ou non l’infection chronique.

Il existe des tests sérologiques des anticorps au HCV rapides mais les tests par PCR demandent des infrastructures dédiées et du personnel qualifié. Dans les pays à ressources limitées, ce type de test n’est disponible que dans des laboratoires centralisés. Ce qui a pour effet que moins de 1% des personnes infectées dans ces régions savent qu’ils le sont. De plus, ces tests demandent plusieurs visites et du temps entre chaque résultat ce qui augmente le risque de perdre les patients en cours de diagnostic. Pour améliorer la prise en charge du patient, depuis le diagnostic jusqu’au traitement, il était urgent de disposer d’un test de détection de l’ARN du virus, qui puisse être décentralisé dans les milieux ruraux, ou à faibles ressources.

L’équipe de chercheurs menée par Darragh Duffy (unité d’Immunobiologie des cellules dendritiques, Institut Pasteur / Inserm) a développé un test, en collaboration avec la société Genedrive, capable de détecter l’ARN du virus HCV, tout en étant aussi fiable que les tests existants, plus rapide et transportable auprès du patient. Les opérations de PCR peuvent se faire dans le kit miniaturisé grâce à un ventilateur qui permet la succession des 40 cycles nécessaires. L’analyse peut être réalisée en une heure environ. Au final, ce type d’appareil est moins cher que les tests actuels qui demandent des infrastructures conséquentes.

Les chercheurs ont d’abord validé cliniquement le test sur des cohortes de l’Institut Pasteur en France et du National Health Service de Nottingham au Royaume-Uni, puis avec les données du Lancet Laboratories de Johannesburg avec des échantillons provenant d’Afrique du Sud, du Kenya, du Ghana, du Nigeria, et d’Uganda.

L’étude démontre que le test a une spécificité de 100%, c’est-à-dire qu’il ne fournit aucun faux positif, et a une sensibilité de 98,6%, ce qui répond aux exigences de l’OMS pour ce type de test.

Le kit a obtenu une certification CE pour une distribution en Europe, et sera disponible à la vente au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie du Sud-Est, et en Inde une fois que l’autorisation réglementaire locale aura été obtenue.

Cette étude a été financée par les organismes cités plus haut, ainsi que le projet européen POC-HCV (FP7).

Test de diagnostic Genedrive de détection du HCV. ©Institut Pasteur

 

 

1 PCR : Réaction enzymatique qui permet de sélectionner puis d’amplifier un fragment d’ARN en une très grande quantité. La PCR est une suite de cycles, qui se répètent en boucle, comportant chacun trois paliers de température. En moyenne une PCR comporte entre 20 et 40 cycles.

L’Intelligence Artificielle au service de la recherche médicale : l’Inserm et Owkin s’associent

Le Président-directeur général de l’Inserm, Monsieur Yves Lévy, et Monsieur Gilles Wainrib, co-fondateur de la start-up OWKIN, après la signature de l’accord cadre entre l’Inserm et Owkin, lors de la conférence de presse du 4 avril 2018

 

Accélérer la recherche en intelligence artificielle au bénéfice de la santé : tel est l’objectif commun de l’Inserm et de la start-up Owkin, spécialisée dans le machine learning appliqué à la recherche en biologie et en médecine. Les outils développés par Owkin, associés aux données de santé massives produites ou utilisées par l’Inserm, vont permettre de proposer des innovations de rupture sans précédent dans le domaine de la recherche médicale et clinique.

 

A l’heure où Emmanuel Macron entend faire de la France un géant de l’intelligence artificielle, Cédric Villani vient de présenter son rapport mettant en exergue 4 domaines prioritaires parmi lesquels la Santé : l’Inserm et OWKIN s’y inscrivent pleinement. L’accord de recherche que nouent aujourd’hui les deux partenaires va permettre aux chercheurs de l’Inserm de bénéficier du logiciel d’intelligence artificielle SOCRATES développé par Owkin.

La plateforme Owkin SOCRATES est destinée aux chercheurs académiques ou hospitaliers, ainsi qu’aux chercheurs de l’industrie pharmaceutique pour aider à la découverte et au développement de nouveaux médicaments. Elle utilise les technologies de machine learning pour analyser des bibliothèques d’imagerie médicale, des données moléculaires de type génomique, ainsi que des ensembles de données cliniques, pour découvrir des modèles de biomarqueurs complexes associés à des maladies ou à des réponses variables aux traitements.

« S’associer à l’Inserm va nous permettre de conjuguer nos actions en un effort collectif. Ce partenariat marque notre volonté de faire avancer la recherche pour mieux comprendre les maladies et réaliser des découvertes. Notre objectif est d’utiliser l’intelligence artificielle pour exploiter les données existantes et trouver de nouvelles pistes de recherche, en démocratisant l’accès aux technologies de l’IA pour les chercheurs, ce qui on l’espère, permettra d’aboutir à de nouvelles stratégies thérapeutiques  » commente Gilles Wainrib, co-fondateur et directeur scientifique chez Owkin.

Pour Yves Levy, Président-directeur général de l’Inserm : « Ce partenariat avec Owkin est emblématique de la manière dont la recherche académique et les meilleurs talents français doivent s’allier pour produire des connaissances d’excellence. Nul doute que l’IA sera à l’origine de bénéfices importants pour la recherche, pour la pratique médicale, pour le système de santé national, et ce dans les meilleures conditions de rigueur scientifique et éthique. C’est notre rôle en tant qu’établissement de recherche public de tout mettre en œuvre pour que cela se passe vite et bien ».

 

Gilles Wainrib et Yves Lévy répondent aux questions des journalistes sur l’accord cadre signé entre l’Inserm et la start-up OWKIN lors de la conférence de presse du 4 avril 2018

 

Plus largement l’Inserm déploie une stratégie nationale visant à asseoir le leadership de la recherche biomédicale française dans le domaine de l’intelligence artificielle, par :

  • La mobilisation des meilleures équipes déjà impliquées dans le développement de l’IA (près de 300 équipes de recherche), la production et l’exploitation de données ou le suivi de cohortes.
  • La contribution-clef à l’utilisation des données du Health Data Hub annoncé par le Président de la République le jeudi 29 mars dernier lors de la remise du rapport Villani. Cette infrastructure s’appuiera sur le Système National des Données de Santé, SNDS, étendu aux données de recherche clinique et biologique.
  • La mise en place d’une infrastructure nouvelle de collecte et d’analyse des données de génomique médicale dans le cadre du plan France Médecine Génomique
  • Le renforcement de sa politique de partenariats publics et privés avec les organismes de recherche nationaux et les industriels dans les domaines de l’intelligence artificielle : les mathématiques, les algorithmes, la modélisation, les logiciels

 

Les forces de l’Inserm dans le domaine de l’IA :

son excellence scientifique, intégrité scientifique, capacités d’innovation avec un cadrage scientifique rigoureux

sa maitrise des questions biologiques et médicales à adresser

sa connaissance des données liées à ces questions

sa maitrise des aspects réglementaires et éthiques

son rôle clé dans la production et l’utilisation de données majeures en biologie et santé

 

Pour compléter sur le sujet de l’intelligence artificielle en santé :

Big data en santé

Des défis techniques, humains et éthiques à relever : un dossier à consulter sur le site de l’Inserm

https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/big-data-en-sante

L’évolution de l’IA depuis les années 90 :

https://www.youtube.com/watch?v=4UINCQ36eeY

Recherche à suivre : série ludique des années 90. L’Homme reste le champion des mammifères avec ses quelques 10 milliards de neurones, mais l’intelligence dépend-elle seulement du nombre de neurones ? En comparant l’ordinateur au cerveau, ce film d’animation aide à comprendre le fonctionnement du cerveau humain. Il retrace l’historique de la conception des ordinateurs pour nous faire pénétrer le vaste monde des neurosciences.

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