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CoviDIAB, une application pour les patients diabétiques confinés en période d’épidémie COVID-19,

©Dimitri Karastelev on Unsplash

L’AP-HP, La Fédération des Services Hospitaliers de Diabétologie (Hôpital Bichat, Pr Roussel ; Hôpital Cochin, Pr Larger, Hôpital Lariboisière, Pr Gautier) et le Centre de Responsabilité de Santé Connectée de l’AP-HP (Dr Boris Hansel, Pr Patrick Nataf) proposent dès cette semaine à des patients diabétiques confinés à domicile en cette période d’épidémie de Covid-19 un programme national d’information, de prévention et d’accompagnement de leur santé.

« Le diabète est l’une des situations à risque d’infection sévère à COVID-19 » rappelle le Pr Ronan Roussel, diabétologue à l’hôpital Bichat. « Selon les premières études chinoises, il multiplierait par 2 à 4 le risque de décès lié à cette infection et les patients diabétiques sont nombreux à s’interroger sur leur risque personnel ». Pour répondre à cette attente, la Fédération de diabétologie propose, au niveau national, une aide concrète s’appuyant sur l’e-santé.

« Nous avons identifié trois besoins immédiats : informer en temps réel, répondre aux questions pratiques et orienter les patients diabétiques vers les soins adaptés en cas de symptômes » précise le Dr Boris Hansel, co-directeur du Centre de Responsabilité de Santé Connectée à l’Hôpital Bichat.

Une initiative collaborative d’équipes de l’AP-HP, de l’Inserm et d’Université de Paris.

L’application s’appuie sur la plateforme IRIADE. Les patients diabétiques peuvent s’y inscrire eux-mêmes ou par l’intermédiaire d’un médecin sur le site www.covidiab.fr

Dès lors, le patient diabétique accède à une médiathèque mise à jour quotidiennement. Des notifications sont envoyées à chaque fois qu’une information utile aux patients diabétiques est publiée. En outre, grâce à des questionnaires, des conseils personnalisés sont fournis. Enfin, des questions sur l’état de santé sont posées régulièrement afin d’orienter le patient vers de soins spécifiques selon les recommandations actualisées (médecin traitant, SAMU, Urgences) en cas de besoin en favorisant la téléconsultation. Le système prévoit, pour les médecins qui le souhaitent, la surveillance d’alertes individuelles leur permettant d’agir directement auprès de leurs patients.

Des sessions LIVE vidéo sont proposées aux inscrits de CoviDIAB avec des diabétologues, soignants hygiénistes et infectiologues.

L’application s’adresse à tous les patients diabétiques résidant en France (Métropole et Outre-mer).

« Le projet fait intervenir les équipes Inserm U1148  (LVTS, santé connectée, directeur : Didier Letourneur) et U1138 (IMMEDIAB, directeur : Nicolas Venteclef),la Fondation AP-HP  pour la Recherche et Université de Paris. 

Ce projet a par ailleurs reçu le soutien de la chaine YouTube PuMS : https://www.youtube.com/pumsuniv 

Coronavirus : l’Afd et l’Inserm mettent en œuvre un dispositif de soutien de 1,5 million d’euros pour l’Afrique francophone

Dans le cadre de l’appui apporté par la France en réponse à la crise du Coronavirus, Rémy Rioux, Directeur général de l’Agence française de développement (AFD) et Gilles Bloch, Président-directeur général de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) annoncent ce jour, le lancement d’un dispositif conjoint visant à améliorer la veille sanitaire et la prise en charge des cas suspects de Covid-19 dans 5 pays d’Afrique (Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal). Appelé Aphro-Cov, ce programme piloté par REACTing – ciblera les laboratoires, le dispositif d’alerte précoce, les services cliniques et, via une sensibilisation et une communication renforcée, toute la population. Le montant de la subvention accordée par l’AFD à l’Inserm dans le cadre de ce nouveau projet s’élève à 1,5 million d’euros.

Alors que l’on compte aujourd’hui plus de 550 000 cas d’infection au coronavirus Sars-CoV2 responsable de la maladie Covid-19 et près de 25 000 décès dans le monde, l’urgence de santé publique est déclarée dans quasiment tous les pays. Le continent africain quant à lui compte déjà plus de 3000 de cas de Covid-19 sur son territoire. Encore relativement épargnée par rapport aux autres continents, l’Afrique fait malgré tout face à une augmentation significative du nombre de cas officiellement notifiés ces derniers jours. La faiblesse des systèmes de santé de la plupart des pays du continent fait craindre une catastrophe sanitaire sans commune mesure si l’épidémie venait à poursuivre sa trajectoire actuelle, comme le souligne le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, qui appelle l’Afrique « à se préparer au pire ».   

Face à cette urgence sanitaire, la France est mobilisée pour construire avec ses partenaires une réponse internationale cohérente et multilatérale, centrée sur le rôle de coordination de l’OMS, et contribuant à renforcer les systèmes de santé des pays fragiles.

Le projet, soutenu et financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères via l’AFD et opéré par l’Inserm via REACTing et ses partenaires dont PAC-CI s’inscrit dans cette réponse et vise à renforcer le dispositif de surveillance, d’alerte précoce, de confirmation et de prise en charge des cas de Covid-19 dans 5 pays d’Afrique : le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali et le Sénégal.

S’inscrivant dans les plans nationaux de riposte au virus et dans les directives internationales de l’OMS, le dispositif s’est fixé 4 objectifs précis :

  • former, équiper et renforcer les capacités de 5 laboratoires hospitaliers à proximité des services de maladies infectieuses, appelés à prendre en charge les cas suspects, afin de réduire le délai de rendu des résultats, en complément des circuits impliquant des laboratoires de référence nationaux ou régionaux, bien souvent distants des centres hospitaliers ;
  • former et renforcer les capacités des Instituts Nationaux de Santé Publique et de leurs « Centres des Opérations de Réponse aux Urgences Sanitaires » (CORUS) en matière d’alerte précoce et de circuit de l’information pour la surveillance et le suivi des cas suspects ou confirmés ;
  • former, équiper et renforcer les capacités des services de maladies infectieuses des 5 CHU appelés à prendre en charge les cas (suspects et confirmés) en matière d’hygiène hospitalière, d’adéquation de la prise en charge et de soutien psychologique aux personnes et personnels concernés ;
  • accompagner les mesures de riposte par de la formation en sciences sociales et des analyses pour mieux guider les réponses des décideurs, notamment en termes de communication, et en complément des approches communautaires.

 

D’un point de vue opérationnel, l’objectif est que les services hospitaliers inclus dans le projet soient dotés d’une capacité diagnostique suffisante pour détecter très rapidement et en toute sécurité les cas éventuels de Covid-19. Le personnel de première ligne des hôpitaux sera à même d’accueillir les patients, de collecter les échantillons, de fournir un diagnostic et de prendre en charge les individus rapidement. Le projet conduira des études qui appuieront les actions de sensibilisation menées auprès du grand public par les gouvernements et l’OMS afin de favoriser la consultation en cas d’apparition de symptômes.

 

« Alors que nous traversons une crise sanitaire sans précédent, le constat est clair : seuls des systèmes de santé suffisamment robustes, partout dans le monde, sont en capacité d’organiser une riposte au Covid-19. Dans ce contexte, la coopération sanitaire internationale doit être fortement renforcée avec les pays les moins bien armés, notamment en Afrique où l’avenir de la pandémie pourrait se jouer. Il en va de notre intérêt commun que de se protéger mutuellement. C’est la raison pour laquelle l’Inserm et l’AFD se mobilisent pour prendre activement part aux efforts collectifs en déployant, dans plusieurs pays africains, un premier dispositif conjoint de surveillance, de détection et de prise en charge des cas d’infection au coronavirus. Dans l’urgence comme dans le long terme des Objectifs de développement durable, il y a un continuum entre politiques publiques nationales et internationales. Il faut investir massivement dans la transition juste. » déclare Rémy Rioux, Directeur général de l’AFD.

 

“Nous vivons dans un monde en commun et une stratégie de sécurité sanitaire exclusivement nationale serait, par nature, incomplète. Ce défi ne peut s’envisager qu’à la condition de prendre en compte à la fois ses aspects nationaux, régionaux et internationaux. Pour endiguer cette pandémie, il est par conséquent essentiel de renforcer la coopération sanitaire internationale. C’est à l’aune de cette analyse partagée, et conformément aux orientations fixées par le Président de la République et par le gouvernement, que nos deux institutions ont mis en place ce dispositif de renforcement des capacités en Afrique où l’avenir de l’épidémie pourrait se jouer.” déclare Gilles Bloch, Président-directeur général de l’Inserm

Les statistiques issues du réseau de téléphonies mobiles au service de la lutte contre la pandémie de Covid-19

L’Inserm, à travers l’une de ses équipes de recherche, s’est s’associé avec Orange pour étudier l’impact du confinement sur la mobilité des populations et pour explorer la manière dont l’usage des statistiques issues du réseau de téléphonies mobiles pourrait permettre de mieux prédire l’évolution de la pandémie de Covid-19.

Les données agrégées issues du comptage de nos portables pourraient constituer un outil efficace dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Une coopération entre l’Inserm et Orange va permettre à des chercheurs de l’Institut d’utiliser les données de l’opérateur téléphonique à des fins de recherche, dans le contexte de la pandémie, pour mieux comprendre la diffusion du virus et l’impact du confinement.

En charge de ce projet, la chercheuse Inserm Vittoria Colizza collabore depuis plusieurs années avec Orange pour étudier les liens entre la mobilité des populations et la diffusion de plusieurs maladies, notamment en Afrique. Cette nouvelle étude s’appuiera sur l’usage des données statistiques fournies par l’opérateur téléphonique. Il ne s’agira en aucun cas d’étudier les données personnelles de chaque individu ou de retracer les déplacements au niveau individuel.

“Nous n’allons pas nous intéresser aux déplacements d’un individu particulier, en regardant comment il a bougé et où. Nous allons plutôt analyser des données quantitatives anonymisées qui rendent compte de la mobilité entre zones géographiques grâce à la localisation des antennes relais qui gèrent le signal de communication (appel, texte), qui font état du nombre de déplacements effectués d’un canton à l’autre en France”, explique le chercheur Inserm Eugenio Valdano, qui travaille sur le projet avec Vittoria Colizza.

L’équipe pourra néanmoins avoir accès à ces données regroupées par tranche d’âge, ce qui leur permettra d’avoir une idée un peu plus précise du profil démographique des personnes à l’origine des déplacements d’une zone géographique à l’autre.

Mobilité et propagation de la pandémie

Dans cette étude, les données fournies par Orange seront utilisées de deux manières. Dans un premier temps, Vittoria Colizza et ses collègues vont analyser la mobilité avant et après le confinement. Ils s’intéresseront notamment aux changements spontanés dans la mobilité des personnes, apparus avant même la mise en place du confinement. L’objectif est de mieux appréhender comment les personnes changent elles-mêmes leurs comportements en réponse à une épidémie. Par ailleurs, l’étude des données de mobilité enregistrées suite au confinement permettra de mieux comprendre l’impact de celui-ci sur l’évolution de la pandémie, et d’évaluer la manière dont il est respecté par la population.

Dans un second temps, les données seront aussi intégrées dans des modèles de diffusion de la pandémie développés par l’équipe, afin de mieux prévoir la propagation du virus en tenant compte de la mobilité des personnes mais aussi d’identifier les régions à risque de devenir un foyer épidémique et de modéliser l’impact sur le système sanitaire. “Disposer de ces données est très important afin de mieux conseiller les décideurs publics sur la manière dont ils doivent allouer les ressources de santé et pour les informer sur les régions les plus vulnérables”, souligne Eugenio Valdano.

Alors que de tels travaux peuvent habituellement prendre plusieurs mois à être réalisés, les premiers résultats de cette étude devraient être connus dans les prochaines semaines, tenant compte de l’urgence liée à l’évolution rapide de la pandémie.

Suivi des recommandations nutritionnelles : un impact positif confirmé sur l’environnement

En 2017, les recommandations nutritionnelles françaises ont été mises à jour et ont inclus, pour la première fois, la préservation de l’environnement. Des scientifiques d’INRAE, de l’Inserm, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de SOLAGRO ont conduit une évaluation multicritère des nouvelles recommandations nutritionnelles françaises en se basant sur les données de 28 340 participants de l’étude de cohorte NutriNet-Santé. Leurs résultats, publiés le 23 mars dans Nature Sustainability, démontrent que le suivi de ces nouvelles recommandations nutritionnelles a un impact positif tant sur la santé que sur l’environnement.

Les régimes alimentaires occidentaux sont caractérisés par des apports importants en sucre, sel, graisses saturées et viande ainsi qu’une forte consommation d’aliments transformés. Au-delà des conséquences pour la santé, les systèmes alimentaires actuels sont responsables de près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) et contribuent de façon importante à la pollution de l’eau et des sols et à la perte de biodiversité. Dans ce contexte, changer les habitudes de production et de consommation alimentaires est une nécessité. Ce constat a conduit à la définition de l’alimentation durable par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme « protectrice et respectueuse de la biodiversité et des écosystèmes, culturellement acceptable, accessible, économiquement juste et abordable, saine et équilibrée, répondant aux besoins humains, tout en optimisant les ressources humaines et naturelles »1.

Depuis 2001, la France élabore des recommandations nutritionnelles via le Programme national nutrition santé (PNNS) qui vise à améliorer la santé de la population en agissant sur un de ses déterminants majeurs, la nutrition (alimentation et activité physique). Les recommandations nutritionnelles de 2001 visaient, entre autres, à augmenter la consommation de fruits et légumes et à favoriser la consommation de produits laitiers pour le calcium. Ces recommandations ont été mises à jour en 20172 en accord avec la littérature scientifique actualisée et soulignent la nécessité d’intégrer la dimension environnementale de l’alimentation. En 2017, le Programme national nutrition santé recommande, entre autres, de diminuer sa consommation de viande rouge et de charcuterie, de produits sucrés, un apport suffisant mais limité de produits laitiers, une limitation des apports d’alcool et d’augmenter sa consommation d’aliments d’origine végétale (fruits et légumes, légumineuses, produits céréaliers complets) et de favoriser les aliments issus de l’agriculture biologique. De nouvelles catégories d’aliments ont également été prises en compte comme les fruits à coque non salés. Dans cette étude les scientifiques ont cherché à évaluer l’impact des recommandations nutritionnelles sur la santé mais également sur l’environnement en comparant les groupes d’individus qui suivaient les recommandations et ceux qui ne les suivaient pas ou peu. Ils ont également comparé la durabilité des recommandations de 2001 et de 2017.

Une analyse multicritère pour comprendre l’influence des recommandations nutritionnelles sur la santé et l’environnement

Pour analyser l’impact des recommandations nutritionnelles de 2001 et 2017 sur la santé et l’environnement, les scientifiques ont associé plusieurs indicateurs en se basant sur des critères nutritionnels (nombre de calories, type d’aliments consommés…), environnementaux (émission de GES, ressources utilisées, occupation des sols…), économiques (coût de l’alimentation) et toxicologiques (exposition aux résidus de pesticides). L’objectif était double : comprendre l’influence du suivi des recommandations de 2017 sur la santé et l’environnement et pouvoir comparer l’impact relatif de ces recommandations par rapport de celles de 2001.

Leurs résultats montrent que les participants qui suivent (comparés à ceux qui les suivent moins) les recommandations nutritionnelles de 2017 réduisent l’impact global sur l’environnement de leur alimentation de 50%(au travers des 3 indicateurs étudiés). En comparaison, ceux qui suivaient les recommandations de 2001 réduisaient de seulement 25% leur impact sur l’environnement. En termes d’impact sur la santé, l’application des recommandations nutritionnelles de 2017 est également plus performante que celles de 2001 : le suivi des recommandations de 2017 permettrait de prévenir 35 000 morts prématurées, principalement liées à des maladies cardiovasculaires, 10% de plus que les recommandations de 2001. Cependant au niveau économique, le coût de l’alimentation pour les personnes suivant le mieux les recommandations de 2017 est légèrement plus élevé (un peu moins de 1€ de coût supplémentaire par jour et par personne).

En termes de santé publique et dans le contexte du changement climatique, ces résultats confirment le co-bénéfice des recommandations nutritionnelles pour la promotion de la santé individuelle et la préservation de l’environnement. Si elles sont adoptées par une large partie de la population, les recommandations nutritionnelles de 2017 pourraient contribuer à la prévention de maladies chroniques comme le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers tout en réduisant les impacts environnementaux liés à l’alimentation.

1 Garnett T. Where are the best opportunities for reducing greenhouse gas emissions in the food system (including the food chain) ? Food Policy 36, S23-S32 (2011)

2 https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2019/sante-publique-france-presente-les-nouvelles-recommandations-sur-l-alimentation-l-activite-physique-et-la-sedentarite

L’étude NutriNet-Santé

 

Il s’agit d’une étude de cohorte nationale réalisée sur une large population d’adultes volontaires (qui deviennent des Nutrinautes après inscription) lancée en 2009, dont l’objectif est d’étudier les relations nutrition-santé.

Le recrutement de nouveaux volontaires pour participer à l’étude NutriNet-Santé se poursuit. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne (www.etude-nutrinet-sante.fr) et de remplir des questionnaires, qui permettront aux chercheurs de faire progresser les connaissances sur les relations entre nutrition et santé et ainsi d’améliorer la prévention des maladies chroniques par notre alimentation.

L’étude NutriNet-Santé est coordonnée par l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN), UFR SMBH, Bobigny, Université Sorbonne Paris Nord, (U1153 Inserm/U1125 INRAE/Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, Centre de Recherche en Epidémiologie et Statistiques Université de Paris).

Explorer le cerveau pour comprendre le lien entre troubles du sommeil et maladie d’Alzheimer

©Adobe Stock

Les troubles du sommeil ont un impact délétère sur notre cerveau. Ils seraient notamment, sous certaines conditions, associés à un risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer. Jusqu’ici, cette association restait mal comprise par la communauté scientifique. Pour la première fois, une étude s’appuyant sur différentes techniques d’imagerie cérébrale, menée par la chercheuse Inserm Géraldine Rauchs au sein de deux laboratoires hébergés au GIP CYCERON – le laboratoire Physiopathologie et Imagerie des maladies neurologiques (Inserm/ Université de Caen-Normandie) et le laboratoire Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (Inserm/Université de Caen-Normandie/Ecole Pratique des Hautes Etudes – PSL/CHU Caen) – révèle entre autres altérations, l’apparition de plaques amyloïdes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, dans le cerveau de personnes âgées présentant des apnées du sommeil mais n’ayant aucun problème cognitif. Les résultats de ces travaux sont publiés dans JAMA Neurology le 23 mars 2020.

Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil est le trouble respiratoire du sommeil le plus commun, touchant plus de 30 % de la population après l’âge de 65 ans. Chez les sujets qui en sont atteints, cette pathologie se traduit par des interruptions incontrôlées et répétées de la respiration pendant le sommeil, liées à l’obstruction temporaire des voies aériennes supérieures, au niveau de la gorge. Les apnées du sommeil sont associées à de nombreux problèmes de santé, au premier rang desquels les maladies cardiovasculaires. Cependant, cette pathologie reste assez longtemps silencieuse, si bien qu’elle est probablement sous-estimée dans la population générale.

Ces dernières années, les données scientifiques se sont également accumulées montrant un lien entre la qualité du sommeil, et notamment la présence d’apnées du sommeil, et le développement de la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, les mécanismes biologiques qui sous-tendent cette association restaient à élucider.

Pour y voir plus clair, la chercheuse Inserm Géraldine Rauchs a mené une étude dans le laboratoire Physiopathologie et Imagerie des maladies neurologiques[1] (Inserm/ Université de Caen-Normandie) en collaboration avec le laboratoire Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (Inserm/Université de Caen-Normandie/Ecole Pratique des Hautes Etudes – PSL). Dans ces travaux[2], publiés dans la revue JAMA Neurology, les chercheurs ont utilisé plusieurs techniques d’imagerie cérébrale afin de cartographier les changements cérébraux chez des personnes atteintes d’apnées du sommeil non traitées, à la fois sur le plan structurel et moléculaire, mais aussi sur le plan fonctionnel.

Changements dans le cerveau

Les chercheurs ont d’abord recruté 127 participants de plus de 65 ans. En bonne santé, ceux-ci ne présentaient pas de problèmes cognitifs. Au moyen d’un appareil portatif permettant d’enregistrer à domicile leur sommeil et leur respiration au cours de la nuit, les chercheurs ont détecté la présence d’apnées du sommeil, à des degrés de sévérité variables, chez 75% d’entre eux.

Tous les participants ont aussi été soumis à une série de tests visant à évaluer leur fonctionnement cognitif, notamment la mémoire et les fonctions exécutives. Ils ont répondu à des questionnaires portant sur les perceptions qu’ils avaient de leur fonctionnement cognitif et sur la qualité de leur sommeil. Plusieurs examens d’imagerie cérébrale ont ensuite été réalisés, afin d’étudier leur cerveau sous tous les angles et d’identifier d’éventuels changements pouvant être associés à la maladie d’Alzheimer. Si aucune différence entre les participants n’est observée en ce qui concerne leurs performances cognitives, l’imagerie cérébrale révèle toutefois plusieurs changements notables dans le cerveau des personnes atteintes d’apnées du sommeil.

En effet, chez ces participants, l’accumulation de protéine bêta-amyloïde dans le cerveau est plus marquée. Caractéristique de la maladie d’Alzheimer, cette protéine s’accumule sous forme de plaques, qui selon leur distribution dans le cerveau et leur densité peuvent conduire à l’apparition de signes cliniques de la pathologie. Par ailleurs, les chercheurs ont observé une augmentation de la masse de matière grise et de la consommation de glucose, suggérant la présence de processus inflammatoires dans le cerveau.

« A l’heure où les essais cliniques visant à tester des traitements contre la maladie d’Alzheimer ne sont pas encore couronnés de succès, l’identification de facteurs de risque et de protection sur lesquels agir intéresse de plus en plus les chercheurs. Grâce à l’utilisation de plusieurs méthodes d’imagerie cérébrale, cette étude nous a permis de préciser les mécanismes expliquant les liens entre qualité du sommeil, risque de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer », explique Géraldine Rauchs.

« Cela ne veut pas dire que ces personnes vont nécessairement développer la maladie, mais elles présentent un risque plus élevé. De plus, il existe des solutions efficaces pour traiter les apnées du sommeil. Détecter les troubles du sommeil, notamment les apnées du sommeil, et les traiter ferait donc partie des moyens pour favoriser le vieillissement réussi ».

Pour poursuivre ces travaux, la chercheuse et son équipe s’intéresseront désormais à l’impact du traitement des apnées sur l’évolution des lésions cérébrales et analyseront également les différences entre le cerveau des hommes et des femmes souffrant d’apnées du sommeil.

 

[1] Labortaoire PhIND « http://www.phind.fr/index.php/en/ »

[2] Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un vaste projet européen « Silver Santé Study » (www.silversantestudy.fr), piloté par le Dr Gael Chételat.mé

Lancement d’un essai clinique européen contre le Covid-19

Congélateurs de la chimiothèque du laboratoire de l’unité 761 « Biostructures et découverte de médicament », Institut Pasteur de Lille. Inserm/Latron, Patrice

Un essai clinique européen destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19 démarre aujourd’hui. Coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium Reacting, cet essai inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères du COVID-19.

Un essai clinique, baptisé Discovery et coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium Reacting, démarre ce week-end en France pour tester quatre traitements expérimentaux contre le COVID-19. Il s’agit d’un projet européen[1] dont la partie française est financée par les Ministères de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) et de la Santé et des Solidarités (MSS)..Il est piloté par Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Croix-Rousse au CHU de Lyon et chercheuse au Centre international de recherche en infectiologie CIRI (Inserm/CNRS /Université Claude Bernard Lyon 1).

L’objectif est d’évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre stratégies thérapeutiques expérimentales qui pourraient avoir un effet contre le Covid-19 au regard des données scientifiques actuelles.

« Nous avons analysé les données issues de la littérature scientifique concernant les coronavirus SARS et MERS ainsi que les premières publications sur le SARS-COV2 émanant de la Chine pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester : le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et l’hydroxychloroquine. La liste de ces médicaments potentiels est par ailleurs basée sur la liste des traitements expérimentaux classés comme prioritaires par l’Organisation Mondiale de la Santé.

La grande force de cet essai est son caractère « adaptatif ». Cela signifie que très rapidement les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche. Nous pourrons donc réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades », explique Florence Ader.

Il est prévu d’inclure 3200 patients européens incluant la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Royaume uni, l’Allemagne et l’Espagne, et peut être d’autres pays dont au moins 800 en France hospitalisés pour une infection COVID-19 dans un service de médecine ou directement en réanimation. « Cinq hôpitaux français participeront au départ (Paris – hôpital Bichat-AP-HP, Lille, Nantes, Strasbourg, Lyon) puis nous ouvrirons d’autres centres pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements participants. Notre stratégie d’ouverture de centre suivra la réalité épidémiologique de l’épidémie avec une priorisation à l’ouverture de l’essai dans des hôpitaux sous forte pression ». Le recrutement démarre aujourd’hui.

« Cet essai est conçu de façon pragmatique et adaptative. Il a pour but d’analyser l’efficacité et la tolérance des options thérapeutiques pour les patients dans un temps limité. C’est une démarche de recherche résolument proactive contre la maladie », conclut-elle.

Cet essai va par ailleurs complémenter les données qui seront recueillies au cours d’un autre essai clinique international qui va bientôt commencer sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé, baptisé « Solidarity ».  

Pour en savoir plus :

L’essai DISCOVERY démarre avec cinq modalités de traitement :

  • soins standards
  • soins standards plus remdesivir,
  • soins standards plus lopinavir et ritonavir,
  • soins standards plus lopinavir, ritonavir et interféron beta
  • soins standards plus hydroxy-chloroquine.

L’attribution des modalités de traitement se fera de façon randomisée, c’est à dire aléatoire, mais patients et médecins sauront quel traitement est utilisé (on parle alors d’essai ouvert). L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient.

[1] soutenu par les projets Combacte, Prepare et Recover

Un champignon au secours des patients atteints de maladies génétiques rares

Le champignon Lepista inversa a des propriétés réparatrices permettant de corriger certaines mutations génétiques. © Christine Bailly

Un banal champignon comestible pourrait changer la donne dans le traitement des maladies génétiques rares, qui touchent des centaines de millions de personnes à travers le monde. Celles-ci se retrouvent souvent démunies en l’absence de thérapie efficace. Une équipe de recherche dirigée par Fabrice Lejeune, chercheur Inserm au sein du laboratoire CANcer Heterogeneity, Plasticity and Resistance to THERapies (Inserm/ CNRS/ Université de Lille/Institut Pasteur de Lille/CHU Lille), et en collaboration avec une équipe du Muséum national d’Histoire naturelle, a montré que l’un des principes actifs contenus dans le champignon Lepista inversa a des propriétés réparatrices permettant de corriger certaines mutations génétiques, dites mutations « non-sens ». Les résultats sont publiés dans Nature Communications[1].

Les maladies rares constituent un problème de santé publique majeur, affectant 300 millions de personnes dans le monde. Dans 80 % des cas, ces pathologies ont des origines génétiques. C’est le cas notamment de la mucoviscidose, de l’hémophilie ou encore de la myopathie de Duchenne. Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif pour les patients atteints de ces maladies héréditaires. Néanmoins, il est aujourd’hui bien établi que des mutations génétiques particulières, dites mutations « non-sens », sont impliquées dans près de 10 % des cas de maladies génétiques rares.

L’ADN est constitué de molécules organiques, les nucléotides, qui codent les acides aminés impliqués dans la synthèse des protéines nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. En pratique, les mutations « non-sens » introduisent un « codon stop » au niveau du gène muté c’est-à-dire une séquence de nucléotides qui conduit à un arrêt prématuré de la synthèse de la protéine correspondante. Dès lors, la protéine n’est plus disponible en tant que telle, entraînant l’apparition des symptômes cliniques de la maladie. 

Identifier des moyens de corriger ces mutations est donc un enjeu de taille pour les chercheurs qui étudient les maladies génétiques rares. C’est l’objet des travaux du chercheur Fabrice Lejeune et de son équipe, au sein du laboratoire CANcer Heterogeneity, Plasticity and Resistance to THERapies (Inserm/ CNRS/ Université de Lille/Institut Pasteur de Lille/CHU Lille), en collaboration avec la Chimiothèque / Extractothèque et l’UMR 7245 CNRS Molécules de Communication et Adaptation des Micro-organismes du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

En 2017, ces derniers avaient déjà fait une découverte étonnante en montrant que des extraits d’un banal champignon comestible connu sous le nom de Lepista inversa pouvaient réparer les mutations non-sens dans trois lignées cellulaires isolées de patients atteints de mucoviscidose.

Molécule réparatrice

Dans leur nouvelle étude, publiée dans Nature Communications, les équipes de recherche ont pour la première fois identifié le principe actif dans le champignon capable de corriger les mutations non-sens associées au codon stop UGA, le plus courant des trois codons stop du code génétique humain.

En fractionnant des extraits du champignon Lepista inversa, les chercheurs ont réussi à identifier une substance active issue du champignon, la molécule DAP (2,6 diaminopurine). Ils ont montré que celle-ci répare les mutations non-sens dans des lignées cellulaires humaines, mais également dans des modèles animaux. Cette substance active s’avère par ailleurs être très peu toxique.

Cette découverte ouvre des pistes thérapeutiques intéressantes pour les patients atteints de maladies génétiques rares. « L’idée est de pouvoir corriger les aspects cliniques en réparant les mutations non-sens liées au codon UGA et en restaurant la fonction du gène muté. A noter qu’il ne s’agira pas de donner le champignon directement à consommer aux patients, celui-ci contenant d’autres molécules dont nous ne contrôlons pas tous les effets, mais plutôt de développer des traitements à base du principe actif identifié ici », souligne Fabrice Lejeune.

La prochaine étape pour les chercheurs consistera à tester ce principe actif dans d’autres modèles animaux afin de pouvoir ensuite démarrer rapidement des essais cliniques, si les résultats s’avéraient toujours aussi prometteurs.

 

[1] La découverte fait par ailleurs l’objet d’un dépôt de brevet de depose via la SATT Lutech : Derivative purine for their use in the treatment or preventing diseases due to changing nonsense – October 2017 – S. Rebuffat, S. Amand, C. Maulay-Bailly and F. Lejeune  -PCT/EP2017/076846; WO2018073413A1

En temps de pandémie, la recherche fait partie de la réponse

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lors de son allocution à la Nation, le Président de la République française a rappelé sa « confiance dans la science » face à la pandémie de COVID-19. Depuis les tous premiers cas de Covid-19 sur le sol français, la recherche française se mobilise pour comprendre le virus et tenter d’en limiter sa propagation.Les laboratoires de l’Institut Pasteur, de l’Inserm, du CNRS, et des universités, unissent leurs connaissances et partagent leurs travaux.

Les acteurs de la recherche française mobilisés depuis les tous premiers jours de l’épidémie de COVID-19 tiennent à rappeler qu’ils répondront présents face à cette situation exceptionnelle. Ils ont déjà contribué à éclairer la décision publique.

Plusieurs pistes de traitement sont en cours d’évaluation.

Les chercheuses et chercheurs vont poursuivre leurs efforts dans un engagement collectif au service de la société et répondre aux attentes de la Nation.

COVID-19 : 20 projets de recherche sélectionnés pour lutter contre l’épidémie

©MESRI/XR Pictures

Alors que l’épidémie de coronavirus Sars-CoV2 continue de se propager, l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) se mobilise pour accélérer la recherche sur le virus et sur la maladie COVID-19, via l’action du consortium REACTing, coordonné par l’Inserm. Avec le soutien du ministère des Solidarités et de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 20 initiatives scientifiques ont été sélectionnées par le conseil scientifique de REACTing. Elles portent sur des thématiques aussi diverses que la modélisation de l’épidémie, la recherche de traitement ou la prévention.

Mettre en place une recherche de qualité afin d’endiguer au plus vite l’épidémie de coronavirus Sars-CoV2 et de mieux prendre en charge les patients infectés, telle est l’ambition de la communauté scientifique française, sous l’égide d’Aviesan et du réseau REACTing, depuis l’apparition des premiers cas à la fin de l’année 2019.

Aviesan est constituée par 9 acteurs académiques essentiels, membres fondateurs d’Aviesan : le CEA, le CNRS, INRAE, Inria, l’Inserm, l’Institut Pasteur, l’IRD, la CPU et la Conférence des directeurs généraux de centres hospitaliers régionaux et universitaires. Le consortium REACTing est coordonné par l’Inserm.

Suite à un appel à candidatures lancé auprès de l’ensemble des équipes de recherche françaises, le conseil scientifique de REACTing, véritable consortium accélérateur de recherche a sélectionné 20 projets issus de disciplines scientifiques diverses. Ces derniers ont été choisis pour leur contribution exhaustive et efficace à la production des connaissances et pour leur apport à la lutte contre cette nouvelle épidémie. Ces projets s’inscrivent dans les 4 grandes thématiques scientifiques suivantes :

  • Projets de recherche à visée diagnostique, clinique et thérapeutique
  • Projets de recherche en épidémiologie
  • Projets de recherche fondamentale
  • Projets de recherche en sciences humaines et sociales

 

Projets de recherche à visée diagnostique, clinique et thérapeutique

En ce qui concerne les recherches thérapeutiques, les projets retenus s’intéressent aussi bien au repositionnement de médicaments déjà sur le marché et utilisés dans d’autres pathologies qu’à la recherche sur les anticorps monoclonaux neutralisants.

Un essai clinique promu par l’Inserm va par ailleurs être mis en place pour évaluer et comparer quatre combinaisons thérapeutiques : le remdesivir, le lopinavir, la combinaison lopinavir + interféron, chacun associé aux traitements non spécifiques et symptomatiques (« standard of care »), et enfin les traitements non spécifiques et symptomatiques seuls. 3200 personnes vont être incluses dans cet essai clinique, dont 800 en France. Cet essai clinique est dit « évolutif » : si une molécule apparaît comme inefficace, elle sera abandonnée. A l’inverse, si un candidat thérapeutique semble présenter un intérêt, il pourra être testé dans le cadre de l’essai.

Enfin, un des projets sélectionnés analysera l’accessibilité et l’intégration dans l’offre de soins de masques de protection à ventilation assistée.

Projets de recherche en épidémiologie

Trois des projets retenus concernent l’épidémiologie et la modélisation de l’épidémie, pour mieux anticiper la diffusion du virus en fonction des zones géographiques. L’un de ces projets est la mise en place d’une cohorte observationnelle promue par l’Inserm de tous les patients infectés en France, qui constituera le socle scientifique nécessaire pour d’autres études à venir.

Projets de recherche fondamentale

Trois projets de recherche fondamentale ont par ailleurs été sélectionnés, notamment pour mieux comprendre le contexte de réplication du virus in vitro.

Un groupe de recherche s’intéressera à la problématique du réservoir animal, avec une étude d’évaluation des risques de transmission du virus dans la région du delta du Mékong.

Projets de recherche en sciences humaines et sociales

Les sciences humaines et sociales, qui apportent un éclairage unique sur l’épidémie et permettent de mieux appréhender la réponse des pouvoirs publics et de la société dans son ensemble sont également mises à l’honneur. Les porteurs de ces projets s’intéresseront notamment au confinement des rapatriés de Wuhan, à la mise en circulation des données scientifiques et à leurs effets au cours de la crise sanitaire, ou encore aux modes de communication dans le cadre d’une maladie émergente, afin de mieux orienter les politiques publiques.

L’implication de la recherche française en Europe

La recherche française est également mobilisée au niveau européen avec la coordination du projet RECOVER (Rapid European COVID-19 Emergency Response). Ce projet de recherche financé par la Commission européenne implique 10 partenaires internationaux et comprend plusieurs volets dont des études épidémiologiques, des études cliniques, et des études en sciences sociales.

La France participe de plus aux projets de recherche Fight-nCoV (Fighting-Off Coronavirus (Sars-Cov-2) With Broad-Spectrum Antivirals: Establishing Animal Viral Challenge Model), I-MOVE-COVID-19 (Multidisciplinary European network for research, prevention and control of the COVID-19 Pandemic) et CoNVat (Combating 2019-nCoV: Advanced Nanobiosensing platforms for POC global diagnostics and surveillance).

 Par la mise en place de ces projets de recherche ambitieux, de qualité et répondant aux priorités identifiées pour faire face à l’épidémie, la communauté REACTing met tout en œuvre pour répondre aux défis posés par la diffusion du Coronavirus Sars-CoV2 et par les problèmes de santé et de société engendrés par l’épidémie.

Liste des projets sélectionnés

Cancers : une attaque à distance de la tumeur par le système immunitaire

Extrait d’une vidéo montrant l’attaque d’une tumeur (en bleu et orange) par les lymphocytes T (en vert). Des expériences réalisées in vivo et en temps réel permettent d’observer comment les lymphocytes T agissent à courte mais aussi à longue distance au sein de la tumeur. © Ronan Thibaut et Philippe Bousso, Institut Pasteur / Inserm

Comment le système immunitaire agit-il pour limiter le développement des tumeurs ? Grâce à des outils d’imagerie in vivo, les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm ont décrit l’activité spatiotemporelle des lymphocytes T infiltrant la tumeur, à courte et à longue distance. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Cancer, le 9 mars 2020.

Certaines cellules du système immunitaire, comme les lymphocytes T, sont capables de s’attaquer à des cellules cancéreuses. De nouvelles thérapies prometteuses et récompensées par le prix Nobel de médecine en 2018, appelées immunothérapies, visent à augmenter l’attaque du système immunitaire contre les cancers.

Mais comment les lymphocytes T agissent-ils dans la tumeur ? Véritables cellules tueuses, les lymphocytes T sont capables d’infiltrer la tumeur puis de détruire les cellules cancéreuses, les unes après les autres, par contact direct. Cette destruction des cellules cancéreuses est un phénomène très local, restreint à la proximité des cellules tueuses. Mais lors de ces contacts, les lymphocytes T produisent aussi des molécules solubles, appelées cytokines. Les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Inserm ont cherché à comprendre l’effet que pouvait avoir l’une de ces cytokines, connue sous le nom d’interféron-gamma, sur l’ensemble de la masse tumorale.

Les scientifiques ont, pour cela, utilisé des techniques d’imagerie très puissantes qui ont permis de visualiser en temps-réel et in vivo chez la souris, non seulement le comportement des lymphocytes T mais aussi l’effet de cette cytokine au sein de la tumeur. Les chercheurs ont alors observé que plutôt que d’agir localement, ces cytokines se propagent très rapidement au sein de la tumeur et affectent des cellules cancéreuses qui peuvent être très éloignées des cellules T.

« Cette action à longue distance au sein même de la tumeur est très intéressante car elle permet aux lymphocytes T d’agir sur un grand nombre de cellules cancéreuses et notamment celles qui ont pu développer des mécanismes d’échappements au système immunitaire » déclare Philippe Bousso, chercheur Inserm, responsable de l’unité Dynamique des réponses immunes à l’Institut Pasteur, principal auteur de l’étude.

Dans ces travaux, les chercheurs montrent aussi que le nombre de lymphocytes T qui réussit à infiltrer la tumeur, est corrélé avec la quantité de cytokine produite et détermine la réponse de l’ensemble des cellules cancéreuses. L’étude de cellules de patients atteints de mélanome appuie ce modèle d’action à distance des cellules immunitaires. Favoriser cette réponse collective pourrait donc constituer un objectif essentiel des immunothérapies de demain.

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