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Malvoyance causée par la DMLA : découverte d’un biomarqueur sanguin pour évaluer le risque lié à l’alimentation

Oméga-3

Sources animales et végétales d’oméga-3 ©Fotolia

 

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la principale cause de malvoyance dans les pays occidentaux, avec près de 20 millions de personnes affectées en Europe en 2020. Identifiée comme facteur de risque, une insuffisance en acides gras oméga-3 dans la rétine était jusqu’alors impossible à mesurer. Une équipe de recherche composée de représentants d’INRAE, de l’Inserm, de l’université Jean-Monnet Saint-Etienne, de l’université de Bordeaux, d’ITERG et des CHU de Dijon-Bourgogne et de Bordeaux, a identifié un biomarqueur sanguin permettant de prédire le contenu rétinien en acides gras oméga-3. Ces résultats, publiés le 30 juin 2021 dans la revue Clinical and Translational Medicine, ouvrent de nouvelles perspectives pour prévenir le risque lié à cette pathologie par l’alimentation.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie chronique qui atteint la zone centrale de la rétine, appelée macula, et provoque une perte progressive de la vision. C’est la principale cause de malvoyance chez les personnes âgées de plus de 50 ans. Les traitements actuels pour la DMLA permettent uniquement de ralentir la progression de la pathologie, et seulement pour certaines formes de la maladie. C’est pourquoi les stratégies de prévention sont d’une importance cruciale. Parmi les facteurs de risque sur lesquels on peut agir, se trouve le déficit en acides gras oméga-3 à longue chaîne dans la rétine, lipides qui sont apportés par l’alimentation et notamment le poisson. Ils jouent un rôle essentiel car ils assurent la vision au niveau des photorécepteurs mais ont également des fonctions anti-inflammatoires, limitent la mort cellulaire et le développement vasculaire dans la rétine, trois mécanismes primordiaux pour prévenir la DMLA. Des approches nutritionnelles par un apport supplémentaire en acides gras oméga-3 ont été développées pour prévenir ou limiter la DMLA. Mais l’évaluation de l’efficacité de ces approches se heurte à l’impossibilité de mesurer la concentration en acides gras dans la rétine. C’est pourquoi l’équipe de recherche s’est penchée sur l’identification de marqueurs sanguins permettant de l’évaluer.

Un biomarqueur sanguin pour identifier au plus tôt les personnes à risque de DMLA

Grâce à l’analyse des rétines et du sang issus de 46 donneurs humains, les scientifiques ont pu identifier le biomarqueur sanguin du statut en acides gras oméga-3 de la rétine[1], à l’aide d’un algorithme développé par apprentissage automatique[2]. Ils ont ensuite combiné l’analyse de rétines de donneurs humains, et les données issues de deux études de population : une étude pour doser le biomarqueur sanguin chez 62 participants de la cohorte des « 3-Cités » et un essai clinique (étude LIMPIA) sur 110 participants dont la moitié suivait une supplémentation alimentaire en acides gras oméga-3. Grâce à ces études, les scientifiques montrent qu’une concentration élevée du biomarqueur sanguin est associée à un moindre risque d’avoir une forme avancée de DMLA et que la concentration du biomarqueur augmente après supplémentation en acides gras oméga-3.

Ce biomarqueur permettrait d’identifier très tôt les personnes à risque de développer une DMLA, avant détection par examens ophtalmologiques.Une fois identifiées, les personnes à risque pourront ainsi être accompagnées sur le plan nutritionnel.

Un brevet sur ce biomarqueur prédictif du statut rétinien en acides gras oméga-3 et l’algorithme de prédiction a été déposé par INRAE et l’Inserm, et l’équipe de recherche développe actuellement une méthode standardisée et simplifiée de dosage pour intégrer ce biomarqueur à l’évaluation du risque de développer une DMLA dans une démarche de médecine personnalisée.

Étude réalisée dans le cadre du projet ANR BLISAR

Le projet ANR BLISAR (Biomarqueurs du statut et du métabolisme lipidique dans le vieillissement rétinien) est coordonné par l’université de Bordeaux et implique l’Inserm, INRAE, ITERG et les laboratoires Théa. Les objectifs sont de mieux comprendre le rôle des acides gras oméga-3, du métabolisme du cholestérol et de leurs interactions dans la DMLA, ainsi que d’identifier et de valider de nouveaux biomarqueurs du statut lipidique rétinien ayant une forte valeur discriminante pour la DMLA.

https://anr.fr/Projet-ANR-14-CE12-0020

 

[1] Le biomarqueur dont la quantité mesurée dans le sang est corrélée à la quantité d’acides gras oméga-3 dans la rétine, est basé sur le dosage de 7 molécules d’ester de cholestérol.

[2] Dans le domaine de l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique donne aux ordinateurs la capacité d’« apprendre » à partir de données, c’est-à-dire d’améliorer leurs performances à résoudre des tâches complexes sans être explicitement programmés pour chacune.

Publication de l’expertise collective Inserm – « Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données »

pesticides

L’expertise collective de 2021 dresse un bilan des connaissances sur les liens entre exposition aux pesticides et santé humaine au travers d’une analyse critique de la littérature scientifique internationale.©Adobe Stock

 

Les pesticides regroupent l’ensemble des produits utilisés pour lutter contre les espèces végétales indésirables et les organismes jugés nuisibles. Ils suscitent de nombreuses inquiétudes concernant leurs effets possibles sur la santé humaine, et plus largement sur l’environnement. En 2013, à la demande de la DGS, l’Inserm avait publié une expertise collective « Pesticides : effets sur la santé ». En 2018, cinq directions générales ministérielles[1] ont saisi l’Institut afin qu’il réactualise cette expertise et y inclue de nouvelles thématiques.

Le groupe d’experts réuni par l’Inserm a analysé la littérature scientifique récente afin d’examiner le lien entre une vingtaine de pathologies et les pesticides. Il analyse aussi les effets sanitaires de deux substances actives et d’une famille de pesticides : le chlordécone, le glyphosate et les fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHi).

Lexpertise collective de 2021 dresse un bilan des connaissances sur les liens entre exposition aux pesticides et santé humaine au travers d’une analyse critique de la littérature scientifique internationale. Elle aborde les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant, les troubles cognitifs et anxio-dépressifs de l’adulte, les maladies neurodégénératives, et les cancers de l’enfant et de l’adulte. La santé respiratoire et les pathologies de la thyroïde et l’endométriose ont également été abordées et viennent enrichir cette expertise. Au total, ce sont plus de 5 300 documents qui ont été analysés par un groupe de chercheurs multidisciplinaire.

Pour chaque thématique, les experts ont étudié les nouvelles données épidémiologiques disponibles afin d’évaluer s’il y avait une présomption de lien entre l’exposition de différentes populations aux pesticides et la survenue d’une pathologie. Comme en 2013, cette présomption d’un lien a ensuite été qualifiée de forte (++), moyenne (+) ou faible (±). Ces résultats ont ensuite été mis en perspective avec ceux des études toxicologiques, afin d’évaluer la plausibilité biologique des liens observés.

Des liens établis entre l’exposition aux pesticides et certaines maladies

Les premières études épidémiologiques menées sur le sujet caractérisaient le plus souvent l’exposition aux pesticides sans distinguer avec précision la famille de pesticides ou la substance active. Elles concernaient souvent des personnes a priori les plus exposées car manipulant régulièrement ces produits dans le cadre de leur activité professionnelle. Les études plus récentes ont cherché à préciser les sous-types de pathologies (par exemple, différents types de leucémies), à identifier les substances actives impliquées ou encore à investiguer le lien avec des populations supposées moins exposées que les professionnels comme les populations riveraines des zones agricoles, la population générale ou des populations plus sensibles comme les enfants.

  • Chez l’adulte

L’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et quatre pathologies : les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome multiple, le cancer de la prostate et la maladie de Parkinson. Elle met aussi en évidence une présomption forte de lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et deux autres pathologies : les troubles cognitifs et la bronchopneumopathie chronique obstructive/bronchite chronique (voir encadré).

Une présomption de lien moyenne a été également mise en évidence entre l’exposition aux pesticides, principalement chez les professionnels, et la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et des pathologies thyroïdiennes.

Pour aller plus loin sur les six pathologies de l’adulte pour lequel un lien de présomption forte a été établi avec l’exposition professionnelle aux pesticides

Lymphome non hodgkinien : des liens entre l’exposition au malathion, au lindane, au DDT et aux organophosphorés (++) avait été identifiés en 2013. Les données récentes permettent de conclure à une présomption de lien plus forte en 2021 pour le diazinon (++) et le chlordane (+). Pour le glyphosate, la présomption de lien est renforcée pour l’exposition professionnelle (+). Un niveau de présomption faible est rapporté pour la première fois pour le dicamba (±). Les données suggèrent également des liens entre des sous-types de LNH et certains pesticides.

Myélome multiple :  pour la première fois, des liens avec des substances actives sont mis en évidence pour la perméthrine (+) et pour le carbaryl, le captane, le DDT et le glyphosate (±).

Cancer de la prostate : cette analyse renforce le rôle évoqué en 2013 de l’exposition professionnelle à certains insecticides organophosphorés comme le fonofos (+) et mettent en évidence celui du terbufos (+) et du malathion (+) ainsi que d’un insecticide organochloré (aldrine, +). Elle souligne un risque plus élevé de développer une forme agressive de la maladie, suggérant ainsi un rôle possible sur la progression de la maladie et pas uniquement sur la survenue. Pour le chlordécone, l’expertise conclu à un niveau de présomption fort (++) et estime qu’une relation causale est vraisemblable.

La maladie de Parkinson : les données confirment le lien avec le paraquat (+) et de nouvelles études évoquent des liens avec une présomption faible (±) avec des matières actives de la famille des fongicides dithiocarbamates (zinèbe, zirame et mancopper). Les nouvelles études sur l’exposition des riverains des terres agricoles suggèrent une présomption faible du lien avec les pesticides en général.

Les troubles cognitifs : la présomption d’un lien est passée de moyenne à forte (++) avec l’exposition aux pesticide, principalement des organophosphorés, chez les agriculteurs. Les études les plus récentes se sont élargies aux riverains de zones agricoles ou à la population générale et ont permis de conclure à une présomption moyenne (+).

La santé respiratoire (non traitée en 2013) : une présomption forte entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de BPCO et de bronchite chronique est établie. Un lien est identifié entre dix-sept substances actives et une pathologie ou une atteinte d’un paramètre de la fonction respiratoire avec en majorité un niveau de présomption faible (±). Pour évaluer la plausibilité biologique de ce lien, trois effets ont été étudiés en toxicologie (stress oxydant, mitotoxicité et immunomodulation) et parmi ces 17 pesticides, 11 sont associés à au moins deux effets toxicologiques et deux, la perméthrine et le chlorpyrifos, aux 3 effets.

  • Chez l’enfant

Certaines périodes de la vie telles que la grossesse et la petite enfance sont d’une plus grande vulnérabilité face à la présence d’un évènement ou agent toxique.

Les résultats récents permettent de préciser le type de leucémies de l’enfant concernées lors d’une exposition de la mère pendant la grossesse : leucémies aiguës et usages domestiques (présomption de lien forte) et leucémie aiguë myéloïde et exposition professionnelle. Un nouveau lien a été mis en évidence entre le risque de leucémie aiguë lymphoblastique en cas d’exposition professionnelle paternelle en période préconceptionnelle (présomption moyenne).

Concernant les tumeurs du système nerveux central, l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition professionnelle des parents aux pesticides (sans distinction) pendant la période prénatale. D’autre part, les résultats récents conduisent à une présomption forte d’un lien entre les tumeurs du système nerveux central et l’exposition domestique aux pesticides (sans distinction) pendant la grossesse ou pendant l’enfance.

D’autres travaux portent sur les liens entre l’exposition professionnelle ou environnementale des mères pendant la grossesse et les troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant. Ils confirment l’existence d’un lien avec un niveau de présomption fort, notamment pour certaines familles de pesticides, comme les organophosphorés. Concernant les pyréthrinoïdes, dont l’usage a augmenté en substitution aux insecticides organophosphorés, les résultats des nouvelles études sont concordants et mettent en évidence un lien entre l’exposition aux pyréthrinoïdes pendant la grossesse et l’augmentation des troubles du comportement de type internalisé tels que l’anxiété (présomption forte). Les données toxicologiques soutiennent une plausibilité biologique d’un effet à partir des modes d’action de ces pesticides.

Prendre en compte les données scientifiques les plus récentes pour mieux protéger les populations

La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doit inciter à une meilleure prise en compte de ces enjeux par les autorités. Par ailleurs, la littérature scientifique sur le sujet fait émerger de nouvelles préoccupations, concernant notamment les effets indirects de certains pesticides sur la santé humaine par le biais des effets sur les écosystèmes qui mériterait d’être d’avantage pris en considération par les chercheurs et les décideurs.

Que peut-on dire du chlordécone, du glyphosate et des SDHi ?

  • Le chlordécone, un insecticide qui a été utilisé aux Antilles françaises de 1973 à 1993, persiste dans ces milieux naturels insulaires. La consommation des denrées alimentaires contaminées a entraîné une contamination importante de l’ensemble de la population. La causalité de la relation entre l’exposition au chlordécone et le risque de survenue de cancer de la prostate est jugée vraisemblable.
  • Le glyphosate est un herbicide pour lequel l’expertise conclut à une présomption moyenne de lien avec les lymphomes non hodgkiniens. D’autres liens ont été évoqués dans la littérature scientifique pour le myélome multiple et les leucémies, mais les résultats sont moins solides. Les études expérimentales de cancérogenèse chez les rongeurs montrent des excès de cas, mais ne sont pas convergentes. On y observe des tumeurs différentes, pour les mâles ou les femelles, mais qui ne se produisent qu’à des doses de glyphosate très élevées et uniquement sur certaines souches de rongeurs.
  • Enfin, les SDHi sont une famille de fongicides à large spectre, utilisée depuis 30 ans qui inhibent la respiration cellulaire chez les espèces cibles. Il n’existe à ce jour pratiquement aucune donnée épidémiologique portant sur les effets de ces substances sur la santé des agriculteurs ou de la population générale. Les études expérimentales sur des poissons suggèrent que certains SDHi peuvent avoir des effets perturbateurs endocriniens, au moins dans le modèle utilisé. Certains montrent des effets cancérogènes sur les rats ou les souris mais ces résultats sont discutés sur la base d’un mécanisme non extrapolable à l’être humain. Les experts soulignent le besoin de poursuivre des recherches pour améliorer l’évaluation du potentiel cancérogène des SDHi et combler le manque de données chez l’humain.

 

[1] Il s’agit de Direction générale de la prévention des risques, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ainsi que le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Consultez l’expertise collective : « Pesticides et santé – Nouvelles données (2021)« 

Création d’un biocluster en oncologie centré sur le patient

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BioCluster©ParisSaclay

 

Sanofi, Gustave Roussy, l’Inserm, l’Institut Polytechnique de Paris et l’Université Paris-Saclay s’engagent pour faire émerger en France une médecine personnalisée à travers un cluster en oncologie centré sur le patient – le Paris Saclay Cancer Cluster.

Au lendemain des annonces du Président de la République Emmanuel Macron, dans le cadre du Conseil Stratégique des  Industries de Santé, Sanofi, Gustave Roussy, l’Inserm, l’Institut Polytechnique de Paris et l’Université Paris-Saclay annoncent leur projet de création du Paris Saclay Cancer Cluster, un centre réunissant des acteurs clés de l’innovation en oncologie. Ce projet, d’une ampleur unique en Europe, rassemblera les meilleures expertises scientifiques, humaines et technologiques pour inventer le futur de la médecine personnalisée et accélérer la découverte de nouveaux traitements sur mesure contre le cancer. À un horizon de dix ans, l’objectif affiché est de pouvoir offrir un diagnostic rapide au lit du patient, incluant une modélisation de la maladie et la construction d’une thérapie individuelle et personnalisée.

L’oncologie est un domaine où les besoins médicaux des patients restent en grande partie non couverts et où les avancées technologiques doivent permettre une amélioration du diagnostic, des prises en charge et de la survie.  Pouvoir assurer à la France et à l’Europe une position de leader en matière d’innovation en oncologie sur leur territoire en 2030 constitue un enjeu clé. La France dispose de forces mondialement reconnues en oncologie (qualité de la recherche académique avec un nombre de publications plaçant la France au 2ème rang mondial, hôpitaux, industriels, fonds de capital-risque, incubateurs) ; ces atouts doivent permettre de développer des solutions thérapeutiques et diagnostiques transformant la vie de patients et permettre de voir émerger un véritable écosystème d’innovation de dimension mondiale.

Le projet Paris Saclay Cancer Cluster ambitionne de s’appuyer sur cet écosystème à haut potentiel en réunissant les acteurs clés de l’innovation en oncologie (patients, hôpitaux, universités, industriels, investisseurs, organismes nationaux de recherche, associations de patients et autorités publiques), afin de développer les synergies les plus efficaces. S’appuyant sur un soutien politique fort, le projet prendra la forme d’un Centre d’oncologie prospective en région parisienne.

Le Paris Saclay Cancer Cluster se démarquerait avec :

  • La colocalisation et la pluridisciplinarité des cinq acteurs fondateurs qui favoriseront la conversion d’une recherche fondamentale d’excellence en applications concrètes et transformantes au bénéfice des patients,
  • Sa capacité à générer des retombées économiques massives (création de plusieurs milliers d’emplois directs, brevets, plusieurs milliards d’euros de levées de fonds, etc.),
  • Le choix de soutenir les projets les plus ambitieux, et la proposition d’un « lieu et lien uniques, facilitateurs » avec un accès sécurisé aux données anonymisées de plus de 100 000 patients,
  • La mise à disposition des compétences, des services et des infrastructures pour développer le futur de la médecine personnalisée et faire émerger des entreprises leader en oncologie sur le territoire. Ces projets de recherche seraient conduits par de nouvelles équipes mixtes publiques-privées, en complément des unités existantes, par exemple celles de Inserm/UP-Saclay à Gustave Roussy,
  • Des fondements solides pour faire réémerger la souveraineté thérapeutique française et européenne en localisant en Europe des capacités de R&D et de production des nouvelles thérapies et des nouveaux diagnostics contre les cancers (avec une ambition de cinq licornes françaises en oncologie),
  • La volonté affichée de s’ouvrir et d’attirer très rapidement en son sein de nombreux acteurs de l’oncologie mondiale, au-delà des membres fondateurs.

« Le Paris Saclay Cancer Cluster a pour vocation d’être à la fois unique et complémentaire des dispositifs existants par sa stratégie de recherche intégrant toutes les dimensions – clinique, fondamentale, universitaire, industrielle, transdisciplinaire…- sur une thématique, localisé en un lieu unique, au plus proche des patients. L’ambition de ce projet majeur est de permettre à la France et à l’Europe de s’imposer sur l’échiquier mondial de la cancérologie », a déclaré le Pr Jean-Charles Soria, Directeur Général de Gustave Roussy.

« Améliorer la prise en charge des patients atteints de cancers est fondamental pour Sanofi. Face à un adversaire aussi redoutable que le cancer, je me réjouis que des acteurs publics et privés réunissant les meilleures expertises médicales, académiques et scientifiques s’associent pour faire progresser la recherche et impulser une dynamique européenne. La convergence de la biologie et de la médecine avec la science des données et l’intelligence artificielle offre des opportunités majeures pour accélérer l’innovation thérapeutique et faire émerger de futures entreprises leaders en oncologie, positionnant ainsi la France à la pointe de l’innovation en Europe et dans le monde.», a déclaré Paul Hudson, Directeur Général de Sanofi.

« Je me réjouis de cette impulsion forte qui alliera le meilleur de la recherche académique à un développement industriel ambitieux et qui contribuera pleinement aux avancées scientifiques dans la lutte contre les cancers », a déclaré le Dr Gilles Bloch, Président-directeur général de l’Inserm.

« L’Université Paris-Saclay est très heureuse d’être membre fondateur du Paris Saclay Cancer Cluster, qui s’inscrit dans une volonté de répondre avec nos partenaires industriels à un des défis majeurs contemporain. Cette trajectoire commune avec nos facultés de médecine et de pharmacie irrigue les formations, la recherche et l’innovation en cancérologie. Le haut niveau disciplinaire de l’Université dans ce domaine est enrichi des interfaces en IA, sciences des données, mathématiques appliquées et ingénierie, également au meilleur niveau mondial.», a déclaré Sylvie Retailleau, Présidente de l’Université Paris-Saclay.

« En participant à la création du Paris Saclay Cancer Cluster, l’Institut Polytechnique de Paris affirme sa volonté profonde de s’impliquer dans un défi majeur de notre société, la cancérologie, en apportant ses compétences en IA, en sciences des données et en ingénierie. Cette union de tous les acteurs du public et du privé autour d’une grande ambition, nous permettant de porter à l’échelle les innovations dans ce domaine, aidera notre pays à atteindre sa souveraineté thérapeutique », a déclaré Eric Labaye, Président de l’Institut Polytechnique de Paris.

Prochaines étapes

Après une phase de préparation et de cadrage, les premiers projets du cluster devraient démarrer d’ici fin 2021. Ils seront focalisés sur l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques en s’appuyant sur une large collection d’échantillons de patients. Au préalable, une structure juridique qui hébergera le Paris Saclay Cancer Cluster sera créée et ses premiers employés, dont son Directeur général, seront recrutés tandis que les plateformes technologiques, les données et les premières formations seront accessibles (via le Cluster) dès 2021/2022. Les fondateurs rencontrent d’ores et déjà différents acteurs de l’oncologie, de la data, de l’IA, qui pourraient rejoindre le cluster prochainement.

A partir de 2023/2024, l’inauguration du Centre d’oncologie prospective sur un site proche de Gustave Roussy marquera une véritable accélération pour le cluster : l’objectif sera de sélectionner au moins une dizaine de nouveaux projets par an.

Après 2025, le cluster entrera dans une phase de pérennisation et d’expansion notamment à travers l’émergence de projets concentrés sur la création et l’optimisation de traitements et médicaments de nouvelle génération et de leur développement (accéléré et facilité par l’Intelligence artificielle), sur l’invention de nouveaux systèmes d’administration pour apporter aux patients un traitement personnalisé, et sur le déploiement de méthodes innovantes de traitement directement à leur chevet, tout en diffusant ces modèles pour qu’ils bénéficient à tous les patients quel que soit le lieu de prise en charge dans les territoires.

Méningites néonatales : l’immaturité du microbiote et des barrières épithéliales mise en cause

méningites

© Plexus choroïdes de nouveau-nés murins Bleu: noyaux cellulaires, vert: actine-phalloidin, rouge: fluorochrome. © Unité Biologie de l’infection – Institut Pasteur

Les méningites sont associées à une mortalité importante et entraînent fréquemment de lourdes séquelles. Les nouveau-nés sont particulièrement sensibles à ce type d’infection et en développent 30 fois plus fréquemment que la population générale. Le streptocoque du groupe B est la bactérie la plus souvent en cause dans les méningites du nouveau-né alors qu’elle ne provoque qu’exceptionnellement une maladie chez l’adulte. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’Inserm, Université de Paris et l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP ont cherché à expliquer la susceptibilité néonatale au développement des méningites à streptocoque B. Ils montrent, chez le modèle murin, que l’immaturité du microbiote intestinal ainsi que celles des barrières épithéliales telles que l’intestin et le plexus choroïdes jouent un rôle dans la susceptibilité des nouveau-nés à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B. Ces résultats ont été publiés dans la revue Cell Reports, le 29 juin 2021.

Les nouveau-nés sont plus susceptibles de développer une méningite bactérienne que les enfants et les adultes. Le streptocoque du groupe B est le pathogène responsable d’une grande partie des méningites néonatales. Dans la plupart des cas, l’infection est précédée par la colonisation de l’intestin par la bactérie. La flore commensale bactérienne intestinale (microbiote) joue un rôle physiologique clé, car elle participe notamment à la digestion, protège des pathogènes intestinaux et contribue à la différentiation des tissus et au développement de l’immunité. Chez le nouveau-né, cette flore est absente, et elle va progressivement s’implanter dans les premières semaines de vie.

Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’Inserm, Université de Paris et l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris démontrent, dans un modèle murin, que l’immaturité du microbiote intestinal du nouveau-né est en partie responsable de la susceptibilité néonatale à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B. En l’absence de microbiote mature, la bactérie peut en effet coloniser abondamment l’intestin du nouveau-né. De plus, la fonction barrière des vaisseaux sanguins de l’intestin que la bactérie doit traverser pour disséminer jusqu’au cerveau par le sang est moindre et le système immunitaire ne parvient pas à contrôler l’infection.

De manière surprenante, les chercheurs ont également mis en évidence qu’indépendamment du microbiote, les barrières épithéliales que constituent l’intestin et les plexus choroïdes (l’interface entre le sang et le liquide cérébro-spinal qui baigne le cerveau) ne sont pas complètement matures chez le nouveau-né, ce qui favorise l’accès des bactéries au cerveau.

En effet, l’activité d’une voie de signalisation appelée Wnt impliquée dans la croissance et la différentiation des tissus est plus importante chez le nouveau-né, ce qui se traduit par une fonction barrière moindre de l’intestin et des plexus choroïdes à cet âge.

« Nous montrons dans cette étude comment deux facteurs liés au jeune âge, l’immaturité du microbiote et la croissance des tissus épithéliaux intestinaux et choroïdiens, sont impliqués dans la susceptibilité des nouveau-nés à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B, à toutes les étapes de l’infection depuis la colonisation de l’intestin jusqu’à sa dissémination dans le cerveau » explique Marc Lecuit (PU-PH, Université de Paris, hôpital Necker-Enfants malades), responsable de l’unité Biologie de l’infection à l’Institut Pasteur et dernier auteur de cette étude.

Les résultats de ces travaux illustrent l’importance du microbiote et son rôle dans la protection contre les infections.

Consommer une alimentation riche en caroténoïdes diminue les risques de développer une DMLA

Fruits et légumes, dont certains contiennent des caroténoïdes ©Engin Akyurt/ Unsplash photos

 

Un régime alimentaire de type méditerranéen – riche en fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, huile d’olive et poissons gras – permettrait de prévenir le développement de la DMLA, maladie dégénérative qui est la première cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans. Une nouvelle étude publiée par des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux au Centre de recherche Bordeaux Population Health met en évidence de façon inédite une association entre les caroténoïdes circulants – des pigments végétaux protecteurs pour la rétine – et une réduction du risque de développer une forme avancée de DMLA. Ces travaux, fondés sur le suivi de 609 personnes sur huit ans, constituent la première étude longitudinale à identifier cette association et font l’objet d’une publication dans la revue Nutrients.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de perte de la vision dans les pays industrialisés. Il s’agit d’une maladie dégénérative qui affecte la partie centrale de la rétine, cruciale pour les tâches quotidiennes (lire, conduire, reconnaître les visages…). À un stade avancé, la maladie prend deux formes : la forme néovasculaire, ou humide, que l’on soigne par injection d’anti-VEGF[1] directement dans l’œil, et la forme atrophique, ou sèche, pour laquelle il n’existe pas encore de traitements.

Néanmoins, à défaut de soigner complètement la maladie, il est possible de la prévenir ou de ralentir sa progression. On connaît déjà bien les facteurs de risque de la DMLA, qui sont liés à l’âge et au terrain génétique. Cependant, il s’agit de facteurs non modifiables, sur lesquels nous n’avons pas les moyens d’agir.

Depuis vingt ans, les chercheurs s’intéressent au lien entre nutrition et DMLA. Nous savons aujourd’hui que de nombreux aliments permettent de ralentir la dégénérescence : acide gras (oméga 3), antioxydants (vitamines C, zinc…). Ils protègent en effet la macula, la zone de l’œil affectée par la DMLA qui se situe au centre de la rétine.

À travers une étude prospective réalisée à partir du suivi sur 8 ans de la cohorte ALIENOR, l’objectif des chercheurs était d’étudier le lien entre la présence de lutéine et de zéaxanthine dans le plasma et l’apparition de la DMLA.

La lutéine et la zéaxanthine font partie de la grande famille des caroténoïdes. On les retrouve notamment dans les fruits jaune orangé comme les agrumes ou les tomates, ainsi que dans les légumes à feuilles vertes, tels que les épinards, les choux et les blettes. Ce sont des pigments qui jouent un rôle très spécifique pour l’œil puisqu’ils sont présents en grande concentration dans la macula. Ils ne sont pas synthétisés par notre corps, c’est pourquoi nous devons les absorber à travers notre alimentation.

Là où les précédentes études se fondaient uniquement sur les informations renseignées par les participants concernant leur régime alimentaire, l’équipe de la chercheuse Inserm Bénédicte Merle a analysé des prélèvements sanguins et a ainsi pu démontrer une association objective entre des niveaux circulants de lutéine et de zéaxanthine et une diminution du risque de la DMLA.

Ces travaux révèlent qu’une concentration plus importante de caroténoïdes dans le plasma, en particulier de lutéine et de zéaxanthine, réduit de 37 % le risque de développer une forme avancée de DMLA.

Ce résultat est similaire pour les formes atrophique et néovasculaire de la maladie. Toutefois, au-delà de la lutéine et la zéaxanthine, aucun autre caroténoïde n’a été associé à une telle diminution des risques.

La lutéine et la zéaxanthine apportent en effet une vraie protection à la rétine : d’une part elles absorbent la lumière bleue, qui est connue pour endommager la rétine sur le long terme. D’autre part, elles jouent le rôle d’antioxydant afin de protéger la rétine du stress oxydatif[1], qui est justement un facteur de la DMLA.

L’étude ALIENOR est une étude en population qui vise à évaluer le lien entre les maladies de l’œil et les facteurs nutritionnels. Dans le cadre de ces travaux, 609 participants âgés de 73 ans en moyenne ont été recrutés entre 2006 et 2008. Les participants ont réalisé dès leur intégration un dosage sanguin pour mesurer leur concentration plasmatique en lutéine et en zéaxanthine. Ils ont ensuite effectué une consultation ophtalmologique afin de diagnostiquer la DMLA. Parmi eux, 54 ont développé une DMLA sur la période de suivi, qui a duré 8 ans.

Que faut-il manger pour prévenir l’apparition ou ralentir la progression de la DMLA ?

Pour avoir des concentrations plasmatiques suffisantes en lutéine et en zéaxanthine dans l’organisme, il convient de privilégier les fruits et les légumes jaune orangé (tomates, carottes, agrumes), ainsi que les légumes à feuilles vertes (chou, épinards). « Si on veut aller un peu plus loin, l’alimentation la plus bénéfique pour prévenir la DMLA serait un régime de type méditerranéen, riche en fruits et légumes et qui apporte assez d’oméga 3 grâce aux poissons gras », souligne Bénédicte Merle, auteure de l’étude.

Au-delà des recommandations nutritionnelles, la découverte du rôle de ces caroténoïdes ouvre des pistes pour repérer des groupes de population plus à risque de développer la DMLA en fonction de leur régime alimentaire. Cette étude offre donc des stratégies de prévention mais aussi d’identification des facteurs de risque qui seront utiles pour l’avenir de la recherche.

 

[1] Le stress oxydatif est l’ensemble des agressions causées par des molécules dérivant de l’oxygène sur les cellules de notre corps. Les plus connues de ces substances néfastes sont les radicaux libres.

[1] Les anti-VEGF sont des nouvelles thérapeutiques qui agissent sur la membrane même des cellules et sont souvent utilisés pour empêcher la survie des tumeurs.

« Donnez du sens à votre métier : rejoignez la recherche en santé ! » : Lancement de la campagne de recrutement 2021 de l’Inserm

RH campagne 2021 Inserm

En 2021, l’Inserm a choisi de mettre ses collaborateurs à l’honneur à travers une campagne de communication numérique colorée et dynamique. Crédits : © Inserm ; photos : ©François Guénet

 

Juristes, biologistes, informaticiens, statisticiens ou encore gestionnaires : donnez du sens à votre métier en rejoignant l’Inserm ! Le premier organisme public entièrement dédié à la recherche en santé humaine lance sa campagne de recrutement nationale pour promouvoir les inscriptions aux concours externes de la fonction publique. L’occasion pour l’Inserm de présenter plusieurs de ses collaborateurs ainsi que leurs métiers parfois méconnus. Au total, 83 postes sont à pourvoir sur tout le territoire. Les inscriptions sont ouvertes et accessibles en ligne jusqu’au 15 juillet.

Donnez du sens à votre métier en rejoignant l’Inserm ! Les inscriptions aux concours externes 2021 sont ouvertes et offrent aux candidats et candidates un éventail d’opportunités avec plus de 83 postes à la clé en 2021 et une grande variété de métiers. Ainsi, les profils recherchés concernent de nombreux domaines : techniques biologiques, virologie, valorisation, gestion financière et administrative, ressources humaines, informatique, communication… Tous les postes ouverts aux concours Inserm permettent d’intégrer la fonction publique d’État.

Rejoindre les équipes de l’Inserm, c’est intégrer une structure regroupant plus de 15 000 chercheurs, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs, réunis avec un objectif commun : améliorer la santé de tous par le progrès des connaissances sur le vivant et sur les maladies, l’innovation dans les traitements et la recherche en santé publique.

L’ensemble des informations concernant les concours et leurs modalités ont été répertoriées sur le site https://concours.inserm.fr/rejoindre-inserm.

Une campagne numérique colorée et dynamique qui donne la parole aux agents de l’Inserm

En 2021, l’Inserm a choisi de mettre ses collaborateurs à l’honneur à travers une campagne de communication numérique colorée et dynamique. Déclinée sur les réseaux sociaux LinkedIn, Twitter, Instagram et Facebook, et sur plusieurs sites de presse en ligne, la campagne « Donnez du sens à votre métier : rejoignez la recherche en santé ! » présente le profil de plusieurs agents fonctionnaires de l’Inserm qui ont accepté de livrer leurs témoignages. Sous la forme d’interviews, les participants partagent à la fois leur parcours, leur métier, ainsi que le sens des fonctions qu’ils exercent à l’Inserm.

C’est le cas de Marie Metzger, biostatisticienne en poste depuis douze ans : « En aidant les chercheurs et les médecins, à analyser les données et à les interpréter, les biostatisticiens contribuent à améliorer la santé de tous », explique-t-elle. Oguz Kulaksiz, est quant à lui gestionnaire des ressources externes depuis avril 2019. « J’aime être au cœur de la gestion de projet et interagir avec de nombreux réseaux. Je suis au centre des échanges entre les chercheurs et les financeurs et je travaille en synergie totale avec les équipes internes de l’Inserm », souligne-t-il.

Cette quête de sens et de service rendu aux citoyens incarnée par le slogan « Donnez du sens à votre métier » résonne encore plus après un an et demi de crise sanitaire ; crise qui a vu l’Inserm se hisser au tout premier plan des acteurs de la lutte contre la Covid-19. Cette campagne, orchestrée par la direction de la communication de l’Inserm, est l’un des axes forts de sa stratégie de communication tournée vers une meilleure perception de ses missions et de son action auprès du grand public.

Les interviews sont à retrouver sur le site https://concours.inserm.fr/rejoindre-inserm.

Comment prédire le risque suicidaire chez les étudiants grâce à l’intelligence artificielle ?

risque suicidaire

Alors même que le nombre d’étudiants vulnérables augmente sous l’effet de la crise sanitaire, détecter les individus en grande détresse et à risque suicidaire est essentiel pour permettre d’intervenir le plus précocement possible. © Ben Blennerhassett – Unsplash

Comment prédire le risque suicidaire chez les étudiants ? C’est une question d’actualité, alors que les effets délétères de la crise sanitaire sur la santé mentale des étudiants sont de plus en plus visibles, et que l’on connait l’importance d’une détection et d’une prise en charge précoce de ce risque. Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux, en collaboration avec les universités de Montréal et McGill au Québec, ont identifié, grâce à l’intelligence artificielle, un ensemble restreint d’indicateurs de santé mentale qui prédisent avec précision les comportements suicidaires des étudiants. Les résultats sont publiés dans la revue Scientific Reports.

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans et les étudiants sont particulièrement exposés au risque de comportements suicidaires. Plusieurs facteurs connus peuvent contribuer à l’augmentation des risques chez cette population : le passage du lycée à l’université, l’augmentation de la charge de travail, l’augmentation du stress psychosocial et des pressions scolaires, et l’adaptation à un nouvel environnement. Ces risques ont par ailleurs été exacerbés par la situation de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Une détection précoce des comportements suicidaires (les pensées suicidaires et les tentatives de suicide) est primordiale afin de permettre l’accès à une prise en charge adéquate. Grâce à une méthode d’apprentissage automatique[1], ou « machine learning method » en anglais, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux ont développé un algorithme permettant d’identifier de façon précise les principaux facteurs prédictifs des comportements suicidaires parmi une population étudiante.

Suivi sur un an de plus de 5 000 étudiants français

Les résultats de cette étude portent sur l’analyse de données recueillies auprès de 5 066 étudiants qui ont été suivis sur une période supérieure ou égale à un an, entre 2013 et 2019. Tous appartiennent à la cohorte i-Share qui porte sur la santé des étudiants, dirigée par Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux, praticien au CHU de Bordeaux et directeur du centre de recherche Bordeaux Population Health.   

Les participants sont âgés de plus de 18 ans, francophones et inscrits dans une université française. Ils ont rempli deux questionnaires en ligne détaillés : un au moment de leur inscription, l’autre un an plus tard. Les informations recueillies par ce biais renseignent les chercheurs à la fois sur la santé des participants, leurs consommations de drogue et d’alcool, leurs antécédents médicaux et psychiatriques ainsi que sur leur état psychique.

Ce suivi a révélé qu’environ 17% des étudiants participants, filles (17,4%) comme garçons (16,8%), ont présenté des comportements suicidaires au cours de l’année qui s’est écoulée entre les deux questionnaires.

Avant d’initier le travail de modélisation s’appuyant sur l’intelligence artificielle, les chercheurs ont d’abord identifié 70 facteurs prédictifs potentiels, recueillis dans le questionnaire d’inclusion, ayant une influence sur les comportements suicidaires selon les données de la littérature scientifique. Il s’agit notamment des données sociodémographiques, de certains paramètres de santé physique et mentale, des antécédents personnels et familiaux de comportements suicidaires, des conditions et habitudes de vie, de la consommation de substances et des traumatismes liés à l’enfance.

La méthode d’apprentissage automatique, qui consiste à analyser simultanément de nombreux facteurs associés au risque suicidaire, a ensuite permis de dresser un classement de ces 70 facteurs prédictifs potentiels, selon leur importance dans la prédiction des comportements suicidaires des étudiants.

Les résultats de l’étude révèlent que parmi ces 70 prédicteurs potentiels mesurés à l’inclusion, quatre permettent de détecter environ 80% des comportements suicidaires lors du suivi. Il s’agit des pensées suicidaires, de l’anxiété, des symptômes de dépression et de l’estime de soi.

Pour les chercheurs, ces résultats suggèrent que des échelles psychologiques validées et couramment utilisées comme l’échelle de Rosenberg qui mesure l’estime de soi, l’échelle STAI-YB de Spielberger pour l’anxiété et la PHQ-9 pour la dépression, seraient suffisamment informatives pour identifier les étudiants susceptibles de présenter des comportements suicidaires.

« Ces travaux demandent confirmation mais ils ouvrent la possibilité de dépistage à grande échelle en identifiant, grâce à des questionnaires courts et simples, les étudiants à risque de suicide pour les orienter vers une prise en charge adéquate », explique Christophe Tzourio, coordinateur de l’étude.

L’estime de soi : un marqueur important et jusqu’alors méconnu

Dans des analyses secondaires effectuées sur un sous-échantillon incluant uniquement les participants qui ne présentaient pas de comportements suicidaires à leur entrée dans la cohorte, soit 3946 étudiants, les principales variables prédictives qui se sont démarquées dans l’analyse statistique étaient les symptômes dépressifs, l’estime de soi et le stress académique chez les filles et majoritairement l’estime de soi chez les garçons. L’estime de soi représenterait donc un marqueur prédictif indépendant et important du risque suicidaire.

« Les spécialistes de santé mentale dans nos équipes ne s’attendaient pas à ce que l’estime de soi fasse partie des quatre facteurs prédictifs majeurs des comportements suicidaires », souligne Mélissa Macalli, doctorante en épidémiologie et auteure de l’étude. « Ce résultat, qui n’aurait pas été obtenu sans l’utilisation de techniques d’intelligence artificielle, qui ont permis de croiser un grand nombre de données de façon simultanée, ouvre des nouvelles perspectives aussi bien de recherche que de prévention », conclut-elle.

L’impact de l’épidémie de COVID-19 chez les étudiants

L’épidémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur la santé mentale des étudiants, une population déjà connue pour ses hauts niveaux de stress, d’anxiété, de symptômes dépressifs et de conduites suicidaires. Les causes ont été identifiées : l’isolement social, en lien avec la fermeture des universités, l’effondrement des ressources financières avec la disparition des jobs étudiants, les inquiétudes sur le déroulement des études et les perspectives d’avenir. L’étude CONFINS (www.confins.org, équipe i-Share et Kappa Santé) lancée en Avril 2020 pour mesurer l’impact de l’épidémie sur le bien-être et la santé mentale, a montré que 33% des étudiants présentaient des symptômes dépressifs contre 16% chez les non étudiants. Alors même que le nombre d’étudiants vulnérables augmente sous l’effet de la crise sanitaire, détecter les individus en grande détresse et à risque suicidaire est essentiel pour permettre d’intervenir le plus précocement possible.

[1]L’apprentissage automatique, également appelé apprentissage machine ou apprentissage artificiel et en anglais machine learning, est une forme d’intelligence artificielle (IA) qui permet à un système d’apprendre à partir des données et non à l’aide d’une programmation explicite.

La télévision allumée pendant les repas associée à un plus faible développement du langage chez les jeunes enfants

repas devant la TV

Les enfants âgés de 3 à 6 ans passent en moyenne près de 2 heures par jour devant les écrans. © iStock – skynesher

 

Les enfants âgés de 3 à 6 ans passent en moyenne près de 2 heures par jour devant les écrans[1]. Si de nombreux chercheurs ont mis en évidence des liens entre le temps passé à les regarder et le développement cognitif de l’enfant, peu ont orienté leurs recherches sur le contexte des usages. Des chercheurs Inserm au Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistiques – Université de Paris (CRESS), ont identifié une association entre le fait que la télévision soit allumée en permanence au moment des repas familiaux et un plus faible développement du langage. Les résultats de l’étude font l’objet d’une publication dans la revue Scientific Reports.

Le langage est une pratique sociale, et l’interaction humaine joue un rôle important dans son acquisition. Le développement du langage des enfants est ainsi grandement influencé par leur environnement immédiat, c’est-à-dire par les interactions qu’ils ont avec leurs parents, leurs frères et sœurs, ainsi qu’avec les autres enfants. Au cours des dernières décennies, les écrans sont devenus incontournables dans cet environnement. Même les enfants d’âge préscolaire passent un temps considérable à les regarder.

Grâce au suivi sur plusieurs années d’enfants issus de la cohorte française EDEN[2], des chercheurs de l’Inserm et d’Université de Paris ont pu mesurer les temps d’exposition aux écrans et plus spécifiquement la fréquence d’exposition pendant les repas de famille, moments clés d’échanges verbaux entre adultes et enfants. Des évaluations du langage ont été menées en parallèle afin d’identifier la manière dont le contexte de l’exposition aux écrans peut influencer le développement du langage chez l’enfant.

1 562 enfants suivis à 2, 3 et 5 ans et demi

Pour mesurer ces temps et contextes d’usage des écrans, des questionnaires ont été remplis par les parents des 1 562 enfants de la cohorte suivis à l’âge de 2, 3 et 5 ans et demi. Dans le cadre de l’étude, les parents ont notamment renseigné la fréquence à laquelle la télévision était allumée pendant les repas. Pour le temps d’écran des enfants, seuls les temps passés devant la télévision, l’ordinateur et les jeux vidéo ont été considérés.

L’évaluation du langage des enfants a été effectuée grâce à des questionnaires remplis par les parents lorsque les enfants étaient âgés de 2 ans[3], puis par des psychologues lorsqu’ils ont atteint 3 ans et 5 ans et demi. Afin de tenir compte du rôle potentiel joué par d’autres facteurs, plusieurs autres variables ont été incluses dans l’analyse statistique, comme des caractéristiques socioéconomiques de la famille (revenus, niveau d’étude des parents…) ou liées à l’enfant (sexe, mode de garde, activités avec les parents…).

Le croisement de ces données a révélé qu’une fréquence plus élevée de télévision allumée (regardée ou allumée en fond sonore ou visuel) pendant les repas de famille était associée à de moins bons résultats en matière de langage. En revanche, le langage de l’enfant ne semblait pas directement lié au temps qu’il passe devant les écrans.

Dans une approche analysant ces relations à chaque âge, le niveau de langage à 2 ans était plus faible chez les enfants « toujours » exposés à la télévision pendant les repas de famille par rapport aux enfants qui ne l’étaient « jamais »[4]. À 3 et 5 ans et demi, les évaluations de langage et le quotient intellectuel verbal étaient plus élevés chez les enfants « jamais » exposés à la télévision pendant les repas de famille, par rapport à ceux qui l’étaient « parfois » ou plus fréquemment.

Dans une approche s’intéressant à la temporalité entre l’exposition aux écrans et le développement du langage, le quotient intellectuel verbal évalué à l’âge de 5 ans et demi s’est révélé inférieur chez les enfants qui ont toujours été exposés à la télévision pendant les repas de famille à l’âge de 2 ans comparé à ceux qui ne l’étaient jamais (différence moyenne de 3 points de QI). Ces résultats encouragent donc à mieux prendre en compte le contexte dans lequel s’inscrit l’exposition aux écrans, et pas seulement sa durée.

« Bien que les enfants soient exposés au langage par l’intermédiaire des dessins animés et d’autres programmes vus sur des écrans, l’interaction verbale entre l’adulte et l’enfant est fortement associée à un meilleur développement du langage de l’enfant. La télévision pendant les repas peut donc constituer un frein aux interactions verbales de l’enfant, diminuant à la fois la qualité et la quantité des échanges entre enfants et adultes », explique Jonathan Bernard, chercheur Inserm et co-auteur de l’étude.

La télévision allumée au cours des repas familiaux peut avoir à la fois un effet sur l’enfant, en le distrayant, et sur les parents en détournant les conversations avec leurs enfants.

Les stimulations auditives et visuelles peuvent augmenter les distractions des enfants et des parents dans leur environnement familial et accroître les difficultés pour un enfant d’extraire d’un fond sonore les distinctions phonologiques et caractéristiques syntaxiques propres à la langue et nécessaires à la qualité de son apprentissage.

 

[1] Chiffres enquête INCA 3 (Anses), 2014-2015

[2] La cohorte Eden est née du recrutement de 2 002 femmes enceintes effectué entre 2003 et 2006 dans les maternités publiques de Poitiers et Nancy. EDEN est la première Etude de cohorte généraliste, menée en France sur les déterminants pré et post natals précoces du développement psychomoteur et de la santé de l’enfant.

[3] A 2 ans, l’évaluation des compétences du langage des enfants a été réalisée par le biais des inventaires français du développement communicatif (IFDC). A 3 ans, les compétences du langage ont été mesurées par les batteries d’évaluation du langage oral NEPSY et ELOLA. A 5-6 ans, par une évaluation du quotient intellectuel.

[4] L’exposition à la télévision pendant les repas familiaux a été évaluée à plusieurs reprises aux trois âges avec la question suivante : « À quelle fréquence la télévision est-elle allumée dans la salle à manger pendant que l’enfant mange à la maison ? » avec quatre éléments de réponse : jamais, parfois, souvent ou toujours.

Publication de l’expertise collective de l’Inserm : « Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool »

alcool

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. © Adobe stock

La consommation d’alcool est un facteur de risque majeur pour la santé. Cette consommation est impliquée directement ou indirectement dans la survenue d’une soixantaine de maladies. En France, on compte près de 43 millions de consommateurs d’alcool. Face aux conséquences sanitaires, sociales et financières que cela implique, la Direction Générale de la Santé et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives ont sollicité l’Inserm pour dresser un état des lieux des dommages liés à l’alcool et formuler les pistes de recherche et d’actions pour les réduire. Un groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective, publie un rapport concernant la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool. Il y est notamment question des stratégies de prévention au niveau de la société. Il s’appuie sur les données issues de la littérature scientifique disponibles au premier semestre 2020.

L’Inserm a coordonné une expertise collective afin d’établir dans un premier temps une analyse critique des dernières connaissances scientifiques en la matière et dresser des constats. Dans un second temps, le groupe d’experts a émis des recommandations visant à réduire les risques et les dommages sur la santé liés à la consommation d’alcool. Près de 3 600 documents ont été rassemblés et concernent un éventail de disciplines variées telles que la recherche clinique, marketing social ou encore la sociologie.

La consommation d’alcool, première cause d’hospitalisation en France

En France, des niveaux élevés de consommation touchent à la fois les jeunes et les séniors. Expérimentée pour la première fois à l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10 fois ou plus/mois) pour 8 % des jeunes de 17 ans, tandis que 40 à 50 % d’entre eux déclarent avoir au moins une alcoolisation ponctuelle importante (5 verres ou plus en une seule occasion) mensuelle. Chez les adultes, la consommation moyenne par jour est de 27 g d’alcool pur par personne (soit près de 3 verres).

L’alcool était la 7ème cause de perte d’années de vie en bonne santé dans le monde en 2016, et aussi la première cause d’hospitalisation en France. La mortalité attribuable à l’alcool, plus élevée en France qu’ailleurs en Europe, est de 11 % des décès pour les hommes et 4% pour les femmes chez les 15 ans et plus, soit 41 000 décès (30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes derniers chiffres datant de 2015).

L’expertise souligne que le prix de l’alcool, sa disponibilité ou encore les normes relatives à sa consommation, sont associés à des perceptions positives et donc incitent à boire. Elle montre que, au-delà de facteurs individuels, le marketing de l’alcool (produit, prix, publicité, accès au produit) influence les niveaux et modes de consommation et joue un rôle primordial dans les comportements d’alcoolisation des jeunes. Internet et les réseaux sociaux où la publicité est peu régulée sont particulièrement investis par les producteurs d’alcool.

Les recommandations des experts touchent les questions de loi et de réglementation de la vente, de communication et d’interventions à considérer.

Pour le durcissement de la loi Évin sur la régulation de la publicité et l’encadrement de la vente d’alcool

En France, la loi Évin de 1991 encadre la lutte contre les dommages liés à la consommation d’alcool (et de tabac) mais, les experts constatent que, dans sa version actuelle, en plus de n’être pas toujours respectée, elle a été considérablement modifiée et affaiblie sous l’effet du lobbying des producteurs d’alcool.

Le groupe d’experts recommande notamment de réduire l’attractivité de l’alcool et les messages positifs diffusés, de limiter son accès :

  • renforcer la loi Évin pour interdire la publicité sur internet, dans l’espace public et contrer les effets du marketing par une meilleure visibilité des avertissements sanitaires.
  • augmenter le prix (taxation par gramme d’alcool comme pour la taxe soda, ou prix minimum comme en Écosse), le vin est par exemple très peu taxé
  • contrôler mieux et automatiquement son accès aux mineurs
  • réduire sa disponibilité (plage horaire de vente et nombre de commerces ou de licences)

Pour une communication renforcée des autorités et une éducation à la santé à destination du grand public

Le groupe d’experts recommande l’utilisation de messages de prévention, destinés à l’ensemble de la population, compréhensibles, spécifiques et faciles à mettre en application et déclinés pour permettre leur diffusion numérique. Ces messages doivent également être adaptés lorsqu’ils sont créés à destination des groupes les plus vulnérables.

Selon l’expertise collective, il convient de rappeler :

  • les repères de consommation à risque faible[2],
  • le zéro alcool, particulièrement pendant la grossesse et la période pré-conceptionnelle,
  • la plus grande vulnérabilité biologique des femmes vis-à-vis de l’alcool,

L’expertise souligne un enjeu prioritaire pour la prévention est le renforcement :

  • des facteurs de protection dès le début du parcours de vie des individus. Des interventions de prévention de la consommation visant à renforcer les connaissances et les « compétences » des usagers sont à développer, en particulier par une communication digitale.
  • des facteurs génériques de protection telles que les compétences parentales et les compétences psychosociales : des interventions de ce type sont efficaces en milieu scolaire, auprès des parents ou des familles, et en milieu du travail.
  • des avertissements sanitaires et favoriser les campagnes d’arrêt de la consommation, à l’image de l’opération « Dry January » (mois sans alcool), dont les bénéfices (et le faible coût) ont été démontrés.

Pour des interventions d’amélioration et d’adaptation du diagnostic et de la prise en charge

Les experts suggèrent que ces actions de prévention soient complétées par une stratégie de dépistage systématique d’une consommation d’alcool à risque afin de permettre si nécessaire, une prise en charge adaptée. L’expertise propose alors que soit mise en place une meilleure formation des professionnels de soins primaires aux stratégies de dépistage et aux différentes méthodes d’intervention efficaces.

Ainsi le groupe d’experts préconise :

  • des « interventions brèves » dispensées par un personnel formé, qui consistent en un conseil personnalisé minimal et s’adressent à des personnes qui ont un usage à risque ou sont en difficulté avec leur consommation. Elles sont souvent associées de façon bénéfique au dépistage et ont un rapport coût-efficacité positif clairement établi. Ces interventions peuvent être utilisées sur des supports électroniques adaptés aux interventions en collectivité (écoles, armée…).
  • un renforcement de la qualité du suivi sur le long terme des patients dépendants à l’alcool pour éviter la rechute, favorisant des stratégies thérapeutiques efficaces (psychothérapeutiques, médicamenteuses, de remédiation cognitive, de réhabilitation sociale et de prise en charge des comorbidités).

L’expertise collective conclut que les conséquences sanitaires, sociales et financières très importantes de la consommation d’alcool même à de faibles niveaux, représentent un fardeau pour la société française sans pour autant que les moyens alloués pour les contrer soient à la hauteur des enjeux. Les mesures préconisées dans  cette expertise, destinées à la population et aux pouvoirs publics devraient pouvoir s’inscrire au cœur d’une politique de réduction des risques et des dommages basée sur une réduction des consommations.

 

[1] En établissant l’association entre des variations génétiques associées spécifiquement à un trait biologique d’intérêt et en mesurant leurs effets sur le risque de maladies, la randomisation mendélienne permet d’établir une relation de cause à effet entre des traits biologiques et le risque de maladies.

[2] Santé publique France : pas plus de 2 verres/j et pas tous les jours

Interchangeabilité des vaccins COVID 19 à ARNm : début des inclusions pour l’essai AP-HP – ARNCombi

Vaccin contre la Covid-19

Injection d’un vaccin contre la Covid-19 © AdobeStock

Afin de faciliter l’organisation de la campagne vaccinale, il peut être proposé d’utiliser l’un ou l’autre des deux vaccins à ARNm pour la 2ème dose (Pfizer-BioNTech ou Moderna) de vaccination. L’essai AP-HP – ARNCombi a pour objectif de comparer l’efficacité immunologique du schéma vaccinal standard avec deux doses du même vaccin à ARNm contre la Covid-19 à un schéma combinant deux vaccins ARNm différents (une dose de vaccin Moderna après une dose du vaccin Pfizer ou une dose de vaccin Pfizer après une dose de vaccin Moderna). Il est promu par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et rendu possible grâce à la plateforme COVIREIVAC coordonnée par l’Inserm.

400 participants sont attendus pour cet essai randomisé. Les participants doivent être âgés de plus de 18 ans, avoir déjà reçu une des deux doses de vaccin ARN messager avec une seconde injection programmée dans les 4 à 6 semaines après la première injection.

Un prélèvement sanguin pour rechercher la présence d’anticorps spécifiques dirigés contre le virus SARS Cov-2 (virus de la Covid-19) sera réalisé avant la 2ème dose puis quatre semaines plus tard.

Les premières inclusions ont eu lieu le 28 mai 2021. L’essai est conduit dans 17 centres en France : trois hôpitaux de l’AP-HP et 14 autres centres répartis sur tout le territoire français. Certains de ces centres font partie de la plateforme COVIREIVAC.

Lancée en octobre 2020, la plateforme COVIREIVAC coordonnée par l’Inserm et F CRIN en lien avec 32 centres hospitaliers universitaires et un réseau de 11 laboratoires d’immunologie vise à mener et à promouvoir une recherche clinique vaccinale d’excellence en France. Depuis le 1er octobre 2020, 50 000 volontaires se sont inscrits pour participer aux efforts de recherche et améliorer les connaissances vis-à-vis de ces nouveaux vaccins. Il s’agit d’une initiative sans précédent dans notre pays. La plateforme est pilotée par l’Inserm, et le volet opérationnel clinique fait l’objet d’une coordination par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris des différents CHU. De nouveaux projets de recherche sont régulièrement lancés dans le cadre de COVIREIVAC.

Même si plusieurs vaccins contre la Covid-19 sont disponibles, il est impératif de poursuivre la recherche afin d’approfondir les connaissances scientifiques, notamment la durée de la protection et la qualité de la réponse immunitaire.

Les études cliniques coordonnées par COVIREIVAC ont pour objectif d’apporter des réponses à ces questions de recherche.

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