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Emmanuel Lagarde
Chercheur Inserm
U1219 BPH – Bordeaux Population Health Research Center
Les niveaux d’anxiété, de dépression et la santé mentale perçue se sont fortement dégradés durant le confinement. © Erik Mclean on Unsplash
Calyxis à Niort et le centre de recherche Inserm Bordeaux Population Health publient les résultats de leur étude sur les conséquences du confinement sur la santé mentale dans la revue Globalization and Health. Les niveaux d’anxiété, de dépression et la santé mentale perçue se sont fortement dégradés dans la population des volontaires de la cohorte MAVIE, en particulier chez les femmes, les plus jeunes et les plus âgés, et ceux disposant d’un logement de moins de 30 m2.
En 2014, l’Inserm et l’université de Bordeaux se sont associés au centre d’expertise dédié à la prévention des risques Calyxis pour mettre en place l’Observatoire MAVIE destiné à étudier les accidents de la vie courante en France auprès de 10 000 volontaires. Lors de leur recrutement, il leur était proposé de remplir plusieurs questionnaires en ligne destinés à connaître leur état de santé et leur mode de vie. La survenue éventuelle d’accidents de la vie courante a ensuite été recensée pendant 6 ans. Au moment du premier confinement lié à la pandémie de SARS-CoV-2, partant du constat que l’état de santé mentale des volontaires de l’observatoire MAVIE avait fait l’objet d’une mesure lors du recrutement, une deuxième estimation de cet état de santé mentale a été réalisée, de façon à la comparer à la première.
Deux échelles validées ont été utilisées : la première appelée Patient Health Questionnaire-9 (PHQ-9) est destinée à mesurer les symptômes de dépression. La deuxième est le Generalized Anxiety Disorder 7-item Scale (GAD-7) qui donne une mesure des symptômes liés à l’anxiété. Un troisième indicateur a été introduit qui consistait à demander aux participants de noter leur état de santé mentale sur une échelle de 1 à 10.
1237 volontaires ont accepté de participer à cette étude en remplissant ce deuxième questionnaire. A partir de leurs réponses, les chercheurs constatent que la proportion de personnes présentant des symptômes d’anxiété a cru de 17% à 20%. En revanche, la part de volontaires présentant des symptômes de dépression n’a que peu évolué (de 27% à 28%). Le score de santé mentale perçu a, pour sa part, diminué de 7,77 à 7,58 mais il a moins diminué chez ceux qui avaient l’habitude de passer plus d’une heure par jour sur un écran, peut-être parce qu’il s’agit d’une activité compatible avec le confinement.
Les personnes présentant une santé physique mauvaise avaient un risque trois fois plus important de présenter plus de symptômes d’anxiété durant le confinement.
La même étude a été répétée pendant le deuxième confinement et les données sont en cours d’analyse. Les premiers résultats montrent une forte aggravation de ces trois mêmes indicateurs de santé mentale.
Emmanuel Lagarde
Chercheur Inserm
U1219 BPH – Bordeaux Population Health Research Center
A longitudinal Study of mental health before and during COVID-19 lockdown in the French population.
Ramiz, L., Contrand, B., Rojas Castro, M. et al.
Global Health 17, 29 (2021).
https://doi.org/10.1186/s12992-021-00682-8
Study of mental health before and during COVID-19 lockdown in the French population.
Ramiz, L., Contrand, B., Rojas Castro, M. et al. A longitudinal
Global Health 17, 29 (2021).