Selon une étude internationale[1] conduite auprès de 255 médecins exerçant à Vancouver, Montréal, Sacramento et Toulouse, les médecins généralistes ne reçoivent pas assez d’informations sur les effets indésirables des médicaments lors des présentations réalisées par les visiteurs médicaux de firmes pharmaceutiques. Ces mêmes médecins seraient prêts néanmoins à prescrire en partie les médicaments promus. Le Dr Geneviève Durrieu (équipe Pharmaco-épidémiologie, évaluation de l’utilisation et du risque médicamenteux de l’Unité 1027 « Epidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps » – Inserm / Université Toulouse III – Paul Sabatier) a mené le volet français de cette étude dont les résultats sont publiés dans le Journal of General Internal Medicine. Dans cette étude internationale, la France fait-elle vraiment figure de bon élève ?
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Les médicaments soumis à prescription médicale jouent un rôle majeur dans la prise en charge thérapeutique du patient. Cependant, ceux-ci peuvent aussi présenter des effets néfastes pour sa santé. Plusieurs études ont montré que les informations données par les visiteurs médicaux influencent fortement la prescription médicamenteuse, souvent sans réelle prise de conscience du médecin. Afin d’en savoir plus, des chercheurs internationaux ont mené une étude précise sur la qualité des informations fournies par les visiteurs médicaux lors de la promotion de médicaments auprès de médecins généralistes.
Sur 4 sites (Vancouver, Montréal, Sacramento et Toulouse), les médecins ont été sélectionnés par tirage au sort. Parmi les 704 médecins contactés, 36% ont accepté de participer. Puis, des informations ont été recueillies sur 1692 promotions de médicaments lors de visites réalisées par les visiteurs médicaux entre mai 2009 et Juin 2010.
Après chaque visite, les médecins ont été invités à remplir un questionnaire sur la promotion des médicaments réalisée par le visiteur médical : informations fournies (bénéfices et risques) pour chaque médicament promu, don d’échantillons médicaux et invitations à des événements.
Un manque général d’informations
La France bon élève, oui mais…
Ce chiffre est toutefois à prendre avec précaution car les informations dispensées portent plus souvent sur des effets indésirables fréquents et bénins (de type nausées ou diarrhées par exemple) alors que, comme dans les autres sites, 94% des présentations ne mentionnent aucun effet indésirable « grave ».
En revanche, les bénéfices thérapeutiques sont eux bien énoncés dans 80% des cas.
Des médecins prêts à prescrire les médicaments promus
Dans cette étude, quel que soit le pays, 2/3 des médecins ont déclaré que la présentation les inciterait à prescrire le médicament promu ou ferait augmenter leur prescription de ce médicament, de façon « assez probable » ou « très probable ».
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Quelle réglementation pour les visiteurs médicaux ?
En France et aux États-Unis, ce sont les autorités gouvernementales chargées de la règlementation du médicament qui sont compétentes pour réglementer et surveiller la visite médicale.
En France, une approche additionnelle a été introduite en 2005, avec l’adoption de la Charte de la Visite Médicale. Celle-ci précise les pratiques autorisées et interdites, ainsi que les informations à soumettre au médecin de façon obligatoire.
Au Canada, en revanche, les activités des visiteurs médicaux sont réglementées par l’association des compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx& D), avec des critères généraux quant à l’information fournie au médecin.
[1] L’étude a été dirigée par B. Mintzes de l’Université de Colombie Britannique de Vancouver, avec la collaboration des chercheurs de l’Université York Toronto, l’Université de Montréal, l’Université de Californie, Davis et de l’Université de Toulouse III – Paul Sabatier.