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Communiqués et dossiers de presse

Des médecins pas assez informés sur les effets indésirables des médicaments

28 Mai 2013 | Par INSERM (Salle de presse) | Santé publique

Selon une étude internationale[1] conduite auprès de 255 médecins exerçant à Vancouver, Montréal, Sacramento et Toulouse, les médecins généralistes ne reçoivent pas assez d’informations sur les effets indésirables des médicaments lors des présentations réalisées par les visiteurs médicaux de firmes pharmaceutiques. Ces mêmes médecins seraient prêts néanmoins à prescrire en partie les médicaments promus. Le Dr  Geneviève Durrieu (équipe Pharmaco-épidémiologie, évaluation de l’utilisation et du risque médicamenteux de l’Unité 1027 « Epidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps » – Inserm / Université Toulouse III – Paul Sabatier) a mené le volet français de cette étude dont les résultats sont publiés dans le Journal of General Internal Medicine. Dans cette étude internationale, la France fait-elle vraiment figure de bon élève ?

boites de médicaments

©Fotolia

 Les médicaments soumis à prescription médicale jouent un rôle majeur dans la prise en charge thérapeutique du patient. Cependant, ceux-ci peuvent aussi présenter des effets néfastes pour sa santé. Plusieurs études ont montré que les informations données par les visiteurs médicaux influencent fortement la prescription médicamenteuse, souvent sans réelle prise de conscience du médecin. Afin d’en savoir plus, des chercheurs internationaux ont mené une étude précise sur la qualité des informations fournies par les visiteurs médicaux lors de la promotion de médicaments auprès de médecins généralistes.

Sur 4 sites (Vancouver, Montréal, Sacramento et Toulouse), les médecins ont été sélectionnés par tirage au sort. Parmi les 704 médecins contactés, 36% ont accepté de participer. Puis, des informations ont été recueillies sur 1692 promotions de médicaments lors de visites réalisées par les visiteurs médicaux entre mai 2009 et Juin 2010.

Après chaque visite, les médecins ont été invités à remplir un questionnaire sur la promotion des médicaments réalisée par le visiteur médical : informations fournies (bénéfices et risques) pour chaque médicament promu, don d’échantillons médicaux et invitations à des événements.

Un manque  général d’informations

 Dans cette étude, les chercheurs rapportent que les informations fournies par le visiteur médical concernent plus souvent les bénéfices que les risques des médicaments présentés.


Ce constat est partagé pour l’ensemble des sites étudiés (Montréal, Sacramento, Toulouse et Vancouver). Dans plus de la moitié des visites (59%) de promotion étudiées, aucun effet néfaste du médicament n’est par le visiteur médical. Ce chiffre monte à 66 % pour les promotions faites à Vancouver et Montréal.

Plus inquiétant, les résultats montrent que, les effets indésirables « graves » ne sont mentionnés que dans seulement 6% des présentations de médicaments.

La France bon élève, oui mais…

 La France se distingue des autres pays par une mention plus fréquente des risques évoqués par les visiteurs médicaux qui les citent dans 61 % des cas.


Sur l’ensemble des pays concernés par l’étude, ce chiffre tombe à 41%.

Ce chiffre est toutefois à prendre avec précaution car les informations dispensées portent plus souvent sur des effets indésirables fréquents et bénins (de type nausées ou diarrhées par exemple) alors que, comme dans les autres sites, 94% des présentations ne mentionnent aucun effet indésirable « grave ».

En revanche, les bénéfices thérapeutiques sont eux bien énoncés dans 80% des cas.

fig-benéfice-risque

Des médecins prêts à prescrire les médicaments promus

Dans cette étude, quel que soit le pays, 2/3 des médecins ont déclaré que la présentation les inciterait à prescrire le médicament promu ou ferait augmenter leur prescription de ce médicament, de façon « assez probable » ou « très probable ».

surconsommation de médicaments,sécurité sociale

©Fotolia

Quelle réglementation pour les visiteurs médicaux ?

En France et aux États-Unis, ce sont les autorités gouvernementales chargées de la règlementation du médicament qui sont compétentes pour réglementer et surveiller la visite médicale.
En France, une approche additionnelle a été introduite en 2005, avec l’adoption de la Charte de la Visite Médicale. Celle-ci précise les pratiques autorisées et interdites, ainsi que les informations à soumettre au médecin de façon obligatoire.
Au Canada, en revanche, les activités des visiteurs médicaux sont réglementées par l’association des compagnies de recherche pharmaceutique du Canada (Rx& D), avec des critères généraux quant à l’information fournie au médecin.


[1] L’étude a été dirigée par B. Mintzes de l’Université de Colombie Britannique de Vancouver, avec la collaboration des chercheurs de l’Université York Toronto, l’Université de Montréal, l’Université de Californie, Davis et de l’Université de Toulouse III – Paul Sabatier.

Contacts
Contact Chercheur
Geneviève Durrieu Inserm / Université Toulouse III - Paul Sabatier Email : rf.3eslt-vinu@ueirrud.eveiveneg Tel : 05 61 14 59 60
Sources
Pharmaceutical Sales Representatives and Patient Safety: A Comparative Prospective Study of Information Quality in Canada, France and the United States Barbara Mintzes, PhD1, Joel Lexchin,MD2, Jason M. Sutherland, PhD1,Marie-Dominique Beaulieu,MD3, Michael S. Wilkes, MD4, Geneviève Durrieu, PharmD, PhD5, and Ellen Reynolds, BA6 1School of Population and Public Health, University of British Columbia, Vancouver, British Columbia, Canada; 2School of Health Policy and Management, York University, Toronto, Ontario, Canada; 3Department of Family Medicine, University of Montreal, Montreal, Quebec, Canada; 4 Department of Internal Medicine, University of California at Davis, Davis, California, USA; 5 Department of Medical and Clinical Pharmacology, Faculty of Medicine, University of Toulouse, Toulouse, France; Journal of General Internal Medicine
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