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Covid-19 : que faut-il retenir du rapport Inserm sur le déconfinement ?

    Publié dimanche 12 avril 2020, à la veille du discours d’Emmanuel Macron, président de la République française, un rapport coordonné par la chercheuse Inserm Vittoria Colizza à l’institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université) à Paris dessine plusieurs scénarios de sortie du confinement, apportant un éclairage à la décision publique pour […]

Le 14 Avr 2020 | Par INSERM (Salle de presse)

 
Publié dimanche 12 avril 2020, à la veille du discours d’Emmanuel Macron, président de la République française, un rapport coordonné par la chercheuse Inserm Vittoria Colizza à l’institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université) à Paris dessine plusieurs scénarios de sortie du confinement, apportant un éclairage à la décision publique pour les semaines à venir.
 
Fortement médiatisé dès sa sortie, il convient néanmoins de rappeler que ce rapport n’a pas de valeur prédictive et que son objectif n’est ni de prescrire ni d’imposer une stratégie de déconfinement, mais plutôt de modéliser les évolutions possibles de l’épidémie dans cette période de déconfinement, en s’appuyant :
  1. sur les données hospitalières disponibles ;
  2. sur l’effet des mesures de distanciation sociale ;
  3. sur des hypothèses de reprise de certaines activités économiques. 
Quels étaient les objectifs de ce rapport ?
Le travail réalisé par l’équipe de Vittoria Colizza pour produire ce rapport avait plusieurs objectifs. Dans un premier temps, le but des chercheurs était d’étudier certaines données disponibles pour mieux appréhender l’évolution de l’épidémie depuis ses débuts, mieux identifier le stade auquel nous nous trouvons, et évaluer quel pourrait être le taux d’immunité dans la population. Le calibrage des modèles décrits dans le rapport repose sur une analyse des données hospitalières en Île-de-France (nombre d’admissions à l’hôpital, incidence de cas sévères admis en réanimation, durée d’hospitalisation, nombre de décès).

Dans un second temps, l’objectif était également d’analyser ces données pour mieux comprendre l’impact du confinement sur l’évolution de l’épidémie, et notamment sur la saturation du système hospitalier.

Enfin, sur la base de toutes ces informations, et en prenant en compte les capacités de la France à déployer les tests de dépistage à une large échelle, le dernier objectif était de décrire et de comparer différents scénarios de sortie du confinement, à deux dates différentes : début mai ou début juin. Ces modèles restent hypothétiques, mais permettent de mieux comprendre quels pourraient être les effets du déconfinement et comment les mesures de dépistage aident à mieux les accompagner.


Les chercheurs ont modélisé 30 scénarios en modifiant à chaque fois un paramètre différent : maintien du télétravail pour tout ou partie de la population, fréquentation associée des transports, isolement des personnes âgées, ou encore réouverture partielle des activités commerciales. L’impact de chacune de ces stratégies a été pondéré par la mise en place en parallèle d’un dépistage massif pour l’isolement des cas positifs.

Quels sont les messages les plus importants à retenir ?
Dans tous les scénarios, c’est le dépistage à grande échelle qui fait la différence. Quel que soit le modèle décrit et la date de déconfinement retenue, les chercheurs montrent que toute stratégie de sortie de la quarantaine généralisée doit avant tout être accompagnée d’un déploiement massif des tests de dépistage et d’un isolement des cas détectés. Le rapport souligne qu’un confinement des personnes les plus vulnérables et qu’une mise en quarantaine des personnes testées positives au Covid-19 pourraient dans un premier temps s’avérer nécessaires. Éviter la « deuxième vague » de l’épidémie suppose de déployer des mesures de dépistage de grande ampleur, ciblées sur les personnes présentant des symptômes et celles identifiées comme ayant eu un contact avec des cas confirmés.

Le président de la République a annoncé des mesures de déconfinement. Ces modèles ne sont-ils pas déjà obsolètes ?
Les modèles développés par l’équipe de Vittoria Colizza servent avant tout à décrire différentes hypothèses d’évolution de l’épidémie pour en assurer un meilleur suivi au cours du temps, et à mieux interpréter les données issues du milieu hospitalier en les manipulant lors des modélisations.

Dans leurs différents scénarios, les chercheurs tablaient sur le maintien de la fermeture des écoles lors de la première étape de déconfinement. Ces modèles ont vocation à évoluer.

Si les différents modèles présentés dans le rapport varient selon les hypothèses testées et s’ils doivent être affinés en prenant en compte les mesures annoncées lundi 13 avril, tous tirent les mêmes conclusions, en soulignant l’importance du dépistage et du suivi des contacts entre les individus afin de déterminer ceux à risque d’avoir été infectés pour les isoler. L’équipe s’est déjà remise au travail pour intégrer l’impact de la réouverture des écoles à ses modèles, en utilisant la même méthodologie. 

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