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Canal Détox

Objectif summer body : tous égaux face à la perte de poids, vraiment ?

Avec l’arrivée des beaux jours, les « objectifs bikini » ou summer body font la couverture des magazines. Les gros titres promettent aux lecteurs et lectrices des méthodes infaillibles pour une perte de poids rapide et efficace, pour un corps sculpté, plus esthétique ou plus athlétique, alliant à la fois ventre plat et tablettes de chocolat. […]

Le 07 Juil 2022 | Par INSERM (Salle de presse)

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Avec l’arrivée des beaux jours, les « objectifs bikini » ou summer body font la couverture des magazines. Les gros titres promettent aux lecteurs et lectrices des méthodes infaillibles pour une perte de poids rapide et efficace, pour un corps sculpté, plus esthétique ou plus athlétique, alliant à la fois ventre plat et tablettes de chocolat. Incontournable pour passer « l’épreuve » du maillot de bain cet été.

Mais que penser de ces formules « miracles » ? Les méthodes fréquemment proposées fonctionnent-elles ? Et sommes-nous tous égaux face à la perte de poids ?

Canal Détox fait le point sur les recherches scientifiques qui ont tenté de mieux comprendre comment notre poids est finement régulé.

La formule d’une perte de poids miracle, efficace, vraiment ?

Le surpoids et l’obésité sont communément liés à un déséquilibre entre l’apport énergétique (les calories consommées) et la dépense énergétique (activité physique) : l’apport énergétique dépasse la dépense sur une longue période. Les stratégies de perte de poids relayées dans les médias suivent le plus souvent cette logique, conseillant à la fois une augmentation de l’activité physique et une restriction de la prise alimentaire.

Un très grand nombre d’études s’est déjà penché sur l’efficacité des régimes alimentaires reposant sur une restriction des calories consommées qui promettent un maximum de résultats en très peu de temps. Pour les scientifiques, leur efficacité reste pourtant limitée sur le long terme. Si une perte de poids dans les six premiers mois peut parfois être constatée, entre un et deux tiers du poids perdu serait regagné dans les cinq années.

Les études s’accordent toutefois à dire qu’une perte de poids, même de 5 %, entraînerait des bénéfices métaboliques importants : baisse du glucose, baisse du niveau des triglycérides dans le sang, réduction des risques cardiovasculaires.

L’existence d’une « susceptibilité individuelle »

Outre l’efficacité limitée des régimes, les scientifiques ont constaté une très grande variation interindividuelle dans la façon dont notre corps régule le poids, y compris lorsque le suivi des apports alimentaires est très contrôlé dans le cadre de la recherche. Des résultats qui soulignent l’importance de s’intéresser aux trajectoires individuelles pour comprendre les mécanismes de la perte de poids et élaborer des solutions personnalisées, adaptées à chacun.

Cette variabilité que l’on peut désigner sous le terme de « susceptibilité individuelle » a été mise en évidence grâce à plusieurs études épidémiologiques. Par exemple, dans le cadre d’une étude menée au début des années 1990 au Québec, des chercheurs ont convié des jumeaux monozygotes à tous consommer 1 000 calories de plus par jour, par rapport à leur consommation habituelle, pendant environ 100 jours. À l’issue de l’étude, des inégalités dans la prise de poids et de masse grasse ont été constatées, mais la variabilité était plus faible au sein d’une même paire de jumeaux (qui partageait donc le même patrimoine génétique) qu’entre différentes paires. Des résultats semblables ont été obtenus vis-à-vis de la perte de poids, en étudiant des jumeaux soumis à un régime calorique restrictif.

Des facteurs génétiques pourraient donc être impliqués dans le développement de l’obésité. Un individu a deux à huit fois plus de chances d’être obèse si des membres de sa famille le sont eux-mêmes. Plusieurs équipes ont identifié de nombreux gènes impliqués dans la prise de poids, l’obésité sévère et/ou les complications de l’obésité. Une autre étude a montré par ailleurs que la minceur serait en partie expliquée par les gènes.  À noter que si chaque gène pris individuellement n’exerce qu’un faible rôle sur la masse et la composition corporelle, la contribution de ces gènes devient significative lorsqu’ils interagissent avec des facteurs externes tels que le déséquilibre énergétique.

Lire le dossier sur l’obésité : Obésité, une maladie des tissus adipeux

Outre la génétique, l’âge, le stress, les hormones ou encore le sommeil et les rythmes biologiques, sont autant de facteurs qui peuvent influer sur la régulation du poids et qui interviennent de façon différente d’une personne à l’autre. Des études scientifiques ont par exemple révélé que la durée du sommeil avait une incidence sur la prise ou la perte de poids. Récemment, les résultats d’une étude menée aux États-Unis montraient que dormir plus longtemps facilitait la perte de poids. Le manque de sommeil étant considéré comme un facteur de risque reconnu d’obésité, ces résultats soulignent une nouvelle fois l’importance d’explorer aussi les relations entre poids et sommeil pour favoriser la perte de poids à titre individuel.

Le rôle du cerveau dans la régulation du poids

Pour mieux comprendre les mécanismes associés à la prise et la perte de poids, les scientifiques ne peuvent faire l’impasse sur le rôle clé du cerveau. Des équipes de recherche s’intéressent plus spécifiquement à l’étude des mécanismes qui sont impliqués au niveau cérébral et à l’action clé de « senseurs énergétiques » dans la régulation de la prise alimentaire et du poids corporel. Ces molécules agissent tels les indicateurs de carburant dans nos voitures, elles signalent à notre cerveau nos besoins en fonction du niveau de nos réserves énergétiques.

Parmi ces molécules étudiées depuis plus de 20 ans, on retrouve la leptine ou « hormone de satiété » : elle est sécrétée par le tissu adipeux, proportionnellement aux réserves de graisses dans l’organisme, et régule l’appétit en contrôlant la sensation de satiété. De nombreuses études ont révélé que le transport de la leptine et sa signalisation était altéré chez les sujets obèses et en surpoids, expliquant en partie des dysfonctionnements dans la régulation de l’appétit, puisque l’information de satiété parvient plus difficilement à atteindre le cerveau.

Si la recherche s’accorde sur le fait qu’il n’existe pas de solution « miracle » pour garantir une perte de poids efficace, qui convienne à tous les individus, les bienfaits d’une activité physique régulière sur la santé ont par ailleurs été démontrés.

Les scientifiques recommandent également d’accompagner l’activité physique d’une alimentation moins riche en sucres, graisses saturées, sel et calories et plus riche en fibres et fruits et légumes. C’est ainsi qu’est né le logo Nutri-Score, développé pour aider les consommateurs à choisir des produits de meilleure qualité nutritionnelle dans les rayons, et encourager les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits.

Lire le communiqué de presse : La consommation d’aliments moins bien classés au moyen du Nutri-Score associée à une mortalité accrue

Lire la synthèse de l’expertise collective de l’Inserm : Activité physique : Prévention et traitement des maladies chroniques

Texte écrit avec l’aide de la chercheuse Karine Clément, unité 1269 Inserm/Sorbonne Université, Nutrition et obésités : approches systémiques (Nutriomique)

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