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Communiqués et dossiers de presse

Étude transversale de l’intérêt de la télésurveillance des rythmes circadiens pour la santé des travailleurs de nuit

22 Août 2022 | Par INSERM (Salle de presse) | Cancer | Santé publique

Des altérations importantes des horloges biologiques chez les personnels hospitaliers travaillant de nuit ont été relevées grâce à un dispositif innovant de télémédecine. © Jeanne Rouillard on Unsplash

Les équipes du service d’oncologie médicale de l’hôpital Paul Brousse AP-HP, de l’Inserm,  de l’Université Paris-Saclay, et de l’Universite de Warwick (Grande-Bretagne) coordonnées par le Pr Francis Lévi, ont étudié les effets du travail de nuit, à l’aide d’un capteur thoracique innovant. Les résultats de cette étude ont été publiées le 27 juin 2022 dans la revue eBioMedicine.

Le travail de nuit concerne 15 à 30% des travailleurs en Europe. Il est associé à une augmentation significative du risque de cancer chez les femmes pré-ménopausées (risque relatif de 1,36), selon une revue de la littérature scientifique internationale de référence1.

Deux rapports exhaustifs de l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer vont dans le même sens (20102 et 20203) ; un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES, 20164) montre aussi une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.

L’objectif de cette nouvelle étude était de trouver des indicateurs précoces permettant d’identifier les personnes les plus à risque afin de leur proposer des interventions préventives personnalisées. 

L’équipe de recherche a mesuré pendant une semaine les rythmes circadiens5 de l’activité-repos et de la température corporelle de 140 infirmières ou aides-soignantes volontaires de l’hôpital Paul-Brousse AP-HP, à l’aide d’un capteur thoracique connecté à une plateforme de santé digitale.

Des altérations importantes des horloges biologiques6 chez les personnels hospitaliers travaillant de nuit ont été relevées grâce à ce dispositif innovant de télémédecine, en comparaison de ceux travaillant de jour. Ces altérations persistent pendant les jours de repos chez près de 20% des personnels de nuit, et s’aggravent avec l’augmentation du nombre d’années de travail de nuit.

Ces perturbations des horloges biologiques pourraient constituer un signal précoce, annonciateur d’une augmentation de risque de cancer ou d’autres maladies chez les travailleurs de nuit.

Les résultats montrent que la télémédecine des rythmes circadiens permet une évaluation précise de plusieurs indicateurs de santé, intégrant le rythme circadien, l’activité physique, et la qualité du sommeil.

Le télé-monitoring des rythmes circadiens pourrait ainsi constituer un nouveau moyen automatisé de surveillance de la santé des travailleurs de nuit à l’échelle individuelle, et contribuer à une médecine de prévention personnalisée pour cette population.

 

[1] Cordina-Duverger E, Menegaux F, Popa A, Rabstein S, Harth V, Pesch B, et al. Night shift work and breast cancer: a pooled analysis of population-based case–control studies with complete work history. Eur J Epidemiol. 2018;33(4):369–79.

[2] https://publications.iarc.fr/116

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33656825/ 

[4] https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-confirme-les-risques-pour-la-sant%C3%A9-li%C3%A9s-au-travail-de-nuit

[5] Les rythmes circadiens désignent les fonctions cycliques de l’organisme déterminées par notre horloge biologique interne

[6] ensemble de 15 gènes dits de horloge circadienne, qui régulent le métabolisme et la prolifération des cellules ainsi que les périodes de veille et de sommeil au cours des 24 heures.

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rf.phpa@esserp.ecivres

Sources

Digital circadian and sleep health in individual hospital shift workers: A cross sectional telemonitoring study

Yiyuan Zhang, Emilie Cordina-Duverger, Sandra Komarzynski, Amal M Attari, Qi Huang, Guillen Aristizabal, Brice Faraut, Damien Léger, René Adam, Pascal Guéne, Julia A Brettschneider, Bärbel F Finkenstädt, Francis Lévi.

eBioMedicine 2022

DOI : https://doi.org/10.1016/j.ebiom.2022.104121

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