Combien de temps perdure la mémoire immunitaire d’un vaccin ? Est-elle similaire à celle induite par l’infection ? Des réponses viennent d’être apportées sur la grippe pandémique A(H1N1) par des chercheurs de l’unité mixte de recherche 1135-Cimi-Paris : Centre d’Immunologie et de Maladies Infectieuses (Inserm – Université Pierre et Marie Curie). Ils ont montré que la réponse immunitaire induite par la vaccination restait forte un an après et du même type qu’une infection modérée. Les résultats de ce travail sont publiés dans Journal of Clinical Investigation.
Le virus de la grippe A sous-type H1N1, d’origine porcine, aviaire et humaine s’est propagé à travers le monde de juin 2009 à août 2010. Bien que cette pandémie de grippe n’ait pas eu l’ampleur et la gravité de celle de 1918, elle a touché des personnes jeunes et en bonne santé, parfois gravement et fatalement. Ces personnes n’étaient pas immunisées naturellement contre ce nouveau type de virus, différent de ceux à l’origine des épidémies de grippe saisonnière chaque hiver. Mais pour les personnes qui ont pu être protégées par un vaccin, on peut se demander combien de temps a perduré la mémoire immunitaire induite contre la souche pandémique A(H1N1) et si elle est comparable à celle induite par l’infection.
Les chercheurs ont répondu à ces deux questions en menant
L’autre particularité de cette étude réside dans le fait que les chercheurs ont comparé des personnes ayant été vaccinées à des patients ayant été infectés. Leur étude a inclus 50 volontaires ayant reçu un vaccin monovalent (ne ciblant que la souche pandémique H1N1) et comprenant un adjuvant (pour booster l’effet du vaccin avec peu de souche virale vaccinale). Les personnes vaccinées ont été comparées à 61 patients ayant contracté une grippe A(H1N1), l’infection ayant été légère à modérée pour 48 d’entre eux et sévère pour les 13 autres. Ces derniers ont dû être hospitalisés et prendre un traitement antiviral après avoir développé un syndrome aigu de détresse respiratoire. L’évaluation a été faite un an après l’exposition au virus ou un an après la vaccination.
Les chercheurs ont ensuite décidé de rechercher s’il existait différents profils de réponse immunitaire indépendamment du statut de vacciné ou d’infecté. Ils en ont identifié trois, le premier profil regroupant une majorité de vaccinés et d’infectés modérés. Ces travaux montrent donc l’hétérogénéité entre les individus au niveau de leur capacité de réponse immunitaire. Et ils confirment que la vaccination antigrippale est capable d’induire des réponses immunitaires mémoire d’intensité et de qualité similaires à celles générée par une infection modérée.
Cette étude pourrait avoir des implications sur l’ajustement ou l’optimisation des stratégies vaccinales. Elle pourrait faire évoluer les protocoles d’évaluation de l’efficacité vaccinale. Ainsi deux paramètres pourraient s’ajouter au taux d’anticorps : les marqueurs de migration des lymphocytes T vers les muqueuses et le potentiel d’activité cytotoxique d’une catégorie de lymphocytes T (les CD8).