Radiographie de mains de patient atteint de polyarthrite rhumatoïde, déviation cubitale. ©Inserm/Cantagrel, Alain, 1993
Les équipes de rhumatologie, de pneumologie, de génétique et le département hospitalo-universitaire FIRE de l’hôpital Bichat Claude-Bernard AP-HP, en collaboration avec l’Inserm, l’Université Paris Diderot, le Broad Institute of MIT and Harvard, Cambridge, Massachusetts, USA, ont découvert que l’allèle rare du variant rs35705950 du gène MUC5B multiplie par 6 le risque de survenue d’une fibrose pulmonaire chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR). Cette large étude d’association génétique démontre l’existence d’une base génétique commune entre la fibrose pulmonaire associée à la polyarthrite rhumatoïde et la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Ces résultats, obtenus avec la participation d’un réseau national et international de pneumologues et rhumatologues, sont publiés dans la revue The New England Journal of Medicine le 20 octobre 2018. Ils constituent une première étape dans la compréhension des pneumopathies interstitielles diffuses (PID) de la polyarthrite rhumatoïde, complication grave dont la prise en charge thérapeutique n’est actuellement pas codifiée.
Les équipes ont testé l’influence du principal facteur de risque génétique de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) : le variant rs35705950 du gène MUC5B.
Cette étude d’association génétique cas-témoins, coordonnée par le Pr Philippe Dieudé, en collaboration avec le Pr Bruno Crestani, a comparé 620 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde avec pneumopathie interstitielle diffuse (PID), 614 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde sans PID et 5448 individus témoins, issus de 7 pays distincts (France, Grèce, Pays-Bas, Japon, Chine, Mexique et USA).
Les résultats de ce travail collaboratif international montrent une contribution du variant MUC5B rs35705950 dans le déterminisme de la PID au cours de la polyarthrite rhumatoïde.
La présence de l’allèle à risque multiplie par 3 le risque de survenue de la pneumopathie interstitielle diffuse (PID) et par 6 celui de pneumopathie interstitielle commune (PIC) (forme la plus sévère de PID). Enfin, une phase exploratoire explorant 12 autres marqueurs de susceptibilité de la FPI suggère l’existence d’une architecture génétique commune entre la FPI et la fibrose pulmonaire de la polyarthrite rhumatoïde.
Ce travail est le premier à montrer qu’il existe des voies communes entre les deux maladies– la fibrose pulmonaire de la polyarthrite rhumatoïde et la fibrose pulmonaire idiopathique – et apporte un argument de poids pour favoriser des études d’intervention thérapeutique dans la fibrose pulmonaire associée à la polyarthrite rhumatoïde, utilisant les médicaments anti-fibrosants déjà validés dans la fibrose pulmonaire idiopathique.
Pour en savoir plus
La pneumopathie interstitielle diffuse (PID) est une manifestation extra-articulaire fréquente et très sévère de la polyarthrite rhumatoïde (PR), qui affecte près de 30% des patients atteints de PR, et évolue progressivement vers une fibrose pulmonaire irréversible dans environ 40 à 50 % des cas. Ainsi, la survenue d’une PID est responsable d’environ 7 à 10% des décès chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et la médiane de survie varie entre 2 et 5 ans après l’apparition des signes fonctionnels pulmonaires. Les facteurs de risques et les mécanismes physiopathologiques qui expliquent l’apparition de fibrose pulmonaire au cours de la PR restent en grande partie méconnus.
La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie pulmonaire caractérisée par une fibrose progressive, au cours de laquelle il n’existe pas d’atteinte extra-respiratoire, pour laquelle les origines génétiques sont connues.
La fibrose pulmonaire de la polyarthrite rhumatoïde présente des similitudes avec la fibrose pulmonaire idiopathique, notamment une prévalence élevée de la pneumopathie interstitielle commune (PIC), des facteurs de risques environnementaux partagés (tel que le tabagisme) et un pronostic très sévère.