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Communiqués et dossiers de presse

La précarité alimentaire est associée à des troubles ultérieurs du comportement chez les enfants

11 Jan 2013 | Par INSERM (Salle de presse) | Santé publique

Lorsqu’un ménage rencontre des difficultés financières, le poste budgétaire consacré à l’alimentation est souvent restreint. Dans certaines situations, ces difficultés peuvent conduire à l’insécurité alimentaire, c’est-à-dire à un accès limité et irrégulier à une nourriture saine et équilibrée. En se basant sur le suivi de 2120 enfants, une équipe de chercheurs de l’Inserm dirigée par Maria Mechior (Unité Inserm 1018 « Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations) montre que dans les familles en situation d’insécurité alimentaire, les enfants ont un risque élevé d’avoir des troubles durables du comportement tels que l’hyperactivité et l’inattention.

Ces travaux ont été publiés dans la revue Plos One.

 

©fotolia

L’insécurité alimentaire est définie comme un accès restreint, inadéquat ou incertain à des aliments sains et nutritifs. Elle est principalement due à des difficultés financières et touche jusqu’à 10% des personnes en population générale. Des recherches antérieures ont montré que les enfants qui grandissent dans des familles en situation d’insécurité alimentaire ont un niveau élevé de problèmes psychologiques et comportementaux ; cependant les études réalisées à ce jour n’avaient ni distinguées différents types de difficultés comportementales ni étudiées les relations à long terme.

Cette étude menée par des chercheurs de l’Inserm est basée sur les données d’une cohorte de naissance représentative de la population du Québec. 2120 enfants nés en 1997-1998 ont été régulièrement suivis jusqu’à l’âge de 8 ans. Les chercheurs ont examiné le lien entre l’insécurité alimentaire lorsque les enfants avaient entre 18 mois et 4 ans et demi et leur comportement entre 4 ans et demi et 8 ans (c’est-à-dire la fréquence des symptômes de dépression/anxiété, d’agressivité, ou d’hyperactivité/inattention).

Sur l’ensemble des enfants suivis, 5.9% étaient en situation d’insécurité alimentaire dans la petite enfance. Par rapport aux enfants qui n’avaient pas connu l’insécurité alimentaire, ce groupe a une probabilité 3 fois plus élevée d’avoir des symptômes durables d’hyperactivité et ou d’inattention au cours de l’enfance.

Cette association subsiste même lorsqu’on tient compte du niveau de revenus des familles et d’autres caractéristiques pouvant être liées à l’insécurité alimentaire et au comportement des enfants : famille monoparentale, antécédents parentaux de psychopathologie, comportements négatifs des parents envers l’enfant. L’association est donc indépendante de ces autres facteurs.

L’insécurité alimentaire est un marqueur de difficultés sociales et économiques particulièrement importantes, dont l’impact sur la santé des adultes et des enfants est connu.

« L’incapacité des parents à s’occuper de façon régulière et satisfaisante de l’alimentation de la famille, pourrait fragiliser le lien parents-enfant dans la petite enfance, avec des effets sur le développement des enfants à long terme. » estiment les chercheurs.

Enfin, l’insécurité alimentaire entraîne des modifications du régime alimentaire dans les familles et pousse en général à consommer moins d’aliments frais et plus d’aliments riches en graisses et en sucres. Chez certains enfants les carences nutritionnelles (particulièrement en fer) ainsi que l’excès de sucre pourraient se manifester par un comportement hyperactif et inattentif.

Pour les chercheurs, « la diminution de l’insécurité alimentaire dans les familles pourrait contribuer à réduire la fréquence de difficultés de comportement chez les jeunes enfants. »

Contacts
Contact Chercheur
Maria Melchior Epidémiologie des déterminants professionnels et sociaux de la santé/ Inserm U1018 CESP Hôpital Paul-Brousse,Bâtiment 15 Tel : 01 77 74 74 27
Sources
Food insecurity and children’s mental health: a prospective birth cohort study Maria Melchior1,2, Jean-François Chastang1,2, Bruno Falissard3, Cédric Galéra4 Richard E Tremblay3,5,6, Sylvana M Côté3,5, Michel Boivin7. 1INSERM U1018, Centre for research in Epidemiology and Population Health, Epidemiology of occupational and social determinants of health, F-94807, Villejuif, France 2 Université de Versailles Saint-Quentin, UMRS 1018, France 3INSERM U669, Maison de Solenn, Université Paris-Sud and Université Paris-Descartes, 97 Bd du Port Royal, F-75679 Paris, France 4 Service de Pédopsychiatrie universitaire, Hôpital Charles-Perrens, Université Victor Ségalen Bordeaux 2, Bordeaux, France 5International Laboratory for Child and Adolescent Mental Health, Research Group on Children’s Psychosocial Maladjustment, University of Montreal, Canada 6School of Public Health and Population Science, University College, Dublin, Ireland 7Université Laval, Québec, Canada Plos One, decembre 2012
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